Domaine technique
[0001] La présente invention concerne une pièce de micro-mécanique réalisée en un matériau
isolant, et plus particulièrement une pièce fixe ou mobile d'un mouvement horloger
dont la proximité d'autres pièces ne perturbe pas le fonctionnement d'une pièce mobile,
directement, ou indirectement par l'attraction de particules.
Arrière plan technologique
[0002] Les matériaux isolants, tels que le silicium et ses composés, le quartz, le diamant,
le verre, la céramique ou autres sont de plus en plus utilisés pour réaliser des pièces
de micro-mécanique horlogère, qu'il s'agisse de pièces fixes, telles que des platines
ou des ponts, ou de pièces mobiles faisant par exemple partie de la chaîne cinématique,
ou du système réglant telles que le spiral, le balancier ou l'échappement.
[0003] On a observé, en particulier sur un spiral totalement isolé des autres pièces par
exemple par pitonnage et collage au moyen d'une colle non conductrice, que l'emploi
du silicium avait un inconvénient. En effet au bout d'un certain temps de fonctionnement,
un certain nombre de spires situées entre la courbe à l'extérieur et la courbe à l'intérieur
du spiral a tendance à venir se coller au coq, ce qui nuit forcément à l'isochronisme
du système réglant. Le même phénomène pourrait être observé avec d'autres pièces réalisées
en silicium ou en un autre matériau isolant, ce qui aurait également au final un effet
néfaste sur l'isochronisme.
Résumé de l'invention
[0004] La présente invention vise donc à apporter une solution au problème évoqué ci-dessus
en procurant une pièce de micro-mécanique fixe ou mobile réalisée en un matériau isolant
dont un traitement de surface permet d'éviter le risque de collage.
[0005] A cet effet l'invention a pour objet une pièce de micro-mécanique réalisée en un
matériau isolant, tel que le silicium, et ses composés, le diamant, le verre, la céramique
ou autres, dont tout ou une partie de sa surface est revêtue d'un mince dépôt d'un
matériau conducteur électrique tel qu'une couche d'un matériau métallique ou d'un
matériau non métallique conducteur. Le dépôt conducteur présente de préférence une
épaisseur inférieure à 50 nm. Ce très mince dépôt invisible à l'oeil nu, mais décelable
par les moyens d'analyse actuels permet de supprimer les risques d'attraction et de
collage par une pièce voisine, cette attraction pouvant être due à des frottements
ou des tensions susceptible de créer dans la pièce des charges électrostatiques.
[0006] Ce dépôt peut être effectué sur une pièce en matériau isolant monobloc ou composite,
c'est-à-dire dont au moins la surface extérieure est en matériau isolant.
[0007] Parmi les matériaux permettant d'atteindre le but sus-indiqué on choisit de préférence
les métaux inoxydables et amagnétiques tels que l'or, le platine, le rhodium, le palladium.
[0008] Parmi les matériaux conducteurs non métalliques on choisira de préférence un matériau
parmi l'ensemble comprenant le graphite, le carbone, le silicium dopé, et les polymères
conducteurs.
Ces métaux peuvent être déposés par des procédés connus permettant de contrôler l'épaisseur
en ajustant les conditions opératoires, par exemple par sputtering, PVD, dopage, implantation
ionique ou par un procédé électrolytique. Les mêmes techniques pourront être utilisées
pour déposer les matériaux non métalliques conducteurs.
[0009] Dans un mode d'application préféré, ladite pièce de micro-mécanique est une pièce
de la chaîne cinématique d'un mouvement horloger, telle qu'un spiral, une ancre, une
roue d'échappement ou une roue dentée, ou n'importe quelle autre pièce fixe pouvant
par exemple constituer le palier de l'axe d'un mobile. Dans la description détaillée
qui va suivre, l'invention sera plus particulièrement illustrée par un spiral qui
est la pièce la plus sensible d'un mouvement horloger.
[0010] L'invention concerne également une pièce d'horlogerie intégrant une telle pièce de
micro-mécanique.
Brève description des dessins
[0011] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront plus
clairement dans la description qui suit d'un exemple de réalisation, donné à titre
illustratif et non limitatif, en référence aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 représente en vue de dessus partiellement arrachée un balancier-spiral
pourvu d'un spiral traité selon l'invention, et
- la figure 2 est une représentation en coupe selon la ligne II-II de la figure 1, avec
représentation de la partie arrachée.
Description détaillée de l'invention
[0012] L'invention sera plus particulièrement illustrée par un dispositif réglant balancier-spiral
représenté à la figure 1, dans lequel le spiral 1 est réalisé, à titre d'exemple,
en silicium, en adaptant les procédés de micro-usinage employés dans la fabrication
de circuits intégrés ou d'accéléromètres à partir d'une plaquette de silicium ou de
tout autre matériau isolant amorphe ou cristallin. On peut par exemple effectuer une
attaque chimique par voie humide, un usinage à sec par plasma ou une gravure ionique
réactive (RIE) en utilisant des masques appropriés au contour souhaité pour le spiral.
[0013] Compte tenu des petites dimensions, une même plaquette de silicium permet de fabriquer
un lot de spiraux dont les caractéristiques sont déterminées par l'épaisseur de la
plaquette et la forme des masques, lesdites caractéristiques étant calculées pour
un fonctionnement du spiral dans un plan.
[0014] En se référant maintenant à la figure 2, dont la représentation en coupe est limitée
au spiral 1 et au coq 9, on a représenté dans la partie gauche le comportement des
spires 11 au bout d'un certain temps de fonctionnement lorsque le spiral 1 n'a subi
aucun traitement. Comme on peut le voir, les spires 11 s'écartent de leur position
normale représentée en pointillés en étant attirées par le coq 9 et peuvent même venir
coller à celui-ci, ce qui perturbe évidemment la marche normale, c'est-à-dire une
marche n'ayant que des mouvements d'extension/contraction dans un plan.
[0015] Dans la partie droite on a représenté le spiral 1 après traitement, la ligne en pointillés
représentant la position qu'occuperaient les spires 11 en absence de traitement. Comme
on le voit le spiral reste parfaitement dans un plan. On s'est en effet aperçu de
façon surprenante qu'en effectuant un traitement consistant en un très faible dépôt
d'un matériau conducteur électrique tel qu'un matériau métallique sur tout ou partie
de la surface des spires, on annihilait l'effet néfaste précédemment décrit, sans
pour autant modifier les propriétés mécaniques intrinsèques du spiral. Par "très faible
dépôt", on entend un dépôt ayant une épaisseur inférieure à 50 nm de préférence comprise
entre 10 et 20nm. Lorsque le dépôt est inférieur à 50 nm, les propriétés mécaniques
intrinsèques de la pièce ne sont pas modifiées et le dépôt est invisible à l'oeil
nu, mais néanmoins décelable par les techniques actuelles d'analyse. Le matériau utilisé
est de préférence un métal inoxydable et amagnétique tel que l'or, le platine, le
rhodium, le palladium, lorsqu'il s'agit d'un matériau conducteur métallique. Ce dépôt
peut être effectué au moyen de divers procédés connus, tels que le sputtering, le
dépôt PVD, l'implantation ionique ou le dépôt électrolytique.
[0016] A titre d'exemple on a effectué un dépôt d'or de 15 nm par "sputtering", c'est-à-dire
en effectuant une métallisation par pulvérisation cathodique sous vide, avec une cible
en or, en appliquant un courant de 60 mA pendant 15 secondes.
[0017] Lorsque un matériau conducteur non métallique est déposé on le choisira de préférence
parmi l'ensemble comprenant le graphite, le carbone, le silicium dopé, et les polymères
conducteurs et on utilisera des techniques de dépôt et des épaisseurs comme mentionnées
ci-dessus.
[0018] On vient de décrire un spiral en silicium, mais d'autres matériaux amorphes ou cristallins
non conducteurs peuvent également être utilisés, tels qu'indiqués précédemment, et
être traités avec une métallisation superficielle évitant les risques d'attraction
ou de collage.
[0019] Il est également possible d'utiliser un matériau composite pour réaliser par exemple
un spiral ayant une âme en silicium et un revêtement épais en dioxyde de silicium
sur lequel sera effectué le dépôt de matériau conducteur de faible épaisseur.
[0020] Un "matériau composite" peut également comprendre une âme métallique noyée dans un
matériau isolant.
[0021] De même l'invention n'est pas limitée à un spiral et peut s'appliquer à d'autres
pièces en mouvement telles qu'une ancre, une roue d'échappement ou une roue dentée,
ainsi qu'à d'autres pièces fixes ou mobiles d'un mouvement d'horlogerie.
1. Pièce de micro-mécanique réalisée en au moins un matériau isolant, et destinée à être
intégrée dans la chaîne cinématique d'un mouvement horloger, caractérisée en ce qu'elle est revêtue sur tout ou partie de sa surface d'un dépôt en un matériau conducteur.
2. Pièce de micro-mécanique selon la revendication 1, caractérisée en ce que le dépôt de matériau conducteur a une épaisseur inférieure à 50 nm, de préférence
comprise entre 10 et 20nm.
3. Pièce de micro-mécanique selon la revendication 1, caractérisée en ce que le matériau isolant est choisi parmi le silicium et ses composés, le diamant, le
verre et la céramique.
4. Pièce de micro-mécanique selon la revendication 3, caractérisée en ce qu'elle comporte une âme en silicium sur laquelle est formé un revêtement de dioxyde
de silicium ayant une épaisseur supérieure à 50 nm.
5. Pièce de micro-mécanique selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que le matériau conducteur est un matériau métallique.
6. Pièce de micro-mécanique selon la revendication 5, caractérisée en ce que le métal utilisé pour effectuer le dépôt est un métal inoxydable et amagnétique.
7. Pièce de micro-mécanique selon la revendication 6, caractérisée en ce que le métal est choisi parmi l'or, le platine le rhodium et le palladium.
8. Pièce de micro-mécanique selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce que le matériau conducteur est un matériau conducteur non métallique.
9. Pièce de micro-mécanique selon la revendication 8, caractérisée en ce que le matériau conducteur non métallique utilisé pour effectuer le dépôt est choisi
parmi l'ensemble des matériaux comprenant le graphite, le carbone, le silicium dopé,
et les polymères conducteurs.
10. Pièce de micro-mécanique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'elle consiste en un composant de l'échappement ou du système balancier-spiral tel
que un spiral, une ancre, une roue d'échappement ou une roue dentée, ou toute autre
pièce fixe ou mobile.
11. Pièce d'horlogerie comportant une pièce de micro-mécanique selon une quelconque des
revendications précédentes.
12. Procédé de fabrication d'une pièce de micro-mécanique selon une quelconque des revendications
précédentes,
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes consistant à :
- usiner une pièce ou un lot de pièces dans une plaque de matériau isolant, et
- effectuer sur tout ou partie de la surface de la pièce un dépôt d'une couche d'un
matériau conducteur en ajustant les conditions opératoires pour obtenir l'épaisseur
désirée.
13. Procédé selon la revendication 12, caractérisé en ce que l'étape de dépôt consiste à déposer un matériau métallique ou un matériau conducteur
non métallique.
14. Procédé selon la revendication 13, caractérisé en ce que le dépôt conducteur est effectué par sputtering, PVD, dopage, implantation ionique,
par un procédé électrolytique, ou tout autre procédé permettant d'obtenir un tel dépôt.
15. Procédé selon la revendication 12, caractérisé en ce que le matériau isolant est du silicium recouvert d'oxyde de silicium et le matériau
conducteur est de l'or.