[0001] La présente invention concerne le domaine des turbomachines et vise une méthode permettant
de réduire les vibrations sur les aubes d'une roue aubagée soumises à une excitation
périodique résultant des perturbations dans l'écoulement gazeux traversant la turbomachine,
produites par une roue aubagée ou un obstacle à proximité de ladite roue, l'une étant
généralement mobile et l'autre fixe.
[0002] Une turbomachine comprend un ou plusieurs rotors formés de roues aubagées, c'est
à dire d'aubes montées sur un disque mobile en rotation autour d'un axe, et une ou
plusieurs grilles formées de roues aubagées fixes, c'est à dire non mobiles en rotation
par rapport à l'axe ci-dessus. Les aubages des roues fixes et mobiles sont traversés
par un fluide gazeux dans une direction générale parallèle à l'axe. Une des principales
sources d'excitation des aubes fixes ou mobiles provient des sillages et des fluctuations
de pression générées par les obstacles adjacents à l'aubage. Ces différents obstacles,
à savoir les aubes des étages amont et aval ou encore les bras de carter induisent
des perturbations dans l'écoulement du fluide à travers les aubages. Le défilement
des aubes dans ces perturbations crée une excitation harmonique synchrone de la vitesse
de rotation du rotor et génère un champ de pression instationnaire sur la surface
de l'aube.
[0003] Dans le domaine des turbomachines aéronautiques, les aubages sont des pièces particulièrement
sensibles car elles doivent répondre en termes de dimensionnement à des impératifs
de performances aérodynamiques, d'aéroacoustique et de tenue mécanique à la rotation,
la température et la charge aérodynamique. L'ensemble de ces aspects fait que ces
structures sont assez chargées statiquement et que compte tenu des impératifs de durée
de vie, les amplitudes de vibrations qu'elles subissent doivent rester faibles. Par
ailleurs le couplage aéroélastique, c'est à dire le couplage entre la dynamique des
roues aubagées et l'écoulement fluide, conditionne la stabilité vibratoire de la structure.
[0004] Dans le cadre de la conception d'une turbomachine, et compte tenu de la pluridisciplinarité
des intervenants, le processus de dimensionnement est itératif. On effectue le dimensionnement
vibratoire afin d'éviter la présence de résonances critiques dans la plage de fonctionnement
de la machine. L'ensemble est validé en fin de cycle de conception par un essai moteur
sur lequel les amplitudes vibratoires sont mesurées. Il apparaît parfois de forts
niveaux vibratoires liés soit à des résonances soit à des instabilités vibratoires.
La mise au point du rotor concerné doit alors être refaite ce qui est particulièrement
long et coûteux.
[0005] La présente invention a pour objectif de maîtriser, déjà lors de la phase de conception
ou de développement de la machine, les niveaux de réponse vibratoire des roues aubagées
dans une structure de turbomachine comportant au moins une roue aubagée mobile et
une roue aubagée fixe traversées par un écoulement gazeux.
[0006] L'invention vise ainsi le traitement des vibrations produites par les perturbations
engendrées par exemple par l'une des roues dans l'écoulement gazeux sur l'autre roue
aubagée. Elle vise dans un cas particulier les perturbations engendrées sur l'écoulement
gazeux par le sillage d'une roue aubagée fixe ou d'un obstacle tel que des bras de
carter ; ces perturbations produisent des vibrations sur la roue aubagée mobile située
en aval.
[0007] L'objectif de la présente invention ne se limite pas à la maîtrise des niveaux vibratoires
dans une configuration où les roues aubagées sont adjacentes, elle vise la maîtrise
des réponses vibratoires sur une roue aubagée pour des perturbations trouvant leur
origine en amont ou en aval de la roue aubagée sans être limité aux roues adjacentes.
[0008] L'invention vise encore les excitations de type distorsion de veine aérodynamique
générée par un ou plusieurs prélèvements dans la veine de gaz ou par une distorsion
de manche d'entrée du moteur, lorsque le moteur est un turboréacteur, en cas de vent
de travers ou de vol en incidence. On inclut ces distorsions dans le terme obstacle,
par la suite.
[0009] L'invention a pour autre objectif la réalisation d'une méthode qui permet de prendre
les mesures correctives qui s'imposent le plus tôt ou le plus en amont possible dans
le processus de conception et de mise au point de roues aubagées de turbomachines.
[0010] Elle a plus particulièrement pour objectif de réduire les niveaux vibratoires synchrones
de la vitesse de rotation du rotor sur une roue aubagée, mobile ou fixe, générée par
le défilement relatif des sillages ou de la distorsion induite par une roue aubagée
adjacente ou distante de un ou deux étages, amont ou aval.
[0011] Conformément à l'invention, le procédé de réduction des niveaux vibratoires susceptibles
de survenir, dans une turbomachine comprenant au moins une première roue aubagée et
une deuxième roue aubagée, lorsque les deux roues sont en mouvement relatif l'une
par rapport à l'autre autour d'un axe de rotation et traversées par un fluide gazeux,
en raison de perturbations d'origine aérodynamique produites par la deuxième roue
aubagée ou un obstacle sur la première roue aubagée, est caractérisé par le fait qu'il
comprend les étapes suivantes lors de la conception desdites deux roues aubagées :
A - on définit une configuration initiale des aubes, en fonction des performances
attendues de la turbomachine, avec les profils aérodynamiques individuels de p coupes
empilées radialement entre le pied et la tête desdites aubes ;
B - on calcule la réponse forcée synchrone y(ω) sur la première roue aubagée en fonction
de l'effort f(ω) d'excitation harmonique produite par la deuxième roue aubagée ou
l'obstacle à partir de la relation y(ω) = F(τyυ*f(ω)), où F est une fonction linéaire de la force aérodynamique généralisée τyυ*f(ω) pour le mode υ considéré;
C - on définit un coefficient (α<1) de réduction de la réponse forcée synchrone y(ω)
;
D - on détermine pour chacune desdites p coupes empilées de l'une des deux roues une
valeur de décalage géométrique tangentiel de l'axe d'empilage θ de manière à réduire
le terme correspondant à la force aérodynamique généralisée |τy*f(ω)|, le déphasage temporel ϕ de la pression d'excitation f(ω) étant relié au décalage
géométrique tangentiel par la relation θ= Nexcit *ϕ où Nexcit est le nombre de sources excitatrices; l'ensemble des p coupes avec les décalages
tangentiels définit ainsi une nouvelle configuration des aubes de la dite une des
deux roues.
E - on calcule la réponse forcée synchrone y (ω) sur la première roue aubagée ;
F - si | y'(ω) | > α* | y(ω) on reprend le calcul en D avec de nouvelles valeurs de
décalage géométrique tangentiel à appliquer sur l'axe d'empilage.
G - si |y'(ω)| < α* |y(ω)|, on applique la nouvelle configuration à au moins une partie,
et plus particulièrement à l'ensemble des aubes de ladite une des deux roues.
[0012] De préférence on procède à la modification de la configuration initiale sur la roue
fixe que celle-ci soit la roue aubagée excitatrice ou bien la roue subissant l'excitation.
[0013] L'invention permet, plus particulièrement, le traitement de différents cas :
La première roue est une roue aubagée mobile et la deuxième roue aubagée est une roue
fixe, la roue aubagée mobile étant dans le sillage de la roue aubagée fixe.
La première roue aubagée est une roue mobile et la deuxième roue aubagée est une roue
fixe, la roue mobile étant en amont de la roue fixe.
La première roue aubagée est une roue fixe et la deuxième roue aubagée est une roue
mobile, la roue fixe étant dans le sillage de la roue mobile.
La première roue aubagée est une roue fixe et la deuxième roue aubagée est une roue
mobile, la roue fixe étant en amont de la roue mobile.
[0014] L'invention résulte de l'analyse théorique des phénomènes vibratoires. On montre
que la réponse forcée y(ω), d'une structure linéaire soumise à une force d'excitation
harmonique f(ω), est liée à cette dernière par une relation qui peut être formulée
avec des termes complexes de la façon exprimée ci-dessous sous l'hypothèse d'une norme
unité des vecteurs propres par rapport à la masse :

Où
Le signe Σ signifie que la réponse forcée y(ω) est la somme des réponses forcées de
chacun des modes propres υ à la pulsation ω. La réponse forcée pour un mode propre
déterminé est donnée par la relation entre crochets. La somme prend en compte l'ensemble
des n modes propres υ pris en considération et qu'il s'agit de traiter, c'est à dire
du mode propre υ=1 au mode propre υ = n.
yυ correspond à la déformée modale du mode υ sous l'hypothèse d'une norme unité des
vecteurs propres par rapport à la masse
Tyυ correspond à la transposée du vecteur précédent,
ωυ correspond à la pulsation du mode propre υ
ω correspond à la pulsation de l'excitation
j2= -1
βυ correspond à l'amortissement modal généralisé pour le mode propre υ ...
et f(ω) est la force d'excitation harmonique ; elle même de la forme f*cos(ω*t + ϕ)
avec t le temps et ϕ le déphasage temporel.
[0015] Dans le cas d'une excitation d'origine aérodynamique appliquée sur une roue aubagée
le terme
Ty
υ*f(ω) représente la force aérodynamique généralisée pour le mode propre υ.
[0016] Le traitement des phénomènes vibratoires comprend dans le cadre de l'invention la
mise en oeuvre des moyens permettant de réduire le module |y(ω)|.
[0017] Alors que pour minimiser le module |y(ω)| de la réponse forcée soumise à la force
d'excitation f(ω), on cherche habituellement à augmenter le facteur β
υ lié à l'amortissement pour le mode propre υ, on a, conformément à la présente invention,
porté les efforts sur la réduction du module du terme correspondant à la force aérodynamique
généralisée de chacun des modes propres υ.
[0018] Une procédure pour y parvenir consiste à modifier l'axe d'empilage des aubes étudiées
suivant la direction tangentielle à l'axe de rotation. On définit géométriquement
le profil de la pale d'une aube à partir des profils de chacune des coupes parallèles
entre elles réalisées entre le pied de l'aube et son sommet. Les coupes forment ainsi
un empilage le long d'une courbe que l'on désigne axe d'empilage. Les profils sont
déterminés aéromécaniquement.
[0019] On est parti de l'hypothèse que pour une coupe déterminée une modification suivant
la direction tangentielle laisse les modules des pressions instationnaires inchangés
pour de faibles variations (à titre d'exemple, de l'ordre d'un degré pour une roue
constituée de 150 secteurs : cf figure 10)
[0020] Ceci permet donc de lier directement la phase temporelle ϕ des pressions à l'écart
tangentiel θ par rapport à l'axe d'empilage par coupe de l'aube. Avec la relation
suivante on établit l'équivalence entre le déphasage temporel sur les pressions et
le déphasage géométrique, c'est à dire le déplacement tangentiel à appliquer sur l'aube
avec ϕ = déphasage temporel ;
θ = déphasage géométrique ;
Nexcit = nombre d'aubes excitatrices.
[0021] La procédure selon l'invention est décrite plus en détail ci-après en relation avec
les figures sur lesquelles :
La figure 1 représente de façon schématique une structure de turbomachine.
Les figures 2 à 5 montrent différents cas qu'il est possible de traiter conformément
à l'invention.
La figure 6 montre une aube d'une roue aubagée fixe de configuration initiale.
La figure 7 est un organigramme des différentes étapes de la méthode selon l'invention.
La figure 8 montre la définition de l'angle θ de décalage tangentiel d'une coupe défini
par rapport à l'axe de rotation
La figure 9 montre une aube de roue aubagée fixe dont la configuration a été modifiée
conformément à l'invention afin de réduire les niveaux vibratoires.
La figure 10 est un graphique illustrant un exemple pour un profil d'aube des valeurs
de l'angle de décalage tangentiel.
[0022] Comme on le voit sur la figure 1 une structure de turbomachine 1, ici un compresseur,
comprend au moins une roue aubagée 3 mobile autour d'un axe de rotation adjacente
à au moins une roue aubagée fixe 2 ou 4. Généralement la structure comprend une pluralité
de roues mobiles séparées par des roues fixes.
[0023] Comme cela a été rapporté plus haut, le mouvement relatif d'une roue par rapport
à l'autre à l'intérieur d'un flux gazeux axial, représenté par la flèche F est source
de perturbations. Par exemple en référence à la figure 2 une première roue mobile
11 subit l'influence d'une deuxième roue aubagée fixe 12 en étant dans son sillage.
Ce sillage est la source de perturbations sur la première roue mobile 11.
[0024] D'autres cas sont possibles dans le cadre de l'invention; sur la figure 3 on considère
une première roue aubagée mobile 11' dans sa position en amont par rapport à une deuxième
roue fixe 12' et qui subit les forces excitatrices générées par cette deuxième roue
12' aval.
[0025] Dans le cas de la figure 4, on considère les perturbations générées sur une première
roue aubagée fixe 21 par le flux gazeux traversant une roue aubagée mobile 22 amont.
[0026] Dans le cas de la figure 5, on considère les perturbations générées sur une première
roue fixe 21' par le flux gazeux traversant une deuxième roue aubagée 22' mobile aval.
[0027] D'autres cas sont visés par la présente invention, elle ne se limite pas aux roues
adjacentes.
[0028] Le profil d'une aube et de sa pale en particulier est déterminé généralement par
une pluralité de coupes effectuées selon la direction radiale entre le pied et le
sommet. La figure 6 montre une aube fixe 30 d'une étage fixe de turbomachine avec
un pied 31 et sa plateforme, un sommet 32 et sa plateforme, et entre les deux, une
pale 33 balayée par le flux gazeux. La pale 33 en position dans la turbomachine est
d'orientation radiale par rapport à l'axe de cette dernière. La pale est définie géométriquement
par le profil individuel d'une pluralité de coupes C
1, C
2, C
3, ... C
p (p étant de l'ordre de 20) par des plans p1, p2, ...pp tangents à cette direction
radiale. Pour une roue mobile on définit de la même façon le profil de la pale balayée
par le flux gazeux par des coupes effectuées dans les plans tangents.
[0029] Conformément à l'invention on réduit le module de la réponse forcée y(ω) des aubes
d'une première roue aubagée en recherchant une répartition adéquate des composantes
des pressions pour minimiser le module de la force aérodynamique généralisée associée
à chacun des modes propres υ. En effet comme cela résulte de la formule (1) rapportée
plus haut, la force aérodynamique généralisée associée à un mode propre est un facteur
multiplicateur qui apparaît dans chacun des termes de la somme Σ.
[0030] Il est à noter qu'on ne modifie pas nécessairement l'aube excitée. Il suffit d'agir
sur l'une des aubes soit formant la source d'excitation soit étant excitée par la
source d'excitation.
[0031] La procédure est développée ci-après en relation avec l'organigramme de la figure
7
[0032] Les deux premières étapes consistent à définir les spécifications en termes de performances
aérodynamiques de la structure comprenant les deux roues aubagées, puis à calculer
la configuration initiale des roues aubagées. Cette configuration comprend les profils
des coupes c
1,..c
p et de leur empilage. On procède généralement par itérations aérodynamiques comme
cela est connu de l'homme du métier.
[0033] Etape 3 : on calcule la réponse forcée aéroélastique y(ω) sur l'aubage présentant
la configuration initiale excité avec une excitation f (ω) aérodynamique synchrone
:
L'excitation est déterminée à l'aide calcul aérodynamique instationnaire,
Un calcul de réponse forcée aéroélastique (définie par la relation (1)) est ensuite
réalisé afin de déterminer les niveaux vibratoires ;
La criticité de ces niveaux vibratoires est déterminée à l'aide d'un diagramme de
Haig. Ce diagramme défini pour un matériau donné permet de définir pour une contrainte
statique donnée la contrainte dynamique admissible pour avoir une durée de vie infinie
en vibratoire.
[0034] Si les niveaux vibratoires prédits (ou mesurés en essai) sont importants par rapport
à l'expérience on définit une cible α* |y(ω)| (avec 0<α<1) en terme de niveau vibratoire
maximal.
[0035] Il faut faire en sorte qu'alpha soit la valeur la plus petite possible compte tenu
des tolérances de fabrication.
[0036] Etape 4 : on met en application la procédure conforme à l'invention avec comme cible
le niveau vibratoire maximal ci-dessus.
[0037] On minimise le module de la réponse forcée aéroélastique pour un mode donné sachant
qu'on peut l'étendre à tout mode.
[0038] La méthode consiste à déterminer le décalage géométrique θ, illustré sur la figure
8, appliqué sur l'axe d'empilage tangentiel de manière à minimiser la réponse vibratoire
due à la perturbation, telle que le sillage. On adopte un paramétrage du décalage
tangentiel à appliquer sur le profil d'aube à modifier. Sur la figure 8 on a repris
la pale 30 de la figure 6, et le calcul effectué sur la coupe c2. On détermine la
valeur de θ qui conduit à décaler angulairement la coupe en c'2.
[0039] Pour cela des techniques de type spline/poles ou de bases de forme discrètes quelconques
ou choisie pour projeter la loi d'empilage sont utilisés par exemple.
La méthode d'optimisation peut être quelconque. A titre d'exemple, nous citons quelques
méthodes classiques : méthode des gradients, méthode dite du « recuit simulé », méthode
génétique ... (La grandeur à minimiser est le module |
Ty
υ*f(ω)| ou la somme des modules dans le cas d'un optimisation multimodes).
[0040] Etape 5 : on effectue un calcul de réponse forcée aéroélastique y'(ω) sur l'aubage
modifié afin de vérifier que la cible en terme de niveau vibratoire maximal est bien
atteinte. Si ce n'est pas le cas une nouvelle définition de profil est définie.
[0041] Etape 6 : une fois la cible atteinte on vérifie que les performances aérodynamiques
sont conservées par la modification de l'axe d'empilage de l'aube concernée.
[0042] Etape 7 : la nouvelle définition de l'aubage est retenue ; elle satisfait les critères
aérodynamiques en termes de performances et les critères mécaniques en termes de niveaux
vibratoires.
[0043] La figure 9 montre un exemple d'aspect que prend l'aube 30 de la figure 6 après application
de la méthode de l'invention. Les coupes c1, c2 ... cp ne sont pas modifiées aérodynamiquement.
Elles ont subi chacune un décalage tangentiel autour de l'axe de la turbomachine.
[0044] On a représenté sur la figure 10 un graphique montrant un exemple de profil d'aube
optimisée ; chaque point représente la valeur de l'angle θ pour chacune des coupes
C
1 à C
p sur toute la hauteur de la pale de l'aube. On constate que cette valeur reste relativement
faible, inférieure selon cet exemple à 1 degré par rapport à la position correspondant
à la configuration initiale.
[0045] Dans la mesure où les valeurs de correction sont supérieures aux tolérances de fabrication
des aubes, on dispose d'un moyen permettant de réduire les niveaux vibratoires sans
ajout de masse ni modification à la fois des performances aérodynamiques de la turbomachine
et des interfaces technologiques des aubages.
[0046] On réduit les niveaux générés par des sillages : sillage de redresseur/distributeur
ou sillage de roue aubagée mobile ; comme on l'a précisé précédemment, les niveaux
générés par des distorsions de veine aérodynamique générées par un ou plusieurs prélèvements
dans la veine de gaz ou par une distorsion de manche d'entrée du moteur. On ne prend
pas en compte d'autres types d'excitation. Bien qu'elle s'adresse aux roues de redresseur/distributeur
et aux roues mobiles, on agit de préférence sur la source d'excitation qui est une
roue aubagée de redresseur/distributeur.
1. Procédé de réduction des niveaux vibratoires susceptibles de survenir, dans une turbomachine
(1) comprenant au moins une première roue aubagée (11 ; 11' ; 21 ; 21') et une deuxième
roue aubagée (12 ; 12' ; 22 ;22'), lorsque les deux roues sont en mouvement relatif
l'une par rapport à l'autre autour d'un axe de rotation et traversées par un fluide
gazeux, en raison de perturbations d'origine aérodynamique produites par la deuxième
roue aubagée ou un obstacle sur la première roue aubagée,
caractérisé par le fait qu'il comprend les étapes suivantes lors de la conception desdites deux roues aubagées
:
A - on définit une configuration initiale des aubes, en fonction des performances
attendues de la turbomachine, avec les profils aérodynamiques individuels de p coupes
(c1, c2, ..cp) empilées radialement entre le pied et la tête desdites aubes ;
B - on calcule la réponse forcée synchrone y(ω) sur la première roue aubagée en fonction
de l'effort f(ω) d'excitation harmonique produite par la deuxième roue aubagée ou
l'obstacle à partir de la relation y(ω) = F(τYυ*f(ω)), où F est une fonction linéaire de la force aérodynamique généralisée τYυ*f(ω) pour le mode propre υ considéré ;
C - on définit un coefficient (α<1) de réduction de la réponse forcée synchrone y(ω)
;
D - on détermine pour chacune desdites p coupes (c1 c2, ... cp) empilées de l'une
des deux roues une valeur de décalage géométrique tangentiel θ de manière à réduire
le terme correspondant à la force aérodynamique généralisée associée au mode propre
υ |τy*f(ω)|, le déphasage temporel ϕ de la pression d'excitation f(ω) étant relié au décalage
géométrique tangentiel par la relation θ= Nexcit *ϕ où Nexcit est le nombre de sources excitatrices; l'ensemble des p coupes avec les décalages
tangentiel définit ainsi une nouvelle configuration des aubes de la dite une des deux
roues.
E - on calcule la réponse forcée synchrone y' (ω) sur la première roue aubagée ;
F - si |y'(ω) 1 > α* |y(ω)|, on reprend le calcul en D avec de nouvelles valeurs de
décalage géométrique tangentiel.
G - si 1 y'(ω) < α* | y(ω)|, on applique la nouvelle configuration à au moins une
partie des aubes de ladite une des deux roues.
2. Procédé selon la revendication précédente selon lequel

où
Le signe Σ signifie que la réponse forcée y(ω) est la somme des réponses forcées de
chacun des modes propres υ à la pulsation ω,
yυ correspond à la déformée modale du mode υ sous l'hypothèse d'une norme unité des
vecteurs propres par rapport à la masse Tyυ correspond à la transposée du vecteur précédent,
ωυ correspond à la pulsation associée au mode υ,
ω correspond à la pulsation de l'excitation,
j2= -1,
βυ correspond à l'amortissement modal généralisé pour le mode,
et f(ω) est la force d'excitation harmonique ; elle même de la forme f*cos(ω*t) +
ϕ) avec t le temps et ϕ le déphasage temporel.
3. Procédé selon l'une des revendications précédentes, selon lequel ladite une des deux
roues (12, 12' ; 22 ; 22') est une roue aubagée fixe.
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes selon lequel la première roue aubagée
(11) est une roue mobile et la deuxième roue aubagée (12) est une roue fixe, la roue
aubagée mobile étant dans le sillage de la roue aubagée fixe.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2 selon lequel la première roue aubagée
(11') est une roue mobile et la deuxième roue aubagée (12') est une roue fixe, la
roue mobile étant en amont de la roue fixe.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2 selon lequel la première roue aubagée
(21) est une roue fixe et la deuxième roue aubagée (22) est une roue mobile, la roue
fixe étant dans le sillage de la roue mobile.
7. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2 selon lequel la première roue aubagée
(21') est une roue fixe et la deuxième roue aubagée (22') est une roue mobile, la
roue fixe étant en amont de la roue mobile.