[0001] L'invention concerne un acier inoxydable ferritique, dit à 19%Cr stabilisé au niobium,
et son utilisation pour des pièces soumises à des températures élevées, en particulier
à plus de 950-1000°C.
[0002] Pour certaines applications telles que les pièces situées dans les parties chaudes
des lignes d'échappement pour l'automobile, on recherche simultanément une bonne résistance
à l'oxydation et une bonne tenue mécanique à haute température : caractéristiques
mécaniques élevées, bonnes tenues au fluage et à la fatigue thermique. La tenue mécanique
à haute température doit être également adaptée aux cycles thermiques associés aux
phases d'accélérations-décélérations des moteurs. En outre, certaines parties telles
que les collecteurs des gaz d'échappement requièrent une bonne formabilité à froid
pour être mises en forme par pliage ou par hydroformage.
[0003] Différentes nuances d'aciers inoxydables austénitiques ou ferritiques ont été proposées
pour répondre aux exigences spécifiques des différentes zones de la ligne d'échappement.
On a noté en particulier un développement de certaines nuances d'aciers inoxydables
ferritiques : Ceci est dû à leur coût moins élevé que celui des aciers austénitiques
ou réfractaires, ainsi qu'à leur meilleure tenue à l'oxydation cyclique, ce dernier
point résultant d'une différence de coefficient de dilatation entre l'acier et la
couche superficielle d'oxydes moindre pour les aciers ferritiques que pour les aciers
austénitiques. On connaît ainsi des aciers inoxydables ferritiques à 17%Cr stabilisés
avec 0,14% de titane et 0,5% de niobium (type EN 1.4509, AISI 441) Ce type de nuances
n'est cependant pas adapté aux parties les plus chaudes des lignes d'échappement lorsque
les températures sont supérieures à 950°C, car leur résistance au fluage est insuffisante
et l'oxydation à haute température se produit de façon excessive. On connaît également
des aciers inoxydables ferritiques à 14%Cr stabilisés avec 0,5% de niobium sans titane
(type EN 1.4595). Ceux-ci présentent une tenue à haute température équivalente à celle
des nuances précédentes, mais une meilleure aptitude à la mise en forme. Cependant
la température maximale d'utilisation reste 950°C.
[0004] La présente invention a pour but de résoudre les problèmes évoqués ci-dessus. Elle
vise en particulier à mettre à disposition un acier inoxydable ferritique qui présente
une bonne tenue à chaud, c'est-à-dire une résistance élevée au fluage, à la fatigue
thermique et à l'oxydation à des températures d'utilisation périodique supérieures
à 950°C ainsi qu'une aptitude à la mise en forme à froid proche des nuances existantes.
[0005] Dans ce but, l'invention a pour objet une tôle d'acier inoxydable ferritique dont
la composition comprend, les teneurs étant exprimées en poids : C ≤ 0,03%, Mn≤1%,
0,3≤Si≤1%, S≤0,01%, P≤0,04%, 18%≤ Cr ≤22%, Ni ≤0,5%, Mo ≤2,5%, Cu≤0,5%, Ti≤0,02%,
Zr≤0,02%, Al≤0,02%, 0,2%≤Nb≤1%, V≤0,2%, N ≤ 0,03%, 0,005% ≤Co≤ 0,05%, Sn≤0,05%, le
reste de la composition étant constitué de fer et d'impuretés inévitables résultant
de l'élaboration, les teneurs en titane, aluminium et en zirconium satisfaisant à
la relation : Ti + Al + Zr ≤ 0,030%, les teneurs en silicium et chrome satisfaisant
à la relation : Cr + 5 Si ≥ 20%, les teneurs en niobium, carbone, azote et molybdène
satisfaisant à la relation : Mo+3 ( Nb- 7C- 7N) ≥ 1,5%, les teneurs en titane et en
vanadium satisfaisant à la relation : V +10 Ti ≥ 0,06%.
[0006] Préférentiellement, la tôle d'acier contient une précipitation intergranulaire comprenant
au moins 80% de composés Fe
2Nb
3 cubiques.
[0007] Préférentiellement encore, la fraction linéaire f de joints de grains ferritiques
présentant une précipitation de composés Fe
2Nb
3 cubiques, est supérieure ou égale à 5%.
[0008] Selon un mode préféré, la structure est entièrement recristallisée et la taille moyenne
de grain ferritique de l'acier est comprise entre 10 et 60 micromètres.
[0009] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'une tôle d'acier inoxydable
ferritique, selon lequel :
- on approvisionne un acier de composition ci-dessus,
- on procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier,
- on porte le demi-produit à une température supérieure à 1000°C,
- on lamine à chaud le demi-produit de façon à obtenir une tôle laminée à chaud,
- on lamine à froid la tôle, puis
- on recuit la tôle laminée à froid à une température TR comprise entre 1030 et 1130°C et pendant une durée tR comprise entre 10 secondes et 3 minutes.
[0010] Les paramètres T
R et t
R sont choisis de telle sorte que l'on obtient une structure complètement recristallisée
avec une taille de grain comprise entre 10 et 60 micromètres.
[0011] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'une pièce selon lequel
on approvisionne une tôle d'acier inoxydable ferritique fabriquée selon le procédé
ci-dessus, on forme la tôle pour obtenir une pièce, puis on soumet la pièce à un ou
plusieurs cycles thermiques dans un domaine de températures comprises entre 650 et
1050°C pendant une durée cumulée supérieure à 30 minutes.
[0012] L'invention a également pour objet l'utilisation d'une tôle d'acier selon les caractéristiques
décrites ci-dessus, ou fabriquée par le procédé décrit ci-dessus, pour la fabrication
de pièces soumises à une température d'utilisation périodique supérieure à 950°C,
et notamment de collecteurs d'échappement de gaz de combustion dans le domaine automobile,
de brûleurs, d'échangeurs à chaleur, d'enveloppes de turbocompresseurs, ou de chaudières.
[0013] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la
description ci-dessous donnée à titre d'exemple et faite en référence aux figures
jointes suivantes :
La figure 1 définit schématiquement la fraction linéaire f de joints de grains ferritiques
comportant une précipitation de Fe2Nb3 cubiques.
- La figure 2 présente l'influence de la fraction f sur le comportement en fluage.
- La figure 3 présente une observation en Microscopie Electronique en Transmission
de précipités cubiques Fe2Nb3 dans une tôle laminée à froid et recuite d'un acier selon l'invention, après traitement
de 100h à 1000°C.
- Les figures 4 et 5 présentent respectivement des clichés de diffraction électronique
et des clichés théoriques selon l'axe de zone de ces précipités Fe2Nb3.
- La figure 6 présente une observation en Microscopie Electronique en Transmission
de précipités hexagonaux Fe2Nb dans une tôle laminée à froid et recuite d'un acier de référence, après traitement
de 100h à 1000°C.
- Les figures 7 et 8 présentent respectivement des clichés de diffraction électronique
et des clichés théoriques selon l'axe de zone de ces précipités Fe2Nb.
[0014] En ce qui concerne la composition chimique de l'acier, le carbone augmente les caractéristiques
mécaniques à haute température, en particulier la résistance au fluage. Cependant,
en raison de sa solubilité très faible dans la ferrite, le carbone tend à précipiter
sous forme de carbures M
23C
6 ou M
7C
3 à une température inférieure à 900°C environ. Cette précipitation généralement située
aux joints de grains peut conduire à un appauvrissement en chrome au voisinage de
ces joints et donc à une sensibilisation à la corrosion intergranulaire. Cette sensibilisation
peut se rencontrer en particulier dans les Zones Affectées par la Chaleur en soudage
qui ont été réchauffées à très haute température. La teneur en carbone doit donc être
limitée à 0,03% pour obtenir une résistance satisfaisante à la corrosion intergranulaire
ainsi que pour ne pas diminuer la formabilité. De plus, la teneur en carbone doit
satisfaire à une relation avec le molybdène, le niobium et l'azote, comme il sera
expliqué plus loin.
[0015] Le manganèse accroît les caractéristiques mécaniques. Au delà de 1 % en poids, la
cinétique d'oxydation à chaud devient cependant trop rapide et une couche d'oxyde
moins compacte se développe, formée de spinelle avec de la chromine.
[0016] Comme le chrome, le silicium est un élément très efficace pour accroître la résistance
à l'oxydation lors de cycles thermiques. Pour assurer ce rôle, une teneur minimale
de 0,3% en poids est nécessaire. Les inventeurs ont également mis en évidence que
les teneurs pondérales en chrome et en silicium devaient obéir à la relation : Cr
+ 5 Si ≥ 20%, de façon à obtenir une bonne résistance à l'oxydation cyclique à 1000°C.
[0017] Cependant, pour ne pas diminuer l'aptitude au laminage à chaud et la mise en forme
à froid, la teneur en silicium doit être limitée à 1% en poids.
[0018] Le soufre et le phosphore sont des impuretés qui diminuent la ductilité à chaud et
la formabilité. Le phosphore ségrége facilement aux joints de grains et diminue leur
cohésion. A ce titre, les teneurs en soufre et phosphore doivent être respectivement
inférieures ou égales à 0,01 et 0,04% en poids.
[0019] Le chrome est un élément essentiel pour la stabilisation de la phase ferritique et
pour accroître la résistance à l'oxydation. En liaison avec les autres éléments de
la composition, sa teneur minimale doit être supérieure ou égale à 18% afin d'obtenir
une structure ferritique à toute température et d'obtenir une bonne résistance à l'oxydation
cyclique. Sa teneur maximale ne doit pas cependant excéder 22% sous peine d'augmenter
excessivement la résistance mécanique à l'ambiante et de diminuer consécutivement
l'aptitude à la mise en forme.
[0020] Le nickel est un élément gammagène qui augmente la ductilité de l'acier. Afin de
conserver une structure monophasée ferritique, sa teneur doit être inférieure ou égale
à 0,5% en poids.
[0021] Le molybdène accroît non seulement la résistance à haute température mais aussi la
résistance à l'oxydation. Cependant, au delà de 2,5% en poids de Mo, la limite d'élasticité
et la résistance à température ambiante sont accrues de façon excessive, la ductilité
et l'aptitude à la mise en forme diminuent. Comme on le verra plus loin, le molybdène
doit également satisfaire à une relation conjointement avec le niobium, le carbone
et l'azote, pour obtenir une résistance mécanique et une résistance au fluage satisfaisantes
à 1000°C ainsi qu'une résistance à la fatigue thermique entre 100°C et 1000°C.
[0022] Le cuivre a un effet durcissant à chaud. En quantité excessive, il diminue cependant
la ductilité lors du laminage à chaud. A ce titre, la teneur en cuivre doit donc être
inférieure ou égale à 0,5% en poids.
[0023] Les inventeurs ont mis en évidence que les teneurs en titane, en aluminium et en
zirconium doivent être conjointement limitées afin d'obtenir une précipitation plus
intense de Fe
2Nb
3 cubiques : cette précipitation de composés intermétalliques intervenant à haute température,
permet d'obtenir une bonne tenue à l'oxydation cyclique et au fluage à 1000°C. Dans
ce but, les teneurs pondérales en Ti, Zr, Al, doivent être limitées à 0,02% chacune,
et la somme de leurs teneurs doit être telle que : Ti+Al+Zr≤ 0,030%. Dans le cas contraire,
le niobium précipite, non pas sous forme de Fe
2Nb
3, mais à partir de 650°C sous forme de composés Fe
2Nb, moins efficaces pour résister au fluage.
[0024] Le niobium est un élément important de l'invention. Usuellement, cet élément peut
être utilisé comme élément stabilisant dans les aciers inoxydables ferritiques : en
effet, le phénomène de sensibilisation mentionné ci-dessus peut être évité par l'addition
d'éléments formant des carbures ou des carbonitrures très stables thermiquement. De
cette façon, on réduit le plus possible le carbone et l'azote en solution et on évite
ainsi une précipitation ultérieure de carbures et de nitrures de chrome. Le niobium
(ainsi que le titane et, dans une moindre mesure, le zirconium et le vanadium) fixe
donc de façon stable le carbone et l'azote.
[0025] Mais le niobium se combine également avec le fer pour former certains composés intermétalliques
dans l'intervalle 650°C-1050°C: les inventeurs ont mis en évidence qu'une précipitation
intergranulaire de Fe
2Nb
3 cubique intervenant à haute température pouvait être mise à profit pour augmenter
les propriétés mécaniques à chaud. Ceci nécessite cependant les conditions suivantes
:
Si la teneur en Nb total de l'acier est inférieure à 0,2%, l'acier est insuffisamment
stabilisé et la quantité de Fe2Nb3 précipité est insuffisante pour obtenir les propriétés visées à haute température.
[0026] Pour obtenir cette précipitation favorable du niobium, les inventeurs ont également
mis en évidence l'importance de la teneur en niobium effectif, désignée par ΔNb :
le niobium effectif désigne la quantité de niobium en solution solide disponible pour
précipiter avec le fer, en faisant l'hypothèse que le carbone et l'azote ont totalement
précipité avec le niobium sous forme de carbonitrures NbCN. Dans ces conditions :
ΔNb= Nb -7C - 7N
[0027] Pour garantir une résistance mécanique et une résistance au fluage à 1000°C satisfaisantes,
ainsi qu'une résistance à la fatigue thermique entre 100°C et 1000°C, les inventeurs
ont mis en évidence que les teneurs en Mo et en ΔNb devaient excéder une valeur particulière
de façon que :

[0028] Cependant, il convient par ailleurs de limiter les additions de niobium : Lorsque
la teneur en niobium est supérieure à 1% en poids, le durcissement obtenu est trop
important, l'acier est moins facilement déformable et la recristallisation après laminage
à froid est plus difficile.
[0029] Le vanadium est un élément qui augmente la résistance à haute température. Afin d'assurer
une adhérence satisfaisante de la couche d'oxyde formée lors de l'utilisation à haute
température et de garantir une bonne tenue à l'oxydation, les inventeurs ont mis en
évidence que les teneurs en titane et vanadium doivent satisfaire à la relation :
V +10 Ti ≥ 0,06%. Il convient cependant de limiter la teneur en vanadium à 0,2% pour
ne pas diminuer la formabilité.
[0030] Comme le carbone, l'azote augmente les caractéristiques mécaniques. Cependant, l'azote
tend à précipiter aux joints de grains sous forme de nitrures, réduisant ainsi la
résistance à la corrosion. Afin de limiter les problèmes de sensibilisation, la teneur
en azote doit être inférieure ou égale à 0,03%.
[0031] Le cobalt est un élément durcissant à chaud mais qui dégrade la formabilité :
A cet effet sa teneur doit être comprise entre 0,005% et 0,05% en poids.
Afin d'éviter les problèmes de forgeabilité à chaud, la teneur en étain doit être
inférieure ou égale à 0,05%.
[0032] Selon l'invention, la taille moyenne de grain de l'acier dans l'état de livraison
est comprise entre 10 et 60 micromètres, la précipitation ultérieure de composés intermétalliques
permettant aussi de stabiliser la taille de grain lors de l'utilisation. Une taille
de grain inférieure à 10 micromètres a un effet néfaste sur le fluage intergranulaire.
Une taille de grain supérieure à 60 micromètres va conduire à l'apparition d'irrégularités
de surface inesthétiques, ou « peau d'orange », lors de la mise en forme à la température
ambiante.
[0033] Les aciers selon l'invention comportent une précipitation intergranulaire de composés
Fe
2Nb
3 de structure cubique, après un traitement thermique compris entre 650°C et 1050°C
pendant un temps supérieur à 30minutes. Selon l'invention, les précipités Fe
2Nb
3 sont très majoritaires parmi les précipités intergranulaires, c'est-à-dire représentent
plus de 80% de la population intergranulaire. La nature et la répartition de ces précipités
sont très favorables pour résister au fluage, en comparaison de précipités Fe
2Nb, ou phases de Laves. Les composés Fe
2Nb qui précipitent sous forme intra- ou intergranulaire ne sont stables que jusqu'à
950°C, contrairement aux précipités Fe
2Nb
3 stables jusqu'à 1050°C.
[0034] Selon l'invention, la structure de l'acier dans l'état de livraison est totalement
recristallisée : de la sorte, la précipitation ultérieure des composés Fe
2Nb
3 intervient de façon très homogène.
[0035] Les inventeurs ont mis en évidence que l'efficacité des composés Fe
2Nb
3 cubiques était particulièrement accrue lorsque la fraction linéaire de joints de
grains ferritiques qui présentaient une précipitation de ces composés, était supérieure
ou égale à 5%. La définition de cette fraction linéaire f est donnée à la figure 1
: Si l'on considère un grain particulier dont le contour est limité par des joints
de grains successifs de longueur L
1, L
2, .. L
i, les observations en microscopie électronique montrent que ce grain peut comporter
des précipités Fe
2Nb
3 le long des joints sur une longueur d
1, ..d
i... En considérant une surface (S) statistiquement représentative de la microstructure,
par exemple composée de plus de 50 grains, on définit la fraction linéaire comportant
des précipités de Fe
2Nb
3 par l'expression f :

désigne la longueur totale des joints de grains comportant des précipités Fe
2Nb
3, relativement à la surface (S) considérée.

représente la longueur totale des joints de grains relativement à la surface (S)
considérée.
[0036] L'expression f traduit donc le taux de recouvrement des joints de grains ferritiques
par une précipitation de Fe
2Nb
3 cubiques. Les inventeurs ont mis en évidence, comme le présente la figure 2, que
la résistance au fluage lors d'un essai dit « sag-test », était très nettement améliorée
lorsque la fraction linéaire de précipités Fe
2Nb
3 cubiques était supérieure ou égale à 5% : dans ces conditions, ces précipités jouent
un rôle très efficace d'ancrage des joints et ralentissent le fluage.
[0037] La mise en oeuvre du procédé de fabrication d'une tôle d'acier inoxydable ferritique
selon l'invention pourra notamment être la suivante :
- On approvisionne un acier de composition selon l'invention
- On procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier. Cette coulée peut
être réalisée en lingot ou encore sous forme de brame produite par coulée continue
(épaisseur allant généralement de quelques dizaines de millimètres pour les brames
minces à quelques centaines de millimètres pour les brames classiques) ou de bandes
minces entre cylindres d'acier contrarotatifs. Les demi-produits coulés sont tout
d'abord portés à une température supérieure à 1000°C pour atteindre en tout point
une température favorable aux déformations élevées que va subir l'acier lors du laminage
à chaud.
[0038] On décape puis on lamine ensuite la tôle dans les conditions usuelles, en appliquant
par exemple un taux de réduction de 30 à 90%. On recuit ensuite la tôle laminée à
froid à une température T
R et pendant une durée t
R.
[0039] Ces paramètres T
R et t
R sont choisis de telle sorte que l'on obtienne une recristallisation complète avec
une taille moyenne de grain ferritique comprise entre 10 et 60 micromètres. Un accroissement
de T
R et de t
R augmente le taux de recristallisation ainsi que la taille moyenne de grain. Une température
T
R comprise entre 1030 et 1130°C et un temps t
R compris entre 10 secondes et 3 minutes permettent d'obtenir simultanément une recristallisation
complète et une taille moyenne de grain ferritique comprise entre 10 et 60 micromètres.
[0040] A ce stade, la tôle d'acier est à l'état de livraison. Une pièce peut être alors
fabriquée à partir de cette tôle d'acier en mettant en oeuvre des modes usuels de
déformation, tels qu'emboutissage, hydroformage ou pliage. Lorsque l'on met en oeuvre
la tôle d'acier à l'état de livraison avec une taille de grain ferritique comprise
entre 10 et 60 micromètres, celle-ci présente simultanément une bonne résistance à
la formation d'irrégularités de surface lors d'une mise en forme à froid et une bonne
résistance au fluage lors de son utilisation à haute température.
[0041] Lors de la mise en service ultérieure de la pièce, un ou plusieurs cycles thermiques
dans un domaine de températures comprises entre 650 et 1050°C pendant une durée cumulée
supérieure à 30 minutes, conduisent à une précipitation de Fe
2Nb
3 et un accroissement de la résistance au fluage.
[0042] Cette résistance est particulièrement élevée lorsque la fraction linéaire f de joints
de grains ferritiques comportant une précipitation des composés Fe
2Nb
3 est supérieure ou égale à 5%.
Exemple :
[0043] A titre d'exemple non limitatif, les résultats suivants vont montrer les caractéristiques
avantageuses conférées par l'invention.
[0044] On a élaboré des aciers dont la composition exprimée en pourcentage pondéral, figure
au tableau 1 ci-dessous. Outre les aciers I1 à I4 selon l'invention, on a indiqué
à titre de comparaison la composition d'aciers de référence R1 à R6. On a également
porté au tableau 2, la valeur des expressions : Ti + AI + Zr, Cr + 5 Si, Mo+3 (Nb-
7C- 7N), V +10 Ti, pour chacune des compositions ci-dessus.
[0045] Après coulée, ces aciers ont été réchauffés à une température supérieure à 1000°C,
laminés à chaud jusqu'à une épaisseur de 3mm, décapés puis laminés à froid jusqu'à
une épaisseur de 1,5mm. Les tôles d'acier ont été ensuite recuites à une température
de 1100°C pendant une durée de 30 secondes.
Tableau 1 : Compositions d'aciers (% poids).
| |
Acier |
C |
Mn |
Si |
S |
P |
Cr |
Ni |
Mo |
Cu |
Ti |
Zr |
Al |
Nb |
V |
N |
Co |
Sn |
| Invention |
I1 |
0,016 |
0,290 |
0,814 |
0,003 |
0,024 |
19,098 |
0,077 |
2,015 |
0,04 |
0,005 |
0,001 |
0,006 |
0,495 |
0,1 |
0,018 |
0,02 |
0,004 |
| I2 |
0,016 |
0,293 |
0,831 |
0,001 |
0,015 |
19,070 |
0,073 |
2,010 |
0,04 |
0,006 |
0,001 |
0,006 |
0,700 |
0,1 |
0,019 |
0,02 |
0,004 |
| I3 |
0,016 |
0,281 |
0,814 |
0,001 |
0,017 |
19,040 |
0,136 |
0,978 |
0,04 |
0,006 |
0,001 |
0,006 |
0,482 |
0,1 |
0,019 |
0,02 |
0,004 |
| I4 |
0,017 |
0,289 |
0,810 |
0,002 |
0,019 |
21,010 |
0,154 |
2,021 |
0,04 |
0,006 |
0,001 |
0,006 |
0,484 |
0,1 |
0,018 |
0,02 |
0,004 |
| Référence |
R1 |
0,016 |
0,293 |
0,823 |
0,001 |
0,014 |
19,050 |
0,158 |
2,015 |
0,04 |
0,002 |
0,001 |
0,006 |
0,540 |
0,02 |
0,018 |
0,02 |
0,004 |
| R2 |
0,016 |
0,272 |
0,850 |
0,001 |
0,019 |
19,100 |
0,161 |
2,015 |
0,04 |
0,001 |
0,001 |
0,006 |
0,520 |
0,001 |
0,018 |
0,02 |
0,004 |
| R3 |
0,019 |
0,294 |
0,829 |
0,003 |
0,020 |
19,050 |
0,154 |
2,022 |
0,04 |
0,160 |
0,001 |
0,006 |
0,519 |
0,1 |
0,024 |
0,02 |
0,004 |
| R4 |
0,016 |
0,296 |
0,823 |
0,001 |
0,019 |
19,010 |
0,087 |
2,024 |
0,04 |
0,006 |
0,100 |
0,006 |
0,513 |
0,1 |
0,019 |
0,02 |
0,004 |
| R5 |
0,025 |
0,500 |
0,500 |
0,002 |
0,021 |
17,750 |
0,124 |
0,036 |
0,04 |
0,130 |
0,001 |
0,006 |
0,560 |
0,1 |
0,016 |
0,02 |
0,004 |
| R6 |
0,01 |
0,200 |
0,500 |
0,001 |
0,028 |
14,500 |
0,095 |
0,002 |
0,04 |
0,020 |
0,001 |
0,006 |
0,400 |
0,1 |
0,013 |
0,02 |
0,004 |
I= Selon l'invention. R= référence
Valeurs soulignées : non conformes à l'invention |
Tableau 2 : Valeur des expressions : Ti + Al + Zr, Cr + 5 Si,
| |
Acier |
Ti+Al+Zr (%) |
Mo+3(Nb-7C-7N) (%) |
Cr+5xSi (%) |
V+10Ti (%) |
| Invention |
I1 |
0,012 |
2,782 |
23,168 |
0,150 |
| I2 |
0,013 |
3,396 |
23,225 |
0,160 |
| I3 |
0,013 |
1,700 |
23,110 |
0,160 |
| I4 |
0,013 |
2,755 |
25,060 |
0,160 |
| Référence |
R1 |
0,009 |
2,921 |
23,165 |
0,040 |
| R2 |
0,008 |
2,855 |
23,350 |
0,011 |
| R3 |
0,167 |
2,674 |
23,195 |
1,700 |
| R4 |
0,112 |
2,839 |
23,125 |
0,160 |
| R5 |
0,137 |
0,855 |
20,250 |
1,400 |
| R6 |
0,027 |
0,725 |
17,000 |
0,300 |
Mo+3 ( Nb- 7C- 7N), V +10 Ti, pour les compositions du tableau 1.
Valeurs soulignées : non conformes à l'invention |
[0046] Le tableau 3 présente le résultat d'un certain nombre d'essais effectués à hautes
températures sur ces aciers ou d'observations réalisées après ces cycles à hautes
températures. Ces essais sont destinés à apprécier le comportement mécanique, particulièrement
dans des conditions d'utilisation à température supérieure ou égale à 950°C :
- après avoir soumis les tôles d'aciers à une température de 1000°C pendant une durée
de 100h, on a examiné l'état de précipitation par Microscopie Electronique en Transmission.
Des analyses par spectrométrie à dispersion d'énergie (EDS) ont été effectuées pour
déterminer les éléments composant ces précipités. Des clichés de diffraction électronique
(figure 4) ont été comparés à des clichés théoriques selon l'axe de zone (figure 5)
- On a effectué des essais de traction mécanique à 950°C et 1000°C selon la norme ASTM
E21-92, et mesuré la résistance mécanique Rm. La tenue mécanique à chaud est considérée comme insuffisante lorsque Rm est inférieure à 18 MPa à 950°C ou lorsque Rm est inférieure à 10MPa à 1000°C.
- La résistance à la fatigue thermique a été évaluée grâce un test consistant à soumettre
une éprouvette bridée de 1,5mm d'épaisseur à un cyclage thermique dont les températures
minimale et maximale sont égales à 100°C et 1000°C. On mesure le nombre de cycles
jusqu'à rupture. Le résultat est jugé satisfaisant lorsque le nombre de cycles à rupture
dépasse 3500.
- La tenue au fluage a été mesurée au moyen d'un essai, dit «sag test » : un échantillon
de 1,5mm d'épaisseur posé sur deux appuis ponctuels écartés de 200 mm est porté à
1000°C. On mesure la flèche après 100 h de maintien en température. Le résultat est
considéré comme non satisfaisant lorsque la flèche excède 10 mm.
- La résistance à l'oxydation cyclique a été mesurée par la perte de masse, après enlèvement
de l'oxyde, d'une éprouvette après 600 cycles entre la température ambiante et 1000°C,
le cycle comprenant un temps de maintien de 20 minutes à 1000°C pour une durée totale
de cycle de 30min. Le résultat est insuffisant lorsque la perte de masse est supérieure
à 40 g/cm2.
Tableau 3 : Résultats d'observations ou d'essais effectués sur les aciers du tableau
1
| |
Acier |
Présence intergranulaire de Fe2Nb3 cubiques>80% |
Résistance fatigue mécanique Rm à 950°C et 1000°C |
Résistance à la thermique entre 100°C et 1000°C |
Tenue au fluage à 1000°C-100h |
Résistance à l'oxydation cyclique à 1000°C |
| Invention |
I1 |
○ |
○ |
○ |
○ |
○ |
| I2 |
○ |
○ |
○ |
○ |
○ |
| I3 |
○ |
○ |
○ |
○ |
○ |
| I4 |
○ |
○ |
○ |
○ |
○ |
| Référence |
R1 |
○ |
○ |
● |
○ |
● |
| R2 |
○ |
○ |
● |
○ |
● |
| R3 |
● |
○ |
○ |
● |
● |
| R4 |
● |
○ |
○ |
● |
● |
| R5 |
● |
● |
● |
● |
● |
| R6 |
○ |
● |
● |
● |
● |
 : Résultats satisfaisants
 : Résultats non satisfaisants |
[0047] Dans les aciers selon l'invention, le recristallisation est complète et la taille
moyenne de grain ferritique est comprise entre 10 et 60 micromètres.
[0048] La figure 3 annexée illustre les précipités observés après essais de fluage à 1000°C
dans les coulées I1, I2, I3 et I4 selon l'invention. On note la présence de précipités
intra- et surtout intergranulaires, recouvrant une grande partie des joints de grains
ferritiques. Des analyses par spectrométrie à dispersion d'énergie (EDS) et de longueur
d'onde (WDS) révèlent que plus de 80% de ces précipités sont constitués de niobium
et de fer, de stoechiométrie Fe
2Nb
3, et qu'ils ne contiennent ni carbone et ni azote. Afin d'identifier ces précipités,
des clichés de diffraction électronique (figure 4) ont été comparés à des clichés
théoriques selon l'axe de zone (figure 5): ces précipités sont des composés intermétalliques
Fe
2Nb
3 cubiques, dont le paramètre de maille est a=1,13 nanomètre.
[0049] Par comparaison, la figure 6 présente des précipités observés dans les aciers de
référence R3, R4 et R5. Le taux de recouvrement des joints de grains ferritiques par
ces précipités est très faible après essais de fluage à 1000°C. Des clichés expérimentaux
de diffraction électronique et les clichés théoriques selon l'axe de zone de ces précipités
sont portés respectivement aux figures 7 et 8. L'analyse EDS et les examens de diffraction
révèlent qu'il s'agit de précipités de Fe
2Nb, ou phase de Laves, de réseau hexagonal.
[0050] Les aciers I1 à I4 selon l'invention combinent de bonnes propriétés mécaniques à
chaud : résistance mécanique, résistance au fluage, à la fatigue thermique et à l'oxydation
cyclique.
[0051] Les aciers R1 et R2 présentent une combinaison de titane et de vanadium insuffisante
: les résistances à l'oxydation cyclique et à la fatigue thermique ne sont pas satisfaisantes
en raison du manque d'adhésion des couches d'oxydes avec l'acier substrat.
[0052] Dans les aciers R3, R4 et R5 de référence, les teneurs en Ti ou en Zr, en Ti+AI+Zr
sont excessives, ce qui ne permet pas la précipitation du niobium sous forme de Fe
2Nb3 : c'est au contraire Fe
2Nb qui précipite vers 650-800°C lors de l'utilisation à haute température. Ces précipités
relativement grossiers, présents en faible quantité aux joints de grains et totalement
remis en solution à des températures supérieures à 950°C, sont peu efficaces pour
améliorer la tenue au fluage. Par comparaison, les précipités Fe
2Nb
3 des aciers selon l'invention sont plus stables, même au delà de 950°C. Corrélativement
la tenue au fluage et la résistance à l'oxydation cyclique des aciers R3 à R5 sont
insuffisantes.
[0053] L'acier R5 a également une teneur excessive en titane et une combinaison (Ti+Al+Zr)
non satisfaisante. De plus, sa combinaison : Mo+3ΔNb, est insuffisante. En conséquence,
l'acier ne présente pas de propriétés mécaniques satisfaisantes à haute température,
en particulier de fluage.
[0054] L'acier R6 présente une teneur insuffisante en chrome ainsi que des combinaisons
: Mo+3ΔNb, Cr+5%Si insuffisantes. En dépit de la présence de composés Fe
2Nb
3, les propriétés de résistance à l'oxydation et les propriétés mécaniques à haute
température sont insuffisantes.
[0055] Les aciers selon l'invention seront utilisés avec profit pour la fabrication de pièces
soumises à une température d'utilisation périodique supérieure à 950°C, et notamment
de collecteurs d'échappement de gaz de combustion dans le domaine automobile, de brûleurs,
d'échangeurs à chaleur ou d'enveloppes de turbocompresseurs, de chaudières.