[0001] L'invention concerne une pompe pour le dosage d'un produit extrêmement corrosif.
ARRIERE PLAN DE L'INVENTION.
[0002] Une telle pompe comporte de manière classique une tête de pompe qui définit une chambre
de pompage, c'est-à-dire une chambre à volume variable par déformation ou déplacement
d'une paroi de la tête. Cette chambre est solidaire d'un bâti qui supporte la tête
de pompe et les organes moteurs attelés à la paroi mobile ou déformable.
[0003] Quand cette paroi est un piston, les organes moteurs sont formés par un embiellage
reliant le piston à un vilebrequin à excentrique unique. Quand cette paroi est une
membrane, ce qui est le cas principalement concerné par l'invention, les organes moteurs
sont soit une transmission mécanique directe du genre embiellage, soit une transmission
hydraulique avec une chambre de travail d'un côté de la membrane pleine d'un fluide
hydraulique animé d'un mouvement cyclique par un piston moteur qui pousse ce fluide
vers la membrane, sous pression, en diminuant le volume de la chambre de pompage,
(refoulement de la pompe) ou qui l'aspire en déplaçant la membrane en sens inverse,
donc en augmentant le volume de la chambre de pompage (aspiration de la pompe).
[0004] La tête de pompe comporte un orifice d'admission et un orifice de refoulement, chacun
pourvu d'au moins un clapet unidirectionnel de sorte que le fluide circule dans un
seul sens dans la chambre de pompage. Les clapets sont maintenus solidaires mais démontables
de la tête de pompe par des boîtes à clapets.
[0005] L'agressivité du fluide pompé conduit à l'emploi de matériaux nobles pour les pièces
en contact avec le fluide: aciers inoxydables, alliages spéciaux, titane, etc. qui
sont particulièrement coûteux.
[0006] La structure la plus fréquente d'une tête de pompe consiste en une pièce en forme
de disque épais, creusée pour définir une calotte concave qui forme la chambre de
pompage sur laquelle sont implantées les boîtes à clapets. Cette calotte est refermée
par la membrane, pincée entre la pièce et le bâti de la pompe.
[0007] La pièce creusée est une pièce qui offre une surface importante au contact du fluide
pompé. C'est en outre une pièce massive qui, lorsqu'il faut la réaliser en matériau
hautement inattaquable chimiquement, revient extrêmement cher.
[0008] On a pensé au revêtement de la surface de cette pièce tournée vers la chambre de
pompage au moyen, soit d'une sorte de vulcanisation (voir
US2 753 804) soit par une sorte de peau, par exemple en polytétrafluorure d'éthylène mise en
forme par moulage et retenue par clipage dans la chambre de pompage (voir
US 3 000 320).
[0009] Aucune de ces solutions ne convient : la première parce qu'il n'existe aucune matière
chimiquement neutre qui puisse former un revêtement solidement attaché par collage
ou tout autre procédé d'adhésion surfacique en regard des contraintes de pression
dépression existant dans une chambre de pompage, la seconde parce qu'il n'est pas
possible de résister à ces contraintes par un seul agrafage d'une peau à un corps
de tête de pompage. En outre pour ce dernier cas de figure, la conformation de la
peau par moulage par exemple, ne peut ni être parfaitement congruente avec la surface
du corps exposée dans la chambre de pompage, ni être suffisamment régulière pour qu'il
n'existe pas des poches de gaz entre le corps et la peau qui se dilatent et se contractent
à chaque cycle de pompage, diminuant la cylindrée de cette pompe.
[0010] L'invention se propose de résoudre la question de la passivation de cette surface
exposée au fluide pompé, en proposant un revêtement de cette surface au moyen d'une
peau parfaitement coaptée à la forme de la surface à protégée de manière qu'aucune
dégradation d'origine mécanique ou par suite d'une fatigue au fil du temps, ne puisse
affecter cette protection.
BREVE DESCRIPTION DE L'INVENTION
[0011] L'invention a donc pour objet une pompe notamment pour fluide chimiquement réactif,
dans laquelle une tête de pompe comporte au moins deux parois entre lesquelles est
définie une chambre de pompage du fluide considéré, l'une des parois étant fixe, l'autre
étant mobile ou déformable par rapport à la paroi fixe au moyen d'un dispositif d'entraînement
ou de déformation, la paroi fixe au moins étant pourvue d'un revêtement de protection
à l'égard du fluide, caractérisée en ce que le revêtement est constitué par une feuille
en matière plastique, plaquée de manière étanche contre la surface à la périphérie
de celle-ci, l'espace compris entre la surface protégée et la feuille de revêtement,
à l'intérieur de la ligne de leur contact étanche étant rempli d'un liquide incompressible.
[0012] Le matériau composite formé du liquide et de la feuille de matière plastique constitue
un matériau indéformable sous l'effet des pressions et dépressions alternées qui règnent
dans la chambre. En effet, le liquide ayant rempli totalement l'espace entre la surface
et la feuille a chassé toute bulle de gaz qui aurait pu, par sa compressibilité donc
la variation de son volume, laisser une liberté de déformation à la feuille par rapport
à la paroi qu'elle protège, déformation qui aurait amoindri la cylindrée de la pompe
et qui aurait constitué une contrainte de fatigue de la feuille conduisant rapidement
à son déchirement.
[0013] Cette disposition présente en outre un grand intérêt au niveau de la fabrication.
En effet, on sait que par usinage courant, on ne peut pas obtenir un état de surface
extrêmement poli de la surface du flasque. En outre, il est impossible de maîtriser
la forme de la feuille (par exemple en calotte sphérique) avec les procédés de fabrication
connus. Il existera toujours des irrégularités de courbures qui formeront des bosses
et des creux en regard de la surface du flasque donc des poches de gaz, surtout si
les dimensions de la pompe sont importantes (300 à 450 mm de diamètre extérieur de
la tête de pompe par exemple). L'invention permet de s'affranchir de la nécessité
de maîtriser avec précision les formes et les états de surfaces des flasque et feuille.
Elle autorise donc une fabrication bon marché.
[0014] Par ailleurs, plus la résistance à un allongement surfacique de la feuille de protection
est grande, et moins le liquide sera sensible aux variations de pression dans la chambre
de pompage. En conséquence, les zones d'étanchéité seront moins sollicitées et les
risques de fuite, même au travers de joints ou clapets d'excellente qualité, seront
moindres, avec comme avantage une plus longue longévité de la pompe.
[0015] Cette résistance surfacique peut être conférée à la feuille d'au moins deux manières
différentes.
La première consiste à conformer la feuille en calotte sensiblement sphérique ou conique,
en congruence avec la surface interne du flasque pour l'épouser le plus exactement
possible, avec la convexité de cette forme tournée vers l'intérieur de la chambre.
[0016] La seconde consiste à mettre en place une plaque de protection de la surface de la
feuille tournée du côté de la chambre de pompage, plaque de protection en matériau
noble présentant une bonne résistance à la corrosion.
La pompe est enfin équipée des moyens pour procéder de manière simple et correcte
au montage de la feuille de protection, soit au moment de l'assemblage initial de
la pompe, soit au moment des remontages de celle-ci après des opérations régulières
de maintenance. Il s'agit de deux orifices dont est équipé le flasque, débouchant
à proximité immédiate de la ligne d'étanchéité entre la feuille et la tête de pompe,
l'un dans la partie la plus basse et l'autre dans la partie la plus haute de la chambre
de pompage, chacun comportant un bouchon fileté pour sa fermeture. Un capot de protection
du bouchon recouvre chacun d'eux et repose sur une surface externe du flasque par
une face d'appui comportant un joint torique d'étanchéité entourant le bouchon et
logé dans une gorge à fond conique, permettant la dilatation radiale de ce joint sous
l'effet d'un fluide sous pression issu du bouchon et la création d'une fuite de ce
fluide entre le capot et le flasque.
BREVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0017] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront de la description
donnée ci-après à titre d'exemple d'un mode de sa réalisation.
[0018] Il sera fait référence aux dessins annexés parmi lesquels :
- la figure 1 est une vue en coupe axiale de la tête de pompage d'une pompe à membrane
selon l'invention,
- la figure 2 est une vue en coupe axiale d'un détail de la tête de la figure 1 et
- la figure 3 illustre un autre détail de cette tête.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
[0019] La tête de pompe représentée à la figure 1 comprend, de manière connue, une couronne
cylindrique 1 sur le flanc gauche de laquelle est rapporté un flasque 2, en forme
de disque plein, au moyen de vis périphériques non représentée tandis que son flanc
droit est rapporté sur un bâti 3 de pompe qui en ferme et supporte tous les organes
moteurs de celle-ci. Une membrane déformable 4 est pincée entre la couronne et le
bâti. La chambre de pompage 5 est ainsi délimitée par la couronne 1, le flasque 2
et la membrane 4. Une boîte à clapets 6 constitue le moyen de raccordement de la chambre
de pompage 5 à une canalisation d'aspiration non représentée, au travers d'au moins
un clapet unidirectionnel passant de le sens A. Le refoulement de la pompe comprend
également une boîte à clapets 7 avec un clapet unidirectionnel dont on voit la queue
8, passant également dans le sens A. La membrane 4 est animée d'une course d'aspiration
dans le sens B et d'une course de refoulement dans le sens C au moyen d'un fluide
hydraulique contenu dans une chambre de travail 9 qui comporte également un dispositif
10 classique de compensations des fuites.
[0020] On comprend au vu de ce dessin que le flasque 3 constitue la pièce qui offre la plus
grande surface de contact avec le fluide pompé. Afin de supprimer le contact direct
du flasque 3 avec le fluide, on dispose un revêtement 20 sur la surface du flasque
tournée vers la chambre de pompage 5. Ce revêtement sera de préférence une feuille
de polytétrafluorure d'éthylène (PTFE) d'une épaisseur comprise entre 1 et 5 mm. Pour
des pompes de diamètre de l'ordre de 400mm par exemple, l'épaisseur retenue sera de
4 mm. Le PTFE est un matériau rigide de sorte que qu'une épaisseur significative lui
confère une indéformabilité qui est intéressante pour obtenir un bon comportement
de la pompe dans le temps.
[0021] Dans le cas de la figure, la feuille 20, obtenue par compression-moulage, est en
forme de calotte sphérique pour épouser la surface 21 du flasque 2 de même forme.
La feuille 20 est pincée entre la couronne 1 et la flasque 2 par une zone périphérique
Z de sorte que son contact dans cette zone avec la surface 21 est un contact étanche
(de même d'ailleurs qu'avec la couronne 1). La forme en calotte de la feuille constitue
en facteur géométrique supplémentaire de sa résistance à la déformation engendrée
par les variations de pression dans la chambre 5.
[0022] Le flasque 2 est percé de deux orifices 22 et 23 qui débouchent dans la chambre 5,
pour l'un 22, en partie inférieure de la chambre à la limite de la zone Z et pour
l'autre, en partie supérieure de la chambre, également à la limite de la zone Z. Il
est ainsi possible d'introduire entre la feuille 20 et le flasque 2 un film de liquide
incompressible, par exemple d'huile à partir de l'orifice inférieur 22. On force au
moyen d'une pompe le liquide dans cet espace de manière à en provoquer l'invasion
progressive jusqu'à ce qu'il ressorte par l'orifice supérieur 23. On est ainsi certain
d'avoir chassé la totalité de l'air interstitiel qui demeurait entre la feuille et
le flasque. On procède ensuite au bouchage de ces orifices. La pompe est alors en
état de fonctionner sans perte de cylindrée et sans sollicitation mécanique et de
fatigue pour la feuille 20.
[0023] Aux figures 2 et 3, on a illustré le détail de la pompe au niveau des orifices 22
et 23. On retrouve sur ces figures les éléments déjà décrits avec les mêmes références.
[0024] L'orifice inférieur 22 est apte à recevoir un bouchon fileté pourvu d'un joint torique
d'étanchéité 31 et d'un canal central 32 qui débouche par un canal transversal 32a
dans une section 22a de l'orifice 22. Cette section communique avec la section finale
22b de cet orifice 22 au travers d'un siège (rétrécissement) 22c qui peut être obturé
par l'extrémité conique 30a du bouchon fileté 30. L'extrémité libre de ce bouchon
possède un six pans de manoeuvre 30b surmonté d'un embout de connexion à queue de
sapin 30c pour le raccordement temporaire de l'orifice 22 à une source de fluide pressurisé
non représentée.
[0025] On comprend que lorsque l'espace entre le flasque et la feuille est totalement rempli,
il suffit à l'opérateur de visser le bouchon à fond pour faire porter l'extrémité
conique 30a de ce dernier contre le siège 22c, extrémité qui en avait été auparavant
maintenue éloignée par un vissage partiel du bouchon dans l'orifice afin de permettre
le passage du fluide de gavage.
[0026] Pour ce qui concerne l'orifice 23, un autre bouchon fileté 35 est mis en place. Dans
une version basique non représentée, ce bouchon est une simple vis pointeau (avec
canaux central et transversal comme pour le bouchon 30) qui vient boucher le rétrécissement
23c de cet orifice. Dans la version représenté, le bouchon 35 comporte une extrémité
35a en forme de cône de centrage pour une bille 36 qui peut ainsi être plaquée contre
le siège 23c par le bouchon ou qui peut, avec un vissage partiel, être libre entre
ce siège et le cône de centrage. L'intérêt de cette structure est qu'une fois le gavage
achevé, on ferme le bouchon de l'alimentation et on actionne la pompe sur quelques
cycles d'aspiration/refoulement pour totalement dégazer l'espace entre le flasque
et la feuille. La bille joue alors le rôle d'un clapet anti-retour qui permet au fluide
ou gaz d'échapper à chaque course de refoulement tout en fermant le canal 23 pendant
chaque course d'aspiration. Ces quelques cycles accomplis, on serre le bouchon 35
qui obture totalement l'orifice 23.
[0027] Il faut noter enfin sur chacune de ces figures, la présence d'un capot 40 qui vient
recouvrir l'embout 30c, 35c de chaque bouchon pour le protéger des coups et salissures
extérieures. La particularité de ce capot réside dans le fait qu'il est serré contre
la face extérieure du flasque 2 de manière étanche grâce à un joint torique 41 qui
est logé dans une gorge (ou lamage) 42 à fond 43 conique. Au moment du montage du
capot, le joint est légèrement comprimé entre le flasque 2 et le fond 43 de la gorge.
Si une fuite se produit au niveau du bouchon capoté, le fluide accumulé dans le bouchon
tend sous la pression croissante à chaque coup de pompe, d e repousser vers l'extérieur
le joint 41. Celui-ci est prévu pour se dilater et donc occuper un endroit de la gorge
où sa compression disparaît du fait de la conicité du fond 43 de la gorge. Une fuite
du liquide est alors possible, ce qui est un signe d'alarme pour l'opérateur et surtout
qui empêche au fluide sous pression de faire sauter le capot et ainsi faire disparaître
la protection des embouts de bouchon.
[0028] Aux figures 2 et 3, on a enfin représenté une variante de réalisation de la protection
du flasque dans laquelle la feuille 20a est plane mais recouverte d'une tôle métallique
20b qui lui confère la capacité à résister sans déformation aux variations de pression
dans la chambre 5. Cette tôle est également pincée en périphérie entre la couronne
1 et le flasque 2 de la tête de pompe.
1. Pompe notamment pour fluide chimiquement réactif, dans laquelle une tête de pompe
comporte au moins deux parois (2,4) entre lesquelles est définie des parois étant
fixe, l'autre (4) étant mobile ou une chambre (5) de pompage du fluide considéré,
l'une (2)déformable par rapport à la paroi fixe (2) au moyen d'un dispositif (9) d'entraînement
ou de déformation, la paroi fixe (2) au moins étant pourvue d'un revêtement de protection
(20) à l'égard du fluide, caractérisée en ce que le revêtement est constitué par une feuille en matière plastique(20), plaquée de
manière étanche contre la paroi (2) à la périphérie (Z) de celle-ci, l'espace compris
entre la surface protégée (21) et la feuille (20) de revêtement, à l'intérieur de
la zone (Z) de leur contact étanche étant rempli d'un liquide incompressible.
2. Pompe selon la revendication 1, caractérisée en ce que la feuille (20) est conformée en calotte sensiblement sphérique ou conique, en congruence
avec la surface interne (21) du flasque (2) pour l'épouser le plus exactement possible,
avec la convexité de cette forme tournée vers l'intérieur de la chambre (5).
3. Pompe selon la revendication 1, caractérisée en ce qu'elle comporte une plaque de protection (20b) de la surface de la feuille (20a) tournée
du côté de la chambre de pompage.
4. Pompe selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'elle comporte des moyens pour pratiquer le remplissage par fluide de l'espace entre
le flasque (2) et la feuille (20, 20a) constitués par deux orifices (22,23) dont est
équipé le flasque (2), débouchant à proximité immédiate de la zone (Z) d'étanchéité
entre la feuille (20,20a) et la tête de pompe, l'un (22) dans la partie la plus basse
et l'autre (23) dans la partie la plus haute de la chambre (5) de pompage, chacun
comportant un bouchon fileté (30,35) pour sa fermeture.
5. Pompe selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'un capot (40) de protection du bouchon (30,35) recouvre chacun d'eux et repose sur
une surface externe du flasque (2) par une face d'appui comportant un joint torique
(41) d'étanchéité entourant le bouchon (30,35) et logé dans une gorge (42) à fond
conique (43), permettant la dilatation radiale de ce joint (41) sous l'effet d'un
fluide sous pression issu du bouchon et la création d'une fuite de ce fluide entre
le capot (40) et le flasque (2).