[0001] La présente invention concerne un procédé de désulfuration mettant en oeuvre un catalyseur
contenant au moins un support, et une phase active comprenant par exemple un métal.
Le procédé permet l'hydrodésulfuration des essences, et tout particulièrement les
essences issues d'un procédé de craquage catalytique (FCC Fluid Catalytic Cracking
selon la terminologie anglosaxonne, c'est-à-dire craquage catalytique en lit fluidisé).
[0002] La production d'essences reformulées répondant aux nouvelles normes d'environnement
nécessite notamment que l'on diminue de façon importante leur teneur en soufre. Ainsi,
les normes environnementales en vigueur et futures contraignent les raffineurs à abaisser
la teneur en soufre dans le pool essence à des valeurs inférieures ou au plus égales
à 50 ppm en 2005 et 10 ppm au premier janvier 2009 au sein de la communauté européenne.
La charge à traiter est généralement une coupe essence contenant du soufre telle que
par exemple une coupe issue d'une unité de cokéfaction (coking), de viscoréduction
(visbreaking), de vapocraquage ou de craquage catalytique (FCC). Ladite charge est
de préférence constituée d'une coupe essence issue d'une unité de craquage catalytique
dont la gamme de points d'ébullition s'étend typiquement de celui des hydrocarbures
à 5 atomes de carbones jusqu'à environ 250°C. Cette essence peut éventuellement être
composée d'une fraction significative d'essence provenant d'autres procédés de production
telle que la distillation atmosphérique (généralement appelée essence straight run
par le raffineur) ou de procédés de conversion (essence de coker ou de vapocraquage).
[0003] Les essences de craquage catalytique, qui peuvent constituer 30 à 50 % en volume
du pool essence, présentent des teneurs en oléfines et en soufre élevées. Le soufre
présent dans les essences reformulées est imputable, à près de 90%, à l'essence issue
du craquage catalytique. La désulfuration des essences et principalement des essences
de FCC est donc d'une importance évidente pour l'atteinte des normes. L'hydrotraitement
ou hydrodésulfuration des essences de craquage catalytique, lorsqu'il est réalisé
dans les conditions classiquement connues de l'homme du métier, permet de réduire
la teneur en soufre de la coupe. Cependant, ce procédé présente l'inconvénient majeur
d'entraîner une chute très importante de l'indice d'octane de la coupe, en raison
de l'hydrogénation ou saturation d'une partie importante voire de la totalité des
oléfines dans les conditions de l'hydrotraitement. Il a donc été proposé des procédés
permettant de désulfurer profondément les essences de FCC tout en maintenant l'indice
d'octane à un niveau acceptable. Ainsi, le brevet US 5,318,690 propose un procédé
consistant à fractionner l'essence, adoucir la fraction légère et à hydrotraiter la
fraction lourde sur un catalyseur conventionnel puis à la traiter sur une zéolithe
ZSM5 pour retrouver l'octane initial. Le brevet WO 01/40409 revendique le traitement
d'une essence de FCC dans des conditions de haute température, faible pression et
fort ratio hydrogène/charge. Dans ces conditions particulières, les réactions de recombinaison,
mettant en jeu l'H
2S formé par la réaction de désulfuration et les oléfines pour conduire à la formation
des mercaptans, sont minimisées.
[0004] L'amélioration de la sélectivité de réaction (hydrodésulfuration/hydrogénation) recherchée
peut donc être obtenue par le choix du procédé mais dans tous les cas l'utilisation
d'un système catalytique intrinsèquement sélectif est primordiale. D'une façon générale,
les catalyseurs utilisés pour ce type d'application sont des catalyseurs de type sulfure
contenant un élément du groupe VIB (Cr, Mo, W) et un élément du groupe VIII (Fe, Ru,
Os, Co, Rh, Ir, Pd, Ni, Pt).
[0005] L'obtention de catalyseurs sélectifs pour l'hydrodésulfuration sélective de coupes
essence oléfiniques est enseignée dans de nombreux brevets. Certains brevets proposent
l'utilisation de supports autres que le support alumine classiquement utilisé pour
les catalyseurs d'hydrotraitement, comme par exemple des supports à base de magnésie
(brevet US 4,203,829 ; brevet US 4,140,626), de spinelle (brevet US 5,525,211), de
carbone (brevet US 5,770,046), d'hydrotalcite (brevet 5,340,466). D'autres brevets
revendiquent l'utilisation d'un catalyseur de mésoporosité contrôlée comme le brevet
US 6,013,598 qui revendique l'utilisation d'un catalyseur de diamètre poreux médian
(mesuré par porosimétrie au mercure) compris entre 7,5 et 17,5 nm. Malgré les progrès
réalisés, la recherche de nouveaux catalyseurs de sélectivité améliorée reste un objectif
important dans le domaine de l'hydrotraitement des essences craquées.
[0006] Pour être compétitifs, les procédés d'hydrodésulfuration doivent répondre à deux
contraintes principales que sont :
- une hydrogénation des oléfines limitée à fort taux de désulfuration,
- une bonne stabilité du système catalytique et une opération continue pendant plusieurs
années.
[0007] De plus, pour effectuer une désulfuration profonde, il est nécessaire de traiter
l'ensemble des composés soufrés présents dans les essences de craquage et dans ce
cadre les essences de craquage catalytique peuvent être classées en deux familles:
- les composés soufrés insaturés que sont le thiophène, les méthylthiophènes, les diméthyl-thiophènes,
éthyl-thiophènes, et autres alkylthiophènes, les benzothiophènes et alkylbenzothiophènes.
- les composés soufrés saturés que sont les mercaptans, les sulfures cycliques ou aliphatiques,
les disulfures.
[0008] Les composés soufrés résiduels présents dans les essences désulfurées par hydrodésulfuration
profonde comprennent des mercaptans dits de recombinaison, issus de l'addition de
l'H
2S, formé en cours de réaction, sur les oléfines présentes ainsi que des composés soufrés
insaturés tels que le thiophène et les alkylthiophènes. La présence des mercaptans
dits de recombinaisons explique au moins en partie que lorsque l'on cherche à désulfurer
en profondeur des essences comprenant une fraction d'oléfines, on observe une croissance
très forte du taux d'hydrogénation des oléfines pour les forts taux de désulfuration.
Ainsi, lorsque le taux de désulfuration recherché approche 100%, le taux de saturation
des oléfines augmente de façon très importante. L'utilisation de catalyseurs plus
sélectifs peut permettre lorsque des taux de désulfuration proches de 100% sont désirés,
de limiter cependant l'hydrogénation des oléfines, voir la formation des mercaptans
de recombinaison. L'un des enjeux primordiaux de la désulfuration profonde est ainsi
de trouver des procédés permettant d'atteindre des sélectivités élevées c'est à dire
de minimiser les réactions d'hydrogénation des oléfines tout en traitant les composés
soufrés résiduels comme les mercaptans.
[0009] Parmi les solutions envisageables pour atteindre les taux de désulfuration imposés
par les normes actuelles ou futures, il peut être avantageux de recourir à un procédé
de désulfuration en au moins deux étapes.
[0010] Ainsi, la demande brevet EP 1 031 622 A1 présente un procédé pour désulfurer les
essences oléfiniques comprenant au moins deux étapes, une étape d'hydrogénation des
composés soufrés insaturés et une étape de décomposition des composés soufrés saturés.
Telle que décrite dans le brevet, l'invention est basée sur un enchaînement de deux
étapes tel que la première étape permet l'élimination des composés soufrés insaturés
en composés soufrés saturés et la deuxième étape décompose les composés soufrés saturés
en H
2S avec une hydrogénation des oléfines limitée.
[0011] Le brevet US 6,231,753 décrit un procédé d'hydrodésulfuration des essences oléfiniques
comprenant une première étape d'hydrodésulfuration, une étape d'extraction de l'H2S
et une deuxième étape d'hydrodésulfuration, le taux global de désulfuration et la
température de cette seconde étape étant supérieurs à ceux de la première.
[0012] Le brevet US 6,231,754 décrit un procédé dans lequel un catalyseur d'hydrotraitement
usé est utilisé ensuite dans une étape d'hydrodésulfuration à plus haute température.
Les diamètres de pore du catalyseur sont décrits comme compris entre 6 et 20 nm et
la concentration en surface de MoO
3 entre 0,5. 10
-4 et 3.10
-4 g/m
2.
[0013] La demande WO 03/099963 décrit un procédé en deux étapes dans laquelle la seconde
étape est mise en oeuvre avec un catalyseur moins chargé en métaux et présentant un
diamètre de pore égal ou supérieur au catalyseur utilisé au cours de la première étape.
Le diamètre de pore moyen des catalyseurs est compris entre 6 et 20 nm et la concentration
en surface de MoO
3 est comprise entre 0,5. 10
-4 et 3.10
-4 g/m
2.
RESUME DE L'INVENTION
[0014] Selon la présente invention, il a été trouvé un procédé permettant de réduire la
teneur en soufre total des coupes hydrocarbonées et de préférence de coupes essences
de FCC, sans perte de rendement en essence et minimisant la diminution de l'indice
d'octane.
[0015] Le procédé d'hydrodésulfuration d'une essence selon l'invention met en oeuvre un
catalyseur comprenant un support et une phase active comprenant au moins un métal
caractérisé en ce que le diamètre moyen de pores dudit catalyseur est supérieur à
20 nanomètres, de préférence compris entre 20 et 100 nm.
[0016] De préférence, le catalyseur selon l'invention contient au moins un métal du groupe
VI, de manière plus préférée il contient en outre au moins un métal du groupe VIII.
La densité surfacique du métal du groupe VI est de préférence comprise entre 2.10
-4 et 40.10
-4 gramme d'oxyde dudit métal par m
2 de support.
[0017] Dans le procédé selon l'invention, le support est de préférence choisi dans le groupe
constitué par les alumines, la silice, les silices alumine ou encore les oxydes de
titane ou de magnésium utilisés seul ou en mélange avec l'alumine ou la silice alumine.
De manière plus préférée, le support est constitué au moins en partie par une alumine.
Selon une variante de l'invention, la surface spécifique du support est inférieure
à 200 m
2/g.
[0018] Selon une variante préférée, le procédé d'hydrodésulfuration selon l'invention comprend
au moins deux étapes successives d'hydrodésulfuration et un catalyseur dont le diamètre
moyen de pores est supérieur à 20 nanomètres est mise en oeuvre dans au moins une
desdites étapes. De manière préférée les étapes successives sont réalisées sans dégazage
intermédiaire.
[0019] Selon un mode de réalisation du procédé selon l'invention comprend une succession
d'étapes d'hydrodésulfuration et l'activité du catalyseur d'une étape n+1 est comprise
entre 1% et 90% de l'activité du catalyseur de l'étape n.
[0020] Selon un autre mode de réalisation du procédé selon l'invention la température réactionnelle
de l'étape n+1 est supérieure à celle de l'étape n. Selon un autre mode de réalisation,
le catalyseur de l'étape n+1 est le catalyseur de l'étape n ayant subi une désactivation
partielle. Dans ce cas, par exemple, la désactivation du catalyseur peut être obtenue
par mise au contact du catalyseur avec une charge contenant une fraction hydrocarbonée
comprenant des oléfines à une température d'au moins 250°C. Il est également possible
de recycler le catalyseur de l'étape n dans l'étape n+1, lorsque son activité a diminué
d'au moins 10%. Une autre possibilité est que le catalyseur de l'étape n+1 comprenne
une teneur en métaux inférieure à celle du catalyseur de l'étape n.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
[0021] Le procédé selon l'invention met en oeuvre au moins un catalyseur d'hydrodésulfuration
comprenant au moins un métal du groupe VI (M
VI) et/ou au moins un métal du groupe VIII (M
VIII) sur un support. Le métal du groupe VI est généralement le molybdène ou le tungstène
le métal du groupe VIII généralement le nickel ou le cobalt. Le support du catalyseur
est habituellement un solide poreux choisi dans le groupe constitué par les alumines,
le carbure de silicium, la silice, les silice-alumines ou encore les oxydes de titane
ou de magnésium utilisés seul ou en mélange avec l'alumine ou la silice-alumine. Il
est de préférence choisi dans le groupe constitué par la silice, la famille des alumines
de transition et les silice-alumines. De manière très préférée, le support est essentiellement
constitué par au moins une alumine de transition, c'est-à-dire qu'il comprend au moins
51 % poids, de préférence au moins 60 % poids, de manière très préféré au moins 80
% poids, voire au moins 90 % poids d'alumine de transition. Il peut éventuellement
être constitué uniquement d'une alumine de transition.
[0022] La surface spécifique du support est généralement inférieure à 200 m
2/g, le plus souvent inférieure à 150 m
2/g. La porosité du catalyseur avant sulfuration est telle que celui-ci possède un
diamètre moyen de pores supérieur à 20 nm, de manière préférée supérieur à 25 nm voire
30 nm et souvent compris entre 20 et 140 nm, de préférence entre 20 et 100 nm, et
très préférentiellement entre 25 et 80 nm. Le diamètre de pore a été mesuré par porosimétrie
au mercure selon la norme ASTM D4284-92 avec un angle de mouillage de 140°.
[0023] La densité surfacique du métal du groupe VI est comprise selon l'invention entre
2.10
-4 et 40.10
-4 gramme d'oxyde dudit métal par m
2 de support, de préférence entre 4.10
-4 et 16.10
-4 g/m
2.
[0024] Selon l'invention, le rapport molaire M
VIII/(M
VI+M
VIII) est typiquement supérieur à 0,1, de manière préférée compris entre 0,2 et 0,6 et
de manière très préférée compris entre 0,2 et 0,5.
[0025] Le catalyseur selon l'invention peut être préparé au moyen de toute technique connue
de l'homme du métier, et notamment par imprégnation des éléments des groupes VIII
et VIB sur le support sélectionné. Cette imprégnation peut par exemple être réalisée
selon le mode connu de l'homme du métier sous la terminologie d'imprégnation à sec,
dans lequel on introduit juste la quantité d'éléments désirés sous forme de sels solubles
dans le solvant choisi, par exemple de l'eau déminéralisée, de façon à remplir aussi
exactement que possible la porosité du support. Le support ainsi rempli par la solution
est de préférence séché. Le support préféré est l'alumine qui peut être préparée à
partir de tout type de précurseurs et outils de mise en forme connus de l'homme de
métier.
[0026] Après introduction des éléments des groupes VIII et VIB, et éventuellement une mise
en forme du catalyseur, celui-ci subi un traitement d'activation. Ce traitement a
généralement pour but de transformer les précurseurs moléculaires des éléments en
phase oxyde. Il s'agit dans ce cas d'un traitement oxydant mais une réduction directe
voire un simple séchage du catalyseur peuvent également être effectués. Dans le cas
d'un traitement oxydant, également appelé calcination, celui-ci est généralement mis
en oeuvre sous air ou sous oxygène dilué, et la température de traitement est généralement
comprise entre 200°C et 550°C, de préférence entre 300°C et 500°C. Dans le cas d'un
traitement réducteur, celui-ci est généralement mis en oeuvre sous hydrogène pur ou
de préférence dilué, et la température de traitement est généralement comprise entre
200°C et 600°C, de préférence entre 300°C et 500°C.
[0027] Des sels de métaux des groupes VIB et VIII utilisables dans le procédé de préparation
du catalyseur sont par exemple le nitrate de cobalt, le nitrate de nickel, l'heptamolybdate
d'ammonium ou le métatungstate d'ammonium. Tout autre sel connu de l'homme du métier
présentant une solubilité suffisante et décomposable lors du traitement d'activation
peut également être utilisé.
[0028] Le catalyseur est habituellement utilisé sous une forme sulfurée obtenue après traitement
en température au contact d'un composé organique soufré décomposable et générateur
d'H
2S ou directement au contact d'un flux gazeux d'H
2S dilué dans H
2. Cette étape peut être réalisée in situ ou ex situ (en dedans ou dehors du réacteur)
du réacteur d'hydrodésulfuration à des températures comprises entre 200 et 600°C et
plus préférentiellement entre 300 et 500°C.
[0029] La présente invention se rapporte également à un procédé de désulfuration d'essences
comprenant des oléfines comprenant au moins deux étapes d'hydrodésulfuration et destiné
à minimiser, à la fois la teneur en composés les plus réfractaires à l'hydrodésulfuration
tels que les composés thiophéniques et les mercaptans dits de recombinaison, issus
de l'addition de l'H
2S sur les oléfines tout en limitant le taux d'hydrogénation des oléfines associé à
l'élimination des composés soufrés. Au moins une des étapes du procédé d'hydrodésulfuration
met en oeuvre un catalyseur tel que précédemment décrit.
[0030] Une extraction au moins partielle de l'H
2S entre les deux réacteurs par tout moyen connu de l'homme de l'art est une solution
connue pour atteindre des taux de désulfuration élevés avec un taux d'hydrogénation
des oléfines limitée. Selon un mode de réalisation possible, ce type de schéma peut
être appliquée dans le cadre de la présente invention. Toutefois, une étape d'extraction
de l'H
2S entraînant un surcoût au schéma de procédé, le présent procédé trouve particulièrement
son intérêt dans le cas où les réacteurs d'hydrodésulfuration sont mis en enchaînement,
sans élimination de l'H
2S entre les réacteurs.
[0031] Le procédé comprend au moins deux étapes. Une première étape A d'hydrodésulfuration
est réalisée de préférence dans un réacteur en lit fixe, généralement en phase vapeur,
sur tout catalyseur classiquement utilisé pour cette application. L'utilisation de
catalyseurs dits "sélectifs" est préférée car elle permet de limiter l'hydrogénation
des oléfines tout en maximisant l'hydrodésulfuration. Cette première étape est suivie
d'une deuxième étape B, par exemple sans opération entre les étapes A et B autre qu'un
réchauffement de l'effluent de l'étape A. L'étape B est caractérisée par le fait qu'elle
est réalisée sur un catalyseur présentant une activité catalytique en conversion du
thiophène comprise entre 1% et 90%, voire entre 1% et 70% et de préférence entre 1%
et 50% de l'activité du catalyseur de l'étape A. Le catalyseur mis en oeuvre dans
l'étape B peut être soit un catalyseur dont la formulation catalytique a été optimisée
pour atteindre l'activité catalytique désirée, soit un catalyseur partiellement désactivé.
[0032] Selon l'invention, l'utilisation de catalyseurs de préférence plus sélectifs en série
permet de limiter l'hydrogénation des oléfines aux forts taux de désulfuration. Il
a été observé, qu'un tel enchaînement permettait, par un dispositif peu coûteux, d'améliorer
significativement la sélectivité de la réaction de désulfuration en minimisant le
taux de saturation des oléfines tout en maintenant un taux de transformation des composés
soufrés en H
2S élevé. Ce dispositif présente en outre l'avantage qu'il permet, pour un schéma sans
extraction de l'H
2S entre les deux réacteurs, d'améliorer la sélectivité du procédé par rapport à une
désulfuration réalisée en une seule étape. Par rapport à l'enseignement décrit dans
la demande EP 1 031 622 A1, la mise en oeuvre du présent procédé permet d'atteindre
des taux de désulfuration plus élevés pour un même taux d'hydrogénation des oléfines
car les composés insaturés non convertis dans la première étape peuvent être convertis
dans la deuxième étape.
[0033] Dans le cas particulier où le catalyseur de l'étape B est le même catalyseur que
celui de l'étape A, mais dont l'activité catalytique a été diminuée par désactivation,
le dispositif est le plus souvent basé sur un ensemble d'au moins deux voire trois
réacteurs et peut être réalisé de la façon suivante : le réacteur de l'étape A contient
le catalyseur frais et le réacteur de l'étape B contient le catalyseur usé. Lorsque
le catalyseur de l'étape A est désactivé, le réacteur contenant le catalyseur de l'étape
A désactivé est utilisé en deuxième étape, un réacteur contenant du catalyseur frais
est démarré et placé en étape A. Le réacteur contenant le catalyseur B est arrêté,
le catalyseur est remplacé par du catalyseur frais et le réacteur est mis en attente.
Ce schéma permet d'opérer l'unité de désulfuration sans interruption lors du remplacement
du catalyseur usé, tout en maximisant la sélectivité du procédé.
[0034] Ce mode de réalisation trouve plus particulièrement son intérêt pour une opération
de la section d'hydrodésulfuration à basse pression et hautes températures pour les
deux étapes, conditions pour lesquelles la formation des mercaptans de recombinaison
est minimisée mais qui engendrent une désactivation rapide des catalyseurs d'hydrodésulfuration.
Par basse pression, on entend des pressions relatives généralement inférieures à 2
MPa relatif, et de façon préférée inférieures à 1,5 MPa relatif voire 1 MPa relatif
et des températures généralement supérieures à 250°C voire 260°C et le plus souvent
supérieures à 280°C.
[0035] L'étape A est généralement caractérisée par :
- un taux de désulfuration généralement inférieur à 98%, de façon préférée inférieur
à 95% et de façon très préférée inférieure à 90%.
- un taux d'hydrogénation des oléfines inférieur à 60% et de façon préférée inférieur
à 50%.
[0036] L'étape B est le plus souvent caractérisée par :
- un taux de désulfuration généralement inférieur à 98%, de façon préférée inférieur
à 95% et de façon très préférée inférieure à 90%.
- un taux d'hydrogénation des oléfines inférieur à 60% et de façon préféré inférieur
à 50%.
- une température opératoire supérieure à celle de l'étape A, de façon préférée supérieure
de plus de 10°C à la température de l'étape A et de manière plus préférée supérieure
de plus de 20°C à la température de l'étape A,
- l'utilisation d'un catalyseur dont l'activité par unité de volume mesurée en conversion
du thiophène est comprise entre 1% et 90% de l'activité du catalyseur de l'étape A.
Cette activité catalytique est mesurée par un test molécule modèle décrit dans la
suite du texte.
[0037] La pression des étapes A et B est généralement comprise entre 0,4 MPa relatifs et
3 MPa relatifs, de préférence entre 0,6 MPa et 2,5 MPa, le débit d'hydrogène est tel
que le rapport des débits d'hydrogène en normaux litres par heure sur le débit d'hydrocarbures
en litres par heure soit compris entre 50 et 800 et de préférence entre 60 et 600.
La température de l'étape A est comprise entre 150°C et 450°C, de préférence entre
200°C et 400°C et de manière plus préférée entre 230°C et 350°C et la température
de l'étape B est comprise entre 150°C et 450°C, de préférence entre 210°C et 410°C
et de manière plus préférée entre 240°C et 360°C.
[0038] Les étapes A et B sont réalisées selon un mode préféré en enchaînement sans étape
supplémentaire intermédiaire. Il est donc possible de les mettre en oeuvre dans le
même réacteur. Dans ce cas, la zone catalytique correspondant à l'étape B sera opérée
à une température moyenne supérieure au minimum de 10°C à la zone catalytique correspondant
à l'étape A. Cette différence de température peut provenir, soit de la chaleur de
réaction dégagée par l'hydrogénation des oléfines, soit par injection entre les zones
catalytiques A et B d'un fluide plus chaud choisi parmi l'hydrogène ou un gaz inerte
tel que l'azote, la charge ou le fluide issu du recyclage d'une fraction de l'effluent
du procédé.
[0039] Les étapes A et B peuvent également être mises en oeuvre dans une colonne catalytique
de laquelle sont soutirés, en tête, les composés gazeux dans les conditions normales
de température et de pression. Dans ce cas, la zone catalytique de l'étape A sera
disposée plus haut dans la colonne que la zone catalytique de l'étape B.
[0040] Le catalyseur de l'étape B diffère avantageusement du catalyseur de l'étape A par
une activité catalytique comprise entre 1 % et 90%, voire entre 1 et 70% et de préférence
entre 1% et 50% de l'activité catalytique du catalyseur de l'étape A. Les catalyseurs
des étapes A et B sont mis en oeuvre sous forme sulfurée. La procédure de sulfuration
peut être réalisée in situ ou ex situ par toute méthode de sulfuration connue de l'homme
du métier.
[0041] L'activité du catalyseur peut être définie par rapport à la constante de vitesse
pour la conversion du thiophène normalisée par volume de catalyseur évaluée lors d'un
test sur molécules modèles. La constante de vitesse est calculée en considérant un
ordre 1 pour la réaction :

avec :
A : activité du catalyseur, en min-1. cm3catalyseur-1 (centimètre cube-1)
k constante de vitesse pour la conversion du thiophène, en min-1
mcatalyseur : masse de catalyseur utilisée en g
DRT : densité de remplissage tassée du catalyseur, en cm3/g
[0042] Lorsque le catalyseur utilisé est un catalyseur neuf préparé pour présenter une activité
réduite, il peut être envisagé de préparer un catalyseur neuf par imprégnation d'une
faible quantité de métaux sur le support. Typiquement, les teneurs en métaux du groupe
VIII et du groupe VIB déposés sur le support n'excéderont pas, respectivement 10,9
et 14% poids sous forme oxyde et de préférence respectivement 7,8% et 10% poids sous
forme oxyde (pour rester cohérent avec le rapport Co/Co+Mo maximal de 0,6 de la fourchette
préférée). Le support utilisé contient généralement de la silice, du carbure de silicium,
d'oxyde de titane ou de magnésium et/ou de l'alumine mais sera de préférence majoritairement
composé d'alumine.
[0043] Le catalyseur de l'étape B peut également être un catalyseur d'hydrotraitement désactivé.
On pourra par exemple utiliser un catalyseur usé d'une unité d'hydrodésulfuration
de distillats ou de tout autre procédé d'hydrodésulfuration présent dans la raffinerie,
dans la mesure où l'activité résiduelle mesurée par la méthode décrite dans l'exemple
6 n'excède pas 90%, voire 70% et de préférence 50% de l'activité du catalyseur de
l'étape A.
[0044] Le catalyseur de l'étape B peut enfin être de formulation identique à celui de l'étape
A, mais après avoir subi une désactivation par traitement d'une coupe comprenant des
oléfines. Les catalyseurs usés ont généralement une activité diminuée par la présence
de dépôt de carbone dû à la polymérisation des hydrocarbures traités sur le catalyseur.
La présente invention peut être mise en oeuvre de la façon suivante:
[0045] L'essence à traiter est par exemple caractérisée par une teneur en soufre supérieure
à 50 ppm et une teneur en oléfines supérieure à 10% pour laquelle on cherche à transformer
au moins 70% de soufre en H
2S. Cette essence qui présente des températures d'ébullition généralement inférieures
à 250°C peut être soit traitée directement par le dispositif de la présente invention,
soit subir un prétraitement consistant en une étape d'hydrogénation sélective et un
fractionnement. Ces prétraitements sont décrits en détail dans la demande EP 1 077
247. Dans ce cas, avantageusement seule la fraction C
6+ (c'est à dire contenant les hydrocarbures dont le nombre de carbone total est supérieur
ou égal à 6) de l'essence peut être traitée par le procédé selon la présente invention.
[0046] L'essence mélangée à de l'hydrogène est chauffée par un train d'échangeur et/ou un
four. Le mélange porté à la température et la pression voulues se trouve généralement
en phase vapeur. Il est envoyé dans un premier réacteur (étape A) contenant un catalyseur
d'hydrodésulfuration tel que décrit plus haut mis en oeuvre en lit fixe. L'effluent
de ce réacteur contient les hydrocarbures et les composés soufrés qui n'ont pas réagi,
les paraffines issues de l'hydrogénation des oléfines, de l'H
2S issu de la décomposition des composés soufrés et des mercaptans de recombinaison
issus des réactions d'addition de l'H
2S sur les oléfines. Cet effluent est généralement réchauffé dans un train d'échange
et/ou un four afin que sa température soit augmentée d'au moins 10°C et est injecté
dans un deuxième réacteur (étape B) contenant un catalyseur d'hydrodésulfuration peu
actif tel que décrit plus haut mis en oeuvre en lit fixe. L'effluent de ce réacteur
est constitué des hydrocarbures et d'une quantité diminuée de composés soufrés qui
n'ont pas réagi au cours de l'étape A, des paraffines issues de l'hydrogénation des
oléfines, l'H
2S issu de la décomposition des composés soufrés et d'une quantité diminuée de mercaptans
de recombinaison issus des réactions d'addition de l'H
2S sur les oléfines.
[0047] L'enchaînement des étapes A et B permet, par rapport à l'étape A seule, de minimiser
la perte en oléfines par hydrogénation, pour un taux de désulfuration donné. Les exemples
qui suivent permettent d'illustrer les avantages du procédé en un ou deux étapes tel
qu'il vient d'être décrit. Dans ces exemples (ainsi que dans la description qui précède),
les teneurs en soufre ou en composés soufrés sont donnés en ppm poids.
Exemple 1 : préparation des catalyseurs
[0048] Les catalyseurs sont préparés selon une même méthode. Le protocole de synthèse consiste
à réaliser une imprégnation à sec d'une solution d'heptamolybdate d'ammonium et de
nitrate de cobalt, le volume de la solution aqueuse contenant les précurseurs métalliques
étant égal au volume de reprise à l'eau (VRE) correspondant à la masse de support
à imprégner.
[0049] Les concentrations des précurseurs dans la solution sont ajustées de manière à déposer
sur le support les teneurs pondérales en oxydes métalliques souhaitées. Le solide
est ensuite laissé à maturer à température ambiante durant 12 heures, puis séché à
120°C, durant 12 heures. Finalement, le solide est calciné à 500°C durant deux heures
sous flux d'air (11/h/g). Les supports alumine employés sont des supports industriels
fournis par la société Axens, dont les caractéristiques sont fournies dans le tableau
1 ci-dessous.
Tableau 1 : caractéristiques des supports alumines industriels.
Support |
Mise en forme |
SBET (m2/g)* |
Vp (Hg)** cc/g |
α |
Billes 1,4 - 2,8 mm |
140 |
1,10 |
β |
Billes 1,4 - 2,8 mm |
80 |
1,09 |
γ |
Billes 1,4 - 2,8 mm |
32 |
1,06 |
δ |
Billes 1,4 - 2,8 mm |
210 |
0,64 |
* Surface spécifique mesurée par adsorption d'azote (norme ASTM D3663) |
** volume poreux total d'intrusion au Hg |
[0050] Différents catalyseurs de type CoMo ont été préparés sur ces supports. On constate
(tableau 2) que ces catalyseurs se distinguent essentiellement par leurs propriétés
texturales pour les catalyseurs A, B, C, D et par leur teneur en phase active pour
les catalyseurs E et F.
Tableau 2 : caractéristiques des catalyseurs CoMo.
Catalyseur |
Support |
CoO %pds |
MoO3 %pds |
V (Hg) * cc/g |
Diamètre de pores médian** / nm |
A (conforme) |
α |
3,5 |
10,0 |
0,99 |
22 |
B (conforme) |
β |
3,5 |
9,2 |
0,87 |
54 |
C (conforme) |
γ |
3,6 |
9,8 |
0,85 |
142 |
D (non conforme) |
δ |
3,8 |
10,7 |
0,60 |
12 |
E (non conforme) |
δ |
1,1 |
3,2 |
0,62 |
11 |
F (conforme) |
β |
1,0 |
3,1 |
0,90 |
53 |
* volume poreux total d'intrusion au Hg |
** diamètre de pores correspondant à un volume d'intrusion de Vp(Hg)/2 |
[0051] Le protocole de sulfuration du catalyseur est identique pour chaque test catalytique.
Le catalyseur, sous sa forme calcinée (oxyde), est chargé dans l'unité de test catalytique,
puis sulfuré par une charge synthétique (4% S sous forme de DMDS dans du n-heptane).
Les conditions de sulfuration sont les suivantes : VVH = 2 h
-1 (volume de charge / volume de catalyseur / h), P = 2 MPa relatifs, H
2/charge = 300 (NI/I), T
palier = 350°C (4h, montée en T à 20°C/heure).
[0052] La teneur en soufre (en ppm) est évaluée dans la charge et dans les recettes (après
élimination de l'H
2S dissout) selon la méthode iso 14596 ; ce qui permet le calcul du taux de désulfuration
de l'essence selon la formule :

[0053] La teneur pondérale en oléfines est évaluée dans la charge et dans la recette par
chromatographie en phase gazeuse; ceci permet d'évaluer le taux d'hydrogénation des
oléfines de l'essence selon la formule :

La teneur totale en mercaptans est mesurée dans les recettes par potentiométrie par
la méthode ASTM D3227 après séparation de l'H
2S.
Exemple 2 : évaluation des performances des catalyseurs A et D
[0054] Dans cet exemple les performances des catalyseurs A (conforme) et D (non conforme)
sont comparées en HDS sélective d'une essence de FCC soufrée dont les caractéristiques
sont fournies dans le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3 : caractéristiques de l'essence de FCC n°1.
Soufre total (ppm) : |
970 |
Oléfines (%poids) : |
35,7 |
Aromatiques (%poids) : |
27,6 |
Distillation ASTM : |
PI : 37°C |
|
PF : 215°C |
[0055] Les conditions de test sont les suivantes : P = 2,7 MPa relatif, VVH = 4 h
-1, H
2/charge = 360 Normaux litres par litre (nl/I), T = 250 - 280°C. Chaque condition opératoire
est maintenue durant le temps nécessaire à la stabilisation du catalyseur, tant en
activité hydrogénante qu'en activité désulfurante (typiquement de 24 à 48 heures).
Les résultats obtenus sur les catalyseurs A et D sont présentés dans le tableau 4
ci-dessous.
Tableau 4 : performances des catalyseurs A et D pour la désulfuration de l'essence de FCC n°1.
|
Catalyseur A |
Catalyseur D |
T (°C) |
250 |
260 |
270 |
250 |
260 |
Stotal |
160 |
130 |
90 |
130 |
65 |
HDS / % |
83,5 |
86,6 |
90,7 |
86,6 |
93,3 |
%poids oléfines |
26,7 |
26,1 |
25,5 |
23,0 |
21,1 |
HDO / % |
25,2 |
26,9 |
28,6 |
35,6 |
40,9 |
[0056] On observe que pour des niveaux de désulfuration (HDS) comparables, le catalyseur
A présente des taux d'hydrogénation des oléfines (HDO) moins importants que le catalyseur
D. Le catalyseur A (conforme) est donc plus sélectif que le catalyseur D (non conforme)
Exemple 3 : Evaluation des performances des catalyseurs A et B.
[0057] Dans cet exemple les catalyseurs A (conforme) et B (conforme) sont évalués sur une
essence de FCC n°2 plus faiblement soufrée que l'essence de FCC n°1, et dont les caractéristiques
sont fournies dans le tableau 5 ci-dessous.
Tableau 5 : caractéristiques de l'essence de FCC n°2.
Soufre total (ppm) : |
450 |
Oléfines (%poids) : |
33,5 |
Aromatiques (%poids) : |
28,2 |
Distillation ASTM : |
PI : -5°C |
|
PF : 252°C |
[0058] Les conditions de test sont les suivantes : P = 1,5 MPa relatif, VVH = 5 h
-1, H
2/charge = 300 N I/I, T = 270 - 280°C. Chaque condition opératoire est maintenue durant
le temps nécessaire à la stabilisation du catalyseur, tant en activité hydrogénante
qu'en activité désulfurante (typiquement de 24 à 48 heures). Les résultats obtenus
sur les catalyseurs A et B sont présentés dans le tableau 6 ci-dessous.
Tableau 6 : performances des catalyseurs A et B pour la désulfuration de l'essence de FCC n°2.
|
Catalyseur A |
Catalyseur B |
T (°C) |
270 |
280 |
270 |
280 |
Stotal |
96 |
46 |
92 |
54 |
HDS / % |
78,7 |
89,8 |
79,5 |
88,0 |
%poids oléfines |
29,7 |
26,3 |
30,1 |
27,5 |
HDO/% |
11,3 |
21,5 |
10,1 |
17,9 |
[0059] Pour des taux de désulfuration (HDS) similaires, le catalyseur B présente une activité
hydrogénante (HDO) plus faible que le catalyseur A. Le catalyseur B (conforme) est
donc également plus sélectif que le catalyseur D (non conforme).
Exemple 4 : Evaluation des performances des catalyseurs A et C.
[0060] Dans cet exemple le catalyseur A et le catalyseur C sont comparés en désulfuration
d'une essence de FCC n°3 dépentanisée et très fortement soufrée dont les caractéristiques
sont fournies dans le tableau 7.
Tableau 7 : caractéristiques de l'essence de FCC n°3.
Soufre total (ppm) : |
2450 |
Oléfines (%poids) : |
32,1 |
Aromatiques (%poids) : |
36,2 |
Distillation ASTM : |
PI : 39°C |
|
PF : 240°C |
[0061] Les conditions de test sont les suivantes : P = 1,5 MPa relatif, VVH = 4 h
-1, H
2/charge = 300 N I/I, T = 290 - 310°C. Chaque condition opératoire est maintenue durant
le temps nécessaire à la stabilisation du catalyseur, tant en activité hydrogénante
qu'en activité désulfurante (typiquement de 24 à 96 heures). Les résultats obtenus
sur les catalyseurs A et C sont présentés dans le tableau 8 ci-dessous.
Tableau 8 : performances des catalyseurs A et C pour la désulfuration de l'essence de FCC n°3
|
Catalyseur A |
Catalyseur C |
T (°C) |
290 |
310 |
290 |
310 |
Stotal |
420 |
115 |
645 |
305 |
HDS / % |
82,9 |
95,3 |
73,7 |
87,6 |
%poids oléfines |
25,0 |
19,7 |
27,1 1 |
23,2 |
HDO/% |
22,1 |
38,6 |
15,6 |
27,7 |
[0062] L'évolution du taux d'hydrogénation des oléfines en fonction du niveau de désulfuration
montre que les deux catalyseurs présentent des sélectivités comparables. Le catalyseur
C n'est donc pas plus sélectif que le catalyseur A. En revanche, le catalyseur C est
moins actif que le catalyseur A en hydrodésulfuration, ce qui peut potentiellement
constituer un handicap en terme de durée de vie de ce type de catalyseur sur une unité
industrielle. En terme de sélectivité, le catalyseur C reste néanmoins supérieur au
catalyseur D (cf. exemple 2, tableau 4).
Exemple 5 : Préparation d'un catalyseur G partiellement désactivé
[0063] Un échantillon de 100 ml de catalyseur B est soumis à une désactivation accélérée
sur unité pilote dans les conditions suivantes : le catalyseur est opéré à 300°C sous
un mélange constitué de l'essence 4 décrite dans l'exemple 6 et d'hydrogène injecté
à hauteur de 100 normaux litres d'hydrogène par litre d'essence, avec un débit d'essence
de 400 ml/h et sous une pression totale de 1 MPa relatif. Au bout de 800 heures, le
réacteur est mis en stripage à 120°C sous azote afin d'éliminer les hydrocarbures
adsorbés, Le catalyseur ainsi désactivé est appelé catalyseur G.
Exemple 6 : Evaluation de l'activité catalytique des différents catalyseurs
[0064] L'activité des catalyseurs B, D, E, F, G est évaluée par un test d'hydrodésulfuration
d'un mélange de molécules modèles effectué dans un réacteur autoclave agité de 500
ml. Typiquement entre 2 g et 6 g de catalyseur sont sulfurés à pression atmosphérique
en banc de sulfuration sous mélange H
2S/H
2 constitué de 15% volumique d'H
2S à 1 l/h/g de catalyseur et à 400°C durant deux heures.
[0065] La charge modèle utilisée pour le test d'activité présente la composition suivante
: 1000 ppm de soufre sous forme thiophène, 10% poids d'oléfines sous forme de 2,3
diméthyl-butène-2 dans du n-heptane.
[0066] Ce mélange réactionnel a été choisi car jugé représentatif d'une essence de craquage
catalytique. La pression totale du système est ensuite ajustée et maintenue à 3,5
MPa relatif par apport d'hydrogène et la température est ajustée à 250°C. Au temps
t=0, le catalyseur est mis en contact avec le mélange réactionnel. Des prélèvements
périodiques d'échantillons permettent de suivre l'évolution de la composition de la
solution au cours du temps par analyse chromatographique en phase gaz. La durée du
test est choisie de manière à obtenir des niveaux finaux de conversion du thiophène
compris entre 50 et 90%.
[0067] L'activité du catalyseur est définie par rapport à la constante de vitesse pour la
conversion du thiophène normalisée par volume de catalyseur. La constante de vitesse
est calculée en considérant un ordre 1 pour la réaction,

avec : A : activité du catalyseur, en min
-1 cm
3catalyseur-1 (centimètre cube
-1)
k constante de vitesse pour la conversion du thiophène, en min
-1
m
cataiyseur : masse de catalyseur utilisée en g (avant sulfuration)
DRT : densité de remplissage tassée du catalyseur, en cm
3/g
[0068] Les activités relatives des catalyseurs B, D, E et F ainsi obtenues sont reportées
dans le tableau 9 ci-dessous,
Tableau 9 : activités relatives des catalyseurs B, D, E , F et G,
|
Catalyseur B |
Catalyseur D |
Catalyseur E |
Catalyseur F |
Catalyseur G |
Activité relative |
100* |
120 |
42 |
31 |
45 |
Exemple 7 : Evaluation des performances des catalyseurs B, D, E, F et G en enchaînement
[0069] L'essence n°4 décrite dans le tableau 10 est utilisée pour étudier les performances
d'enchaînements de catalyseurs. Cette essence est issue d'une unité de FCC et a été
dépentanisée.
Tableau 10 : caractéristiques de l'essence de FCC n°4
Soufre total (ppm) : |
380 |
Oléfines (%poids) : |
27,8 |
Oléfines (%poids) : |
32,1 |
Aromatiques (%poids) : |
33,9 |
Distillation ASTM : |
PI : 55°C |
|
PF : 219°C |
[0070] Les essais d'enchaînement sont réalisés dans une unité pilote munie de deux réacteurs
en série, chacun chargé de 100 ml de catalyseur.
[0071] Les performances de différents enchaînements de catalyseurs ont été évaluées pour
illustrer la présente invention. Pour chaque catalyseur, la procédure classique de
sulfuration décrite précédemment a été mise en oeuvre, procédure identique pour l'ensemble
des catalyseurs.
[0072] Les conditions opératoires de base utilisés pour l'ensemble des essais sont les suivantes
à savoir une pression égale à 1,8 MPa relatif et un rapport hydrogène sur charge de
400 normaux litres par litre.
[0073] Les températures ont été ajustées pour atteindre une cible de teneur en soufre située
entre 10 ppm et 15 ppm. Le tableau 11 suivant résume les performances des différents
enchaînements évalués.
Tableau 11 : performances des catalyseurs seuls ou en enchaînement pour la désulfuration de
l'essence de FCC n°4
n° Essai |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
Catalyseurs |
B |
D |
D+E |
B+E |
B+F |
B+G |
B+D |
Temp. R1 |
28 |
27 |
275 |
280 |
280 |
280 |
280 |
Temp. R2 |
- |
- |
300 |
300 |
300 |
300 |
275 |
VVH R1 (h-1) |
4 |
4 |
8 |
8 |
8 |
8 |
8 |
VVH R2 (h-1) |
- |
|
8 |
8 |
8 |
8 |
8 |
VVH globale (h-1) |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
S effluent, ppm |
12 |
13 |
14 |
13 |
15 |
12 |
13 |
Mercaptans, ppm |
9 |
10 |
7 |
8 |
8 |
7 |
10 |
HDO % |
28 |
32 |
24,5 |
21, |
20,1 |
21,4 |
30,6 |
[0074] Les deux réacteurs placés en série sont nommés respectivement réacteur 1 et réacteur
2. Le volume de catalyseur dans chaque réacteur est de 100 ml.
[0075] Les essais 1 et 2 ont été réalisés sur les catalyseurs B et D seuls. Le catalyseur
D n'est pas conforme à l'invention. La perte en oléfines lors de l'essai 1 est inférieure
à la perte en oléfines de l'essai 2 du fait de la différence de sélectivité entre
les catalyseurs B et D.
[0076] La mise en oeuvre des catalyseurs E, F ou G en enchaînement avec les catalyseurs
B ou D (essais 3, 4, 5 et 6 conformes à l'invention) permet d'améliorer la sélectivité
globale. En effet, pour des teneurs en soufre voisines dans les recettes, situées
entre 12 et 15 ppm, les pertes en oléfines mesurées par le taux d'HDO sont diminuées
par rapport aux essais 1 et 2, réalisés sur un catalyseur seul. De plus, on observe
que les meilleurs résultats ont été obtenus pour les enchaînements 5 et 6 pour lesquels
les catalyseurs utilisés dans les deux étapes sont conformes à l'invention.
[0077] L'essai n° 7 est réalisé à partir d'un enchaînement non conforme à l'invention pour
lequel le réacteur 2 est chargé avec un catalyseur plus actif que celui chargé dans
le réacteur 1. On constate, par rapport aux essais 3 à 6, une perte en oléfines et
une teneur en mercaptans résiduels supérieures, pour une teneur en soufre dans les
effluents équivalente.
[0078] La comparaison entre les essais qui précède met en outre en évidence la diminution
de quantité de mercaptans dans le produit obtenu grâce à la mise en oeuvre de l'invention.
1. Procédé d'hydrodésulfuration d'une essence comprenant la mise en oeuvre d'un catalyseur
comprenant un support et une phase active comprenant du nickel ou du cobalt et dans
lequel le diamètre moyen de pores dudit catalyseur est supérieur à 20 nanomètres.
2. Procédé selon la revendication 1 dans lequel le diamètre moyen de pores est compris
entre 20 et 100 nm.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2 dans lequel le catalyseur contient au moins
un métal du groupe VI.
4. Procédé selon la revendication 3 dans lequel la densité surfacique du métal du groupe
VI est compris entre 2.10-4 et 40.10-4 gramme d'oxyde dudit métal par m2 de support.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le support est choisi
dans le groupe constitué par les alumines, la silice, les silices alumine ou encore
les oxydes de titane ou de magnésium utilisés seul ou en mélange avec l'alumine ou
la silice alumine.
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le support est constitué
au moins en partie par une alumine.
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la surface spécifique
du support est inférieure à 200 m2/g.
8. Procédé d'hydrodésulfuration selon la revendication 1 comprenant au moins deux étapes
successives d'hydrodésulfuration dans lequel ledit catalyseur est mise en oeuvre dans
au moins une desdites étapes.
9. Procédé selon la revendication 8 dans lequel la température réactionnelle des étapes
successives est comprise entre environ 150°C et environ 450°C, la pression est comprise
entre environ 0,4 et environ 3 MPa relatifs et le rapport volumique hydrogène sur
hydrocarbures H2/HC est comprise entre environ 50 N I/I et environ 800 N I/I.
10. Procédé selon la revendication 9 dans lequel, pour chaque étape, la pression est inférieure
à 2 MPa relatifs et la température supérieure à 250°C.
11. Procédé selon l'une des revendications 8 à 10 dans lequel les étapes successives sont
réalisées sans dégazage intermédiaire.
12. Procédé selon l'une des revendications 8 à 11 comprenant une succession d'étapes d'hydrodésulfuration,
caractérisé en ce que l'activité du catalyseur d'une étape n+1 est comprise entre 1% et 90% de l'activité
du catalyseur de l'étape n.
13. Procédé selon la revendication 12 dans lequel l'activité d'une étape est comprise
entre 1% et 50% de l'activité du catalyseur de l'étape précédente.
14. Procédé selon l'une des revendications 12 ou 13 dans lequel la température réactionnelle
de l'étape n+1 est supérieure à celle de l'étape n.
15. Procédé selon l'une des revendications 12 à 14 dans lequel le catalyseur de l'étape
n+1 est le catalyseur de l'étape n ayant subi une désactivation partielle.
16. Procédé selon la revendication 15 dans lequel la désactivation du catalyseur est obtenue
par mise au contact du catalyseur avec une charge contenant une fraction hydrocarbonée
comprenant des oléfines à une température d'au moins 250°C.
17. Procédé selon la revendication 16 dans lequel le catalyseur de l'étape n est recyclé
dans l'étape n+1 lorsque son activité a diminuée d'au moins 10%.
18. Procédé selon l'une des revendications 12 à 14 dans lequel le catalyseur de l'étape
n+1 comprend une teneur en métaux inférieure à celle du catalyseur de l'étape n.