(19)
(11) EP 1 855 125 A1

(12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

(43) Date de publication:
14.11.2007  Bulletin  2007/46

(21) Numéro de dépôt: 07107812.5

(22) Date de dépôt:  09.05.2007
(51) Int. Cl.: 
G01S 13/90(2006.01)
G01S 7/36(2006.01)
(84) Etats contractants désignés:
AT BE BG CH CY CZ DE DK EE ES FI FR GB GR HU IE IS IT LI LT LU LV MC MT NL PL PT RO SE SI SK TR
Etats d'extension désignés:
AL BA HR MK YU

(30) Priorité: 12.05.2006 FR 0604238

(71) Demandeur: THALES
92200 Neuilly sur Seine (FR)

(72) Inventeurs:
  • Broussolle, Joan
    92000 Nanterre (FR)
  • Savy, Laurent
    92170 Vanves (FR)
  • Montecot, Marc
    78170 La Celle Saint Cloud (FR)

(74) Mandataire: Lucas, Laurent Jacques 
Marks & Clerk France 31-33, Avenue Aristide Briand Conseils en Propriété Industrielle
F-94117 Arcueil Cedex
F-94117 Arcueil Cedex (FR)

   


(54) Procédé de filtrage des signaux de brouillage pour une antenne mobile multivoie


(57) La présente invention concerne un procédé de filtrage des signaux de brouillage pour une antenne mobile multivoie.
Le procédé comporte :
- une phase de division en blocs temporels des signaux reçus sur chacune des voies ;
- une phase de division des blocs temporels en sous bandes de fréquence ;
- une phase d'estimation de la matrice d'autocorrélation du bruit dans chacune des sous bandes de fréquence ;
- une phase d'estimation du gain de chaque voie dans des directions correspondant à un découpage en zones de la scène observée ;
- une phase de filtrage par combinaison linéaire des signaux reçus sur les différentes voies dans chacune des zones, pour chacun des blocs temporels et chacune des sous bandes de fréquence, chaque combinaison linéaire permettant d'annuler la composante de brouillage dans la direction correspondant à la zone considérée.
Application : imagerie SAR




Description


[0001] La présente invention concerne un procédé de filtrage des signaux de brouillage pour une antenne mobile multivoie. Elle s'applique par exemple dans le domaine de l'imagerie SAR.

[0002] Embarqué à bord d'un aéronef, un radar fonctionnant en mode SAR, d'après l'expression anglo-saxonne de « Synthetic Aperture Radar », fournit une image bi-dimensionnelle du sol faisant clairement apparaître la configuration des installations. La forme d'onde SAR est une forme d'onde cohérente adaptée à la réception des signaux rétro-diffusés par le sol. L'image finale reflète la puissance rétro-diffusée, celle-ci dépendant de la nature du terrain. C'est en fait une cartographie du coefficient de rétro-diffusion électromagnétique du sol. Pour construire l'image finale, une échelle de puissance est associée à une palette de couleur, généralement du noir au blanc en passant par toutes les nuances de gris ou de vert par exemple, une nuance de couleur caractérisant un niveau de puissance. Par exemple un signal réfléchi par du bitume est renvoyé avec peu de puissance et peut être associé à la couleur noire. Un signal réfléchi par un matériau métallique est renvoyé avec beaucoup de puissance et peut être associé à la couleur blanche.

[0003] Le Traitement SAR est basé sur une analyse Doppler du signal permettant d'atteindre de très fine résolution suivant l'axe transverse à la direction reliant le centre de phase de l'antenne au centre de la zone imagée. En fait, pour obtenir la même résolution uniquement à l'aide de la seule sélectivité angulaire de l'antenne, il faudrait une largeur d'antenne immense la rendant totalement inadaptée aux applications aéroportées. Une antenne fonctionnant en mode SAR est alors équivalente à une antenne virtuelle immense qui fonctionnerait en mode classique, d'où la dénomination anglo-saxonne de « Synthetic Aperture Radar ».

[0004] Les modes radar SAR sont particulièrement sensibles au brouillage. En effet pour assurer de fines résolutions, le temps d'éclairement radar et la bande émise sont importants, laissant un temps suffisant à un brouilleur pour générer un signal de bruit dont le spectre est compris dans la bande de fréquence utilisée. Un brouilleur est un dispositif d'écoute et d'émission d'ondes électromagnétiques. Lorsqu'il reçoit des signaux qu'il reconnaît comme ayant été émis par un radar, il émet des signaux à la même fréquence porteuse sensés parasiter la rétro-diffusion des signaux reçus. Ainsi, le radar reçoit les signaux émis par le brouilleur et les interprète comme ses propres impulsions rétro-diffusées. Mais leur traitement numérique conduit à des données inexploitables. Par exemple, dans le cas d'un radar fonctionnant en mode SAR et exposé à un brouilleur, l'image est dépourvue de tout contraste, totalement monochrome en vert par exemple, ne permettant de distinguer aucune installation au sol.

[0005] Il existe déjà des méthodes permettant de filtrer les signaux reçus par le radar en minimisant l'effet des signaux parasites de brouillage. Par exemple, dans les modes radars air/air possédant une antenne de réception à plusieurs voies, sont mis en oeuvre des algorithmes basés sur la technique d'Opposition des Lobes Secondaires (OLS). La technique OLS consiste à estimer un unique filtre, combinaison linéaire des multiples voies de réception à disposition, minimisant la puissance de bruit de brouillage.

[0006] La figure 1 illustre par une vue en perspective un exemple d'antenne bi-dimensionnelle multivoie utilisable en mode SAR. Plusieurs capteurs 2 sont disposés sur une antenne 1. Ils sont régulièrement espacés d'une distance dx sur un axe (O, x) et d'une distance dy sur un axe (O, y), les axes (O, x) et (O, y) étant dans le plan de l'antenne 1. Une voie de réception spatiale de l'antenne 1 correspond à l'un des capteurs 2 et à l'ensemble des éléments de connectique qui le relient à un récepteur final. Par extension, une voie de réception est assimilée aux signaux perçus par le capteur et transitant par les éléments de connectique associés jusqu'au récepteur final. Deux voies ne sont jamais strictement identiques, notamment à chacune des voies correspond un gain spécifique. Le gain d'une voie est également fonction de la direction d'arrivée du signal.

[0007] En effet, si une antenne à N voies spatiales est considérée, pour un brouilleur provenant de la direction ub et un signal utile provenant de la direction uu, le signal Zn sur une voie n à un instant donné s'écrit selon l'équation (1):


Avec :
α :
amplitude complexe du signal utile,
β :
amplitude complexe du signal de brouillage,
Uu :
direction d'arrivée du signal utile,
Ub :
direction d'arrivée du brouilleur,
non :
bruit thermique sur la voie n,
Sn(uu) :
gain de la voie n dans la direction uu,
Sn(ub) :
gain de la voie n dans la direction ub.


[0008] A l'équation (1) valable pour une seule voie correspond l'équation vectorielle (2) décrivant le signal Z sur l'ensemble des voies, grâce à un vecteur Z de dimension N :



[0009] Dans l'équation (2), X est un vecteur représentant la somme du bruit thermique et du bruit de brouillage. Le vecteur de contrainte S(uu) caractérise le gain des diverses voies dans la direction Uu du signal utile et α est l'amplitude complexe du signal utile.

[0010] Le principe de plusieurs méthodes d'antibrouillage connues, notamment la technique OLS, est d'appliquer un filtre unique au signal Z de manière à minimiser la puissance moyenne du bruit X par combinaison linéaire. Le traitement OLS fait l'hypothèse que le signal utile provient d'une direction unique au centre du lobe d'antenne. Un filtre est la donnée d'une matrice w de dimension 1 x N. Appliquer le filtre w au vecteur Z consiste à calculer le produit wHZ, où wH désigne la matrice transposée et conjuguée de w, w ayant été choisi de manière à minimiser la puissance moyenne de bruit en sortie E|wHX|2 par combinaison linéaire dans le produit wHZ , E désignant l'espérance mathématique. Le diagramme de rayonnement correspondant à la voie spatiale virtuelle réalisée par la combinaison linéaire associée à w est maximum dans la direction uu et minimum dans la direction ub du brouilleur. Dans ce diagramme de rayonnement, la position du creux annulant le bruit de brouillage dépend de la direction inconnue d'arrivée de celui-ci. C'est pourquoi il est couramment dit que « w réalise une formation de faisceau adaptative ». Si la direction du signal utile uu est proche de la direction ub du brouilleur, le diagramme de rayonnement correspondant à la formation de faisceau présentera un maximum dans la direction ub du brouilleur, rendant l'antibrouillage avec le filtre w totalement inefficace.

[0011] Ainsi, un algorithme d'antibrouillage du type de la technique OLS, basé sur un seul filtre appliqué à l'ensemble de la scène observée, ne s'avère satisfaisant que pour des brouilleurs dépointés, c'est-à-dire reçu en dehors du lobe principal, dans les lobes secondaires de l'antenne. Or, un brouilleur situé dans le lobe principal de l'antenne est fortement envisageable d'un point de vue opérationnel, notamment dans le cadre de l'imagerie SAR. En effet les brouilleurs intentionnels sont placés à proximité des zones de terrain à masquer pour optimiser leur bilan de puissance et ils se situent donc très probablement dans le lobe principal de l'antenne. Le procédé de filtrage selon l'invention se propose de pallier les inconvénients de ces techniques de filtrage par combinaison linéaire des voies, dont elle retient toutefois le principe de base.

[0012] Le procédé selon l'invention se propose d'appliquer plusieurs filtres à la scène observée, chaque filtre réalisant une combinaison linéaire des signaux reçus sur les différentes voies. Chaque filtre est adapté à une zone spécifique de la scène observée par l'utilisation des gains des voies dans la direction correspondant à la zone en question pour calculer les coefficients de la combinaison linéaire. Mais dans le cas d'une antenne multivoie sur un porteur mobile, la mise en oeuvre d'un tel procédé n'est pas sans difficultés. En effet, avec le mouvement du porteur les gains des voies changent même dans une zone précise de la scène observée et les différences de connectivité entre les voies parasitent les signaux à combiner à l'entrée du récepteur final. Par conséquent, le signal de bruit n'est pas stationnaire et n'est pas corrélé dans l'espace sur l'ensemble de la bande et du temps d'éclairement. Ainsi, le signal combinant les voies n'est pas correctement dissocié du bruit de brouillage. Après traitement numérique, les données ne sont pas exploitables.

[0013] L'invention a notamment pour but de pallier les difficultés précitées et fournit une méthode permettant d'éliminer efficacement la composante de bruit de brouillage dans chacune des zones de la scène observée. A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de filtrage des signaux de brouillage pour une antenne mobile multivoie. Il comporte une phase de division en blocs temporels des signaux reçus sur chacune des voies. La durée des blocs est telle que la direction selon laquelle est reçu un signal par les différentes voies puisse être considérée comme constante au sein d'un bloc temporel. Le procédé comporte également une phase de division des blocs temporels en sous bandes de fréquence. Les sous bandes fréquentielles sont suffisamment étroites pour que les distorsions différentielles entre les voies soient négligeables au sein d'une sous bande. Il comporte aussi une phase d'estimation de la matrice d'autocorrélation du bruit dans chacune des sous bandes de fréquence. Il comporte une phase d'estimation du gain de chaque voie dans des directions (u) correspondant à un découpage en zones de la scène observée avec un pas angulaire. Chaque zone est associée à une direction constante dans chacun des blocs temporels et des sous bandes fréquentielles. Le procédé comporte enfin une phase de filtrage par combinaison linéaire des signaux reçus sur les différentes voies dans chacune des zones, pour chacun des blocs temporels et chacune des sous bandes de fréquence. Chaque combinaison linéaire dépend de la matrice d'autocorrélation du bruit propre à la sous bande de fréquence considérée et dépend des valeurs de gains des voies dans la direction correspondant à la zone considérée. Chaque combinaison linéaire permet d'annuler la composante de brouillage dans la direction correspondant à la zone considérée.

[0014] Avantageusement, la durée des blocs temporels sur chacune des voies peut être déterminée de manière à ce que, dans un bloc temporel, la variation de l'angle d'incidence du bruit de brouillage ne dépasse pas un seuil prédéterminé autour de l'angle de gain maximal de l'antenne.

[0015] Avantageusement également, les directions correspondant à un découpage en zones de la scène observée peuvent être obtenues par découpage en zones d'une image distance radiale - fréquence Doppler de la scène observée.

[0016] Dans un mode de réalisation, les combinaisons linéaires permettant d'annuler la composante de brouillage peuvent être obtenues par la méthode du maximum de vraisemblance ou encore par la méthode de minimisation sous contraintes.

[0017] Les matrices d'autocorrélation du bruit peuvent être estimées en zone claire et en zone de brouillage stationnaire.

[0018] L'écart angulaire entre les directions correspondant à un découpage en zones de la scène observée peut assurer que le bruit de brouillage est reçu avec une puissance inférieure à 10 fois la puissance du bruit thermique dans au moins une des directions.

[0019] L'invention a encore pour principaux avantages qu'elle permet d'avoir une image anti-brouillée de l'ensemble de la scène observée avec une qualité d'image uniforme quelle que soit la direction d'arrivée des signaux de brouillage. Même dans les zones qui étaient déjà correctement anti-brouillées par les anciennes méthodes, la qualité de l'image est meilleure. Par ailleurs, le procédé selon l'invention peut être mis en oeuvre par simple mise à jour logicielle des systèmes d'imagerie SAR actuels, sans aucune mise à jour matérielle. En effet, les calculateurs utilisés sont d'ores et déjà tout à fait adaptés à la charge de calcul supplémentaire induite par le procédé selon l'invention.

[0020] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à l'aide de la description qui suit faite en regard de dessins annexés qui représentent :
  • la figure 1, par une vue en perspective, illustre un exemple d'antenne bi-dimensionnelle multivoie utilisable en mode SAR,
  • la figure 2, par un synoptique, illustre des phases possibles du procédé selon l'invention,
  • la figure 3, par une vue de profil, illustre un exemple d'antenne bi-dimensionnelle multivoie utilisable en mode SAR.


[0021] La figure 2 illustre par un synoptique les phases possibles du procédé selon l'invention.

[0022] Le procédé selon l'invention comporte notamment une phase 10 de division en blocs temporels des signaux reçus sur chacune des voies. La durée des blocs est telle que la direction selon laquelle est reçu un signal par les différentes voies puisse être considérée comme constante au sein d'un bloc temporel.

[0023] Pour une antenne aéroportée et pour un brouilleur fixe au sol, les gains avec lesquels est capté le bruit de brouillage par les différentes voies de réception de l'antenne varient au cours du temps avec l'angle d'incidence du brouilleur. Comme explicité par la suite, le procédé selon l'invention se propose d'estimer le bruit, au travers de sa matrice d'autocorrélation, dans des sous blocs temporels limités en terme de récurrences, c'est-à-dire d'une durée n'englobant qu'une partie des impulsions émises par le radar. Les blocs temporels doivent être suffisamment courts pour conserver la stationnarité du brouilleur lors de l'estimation de la matrice d'autocorrélation du bruit, mais assez longs pour conserver la finesse angulaire en gisement du creux d'annulation du brouilleur dans la formation adaptative de faisceau. Dans ce cas, il peut être montré par un raisonnement simple que le nombre d'impulsions radar TtF dans un bloc temporel doit respecter la double inéquation (3) suivante :


Avec :

λ : longueur d'onde des impulsions radar émises,

Fc : fréquence de récurrence du radar,

v : vitesse horizontale du centre de phase de l'antenne,

G0 : angle de pointage en gisement du centre de la zone imagée,

S0 : angle de pointage en site du centre de la zone imagée,

θ3dB : ouverture angulaire de l'antenne à 3dB,

Cpond : un coefficient dépendant de la pondération utilisée pour la FFT permettant de mesurer le Doppler,

N2 est un coefficient déterminé empiriquement : N2 = 15,

Ω est la vitesse de défilement angulaire de l'antenne pour un point du sol.



[0024] En mode SAR, tous les termes de la double inéquation (3) sont connus a priori. De plus, connaissant la fréquence de récurrence Fc du radar SAR et donc le temps entre les impulsions, la durée des blocs temporels se déduit immédiatement grâce à TtF. Sur la durée des blocs temporels, malgré le mouvement du porteur, les gains avec lesquels est capté le bruit de brouillage par les différentes voies de réception de l'antenne peuvent être considérés constants.

[0025] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 11 de division des blocs temporels en sous bandes de fréquence. Les sous bandes fréquentielles sont suffisamment étroites pour que les distorsions différentielles entre les voies soient négligeables au sein d'une sous bande.

[0026] Les distorsions différentielles correspondent aux différences de réponse impulsionnelle entres les voies pour un même signal perçu. Elles proviennent de diverses causes physiques : différences au niveau des filtres analogiques, différences de distance entre les centres de phase des voies spatiales, dispersions angulaires variables ou encore différences de trajets dans les circuits hyperfréquence. L'effet des perturbations engendrées par ces distorsions augmente avec la bande fréquentielle du signal. Notamment, elles perturbent l'estimation des matrices d'autocorrélation du bruit et par conséquent altèrent les performances de l'algorithme d'antibrouillage.

[0027] Le procédé selon l'invention propose de diviser la bande totale du signal en sous bandes de fréquence plus étroites et d'estimer une matrice d'autocorrélation du bruit dans chacune des sous-bandes de fréquence. Par la suite, le nombre de sous-bandes est appelé NS/bande. Le nombre NS/bande est limité à la fois par le nombre d'échantillons Nech nécessaires à l'estimation de la matrice d'autocorrélation du bruit en zone claire et par la finesse angulaire de l'algorithme d'antibrouillage. En effet, si le nombre de sous-bandes NS/bande est trop important, la résolution en distance de chaque sous bande risque de devenir moins fine que la résolution δDini nécessaire à la conservation de la finesse angulaire du creux du diagramme de rayonnement en site de l'algorithme d'antibrouillage. Le bénéfice recherché en limitant la bande de fréquence instantanée serait alors annulé par la perte due à l'échantillonnage trop large en vecteurs de contrainte. Cette double condition s'exprime par deux inéquations que l'on combine aisément dans la formulation (4) suivante :


Avec :

NS/bande : nombre de sous-bandes,

S0 : angle de pointage en site du centre de la zone imagée,

D0 : distance au centre de la zone imagée,

θ3dB : ouverture angulaire de l'antenne à 3dB autour de son gain maximum,

δDini : résolution distance avant la division en sous bandes,

Nclaire : nombre d'échantillons contenus dans la zone claire,

Nech : nombre d'échantillons de bruit nécessaire pour estimer correctement la matrice d'autocorrélation.



[0028] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 12 de calcul de la matrice d'autocorrélation du bruit. Une matrice est calculée dans chaque sous bande de chaque bloc temporel.

[0029] Cette matrice est calculée à partir de Nech échantillons de vecteur bruit (Xi). Pour cela, il est tout d'abord impératif d'isoler une zone claire sur chaque voie au sein même du signal radar de chaque sous bande de chaque bloc temporel. Une zone claire est une zone de signal dépourvue de signal utile et dans laquelle seule du bruit thermique et du bruit de brouillage sont présents si un brouilleur émet et uniquement composée de bruit thermique en l'absence de brouilleur.
Le signal de brouillage contenu dans la zone claire doit en outre être stationnaire, condition assurée par la division en sous bloc temporel. Ensuite, la matrice d'autocorrélation du bruit est simplement déduite de la relation (5) suivante :



[0030] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 13 d'estimation du gain de chaque voie dans des directions correspondant à un découpage en zones de la scène observée avec un pas angulaire. Chaque zone est associée à une direction constante dans chacun des blocs temporels et des sous bandes fréquentielles.

[0031] Le signal SAR global provient d'une multitude de directions uj. Ainsi, un signal SAR noté Z reçu par une seule voie peut s'écrire selon l'équation vectorielle (6) suivante :



[0032] Dans l'équation (6), le vecteur X représente la somme du bruit thermique et du bruit de brouillage. Un terme S(uj) est appelé vecteur de contrainte dans la direction uj et caractérise le gain de la voie de réception considérée dans la direction uj. Un terme αj caractérise l'amplitude du signal dans la direction uj. La direction uu introduite par la relation (1) est un cas particulier équivalent à une direction uj.

[0033] Comme explicité par la suite, pour antibrouiller le signal SAR, le procédé selon l'invention se propose notamment de réaliser une combinaison linéaire des voies dans certaines directions uj de manière à minimiser la composante de bruit X. Le mode de réalisation présenté ici se propose d'utiliser un filtre optimal w, connu par ailleurs par des méthodes classiques, et ayant la propriété d'annuler le bruit. Le filtre optimal w dans la direction uj est donné par :


où Γj est donné par la relation (5), représente la matrice d'autocorrélation du bruit X, E désignant l'espérance mathématique et H désignant le vecteur conjugué transposé. Mais la mise en oeuvre d'un tel filtre w pose de nombreuses difficultés.

[0034] Pour le signal SAR, une méthode permet d'associer à un pixel de l'image distance-Doppler de la scène observée une direction u(Δg, Δs) dans le repère de l'antenne dont l'origine est au centre de phase ○ de l'antenne et qui est porté par l'axe de pointage de l'antenne (comme illustré par la figure 1). L'image distance-Doppler est la représentation des points du sol dans un repère où l'abscisse représente la distance au point et l'ordonnée représente la fréquence Doppler du point. Ainsi, un point du sol, donc un pixel de l'image quand il est tenu compte de la résolution SAR, est représenté sur l'image distance-Doppler par un couple (D, f) où D est une distance et f est une fréquence Doppler. Chaque pixel (D, f) est ainsi pointé par une direction u(Δg, Δs) dans le repère antenne.
En effet, à un décalage Δ fd en fréquence Doppler par rapport à la fréquence Doppler du point central correspond, au premier ordre, un décalage Δg en gisement dans le repère de l'antenne.
Le décalage Δg est donné par :


Avec :

v : vitesse horizontale du centre de phase de l'antenne,

G0 : angle de pointage en gisement du centre de la zone imagée.



[0035] Or, en mode SAR, l'angle de gisement G0 du point central de la zone imagée est connu a priori, de même que la vitesse du porteur. Ainsi, l'angle de gisement Δg dans le repère antenne peut être calculé pour chaque point de l'image distance-Doppler.

[0036] De même, à un décalage ΔD en distance par rapport à la distance du point central de l'image correspond un décalage ΔS en site dans le repère de l'antenne. Le décalage Δs est donné par :


Avec :

S0 : angle de pointage en site du centre de la zone imagée,

D0 : distance au centre de la zone imagée.



[0037] Or, en mode SAR, l'angle de site S0 du point central de la zone imagée ainsi que sa distance à l'antenne D0 sont connus a priori. Ainsi, l'angle de site ΔS dans le repère de l'antenne peut être calculé pour chaque point de l'image distance-Doppler.

[0038] Finalement, dans le repère antenne porté par l'axe de pointage, la direction (plus précisément les angles de site et de gisement) du pixel correspondant à un décalage Δ fd en fréquence Doppler par rapport à la fréquence Doppler du point central de l'image distance-Doppler et à un décalage ΔD en distance par rapport à la distance du point central de l'image distance-Doppler s'exprime très simplement par la relation suivante :



[0039] Connaissant par la relation (9) la direction u dans le repère sphérique centré sur l'antenne et porté par l'axe de pointage correspondant à chaque pixel de l'image distance-Doppler, il reste encore à déterminer le gain de chacune des voies dans chacune de ces directions. pour estimer le filtre w.

[0040] Connaissant par la relation (9) le gisement et le site du signal SAR correspondant à un pixel de l'image distance-Doppler, il est également nécessaire de connaître la distance entre les différentes voies pour déduire le gain dans la direction u. Comme illustré par la figure 1, les voies sont par exemple espacées d'une distance dx selon l'axe (O, x) et d'une distance dy selon l'axe (O, y). Le vecteur de contrainte Sm,n(Δg, Δs), avec (Δg, Δs) donné par la relation (9), de la mième voie sur l'axe (O, x) et de la nième voie sur l'axe (O, y) selon la direction u d'un pixel, qui caractérise le gain de la voie de ligne m et colonne n dans la direction u, s'exprime par les relations (10), (11) et (12) suivantes :






Avec :

m et n : indices respectifs de ligne et de colonne caractérisant une voie,

km,n : position d'une voie repérée par les indices m et n,

dx et dy: distance respective entre les lignes et les colonnes de voies,

λ : longueur d'onde des impulsions émises,

u (Δg, Δs) : direction du pixel,

S m,n (u) = S m,n (Δg, Δs) : gain de la voie de ligne m et colonne n dans la direction u.

Cependant, il n'est pas nécessaire d'appliquer un vecteur de contrainte à chaque pixel de l'image, car l'antibrouillage est inefficace dans une zone angulaire autour du brouilleur.

[0041] Il s'agit de déterminer un filtre wj dans chacune des directions uj, Mais parmi l'infinité de directions d'où provient le signal, il faut retenir certaines directions d'arrivée uj, ces directions correspondant à des composantes uj du signal SAR global exprimé par la relation (6).
Il reste à estimer l'écart angulaire entre les vecteurs de contrainte et donc le nombre de vecteurs de contrainte.

[0042] La figure 3 illustre, par une vue de profil, le même exemple d'antenne bi-dimensionnelle multivoie utilisable en mode SAR que la figure 1. L'antenne 1 est de longueur L et comporte N voies de réception identiques séparées d'une même distance d. La distance d peut être assimilée à la distance dx ou à la distance dy de la figure 1 selon le profil considéré. Par exemple, étant donné un vecteur de contrainte u, il peut être envisagé d'estimer l'écart angulaire Δθ entre ce vecteur de contrainte et une direction d'arrivée du brouilleur à partir de laquelle la puissance Pb du brouilleur dans la direction en question devient inférieure à 10 fois la puissance de bruit thermique. Selon le profil considéré, Δθ est assimilable à un site Δs ou à un gisement Δg. En effet, l'expérience montre que si la puissance de brouillage n'excède pas 10 décibels au-dessus du bruit thermique, l'image SAR garde un certain contraste dans de nombreux cas. Ainsi, en partant de l'inéquation Pb < 10σ20, où σ20 est la puissance de bruit thermique, il vient immédiatement l'inéquation (13) :


Avec:

λ : longueur d'onde de l'impulsion émise,

L : largeur de l'antenne.



[0043] Ainsi, une discrétisation des directions d'arrivée avec un pas en site et en gisement de Δθ vérifiant l'inéquation (13) permet la mise en oeuvre du procédé selon l'invention. Par la suite, le nombre de vecteurs de contrainte constituant la discrétisation des directions sera appelé Nv. Notamment, les gains des voies sont respectivement estimés pour chacun des Nv vecteurs de la discrétisation grâce aux relations (5) et (13).

[0044] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 14 de filtrage par combinaison linéaire des signaux reçus sur les différentes voies dans chacune des zones. Pour chacun des blocs temporels et chacune des sous bandes de fréquence, chaque combinaison linéaire dépend de la matrice d'autocorrélation du bruit propre à la sous bande de fréquence considérée et dépend des valeurs de gains des voies dans la direction correspondant à la zone considérée. Chaque combinaison linéaire permet d'annuler la composante de brouillage dans la direction correspondant à la zone considérée.

[0045] Comme explicité précédemment, un principe du procédé d'antibrouillage selon l'invention est d'appliquer un filtre spécifique w (uj) dans chacune des directions uj, de manière à minimiser par combinaison linéaire la puissance moyenne du bruit. Par exemple, l'expression formelle du filtre optimal dans la direction


décrit précédemment peut s'obtenir par la méthode de minimisation sous contrainte ou par la méthode du maximum de vraisemblance (méthode identique pour un bruit gaussien), ces méthodes étant bien connues par ailleurs. Mais d'autres filtres obtenus par d'autres méthodes peuvent être envisagés.

[0046] Dans chacun des blocs temporels décrits précédemment, il s'agit d'estimer autant de filtres w qu'il y a de directions uj et de sous-bandes de fréquence. Le nombre de filtres w (uj) à l'intérieur d'un bloc temporel est donc égal à Nv x NS/bande. Ils se déduisent facilement des phases précédentes au cours desquelles ont été sélectionnées les directions uj, ont été calculés les vecteurs de contraintes associés S(uj) ainsi que les matrices d'autocorrélation du bruit Γ pour chacune des sous bandes de fréquence de chaque bloc temporel.

[0047] Ainsi, le procédé de filtrage selon l'invention ne propose plus un seul filtre en particulier mais un jeu de filtres, chaque filtre étant particulièrement bien adapté à la direction dans laquelle il est utilisé. En cas de survol d'un brouilleur, seulement un seul des filtres parmi plusieurs sera inefficace, celui associé à une plage de direction contenant la direction du brouilleur survolé ub (relation 1).


Revendications

1. Procédé de filtrage des signaux de brouillage pour une antenne mobile multivoie, caractérisé en ce qu'il comporte :

- une phase (10) de division en blocs temporels des signaux reçus sur chacune des voies, la durée des blocs étant telle que la direction (u) selon laquelle est reçu un signal par les différentes voies puisse être considérée comme constante au sein d'un bloc temporel;

- une phase (11) de division des blocs temporels en sous bandes de fréquence, les sous bandes fréquentielles étant suffisamment étroites pour que les distorsions différentielles entre les voies soient négligeables au sein d'une sous bande;

- une phase (12) d'estimation de la matrice d'autocorrélation du bruit dans chacune des sous bandes de fréquence ;

- une phase (13) d'estimation du gain de chaque voie dans des directions (u) correspondant à un découpage en zones de la scène observée avec un pas angulaire (Δθ), chaque zone étant associée à une direction (u) constante dans chacun des blocs temporels et des sous bandes fréquentielles ;

- une phase (14) de filtrage par combinaison linéaire des signaux reçus sur les différentes voies dans chacune des zones, pour chacun des blocs temporels et chacune des sous bandes de fréquence, chaque combinaison linéaire dépendant de la matrice d'autocorrélation du bruit propre à la sous bande de fréquence considérée et dépendant des valeurs de gains des voies dans la direction correspondant à la zone considérée, chaque combinaison linéaire permettant d'annuler la composante de brouillage dans la direction (u) correspondant à la zone considérée.


 
2. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que la durée des blocs temporels sur chacune des voies est déterminée de manière à ce que, dans un bloc temporel, la variation de l'angle d'incidence du bruit de brouillage ne dépasse pas un seuil prédéterminé autour de l'angle de gain maximal de l'antenne.
 
3. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que les directions correspondant à un découpage en zones de la scène observée (u, Δθ) sont obtenues par découpage en zones d'une image distance radiale - fréquence Doppler de la scène observée.
 
4. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que les combinaisons linéaires permettant d'annuler la composante de brouillage sont obtenues par la méthode du maximum de vraisemblance.
 
5. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que les combinaisons linéaires permettant d'annuler la composante de brouillage sont obtenues par la méthode de minimisation sous contraintes.
 
6. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que les matrices d'autocorrélation du bruit sont estimées en zone claire.
 
7. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que les matrices d'autocorrélation du bruit sont estimées en zone de brouillage stationnaire.
 
8. Procédé de filtrage selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'écart angulaire (Δθ) entre les directions (u) correspondant à un découpage en zones de la scène observée assure que le bruit de brouillage est reçu avec une puissance inférieure à 10 fois la puissance du bruit thermique dans n'importe quelle direction ne correspondant pas à la direction du brouilleur.
 




Dessins













Rapport de recherche