DOMAINE TECHNIQUE ET ART ANTERIEUR
[0001] L'invention concerne les appareils de lutte contre l'incendie, autrement dit les
extincteurs. En particulier, l'invention trouve son application dans les dispositifs
d'extinction de feu à poste fixe qui peuvent être déclenchés à distance.
[0002] L'invention porte plus particulièrement sur la génération d'un gaz inerte par combustion
d'une composition pyrotechnique et la diffusion de ce gaz dans la zone feu avec un
débit contrôlé ; l'invention se rapporte à un extincteur comprenant une enceinte de
combustion, un système de régulation et des moyens de diffusion dans la zone feu,
en particulier utilisé dans le domaine de l'aéronautique.
ÉTAT DE LA TECHNIQUE ANTÉRIEURE
[0003] La plupart du temps, les dispositifs d'extinction comprennent un réservoir contenant
un agent extincteur qui est diffusé sur la zone du feu pour l'éteindre, mais aussi
prévenir son extension.
[0004] Les extincteurs à réservoir d'agent sont classés en deux grandes catégories. La première
catégorie concerne des appareils à pression permanente dans lesquels un gaz assure
la pressurisation permanente de l'agent au sein d'une bouteille unique lui servant
de réservoir. L'agent extincteur est libéré par une vanne, à la sortie de ladite bouteille.
Dans la deuxième catégorie, un gaz propulseur n'est libéré qu'à la mise en service
de l'extincteur et propulse l'agent extincteur qui n'est donc pas stocké sous pression.
[0005] A titre d'illustration, comme extincteur du premier type, on peut considérer les
extincteurs actuellement utilisés pour éteindre un feu de moteur d'aéronef. Ces dispositifs
utilisent du halon comme agent extincteur, stocké sous forme liquide du fait du niveau
de pressurisation de la bouteille utilisée comme réservoir. En fonction des exigences
de sécurité, deux extincteurs ou plus peuvent être installés. Une ou plusieurs canalisations
de distribution connectées à chaque bouteille permettent la distribution de l'agent
vers la ou les zones à protéger. A l'extrémité inférieure de la bouteille, un opercule
calibré permet d'obturer la canalisation de distribution pour maintenir le halon dans
la bouteille. Un capteur de pression est également installé afin de vérifier, de façon
continue, la pressurisation de la bouteille. Lorsqu'un feu est détecté, un détonateur
pyrotechnique est déclenché : l'onde de choc générée par ce détonateur vient percer
l'opercule obturateur, ce qui entraîne la vidange de la bouteille et l'évacuation
de l'agent extincteur sous l'effet de la pression vers les zones à protéger via les
canalisations de distribution.
[0006] En ce qui concerne les extincteurs de la deuxième catégorie, ils utilisent un dispositif
séparé de mise sous pression. Ces appareils de lutte contre l'incendie sont généralement
équipés d'un premier réservoir de gaz comprimé et d'un second réservoir pour l'agent
extincteur. Lorsque l'appareil est utilisé, le gaz contenu dans le premier réservoir
est mis en communication par l'intermédiaire d'un orifice avec le second réservoir,
ce qui autorise la pressurisation de la bouteille contenant l'agent extincteur. Parfois,
le premier réservoir de gaz comprimé est remplacé par un générateur de gaz comme décrit
dans le document WO 98/02211. Dans tous les cas, lorsque l'agent extincteur est pressurisé,
il est éjecté des extincteurs de deuxième catégorie pour lutter contre l'incendie,
comme pour les appareils de la première catégorie.
[0007] L'inconvénient de ces extincteurs, quelle que soit la catégorie considérée, est le
stockage en continu de l'agent extincteur, avec les nécessaires opérations de surveillance
et de vérification, comme la pesée périodique. Pour les dispositifs utilisés pour
les extinctions des feux à bord des aéronefs, appartenant à la première catégorie,
s'ajoutent les impératifs liés au stockage sous pression de l'agent extincteur, et
notamment les problèmes causés par leur sensibilité aux micro fuites.
EXPOSÉ DE L'INVENTION
[0008] L'invention a pour objet de remédier aux inconvénients cités des extincteurs, notamment
pour les feux dans les moteurs d'aéronef, entre autres avantages.
[0009] Pour ce faire, l'invention concerne sous l'un de ses aspects un dispositif d'extinction
de feu dont l'agent extincteur est un gaz inerte produit uniquement quand nécessaire,
c'est-à-dire au moment de l'utilisation de l'extincteur, par la combustion d'un matériau
pyrotechnique choisi de façon adéquate. On peut ainsi générer une grande quantité
de gaz inerte dont la composition dépend de la nature du matériau pyrotechnique ;
en particulier, le gaz peut comprendre plus de 20 % d'azote ou plus de 20 %, voire
40 %, d'un mélange de gaz neutres comme azote, monoxyde et/ou dioxyde de carbone.
De préférence, le gaz inerte généré sera composé essentiellement d'azote compte tenu
de sa relative facilité de production par combustion pyrotechnique.
[0010] L'azote généré est injecté dans les zones où le feu a été détecté. Pour assurer une
extinction fiable, le gaz inerte est chassé du dispositif extincteur selon une pression
régulée, afin de pouvoir notamment amener la quantité d'oxygène dans les zones de
feu à suivre un profil prédéterminé en fonction du temps, par exemple un palier de
concentration quasi-constante pendant un laps de temps non nul.
[0011] Le dispositif selon l'invention comporte donc un générateur pyrotechnique de gaz
associé à des moyens de distribution du gaz généré comme agent extincteur et des moyens
pour y réguler la pression.
[0012] De manière avantageuse, le générateur de gaz comprend une enceinte comprenant un
bloc de propergol et un allumeur pyrotechnique. L'ignition de l'allumeur pyrotechnique
par courant électrique autorise par exemple le démarrage de la combustion du propergol
dont la décomposition permet la génération d'un gaz inerte.
[0013] De préférence, le dispositif d'extinction comporte des filtres situés dans l'enceinte
de combustion ou dans les moyens de distribution, pour que les suies et les cendres
également produites par la combustion de la composition pyrotechnique n'atteignent
pas la zone feu.
[0014] Avantageusement, le dispositif comprend des moyens de refroidissement du gaz généré.
[0015] Le dispositif d'extinction peut comporter un nombre variable de générateurs de gaz,
qui sont reliés à des mêmes moyens de distribution. Il est possible par ailleurs d'avoir
plusieurs matériaux pyrotechniques de compositions différentes dans une même enceinte.
[0016] Les moyens de régulation sont paramétrés de façon préalable par la détermination
de la pression à laquelle le gaz inerte est expulsé de l'enceinte, directement reliée
au débit du gaz éjecté sur la zone feu et à la concentration, en oxygène ou autre
composant, recherchée dans les zones à traiter. Suivant la géométrie du réseau de
distribution, les dimensions et la ventilation des zones à traiter, en prenant en
compte les pertes de charge ou l'agencement des zones à traiter, l'homme de l'art
peut déterminer la pression requise. Ces calculs peuvent être affinés lors d'expérimentations.
[0017] Selon un mode de réalisation, les moyens de régulation de la pression consistent
en au moins une vanne de régulation située dans les moyens de distribution, dont l'ouverture
est commandée au cours de la séquence de déclenchement de l'extincteur, soit par un
ordre extérieur, soit par la mise en pression de l'enceinte de combustion. La vanne
de régulation est avantageusement pilotée suivant une loi donnée et définie par l'utilisateur,
éventuellement en utilisant les informations provenant de capteurs, qui mesurent par
exemple la concentration en oxygène dans les zones à traiter ; ceci permet une régulation
en boucle fermée, plus fine encore, de la pression du gaz.
[0018] L'ouverture de la vanne peut être contrôlée à distance, par commande manuelle, ou
par un mécanisme de commande couplé aux moyens de mise à feu de la composition pyrotechnique.
[0019] La géométrie du bloc de matériau pyrotechnique permet également de générer des gaz
de combustion suivant une loi prédéterminée. Les moyens de régulation peuvent ainsi,
également ou alternativement, consister en une détermination des différents paramètres
du générateur de gaz, et notamment de la géométrie du bloc de propergol, qui assure
une génération contrôlée de gaz inerte injecté dans les zones à protéger.
[0020] Dans ce cas, il est possible de remplacer la vanne de régulation par un orifice calibré
: une fois déclenchée, la combustion du bloc de matériau pyrotechnique ne nécessite
plus de commande, et l'orifice calibré permet de contrôler la pression à laquelle
se fera la combustion du propergol de façon à assurer le débit d'agent nécessaire
pour la mise sous gaz inerte des zones feu.
[0021] La régulation peut également, alternativement ou en complément, être assurée par
d'autres organes de régulation tels qu'un détendeur associé ou non à un dispositif
qui crée une différence de pression (diaphragme, tuyère).
[0022] Quels que soient les moyens de régulation, ils permettent d'optimiser la durée pendant
laquelle la concentration en agent inerte conduira par exemple à un taux d'oxygène
inférieur à 12 % dans les zones feu considérées. De cette façon, il est également
possible de créer des créneaux de concentration de forme variable et de maîtriser
précisément la durée et le niveau de protection de la zone considérée.
[0023] Sous un aspect de l'invention, l'extincteur peut être déclenché par un opérateur
à distance. Il peut également être mis en opération directement par un dispositif
d'allumage recevant les informations d'un capteur qui détecte les conditions liées
à la probabilité d'un feu. Pour éviter des déclenchements non souhaités, en particulier
lors des opérations d'entretien, le dispositif pourra être équipé de moyens de neutralisation.
[0024] Le dispositif d'extinction selon l'invention est de préférence utilisé dans les aéronefs,
plus particulièrement dans les turboréacteurs où il permet de s'affranchir des agents
extincteurs halogénés actuellement utilisés.
BRÈVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0025] Les figures et dessins annexés permettront de mieux comprendre l'invention, mais
ne sont donnés qu'à titre indicatif et ne sont nullement restrictives.
[0026] La figure 1 représente un dispositif d'extinction conforme à l'un des modes de réalisation
de l'invention.
[0027] La figure 2 montre une alternative au dispositif d'extinction selon l'invention.
[0028] La figure 3 montre un autre mode de réalisation de l'extincteur selon l'invention.
[0029] La figure 4 montre schématiquement le montage à bord d'un aéronef d'un dispositif
d'extinction feu moteur selon l'invention.
[0030] Les figures 5 représentent les courbes d'évolution de la concentration en oxygène
dans deux zones feu équipées d'un dispositif d'extinction suivant l'invention.
EXPOSÉ DÉTAILLÉ DE MODES DE RÉALISATION PARTICULIERS
[0031] Ainsi que le montre la figure 1, le dispositif d'extinction ou extincteur 1, comprend
un générateur de gaz inerte 2 associé à des moyens de distribution du gaz 4. Les moyens
de distribution du gaz 4 peuvent consister en une conduite suffisamment longue pour
atteindre la zone feu 6, ou être couplés à tout dispositif de distribution 8 connu,
tel que par exemple une conduite à sorties multiples.
[0032] Le générateur de gaz 2 est constitué par une chambre de combustion 10, par exemple
cylindrique, dans laquelle est placée une cartouche pyrotechnique 12, composée en
général de propergol. La combustion du propergol, initiée par le dispositif d'allumage
14, génère un gaz inerte qui s'écoule dans les moyens de distribution 4 par un orifice
de sortie 16.
[0033] Le gaz inerte, composé en grande partie d'azote et/ou d'oxyde de carbone, produit
par la décomposition par combustion de compositions pyrotechniques, se trouve à haute
température, et un refroidissement rapide peut s'avérer nécessaire, avant introduction
dans les zones feu. Des moyens de refroidissement peuvent ainsi être prévus, par exemple
un filtre « actif », c'est-à-dire un composé chimique introduit dans ou à l'extérieur
de la chambre de combustion 10 et absorbant une partie de la chaleur de combustion,
ou un filtre métallique. Par ailleurs, il peut être souhaitable que des filtres, chimiques
et/ou mécaniques, soient présents afin de filtrer les suies.
[0034] Ces différents filtres 18 peuvent être localisés en amont et/ou en aval de l'orifice
16 de sortie des gaz, dans l'enceinte 10 ou dans les moyens de distribution 4.
[0035] Avantageusement, l'orifice de sortie 16 de la chambre de combustion 10 peut être
obturé par un dispositif de fermeture 20, afin d'isoler le propergol de l'environnement
extérieur tant que son action n'est pas sollicitée. En particulier le dispositif de
fermeture 20 peut être un opercule taré, c'est-à-dire une membrane qui se rompt ou
s'ouvre après l'ignition dès que la pression à l'intérieur de la chambre de combustion
10 atteint un certain seuil.
[0036] La pression à l'intérieur de l'enceinte 10 est avantageusement la pression atmosphérique
lorsque le dispositif d'extinction 1 n'est pas utilisé. Dès que le dispositif d'allumage
14 est déclenché, le bloc de propergol 12 commence à brûler et à générer une pression
dans l'enceinte 10. Le dispositif d'allumage 14 peut consister en tout dispositif
connu. Il peut être déclenché manuellement, par action directe sur le dispositif 14.
[0037] De préférence, le dispositif d'allumage 14 est déclenché à distance par l'intermédiaire
d'une ligne de commande 22, qui peut être couplée à une unité de commande 24. Avantageusement,
un signal 26 issu d'un détecteur d'incendie peut être utilisé comme déclencheur automatique
par l'intermédiaire de l'unité de commande 24. Dans ce cas de déclenchement automatique,
il peut être préférable de prévoir un dispositif de neutralisation 28 des moyens de
commande 22. Il peut également être utile de prévoir un dispositif de déclenchement
manuel 30 sur le boîtier de commande 24 et/ou le dispositif d'allumage 14.
[0038] Afin d'éteindre le feu, on restreint l'apport en oxygène dans la zone incendiée 6.
A cet effet, le gaz généré par la combustion du bloc pyrotechnique 12 et éjecté par
le dispositif de distribution 8 permet une diminution de la concentration relative
d'oxygène. Il est souhaitable que le gaz généré soit inerte, mais aussi qu'il ne soit
pas polluant ou corrosif, notamment dans le cadre d'une zone de feu 6 située dans
un moteur d'aéronef. A cet égard, le gaz généré comprend donc une part d'azote, au
moins 20 % voire 40 %, obtenue par la combustion d'une composition pyrotechnique fortement
« nitrogénée » ; il est possible également d'associer l'azote par exemple à du dioxyde
de carbone pour augmenter la concentration en gaz neutre injecté et atteindre les
seuils voulus.
[0039] Il est communément admis par exemple que, en dessous d'une concentration en oxygène
de 12 %, aucun feu ne peut subsister. Il est possible de déterminer la quantité de
gaz devant être injecté dans la zone feu 6 afin d'atteindre ce taux en O
2 ; en cas de ventilation des zones de feu, le taux de renouvellement de l'air est
pris en compte pour le calcul de la quantité de gaz à injecter. Ceci permet de déterminer
de la quantité de produit pyrotechnique 12 à placer dans l'extincteur considéré.
[0040] Afin d'optimiser les capacités d'extinction, il est prévu dans un extincteur 1 selon
l'invention un système pour réguler le débit de gaz en sortie de conduite 8 dans la
zone feu 6, c'est-à-dire des moyens de régulation de la pression régnant dans les
moyens de distribution 4. Grâce à un tel contrôle de pression, il est possible de
minimiser la quantité de matériau pyrotechnique 12 et/ou la taille de l'enceinte 10
tout en s'assurant que les feux seront éteints. Par exemple, les moyens de régulation
de la pression permettent d'obtenir un profil prédéterminé de la concentration en
oxygène dans la zone feu, comme un palier pendant un laps de temps non nul, ou un
profil en créneaux ; il est clair que chacune des concentrations peut avoir une marge
d'erreur par rapport à la valeur fixe théorique du palier. Ainsi, un palier peut être
une « gaussienne aplatie », ou une courbe comprise entre deux valeurs séparées de
moins de 10 % de la valeur du palier.
[0041] Selon un mode de réalisation préféré, le dispositif de fermeture 20 du générateur
de gaz 2 peut ainsi être une vanne de régulation, avantageusement contrôlée à distance
par des premiers moyens de commande 32. De telles vannes de régulation sont connues
par exemple de WO 93/25950 ou US-A-4 877 051, et disponibles dans le commerce.
[0042] Les premiers moyens de commande 32 peuvent être une ligne de commande issue d'une
unité de commande 24, avantageusement confondue avec celle qui est utilisée pour déclencher
le dispositif d'allumage 14. Les informations entrées dans l'unité de commande 24
permettent de modifier, manuellement ou automatiquement, selon une séquence prédéterminée
ou en fonction de paramètres mesurés, le degré d'ouverture et/ou de fermeture de la
vanne 20.
[0043] Ainsi par exemple, il est possible de prévoir un capteur mesurant la concentration
en oxygène dans la zone feu 6 : par la ligne de commande 34, l'unité 24 peut modifier
le signal envoyé par les premiers moyens de commande 32 pour réguler l'ouverture de
la vanne 20.
[0044] Des dispositifs d'extinction 1 selon l'invention peuvent être mis en parallèle et
par exemple être reliés à un même dispositif de distribution 8. Un autre mode de réalisation,
présenté sur la figure 2, concerne la présence de plusieurs générateurs 2a-2e de gaz
inerte au sein du même dispositif d'extinction 1. Les blocs de matériau pyrotechnique
12a-12e de chacun de ces générateurs peuvent être de nature (composition, géométrie,
tel qu'il sera explicité plus tard) similaire ou différente. Les dispositifs d'allumage
14a-14e de chacun des générateurs 2a-2e peuvent être déclenchés indépendamment ou
simultanément. Avantageusement, des moyens de commande permettent de déclencher sélectivement
la combustion et ainsi d'optimiser le nombre de générateurs 2a-2e utilisés selon la
détection et les paramètres du feu, ou de choisir le générateur le plus approprié
si la nature des blocs de propergol 12 est différente.
[0045] Dans ce mode de réalisation, il est possible que chaque générateur de gaz 2a, 2b
soit mis en communication avec les moyens de distribution 4 par son propre conduit
4a, 4b muni de sa valve de régulation 20a, 20b. Il est également possible de prévoir
une seule valve 20f localisé sur un conduit 4f menant aux générateurs 2c, 2d, 2e couplés
entre eux par l'intermédiaire de conduits 4c, 4d, 4e. De même que pour le mode de
réalisation présenté en figure 1, la régulation peut être effectuée en boucle ouverte
ou fermée.
[0046] Une autre possibilité pour réaliser la régulation de la pression selon l'invention
est de calibrer le bloc de matériau pyrotechnique afin de générer une pression dans
l'enceinte 10 conforme à un profil défini. Cette pression P (pression d'arrêt) est
transmise directement, et de façon paramétrée et contrôlée, aux moyens de distribution
4 et donc à la zone feu 6.
[0047] Tel qu'il l'est connu par exemple de la propulsion des fusées, il est en effet possible,
en choisissant judicieusement la nature du propergol et la géométrie du bloc, d'obtenir
un débit contrôlé en gaz généré, et donc une pression régulée dans l'enceinte 10.
Dans ce cas, même si une vanne de régulation 20 peut être prévue, il est possible
de ne disposer entre la chambre de combustion 10 et les moyens de distribution 4 que
d'un simple dispositif de fermeture tel qu'un opercule taré, voire de connecter directement
l'orifice de sortie 16 aux moyens de distribution 4. Un exemple de réalisation d'un
tel dispositif d'extinction est présenté dans la figure 3.
[0048] De façon avantageuse, l'orifice de sortie 16 est muni d'une tuyère 36, conformée
si possible de manière à ce que la vitesse du son soit atteinte au minimum de section
de la tuyère 36. Ceci permet d'isoler le générateur de gaz 2 des moyens de distribution
4 ; les fluctuations de pression dans la canalisation de distribution 4 ne perturbent
donc pas la combustion du matériau pyrotechnique 12, ce qui permet un meilleur contrôle
des paramètres.
[0049] En particulier, il est possible de calibrer le bloc de matériau combustible 12 de
façon à obtenir un débit de gaz sortant de l'enceinte 10 par l'ouverture 16 égal à
une valeur déterminée. Les moyens de régulation de la pression, et donc du débit d'agent
inerte en zone feu 6, sont alors directement intégrés au générateur de gaz 2 : une
simple commande sur le dispositif d'allumage 14, permet d'assurer ce débit préalablement
fixé.
[0050] En effet, des formules mathématiques permettent de relier entre eux les différents
paramètres (pression, vitesse et surface de combustion, débit de gaz généré,...) afin
d'optimiser la géométrie d'un bloc de matériau combustible, de son enceinte de combustion,
et les conditions initiales pour un matériau pyrotechnique donné afin d'aboutir au
débit de gaz inerte souhaité. Ainsi le débit de gaz engendré par la combustion d'un
matériau pyrotechnique 12 comme le propergol est :

avec :
- Q :
- débit (kg/s);
- ρ :
- masse volumique du propergol (kg/m3) ;
- Sc :
- surface de combustion du propergol (m2) ;
- Vc :
- vitesse de combustion du propergol (m/s).
[0051] Il est à noter que la surface S
c dépend de la forme du bloc ; en particulier, elle peut être évolutive au cours de
la combustion.
[0052] D'autre part, la vitesse de combustion du propergol V
c est fonction de la pression régnant dans la chambre de combustion, soit :

avec :
- a,n :
- coefficients dépendant de la composition du propergol et déterminés expérimentalement
;
- P :
- pression d'arrêt (Pa) régnant dans la chambre de combustion 10.
[0053] Enfin, le débit de gaz passant à travers une tuyère s'exprime par :

avec
- P :
- pression d'arrêt (Pa) ;
- At :
- surface de la tuyère 36 au col (m2) ;
- 1/Cet :
- coefficient de débit (s/m), dépendant de la nature du gaz généré ;
- Cd :
- coefficient inhérent à la nature de la tuyère.
[0054] Il suffit de résoudre ces équations en fonction des caractéristiques intrinsèques
du propergol choisi (ρ, a, n, C
et) et des conditions d'éjection du gaz souhaitées (A
t, P, V
c) pour définir la géométrie du générateur de gaz permettant d'assurer le profil de
débit souhaité pendant la durée requise.
[0055] Le dispositif selon l'invention est particulièrement indiqué pour une application
dans les aéronefs. La figure 4 montre schématiquement le montage à bord d'un turbomoteur
40 d'un avion d'un dispositif 1 d'extinction de feu moteur selon l'invention, qui
peut être déclenché à la détection d'incendie et/ou de fumée.
Exemple : Application de l'invention à l'extinction feu moteur pour aéronef.
[0056] La génération de gaz inerte, préférentiellement de l'azote, et à plus de 20 %, voire
30 % ou 40 %, est obtenue par la combustion d'une composition pyrotechnique « fortement
nitrogénée ». Les principales caractéristiques à considérer pour le choix d'une composition
pyrotechnique sont l'efficacité en termes de production de gaz, la densité du matériau,
la température de combustion et les espèces secondaires générées par la combustion.
L'aspect toxique ou/et corrosif des fumées, doit être également pris en compte, ce
qui conduit à éliminer d'office certaines compositions. En particulier, une composition
préconisée dans le cadre des aéronefs concerne un mélange d'azoture de sodium et d'oxyde
de cuivre (NaN
3/CUO) qui donne par combustion 40,1 % d'azote. Une autre possibilité concerne le nitrate
de guanidine associé au nitrate de strontium (NG/Sr(NO
3)
2) dont la combustion donne 32,5 % d'azote et 20 % de dioxyde de carbone. Est également
envisageable l'association de nitrate de cuivre basique et de nitrate de guanidine
(BCN/NG) pour produire un gaz contenant 24,7 % de N
2 et 16,9 % de CO
2.
[0057] Pour évaluer la quantité d'azote à injecter, le taux de ventilation et la taille
de la (des) zone(s) concernée(s) sont pris en compte. A titre d'exemple, on considérera
un moteur 40 selon la figure 4 avec les deux zones feu A et B ayant les caractéristiques
suivantes :
|
Volume
V (m3) |
Ventilation QR (m3/s)
(débit de renouvellement d'air) |
Zone A |
1,416 |
0,212 |
Zone B |
0,476 |
0,285 |
[0058] Le générateur d'agent inerte est constitué comme décrit précédemment par une enceinte
de combustion 10, muni d'un bloc 12 de produit pyrotechnique tel que précisé plus
haut, d'un dispositif d'allumage 14 et d'un filtre 18, équipée à une extrémité d'une
tuyère 36 conformée de telle sorte que la vitesse du son soit atteinte au minimum
de section de la tuyère.
[0059] On souhaite que la mise sous atmosphère inerte des zones feu 6, dure 5 secondes.
D'autres paramétrages sur la durée sont souvent préférés, voire imposés par la réglementation,
et notamment dans ce cas, on souhaite :
- une phase d'extinction E (phase « booster ») : diminution du taux d'oxygène de 21
% (concentration nominale en oxygène de l'air en volume) à 11 % en 1,5 s.
- une phase de maintien M (phase « d'inertage », ou « sustainer ») : maintien de la
concentration en oxygène à 11 % pendant 3,5 s.
[0060] On peut ainsi noter que durant la phase de maintien M, le débit d'azote (ou de gaz
inerte) est plus faible que pendant la phase d'extinction E. Ce régime en deux phases
peut être obtenu de diverses manières comme l'utilisation de deux compositions pyrotechniques
différentes. De préférence, et tel que décrit ci-après, l'évolution du profil de combustion
du bloc de propergol (évolution géométrique de la surface en combustion) permet d'obtenir
un tel régime.
[0061] L'évolution dans le temps de la concentration en oxygène C(t) dans une zone feu 6
telle que schématisée en figure 3 en fonction du débit en air frais (renouvellement
d'air dans la zone) Q
R, du débit issu du générateur de gaz injecté dans la zone feu Q
I (ces deux débits étant évacués de la zone feu 6 par le débit Q
S = Q
R + Q
I), et des concentrations relatives en oxygène C
R et C
I de ces deux débits d'entrée peut s'exprimer par l'équation différentielle :

ce qui donne (par définition, le débit du générateur ne contient pas d'oxygène et
C
I = 0) :

[0062] Dans la phase d'extinction E, on veut qu'en un temps bien défini (dans l'exemple
1,5 s), on ait atteint une concentration de 11 % (en volume) en oxygène. Or, C
R = 0,21, et quand t = 0, C(t) = C
R, d' où k = C
R. (Q
S - Q
R) / Q
S.
[0063] On a donc

[0064] Dans la phase de maintien M, on veut que pendant un temps bien défini (dans l'exemple
3,5 s), on maintienne la concentration en oxygène à un niveau très voisin de celui
atteint en fin de phase booster et inférieur au taux minimal nécessaire à une combustion.
De la même façon, C
R = 0,21, et à tout instant, C
M(t) = C
min = 0,11, d'où k = C
min - (Q
R.C
R)/Q
S.
[0065] On obtient donc directement la quantité de gaz inerte à injecter durant cette phase
: Q
IM = (Q
R/C
min). (C
R - C
min)·
[0066] Tous calculs faits, on obtient les valeurs suivantes pour le débit volumique de gaz
inerte à injecter dans les zones feu :

[0067] L'évolution de la concentration en oxygène en un point pour ces deux zones feu est
montrée en figure 5A pour la zone A et en figure 5B pour la zone B, où la droite horizontale
représente le niveau de concentration en oxygène à atteindre pour sécuriser la zone
feu considérée, soit 12 %.
[0068] Il est clair qu'il serait également possible avec un dispositif d'extinction suivant
l'invention de gérer le débit d'agent inerte de manière à avoir une concentration
en oxygène dans la zone feu évolutive suivant un profil donné, par exemple en créneaux.
[0069] Il existe de nombreuses compositions pyrotechniques dont la combustion génère une
large quantité de gaz inerte composé principalement d'azote et/ou dioxyde de carbone
et/ou monoxyde de carbone, dans l'exemple présenté 3,16 m
3, tout en limitant très fortement la production de composés additionnels non souhaités
(voir par exemple plus haut). L'homme de l'art, spécialiste du propergol, sera en
mesure de faire le choix le plus approprié ou de définir de nouvelles compositions
en fonction de l'application visée.
[0071] Par ailleurs, la différence de débit entre les deux phases E et M est dans un rapport
de 20 ; or l'orifice de sortie 16 (tuyère calibrée 36) de la chambre de combustion
10 est identique dans les deux cas. La pression de fonctionnement P du générateur
de gaz 10 va donc, elle aussi, évoluer dans un rapport de 20.
[0072] Autrement dit, pour éviter de descendre trop en pression dans la chambre de combustion
pendant la phase de maintien M, ce qui serait préjudiciable aux conditions d'éjection,
on peut se fixer une pression de fonctionnement pour cette phase, par exemple 5 bars
(5.10
5 Pa). Pour la phase d'extinction E, la pression atteindra alors 100 bars (100.10
5 Pa).
[0073] Le débit volumique que l'on désire pour la phase booster E est de Q
I = 1,05 m
3/s = 1050 l/s, soit un débit massique de gaz sortant du générateur 875 g/s. La vitesse
de combustion du propergol à 100 bar est V
cE = a.P
n = 1,7.10
-6. (100.10
5)
0,5 = 5,4.10
-3 m/s.
[0074] L'épaisseur de propergol à brûler pendant cette phase booster E de 1,5 s est donc
Ep
E = 8,1 mm. La surface en combustion S
c se déduit de l'équation (1), soit S
cE = 0,1 m
2.
[0075] Le dimensionnement de la tuyère utilise l'équation (3), soit A
t = (Q
Im.C
et) / (P.C
d), avec C
d = 0,99, soit une surface de passage au col A
t = 91, 4.10
6 m
2, ou un diamètre d = 10,8 mm.
[0076] Pour la phase de maintien M, le débit volumique souhaité est de 0,05 m
3/s soit 50 l/s, ce qui donne un débit massique de gaz sortant du générateur Q
Im = 42 g/s pour une pression de 5 bars. La vitesse de combustion est de V
cM = a.P
n = 1, 2.10
-3 m/s, et l'épaisseur de propergol à brûler pendant cette phase de 3,5 s est Ep
M = 4,2 mm, soit une surface en combustion S
cM = 0,022 m
2.
[0077] Les surfaces en combustion, différentes suivant les phases booster E et maintien
M (d'un rapport de 4,55), peuvent être obtenues de plusieurs façons, avec des blocs
brûlant sur une seule face « en cigarette », sur plusieurs faces, etc. La forme à
donner au bloc dépend des conditions de manufacture, de l'évolution de surface, mais
aussi du mode d'allumage. Il est possible d'optimiser l'évolution de la surface de
combustion au cours du temps pour obtenir une loi de débit souhaitée.
[0078] Comme spécifié plus haut, il est également possible de prévoir deux types de propergols
différents, pour les deux phases de combustion.
[0079] La description présentée ci-dessus n'exclut pas toutes les alternatives que l'homme
du métier ne manquera pas de relever pour réaliser un dispositif suivant l'invention.
En particulier, diverses combinaisons sont possibles entre les différents modes de
réalisation présentés. Il est clair par exemple qu'il est envisageable de ne pas avoir
de boîtier de commande 24, mais des capteurs et des commandes séparées pour chaque
dispositif à commander. De même, pour un dispositif 1 comprenant plusieurs générateurs
de gaz 2, on peut envisager que certains générateurs sont conçus de façon à avoir
une production de gaz régulée, alors que d'autres, reliés aux mêmes moyens de distribution,
ont une génération de gaz régulée par des vannes 20. Par ailleurs, suivant les profils
recherchés, il est possible d'avoir plus de deux compositions différentes dans un
bloc de propergol 12.
1. Dispositif d'extinction (1) comprenant :
- un générateur de gaz (2) comprenant une enceinte (10) munie d'un orifice de sortie
de gaz (16) et un bloc de matériau pyrotechnique (12) générateur de gaz propulseur,
le gaz généré contenant au moins 20 % d'azote et/ou de monoxyde de carbone et/ou de
dioxyde de carbone ;
- des moyens de distribution (4) du gaz généré couplés à l'orifice de sortie de gaz
(16) ;
- des moyens de régulation (12, 20, 36) de la pression créée par le gaz généré dans
les moyens de distribution (4).
2. Dispositif selon la revendication 1 comprenant une pluralité de générateurs de gaz
(2a-2e) comprenant chacun une enceinte (10) munie d'un orifice de sortie de gaz (16),
un bloc de matériau pyrotechnique (12a-12e) générateur de gaz propulseur et des moyens
de connexion (4a-4e) pour coupler chaque orifice de sortie de gaz (16) aux moyens
de distribution (4).
3. Dispositif selon la revendication 2 comprenant au moins une vanne de régulation (20a,
20b) dans les moyens de connexion (4a, 4b).
4. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 3 comprenant au moins une vanne de régulation
(20, 20f) dans les moyens de distribution (4).
5. Dispositif selon l'une des revendications 3 ou 4 comprenant des premiers moyens de
commande (32) susceptibles de commander la vanne de régulation (20) en fonction de
paramètres de commande.
6. Dispositif selon la revendication 5 dans lequel les premiers moyens de commande (26)
comprennent des moyens pour mesurer la concentration d'oxygène dans la zone à traiter
et ladite concentration (36) est l'un des paramètres de commande.
7. Dispositif selon l'une des revendications 5 à 6 comprenant au moins une unité de commande
(24) connectée aux premiers moyens de commande (32).
8. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 7 comprenant au moins un déclencheur
(14) de combustion d'au moins un bloc de matériau pyrotechnique (12).
9. Dispositif selon la revendication 8 comprenant des deuxièmes moyens de commande (22)
pour actionner le déclencheur de combustion (14).
10. Dispositif selon la revendication 7 comprenant au moins un déclencheur de combustion
d'au moins un bloc de matériau pyrotechnique et des deuxièmes moyens de commande (22)
pour actionner le déclencheur de combustion (14) connectés à l'unité de commande (24).
11. Dispositif selon l'une des revendications 9 ou 10 dans lequel les deuxièmes moyens
de commande (22) comprennent des moyens pour détecter un feu, et ladite détection
(34) est l'un des paramètres de commande du déclencheur (14).
12. Dispositif selon l'une des revendications 9 à 11 dans lequel les deuxièmes moyens
de commande (22) comprennent des moyens de déclenchement manuel, et le déclenchement
manuel (30) est l'un des paramètres de commande.
13. Dispositif selon l'une des revendications 9 à 12 dans lequel les deuxièmes moyens
de commande (22) comprennent des moyens de neutralisation (28).
14. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 13 dans lequel les moyens de régulation
sont partie intégrante d'au moins un premier générateur de gaz (2) et les paramètres
suivants du premier générateur (2) sont sélectionnés pour que la loi de débit de gaz
(Q) issu de la combustion de son bloc de matériau pyrotechnique (12) dans les moyens
de distribution (4) suive un profil prédéterminé et contrôlé : pression (P) d'arrêt
dans l'enceinte (10), taille (At) de l'orifice (16) et surface (Sc) du bloc de matériau pyrotechnique (12).
15. Dispositif selon la revendication 14 comprenant une tuyère (36) à l'orifice (16) de
sortie de l'enceinte (10) du premier générateur de gaz (2).
16. Dispositif selon la revendication 15 dans lequel la tuyère (36) est conformée de manière
à ce qu'au minimum de section de tuyère (36), les gaz générés par la combustion de
matériau pyrotechnique (12) du premier générateur (2) aient une vitesse égale à la
vitesse du son.
17. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 16 dans lequel au moins un bloc de matériau
pyrotechnique (12) comprend deux matériaux de compositions différentes.
18. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 17 comprenant au moins un opercule taré
(20) au niveau d'un orifice de sortie (16).
19. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 18, comprenant au moins un filtre (18)
de retenue de particules.
20. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 19 comprenant des moyens de refroidissement
(18) du gaz généré.
21. Turboréacteur comprenant un dispositif selon l'une des revendications 1 à 20.