[0001] La présente invention concerne un procédé de conditionnement en dynamique des mélanges
gazeux, en particulier de mélanges O
2/N
2O contenant une proportion de N
2O supérieure ou égale à 30 % en volume pour à une pression d'au moins 170 bars.
[0002] Actuellement, il existe plusieurs méthodes de conditionnement de mélanges gazeux
dans des récipients sous pression, telles des bouteilles de gaz.
[0003] Ainsi, la méthode de conditionnement dite gravimétrique est généralement utilisée
pour conditionner des mélanges gazeux à base de gaz liquéfiés, tels N
2O ou CO
2, ou des mélanges de gaz de l'air, tels O
2, N
2, Ar ou He. Cependant, cette méthode de fabrication présente les inconvénients de
conduire à un taux important de rebut de fabrication, après contrôle analytique, un
mode de fabrication peu productif car les récipients doivent être remplis à l'unité,
un cycle de roulage des emballages pénalisant les temps de production, et à un coût
de contrôle analytique élevé.
[0004] Par ailleurs, on connaît aussi la méthode de conditionnement séquentiel gravimétrique
et pression/température. Toutefois, avec cette méthode, les mélanges réalisés dans
les différentes bouteilles d'une même rampe de production présentent souvent des écarts
de composition finale. Pour éviter cela, il convient de respecter des temps de stabilisation
et de mise en équilibre des pressions qui pénalisent la productivité globale.
[0005] Dans le cas d'autres méthodes classiques de conditionnement des mélanges, les quantités
de gaz introduites sont donc contrôlées par mesure de la pression et de la température
des gaz. Or, la détermination des teneurs de gaz est basée sur deux instruments de
mesure qui additionnent leurs imprécisions de mesure. De plus, l'emplacement des points
de mesure sur l'installation de conditionnement ne permet pas d'accéder directement
aux grandeurs physiques recherchées, à savoir la température et la pression sont généralement
mesurées sur la rampe de conditionnement par une sonde de température ou un capteur
de pression. Cependant, les valeurs ainsi mesurées ne sont que des approximations
mais pas des mesures effectives de la température ou de la pression régnant à l'intérieur
les récipients de conditionnement.
[0006] La méthode de mélange des gaz en dynamique permet de palier une partie de ces problèmes
et inconvénients. Cette méthode décrite, notamment par le document EP-A-1174178, consiste
à remplir les bouteilles avec le mélange gazeux dans sa composition finale attendue
du début jusqu'à la fin de la séquence de remplissage. Le mélange est réalisé en amont
de la rampe de conditionnement dans une chambre de mélange de très faible dimension
où sont introduits en continu les différents constituants gazeux entrant dans la composition
du mélange final.
[0007] Les quantités introduites pour chaque gaz sont contrôlées par un débitmètre massique
installé sur chaque ligne de gaz entrant dans la composition du mélange à réaliser.
Par ailleurs, un ensemble de plusieurs vannes de régulation permet de contrôler le
débit des gaz grâce à l'action d'un système de régulation automatique. Le comptage
des masses par débitmètre massique permet de s'affranchir des incertitudes de mesures
et des aléas de réalisation liés aux imprécisions sur les quantités évoqués ci-avant.
[0008] Le conditionnement avec un mélangeur dynamique s'accompagne cependant dans certains
cas, d'une détente du gaz en aval de la chambre de mélange et d'un abaissement de
la température des gaz en-dessous de la température de démélange ou de démixtion,
ce qui s'explique par le fait que la ligne en aval de la chambre est à la même pression
que les récipients ramenés à la pression atmosphérique. La circulation des gaz est
alors diphasique dans les rampes de conditionnement vers les bouteilles.
[0009] Or, étant donné que les phases liquide et gazeuse se déplacent à des vitesses d'écoulement
différentes, le remplissage des bouteilles n'est plus homogène et on peut constater
des écarts de teneurs finales dans des bouteilles conditionnées sur la même rampe,
lors d'une même fabrication. Ces disparités peuvent s'expliquer par des écoulements
préférentiels dans les tuyauteries des rampes de remplissage des emballages.
[0010] Pour résoudre ce problème de démélange, il a été proposé par le document EP-A-1174178
de maintenir la température du mélange au-dessus de celle de démélange en utilisant,
pour ce faire, un dispositif parfaitement régulé de réchauffage des gaz en sortie
de la chambre de mélange dynamique, durant le cycle de remplissage.
[0011] Le mélange étant ainsi toujours maintenu à l'état gazeux, l'homogénéité du mélange
est conservée et les écarts de teneurs sont suffisamment faibles pour permettre de
contrôler l'ensemble des bouteilles par analyse d'une seule bouteille prélevée sur
la rampe de conditionnement.
[0012] Toutefois, en pratique, il est apparu parfois une limitation dans la réalisation
du conditionnement de certains mélanges gazeux, en particulier ceux du type O
2/N
2O dont la teneur en N
2O est supérieure ou égale à 30% en volume pour des pressions supérieures à 170 bars.
[0013] En effet, pour ce type de mélanges, la pression finale est limitée par la mise en
pression du N
2O aux environs de 170 bars. Le N
2O doit alors être chauffé pour monter à des pressions supérieures et ce qui engendre
alors son passage à l'état supercritique.
[0014] Or, la température de réchauffage est aussi limitée par la température de décomposition
du N
2O et ce, d'autant plus que certains métaux du dispositif de conditionnement et de
la bouteille, tels l'argent, le platine, le cobalt, le cuivre et les oxydes de nickel,
sont des catalyseurs de la réaction.
[0015] Le conditionnement en dynamique de certains mélanges gazeux est donc limité, en général,
à une pression voisine de 170 bars.
[0016] Le problème à résoudre est donc d'améliorer le procédé de conditionnement avec mélangeur
dynamique, notamment le procédé décrit par le document EP-A-1174178, de manière à
pouvoir réaliser des conditionnements en dynamique de mélanges gazeux à des pressions
supérieures à 170 bars, en particulier des mélanges de gaz médicaux de type N
2O/O
2 dont la teneur en N
2O est supérieure ou égale à 30% en volume.
[0017] La solution de l'invention est alors un procédé de fabrication d'un mélange gazeux
contenant au moins un premier composé et au moins un deuxième composé dans des proportions
désirées, lesdits premier et deuxième composés étant choisis dans le groupe formé
par O
2, N
2, He, CO
2, N
2O et CO, dans lequel :
(a) on réalise un pré-mélange en dynamique de proportions déterminées desdits premier
et deuxième composés pour obtenir un pré-mélange gazeux à une première pression (P1)
inférieure ou égale à 200 bars et contenant une teneur intermédiaire (Ti) dudit deuxième
composé supérieure à la teneur finale (Tf) dudit deuxième composé dans la composition
finale souhaitée,
(b) on augmente la pression du pré-mélange gazeux obtenu à l'étape (a) par introduction
du premier composé de manière à réaliser concomitamment une dilution du deuxième composé
avec ledit premier composé,
(c) on stoppe l'étape (b), lorsque le mélange gazeux atteint la deuxième pression
(P2) souhaitée, avec P2 > P1 et P2 > 170 bars, et contient une teneur finale (Tf)
souhaitée en le deuxième composé.
[0018] Selon le cas, le procédé de l'invention peut comprendre l'une ou plusieurs des caractéristiques
techniques suivantes :
- la première pression (P1) est comprise entre 100 et 200 bars, de préférence inférieure
ou égale à 170 bars.
- la deuxième pression (P2) est supérieure à 200 bars, de préférence supérieure à 250
bars, de préférence encore supérieure ou égale à 300 bars.
- le premier composé est de l'oxygène et le deuxième composé est du protoxyde d'azote
(N2O), et on réalise, à l'étape (a), un pré-mélange O2/N2O. La teneur en le premier composé est supérieure ou égale à 30 %, de préférence entre
30 et 60 % et/ou la teneur en le deuxième composé est supérieure ou égale à 35 %,
de préférence d'au moins 40 %.
- le premier composé est de l'oxygène et le deuxième composé est du dioxyde de carbone
(CO2), et on réalise, à l'étape (a), un pré-mélange O2/CO2. La teneur en le deuxième composé est comprise entre 1 et 10% en volume, de préférence
entre 3 et 7%.
- à l'étape (a), le pré-mélange gazeux est introduit dans un ou plusieurs récipients
de conditionnement, en particulier des bouteilles de gaz sous pression.
- à l'étape (a), le pré-mélange gazeux est réalisé au moyen d'un mélangeur en dynamique.
- à l'étape (b), on augmente progressivement la pression du pré-mélange gazeux jusqu'à
la deuxième pression (P2) et on diminue concomitamment la proportion du deuxième composé
dans le mélange depuis la teneur intermédiaire (Ti) jusqu'à la teneur finale (Tf)
souhaitée dudit deuxième composé dans le mélange final désiré. Pour atteindre une
valeur finale (Tf) précise souhaitée, on peut utiliser un débitmètre massique.
- le mélange gazeux souhaité est constitué de 50% en volume d'oxygène en tant que premier
composé et de 50% en volume de protoxyde d'azote (N2O) en tant que deuxième composé.
[0019] L'invention porte aussi sur un procédé de conditionnement de récipients de gaz, dans
lequel on réalise et on introduit un mélange gazeux contenant un premier et un deuxième
composés gazeux dans plusieurs récipients de conditionnement, ledit mélange gazeux
étant réalisé par mise en oeuvre d'un procédé de fabrication selon l'invention, de
préférence le mélange gazeux est constitué d'oxygène et de protoxyde d'azote (N
2O).
[0020] La présente invention va maintenant être décrite plus en détail à l'aide d'un exemple
de réalisation donné illustratif, à savoir la fabrication d'un mélange gazeux O
2/N
20 contenant plus de 30% d'oxygène en volume (mélange 50% O
2 + 50% N
2O) à une pression de plus de 200 bars.
[0021] La réalisation du mélange gazeux selon l'invention se fait en deux étapes principales,
à savoir :
- d'abord la réalisation d'un pré-mélange O2/N2O au moyen d'un mélangeur dynamique de manière à obtenir pré-mélange O2/N2O à une pression entre 100 et 200 bars à une teneur initiale Ti en N2O supérieure (Ti = 60% en volume par exemple) à la teneur finale Tf (Tf = 50% en volume
en N2O), le pré-mélange O2/N2O étant introduit dans les récipients de conditionnement d'une chaîne de remplissage,
telles que des bouteilles de gaz,
- puis une mise en pression du pré-mélange, c'est-à-dire une augmentation progressive
de la pression au-delà de 200 bars, par dilution avec de l'O2 gazeux jusqu'à obtenir la pression finale souhaitée, par exemple une pression de
250 bars à 300 bars, ou plus.
[0022] La première étape de réalisation du pré-mélange avec un mélangeur dynamique permet
d'obtenir un pré-mélange O
2/N
2O avec une précision de ± 0,5 %.
[0023] Ensuite, la dilution par montée en pression permet l'obtention d'un mélange O
2/N
2O précis à une pression élevée, c'est-à-dire jusqu'à 250 à 300 bars ou plus, de préférence
en surveillant le couple température/pression au moyen d'un ou plusieurs capteurs
de pression et de température, la précision résultant de l'utilisation d'un débitmètre
massique.
[0024] Le contrôle de l'introduction de l'oxygène, lors de l'étape de dilution avec montée
en pression, peut être effectué par un comptage massique au débitmètre de masse, ce
qui assure la réalisation d'un mélange très précis à pression élevée.
[0025] L'homogénéisation du mélange pendant la seconde étape de préparation se fait généralement
correctement ; néanmoins, elle peut être accélérée, en cas de besoin, par un cycle
de roulage des emballages après remplissage et/ou par l'utilisation d'un tube plongeur
qui permet d'introduire l'oxygène au fond de chaque récipient pendant le remplissage.
[0026] Les avantages de la méthode de réalisation du mélange O
2/N
2O sont notamment une exactitude et une homogénéité des compositions gazeuses fabriquées
; une pression finale du mélange qui n'est plus limitée par la méthode de conditionnement
; ou une absence de démixtion aux basses températures pour les bouteilles pleines.
[0027] Ceci permet dans pour la plupart des pays européens ou tempérés, un stockage à l'extérieur
des bouteilles et leur transport sans précaution particulière et ce, même en hiver.
[0028] En outre, la quantité stockée pour une même taille de bouteille est beaucoup plus
importante, ce qui se traduit par une plus grande autonomie pour un même volume.
[0029] La méthode de préparation n'est pas limitée au cas des mélanges O
2/N
2O. Elle peut se généraliser à d'autres gaz ou mélanges contenant un ou plusieurs gaz,
comme CO
2, N
2O, O
2, N
2, He ...
1. Procédé de fabrication d'un mélange gazeux contenant au moins un premier composé et
au moins un deuxième composé dans des proportions désirées, lesdits premier et deuxième
composés étant choisis dans le groupe formé par O
2, N
2, He, CO
2, N
2O et CO, dans lequel :
(a) on réalise un pré-mélange en dynamique de proportions déterminées desdits premier
et deuxième composés pour obtenir un pré-mélange gazeux à une première pression (P1)
inférieure ou égale à 200 bars et contenant une teneur intermédiaire (Ti) dudit deuxième
composé supérieure à la teneur finale (Tf) dudit deuxième composé dans la composition
finale souhaitée,
(b) on augmente la pression du pré-mélange gazeux obtenu à l'étape (a) par introduction
du premier composé de manière à réaliser concomitamment une dilution du deuxième composé
avec ledit premier composé,
(c) on stoppe l'étape (b), lorsque le mélange gazeux atteint la deuxième pression
(P2) souhaitée, avec P2 > P1 et P2 > 170 bars, et contient une teneur finale (Tf)
souhaitée en le deuxième composé.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la première pression (P1) est comprise entre 100 et 200 bars, de préférence inférieure
ou égale à 170 bars.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que la deuxième pression (P2) est supérieure à 200 bars, de préférence supérieure à 250
bars, de préférence encore supérieure ou égale à 300 bars.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 ou 3, caractérisé en ce que le premier composé est de l'oxygène et le deuxième composé est du protoxyde d'azote
(N2O), et on réalise, à l'étape (a), un pré-mélange O2/N2O.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que la teneur en le premier composé est supérieure ou égale à 30 %, de préférence entre
30 et 60 % et/ou la teneur en le deuxième composé est supérieure ou égale à 35 %,
de préférence d'au moins 40 % en volume.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 ou 3, caractérisé en ce que le premier composé est de l'oxygène et le deuxième composé est du dioxyde de carbone
(CO2), et on réalise, à l'étape (a), un pré-mélange O2/CO2, de préférence la teneur en le deuxième composé est comprise entre 1 et 10%, préférentiellement
entre 3 et 7% en volume.
7. Procédé selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé en ce qu'à l'étape (a), le pré-mélange gazeux est introduit dans un ou plusieurs récipients
de conditionnement, en particulier des bouteilles de gaz sous pression.
8. Procédé selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce qu'à l'étape (a), le pré-mélange gazeux est réalisé au moyen d'un mélangeur en dynamique.
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce qu'à l'étape (b), on augmente progressivement la pression du pré-mélange gazeux jusqu'à
la deuxième pression (P2) et on diminue concomitamment la proportion du deuxième composé
dans le mélange depuis la teneur intermédiaire (Ti) jusqu'à la teneur finale (Tf)
souhaitée dudit deuxième composé dans le mélange final désiré.
10. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5 et 7 à 9, caractérisé en ce que le mélange gazeux souhaité est constitué de 50% en volume d'oxygène en tant que premier
composé et de 50% en volume de protoxyde d'azote (N2O) en tant que deuxième composé.
11. Procédé de conditionnement de récipients de gaz, dans lequel on réalise et on introduit
un mélange gazeux contenant un premier et un deuxième composés gazeux dans plusieurs
récipients de conditionnement, ledit mélange gazeux étant réalisé par mise en oeuvre
d'un procédé de fabrication selon l'une des revendications 1 à 10, de préférence le
mélange gazeux est constitué d'oxygène et de protoxyde d'azote (N2O).