[0001] La présente invention concerne un procédé de filtrage des signaux de brouillage pour
une antenne mobile multivoie. Elle s'applique par exemple dans le domaine de l'imagerie
SAR.
[0002] Embarqué à bord d'un aéronef, un radar fonctionnant en mode SAR, d'après l'expression
anglo-saxonne de « Synthetic Aperture Radar », fournit une image bi-dimensionnelle
du sol faisant clairement apparaître la configuration des installations. La forme
d'onde SAR est une forme d'onde cohérente adaptée à la réception des signaux rétro-diffusés
par le sol. L'image finale reflète la puissance rétro-diffusée, celle-ci dépendant
de la nature du terrain. C'est en fait une cartographie du coefficient de rétro-diffusion
électromagnétique du sol. Pour construire l'image finale, une échelle de puissance
est associée à une palette de couleur, généralement du noir au blanc en passant par
toutes les nuances de gris ou de vert par exemple, une nuance de couleur caractérisant
un niveau de puissance. Par exemple un signal réfléchi par du bitume est renvoyé avec
peu de puissance et peut être associé à la couleur noire. Un signal réfléchi par un
matériau métallique est renvoyé avec beaucoup de puissance et peut être associé à
la couleur blanche.
[0003] Le Traitement SAR est basé sur une analyse Doppler du signal permettant d'atteindre
de très fine résolution suivant l'axe transverse à la direction reliant le centre
de phase de l'antenne au centre de la zone imagée. En fait, pour obtenir la même résolution
uniquement à l'aide de la seule sélectivité angulaire de l'antenne, il faudrait une
largeur d'antenne immense la rendant totalement inadaptée aux applications aéroportées.
Une antenne fonctionnant en mode SAR est alors équivalente à une antenne virtuelle
immense qui fonctionnerait en mode classique, d'où la dénomination anglo-saxonne de
« Synthetic Aperture Radar ».
[0004] Les modes radar SAR sont particulièrement sensibles au brouillage. En effet pour
assurer de fines résolutions, le temps d'éclairement radar et la bande émise sont
importants, laissant un temps suffisant à un brouilleur pour générer un signal de
bruit dont le spectre est compris dans la bande de fréquence utilisée. Un brouilleur
est un dispositif d'écoute et d'émission d'ondes électromagnétiques. Lorsqu'il reçoit
des signaux qu'il reconnaît comme ayant été émis par un radar, il émet des signaux
à la même fréquence porteuse sensés parasiter la rétro-diffusion des signaux reçus.
Ainsi, le radar reçoit les signaux émis par le brouilleur et les interprète comme
ses propres impulsions rétro-diffusées. Mais leur traitement numérique conduit à des
données inexploitables. Par exemple, dans le cas d'un radar fonctionnant en mode SAR
et exposé à un brouilleur, l'image est dépourvue de tout contraste, totalement monochrome
en vert par exemple, ne permettant de distinguer aucune installation au sol.
[0005] Il existe déjà des méthodes permettant de filtrer les signaux reçus par le radar
en minimisant l'effet des signaux parasites de brouillage. Par exemple, dans les modes
radars air/air possédant une antenne de réception à plusieurs voies, sont mis en oeuvre
des algorithmes basés sur la technique d'Opposition des Lobes Secondaires (OLS). La
technique OLS consiste à estimer un unique filtre, combinaison linéaire des multiples
voies de réception à disposition, minimisant la puissance de bruit de brouillage.
[0006] La figure 1 illustre par une vue en perspective un exemple d'antenne bi-dimensionnelle
multivoie utilisable en mode SAR. Plusieurs capteurs 2 sont disposés sur une antenne
1. Ils sont régulièrement espacés d'une distance d
x sur un axe (O, x) et d'une distance d
y sur un axe (O, y), les axes (O, x) et (O, y) étant dans le plan de l'antenne 1. Une
voie de réception spatiale de l'antenne 1 correspond à l'un des capteurs 2 et à l'ensemble
des éléments de connectique qui le relient à un récepteur final. Par extension, une
voie de réception est assimilée aux signaux perçus par le capteur et transitant par
les éléments de connectique associés jusqu'au récepteur final. Deux voies ne sont
jamais strictement identiques, notamment à chacune des voies correspond un gain spécifique.
Le gain d'une voie est également fonction de la direction d'arrivée du signal.
[0007] En effet, si une antenne à N voies spatiales est considérée, pour un brouilleur provenant
de la direction u
b et un signal utile provenant de la direction u
u, le signal Z
n sur une voie n à un instant donné s'écrit selon l'équation (1):

Avec :
- α :
- amplitude complexe du signal utile,
- β :
- amplitude complexe du signal de brouillage,
- Uu :
- direction d'arrivée du signal utile,
- Ub :
- direction d'arrivée du brouilleur,
- non :
- bruit thermique sur la voie n,
- Sn(uu) :
- gain de la voie n dans la direction uu,
- Sn(ub) :
- gain de la voie n dans la direction ub.
[0008] A l'équation (1) valable pour une seule voie correspond l'équation vectorielle (2)
décrivant le signal Z sur l'ensemble des voies, grâce à un vecteur Z de dimension
N :

[0009] Dans l'équation (2), X est un vecteur représentant la somme du bruit thermique et
du bruit de brouillage. Le vecteur de contrainte S(
uu) caractérise le gain des diverses voies dans la direction U
u du signal utile et α est l'amplitude complexe du signal utile.
[0010] Le principe de plusieurs méthodes d'antibrouillage connues, notamment la technique
OLS, est d'appliquer un filtre unique au signal Z de manière à minimiser la puissance
moyenne du bruit X par combinaison linéaire. Le traitement OLS fait l'hypothèse que
le signal utile provient d'une direction unique au centre du lobe d'antenne. Un filtre
est la donnée d'une matrice w de dimension 1 x N. Appliquer le filtre w au vecteur
Z consiste à calculer le produit w
HZ, où w
H désigne la matrice transposée et conjuguée de w, w ayant été choisi de manière à
minimiser la puissance moyenne de bruit en sortie E|w
HX|
2 par combinaison linéaire dans le produit w
HZ , E désignant l'espérance mathématique. Le diagramme de rayonnement correspondant
à la voie spatiale virtuelle réalisée par la combinaison linéaire associée à w est
maximum dans la direction u
u et minimum dans la direction u
b du brouilleur. Dans ce diagramme de rayonnement, la position du creux annulant le
bruit de brouillage dépend de la direction inconnue d'arrivée de celui-ci. C'est pourquoi
il est couramment dit que « w réalise une formation de faisceau adaptative ». Si la
direction du signal utile u
u est proche de la direction u
b du brouilleur, le diagramme de rayonnement correspondant à la formation de faisceau
présentera un maximum dans la direction u
b du brouilleur, rendant l'antibrouillage avec le filtre w totalement inefficace.
[0011] Ainsi, un algorithme d'antibrouillage du type de la technique OLS, basé sur un seul
filtre appliqué à l'ensemble de la scène observée, ne s'avère satisfaisant que pour
des brouilleurs dépointés, c'est-à-dire reçu en dehors du lobe principal, dans les
lobes secondaires de l'antenne. Or, un brouilleur situé dans le lobe principal de
l'antenne est fortement envisageable d'un point de vue opérationnel, notamment dans
le cadre de l'imagerie SAR. En effet les brouilleurs intentionnels sont placés à proximité
des zones de terrain à masquer pour optimiser leur bilan de puissance et ils se situent
donc très probablement dans le lobe principal de l'antenne. Le procédé de filtrage
selon l'invention se propose de pallier les inconvénients de ces techniques de filtrage
par combinaison linéaire des voies, dont elle retient toutefois le principe de base.
[0012] Le procédé selon l'invention se propose d'appliquer plusieurs filtres à la scène
observée, chaque filtre réalisant une combinaison linéaire des signaux reçus sur les
différentes voies. Chaque filtre est adapté à une zone spécifique de la scène observée
par l'utilisation des gains des voies dans la direction correspondant à la zone en
question pour calculer les coefficients de la combinaison linéaire. Mais dans le cas
d'une antenne multivoie sur un porteur mobile, la mise en oeuvre d'un tel procédé
n'est pas sans difficultés. En effet, avec le mouvement du porteur les gains des voies
changent même dans une zone précise de la scène observée et les différences de connectivité
entre les voies parasitent les signaux à combiner à l'entrée du récepteur final. Par
conséquent, le signal de bruit n'est pas stationnaire et n'est pas corrélé dans l'espace
sur l'ensemble de la bande et du temps d'éclairement. Ainsi, le signal combinant les
voies n'est pas correctement dissocié du bruit de brouillage. Après traitement numérique,
les données ne sont pas exploitables.
[0013] L'invention a notamment pour but de pallier les difficultés précitées et fournit
une méthode permettant d'éliminer efficacement la composante de bruit de brouillage
dans chacune des zones de la scène observée. A cet effet, l'invention a pour objet
un procédé de filtrage des signaux de brouillage pour une antenne mobile multivoie.
Il comporte une phase de division en blocs temporels des signaux reçus sur chacune
des voies. La durée des blocs est telle que la direction selon laquelle est reçu un
signal par les différentes voies puisse être considérée comme constante au sein d'un
bloc temporel. Le procédé comporte également une phase de division des blocs temporels
en sous bandes de fréquence. Les sous bandes fréquentielles sont suffisamment étroites
pour que les distorsions différentielles entre les voies soient négligeables au sein
d'une sous bande. Il comporte aussi une phase d'estimation de la matrice d'autocorrélation
du bruit dans chacune des sous bandes de fréquence. Il comporte une phase d'estimation
du gain de chaque voie dans des directions (u) correspondant à un découpage en zones
de la scène observée avec un pas angulaire. Chaque zone est associée à une direction
constante dans chacun des blocs temporels et des sous bandes fréquentielles. Le procédé
comporte enfin une phase de filtrage par combinaison linéaire des signaux reçus sur
les différentes voies dans chacune des zones, pour chacun des blocs temporels et chacune
des sous bandes de fréquence. Chaque combinaison linéaire dépend de la matrice d'autocorrélation
du bruit propre à la sous bande de fréquence considérée et dépend des valeurs de gains
des voies dans la direction correspondant à la zone considérée. Chaque combinaison
linéaire permet d'annuler la composante de brouillage dans la direction correspondant
à la zone considérée.
[0014] Avantageusement, la durée des blocs temporels sur chacune des voies peut être déterminée
de manière à ce que, dans un bloc temporel, la variation de l'angle d'incidence du
bruit de brouillage ne dépasse pas un seuil prédéterminé autour de l'angle de gain
maximal de l'antenne.
[0015] Avantageusement également, les directions correspondant à un découpage en zones de
la scène observée peuvent être obtenues par découpage en zones d'une image distance
radiale - fréquence Doppler de la scène observée.
[0016] Dans un mode de réalisation, les combinaisons linéaires permettant d'annuler la composante
de brouillage peuvent être obtenues par la méthode du maximum de vraisemblance ou
encore par la méthode de minimisation sous contraintes.
[0017] Les matrices d'autocorrélation du bruit peuvent être estimées en zone claire et en
zone de brouillage stationnaire.
[0018] L'écart angulaire entre les directions correspondant à un découpage en zones de la
scène observée peut assurer que le bruit de brouillage est reçu avec une puissance
inférieure à 10 fois la puissance du bruit thermique dans au moins une des directions.
[0019] L'invention a encore pour principaux avantages qu'elle permet d'avoir une image anti-brouillée
de l'ensemble de la scène observée avec une qualité d'image uniforme quelle que soit
la direction d'arrivée des signaux de brouillage. Même dans les zones qui étaient
déjà correctement anti-brouillées par les anciennes méthodes, la qualité de l'image
est meilleure. Par ailleurs, le procédé selon l'invention peut être mis en oeuvre
par simple mise à jour logicielle des systèmes d'imagerie SAR actuels, sans aucune
mise à jour matérielle. En effet, les calculateurs utilisés sont d'ores et déjà tout
à fait adaptés à la charge de calcul supplémentaire induite par le procédé selon l'invention.
[0020] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à l'aide de la
description qui suit faite en regard de dessins annexés qui représentent :
- la figure 1, par une vue en perspective, illustre un exemple d'antenne bi-dimensionnelle
multivoie utilisable en mode SAR,
- la figure 2, par un synoptique, illustre des phases possibles du procédé selon l'invention,
- la figure 3, par une vue de profil, illustre un exemple d'antenne bi-dimensionnelle
multivoie utilisable en mode SAR.
[0021] La figure 2 illustre par un synoptique les phases possibles du procédé selon l'invention.
[0022] Le procédé selon l'invention comporte notamment une phase 10 de division en blocs
temporels des signaux reçus sur chacune des voies. La durée des blocs est telle que
la direction selon laquelle est reçu un signal par les différentes voies puisse être
considérée comme constante au sein d'un bloc temporel.
[0023] Pour une antenne aéroportée et pour un brouilleur fixe au sol, les gains avec lesquels
est capté le bruit de brouillage par les différentes voies de réception de l'antenne
varient au cours du temps avec l'angle d'incidence du brouilleur. Comme explicité
par la suite, le procédé selon l'invention se propose d'estimer le bruit, au travers
de sa matrice d'autocorrélation, dans des sous blocs temporels limités en terme de
récurrences, c'est-à-dire d'une durée n'englobant qu'une partie des impulsions émises
par le radar. Les blocs temporels doivent être suffisamment courts pour conserver
la stationnarité du brouilleur lors de l'estimation de la matrice d'autocorrélation
du bruit, mais assez longs pour conserver la finesse angulaire en gisement du creux
d'annulation du brouilleur dans la formation adaptative de faisceau. Dans ce cas,
il peut être montré par un raisonnement simple que le nombre d'impulsions radar T
tF dans un bloc temporel doit respecter la double inéquation (3) suivante :

Avec :
λ : longueur d'onde des impulsions radar émises,
Fc : fréquence de récurrence du radar,
v : vitesse horizontale du centre de phase de l'antenne,
G0 : angle de pointage en gisement du centre de la zone imagée,
S0 : angle de pointage en site du centre de la zone imagée,
θ3dB : ouverture angulaire de l'antenne à 3dB,
Cpond : un coefficient dépendant de la pondération utilisée pour la FFT permettant de mesurer
le Doppler,
N2 est un coefficient déterminé empiriquement : N2 = 15,
Ω est la vitesse de défilement angulaire de l'antenne pour un point du sol.
[0024] En mode SAR, tous les termes de la double inéquation (3) sont connus a priori. De
plus, connaissant la fréquence de récurrence F
c du radar SAR et donc le temps entre les impulsions, la durée des blocs temporels
se déduit immédiatement grâce à T
tF. Sur la durée des blocs temporels, malgré le mouvement du porteur, les gains avec
lesquels est capté le bruit de brouillage par les différentes voies de réception de
l'antenne peuvent être considérés constants.
[0025] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 11 de division des blocs
temporels en sous bandes de fréquence. Les sous bandes fréquentielles sont suffisamment
étroites pour que les distorsions différentielles entre les voies soient négligeables
au sein d'une sous bande.
[0026] Les distorsions différentielles correspondent aux différences de réponse impulsionnelle
entres les voies pour un même signal perçu. Elles proviennent de diverses causes physiques
: différences au niveau des filtres analogiques, différences de distance entre les
centres de phase des voies spatiales, dispersions angulaires variables ou encore différences
de trajets dans les circuits hyperfréquence. L'effet des perturbations engendrées
par ces distorsions augmente avec la bande fréquentielle du signal. Notamment, elles
perturbent l'estimation des matrices d'autocorrélation du bruit et par conséquent
altèrent les performances de l'algorithme d'antibrouillage.
[0027] Le procédé selon l'invention propose de diviser la bande totale du signal en sous
bandes de fréquence plus étroites et d'estimer une matrice d'autocorrélation du bruit
dans chacune des sous-bandes de fréquence. Par la suite, le nombre de sous-bandes
est appelé N
S/bande. Le nombre N
S/bande est limité à la fois par le nombre d'échantillons N
ech nécessaires à l'estimation de la matrice d'autocorrélation du bruit en zone claire
et par la finesse angulaire de l'algorithme d'antibrouillage. En effet, si le nombre
de sous-bandes N
S/bande est trop important, la résolution en distance de chaque sous bande risque de devenir
moins fine que la résolution δD
ini nécessaire à la conservation de la finesse angulaire du creux du diagramme de rayonnement
en site de l'algorithme d'antibrouillage. Le bénéfice recherché en limitant la bande
de fréquence instantanée serait alors annulé par la perte due à l'échantillonnage
trop large en vecteurs de contrainte. Cette double condition s'exprime par deux inéquations
que l'on combine aisément dans la formulation (4) suivante :

Avec :
NS/bande : nombre de sous-bandes,
S0 : angle de pointage en site du centre de la zone imagée,
D0 : distance au centre de la zone imagée,
θ3dB : ouverture angulaire de l'antenne à 3dB autour de son gain maximum,
δDini : résolution distance avant la division en sous bandes,
Nclaire : nombre d'échantillons contenus dans la zone claire,
Nech : nombre d'échantillons de bruit nécessaire pour estimer correctement la matrice
d'autocorrélation.
[0028] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 12 de calcul de la matrice
d'autocorrélation du bruit. Une matrice est calculée dans chaque sous bande de chaque
bloc temporel.
[0029] Cette matrice est calculée à partir de N
ech échantillons de vecteur bruit (X
i). Pour cela, il est tout d'abord impératif d'isoler une zone claire sur chaque voie
au sein même du signal radar de chaque sous bande de chaque bloc temporel. Une zone
claire est une zone de signal dépourvue de signal utile et dans laquelle seule du
bruit thermique et du bruit de brouillage sont présents si un brouilleur émet et uniquement
composée de bruit thermique en l'absence de brouilleur.
Le signal de brouillage contenu dans la zone claire doit en outre être stationnaire,
condition assurée par la division en sous bloc temporel. Ensuite, la matrice d'autocorrélation
du bruit est simplement déduite de la relation (5) suivante :

[0030] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 13 d'estimation du gain
de chaque voie dans des directions correspondant à un découpage en zones de la scène
observée avec un pas angulaire. Chaque zone est associée à une direction constante
dans chacun des blocs temporels et des sous bandes fréquentielles.
[0031] Le signal SAR global provient d'une multitude de directions u
j. Ainsi, un signal SAR noté Z reçu par une seule voie peut s'écrire selon l'équation
vectorielle (6) suivante :

[0032] Dans l'équation (6), le vecteur X représente la somme du bruit thermique et du bruit
de brouillage. Un terme S(
uj) est appelé vecteur de contrainte dans la direction u
j et caractérise le gain de la voie de réception considérée dans la direction u
j. Un terme α
j caractérise l'amplitude du signal dans la direction u
j. La direction u
u introduite par la relation (1) est un cas particulier équivalent à une direction
u
j.
[0033] Comme explicité par la suite, pour antibrouiller le signal SAR, le procédé selon
l'invention se propose notamment de réaliser une combinaison linéaire des voies dans
certaines directions u
j de manière à minimiser la composante de bruit X. Le mode de réalisation présenté
ici se propose d'utiliser un filtre optimal w, connu par ailleurs par des méthodes
classiques, et ayant la propriété d'annuler le bruit. Le filtre optimal w dans la
direction u
j est donné par :

où Γ
j est donné par la relation (5), représente la matrice d'autocorrélation du bruit X,
E désignant l'espérance mathématique et H désignant le vecteur conjugué transposé.
Mais la mise en oeuvre d'un tel filtre w pose de nombreuses difficultés.
[0034] Pour le signal SAR, une méthode permet d'associer à un pixel de l'image distance-Doppler
de la scène observée une direction u(Δg, Δs) dans le repère de l'antenne dont l'origine
est au centre de phase ○ de l'antenne et qui est porté par l'axe de pointage de l'antenne
(comme illustré par la figure 1). L'image distance-Doppler est la représentation des
points du sol dans un repère où l'abscisse représente la distance au point et l'ordonnée
représente la fréquence Doppler du point. Ainsi, un point du sol, donc un pixel de
l'image quand il est tenu compte de la résolution SAR, est représenté sur l'image
distance-Doppler par un couple (D, f) où D est une distance et f est une fréquence
Doppler. Chaque pixel (D, f) est ainsi pointé par une direction u(Δg, Δs) dans le
repère antenne.
En effet, à un décalage Δ
fd en fréquence Doppler par rapport à la fréquence Doppler du point central correspond,
au premier ordre, un décalage Δg en gisement dans le repère de l'antenne.
Le décalage Δg est donné par :

Avec :
v : vitesse horizontale du centre de phase de l'antenne,
G0 : angle de pointage en gisement du centre de la zone imagée.
[0035] Or, en mode SAR, l'angle de gisement G
0 du point central de la zone imagée est connu a priori, de même que la vitesse du
porteur. Ainsi, l'angle de gisement Δg dans le repère antenne peut être calculé pour
chaque point de l'image distance-Doppler.
[0036] De même, à un décalage ΔD en distance par rapport à la distance du point central
de l'image correspond un décalage ΔS en site dans le repère de l'antenne. Le décalage
Δs est donné par :

Avec :
S0 : angle de pointage en site du centre de la zone imagée,
D0 : distance au centre de la zone imagée.
[0037] Or, en mode SAR, l'angle de site S
0 du point central de la zone imagée ainsi que sa distance à l'antenne D
0 sont connus a priori. Ainsi, l'angle de site ΔS dans le repère de l'antenne peut
être calculé pour chaque point de l'image distance-Doppler.
[0038] Finalement, dans le repère antenne porté par l'axe de pointage, la direction (plus
précisément les angles de site et de gisement) du pixel correspondant à un décalage
Δ
fd en fréquence Doppler par rapport à la fréquence Doppler du point central de l'image
distance-Doppler et à un décalage ΔD en distance par rapport à la distance du point
central de l'image distance-Doppler s'exprime très simplement par la relation suivante
:

[0039] Connaissant par la relation (9) la direction u dans le repère sphérique centré sur
l'antenne et porté par l'axe de pointage correspondant à chaque pixel de l'image distance-Doppler,
il reste encore à déterminer le gain de chacune des voies dans chacune de ces directions.
pour estimer le filtre w.
[0040] Connaissant par la relation (9) le gisement et le site du signal SAR correspondant
à un pixel de l'image distance-Doppler, il est également nécessaire de connaître la
distance entre les différentes voies pour déduire le gain dans la direction u. Comme
illustré par la figure 1, les voies sont par exemple espacées d'une distance d
x selon l'axe (O, x) et d'une distance d
y selon l'axe (O, y). Le vecteur de contrainte S
m,n(Δg, Δs), avec (Δg, Δs) donné par la relation (9), de la m
ième voie sur l'axe (O, x) et de la n
ième voie sur l'axe (O, y) selon la direction u d'un pixel, qui caractérise le gain de
la voie de ligne m et colonne n dans la direction u, s'exprime par les relations (10),
(11) et (12) suivantes :

Avec :
m et n : indices respectifs de ligne et de colonne caractérisant une voie,
km,n : position d'une voie repérée par les indices m et n,
dx et dy: distance respective entre les lignes et les colonnes de voies,
λ : longueur d'onde des impulsions émises,
u (Δg, Δs) : direction du pixel,
S m,n (u) = S m,n (Δg, Δs) : gain de la voie de ligne m et colonne n dans la direction u.
Cependant, il n'est pas nécessaire d'appliquer un vecteur de contrainte à chaque pixel
de l'image, car l'antibrouillage est inefficace dans une zone angulaire autour du
brouilleur.
[0041] Il s'agit de déterminer un filtre w
j dans chacune des directions u
j, Mais parmi l'infinité de directions d'où provient le signal, il faut retenir certaines
directions d'arrivée u
j, ces directions correspondant à des composantes u
j du signal SAR global exprimé par la relation (6).
Il reste à estimer l'écart angulaire entre les vecteurs de contrainte et donc le nombre
de vecteurs de contrainte.
[0042] La figure 3 illustre, par une vue de profil, le même exemple d'antenne bi-dimensionnelle
multivoie utilisable en mode SAR que la figure 1. L'antenne 1 est de longueur L et
comporte N voies de réception identiques séparées d'une même distance d. La distance
d peut être assimilée à la distance d
x ou à la distance d
y de la figure 1 selon le profil considéré. Par exemple, étant donné un vecteur de
contrainte u, il peut être envisagé d'estimer l'écart angulaire Δθ entre ce vecteur
de contrainte et une direction d'arrivée du brouilleur à partir de laquelle la puissance
P
b du brouilleur dans la direction en question devient inférieure à 10 fois la puissance
de bruit thermique. Selon le profil considéré, Δθ est assimilable à un site Δs ou
à un gisement Δg. En effet, l'expérience montre que si la puissance de brouillage
n'excède pas 10 décibels au-dessus du bruit thermique, l'image SAR garde un certain
contraste dans de nombreux cas. Ainsi, en partant de l'inéquation P
b < 10σ
20, où σ
20 est la puissance de bruit thermique, il vient immédiatement l'inéquation (13) :

Avec:
λ : longueur d'onde de l'impulsion émise,
L : largeur de l'antenne.
[0043] Ainsi, une discrétisation des directions d'arrivée avec un pas en site et en gisement
de Δθ vérifiant l'inéquation (13) permet la mise en oeuvre du procédé selon l'invention.
Par la suite, le nombre de vecteurs de contrainte constituant la discrétisation des
directions sera appelé N
v. Notamment, les gains des voies sont respectivement estimés pour chacun des N
v vecteurs de la discrétisation grâce aux relations (5) et (13).
[0044] Le procédé selon l'invention comporte également une phase 14 de filtrage par combinaison
linéaire des signaux reçus sur les différentes voies dans chacune des zones. Pour
chacun des blocs temporels et chacune des sous bandes de fréquence, chaque combinaison
linéaire dépend de la matrice d'autocorrélation du bruit propre à la sous bande de
fréquence considérée et dépend des valeurs de gains des voies dans la direction correspondant
à la zone considérée. Chaque combinaison linéaire permet d'annuler la composante de
brouillage dans la direction correspondant à la zone considérée.
[0045] Comme explicité précédemment, un principe du procédé d'antibrouillage selon l'invention
est d'appliquer un filtre spécifique w (
uj) dans chacune des directions u
j, de manière à minimiser par combinaison linéaire la puissance moyenne du bruit. Par
exemple, l'expression formelle du filtre optimal dans la direction

décrit précédemment peut s'obtenir par la méthode de minimisation sous contrainte
ou par la méthode du maximum de vraisemblance (méthode identique pour un bruit gaussien),
ces méthodes étant bien connues par ailleurs. Mais d'autres filtres obtenus par d'autres
méthodes peuvent être envisagés.
[0046] Dans chacun des blocs temporels décrits précédemment, il s'agit d'estimer autant
de filtres w qu'il y a de directions u
j et de sous-bandes de fréquence. Le nombre de filtres w (
uj) à l'intérieur d'un bloc temporel est donc égal à N
v x N
S/bande. Ils se déduisent facilement des phases précédentes au cours desquelles ont été sélectionnées
les directions u
j, ont été calculés les vecteurs de contraintes associés S(
uj) ainsi que les matrices d'autocorrélation du bruit Γ pour chacune des sous bandes
de fréquence de chaque bloc temporel.
[0047] Ainsi, le procédé de filtrage selon l'invention ne propose plus un seul filtre en
particulier mais un jeu de filtres, chaque filtre étant particulièrement bien adapté
à la direction dans laquelle il est utilisé. En cas de survol d'un brouilleur, seulement
un seul des filtres parmi plusieurs sera inefficace, celui associé à une plage de
direction contenant la direction du brouilleur survolé u
b (relation 1).