Domaine technique
[0001] La présente invention se rapporte aux organes de mouvement d'horlogerie, en particulier
constitutifs de la cage ou de l'ébauche, du type muni d'un chanfrein.
Etat de la technique
[0002] On appelle chanfrein une surface de raccordement, plane ou arrondie, entre deux surfaces
se coupant. Ainsi, dans les mouvements de montres de haut de gamme, les arêtes des
ponts, notamment, sont travaillées pour former un chanfrein entre leur tranche et
leur face supérieure.
[0003] Ce chanfrein est généralement poli, de manière à souligner la forme des ponts, et
ainsi leur conférer une esthétique particulièrement remarquable. Il apparaît en effet
qu'une surface polie en contraste avec une surface munie d'un décor mat souligne la
pureté des lignes.
[0004] Les organes constitutifs du bâti sont généralement fabriqués en laiton et recouverts
d'une couche de protection, généralement de l'or ou du rhodium, permettant d'éviter
une oxydation, et définissant la couleur de l'organe. Il existe également des pièces
dans lesquelles le revêtement est réalisé par PVD (Physical Vapor Deposition). Ce
type de revêtement permet à la foi de donner des couleurs aux organes du bâti tout
en les protégeant. Jusqu'ici, toutefois, ces organes présentent une couleur uniforme,
avec parfois des gravures en couleur contrastée. A cet effet, la pièce subit un premier
traitement de surface qui la recouvre entièrement. La partie gravée est ensuite masquée
et la pièce subit un nouveau traitement de surface.
[0005] Par ailleurs, différentes techniques pour décorer des boites de pièces d'horlogerie
sont décrites dans les demandes de brevet
EP 98 795 et
EP 199 207. Toutefois, ces documents s'adressent spécifiquement à l'habillage de pièces d'horlogerie
et ne sont aucunement concernés par le problème de l'aspect des chanfreins des organes
utilisés dans les mouvements d'horlogerie.
Divulgation de l'invention
[0006] Un but de la présente invention est de permettre de mieux souligner les formes des
organes constitutifs du bâti et ainsi renforcer l'aspect esthétique de la montre,
tout en assurant sa protection contre l'oxydation. A cet effet, le chanfrein présente
une surface constituée d'un premier matériau et les faces de l'organe de part et d'autre
du chanfrein présentent une surface constituée d'un au moins deuxième matériau différent
du premier matériau, les premier et deuxième matériaux étant inertes. Ce but peut
être atteint même sans que le chanfrein soit poli.
[0007] De manière avantageuse, l'organe est formé d'un troisième matériau différent des
premier et deuxième matériaux, lesquels forment une couche sur ledit troisième matériau
et le recouvrent complètement. Une protection efficace est obtenue notamment quand
les premier et deuxième matériaux sont l'un de l'or, l'autre du rhodium et le troisième
du laiton.
[0008] Dans une variante, l'organe est lui-même formé d'un matériau inerte constitutif de
la surface du chanfrein, par exemple de l'or.
[0009] La présente invention concerne également un procédé de fabrication d'un organe selon
l'invention. Ce procédé comporte les étapes suivantes :
- formation mécanique du chanfrein,
- dépôt du premier matériau inerte sur la surface de l'organe,
- masquage du chanfrein au moyen d'un matériau de masquage,
- élimination mécanique du matériau de masquage dans les parties recouvrant les faces
de l'organe de part et d'autre du chanfrein,
- dépôt du deuxième matériau inerte, et
- élimination du matériau de masquage.
[0010] La présente invention concerne également une autre variante de procédé de fabrication
d'un organe selon l'invention. Ce procédé comporte les étapes suivantes:
- formation mécanique du chanfrein,
- dépôt du premier matériau inerte sur la surface de l'organe,
- masquage dudit organe au moyen d'un matériau de masquage,
- élimination mécanique du matériau de masquage sur le chanfrein,
- dépôt du deuxième matériau inerte, et
- élimination du matériau de masquage.
[0011] Dans une mise en oeuvre particulièrement simple et avantageuse, les premier et deuxième
matériaux peuvent être l'un de l'or et l'autre du rhodium, les opérations de dépôt
se faisant par galvanoplastie. L'or ou le rhodium peuvent être utilisés comme premier
matériau, l'autre étant alors utilisé comme deuxième matériau, en fonction de l'aspect
final souhaité et en fonction de la variante du procédé utilisée.
Brève description des dessins
[0012] D'autres caractéristiques de la présente invention apparaîtront plus clairement à
la lecture de la description qui va suivre, faite en référence aux dessins annexés
dans lesquels:
- les figures 1 à 3 représentent schématiquement un organe de bâti,
- les figures 4 à 9 illustrent les différentes étapes d'un procédé selon l'invention.
Mode(s) de réalisation de l'invention
[0013] Les figures 1 et 2 montrent, respectivement vu en plan et en coupe, un organe de
bâti, en l'occurrence un pont 10, au début de sa préparation. Le matériau le constituant
est du laiton, découpé par fraisage ou étampage. Il présente une section épaisse 12
destinée à prendre appui sur la platine et percée de trous non référencés dans lesquels
s'engagent des pieds ou une vis pour assurer son montage sur la platine, et une partie
amincie 14 muni d'un trou non référencé, destiné à recevoir une pierre, et recouvrant
un ou plusieurs mobiles du mouvement. Le pont 10 comprend notamment une face supérieure
16 et une face latérale 18.
[0014] La première opération en vue de réaliser un organe selon l'invention consiste à créer,
par limage, un chanfrein 20 sur tout le pourtour du pont 10, entre la face supérieure
16 et la face latérale 18, comme on peut le voir sur la figure 3, qui représente,
agrandie, la partie du pont voisine du trou de vis. Ce chanfrein 20 peut ensuite être
poli de manière classique.
[0015] Après quoi, le pont 10 subit des opérations de nettoyage selon des procédures bien
connues de l'homme du métier, comportant des phases de dégraissage, de rinçage, etc.,
en vue de disposer de surfaces parfaitement propres.
[0016] Le pont 10 est alors prêt à être revêtu d'un dépôt galvanique, tout d'abord de nickel,
puis de mise en couleur, par exemple d'or jaune ou rouge. Il est ainsi couvert d'une
sous-couche de nickel 22 et d'une couche d'or 24, comme le montre la figure 4. Les
épaisseurs de ces couches, de l'ordre du micromètre, sont exagérées pour faciliter
la lecture du dessin.
[0017] Un filet de masquage 26 est ensuite disposé sur tout le pourtour du pont 10, recouvrant
complètement le chanfrein 20. Il peut avantageusement être réalisé au moyen d'un verni
commercialisé par la maison Berlach (Suisse) sous la marque « Bernit ® » (figure 5).
[0018] Le pont est ensuite séché de manière à durcir le verni, typiquement durant 8 heures
à 110°C.
[0019] Ainsi qu'on peut le voir sur la figure 6, le verni du filet 26 est éliminé sur les
faces 16 et 18, tout en travaillant leur aspect. Durant cette opération, l'essentiel
de la sous-couche 22 et de la couche 24 est éliminé. Ce travail s'effectue au moyen
d'un abrasif, choisi en fonction de l'aspect attendu.
[0020] Après avoir été, une nouvelle fois, nettoyé avec soin, le pont 10 subit une nouvelle
opération de dépôt galvanique, par exemple de rhodium. Ce dernier se dépose partout,
à l'exception de la zone couverte par le filet de masquage 26. En d'autres termes,
les faces supérieure 16 et latérale 18 sont recouvertes d'une couche de rhodium 28.
Sur la face inférieure et dans les trous, cette couche se superpose à la sous-couche
de nickel 22 et à la couche d'or 24, ainsi qu'on peut le voir sur la figure 7.
[0021] Le pont 10 est ensuite trempé dans un bain d'acétone, ce qui a pour effet de dissoudre
le filet de verni 26. Le pont ainsi obtenu présente ainsi un chanfrein 20 dont la
surface est constituée d'un matériau de composition différente du pont 10 et du matériau
constitutif des surfaces des faces 16 et 18. On obtient ainsi un filet de couleur
différente de la couleur de fond, donnant à la pièce un aspect particulièrement remarquable
(figures 8 et 9).
[0022] On relèvera que, contrairement à ce qui apparaît sur les figures, il n'y a pas de
décalage apparent entre les couches de rhodium 28 et d'or 24, du fait que celles-ci
sont beaucoup plus minces que représenté. De plus, bien que les couches 24 et 28 soient
pratiquement jointives, l'expérience montre que la protection obtenue est tout à fait
comparable à celle obtenue classiquement par une couche continue.
[0023] Dans le mode de réalisation décrit ci-dessus, le pont est en laiton et les couches
formant d'une part la surface du chanfrein, d'autre part les surfaces du pont sont
en matériau inerte. Il existe, bien entendu, de nombreuses variantes envisageables.
Il est, par exemple, possible d'utiliser un pont réalisé en matériau inerte, en or
notamment, de le recouvrir galvaniquement d'un autre matériau inerte tel que le rhodium,
puis de former les chanfreins par des opérations de limage et de polissage. Il est
également possible de recouvrir complètement le pont en or, puis masquer le chanfrein
et éliminer ensuite la couche déposée partout ailleurs que sur le chanfrein.
[0024] L'invention concerne également une autre variante de procédé de fabrication. Les
premières opérations concernant la formation du chanfrein, le nettoyage du pont et
le dépôt galvanique du premier matériau inerte, décrites précédemment aux paragraphes
[0013] à [0016] restent identiques. Toutefois, si l'on souhaite obtenir un organe
dont les faces présentent au final l'aspect du rhodium, le premier matériau inerte
déposé selon cette variante est le rhodium.
[0025] Un matériau de masquage est ensuite déposé sur l'ensemble du pont, recouvrant complètement
la pièce. Il peut avantageusement être réalisé au moyen d'un verni commercialisé par
la maison Berlach (Suisse) sous la marque « Bernit ® ». Le pont est ensuite séché
de manière à durcir le verni, typiquement durant 8 heures à 110°C.
[0026] Le matériau de masquage est ensuite éliminé de la surface du chanfrein. Cette opération
se fait par des moyens mécaniques, par exemple au moyen d'un abrasif. Durant cette
opération, l'essentiel de la couche du premier matériau inerte est éliminé.
[0027] Après avoir été, une nouvelle fois, nettoyé avec soin, le pont subit l'opération
de dépôt galvanique du deuxième matériau inerte, par exemple de l'or. Ce dernier se
dépose uniquement sur la surface du chanfrein, les autres zones étant couvertes par
le matériau de masquage.
[0028] Le pont est ensuite trempé dans un bain d'acétone, ce qui a pour effet de dissoudre
le matériau de masquage. Le pont obtenu présente ainsi un chanfrein dont la surface
est constituée d'un matériau de composition différente du pont et du matériau constitutif
des surfaces des faces. On obtient ainsi un filet de couleur différente de la couleur
de fond, donnant à la pièce un aspect particulièrement remarquable.
[0029] Dans une autre variante, tout ou partie des matériaux inertes peut être déposée par
PVD (physical vapor deposition). Dans ce cas également, après le dépôt d'une première
couche sur l'ensemble du pont, on disposera avantageusement un filet de verni sur
le chanfrein préalablement travaillé. Il sera alors possible d'éliminer le surplus
comme expliqué ci-dessus, avant d'effectuer le deuxième dépôt, qui couvrira les faces
latérale et supérieure.
[0030] Il est également possible d'envisager de déposer une deuxième couche d'épargne sur
la face supérieure, après le dépôt de la couche 28, et de déposer une nouvelle couche
recouvrant alors la face latérale 18, ainsi que la face inférieure 14. Le pont aurait
ainsi des couleurs différentes sur sa face supérieure 16, son chanfrein 20 et sa face
latérale 18.
[0031] Il est aussi envisageable de déposer deux couches superposées sur la face supérieure
16, puis d'attaquer localement la couche supérieure par voie chimique, de manière
à rendre apparente la couche sous-jacente.
[0032] Les exemples donnés ci-dessus se rapportent à un pont. Il est évident que le même
principe peut être appliqué à d'autres pièces du bâti ou de l'ébauche. On considèrera
notamment que la cage d'un tourbillon en fait partie.
1. Organe de mouvement d'horlogerie (10), comportant au moins deux faces se coupant,
notamment une face plane (16) et une face latérale (18), reliées l'une à l'autre au
moyen d'un chanfrein (20), caractérisé en ce que le chanfrein (20) présente une surface constituée d'un premier matériau (24) et en ce que lesdites faces (16, 18) de l'organe de part et d'autre du chanfrein (20) présentent
une surface constituée d'un au moins deuxième matériau (28) différent du premier matériau
(24), lesdits matériaux (24, 28) étant inertes.
2. Organe (10) selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il est formé d'un troisième matériau différent des premier (24) et deuxième (28) matériaux,
lesquels forment une couche sur ledit troisième matériau.
3. Organe selon la revendication 2, caractérisé en ce que les premier et deuxième matériaux sont l'un de l'or, l'autre du rhodium et le troisième
du laiton.
4. Organe selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il est formé du matériau inerte constitutif de la surface du chanfrein (20).
5. Organe selon la revendication 4, caractérisé en ce que ledit organe est en or.
6. Procédé de fabrication d'un organe selon la revendication 1,
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes :
- formation mécanique dudit chanfrein (20),
- dépôt dudit premier matériau (24) inerte sur la surface (16, 18, 20) dudit organe
(10),
- masquage du chanfrein (20) au moyen d'un matériau de masquage (26),
- élimination mécanique du matériau de masquage (26) dans les parties recouvrant les
faces (16, 18) de l'organe de part et d'autre du chanfrein (20),
- dépôt dudit deuxième matériau inerte (28), et
- élimination dudit matériau de masquage (26).
7. Procédé de fabrication d'un organe selon la revendication 1,
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes:
- formation mécanique dudit chanfrein,
- dépôt dudit premier matériau inerte sur la surface dudit organe,
- masquage dudit organe au moyen d'un matériau de masquage,
- élimination mécanique du matériau de masquage sur le chanfrein,
- dépôt dudit deuxième matériau inerte, et
- élimination dudit matériau de masquage.
8. Procédé selon l'une des revendications 6 ou 7, caractérisé en ce que lesdits premier et deuxième matériaux sont l'un de l'or et l'autre du rhodium et
en ce que les opérations de dépôt se font par galvanoplastie.