[0001] L'invention concerne la fabrication de tôles laminées à chaud d'aciers dits « multiphasés
», présentant simultanément une très haute résistance et une capacité de déformation
permettant de réaliser des opérations de mise en forme à froid. L'invention concerne
plus précisément des aciers à microstructure majoritairement bainitique présentant
une résistance supérieure à 1200 MPa et un rapport limite d'élasticité/résistance
inférieur à 0,75. Le secteur automobile et l'industrie générale constituent notamment
des domaines d'application de ces tôles d'aciers laminées à chaud.
[0002] Il existe en particulier dans l'industrie automobile un besoin continu d'allègement
des véhicules et d'accroissement de la sécurité. C'est ainsi que l'on a proposé plusieurs
familles d'aciers offrant différents niveaux de résistance :
[0003] On a tout d'abord proposé des aciers comportant des éléments de micro-alliage dont
le durcissement est obtenu simultanément par précipitation et par affinement de la
taille de grains. Le développement de ces aciers a été suivi par celui d'aciers «
Dual-Phase » où la présence de martensite au sein d'une matrice ferritique permet
d'obtenir une résistance supérieure à 450MPa associée à une bonne aptitude au formage
à froid.
[0004] Dans le but d'obtenir des niveaux de résistance encore supérieurs, on a développé
des aciers présentant un comportement « TRIP » (Transformation Induced Plasticity
») avec des combinaisons de propriétés (résistance-aptitude à la déformation) très
avantageuses : ces propriétés sont liées à la structure de ces aciers constituée d'une
matrice ferritique comportant de la bainite et de l'austénite résiduelle. L'austénite
résiduelle est stabilisée grâce à une addition de silicium ou d'aluminium, ces éléments
retardant la précipitation des carbures dans l'austénite et dans la bainite. La présence
d'austénite résiduelle confère une ductilité élevée à une tôle non déformée. Sous
l'effet d'une déformation ultérieure, par exemple lors d'une sollicitation uniaxiale,
l'austénite résiduelle d'une pièce en acier TRIP se transforme progressivement en
martensite, ce qui se traduit par une consolidation importante et retarde l'apparition
d'une striction.
[0005] Pour atteindre une résistance encore plus élevée, c'est à dire un niveau supérieur
à 800-1000 MPa, on a développé des aciers multiphasés à structure majoritairement
bainitiques : dans l'industrie automobile ou dans l'industrie générale, ces aciers
sont utilisés avec profit pour des pièces structurales telles que traverses de pare-chocs,
montants, renforts divers, pièces d'usures résistantes à l'abrasion. L'aptitude à
la mise en forme de ces pièces requiert cependant simultanément un allongement suffisant,
supérieur à 10% ainsi qu'un rapport (limite d'élasticité/résistance) pas trop élevé
de façon à disposer d'une réserve de plasticité suffisante.
[0006] Le brevet
US 6,364,968 décrit la fabrication de tôles laminées à chaud micro-alliées au niobium ou au titane,
d'une résistance supérieure à 780MPa de structure bainitique ou bainito-martensitique
comportant au moins 90% de bainite avec une taille de grain inférieure à 3 micromètres
: les exemples de réalisation dans le brevet montrent que la résistance obtenue dépasse
à peine 1200MPa, conjointement à un rapport Re/R
m supérieur à 0,75. On note également que les carbures présents dans ce type de structure
très majoritairement bainitique conduisent à un endommagement mécanique en cas de
sollicitation, par exemple dans des essais d'expansion de trous.
[0007] Le brevet
US 4,472,208 décrit également la fabrication de tôles d'acier laminées à chaud micro-alliées au
titane à structure majoritairement bainitique, comprenant au moins 10% de ferrite,
et préférentiellement 20 à 50% de ferrite, ainsi qu'une précipitation de carbures
de titane TiC. En raison de l'importante quantité de ferrite, la résistance des nuances
fabriquées selon cette invention est cependant inférieure à 1000MPa, valeur qui peut
être insuffisante pour certaines applications.
[0008] Le brevet
JP2004332100 décrit la fabrication de tôles laminées à chaud à résistance supérieure à 800 MPa,
à structure majoritairement bainitique, contenant moins de 3% d'austénite résiduelle.
Afin d'obtenir des valeurs élevées de résistance, des additions coûteuses de niobium
doivent cependant être effectuées.
[0009] Le brevet
JP2004190063 décrit la fabrication de tôles d'acier laminées à chaud à haute résistance dont le
produit résistance-allongement est supérieur à 20000 MPa.%, et contenant de l'austénite.
Ces aciers contiennent cependant des additions coûteuses de cuivre, en relation avec
la teneur en soufre.
[0010] La présente invention a pour but de résoudre les problèmes évoqués ci-dessus. Elle
vise à mettre à disposition un acier laminé à chaud présentant une résistance mécanique
supérieure à 1200 MPa conjointement avec une bonne formabilité à froid, un rapport
Re/R
m inférieur à 0,75, un allongement à rupture supérieur à 10%. L'invention vise également
à mettre à disposition un acier peu sensible à l'endommagement lors de la découpe
par un procédé mécanique.
[0011] Elle vise également à disposer d'un acier présentant une bonne ténacité de façon
à résister à la propagation brutale d'un défaut, notamment en cas de sollicitation
dynamique. On recherche une énergie de rupture Charpy V supérieure à 28 Joules à 20°C.
Elle vise également à disposer d'un acier présentant une bonne aptitude au soudage
au moyen des procédés d'assemblage usuels dans une gamme d'épaisseur allant de 1 à
plus de 30 millimètres, notamment lors du soudage par résistance par points ou à l'arc,
en particulier en soudage MAG (« Metal Active Gas »). L'invention vise également à
mettre à disposition un acier dont la composition ne comporte pas d'élément de micro-alliage
coûteux tels que le titane, le niobium ou le vanadium. De la sorte, le coût de fabrication
est abaissé et les schémas de fabrication thermomécaniques sont simplifiés. Elle vise
encore à mettre à disposition un acier présentant une limite d'endurance en fatigue
très élevée. L'invention vise de plus à mettre à disposition un procédé de fabrication
dont de faibles variations des paramètres n'entraînent pas de modifications importantes
de la microstructure ou des propriétés mécaniques.
[0012] Dans ce but, l'invention a pour objet une tôle d'acier laminée à chaud de résistance
supérieure à 1200 MPa, de rapport Re/R
m inférieur à 0,75, d'allongement à rupture supérieur à 10%, dont la composition contient,
les teneurs étant exprimées en poids : 0,10% ≤ C ≤ 0,25%, 1%≤ Mn ≤ 3%, Al ≥ 0,015
%, Si≤1,985%, Mo ≤ 0,30%, Cr ≤ 1,5%, S ≤ 0,015%, P≤ 0,1%, Co≤1,5%, B ≤ 0,005%, étant
entendu que 1% ≤Si+Al ≤2%, Cr+(3 x Mo) ≥0,3%, le reste de la composition étant constitué
de fer et d'impuretés inévitables résultant de l'élaboration, la microstructure de
l'acier étant constituée d'au moins 75% de bainite, d'austénite résiduelle en quantité
supérieure ou égale à 5%, et de martensite en quantité supérieure ou égale à 2%.
[0013] Préférentiellement, la teneur en carbone de la tôle d'acier est telle que : 0,10%
≤ C ≤ 0,15%.
[0014] Préférentiellement encore, la teneur en carbone est telle que : 0,15% < C ≤ 0,17%.
[0015] Selon un mode préféré, la teneur en carbone est telle que : 0,17% < C ≤ 0,22%.
[0016] Préférentiellement, la teneur en carbone est telle que : 0,22% < C ≤ 0,25%
[0017] Selon un mode de réalisation préféré, la composition de l'acier comprend :1% ≤Mn
≤ 1,5%.
[0018] Préférentiellement encore, la composition de l'acier est telle que : 1,5% <Mn ≤ 2,3%.
[0019] A titre préférentiel, la composition de l'acier comprend : 2,3% <Mn ≤ 3%
[0020] Selon un mode préféré, la composition de l'acier comprend : 1,2% ≤Si ≤ 1,8%.
[0021] Préférentiellement, la composition de l'acier comprend: 1,2% ≤Al ≤ 1,8%.
[0022] Selon un mode préféré, la composition de l'acier est telle que : Mo ≤0,010%.
[0023] L'invention a également pour objet une tôle d'acier dont la teneur en carbone de
l'austénite résiduelle est supérieure à 1% en poids.
[0024] L'invention a également pour objet une tôle d'acier, comportant des carbures entre
les lattes de bainite, dont le nombre N de carbures interlattes de taille supérieure
à 0,1 micromètre par unité de surface est inférieur ou égal à 50000/mm
2.
[0025] L'invention a également pour objet une tôle d'acier comportant des îlots de martensite-austénite
résiduelle, dont le nombre N
MA par unité de surface, d'îlots martensite-austénite résiduelle dont la taille maximale
L
max est supérieure à 2 micromètres et dont le facteur d'élongation

est inférieur à 4, est inférieur à 14000/mm
2.
[0026] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée
à chaud de résistance supérieure à 1200 MPa, de rapport Re/Rm inférieur à 0,75, d'allongement
à rupture supérieur à 10%,selon lequel :
- on approvisionne un acier de composition ci-dessus
- on procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier
- on porte le demi-produit à une température supérieure à 1150°C
- on lamine à chaud le demi-produit dans un domaine de température où la structure de
l'acier est entièrement austénitique,
- puis on refroidit la tôle ainsi obtenue à partir d'une température TDR située au dessus de Ar3 jusqu'à une température de transformation TFR de telle sorte que la vitesse de refroidissement primaire VR entre TDR et TFR soit comprise entre 50 et 90°C/s et que la température TFR soit comprise entre B'S et MS+50°C, B'S désignant une température définie par rapport à la température Bs de début de transformation
bainitique, et MS désignant la température de début de transformation martensitique, puis
- on refroidit la tôle à partir de la température TFR avec une vitesse de refroidissement secondaire V'R comprise entre 0,08°C/min et 600°C/min jusqu'à la température ambiante,
- la température B's étant égale à Bs lorsque la vitesse V'R est supérieure ou égale à 0,08°C/min et inférieure ou égale à 2°C/min
- la température B's étant égale à Bs+60°C lorsque la vitesse V'R est supérieure à 2°C/min et inférieure ou égale à 600°C/min
[0027] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée
à chaud selon lequel
- on approvisionne un acier de composition ci-dessus
- on procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier
- on porte le demi-produit à une température supérieure à 1150°C
- on lamine à chaud le demi-produit dans un domaine de température où la structure de
l'acier est entièrement austénitique,
- on ajuste la température de début de refroidissement primaire TDR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire TFR, la vitesse de refroidissement primaire VR entre TDR et TFR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'R de telle sorte que la microstructure de l'acier soit constituée d'au moins 75% de
bainite, d'austénite résiduelle en quantité supérieure ou égale à 5%, et de martensite
en quantité supérieure ou égale à 2%.
[0028] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication selon lequel on ajuste
la température de début de refroidissement primaire T
DR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire T
FR, la vitesse de refroidissement primaire V
R entre T
DR et T
FR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'
R, de telle sorte que la teneur en carbone de l'austénite résiduelle soit supérieure
à 1% en poids.
[0029] L'invention a également pour objet un procédé selon lequel on ajuste la température
de début de refroidissement primaire T
DR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire T
FR, la vitesse de refroidissement primaire V
R entre T
DR et T
FR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'
R de telle sorte que le nombre de carbures interlattes de taille supérieure à 0,1 micromètre
par unité de surface soit inférieur ou égal à 50000/mm
2.
[0030] L'invention a également pour objet un procédé selon lequel on ajuste la température
de début de refroidissement primaire T
DR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire T
FR, la vitesse de refroidissement primaire V
R entre T
DR et T
FR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'
R, de telle sorte que le nombre N
MA par unité de surface, d'îlots martensite-austénite résiduelle dont la taille maximale
L
max est supérieure à 2 micromètres et dont le facteur d'élongation

est inférieur à 4, soit inférieur à 14000/mm
2.
[0031] L'invention a également pour objet l'utilisation d'une tôle d'acier laminée à chaud
selon les caractéristiques décrites ci-dessus, ou fabriquée par un procédé selon l'un
des modes ci-dessus, pour la fabrication de pièces de structure ou d'éléments de renfort,
dans le domaine automobile.
[0032] L'invention a également pour objet l'utilisation d'une tôle d'acier laminée à chaud
selon les caractéristiques décrites ci-dessus, ou fabriquée par un procédé selon l'un
des modes ci-dessus, pour la fabrication de renforts et pièces de structure pour l'industrie
générale, et de pièces de résistance à l'abrasion.
[0033] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la
description ci-dessous, donnée à titre d'exemple et faite en référence aux figures
annexée ci-jointe selon lesquelles :
- La figure 1 présente une description schématique d'un mode de réalisation du procédé
de fabrication selon l'invention, en relation avec un diagramme de transformation
à partir de l'austénite.
- La figure 2 présente un exemple de microstructure d'une tôle d'acier selon l'invention.
[0034] Dans des conditions de refroidissement usuelles après laminage à chaud, un acier
contenant environ 0,2%C et 1,5%Mn se transforme, lors d'un refroidissement effectué
à partir de l'austénite, en bainite composée de lattes de ferrite et de carbures.
De plus, la microstructure peut contenir une quantité plus ou moins importante de
ferrite pro-eutectoïde formée à température relativement élevée. Cependant, la limite
d'écoulement de ce constituant est faible, si bien qu'il n'est pas possible d'obtenir
un niveau de résistance très élevé lorsque ce constituant est présent. Les aciers
selon l'invention ne comportent pas de ferrite pro-eutectoïde. De la sorte, la résistance
mécanique est accrue de façon importante, au delà de 1200MPa. Grâce aux compositions
selon l'invention, la précipitation de carbures interlattes est également retardée,
la microstructure est alors constituée de bainite, d'austénite résiduelle, et de martensite
résultant de la transformation de l'austénite. La structure présente de plus un aspect
de fins paquets bainitiques (un paquet désignant un ensemble de lattes parallèles
au sein d'un même ancien grain austénitique) dont la résistance et la ductilité sont
supérieures à celles de la ferrite polygonale. La taille des lattes de bainite est
de l'ordre de quelques centaines de nanomètres, la taille des paquets de lattes, de
l'ordre de quelques micromètres.
[0035] En ce qui concerne la composition chimique de l'acier, le carbone joue un rôle très
important sur la formation de la microstructure et sur les propriétés mécaniques:
A partir d'une structure austénitique formée à haute température après laminage d'une
tôle à chaud, une transformation bainitique intervient, et des lattes de ferrite bainitique
sont formées initialement au sein d'une matrice encore majoritairement austénitique.
En raison de la solubilité très inférieure du carbone dans la ferrite par rapport
à celle dans l'austénite, le carbone est rejeté entre les lattes. Grâce à certains
éléments d'alliage présents dans les compositions selon l'invention, en particulier
grâce aux additions combinées de silicium et d'aluminium, la précipitation de carbures,
notamment de cémentite, intervient de façon très limitée. Ainsi, l'austénite interlattes,
non encore transformée, s'enrichit progressivement en carbone pratiquement sans qu'une
précipitation significative de carbures n'intervienne à l'interface austénite-bainite.
Cet enrichissement est tel que l'austénite est stabilisée, c'est à dire que la transformation
martensitique de la plus grande partie de cette austénite n'intervient pratiquement
pas lors du refroidissement jusqu'à la température ambiante. Une quantité limitée
de martensite apparaît sous forme d'îlots, contribuant à l'augmentation de la résistance.
[0036] Le carbone retarde également la formation de la ferrite pro-eutectoïde dont la présence
doit être évitée pour obtenir des niveaux élevés de résistance mécanique.
[0037] Selon l'invention, la teneur en carbone est comprise entre 0,10 et 0,25% en poids
: Au dessous de 0,10%, une résistance suffisante ne peut pas être obtenue et la stabilité
de l'austénite résiduelle n'est pas satisfaisante. Au delà de 0,25%, la soudabilité
est réduite par en raison de la formation de microstructures de faible ténacité dans
la Zone Affectée par la Chaleur ou dans la zone fondue en conditions de soudage autogène.
[0038] Selon un premier mode préféré, la teneur en carbone est comprise entre 0,10 et 0,15%
: au sein de cette plage, la soudabilité est très satisfaisante et la ténacité obtenue
est particulièrement élevée. La fabrication par coulée continue est particulièrement
aisée en raison d'un mode de solidification favorable.
[0039] Selon un second mode préféré, la teneur en carbone est supérieure à 0,15% et inférieure
ou égale à 0,17% : au sein de cette plage, la soudabilité est satisfaisante et la
ténacité obtenue est élevée.
[0040] Selon un troisième mode préféré, la teneur en carbone est supérieure à 0,17% et inférieure
ou égale à 0,22%: cette gamme de compositions combine de façon optimale des propriétés
de résistance d'une part, de ductilité, de ténacité et de soudabilité d'autre part.
[0041] Selon un quatrième mode préféré, la teneur en carbone est supérieure à 0,22% et inférieure
ou égale à 0,25% : on obtient de la sorte les niveaux de résistance mécanique les
plus élevées au prix d'une légère diminution de la ténacité.
[0042] En quantité comprise entre 1 et 3% en poids, une addition de manganèse, élément à
caractère gammagène, stabilise l'austénite en abaissant la température de transformation
Ar3. Le manganèse contribue également à désoxyder l'acier lors de l'élaboration en
phase liquide. L'addition de manganèse participe également à un durcissement efficace
en solution solide et à l'obtention d'une résistance accrue. Préférentiellement, le
manganèse est compris entre 1 et 1,5% : on combine de la sorte un durcissement satisfaisant
sans risque de formation de structure en bandes néfaste. Préférentiellement encore,
la teneur en manganèse est supérieure à 1,5% et inférieure ou égale à 2,3%. De la
sorte, les effets recherchés ci-dessus sont obtenus sans pour autant augmenter de
façon excessive la trempabilité dans les assemblages soudés. A titre également préférentiel,
le manganèse est supérieur à 2,3% et inférieur ou égal à 3%. Au delà de 3%, le risque
de précipitation de carbures ou de formation de structures en bandes néfaste, devient
trop important. Dans les conditions définies selon l'invention, en combinaison avec
les additions de molybdène et/ou de chrome, une résistance supérieure à 1300MPa peut
être obtenue.
[0043] Le silicium et l'aluminium, de façon conjointe, jouent un rôle important selon l'invention
.
[0044] Le silicium inhibe la précipitation de la cémentite lors du refroidissement à partir
de l'austénite en retardant considérablement la croissance des carbures : ceci provient
du fait que la solubilité du silicium dans la cémentite est très faible et que cet
élément augmente l'activité du carbone dans l'austénite : de la sorte, si un germe
éventuel de cémentite se forme à l'interface ferrite-austénite, le silicium est rejeté
à l'interface. L'activité du carbone est alors augmentée dans cette zone austénitique
enrichie en silicium. La croissance de la cémentite est alors ralentie puisque le
gradient de carbone entre la cémentite et la zone austénitique avoisinante est réduit.
Une addition de silicium contribue donc à stabiliser une quantité suffisante d'austénite
résiduelle sous forme de films fins qui augmentent localement la résistance à l'endommagement
et qui évitent la formation de carbures fragilisants.
[0045] L'aluminium est un élément très efficace pour la désoxydation de l'acier. A ce titre,
sa teneur est supérieure ou égale à 0,015%. Comme le silicium, il est très peu soluble
dans la cémentite et stabilise l'austénite résiduelle.
[0046] On a mis en évidence que les effets de l'aluminium et du silicium sur la stabilisation
de l'austénite sont très semblables: Lorsque les teneurs en silicium et en aluminium
sont telles que : 1%≤Si+Al≤2%, une stabilisation satisfaisante de l'austénite est
obtenue, qui permet de former les microstructures recherchées tout en conservant des
propriétés d'usage satisfaisantes. Compte tenu du fait que la teneur minimale en aluminium
est de 0,015%, la teneur en silicium est inférieure ou égale à 1,985%.
[0047] Préférentiellement, la teneur en silicium est comprise entre 1,2 et 1,8% : de la
sorte, on évite la précipitation de carbures et l'on obtient une excellente soudabilité
; on ne constate pas de fissuration en soudage MAG, avec une latitude suffisante en
termes de paramètres de soudage. Les soudures par résistance par points sont également
exemptes de défauts. Par ailleurs, comme le silicium stabilise la phase ferritique,
une quantité inférieure ou égale à 1,8% permet d'éviter la formation de ferrite pro-eutectoïde
indésirable. Une addition excessive de silicium provoque également la formation d'oxydes
fortement adhérents et l'apparition éventuelle de défauts de surface, conduisant notamment
à un manque de mouillabilité dans les opérations de galvanisation au trempé.
[0048] Préférentiellement encore, ces effets sont obtenus lorsque la teneur en aluminium
est comprise entre 1,2 et 1,8%. A teneur équivalente, les effets de l'aluminium sont
en effet très semblables à ceux constatés ci-dessus pour le silicium. Le risque d'apparition
de défauts superficiels est cependant réduit.
[0049] Le molybdène retarde la transformation bainitique, contribue au durcissement par
solution solide et affine également la taille des lattes bainitiques formées. Selon
l'invention, la teneur en molybdène est inférieure ou égale à 0,3% pour éviter la
formation excessive de structures de trempe.
[0050] En quantité inférieure à 1,5%, le chrome a un effet sensiblement analogue au molybdène
puisqu'il contribue également à éviter la formation de ferrite proeutectoïde ainsi
qu'au durcissement et à l'affinement de la microstructure bainitique.
[0051] Selon l'invention, les teneurs en chrome et le molybdène sont telles que : Cr+(3
x Mo) ≥0,3%.
[0052] Les coefficients du chrome et du molybdène dans cette relation traduisent l'aptitude
respective plus ou moins grande de ces deux éléments à retarder la transformation
ferritique: lorsque l'inégalité ci-dessus est satisfaite, la formation de ferrite
pro-eutectoïde est évitée dans les conditions de refroidissement spécifiques selon
l'invention.
[0053] Cependant, le molybdène est un élément coûteux : les inventeurs ont mis en évidence
que l'on pouvait fabriquer un acier de façon particulièrement économique en limitant
la teneur en molybdène à 0,010% et en compensant cette réduction par une addition
de chrome pour respecter la relation : Cr+(3 x Mo) ≥0,3%.
[0054] En quantité supérieure à 0,015%, le soufre tend à précipiter en quantité excessive
sous forme de sulfures de manganèse qui réduisent fortement l'aptitude à la mise en
forme.
[0055] Le phosphore est un élément connu pour ségréger aux joints de grains. Sa teneur doit
être limitée à 0,1% de façon à maintenir une ductilité à chaud suffisante. Les limitations
en soufre et en phosphore permettent également d'obtenir une bonne soudabilité en
soudage par points.
[0056] L'acier peut également comprendre du cobalt: en quantité inférieure ou égale à 1,5%,
cet élément durcissant permet d'augmenter la teneur en carbone dans l'austénite résiduelle.
La quantité doit être également limitée pour des raisons de coûts.
[0057] L'acier peut également comprendre du bore en quantité inférieure ou égale à 0,005%.
Une telle addition augmente la trempabilité et contribue à la suppression de la ferrite
pro-eutectoïde. Il permet d'aussi d'augmenter les niveaux de résistance.
[0058] Le reste de la composition est constitué d'impuretés inévitables résultant de l'élaboration,
telles que par exemple l'azote.
[0059] Selon l'invention, la microstructure de l'acier est constituée d'au moins 75% de
bainite, d'austénite résiduelle en quantité supérieure ou égale à 5%, et de martensite
en quantité supérieure ou égale à 2%, ces teneurs se référant à des pourcentages surfaciques.
Cette structure bainitique majoritaire, sans ferrite proeutectoïde, confère une très
bonne résistance à un endommagement mécanique ultérieur.
[0060] La microstructure de la tôle laminée à chaud selon l'invention contient une quantité
supérieure ou égale à 5% d'austénite résiduelle, que l'on préfère riche en carbone,
stabilisée à température ambiante notamment par les additions de silicium et d'aluminium.
L'austénite résiduelle se présente sous forme d'îlots et de films interlattes dans
la bainite, allant de quelques centièmes de micromètres à quelques micromètres. Sous
l'effet d'une déformation ultérieure, l'austénite résiduelle d'une pièce fabriquée
à partir de la tôle laminée à chaud se transforme progressivement en martensite. Cette
dernière possède une dureté très élevée en raison de sa teneur élevée en carbone.
Cette transformation se traduit par une consolidation importante et repousse l'apparition
de la striction.
[0061] Une quantité d'austénite résiduelle inférieure à 5% ne permet pas que les films interlattes
augmentent de façon significative la résistance à l'endommagement.
[0062] Préférentiellement, la teneur en carbone de l'austénite résiduelle est supérieure
à 1 % afin de réduire la formation des carbures et d'obtenir une austénite résiduelle
suffisamment stable à température ambiante.
[0063] La figure 2 présente un exemple de microstructure d'une tôle d'acier selon l'invention
: L'austénite résiduelle A en teneur surfacique ici égale à 7%, apparaît en blanc,
sous forme d'îlots ou de films. La martensite M, en teneur surfacique ici égale à
15%, se présente ici sous la forme de constituant très sombre sur une matrice bainitique
B apparaissant en gris.
[0064] Au sein de certains îlots, la teneur locale en carbone et donc la trempabilité locale
peuvent varier. L'austénite résiduelle est alors associée localement à de la martensite
au sein de ces îlots, que l'on désigne sous le terme d'îlots « M-A », associant Martensite
et Austénite résiduelle. Dans le cadre de l'invention, on a mis en évidence qu'une
morphologie spécifique des îlots M-A était à rechercher particulièrement. La morphologie
des îlots M-A peut être révélée au moyen de réactifs chimiques appropriés et connus
en eux-mêmes : après attaque chimique, les îlots M-A apparaissent par exemple en blanc
sur une matrice bainitique plus ou moins sombre. On observe ces îlots par microscopie
optique à des grandissements allant de 500 à 1500x environ sur une surface qui présente
une population statistiquement représentative. On détermine, par exemple au moyen
d'un logiciel d'analyse d'images connu en lui-même, tel que par exemple le logiciel
Visilog
® de la société Noesis, la taille maximale L
max et minimale L
min de chacun des îlots. Le rapport entre la taille maximale et minimale

caractérise le facteur d'élongation d'un îlot donné. Selon l'invention, une ductilité
particulièrement élevée est obtenue en réduisant le nombre N
MA d'îlots M-A dont la longueur maximale L
max est supérieure à 2 micromètres et dont le facteur d'élongation est inférieur à 4.
Ces îlots massifs et de grande taille se révèlent des zones d'amorçage privilégiées
lors d'une sollicitation mécanique ultérieure. Selon l'invention, le nombre d'îlots
N
MA par unité de surface doit être inférieur à 14000/mm
2.
[0065] La structure des aciers selon l'invention contient également, en complément de la
bainite et de l'austénite résiduelle, de la martensite en quantité supérieure ou égale
à 2% : cette caractéristique permet un durcissement supplémentaire qui permet d'obtenir
une résistance mécanique supérieure à 1200 MPa.
[0066] Préférentiellement, le nombre de carbures situés en position interlattes, généralement
plus grossiers, de taille supérieure à 0,1 micromètre, est limité. Ces carbures peuvent
être observés par exemple en microscopie optique à un grandissement supérieur ou égal
à 1000x. On a mis en évidence que N, nombre de carbures interlattes de taille supérieure
à 0,1 micromètre par unité de surface, devait être inférieur à 50000/mm
2, faute de quoi l'endommagement devient excessif en cas de sollicitation ultérieure,
par exemple lors d'essais d'expansion de trous. De plus, la présence excessive des
carbures peut être à l'origine d'un amorçage précoce de la rupture et d'une réduction
de la ténacité.
[0067] La mise en oeuvre du procédé de fabrication d'une tôle laminée à chaud selon l'invention
est la suivante :
- On approvisionne un acier de composition selon l'invention
- On procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier. Cette coulée peut
être réalisée en lingots, ou en continu sous forme de brames d'épaisseur de l'ordre
de 200mm. On peut également effectuer la coulée sous forme de brames minces de quelques
dizaines de millimètres d'épaisseur, ou de bandes minces, entre cylindres d'acier
contra-rotatifs.
[0068] Les demi-produits coulés sont tout d'abord portés à une température supérieure à
1150°C pour atteindre en tout point une température favorable aux déformations élevées
que va subir l'acier lors du laminage.
[0069] Naturellement, dans le cas d'une coulée directe de brames minces ou de bandes minces
entre cylindres contra-rotatifs, l'étape de laminage à chaud de ces demi-produits
débutant à plus de 1150°C peut se faire directement après coulée si bien qu'une étape
de réchauffage intermédiaire n'est pas nécessaire dans ce cas.
[0070] On lamine à chaud le demi-produit dans un domaine de température où la structure
de l'acier est totalement austénitique jusqu'à une température de fin de laminage
T
FL, en référence à la figure 1 annexée. Cette figure présente un schéma de fabrication
thermomécanique 1 selon l'invention, ainsi qu'un diagramme de transformation indiquant
les domaines de transformation ferritique 2 bainitique 3 et martensitique 4.
[0071] On effectue ensuite un refroidissement contrôlé, débutant à une température T
DR, située au dessus de Ar3 (température de début de transformation ferritique à partir
de l'austénite) et finissant à une température T
FR (température de fin de refroidissement) La vitesse moyenne de refroidissement entre
T
DR et T
FR est égale à V
R. Ce refroidissement et la vitesse V
R associée sont qualifiés de primaire. Selon l'invention, la vitesse V
R est comprise entre 50 et 90°C/s : Lorsque la vitesse de refroidissement est inférieure
à 50°C/s, il se forme de la ferrite pro-eutectoïde, néfaste pour obtenir des caractéristiques
élevées de résistance. Selon l'invention, on évite ainsi la transformation ferritique
à partir de l'austénite. Lorsque la vitesse V
R est supérieure à 90°C/s, il existe un risque de former de la martensite et de faire
apparaître une structure hétérogène. La gamme de refroidissement selon l'invention
est avantageuse d'un point de vue industriel, car il n'est pas nécessaire de refroidir
très rapidement la tôle après le laminage à chaud, par exemple à une vitesse de l'ordre
de 200°C/s, ce qui évite la nécessité d'installations spécifiques coûteuses. La gamme
de vitesse de refroidissement selon l'invention peut être obtenue par pulvérisation
d'eau ou de mélange air-eau, en fonction de l'épaisseur de la tôle.
[0072] Après cette première phase de refroidissement rapide, on procède à une phase de refroidissement
plus lent, dit secondaire, qui débute à une température T
FR comprise entre B'
S et M
S+50°C et qui s'achève à la température ambiante. La vitesse de refroidissement secondaire
est désignée par V'
R. M
S désigne la température de début de transformation martensitique. La température B'
S est définie par rapport à la température B
S, température de début de transformation bainitique de la façon suivante :
- Lorsqu'on effectue un refroidissement secondaire très lent à une vitesse V'R comprise entre 0,08°C/min et 2°C/min, B'S= BS, température de début de transformation bainitique. Cette température BS peut être déterminée expérimentalement ou évaluée à partir de la composition au moyen
de formules connues en elles-mêmes. La figure 1 illustre ce premier mode de fabrication.
- Lorsque, à partir de TFR, on refroidit la tôle laminée à chaud à une vitesse comprise V'R supérieure à 2°C/min et inférieure ou égale à 600°C/min, B'S= Bs+ 60°C.
[0073] Le premier cas correspond à la fabrication de tôles d'épaisseur les plus fines, jusqu'à
environ 15mm, bobinées à chaud, et donc refroidies lentement après l'opération de
bobinage. Le second cas correspond à la fabrication de tôles d'épaisseur plus importante
non bobinées à chaud : selon l'épaisseur des tôles, les vitesses de refroidissement
supérieures à 2°C/min et inférieures ou égales à 600°C/min correspondent à un refroidissement
légèrement accéléré ou à un refroidissement à l'air.
[0074] Lorsque la température de fin de refroidissement est supérieure à B'
s, l'enrichissement en carbone de l'austénite n'est pas suffisant: après refroidissement
complet, on forme des carbures ou des îlots de martensite.
[0075] On peut obtenir de la sorte un acier ayant une structure « Dual-Phase » mais dont
la combinaison de propriétés (résistance-ductilité) est inférieure à celle de l'invention.
Ces structures présentent également une plus grande sensibilité à l'endommagement
que celles de l'invention.
[0076] Lorsque la température de fin de refroidissement est inférieure à Ms+50°C, l'enrichissement
en carbone de l'austénite est excessif. Dans certaines conditions industrielles, il
existe un risque de formation d'une structure en bandes marquée et de transformation
martensitique trop importante.
[0077] Ainsi, dans les conditions selon l'invention, le procédé présente une faible sensibilité
à une variation des paramètres de fabrication.
[0078] Le refroidissement secondaire associé à une température T
FR comprise entre B'
S et M
S+50°C permet de contrôler la transformation bainitique à partir de l'austénite, d'enrichir
localement cette austénite de façon à la stabiliser, et d'obtenir un rapport (bainite/austénite
résiduelle/martensite) approprié.
[0079] Dans le cadre de l'invention, on peut également ajuster la vitesse primaire V
R entre Ar3 et Ar1, la température de fin de refroidissement T
FR, la vitesse de refroidissement secondaire V'
R, de telle sorte que la microstructure de l'acier soit constituée d'au moins 75% de
bainite, d'austénite résiduelle en quantité supérieure ou égale à 5%, et de martensite
en quantité supérieure ou égale à 2%. Ces paramètres peuvent être également ajustés
pour obtenir une morphologie et une nature particulière des îlots M-A, en particulier
choisis pour que le nombre N
MA d'îlots de martensite-austénite résiduelle dont la taille est supérieure à 2 micromètres
et dont le facteur d'élongation est inférieur à 4, soit inférieur à 14000/mm
2. Ces paramètres peuvent être également ajustés pour que la teneur en carbone de l'austénite
résiduelle soit supérieure à 1% en poids. Les paramètres V
R, T
FR, V'
R peuvent être également ajustés pour que le nombre N de carbures bainitiques de taille
supérieure à 0,1 micromètre par unité de surface soit inférieur ou égal à 50000/mm
2.
Exemple :
[0080] On a élaboré des aciers dont la composition figure au tableau ci-dessous, exprimée
en pourcentage pondéral. Outre les aciers I-1 à I-7 ayant servi à la fabrication de
tôles selon l'invention, on a indiqué à titre de comparaison la composition d'aciers
R-1 à R-9 ayant servi à la fabrication de tôles de référence.

[0081] Des demi-produits correspondant aux compositions ci-dessus ont été réchauffés à 1200°C
et laminés à chaud jusqu'à une épaisseur de 3 mm ou 12mm dans un domaine de température
où la structure est entièrement austénitique. Les températures de début de refroidissement
T
DR, comprises entre 820 et 945°C, se situent également dans le domaine austénitique.
Les vitesses de refroidissement V
R entre T
DR et T
FR, les températures de fin de refroidissement T
FR, les vitesses de refroidissement secondaires V'
R ont été portées au tableau 2. A partir d'une même composition, certains aciers (I-1,
I-2, I-3, I-5, R-7) ont fait l'objet de différentes conditions de fabrication. Les
références I-1a, I-1b et I-1c désignent par exemple trois tôles d'aciers fabriquées
selon des conditions différentes à partir de la composition d'acier I-1. Les tôles
d'acier I-1a à c, I-4, I-5a et b, R-6, ont une épaisseur de 12mm, les autres tôles
de 3mm. Le tableau 2 indique également les températures de transformation B'
s et M
s+50°C calculées à partir des compositions chimiques au moyen des expressions suivantes,
les compositions étant exprimées en pourcentage pondéral :

[0082] On a également indiqué les différents constituants microstructuraux mesurés par microscopie
quantitative : fraction surfacique de bainite, d'austénite résiduelle par diffraction
de rayons X ou par sigmamétrie, et de martensite.
[0083] Les Îlots M-A ont été mis en évidence par le réactif de Klemm. Leur morphologie a
été examinée au moyen d'un logiciel d'analyse d'images de façon à déterminer le paramètre
N
MA. Dans certains cas, on a examiné la présence éventuelle de carbures de taille supérieure
à 0,1 micromètre au sein de la phase bainitique, au moyen d'une attaque Nital et d'une
observation en microscopie optique à fort grossissement. Le nombre N (/mm
2) de carbures interlattes de taille supérieure à 0,1 micromètre a été déterminé.

[0084] Les propriétés mécaniques de traction obtenues (limite d'élasticité Re, résistance
Rm, allongement uniforme Au, allongement à rupture At) ont été portées au tableau
3 ci-dessous. Le rapport Re/Rm a été également indiqué.
[0085] Dans certains cas on a déterminé l'énergie de rupture KCV à 20°C à partir d'éprouvettes
de résilience V.
[0086] Par ailleurs, on a évalué l'endommagement lié à une découpe (cisaillage ou poinçonnage
par exemple) qui pourrait éventuellement diminuer les capacités de déformation ultérieure
d'une pièce découpée. Dans ce but, on a découpé par cisaillage des éprouvettes de
dimension 20 x 80 mm
2. Une partie de ces éprouvettes a été ensuite soumise à un polissage des bords. Les
éprouvettes ont été revêtues de grilles photodéposées puis soumises à une traction
uniaxiale jusqu'à rupture. Les valeurs des déformations principales ε
1 parallèles au sens de la sollicitation ont été mesurées au plus près de l'amorçage
de la rupture à partir des grilles déformées. Cette mesure a été effectuée sur les
éprouvettes à bords découpés mécaniquement et sur les éprouvettes à bords polis. La
sensibilité à la découpe est évaluée par le facteur d'endommagement : Δ = ε
1(bords découpés)-ε
1(bords polis)/ ε
1(bords polis).
[0087] On a également évalué l'aptitude au soudage à l'arc (procédé MAG) et par résistance
par points, de ces tôles d'aciers.

[0088] Les tôles d'aciers I-1 à I-7 conformes à l'invention présentent une combinaison de
propriétés mécaniques particulièrement avantageuse : d'une part une résistance mécanique
supérieure à 1200 MPa, d'autre part un allongement à rupture supérieur à 10% et un
rapport Re/Rm inférieur à 0,75 assurant une bonne formabilité. Les aciers selon l'invention
présentent également une énergie de rupture Charpy V à température ambiante supérieure
à 28 Joules. Cette haute ténacité permet la fabrication de pièces

[0089] Les tôles d'aciers I-1 à I-7 conformes à l'invention présentent une combinaison de
propriétés mécaniques particulièrement avantageuse : d'une part une résistance mécanique
supérieure à 1200 MPa, d'autre part un allongement à rupture supérieur à 10% et un
rapport Re/Rm inférieur à 0,75 assurant une bonne formabilité. Les aciers selon l'invention
présentent également une énergie de rupture Charpy V à température ambiante supérieure
à 28 Joules. Cette haute ténacité permet la fabrication de pièces résistant à la propagation
brutale d'un défaut notamment en cas de sollicitations dynamiques. Les microstructures
des aciers selon l'invention présentent un nombre d'îlots N
MA inférieur à 14000/mm
2.
[0090] En particulier, les tôles d'acier I-2a et I-5a présentent une faible proportion surfacique
d'îlots M-A massifs et de grande taille, respectivement de 10500 et 13600 composés
par mm
2.
[0091] Les aciers selon l'invention présentent également une bonne résistance à l'endommagement
en cas de découpe, puisque le facteur d'endommagement Δ est limité à -12 ou -13%.
[0092] Ces aciers présentent également une bonne aptitude au soudage homogène MAG : pour
des paramètres de soudage adaptés aux épaisseurs rapportés ci-dessus, les joints soudés
à clin sont exempts de fissures à froid ou à chaud. Un constat similaire peut être
dressé en soudage homogène par résistance par point.
[0093] L'acier R-1 a une teneur insuffisante en chrome et/ou en molybdène. Les conditions
de refroidissement relatives aux aciers R-1 à R-3 (V
R trop élevée, T
FR trop faible) ne sont pas appropriées pour la formation d'une structure bainitique
fine et d'une austénite résiduelle instable. L'absence de martensite ne permet pas
un durcissement suffisant, la résistance est nettement inférieure à 1200MPa et le
rapport Re/R
m est excessif.
[0094] Dans le cas des tôles d'acier R-4 et R-5, la vitesse de refroidissement trop rapide
après laminage ne permet pas d'obtenir une quantité de bainite suffisamment importante.
Les îlots M-A formés sont relativement grossiers. Dans le cas de la tôle d'acier R-4,
le nombre de composés N
MA est de 14700/mm
2. La fraction bainitique et la résistance de ces aciers sont insuffisantes. La tôle
d'acier R-4 comportant un grand nombre de carbures (N>50000/mm
2) présente une sensibilité excessive à l'endommagement comme en témoigne la valeur
du facteur d'endommagement : Δ=-48%.
[0095] L'acier R-6 comporte une teneur en carbone excessive. La tôle d'acier R-6 présente
en conséquence une résistance insuffisante à la propagation brutale d'un défaut puisque
son énergie de rupture Charpy V à 20°C est très inférieure à 28 Joules.
[0096] Les tôles d'acier R-7a et R7-b ont également une teneur en carbone excessive. La
température de transition au niveau 28 Joules, estimée à partir d'éprouvettes d'épaisseur
réduite, est supérieure à la température ambiante, témoignant d'une ténacité médiocre.
L'aptitude au soudage est réduite. On notera que, en dépit de leur teneur en carbone
plus élevée, ces tôles d'acier ne présentent pas une résistance mécanique supérieure
à celle des aciers de l'invention.
[0097] La tôle d'acier R-8 comportant une teneur excessive en carbone a été refroidie trop
lentement : de ce fait, l'austénite résiduelle est très enrichie en carbone et la
formation de martensite n'a pu se produire. La résistance obtenue est donc insuffisante.
[0098] La tôle d'acier R-9 a été refroidie à une vitesse excessive jusqu'à une température
de fin de refroidissement trop basse. En conséquence, la structure est presque totalement
martensitique et l'allongement à rupture est insuffisant.
[0099] Ainsi, l'invention permet la fabrication de tôles d'aciers à matrice bainitique sans
addition d'éléments coûteux de microalliage. Celles-ci allient une très haute résistance
et une ductilité élevée. Grâce à leur résistance élevée, ces tôles d'acier sont adaptées
à la fabrication d'éléments subissant des sollicitations mécaniques cycliques. Les
tôles d'aciers selon l'invention sont utilisées avec profit pour la fabrication de
pièces de structure ou d'éléments de renfort dans le domaine automobile et de l'industrie
générale.
2. Tôle d'acier selon la revendication 1,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
3. Tôle d'acier selon la revendication 1,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
4. Tôle d'acier selon la revendication 1,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
5. Tôle d'acier selon la revendication 1,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
6. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 5,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
7. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 5,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
8. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 5,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
9. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 8,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
10. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 8,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
11. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 10,
caractérisée en ce que la composition dudit acier contient, la teneur étant exprimée en poids :
12. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 11, caractérisée en ce que la teneur en carbone de l'austénite résiduelle est supérieure à 1% en poids
13. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 12, comportant des carbures
entre les lattes de bainite, caractérisée en ce que le nombre N desdits carbures interlattes de taille supérieure à 0,1 micromètre par
unité de surface est inférieur ou égal à 50000/mm2.
14. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 13, comportant des îlots
martensite-austénite résiduelle caractérisée en ce que le nombre NMA par unité de surface, desdits îlots martensite-austénite résiduelle dont la taille
maximale Lmax est supérieure à 2 micromètres et dont le facteur d'élongation (taille maximale Lmax/taille minimale Lmin) est inférieur à 4, est inférieur à 14000/mm2
15. Procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée à chaud de résistance supérieure
à 1200 MPa, de rapport Re/Rm inférieur à 0,75, d'allongement à rupture supérieur à
10%, selon lequel :
- on approvisionne un acier de composition selon l'une quelconque des revendications
1 à 11,
- on procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier
- on porte ledit demi-produit à une température supérieure à 1150°C
- on lamine à chaud ledit demi-produit dans un domaine de température où la microstructure
de l'acier est entièrement austénitique, puis
- on refroidit la tôle ainsi obtenue à partir d'une température TDR située au dessus de Ar3 jusqu'à une température de transformation TFR de telle sorte que la vitesse de refroidissement primaire VR entre TDR et TFR soit comprise entre 50 et 90°C/s et que la température TFR soit comprise entre B'S et MS+50°C, B'S désignant une température définie par rapport à la température Bs de début de transformation
bainitique, et MS désignant la température de début de transformation martensitique, puis
- on refroidit ladite tôle à partir de la température TFR avec une vitesse de refroidissement secondaire V'R comprise entre 0,08°C/min et 600°C/min jusqu'à la température ambiante,
- ladite température B's étant égale à Bs lorsque ladite vitesse V'R est comprise entre 0,08 et 2°C/min
- ladite température B's étant égale à Bs+60°C lorsque ladite vitesse V'R est supérieure à 2°C/min et inférieure ou égale à 600°C/min
16. Procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée à chaud selon lequel:
- on approvisionne un acier de composition selon l'une quelconque des revendications
1 à 11 ,
- on procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier
- on porte ledit demi-produit à une température supérieure à 1150°C
- on lamine à chaud ledit demi-produit dans un domaine de température où la structure
de l'acier est entièrement austénitique,
- on ajuste la température de début de refroidissement primaire TDR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire TFR, la vitesse de refroidissement primaire VR entre TDR et TFR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'R, de telle sorte que la microstructure dudit acier soit constituée d'au moins 75%
de bainite, d'austénite résiduelle en quantité supérieure ou égale à 5%, et de martensite
en quantité supérieure ou égale à 2%
17. Procédé selon l'une quelconque des revendications 15 ou 16, caractérisé en ce qu'on ajuste la température de début de refroidissement primaire TDR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire TFR, la vitesse de refroidissement primaire VR entre TDR et TFR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'R, de telle sorte que la teneur en carbone de l'austénite résiduelle soit supérieure
à 1 % en poids
18. Procédé selon l'une quelconque des revendications 15 à 17, caractérisé en ce qu'on ajuste la température de début de refroidissement primaire TDR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire TFR, la vitesse de refroidissement primaire VR entre TDR et TFR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'R, de telle sorte que le nombre de carbures interlattes de taille supérieure à 0,1
micromètre par unité de surface soit inférieur ou égal à 50000/mm2
19. Procédé selon l'une quelconque des revendications 15 à 18,
caractérisé en ce qu'on ajuste la température de début de refroidissement primaire T
DR située au dessus de Ar3, la température de fin de refroidissement primaire T
FR, la vitesse de refroidissement primaire V
R entre T
DR et T
FR, et la vitesse de refroidissement secondaire V'
R, de telle sorte que le nombre N
MA par unité de surface, d'îlots martensite-austénite résiduelle dont la taille maximale
L
max est supérieure à 2 micromètres et dont le facteur d'élongation

est inférieur à 4, soit inférieur à 14000/mm
2
20. Utilisation d'une tôle d'acier laminée à chaud selon l'une quelconque des revendications
1 à 14, ou fabriquée par un procédé selon l'une quelconque des revendications 15 à
19, pour la fabrication de pièces de structure ou d'éléments de renfort, dans le domaine
automobile.
21. Utilisation d'une tôle d'acier laminée à chaud selon l'une quelconque des revendications
1 à 14, ou fabriquée par un procédé selon l'une quelconque des revendications 15 à
19, pour la fabrication de renforts et pièces de structure pour l'industrie générale,
et de pièces de résistance à l'abrasion