[0001] La présente invention concerne un procédé de traitement de déchets chargés en métaux,
notamment en mercure, et son utilisation pour le traitement des déchets pollués au
mercure, par exemple les déchets d'unités d'électrolyse dans l'industrie du chlore
et/ou issus du démantèlement d'unités d'électrolyse au mercure, notamment dans l'industrie
du chlore ou de la soude.
[0002] La majeure partie du mercure utilisé actuellement provient du recyclage des déchets
contenant cet élément, réduisant ainsi la demande de mercure primaire. Malgré une
diminution de l'usage du mercure, certaines industries en utilisent encore de grandes
quantités, comme c'est le cas pour l'industrie du chlore dont il résulte des déchets
chargés en mercure.
[0003] Or, le mercure est un métal toxique, très volatil dont les effets polluants doivent
être maîtrisés, et ce en limitant notamment la volatilisation du Hg élémentaire ou
le caractère lixiviable des déchets, en fixant le mercure présent, dissous ou adsorbé
(Hg particulaire) sur ou dans les solides pollués, et en transformant les formes mercurielles
polluantes en formes moins solubles et plus stables. C'est un des objets de l'invention.
[0004] Le traitement des espèces mercurielles en solution aqueuse ou en suspension par précipitation
à l'aide de solutions sulfurées est décrit notamment aux brevets
US 3,674,428,
US 3,790,370,
US 4,147,626 et
US 4,614,592.
[0005] D'autres procédés ont trait au traitement des gaz contenant du mercure. Le brevet
US 4,786,483 décrit l'utilisation d'une solution de peroxomonosulfate en contact direct avec les
gaz émis pour former des oxydes de mercure, ceux-ci réagissent à l'issue avec les
sulfures également présents dans les gaz pour donner des sulfures de mercure. Le brevet
US 4,834,953 décrit la mise en jeu directe de polysulfures avec les gaz mercuriels.
[0006] Les procédés industriels de traitement des solides pollués par le mercure peuvent
avoir des objectifs divers. Pour l'élimination et la récupération totale du polluant
contenu dans les solides, il s'agit principalement de procédés de désorption thermique
qui consistent à volatiliser le mercure et ses composés, puis condenser les gaz. Concernant
l'immobilisation du polluant dispersé dans un matériau le contenant, le matériau peut
être encapsulé dans une membrane imperméable. Enfin, pour la concentration et l'immobilisation
du polluant, on peut mettre en oeuvre des traitements physiques, issus de l'industrie
minière, à l'aide de concentrateurs centrifuges, de flottateurs, par exemple, et des
traitements chimiques. Pour ces derniers, il s'agit notamment de l'amalgamation par
liaison avec certains métaux (Ni, Cu, Sn, Au, Ag) et le soufre pour former un composé
moins dangereux que le mercure élémentaire. Cette méthode est souvent pratiquée dans
les cas d'urgence. La stabilisation, qui constitue une autre approche, s'effectue
par adjonction de ciment ou cendres volantes au déchet à traiter.
[0007] S'agissant des déchets solides ou de matériels contaminés par des espèces mercurielles,
le brevet
US 3,804,751 rapporte une méthode de stockage des déchets contenant du mercure métallique par
un traitement à l'acide sulfurique suivi d'une neutralisation à la chaux pour le convertir
en une espèce moins soluble.
[0008] Le brevet
US 4,354,942 décrit par ailleurs l'addition de sulfure inorganique présentant une solubilité supérieure
à 1 g/l à des matériaux imprégnés de mercure pour prévenir la lixiviation des espèces
mercurielles solubles. L'utilisation de conditions acides est préconisée. La formation
de polysulfures métalliques plus solubles que le sulfure mercurique lui-même est évitée
grâce à l'utilisation de bisulfite.
[0009] S'agissant de l'industrie du chlore, les boues issues des procédés de fabrication
(chlore, soude, ...) contenant du chlorure de sodium et/ou potassium peuvent être
stabilisées par addition de ciment et de sulfures afin de prévenir le relargage des
métaux, notamment le mercure. Dans le brevet
US 4,786,483, est décrite l'obtention d'un seuil de lixiviation inférieur à 20 ppb après traitement.
[0010] Hors du domaine de l'industrie du chlore, le brevet
US 5,173,286 décrit plusieurs réactions pouvant intervenir pour fixer le mercure élémentaire contenu
dans des tamis moléculaires. La première réaction concerne l'utilisation de thiosulfate
de sodium en présence d'acide chlorhydrique pour initier la genèse d'espèces sulfurées
afin de former du sulfure mercurique insoluble. La seconde réaction, aux finalités
identiques, se déroule en présence de sulfure de sodium, en milieu chlorhydrique mais
avec formation d'hydrogène sulfuré, volatil. Enfin, la troisième réaction chimique
décrite utilise du peroxomonosulfate de potassium pour aboutir à des oxydes mercuriques
insolubles.
[0011] Dans un autre contexte, le brevet
US 6,403,044 de la société ADA Technologies concerne la mise en oeuvre d'un procédé et d'un appareillage
pour l'amalgamation du mercure élémentaire par addition de soufre et/ou de sulfure
sur divers déchets. La granulométrie préconisée pour le soufre est comprise entre
10 et 500 microns. Lors de la formation de l'amalgame, la présence de sulfure agirait
comme un activateur du soufre notamment au niveau de la chaleur réactionnelle. En
revanche, dans un brevet plus récent
US 6,911,570 de la même société, il est noté qu'aucune méthode efficace n'est actuellement disponible
pour traiter le mercure élémentaire. La formation d'un amalgame à partir de soufre
nécessite, en effet, une énergie d'activation importante pour la formation de cinabre.
Dans le procédé décrit, le mercure élémentaire est tout d'abord fixé sous forme d'amalgame
métallique, puis précipité sous forme de sulfure. Des agents dispersants sont ajoutés
lors de la première étape pour fractionner les matériaux, ainsi qu'un activateur sous
forme d'acide. Une agitation importante en présence d'oxygène est également nécessaire.
Enfin, un ajout de chlorure ferrique est prévu pour éliminer l'excès de sulfure.
[0012] Ces solutions ne sont pas satisfaisantes et il existe donc, notamment sur les sites
industriels de l'industrie du chlore, y compris lors de leur démantèlement, et plus
généralement dans toute industrie produisant des déchets pollués au mercure et aux
métaux lourds, un besoin pour un procédé de traitement des déchets qui assure une
immobilisation efficace de toutes les formes mercurielles en un temps de traitement
des déchets court, compatible avec des considérations économiques, notamment des réactifs
peu coûteux.
[0013] La présente invention concerne un procédé de traitement de déchets solides pollués
au mercure comportant au moins une étape d'oxydation des espèces mercurielles et,
en milieu alcalin aqueux, une étape de sulfuration des espèces mercurielles oxydées.
[0014] Ainsi, selon l'invention, les espèces mercurielles traitées, dont le mercure élémentaire,
forment des oxydes mercuriques transformés en sulfures mercuriques, stables et insolubles.
Il s'en suit une stabilisation des déchets. Comme cela apparaîtra dans les exemples,
la dépollution obtenue selon l'invention permet le stockage des déchets après leur
traitement.
[0015] De plus, l'invention concerne un procédé de fixation du mercure élémentaire, des
formes mercurielles et métaux associés présents dans des déchets solides que l'on
traite par une étape d'oxydation des espèces métalliques contenues, puis une étape
de sulfuration alcaline qui transforme les oxydes précédemment obtenus en sulfures
métalliques, insolubles et stables.
[0016] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description détaillée et des exemples
ci-après.
[0017] Par déchet solide pollué au mercure, selon l'invention, on entend des solides provenant
notamment de la destruction d'unités de fabrication dans l'industrie du chlore ; ces
déchets solides peuvent comprendre, de façon homogène ou en mélange, des particules
et morceaux de béton, du fibrociment, des poutrelles métalliques, des poussières,
matériaux de démolition solides et sols pollués tels qu'ils peuvent provenir de salles
d'électrolyse. Des boues peuvent également être traitées.
[0018] Par exemple, le mercure se retrouve particulièrement au niveau des déchets solides
sous la forme Hg°, dans les boues issues du traitement des eaux et, dans des résidus
de média filtrants, sous forme métallique, oxydée ou particulaire. Le Hg élémentaire
est aussi accumulé dans les structures, les infrastructures, les bassins de rétention,
les tuyauteries et zones de stockage de déchets. Il affecte également les sols qui
supportent les dalles à l'aplomb des ateliers. Les déchets peuvent être des résidus
de démontage d'unité de production de chlore ou de soude par électrolyse.
[0019] De façon plus générale, il peut s'agir selon l'invention de tout solide porteur de
mercure élémentaire et/ou de formes mercurielles potentiellement polluantes, c'est-à-dire
volatiles ou solubles et susceptibles d'être entraînées par lixiviation des matériaux.
[0020] Les espèces mercurielles particulièrement visées sont selon l'invention les formes
inorganiques de degré d'oxydation 0,1 ou 2, les composés mercureux et mercuriques
et le mercure particulaire, notamment le mercure élémentaire et les sels de mercure
inorganiques. Toutefois, le procédé s'applique à tout déchet solide comportant une
quelconque espèce mercurielle susceptible d'être fixée grâce au procédé de l'invention.
[0021] Les espèces mercurielles que l'on peut particulièrement traiter selon l'invention
sont d'une part le mercure élémentaire et d'autre part les sels et formes inorganiques
du mercure notamment les sels de mercure et plus particulièrement le chlorure mercurique.
L'invention est tout particulièrement adaptée à la réduction de la toxicité des déchets
chargés en mercure métal.
[0022] Par ailleurs, d'autres métaux peuvent être présents en même temps que le mercure
dans les déchets à traiter, il peut s'agir notamment d'antimoine, d'arsenic, de baryum,
de cadmium, de chrome, de cuivre, de mercure, de molybdène, de nickel, de plomb, de
sélénium et de zinc, dans toutes les formes métalliques qu'il y a lieu de fixer.
[0023] Le chlorure mercurique présente une solubilité élevée dans l'eau, et les cristaux
de ce sel émettent des vapeurs dès la température ordinaire. Par ailleurs, l'oxyde
mercurique, peu soluble dans l'eau, se décompose en mercure et en oxygène sous l'effet
de la lumière ou de la température. Le sulfate mercurique s'hydrolyse dès qu'il est
en contact de l'eau. En revanche, dans des conditions habituelles de pH, i'ion sulfure
précipite le mercure divalent sous la forme de sulfure mercurique HgS (cinabre). Le
cinabre HgS est la forme stable visée.
[0024] Selon l'invention, l'étape d'oxydation est réalisée en présence d'au moins un réactif
d'oxydation choisi parmi le peroxomonosulfate, peroxodisulfate, bichromate, permanganate
et perchlorate d'un métal alcalin comme le sodium ou le potassium, le perchlorate
d'ammonium, l'eau oxygénée, similaires, et leurs mélanges. Le milieu d'oxydation peut
être alcalin, neutre ou acide, le pH en étant choisi selon la nature du ou des oxydants
utilisés. Ainsi, l'eau oxygénée est oxydante en milieu acide. De préférence, on oxyde
en présence du peroxodisulfate qu'est le persulfate de potassium, mis en oeuvre de
préférence en milieu alcalin.
[0025] Selon l'invention, l'étape de sulfuration est réalisée en milieu aqueux en présence
d'au moins un sulfure de métal alcalin, un mélange de sulfures de métaux alcalins
ou composés similaires. Les sulfures alcalins sont notamment le sulfure de sodium,
de potassium ou de calcium. De préférence, l'étape de sulfuration est réalisée en
présence de sulfure de sodium. Tout composé similaire peut toutefois être utilisé,
notamment les polysulfures minéraux comme, par exemple, Na
2S
4 ou CaS
4. Ces sulfures et polysulfures minéraux de métaux alcalins utilisables selon la présente
invention se distinguent nettement des polysulfures organiques, utilisés usuellement
notamment pour l'encapsulation.
[0026] Les milieux alcalins d'oxydation et/ou de sulfuration sont de préférence constitués
de chaux. Il s'agit d'un milieu liquide essentiellement aqueux comportant de 0,1 g/l
à 20 g/l de chaux éteinte, de préférence 0,1 à 5 g/l, de façon préférée 0,2 à 0,7
g/l. Néanmoins, d'autres agents alcalins peuvent être utilisés, en mélange ou en alternative
à la chaux, à des concentrations de l'ordre de 10
-3 à 10
-2 Mole/l, par exemple. Le pH alcalin est supérieur à 10, de préférence supérieur à
11, par exemple compris entre 11 et 12.
[0027] Le milieu d'oxydation ou le milieu de sulfuration sont obtenus par dilution ou dissolution
des réactifs d'oxydation et de sulfuration jusqu'à des concentrations convenables.
[0028] Selon l'invention, on utilise des concentrations en réactif d'oxydation de l'ordre
de 0,5.10
-3 à 1 mole/l, dans les limites de la solubilité, selon le réactif, de préférence 2.10
-3 à 0,2 moles/l dans le milieu d'oxydation. L'eau oxygénée est utilisée à des concentrations
de l'ordre de 1 à 10% dans le milieu d'oxydation.
[0029] En particulier, on peut utiliser des concentrations en persulfate de potassium allant
de 0,5 à 50 g/l, de préférence entre 5 et 20 g/l du milieu alcalin, notamment 10 g/l.
[0030] Pour l'étape de sulfuration, selon l'invention, on utilise des concentrations en
sulfure de sodium allant de 0,01 à 50 g/l, de préférence 0,1 à 10 g/l du milieu alcalin,
notamment 0,5 g/l.
[0031] Du point de vue des temps de réaction, ceux-ci dépendent des conditions réactionnelles
et de la nature des milieux d'oxydation et de sulfuration, notamment de l'alcalinité
du ou des milieux alcalins et des concentrations en agent d'oxydation et de sulfuration
dans ces milieux. Ils peuvent être de l'ordre de 5 minutes à 24 heures, et de préférence
10 minutes à 3 heures pour l'oxydation, et 5 minutes à 3 heures pour la sulfuration.
[0032] La mise en contact du déchet peut avoir lieu par immersion des déchets dans les milieux
impliqués pour chacune des étapes d'oxydation et de sulfuration. Elle peut avoir également
lieu par aspersion directe des déchets avec le milieu d'oxydation ou de sulfuration.
[0033] La taille des déchets peut varier dans de très larges proportions. Les poussières
de taille submicronique peuvent être traitées. Des plaques de fibrociment peuvent
l'être également. Les modalités mécaniques du traitement (aspersion, immersion, agitation,
mélange) pourront être adaptées au type de déchets traités.
[0034] Les résultats obtenus pour la limitation de la lixiviation des formes solubles et
la limitation de la volatilisation du mercure élémentaire rendent les procédés de
la présente invention particulièrement utiles pour l'amélioration de la sécurité et
le respect des contraintes de stockage des déchets.
[0035] Les procédés de l'invention peuvent notamment permettre d'atteindre ou renforcer
la stabilité de certaines espèces. A titre indicatif, les seuils d'admissibilité en
centre de stockage de type I sont actuellement les suivants pour les métaux suivants
: (en mg/kg) Sb<5, As<25, Ba<300, Cd<5, Cr<70, Cu<100, Hg<2, Mo<30, Ni<40, Pb<50,
Se<7, Zn<200.
Exemple 1
[0036] Une goutte de mercure métal est introduite dans un bécher en présence d'une solution
d'eau oxygénée sous agitation présentant un potentiel redox de + 523 mV et un pH de
2,14, la surface de la goutte devient noire, la réaction provoque également un dégazage
entraînant une vaporisation du mercure. Après 1 H30 de réaction, la goutte se fragmente
puis le précipité formé devient rouge vif, il s'intensifie en couleur rouille après
12 heures de réaction et la goutte de mercure a disparu. La couleur dénote la formation
d'oxyde mercurique.
Exemple 2
[0037] Une goutte de mercure est introduite dans un bécher en présence d'une solution de
persulfate de potassium sous agitation à 50 g/l, potentiel redox + 800 mV, pH 3,35.
La goutte de mercure ne se fragmente pas, il y a formation d'un précipité jaune, imputable
à du sulfate mercurique. Après 12 heures de réaction, le pH est de 1,84 mais la goutte
de mercure est toujours présente. Cette réaction ne devient effective qu'en milieu
basique. En effet, l'ajout de chaux éteinte au milieu réactionnel pour l'obtention
d'un pH compris entre 9 et 12 permet la formation d'un précipité noir, identifié à
de l'oxyde mercurique. Le mercure élémentaire a disparu.
Exemple 3
[0038] 250 g de fibrociment pollué par 400 mg/kg de mercure, avec une émission de vapeurs
mercurielles supérieure à 2 000 µg/m
3 mesuré par HG MONITOR 2000, ont été traités par une solution de persulfate de potassium
à 50 g/l contenant 0,5 g/l de chaux, ratio matériaux/solution 1 :1, pH 12,31, redox
+ 403 mV. Après 12 heures, les vapeurs émises ont nettement diminué : elles sont inférieures
à 200µg/m
3. Un comportement identique est observé avec une solution d'eau oxygénée à 3,5%, à
pH 4,4, redox + 408 mV. La décarbonatation du déchet entraîne néanmoins un dégagement
un peu plus important de vapeurs mercurielles.
Exemple 4
[0039] Un échantillon de béton pollué par 100 mg/kg de mercure, avec une émission de vapeurs
mercurielles supérieure à 150 µg/m
3, a été introduit dans un bécher avec une solution d'eau oxygénée à 3,5%, pH 4,21,
redox + 578 mV d'une part et d'autre part avec une solution de persulfate de potassium,
le pH étant ajusté à 9 par de la chaux, redox + 555 mV. Après 12 heures d'incubation,
les vapeurs émises sont inférieures à 15 µg/m
3 dans les deux cas.
Exemple 5
Sulfuration de l'oxyde mercurique
[0040] Les échantillons préparés aux exemples 1 et 2 ont été sulfurés par une solution à
0,5 g/l en sulfure de sodium contenant 0,5 g/l de chaux, pH 11. Le précipité rouille
ou noir précédemment obtenu est transformé en précipité noir correspondant à du cinabre
ou sulfure mercurique, ce que l'observation en microscopie électronique à balayage
couplée à une sonde d'identification des espèces chimiques formées a confirmé.
Exemple 6
[0041] Les échantillons traités à l'exemple 3 ont été sulfurés par une solution de sulfure
de sodium ajusté à pH 11 par de la chaux, potentiel redox - 454 mV, temps de réaction
9H. Un précipité noir apparaît sur toute la surface du fibrociment traité. Les émissions
de vapeurs mercurielles sont respectivement inférieures à 10 et 40 µg/m
3 pour les fibrociments traités par le persulfate de potassium et l'eau oxygénée.
Pour les bétons traités à l'exemple 4, les observations sont identiques - formation
d'un précipité noir - après un traitement au sulfure de sodium pH 11,75 ajusté par
de la chaux, redox -400 mV, et les vapeurs émises renferment moins de 15µg/m
3 de Hg.
Oxydation-sulfuration des espèces mercurielles
[0042] Sur le plan réactionnel, les équilibres chimiques sont les suivants : le persulfate
de potassium en solution est réduit en sulfate selon l'équation (1) ; les 2 électrons
sont échangés avec le mercure qui se trouve oxydé en ion mercurique (2), qui en milieu
alcalin donne naissance à l'oxyde mercurique (3). L'étape de sulfuration permet la
stabilisation de l'oxyde mercurique préalablement formé (4) par précipitation en sulfure
mercurique selon la réaction (5).
Etape I :
Etape II :
[0044] 

Exemple 7
[0045] La cinétique d'oxydation des espèces mercurielles a été testée. Des solutions à 50
g/l de persulfate de potassium à pH 12,18, redox + 586 mV ont été mises en présence
de fibrociment pollué par du mercure à 400 mg/kg, avec une émission de vapeurs mercurielles
en concentration supérieure à 2 000 µg/m
3, dans un ratio déchets/solution de 1 :1, ceci pendant 10, 30 minutes, 1 heure, 2
heures, 4 heures, 12 heures.
Cette étape a été suivie d'une sulfuration à pH basique par du sulfure de sodium,
redox - 400 mV. Après les traitements appliqués, les émissions de vapeurs mercurielles
sont inférieures à la VME (Valeur Moyenne d'Exposition) du mercure (50µg/m
3), quel que soit le temps de contact appliqué.
Exemple 8
[0046] L'épuisement des solutions de persulfate de potassium et sulfure de sodium a été
évalué, et les résultats sont mentionnés dans le tableau 1 suivant, les conditions
suivantes étant appliquées : traitement de fibrociment à 400 mg/kg de mercure, contact
déchet/solution par immersion totale ; ratio déchets/solution 1 :1 ; temps de contact
déchet/persulfate de potassium à 50 g/l, chaux à 0,5 g/l pendant 30 minutes, déchet/sulfure
de sodium à 0,50 g/l + chaux à 0,5 g/l pendant 15 minutes pour un ratio déchets/solution
de 1 : 1.
La solution de persulfate n'est pas épuisée après 8 opérations de traitement de fibrociment
pollué par du mercure, le contrôle de son pouvoir oxydant peut être évalué par l'évolution
de sa concentration en sulfate ou plus simplement par du papier iodo-amidonné. Son
caractère basique a dû être maintenu par ajout de chaux.
S'agissant de la solution de sulfure de sodium, son pH a dû être ajusté régulièrement
par ajout de chaux. Après 8 opérations, son changement de couleur montre un épuisement
concomitant à une évolution de son potentiel redox.
Tableau 1 : Epuisement des solutions de traitement.
|
Persulfate de potassium |
Sulfure de sodium |
Vapeurs mercurielles |
Passage |
Redox (mV) |
pH |
Sulfate (g/l) |
Mercure (mg/l) |
Remarques |
Redox (mV) |
pH |
Mercure (mg/l) |
Remarques |
En µg/m3 |
0 |
+ 480 |
11,5 |
0,00 |
0,0 |
- |
|
|
0,00 |
solution jaune |
> 2 000 |
1 |
+464 |
11,1 |
0,87 |
20,0 |
- |
-454 |
11,24 |
- |
solution jaune |
3 |
2 |
+418 |
10,8 |
1,20 |
- |
- |
-435 |
10,81 |
- |
solution jaune |
11 |
3 |
+482 |
10,7 |
1,38 |
- |
- |
-382 |
8,10 |
- |
solution trouble |
8 |
4 |
+455 |
10,5 |
1,57 |
- |
- |
-498 |
11,19 |
- |
solution jaune - réajustement pH |
11 |
5 |
+466 |
10,4 |
1,71 |
43,0 |
- |
-420 |
8,76 |
- |
solution jaune- réajustement pH |
9 |
6 |
+422 |
12,2 |
1,90 |
- |
Ajustement pH par chaux |
-371 |
12,89 |
- |
solution jaune - réajustement pH |
13 |
7 |
+475 |
12,1 |
2,02 |
- |
- |
-352 |
11,98 |
- |
solution trouble |
17 |
8 |
+514 |
11,9 |
2,22 |
70,0 |
Solution toujours oxydante : contrôle au papier iodo-amidonné |
+185 |
11,93 |
0,15 |
solution blanche laiteuse épuisée |
21 |
Exemple 9
[0047] L'efficacité du traitement a été évaluée par un test de lixiviation suivant la norme
X-30-402-2.
Pour cela, des morceaux de quelques centimètres de fibrociment pollué à 400 mg/kg
de mercure ont été lixiviés en présence d'eau pendant 24 H, dans un ratio 1 :10 sur
déchets secs, et comparés à des morceaux de taille similaire traités dans les conditions
suivantes : 30 minutes de persulfate de potassium à 50 g/l ajusté à pH 11 par de la
chaux, puis 15 minutes de sulfure de sodium à 0,5 g/l ajusté à pH 11 par de la chaux,
traitement en batch par immersion, ratio déchet/solution 1 :1. Les résultats sont
indiqués dans le tableau 2.
Tableau 2
Paramètres |
Fibrociment non traité |
Fibrociment traité |
pH du lixiviat |
11,00 |
10,62 |
Conductivité (µS/cm) |
508 |
337 |
Mercure (mg/kg) |
20 |
0,3 |
[0048] Le traitement appliqué conduit à la formation de sulfure mercurique insoluble. Un
traitement complémentaire à l'acide chlorhydrique pH 2,2 pendant 24 heures sur des
fibrociments traités n'altère pas le précipité formé, plus de 95 % du mercure est
stable alors que pour une attaque oxydante en présence d'eau oxygénée, la stabilité
atteint 92 %.
Oxydation-sulfuration des espèces métalliques sur des bétons
Exemple 10
[0049] Du béton pollué par 88 mg/kg de mercure a été traité suivant le protocole optimisé
suivant : ce béton a été aspergé par du persulfate de potassium à 10 g/l, suivi d'une
sulfuration par du sulfure de sodium à 0,5 g/l, ceci en milieu basique (0,5 g/l de
chaux).
[0050] Avant traitement, les émissions de vapeurs mercurielles étaient proches de 150 µg/m
3, à l'issue, elles étaient très inférieures à la VME du mercure.
La stabilité des espèces métalliques avant et après traitement a été évaluée par un
test de lixiviation suivant la norme X-30-402-2. Le caractère éluable du mercure et
celui du chrome ont été réduits de 83%, comme cela apparaît au tableau 3.
Tableau 3
Paramètres mesurée |
Lixiviation sur béton témoin non traité (mg/kg de déchet sec) |
Lixiviation sur béton traité selon les 2 étapes (mg/kg de déchet sec) |
Antimoine |
0,14 |
<0,10 |
Arsenic |
<0,50 |
<0,50 |
Baryum |
<0,50 |
<0,50 |
Cadmium |
<0,10 |
<0,10 |
Chrome |
1,72 |
0,27 |
Cuivre |
<0,10 |
<0,10 |
Mercure |
1,53 |
0,26 |
Molybdène |
<0,10 |
<0,10 |
Nickel |
<0,10 |
<0,10 |
Plomb |
0,21 |
<0,20 |
Sélénium |
<0,10 |
<0,10 |
Zinc |
<0,10 |
<0,10 |
1. Procédé de traitement de déchets solides pollués au mercure comportant au moins une
étape d'oxydation des espèces mercurielles et, en milieu alcalin aqueux, une étape
de sulfuration des espèces mercurielles oxydées.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'étape d'oxydation est réalisée en présence d'au moins un réactif d'oxydation choisi
parmi le peroxomonosulfate, peroxodisulfate, bichromate, permanganate et perchlorate
de métal alcalin, le perchlorate d'ammonium, l'eau oxygénée et leurs mélanges.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que l'étape d'oxydation est réalisée en présence de persulfate de potassium, de préférence
en milieu alcalin.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'étape d'oxydation est réalisée à des concentrations de 0,5.10-3 à 1 mole/litre, de préférence 2.10-3 à 0,2 mole/litre en réactif d'oxydation dans le milieu d'oxydation, et/ou l'eau oxygénée
titrant 1 à 10% dans le milieu d'oxydation.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que l'étape d'oxydation est réalisée à des concentrations en persulfate de potassium
allant de 0,5 à 50 g/l, de préférence entre 5 et 20 g/l du milieu alcalin.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que le milieu alcalin comporte 0,1 à 20 g/l de chaux.
7. Procédé selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que le milieu alcalin comporte environ 0,1 à 5 g/l en chaux, de préférence 0,2 à 0,7
g/l.
8. Procédé selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que l'étape de sulfuration est réalisée en présence d'au moins un sulfure de métal alcalin
ou un mélange de sulfures et/ou polysulfures minéraux de métaux alcalins.
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'étape de sulfuration est réalisée en présence de sulfure de sodium.
10. Procédé selon l'une des revendications 1 à 9, caractérisé en ce que l'étape de sulfuration est réalisée à des concentrations en sulfure de sodium allant
de 0,01 à 5û g/l, de préférence 0,1 à 10 g/l du milieu alcalin.
11. Procédé selon l'une des revendications 1 à 10, caractérisé en ce que l'étape d'oxydation est réalisée par contact des réactifs et des déchets pendant
un temps de l'ordre de 5 minutes à 24 heures, de préférence 10 minutes à 3 heures.
12. Procédé selon l'une des revendications 1 à 11, caractérisé en ce que l'étape de sulfuration est réalisée avec des temps de contact de l'ordre de 5 minutes
à 24 heures, de préférence 5 minutes à 3 heures.
13. Procédé selon l'une des revendications 1 à 12 ; caractérisé en ce que les déchets traités sont choisis parmi : béton, fibrociment, poutrelles métalliques,
poussières, matériau de démolition solide, boues et sols pollués provenant notamment
de salles d'électrolyse.
14. Procédé selon l'une des revendications 1 à 13 caractérisé en ce que la mise en contact des déchets a lieu par immersion des déchets dans le milieu d'oxydation
ou de sulfuration et/ou par aspersion directe du déchet avec ledit milieu.
15. Procédé selon l'une des revendications 1 à 14 caractérisé en ce que le mercure est sous forme d'au moins une espèce mercurielle choisie parmi les formes
inorganiques de degré d'oxydation 0,1 ou 2, les composés mercureux et mercuriques
et le mercure particulaire, notamment le mercure élémentaire et les sels de mercure
inorganiques.
16. Procédé selon l'une des revendications 1 à 15, caractérisé en ce que les déchets comportent en outre au moins une espèce métallique d'un métal choisi
parmi l'antimoine, l'arsenic, le baryum, le cadmium, le chrome, le cuivre, le mercure,
le molybdène, le nickel, le plomb, le sélénium et le zinc.
17. Procédé de fixation du mercure élémentaire, des formes mercurielles et métaux associés
présents dans des déchets solides que l'on traite par une étape d'oxydation des espèces
métalliques contenues, puis une étape de sulfuration alcaline qui transforme les oxydes
précédemment obtenus en sulfures métalliques, insolubles et stables.