[0001] L'invention concerne les articles d'habillement, plus particulièrement les articles
d'habillement destinés à protéger du froid.
[0002] Le duvet naturel est bien connu pour son excellente capacité à isoler du froid. Encore
actuellement, il est un matériau d'isolation de choix pour les articles d'habillement,
mais aussi pour les sacs de couchage. En effet, à poids égal, il assure une barrière
thermique supérieure à celles des autres matériaux, notamment celle des autres matériaux
synthétiques tels que les ouates synthétiques.
[0003] Cependant, le duvet présente trois inconvénients majeurs biens connus.
[0004] Tout d'abord, le duvet est très sensible à l'humidité. Une fois humide, il perd une
grande partie de son efficacité en tant que barrière thermique. De plus il ne sèche
que très lentement, et, s'il a été véritablement mouillé, il tend, après séchage,
à rester en boule ou en paquet, laissant des grandes zones dépourvues de toute isolation.
[0005] Par ailleurs, le duvet est très léger, mais, à poids égal, il est aussi très encombrant.
Cet encombrement est directement le prix à payer pour ses bonnes performances d'isolation
car on sait que la performance du rapport isolation/poids du duvet tient au fait qu'il
emprisonne une grande quantité d'air. L'épaisseur d'une couche d'isolant constituée
de duvet atteint généralement plusieurs centimètres. Or, cette épaisseur pose parfois
des problèmes d'encombrement lorsqu'on cherche à réaliser des vêtements. En effet,
notamment au niveau des articulations, l'épaisseur de la couche de duvet limite la
capacité de mouvement. Par ailleurs, par exemple au niveau des aisselles, on peut
se trouver avec deux épaisseurs de duvet en regard, ce qui nuit encore à la souplesse
du vêtement, donc aussi au confort ressenti par celui qui le porte.
[0006] Enfin, le duvet présente l'inconvénient d'être constitué d'éléments discrets, individuels,
qui font que la couche isolante constituée de duvet n'est pas intrinsèquement continue,
et n'a donc pas de cohérence propre. De la sorte, cette couche isolante est susceptible
d'être rompue à certains endroits, par exemple au niveau des plis de flexions. En
effet, les deux parois de tissus entre lesquelles le duvet est emprisonné peuvent
comprimer localement le duvet et forcer les plumes d'un côté ou de l'autre du pli
de flexion, sans qu'il ne reste alors de duvet au niveau du pli. De la sorte, le pli
de flexion se trouve dépourvu d'isolation.
[0007] Pour l'ensemble de ces raisons, il est souvent préféré de remplacer le duvet, en
tant que matériau d'isolation, par d'autres matériaux, notamment dans le domaine des
articles d'habillement plus particulièrement conçus pour la pratique d'activités sportives.
Cependant, on se prive alors d'un matériau à hautes performances d'isolation.
[0008] L'invention a donc pour but de proposer une solution permettant de produire des articles
d'habillement comportant une couche d'isolation à base de duvet qui ne soient pas
atteints par les problèmes mentionnés ci-dessus.
[0009] Dans ce but, l'invention propose un article d'habillement ayant au moins une couche
isolante comportant du duvet naturel, caractérisé en ce qu'il comporte au moins une
zone différenciée dans laquelle la couche isolante comportant du duvet est remplacée
par une couche isolante synthétique.
[0010] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à lecture de la
description détaillée ci-dessous, ainsi qu'au vu des dessins annexés dans lesquels
les figures 1 et 2 sont des vues schématiques, respectivement de face et de dos, illustrant
un mode de réalisation de l'invention.
[0011] L'invention sera plus particulièrement décrite dans le cadre d'un article d'habillement
de type veste ou parka destiné à recouvrir le tronc et les bras d'un utilisateur.
Cependant, l'invention pourrait aussi être mise en oeuvre pour la construction d'autres
types d'articles d'habillement, tels que des pantalons ou des combinaisons.
[0012] Comme on peut le voir sur les figures, la veste 10 présente une partie tronc 12,
correspondant au tronc d'un utilisateur, et des manches 14, destinées à accueillir
ses bras. La face avant 16 de la partie tronc est munie d'une ouverture verticale
18 qui débouche vers le haut dans l'encolure 20 de la veste et vers le bas dans le
bord inférieur 22 de celle-ci, lequel est de préférence destiné à être agencé en dessous
de la taille de l'utilisateur, voire en dessous de son bassin dans le cas d'une parka.
[0013] Comme on peut le voir sur les figures, la majeure partie de l'article d'habillement
est munie d'une couche isolante comportant du duvet. De manière connue, le duvet est
contenu dans des compartiments formés entre une paroi intérieure et une paroi extérieure
de l'article d'habillement, ceci afin d'éviter que le duvet ne se retrouve entièrement
regroupé à un seul endroit du vêtement, par exemple sous l'effet de la gravité. Ces
compartiments sont délimités par des coutures 24 qui rejoignent les deux parois selon
des lignes prédéfinies. Bien entendu, le nombre, la taille, la géométrie et l'agencement
des compartiments sont ici représentés de manière totalement arbitraire, et ils pourraient
être répartis autrement.
[0014] Selon l'enseignement de l'invention, l'article d'habillement comporte au moins une
zone isolante différenciée 26 dans laquelle la couche isolante comportant du duvet,
qui est utilisée sur une majeure partie de l'article d'habillement, est remplacée
localement par une couche isolante synthétique. En l'occurrence le vêtement illustré
est muni de deux zones différenciées 26 agencées symétriquement sous les aisselles.
Ces zones 26 sont chacune agencée en partie sur la partie tronc 12, et en partie sur
la manche correspondante 14, dans la zone de raccordement de ces deux pièces et le
long de leurs surfaces en regard.
[0015] Dans l'exemple illustré, la zone isolante différenciée 26 s'étend sur la face interne
de la manche 14 depuis l'aisselle jusqu'au coude et sur le côté correspondant de la
partie tronc 12 sur la hauteur de la cage thoracique.
[0016] La couche isolante synthétique reste, comme la couche isolante à base du duvet, comprise
entre deux parois intérieure et extérieure. Ces parois intérieure et/ou extérieure
seront par exemple en tissu, et pourront être complétées par une membrane dite imper-respirante,
résistante à l'eau et au vent mais laissant passer l'humidité de la transpiration.
Elles pourront aussi comporter des matières élastiques, ou des matières particulièrement
résistantes à l'abrasion.
[0017] La couche isolante synthétique pourra par exemple comporter une ouate synthétique.
On connaît ainsi de nombreux matériaux formés de matelas de fils synthétiques (souvent
à base de polyester, de polyamide ou de polypropylène) de longueurs variables et agglomérés
entre eux à la manière d'une ouate de coton (c'est-à-dire non tissés) pour « emprisonner
» un maximum d'air entre les fils, l'air pouvant en réalité circuler au travers des
matières ainsi constituées. De telles matières sont connues par exemple sous les dénominations
commerciales « Thinsulate », « Thermolite », etc...
[0018] La couche isolante synthétique peut aussi être réalisée dans des matières du type
de celles appelées « laine polaire », connues aussi sous la marque commerciale « Polartec
» de la société Malden Mills. Il s'agit là de matières à base de fils de polyester
construites selon la technique du velours ou de mailles tricotées et grattées
[0019] On peut aussi envisager d'utiliser des matériaux tissés tridimensionnels qui sont
eux aussi capables « d'emprisonner » de l'air et donc d'avoir, comme les matières
précédemment citées, un bon rapport entre leur efficacité en tant que barrière thermique
et leur poids. Bien souvent, à efficacité thermique équivalente, ces matériaux auront
certes un poids surfacique supérieur à celui d'un duvet, mais ils présenteront une
plus faible épaisseur, gage d'un encombrement moindre de la couche isolante.
[0020] Tous ces matériaux ont aussi en commun d'être réalisés à base de matières synthétiques
et ont donc la particularité d'être très peu hydrophile, donc de peu absorber l'eau
et l'humidité. De plus, le peu d'eau ou d'humidité qu'ils sont susceptibles d'accumuler
sera rapidement évacué lors du séchage. Par ailleurs, ces matériaux permettent malgré
tout une lente diffusion de l'air (et des gaz en général) à leur travers. Dans le
domaine de l'habillement, cela permet de garantir une évacuation progressive vers
l'extérieur de l'humidité produite par le corps sous la forme de la transpiration.
[0021] De plus, ces matériaux sont disponibles sous la forme de couche de matière cohérente,
ayant une forme et une résistance mécanique propre, qu'il n'est plus obligatoire de
maintenir par un compartimentage et qui permettent de garantir la présence d'une quantité
uniforme de matière isolante en tous points de la zone dans laquelle ils sont disposés,
ce qui est difficile à assurer avec un duvet.
[0022] Le fait de disposer une zone différenciée 26 sous les aisselles permet de tirer pleinement
partie des trois grandes caractéristiques des couches isolantes synthétiques qui viennent
d'être rappelées, à savoir une faible absorption d'humidité, un encombrement relativement
faible, et une structure cohérente.
[0023] En effet, ces zones d'aisselles sont agencées chacune à proximité d'une zone de production
d'humidité du corps humain, humidité qu'il convient d'évacuer le mieux possible. On
notera de plus que cette humidité vient de l'intérieur du vêtement, c'est-à-dire souvent
du côté de la couche isolante qui est la moins protégée de l'humidité. Or la couche
isolante synthétique est justement la plus capable d'une part de ne pas perdre ses
qualités d'isolation, et d'autre part de laisser cette humidité s'évacuer vers l'extérieur.
[0024] Bien entendu, les zones des aisselles profitent aussi du faible encombrement de la
couche isolante puisque dans ces zones, ce sont deux épaisseurs de la couche isolante
(celle portée par la manche 14 et celle portée par la partie tronc 12) qui sont en
regard l'une de l'autre et qui sont intercalées entre le bras de l'utilisateur et
sa cage thoracique. En utilisant une couche isolante de plus faible épaisseur que
celle du duvet, on diminue la gêne occasionnée à l'utilisateur.
[0025] Par ailleurs, à la zone de jonction de la manche 14 avec la partie tronc 12 (correspondant
à l'aisselle stricto sensu), la cohérence de la couche isolante synthétique permet
de garantir qu'il reste toujours une certaine quantité de matière isolante, y compris
dans cette zone de flexion.
[0026] Dans l'exemple illustré, on voit par ailleurs qu'une ouverture refermable 28 peut
être agencée en travers de la zone différenciée. Cette ouverture 28 permet, en position
ouverte, d'accroître de manière importante la ventilation de la zone considérée, par
exemple lorsque le porteur du vêtement est en plein effort physique, tout en étant
refermable pour assurer une isolation maximale lorsque le porteur du vêtement est
au repos. Cette ouverture refermable pourra être réalisée de toute manière connue,
par exemple à l'aide d'une fermeture à glissière ou à l'aide de bande auto-aggripantes.
Dans l'exemple illustré, ces ouvertures refermables s'étendent en travers de la zone
différenciée 26, mais on pourrait aussi prévoir qu'elles s'étendent à la périphérie
de la zone 26.
[0027] La disposition de la zone différenciée 26 dans les zones d'aisselles, telle qu'illustrée
sur les figures, est une forme préférée de réalisation de l'invention car c'est là
que l'invention trouve sa meilleure application, tout au moins dans le cas d'une veste
ou d'une parka. Dans le cas d'un pantalon ou d'une combinaison, cette zone différenciée
pourrait par exemple être agencée dans la zone d'entrejambes.
[0028] Toutefois, on pourrait prévoir que d'autres zones de l'article d'habillement puissent
être concernées. Ainsi la zone des épaules et du haut du dos est celle qui est la
plus exposée à l'eau lorsque l'article d'habillement est une veste ou une parka. Cette
zone bénéficierait donc pleinement des propriétés d'hydrophobie et de séchage rapide
d'une couche isolante synthétique. De plus, en choisissant une couche synthétique
ayant une résistance à la compression supérieure à celle d'un duvet, on limiterait
le phénomène connu de perte d'isolation dans cette zone d'épaules, lequel est dû au
fait que le poids du vêtement (et des objets que l'on peut y accrocher ou mettre dans
les poches) tend à comprimer la couche isolante au niveau des épaules, donc à réduire
son épaisseur, et, par voie de conséquence directe, à réduire son efficacité en tant
que barrière thermique.
[0029] La zone différenciée au sens de l'invention est différenciée par la nature de couche
isolante. Elle pourra éventuellement, sans que cela soit obligatoire, être différenciée
de plus par l'une ou l'autre des ses parois intérieure ou extérieure qui entourent
la couche isolante. Cette différenciation de la ou des parois intérieure/extérieure
pourra être judicieuse pour tirer pleinement profit d'une propriété particulière de
la couche isolante synthétique, ou encore pour s'adapter à une particularité de la
zone considérée. Ainsi, la zone d'aisselle est beaucoup moins exposée à l'eau de pluie
et ne nécessite peut-être pas le même degré d'imperméabilité que le reste du vêtement,
ou la zone d'épaules nécessite peut-être une plus grande imperméabilité et une plus
grande résistance à l'abrasion. Bien entendu, on peut aussi prévoir une simple différenciation
esthétique, en plus de la différenciation en termes de couche isolante.
1. Article d'habillement ayant au moins une couche isolante comportant du duvet naturel,
du type comportant une partie tronc (12), une paire de manches (14), et des zones
d'aisselle s'étendant à la jonction de chacune des manches (14) avec la partie tronc
(12), chacune des dites zones d'aisselle comportant des surfaces en regard appartenant
à la partie tronc et à la manche correspondante, caractérisé en ce qu'il comporte, dans la zone d'aisselle, au moins une zone différenciée (26) dans laquelle
la couche isolante comportant du duvet est remplacée par une couche isolante synthétique.
2. Article d'habillement selon la revendication 1, caractérisé en ce que la zone différenciée (26) s'étend en partie sur la manche (14) et en partie sur la
partie tronc (12).
3. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la couche isolante synthétique comporte un matelas de fibres synthétiques non tissées.
4. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la couche isolante synthétique présente une épaisseur moindre que celle de la couche
comportant du duvet.
5. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il comporte au moins une ouverture d'aération refermable (28) agencée dans la zone
différenciée (26) ou en bordure de celle-ci.
6. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la couche isolante synthétique est plus hydrophobe que la couche isolante comportant
du duvet.
7. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la couche isolante synthétique présente une plus grande perméabilité aux gaz que
la couche isolante comportant du duvet.
8. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la couche isolante synthétique est recouverte sur l'extérieur par une couche de matériau
extensible.
9. Article d'habillement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la couche isolante synthétique est recouverte sur l'extérieur par une membrane imper-respirante