[0001] L'invention se rapporte généralement à une turbomachine comportant un rotor composé
d'un ensemble de roues aubagées, comme par exemple le rotor d'un compresseur basse
pression d'un turboréacteur. Elle concerne plus particulièrement un perfectionnement
permettant d'améliorer la rétention des aubes, notamment en cas d'incident grave.
[0002] Le document de brevet
européen 1 496 206 déposé au nom de la demanderesse révèle l'importance de la forme de la gorge de réception
des pieds d'aubes, qui est définie à la périphérie d'une roue de rotor. Ce problème
est surtout important pour les roues aubagées disposées dans une veine conique, comme
cela est le cas de celles qui forment les derniers étages d'un compresseur basse pression
d'un turboréacteur double corps et double flux. La conicité est très élevée au niveau
de ces derniers étages et les aubes de ces étages s'étendent obliquement par rapport
au plan perpendiculaire à l'axe de rotation, c'est-à-dire obliquement par rapport
à la direction de la force centrifuge. Cette orientation sollicite les aubes de telle
façon que le risque de déchaussement est accru en cas d'incident.
[0003] Le document antérieur de référence traite plus particulièrement du problème de la
tenue des aubes retenues dans la gorge de la roue par des attaches connues de type
« marteau », la gorge étant délimitée par une lèvre amont et une lèvre aval se raccordant
au fond de celle-ci en définissant des cavités annulaires amont et aval, respectivement,
dans lesquelles des parties correspondantes des pieds d'aubes sont engagées. Selon
le document de référence, on a proposé d'améliorer la capacité de rétention des aubes
en approfondissant la zone de raccordement entre la portée de la lèvre amont et le
fond de la gorge, de façon à pouvoir installer des aubes dont le flanc amont présente
un talon plus volumineux, toutes choses égales par ailleurs, capable de s'engager
plus profondément obliquement sous la lèvre amont dans la cavité annulaire sous-jacente
approfondie. Cette modification permet de limiter les risques qu'une aube puisse se
dégager en cas de choc important.
[0004] La modification de forme de la cavité peut aussi être apportée à des roues existantes,
par usinage au cours d'une opération de révision.
[0005] D'autre part, le montage des aubes dans la gorge nécessite de prévoir une encoche
dlntroduction dans une lèvre annulaire, en un point de sa périphérie. Cette encoche
est plus particulièrement prévue sur la lèvre annulaire amont ; elle permet d'engager
chaque pied d'aube dans la gorge de réception avant de faire coulisser ladite aube
le long de cette gorge jusqu'à ce que celle-ci atteigne sa position définitive.
[0006] Pour stabiliser les aubes et les empêcher de se déplacer circonférenciellement après
montage, il est nécessaire de monter des verrous dans la gorge, de part et d'autre
de l'encoche, circonférenciellement. On évite ainsi qu'une aube se trouve à nouveau
en regard de l'encoche, ce qui provoquerait son éjection de la roue.
[0007] On a observé qu'en cas d'incident sur les aubes situées au voisinage de cette encoche,
le choc pouvait se traduire par une déformation locale de la lèvre annulaire amont
et donc par un élargissement de la gorge de réception propre à provoquer l'échappement
d'un verrou. Ce risque peut être à l'origine d'un incident car dans ce cas, les aubes
peuvent se déplacer à nouveau circonférentiellement dans la gorge de réception et
s'échapper les unes après les autres lorsqu'elles atteignent l'emplacement de l'encoche
d'introduction.
[0008] L'invention vise à prévenir ce risque majeur en améliorant la tenue des verrous.
[0009] L'idée de base de l'invention consiste à modifier la forme du verrou, du côté de
la lèvre annulaire amont, pour renforcer la tenue de celui-ci dans la gorge, en faisant
en sorte que, en cas d'élargissement de celle-ci, le jeu entre ledit verrou et la
gorge reste négatif et que ledit verrou ne puisse s'échapper.
[0010] Plus particulièrement, l'invention concerne une roue aubagée de rotor d'une turbo
machine, comprenant une gorge de réception des pieds des aubes associées à cette roue,
ladite gorge étant pourvue d'une lèvre annulaire amont et d'une lèvre annulaire aval
définissant respectivement aux bords de la gorge une cavité annulaire amont et une
cavité annulaire aval, du type dans laquelle une telle lèvre annulaire comporte une
encoche d'introduction pour l'engagement des pieds d'aubes dans ladite gorge de réception
et dans laquelle des verrous sont installés dans ladite gorge de réception de part
et d'autre de ladite encoche, chaque verrou comportant une embase s'étendant entre
les deux cavités annulaires amont et aval, caractérisée en ce que, ladite cavité annulaire
amont comportant une partie creusée au delà du fond de gorge, l'embase de chaque verrou
comporte une nervure amont.
[0011] Cette nervure s'engage plus profondément dans la cavité amont et assure le maintien
du verrou même en cas d'élargissement de la gorge.
[0012] Bien que l'épaisseur du verrou soit calculée pour que celui-ci coulisse au montage
dans la gorge (entre l'encoche et sa position de montage) avec un jeu radial juste
suffisant pour que ce coulissement puisse s'effectuer, comme cela est le cas dans
le mode de réalisation antérieur, la présence de la nervure amont ne gêne en rien
le coulissement circonférenciel du verrou au montage, puisque à cette extrémité amont
de la gorge de réception, la profondeur de cette dernière est accrue radialement.
[0013] Selon une autre caractéristique avantageuse, ledit verrou comporte deux échancrures
d'allègement pratiquées de part et d'autre de l'embase. Celle-ci comporte un trou
taraudé. Le trou reçoit une vis. Au montage, la vis prend appui contre la paroi du
disque entre les deux lèvres et provoque le soulèvement et la mise en place définitive
du verrou à un emplacement tel qu'il se situe entre deux pieds d'aubes. La distance
entre les deux verrous est telle que deux aubes se trouvent immobilisées entre eux.
[0014] Selon un mode de réalisation possible, le trou taraudé est ménagé dans une colonnette
s'étendant sensiblement au centre de l'embase.
[0015] L'invention sera mieux comprise et d'autres avantages de celle-ci apparaîtront mieux
à la lumière de la description qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple
et faite en référence aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue de détail en perspective d'une roue de rotor, conforme à l'invention
;
- la figure 2 est une vue de détail en coupe radiale montrant les emplacements respectifs
d'un verrou et d'une aube voisine ;
- la figure 3 est vue partielle en perspective, de dessous, montrant le pied de l'aube
de la figure 2 ;
- la figure 4 est une vue en élévation du verrou ;
- la figure 5 est vue selon la flèche V de la figure 4 ; et
- la figure 6 est vue selon la flèche VI de la figure 4.
[0016] Sur les dessins, on a représenté (figure 1) une partie du tambour du rotor d'une
turbomachine (ici le compresseur basse pression d'un réacteur d'avion) communément
appelée roue 11 (ou disque). Chaque roue porte une pluralité d'aubes 12 (figure 3).
Celles-ci sont retenues dans une gorge de réception 14 s'étendant circonférentiellement
à la surface externe de la roue 11. Le rotor est constitué par plusieurs roues aubagées
de ce genre. Une aube 12 comporte à sa base une plateforme 15 qui délimite extérieurement
une partie de la veine conique du compresseur et un pied d'aube 19 dit "attache marteau"
qui s'étend sous ladite plateforme sur une partie de la largeur de celle-ci. Le pied
d'aube 19 est engagé et retenu dans ladite gorge de réception 14 de la roue. Sur la
figure 2, la position du pied d'aube apparaît en trait interrompu.
[0017] La gorge de réception 14 est pourvue d'une lèvre annulaire amont 16 et d'une lèvre
annulaire aval 18. Ces deux lèvres définissent respectivement une cavité annulaire
amont 20 et une cavité annulaire aval 21 dans lesquelles sont engagées des parties
correspondantes des pieds d'aubes, la plateforme 15 venant recouvrir un secteur de
la cavité 14. Une fois toutes les aubes mises en place, les plateformes 15, côte à
côte, reconstituent une surface annulaire de la veine du compresseur.
[0018] Pour améliorer la tenue des aubes dans la gorge, cette dernière comporte, dans la
cavité annulaire amont 20 une partie creusée 24, annulaire, plus profonde. Selon l'exemple
décrit, cette partie creusée s'étend au-delà du fond 26 de la gorge 14, plus profondément
dans l'épaisseur de la paroi de la roue 11. Cette partie creusée 26 permet d'accueillir
des pieds d'aubes présentant un talon amont plus volumineux, ce qui renforce la tenu
des aubes, en cas d'avarie.
[0019] Par ailleurs, le montage des aubes impose de réaliser au moins une encoche d'introduction
30 sur l'une des lèvres annulaires de la gorge, ici la lèvre amont, en un emplacement
de la périphérie de la roue 11. Cette encoche permet d'engager les pieds d'aubes 19
les uns après les autres dans la gorge 14. Une fois qu'un pied d'aube est engagé dans
cette gorge, on fait coulisser l'aube correspondante, circonférentiellement le long
de la gorge jusqu'à sa position finale. Une fois les aubes montées, les pieds des
deux aubes les plus proches de l'encoche 30 sont situées de part et d'autre de celle-ci,
circonférentiellement.
[0020] Cependant, pour éviter que les aubes puissent ultérieurement se déplacer circonférentiellement
au point que le pied de l'une de ces deux aubes vienne en regard de l'encoche, ce
qui provoquerait l'échappement de ladite aube, on prévoit de monter deux verrous 32
dans la gorge 14, immobilisés dans celle-ci de part et d'autre de l'encoche 30, circonférentiellement,
à des emplacements choisis et à égale distance de celle-ci. Sur la figure 1, les emplacements
des verrous 32 sont décelés par des découpes de positionnement 36, 38 pratiquées dans
les lèvres 16, 18, respectivement de part et d'autre de l'encoche 30.
[0021] Chaque verrou comporte une embase 40 d'épaisseur sensiblement égale à une hauteur
radiale de coulissement définie par la gorge de réception. Autrement dit, pour le
passage d'un verrou de l'emplacement défini par la gorge 30 jusqu'à son emplacement
définitif en regard de découpes 36, 38, la forme et les dimensions de la gorge 14
(en section radiale, spécialement les cavités 20, 21) et la forme et les dimensions
de l'embase 40 sont déterminées de telle sorte que ladite embase coulisse librement
mais avec un jeu radial aussi réduit que possible (juste nécessaire) de la position
d'introduction (encoche 30) jusqu'à l'emplacement de montage (découpes 36, 38).
[0022] L'embase comporte en outre des bossages de guidage de forme et dimension correspondant
à celles des découpes 36, 38, respectivement. On distingue un bossage de guidage amont
46 et un bossage de guidage aval 48. Les bossages 46, 48 coopèrent avec les découpes
36, 38 lorsque le verrou est à son emplacement de montage. Dans cette position, il
peut être immobilisé au moyen d'une vis 50 le traversant, l'embase remontant radialement
vers l'extérieur de la gorge 14 en étant guidée par les encoches 36, 38, jusqu'à ce
que les extrémités amont et aval de l'embase prennent appui contre les faces intérieures
des lèvres 16, 18. La vis 50 est engagée dans un trou taraudé 52 du verrou lui-même
ménagé dans l'embase 40 et dans une colonnette 54 s'étendant sensiblement au centre
de ladite embase.
[0023] De plus, le verrou comporte deux échancrures d'allègement 56, pratiquées de part
et d'autre de l'embase à partir des bords longitudinaux de celle-ci.
[0024] Le verrou est conformé pour présenter une facette amont 57 prenant appui sous la
lèvre amont 16 et une facette aval 58 prenant appui sous la lèvre aval 18. Les bossages
46, 48 se détachent de ces facettes. La facette amont 57 est plane et inclinée sur
toute l'épaisseur de l'embase.
[0025] Selon une caractéristique remarquable de l'invention, l'embase 40 de chaque verrou
comporte une nervure amont 60 susceptible de s'engager dans la partie creusée 24,
au montage. Cette nervure amont se situe dans le prolongement inférieur de la facette
amont 57. Elle s'étend au-delà de la face inférieure de l'embase 40. Malgré la présence
de cette nervure, le verrou peut être engagé sans difficulté dans la gorge 14, au
montage, en raison de la présence de la partie creusée 24 dans la cavité amont 20.
[0026] Une fois le verrou en position (figure 2) la facette amont s'engage plus profondément
sous la lèvre amont, grâce à la nervure 60. Par conséquent, même si la gorge 14 tend
à s'élargir sous l'effet d'une sollicitation sur l'une des aubes voisines, le verrou
restera emprisonné dans la gorge 14.
[0027] Les bords 17 des plateformes situées de part et d'autre d'un emplacement d'un verrou
sont munis de découpes 62 permettant de dégager la partie supérieure de la colonnette
54, pour le serrage de la vis 50.
1. Roue aubagée de rotor d'une turbomachine, comprenant une gorge de réception (14) des
pieds des aubes associées à cette roue, ladite gorge étant pourvue d'une lèvre annulaire
amont et d'une lèvre annulaire aval définissant respectivement aux bords de la gorge
une cavité annulaire amont (20) et une cavité annulaire aval (21), du type dans laquelle
une telle lèvre annulaire comporte une encoche d'introduction (30) pour l'engagement
des pieds d'aubes dans ladite gorge de réception et dans laquelle des verrous (32)
sont installés dans ladite gorge de réception de part et d'autre de ladite encoche,
chaque verrou comportant une embase s'étendant entre les deux cavités annulaires amont
et aval, caractérisée en ce que, ladite cavité annulaire amont comportant une partie creusée (24) au delà du fond
de gorge, l'embase de chaque verrou comporte une nervure amont (60).
2. Roue aubagée selon la revendication 1, caractérisée en ce que, de façon connue en soi, des découpes de positionnement (36, 38) des verrous sont
prévues dans lesdites lèvres annulaires, de part et d'autre de ladite encoche (30)
et que lesdits verrous comportent des bossages de guidage (46, 48), de formes et dimensions
correspondant à celles des découpes avec lesquelles ils coopèrent
3. Roue aubagée selon la revendication 1 ou 2, caractérisée en ce que ladite nervure (60) est définie par le prolongement d'une facette plane (57) inclinée
de ladite embase.
4. Roue aubagée selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que ledit verrou comporte deux échancrures d'allègement (56) pratiquées de part et d'autre
de ladite embase.
5. Roue aubagée selon la revendication 4, caractérisée en ce qu'un trou taraudé (52) est ménagé sensiblement au centre de ladite embase.