DOMAINE TECHNIQUE DE L'INVENTION
[0001] L'invention est relative à une pastille de contact destinée à être fixée sur un contact
mobile de disjoncteur basse tension destiné à supporter des courants crêtes de court-circuit
compris entre 200 et 600 ampères par millimètre carré de pastille. La pastille est
constituée d'un alliage de matériau conducteur à base d'argent ou de cuivre, d'une
fraction de particules réfractaires telles que du carbure de tungstène, du tungstène
ou du nitrure de titane et d'une fraction de fibres de carbone
ETAT DE LA TECHNIQUE
[0002] La présence de défauts électriques à l'intérieur de dispositifs de coupure tel que
des disjoncteurs électriques provoque une brusque ouverture de leurs contacts électriques.
Cette ouverture rapide est généralement accompagnée d'arcs électriques donnant naissance
à des contraintes importantes au niveau desdits contacts, plus particulièrement au
niveau de leurs surfaces ou zones de contact.
[0003] Afin d'augmenter la longévité des contacts électriques utilisés dans de tels dispositifs,
il est connu de modifier la structure de la surface ou zone de contact des contacts
électriques. Des solutions consistent à ajouter au niveau de la surface ou zone de
contact des matériaux composites sous la forme de pastilles de différentes épaisseurs
et de différents matériaux.
[0004] Les pastilles sont généralement en alliage d'argent ou de cuivre. Elles sont réalisées
de manière usuelle par frittage d'une poudre composée d'un alliage à base d'argent,
notamment argent et tungstène ou argent et nickel. Ces matériaux de contact présentent
une conductibilité électrique élevée, une résistance suffisante à l'oxydation et de
bonnes propriétés en ce qui concerne la résistance de contact.
[0005] Cependant, les matériaux de contact connus à base d'argent montrent une tendance
indésirable à la soudure. En outre, ils ont tendance à provoquer l'adhérence des surfaces
de contact ou/et une migration de matière entre les éléments de contact. Enfin, leur
utilisation est généralement associée à une usure trop important des contacts.
[0006] De nombreuses solutions consistent à ajouter à la poudre d'alliage un matériau conducteur
tel que du graphite. De tels matériaux sont couramment utilisés pour réaliser les
pastilles de contact des disjoncteurs. Le graphite présent dans la matrice métallique
permet de réduire le risque de soudure des contacts. Toutefois, la présence du graphite
entraîne une érosion mécanique accrue de la pastille.
[0007] Du carbone, sous forme de fibres peut être aussi apporté à la poudre d'alliage (document
US4699763). La résistance à l'érosion est alors améliorée, mais cette amélioration
est acquise au prix d'une altération du comportement du contact à la soudure. Les
fibres de carbone sont mélangées à la poudre métallique avec un apport d'agent mouillant,
lubrifiant et solvant par voie humide, puis on effectue un séchage, une compression
et un frittage. L'inconvénient d'un tel procédé est qu'il implique des complications
inhérentes à un processus conduit en voie humide.
[0008] Pour trouver un compromis acceptable entre le comportement du matériau à l'érosion
et son comportement anti-soudure, il est proposé d'après le document DE4111683 de
mélanger des particules de graphite à des fibres de carbone, ce mélange étant incorporé
à la poudre métallique. Cet apport hybride de carbone dans la matrice métallique,
permet d'obtenir des comportements du matériau à l'érosion et à la soudure intermédiaires
entre ceux qu'il aurait montrés avec un apport de particules de graphite seules ou
avec un apport de fibres de carbone seules. Mais il s'avère que, sous de fortes sollicitations
et en particulier sous de forts courants de court-circuit, les particules de graphite,
de part leur parfaite structure cristalline, montrent une tendance à être expulsées
de la surface du matériau. Cette expulsion détériore la surface du matériau d'une
manière telle que les fibres de carbone en sont également expulsées à leur tour. Il
en résulte un enrichissement de la surface en argent et donc une altération des qualités
initialement recherchées par l'apport de graphite.
[0009] Dans le document EP0171339 est décrit un procédé de fabrication de contacts électriques
par imprégnation d'un substrat de fibres de carbone par un métal liquide sous pression,
puis par filage à chaud du mélange ainsi obtenu. On constate que les contacts résultants
montrent une trop forte propension au soudage.
[0010] Dans le document EP0729162 est décrit un procédé de fabrication de contacts électriques
à base de poudre d'un métal bon conducteur électrique tel que l'argent et de fibres
de carbone broyées de longueur moyenne inférieure à 20µm. Dans des applications courantes
de coupure, on constate que la surface de contact garde, après coupure sous un courant
de court-circuit, sa structure fine, homogène et isotrope de résidus de fibres de
longueur variable et d'orientation quelconque dans la matrice d'argent. Les proportions
pondérales de résidus de fibre de carbone broyées sont comprises entre 2 à 5% avec
la poudre d'argent. Pour des disjoncteurs limiteurs utilisés pour des applications
dans lesquelles l'arc stagne peu sur les contacts, le matériau ainsi obtenu montre
une résistance de contact après coupure faible, de bonnes qualités d'anti-soudure
et une résistance à l'érosion acceptable. Cependant, l'utilisation de ce matériau
trouve ses limites dans des applications pour lesquelles on est présence de disjoncteurs
sélectifs où le courant de défaut apparaissant sur les pastilles, a la valeur du courant
présumé de court-circuit ; soit plusieurs dizaines de kilo ampères. La robustesse
à l'érosion des pastilles de contact décrites ci-dessus n'est plus suffisante et des
micro-soudures sont observées lors de passage de courant de plusieurs dizaines de
kilo ampères pendant 1 seconde sans ouverture de l'appareil.
[0011] Par ailleurs, lorsque la taille de ce type de disjoncteur est miniaturisée et lorsque
l'adjonction d'éléments filtrants réduit de manière drastique les manifestations extérieures,
le choix optimum de matériau de contact est encore plus draconien. En effet, l'énergie
de coupure similaire à celle dégagée dans les disjoncteurs classiques doit être absorbée
dans un volume miniaturisé et quasiment clos. Il s'ensuit un dépôt important de polluants
sur les contacts. Ce dépôt est constitué en particulier d'acier fondu issu de l'ablation
des ailettes de la chambre d'extinction d'arc.
EXPOSE DE L'INVENTION
[0012] L'invention vise donc à remédier aux inconvénients de l'état de la technique, de
manière à proposer une pastille de contact ayant une faible résistance de contact
post coupure, une forte résistance à l'érosion et de bonnes propriétés anti-soudure.
[0013] Une pastille de contact selon l'invention comprend un pourcentage pondéral de fibres
de carbone dans la pastille strictement inférieur à 2% de la masse totale de ladite
pastille de contact
[0014] Le pourcentage pondéral de fibres de carbone dans la pastille de contact est compris
entre 0,5% et 1.9% de la masse totale de ladite pastille de contact.
[0015] Avantageusement, les fibres de carbone sont des fibres broyées de longueur inférieure
à 20 µm.
[0016] De préférence, les fibres de carbones sont constituées de fibres carbonisées contenant
au moins 90% de carbone, moins de 10% d'azote, sensiblement 1 % d'oxygène et moins
de 1 % d'hydrogène.
[0017] Selon un mode de développement de l'invention, la pastille de contact est composée
de 79% de l'alliage d'argent, de 20% de carbure de tungstène (CW) et de 1 % de fibre
de carbone.
[0018] Un contact mobile de disjoncteur selon un mode développement de l'invention, comprend
un doigt de contact mobile relié à une pastille de contact telle que définie ci-dessus,
la pastille étant reliée au doigt de contact mobile par l'intermédiaire d'une fine
couche de matériau conducteur à base d'alliage d'argent.
[0019] Un disjoncteur selon un mode développement de l'invention comprend une chambre de
coupure comportant des moyens de filtrage destinés à atténuer des manifestations extérieures
des gaz présents dans la chambre de coupure au moment des ouvertures, et comprend
un mécanisme d'ouverture agissant sur au moins un contact mobile tel que défini ci-dessus
et placé en vis à vis d'un contact fixe, lesdits contacts étant placés dans la chambre
de coupure.
BREVE DESCRIPTION DES FIGURES
[0020] D'autres avantages et caractéristiques ressortiront plus clairement de la description
qui va suivre d'un mode particulier de réalisation de l'invention, donné à titre d'exemple
non limitatif, et représenté au dessin annexé sur lequel :
- la figure 1 représente une vue en coupe d'un disjoncteur comportant un contact mobile
possédant une pastille de contact selon un mode de réalisation de l'invention.
DESCRIPTION DETAILLEE D'UN MODE DE REALISATION
[0021] Selon le mode de réalisation préféré de l'invention, la pastille de contact 3 est
destinée à être fixée sur un contact mobile 2 de disjoncteur basse-tension 1 destiné
à supporter des courants de court-circuit de plusieurs kilo ampères. En exprimant
la densité de courant électrique en ampères par unité de surface de pastille, une
pastille de contact 3 selon l'invention est destinée à supporter des courants crêtes
de court-circuit compris entre 200 et 600 ampères par millimètre carré de pastille.
[0022] Les effets engendrés par le passage de ces forts courants de court-circuit se font
encore plus ressentir lorsque l'énergie de coupure est absorbée dans une chambre de
coupure 10 ayant un volume interne miniaturisé et quasiment clos ou étanche.
[0023] La pastille de contact 3 est composée d'un matériau conducteur tel que l'argent (Ag)
ou le cuivre (Cu) dans lequel est insérée une fraction de fibres de carbone et une
fraction de particules réfractaires telle que par exemple du carbure de tungstène
(WC), du tungstène (W), du nitrure de titane (TiN). Ces particules réfractaires possèdent
un diamètre moyen de 1 à 10 microns.
[0024] Les fibres de carbone sont constituées de fibres carbonisées contenant au moins 90%
de carbone, moins de 10% d'azote, sensiblement 1% d'oxygène et moins de 1 % d'hydrogène.
[0025] Dans le mode de réalisation présenté, on choisit des fibres de carbone de longueur
moyenne L1 comprise entre environ 100µm et 800µm et de diamètre compris entre 4 et
20µm. Ces fibres subissent un traitement mécanique à froid et à sec dans un broyeur
mécanique. Les conditions d'intensité et de durée du broyage permettent d'obtenir
des fibres dont la longueur est répartie statistiquement autour d'une valeur moyenne
très inférieure à la valeur moyenne initiale. On obtient ainsi à partir des fibres
initiales des résidus de fibres broyées ayant une longueur moyenne inférieure à 20µm.
Les fibres broyées sont ensuite ajoutées au matériau conducteur contenant les fractions
réfractaires. Le mélange de poudre de matériau conducteur aux fibres de carbone broyées
s'effectue par voie sèche dans un mélangeur mécanique jusqu'à obtenir un mélange homogène.
Ledit mélange subit ensuite une compression unitaire et un frittage de manière à obtenir
une structure de matériau isotrope
[0026] Un tel procédé de fabrication est décrit en détail dans le document EP-B-0729162,
dont la description est sur ces points incorporée ici par référence.
[0027] Dans le but de résister aux contraintes spécifiques observées dans les disjoncteurs
sélectifs capables de supporter des courants dans les conditions décrites ci-dessus,
il est nécessaire d'augmenter la résistance à l'érosion de la pastille ainsi obtenue.
Pour ce faire, le pourcentage pondéral de fibres de carbone dans la pastille est strictement
inférieur à 2%. Il est compris de préférence entre 0,5% et 1,9% de la masse totale
de la pastille.
[0028] Dans un exemple d'application de l'invention, un compromis idéal dans le choix des
proportions des matériaux pour ce type d'application, consiste à utiliser une pastille
comprenant 79% d'argent (Ag), 20% de carbure de tungstène (CW) et 1 % de fibres broyées
de carbone.
[0029] Finalement, ce matériau ayant structure homogène appropriée, montre une résistance
de contact post coupure faible et stable ainsi qu'une bonne résistance à l'érosion
sous court-circuit de plusieurs dizaines de kilo ampères. En outre, ce matériau développe
des caractéristiques anti-soudure vis à vis des billes en acier présentes dans l'environnement
lors de la coupure notamment dans la colonne d'arc électrique. Un phénomène explosif
du à la dégradation de la fibre de carbone explique les caractéristiques anti-adhésion
de ce matériau vis à vis des billes d'acier en fusion.
[0030] Un contact mobile 2 de disjoncteur 1 comprenant un doigt de contact mobile se déplaçant
par rapport à un contact fixe 4 du disjoncteur, possède une pastille de contact 3
tel que défini ci-dessus. Ladite pastille de contact est reliée au doigt de contact
mobile par l'intermédiaire d'une fine couche de matériau conducteur à base d'argent
ou d'un mélange de cuivre et d'argent. Cette couche intermédiaire permet de bloquer
la propagation des fissures dans la zone d'interface entre la pastille de contact
3 et le doigt.
[0031] Un disjoncteur 1 comprenant un mécanisme d'ouverture 6 agissant sur au moins un contact
mobile électrique 2 tel que défini ci-dessus. Ledit au moins un contact mobile 2 est
placé en vis à vis d'un contact fixe 4. Ledit contact fixe est constitué d'un alliage,
comportant généralement une matrice métallique d'argent où est insérée une fraction
de particules de poudre de graphite. Ladite fraction de particules constitue 3 à 5
% de la masse de l'alliage. L'alliage peut également comprendre une certaine quantité
d'éléments réfractaires (W ,WC, Ni) comprise entre 2 et 30% de la masse totale. Le
disjoncteur 1 selon un mode particulier de réalisation, est destiné à accepter des
courants nominaux de 1600 ampères et des courants de courte durée de 42000 ampères
pendant une seconde. Les chambres de coupures 10 comportent, par pole, cinq contacts
mobiles 2 associés à une plage de contacts fixes 4. Des moyens de filtrage 5 placés
sur les parois des chambres de coupure 10 sont destinés à atténuer fortement des manifestations
extérieures des gaz présents dans lesdites chambres au moment des ouvertures des contacts.
A titre d'exemple non limitatif, les moyens de filtrage 5 comprennent des filtres
possédant des caractéristiques techniques spécifiques telles que décrites dans les
brevets de la demanderesse (EP-A-1115132, EP-A-1251533).
1. Pastille de contact (3) destinée à être fixée sur un contact mobile (2) de disjoncteur
(1) basse tension destiné à supporter des courants crêtes de court-circuit compris
entre 200 et 600 ampères par millimètre carré de pastille, constituée d'un alliage
de matériau conducteur à base d'argent (Ag) ou de cuivre (Cu), d'une fraction de particules
réfractaires telles que du carbure de tungstène (CW), du tungstène (W) ou du nitrure
de titane (TiN) et d'une fraction de fibres de carbone caractérisée en ce que le pourcentage pondéral de fibres de carbone dans la pastille de contact (3) est
strictement inférieur à 2% de la masse totale de ladite pastille de contact, les fibres
de carbone étant des fibres broyées de longueur moyenne inférieure à 20 µm.
2. Pastille de contact (3) selon la revendication 1 caractérisée en ce que le pourcentage pondéral de fibres de carbone dans la pastille de contact (3) est
compris entre 0,5% et 1.9% de la masse totale de ladite pastille de contact.
3. Pastille de contact (3) selon l'une des revendications précédentes caractérisée en ce que les fibres de carbones sont constituées de fibres carbonisées contenant au moins
90% de carbone, moins de 10% d'azote, sensiblement 1% d'oxygène et moins de 1% d'hydrogène.
4. Pastille de contact (3) selon l'une des revendications précédentes caractérisée en ce qu'elle est composée de 79% d'argent, de 20% de carbure de tungstène (CW) et de 1 % de
fibre de carbone
5. Contact mobile (2) de disjoncteur (1) comprenant un doigt de contact mobile caractérisé en ce qu'une pastille de contact (3) selon les revendications précédentes est reliée au doigt
de contact mobile par l'intermédiaire d'une fine couche de matériau conducteur à base
d'argent ou d'un mélange de cuivre et d'argent.
6. Disjoncteur (1) comprenant une chambre de coupure (10) comportant des moyens de filtrage
(5) destinés à atténuer des manifestations extérieures des gaz présents dans la chambre
de coupure au moment des ouvertures, un mécanisme de d'ouverture (6) agissant sur
au moins un contact mobile (2) caractérisé en ce ledit contact mobile (2) est un contact selon la revendication 6 placé en vis à vis
d'un contact fixe (4), lesdits contacts étant placés dans la chambre de coupure.