[0001] La présente invention est relative à un échappement pour pièce d'horlogerie comprenant
un mobile d'échappement entraîné par un rouage, un balancier auquel est associé un
spiral, des moyens utilisant l'énergie développée par le mobile pour relancer périodiquement
le balancier et des moyens pour bloquer temporairement ledit mobile après chaque relance
dudit balancier.
[0002] La plupart des échappements connus obéissent à la description très générale qui vient
d'être donnée.
[0003] C'est le cas de l'échappement à ancre suisse où les moyens de relance du balancier
et de repos du mobile sont réunis dans une ancre comportant deux palettes, chacune
de celles-ci remplissant à la fois la fonction de relance du balancier et celle de
repos du mobile d'échappement. Dans ce système le balancier reçoit deux impulsions
par oscillation, non pas directement, mais par l'intermédiaire de l'ancre interposée
entre le mobile d'échappement et le balancier.
[0004] C'est le cas également de l'échappement coaxial et de l'échappement à roue simple
décrits dans l'ouvrage intitulé :
« La Montre : principes et méthodes de fabrication » de George Daniels, Editions Scriptar
S.A. La Conversion, Lausanne 1993, pages 240 à 248. Dans ces échappements les moyens de repos du mobile d'échappement sont assurés par
une ancre comportant deux palettes de repos. Les moyens de relance du balancier sont
assurés d'une part par une première palette d'impulsion disposée sur l'ancre et d'autre
part par une seconde palette d'impulsion disposée sur le plateau du balancier. Dans
ces systèmes, le balancier reçoit également deux impulsions par oscillation, l'une
indirecte par la première palette disposée sur l'ancre et l'autre directe par la seconde
palette disposée sur le plateau.
[0005] Ainsi, de la connaissance des auteurs de la présente invention, il n'existe pas d'échappement
où le balancier reçoit deux impulsions par oscillation, soit une impulsion par alternance,
ces impulsions étant conférées directement au balancier par le mobile d'échappement
sans éléments intermédiaires. On comprendra qu'une action directe du mobile d'échappement
sur le balancier ne peut qu'augmenter le rendement du système puisqu'on évite des
pièces intercalées.
[0006] Ce but est atteint par la présente invention qui est remarquable en ce que l'échappement
comprend des première et seconde palettes d'impulsion solidaires du balancier et coopérant
directement avec les dents dont est pourvu le mobile d'échappement, et un bloqueur
entraîné périodiquement par le balancier, ce bloqueur étant pourvu de première et
seconde palettes de repos arrangées pour coopérer avec lesdites dents dudit mobile.
[0007] L'invention va être expliquée maintenant en détail ci-dessous par un mode d'exécution
donné en exemple non limitatif, cette exécution étant illustrée par les dessins annexés
dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en plan de l'échappement selon l'invention, et
- les figures 2 à 13 sont des vues en plan expliquant les phases de fonctionnement de
l'échappement selon l'invention, ces phases couvrant une oscillation complète du balancier.
[0008] La figure 1 est une vue en plan du mécanisme d'échappement selon un mode préféré
d'exécution de la présente invention. Cet échappement comprend un mobile d'échappement
1 entraîné par un rouage, ce dernier n'étant pas représenté au dessin. Ce rouage est
généralement entraîné par un barillet et tourne, quand il est entraîné dans le sens
indiqué par la flèche 30. L'échappement comporte encore un balancier 2 associé à un
spiral non représenté ici. Le balancier 2 est représenté partiellement par une serge
11 et quatre rayons 18, 19, 20, 21. Le balancier 2 pivote sur un axe ou arbre 10 et
tourne dans le sens des flèches 31 ou 32 selon l'alternance considérée. Des moyens
sont mis en oeuvre qui utilisent l'énergie développée par le mobile 1 pour relancer
périodiquement le balancier 2. Ces moyens comprennent des première et seconde palettes
d'impulsion 3 et 4 qui sont solidaires du balancier 2 et qui coopèrent directement
avec les dents dont est pourvu le mobile 1. D'autres moyens sont mis en oeuvre pour
bloquer temporairement le mobile 1 après chaque relance du balancier 2. Ces moyens
consistent en un bloqueur 5 pivotant sur un axe ou arbre 14. Le bloqueur est entraîné
périodiquement par le balancier 2 et est équipé de première et seconde palettes de
repos 6 et 7 arrangées pour coopérer avec les dents du mobile 1.
[0009] Plus précisément, et comme le montre bien la figure 1 qui se trouve être un mode
d'exécution choisi parmi d'autres relatif à l'invention, le mobile d'échappement 1
comprend une pluralité de roues solidaires les unes des autres et montées coaxialement
les unes sur les autres, soit en l'occurrence au moins une première roue 8 de grand
diamètre et une seconde roue 9 de plus petit diamètre. La palette d'impulsion 3 est
arrangée pour coopérer avec la grande roue 8 et la palette d'impulsion 4 est arrangée
pour coopérer avec la petite roue 9.
[0010] On peut montrer que l'utilisation de deux roues 8 et 9 de diamètres différents permet
d'augmenter la sécurité de fonctionnement du système. Dans ces conditions en effet,
l'angle durant lequel une dent de la roue 8 accompagne la palette d'impulsion 3 (voir
figures 4 et 5) et l'angle durant lequel une dent de la roue 9 accompagne la palette
d'impulsion 4 (voir figures 10 et 11), sont nettement plus importants que si le mobile
d'échappement 1 était équipée d'une roue unique. Ainsi augmenter l'angle d'accompagnement
ou de contact entre dent et palette ne peut qu'assurer une meilleure sécurité de fonctionnement
de tout l'échappement, tant il est vrai qu'un angle trop faible ne laisse aucune réserve
de sécurité, compte tenu des tolérances de fabrication inhérentes aux pièces mécaniques
qui sont ici en jeu.
[0011] La figure 1 montre encore que les première et seconde palettes de repos 6 et 7 sont
arrangées pour coopérer avec la roue de petit diamètre 9. Cependant l'invention n'est
pas limitée à cette façon de faire. En effet, ces palettes de repos pourraient tout
aussi bien coopérer avec les dents de la grande roue 8 ou encore coopérer avec une
roue supplémentaire qui leur serait entièrement dévolue.
[0012] La roue de petit diamètre 9 de la figure 1 pourrait être unique et étampée d'une
seule pièce. Par commodité de fabrication on a choisi d'utiliser deux roues identiques
22 et 23 montées l'une sur l'autre et décalées angulairement. (Le dessin montre ici
deux diamètres légèrement différents pour une bonne compréhension de l'assemblage).
[0013] On observera encore que la grande roue 8 constituant le mobile d'échappement 1 est
entièrement confinée dans un espace s'étendant entre l'axe 10 et la serge 11 du balancier
2. Plus particulièrement, la première palette d'impulsion 3 est située dans une zone
périphérique du balancier 2 qui pourrait être sa serge 11, mais que le mode d'exécution
pris en exemple situe à l'extrémité d'un des rayons 18 dont est pourvu ledit balancier.
Cette disposition est entièrement nouvelle puisque le balancier est utilisé ici non
seulement comme organe régulateur du garde-temps, mais encore, par l'intermédiaire
de la palette 3, comme élément de sa propre relance par une des dents dont est pourvue
la première et grande roue d'échappement 8. Quant à la seconde palette d'impulsion
4, la figure 1 montre qu'elle est fixée à l'extrémité d'une jambe 12 pour coopérer
avec les dents de la seconde et petite roue d'échappement 9. L'autre extrémité 15
de cette jambe 12 est fixée à proximité ou autour de l'axe 10 du balancier 2. Cette
extrémité 15 de la jambe 12 pourrait être comparée au plateau que l'on rencontre couramment
en horlogerie et cela d'autant plus qu'elle est équipée d'une cheville 17 comme on
le verra ci-après.
[0014] La figure 1 montre enfin comment est réalisé le bloqueur 5 installé pour bloquer
temporairement le mobile d'échappement 1 après chaque relance du balancier. Le bloqueur
5 est une bascule 13 articulé sur un axe 14. Il est équipé de première et seconde
palettes de repos 6 et 7 arrangées pour coopérer avec la seconde et petite roue d'échappement
9. Le bloqueur 5 comporte une fourchette 16 arrangée pour coopérer avec une cheville
17 qui, comme on l'a vu au paragraphe ci-dessus, est solidaire du balancier 2 ou,
plus exactement, de l'extrémité 15 de la jambe 12 elle-même fixée au balancier, cette
cheville 17 étant située à proximité de l'axe 10 dudit balancier. La figure 1 montre
encore que le bloqueur 5 est muni d'une queue 24 pour borner son excursion entre deux
goupilles de limitation 25 et 26. La fourchette 16 est équipée normalement d'un dard
qui prévient le basculement accidentel du bloqueur. Ce dard n'est pas représenté sur
la figure 1.
[0015] On va expliquer maintenant le fonctionnement de l'échappement selon l'invention.
Une oscillation complète du balancier 2 est illustrée aux figures 2 à 13. Les différentes
phases de fonctionnement vont être passées en revue ci-dessous.
[0016] En figure 2, le balancier tourne dans le sens de la flèche 31. Le mobile d'échappement
1 est au repos, retenu qu'il est par la palette de repos 6 qui est en appui sur la
dent 40 de la seconde et petite roue 9. La queue 24 du bloqueur 5 est en appui sur
la goupille de limitation 25. La cheville 17 solidaire du balancier 2 a pénétré dans
l'espace libre que présente la fourchette 16 et est entrée en contact avec une dent
de cette fourchette. C'est la phase de début de dégagement de la palette de repos
6.
[0017] Comme le montre la figure 3, le balancier 2 a continué de tourner dans le sens de
la flèche 31 faisant pivoter le bloqueur 5 dans le sens de la flèche 33. Ce pivotement
amène la palette de repos 6 à l'extrémité de la dent 40 de la roue 9 et à sortir de
l'emprise de cette dent. C'est la phase de libération du mobile d'échappement 1. On
remarquera par ailleurs qu'en tournant, le balancier 2 a amené la première palette
d'impulsion 3 dont il est pourvu à couper la trajectoire de la dent 50 de la première
grande roue 8 composant le mobile d'échappement 1.
[0018] En figure 4 le mobile d'échappement 1 est libéré et tourne dans le sens de la flèche
30 actionné qu'il est par son rouage mu à son tour par un barillet. La dent 50 de
la grande roue 8 a rattrapé la palette d'impulsion 3 solidaire du balancier 2, puis
entre en contact avec elle. C'est une phase de début d'impulsion destinée à relancer
le balancier.
[0019] La phase de fin d'impulsion est montrée en figure 5. Le mobile d'échappement 1, tournant
dans le sens de la flèche 30, a amené la dent 50 de sa grande roue 8 dans la position
montrée par la figure, c'est-à-dire sur le point de lâcher prise. On observera qu'en
tournant, le balancier 2 a continué à entraîner par la cheville 17 dont il est muni,
le bloqueur 5 dans le sens de la flèche 33, ce qui a pour conséquence d'amener la
seconde palette d'impulsion 7 à couper la trajectoire de la dent 44 de la petite roue
9 composant le mobile d'échappement 1 et à préparer ainsi le prochain repos.
[0020] La figure 6 montre la prise de repos de la dent 44 de la petite roue 9 sur la palette
de repos 7. Le balancier 2 poursuit sa rotation dans le sens de la flèche 31 et la
cheville 17 est sur le point de sortir de la fourchette 16.
[0021] La figure 7 montre l'échappement de l'invention en état de repos total. Par effet
de tirage provoqué par le couple exercé sur le mobile d'échappement 1, la palette
de repos 7 s'est enfoncée plus profondément sur la dent 44 de la petite roue 9 et
la queue 24 du bloqueur 5 vient prendre appui sur la goupille de limitation 26. Dès
cet instant le balancier parcourt son arc supplémentaire selon le sens de la flèche
31 puis inverse sons sens et rebrousse chemin selon le sens de la flèche 32. Cette
phase marque la fin de la première alternance composant l'oscillation sous examen.
[0022] La figure 8 montre un bloqueur 5 se trouvant dans la même situation que celle analysée
précédemment. Ici cependant, le balancier 1 revenant dans le sens de la flèche 32,
la cheville 17 entre en contact avec la fourchette 16 du bloqueur 5. C'est une phase
de début de dégagement du mobile d'échappement 1.
[0023] Comme cela est apparent en figure 9, le balancier 2 a poursuivi sa course dans le
sens de la flèche 32 et, via la cheville 17 et la fourchette 16, a entraîné le bloqueur
5 dans le sens de la flèche 34. La queue 24 du bloqueur 5 a décollé de la goupille
de limitation 26 et la palette de repos 7 s'est extraite de l'emprise de la dent 44
de la petite roue 9. C'est une phase de libération du mobile d'échappement 1. Ici
encore, on remarquera qu'en tournant le balancier 2 a amené la seconde palette d'impulsion
4 dont il est équipé à couper la trajectoire de la dent 45 de la petite roue 9 composant
le mobile d'échappement 1 ce qui prépare ainsi la prochaine impulsion.
[0024] En figure 10 le mobile d'échappement 1 est libéré et tourne dans le sens de la flèche
30 actionné par son rouage comme on l'a dit plus haut. La dent 45 de la petite roue
9 a rattrapé la palette d'impulsion 4 puis entre en contact avec elle. C'est à nouveau
une phase de début d'impulsion destiné à relancer le balancier.
[0025] La phase de fin d'impulsion est présentée en figure 11. Le mobile d'échappement 1,
tournant dans le sens de la flèche 30, a amené la dent 45 de sa petite roue 9 dans
la position illustrée par la figure, c'est-à-dire sur le point de lâcher prise. On
observera à nouveau qu'en tournant dans le sens de la flèche 32, le balancier 2 a
continué à entraîner par la cheville 17 le bloqueur 5 dans le sens de la flèche 34,
ce qui a pour résultat d'amener la première palette d'impulsion 6 à couper la trajectoire
de la dent 42 de la petite roue 9 et à préparer ainsi le prochain repos.
[0026] La figure 12 montre la prise de repos de la dent 42 de la petite roue 9 sur la palette
de repos 6. Le balancier 2 poursuit sa course dans le sens de la flèche 32 et la cheville
17 est sur le point de quitter la fourchette 16.
[0027] La figure 13 montre l'échappement de l'invention en état de repos total. Par effet
de tirage, la palette de repos 6 s'est enfoncée plus profondément sur la dent 42 de
la petite roue 9 et la queue 24 du bloqueur 5 vient s'appuyer sur la goupille de limitation
25. Dès cet instant, le balancier 2 parcourt son arc supplémentaire selon le sens
de la flèche 32 puis inverse son sens et rebrousse chemin selon le sens de la flèche
31. Cette phase marque la fin de la seconde alternance composant l'oscillation sous
examen. A partir de ce moment un nouveau cycle reprend et l'on se retrouve dans la
situation du début, c'est-à-dire celle représentée en figure 2.
1. Echappement pour pièce d'horlogerie comprenant un mobile d'échappement (1) entraîné
par un rouage, un balancier (2) auquel est associé un spiral, des moyens utilisant
l'énergie développée par le mobile pour relancer périodiquement le balancier et des
moyens pour bloquer temporairement ledit mobile après chaque relance dudit balancier,
caractérisé en ce qu'il comprend des première (3) et seconde (4) palettes d'impulsion solidaires du balancier
(2) et coopérant directement avec les dents dont est pourvu le mobile (1) et un bloqueur
(5) entraîné périodiquement par le balancier, ce bloqueur étant pourvu de première
(6) et seconde (7) palettes de repos arrangées pour coopérer avec lesdites dents dudit
mobile.
2. Echappement selon la revendication 1, caractérisé en ce que le mobile d'échappement (1) comprend une pluralité de roues solidaires et coaxiales
dont au moins des première (8) et seconde (9) roues, la première présentant un diamètre
plus grand que la seconde, les première (8) et seconde (9) roues coopérant respectivement
avec les première (3) et seconde (4) palettes d'impulsion, les première (6) et seconde
(7) palettes de repos étant arrangées pour coopérer avec l'une quelconque des roues
dont est muni le mobile d'échappement (1).
3. Echappement selon la revendication 2, caractérisé en ce que la première roue d'échappement (8) est entièrement confinée dans un espace s'étendant
entre l'axe (10) et la serge (11) dont est pourvu le balancier (2), que la première
palette d'impulsion (3) est située dans une zone périphérique du balancier pour coopérer
avec la première roue d'échappement (8) et que la seconde palette d'impulsion (4)
est fixée à l'extrémité d'une jambe (12) dont l'autre extrémité (15) est fixée autour
de l'axe (10) du balancier (2) pour coopérer avec la seconde roue d'échappement (9).
4. Echappement selon la revendication 2, caractérisé en ce que le bloqueur (5) est une bascule (13) articulée sur un axe (14), ce bloqueur comprenant
une fourchette (16) arrangée pour coopérer avec une cheville (17) solidaire du balancier
(2) et située à proximité de l'axe (10) de ce dernier, les première (6) et seconde
(7) palettes de repos étant arrangées pour coopérer avec la seconde roue d'échappement
(9).