Domaine technique
[0001] La présente invention se rapporte à un procédé de bonification de fragrance ou d'extraits
de parfum, notamment sous forme de concentré ou de solution alcoolique.
[0002] La présente invention trouve une application dans la fabrication des extraits de
parfum. Elle permet, en cours ou en fin de procédé de fabrication d'extraits de parfum
d'améliorer la fragrance de ceux-ci.
État de la technique
[0003] Il existe de nombreuses techniques de fabrication d'extraits de parfum dans l'art
antérieur.
[0004] Mais aucun art antérieur n'a été détecté relativement à des procédés permettant d'améliorer
la fragrance d'extrait de parfum.
Description de l'invention
[0005] La présente invention se rapporte à un procédé de bonification de la fragrance d'un
extrait de parfum caractérisé en ce qu'il comprend une étape de macération de l'extrait
de parfum dans un fût de bois.
[0006] A la base de la présente invention, les inventeurs de la présente ont en effet eu
l'idée très originale d'appliquer les techniques utilisées pour la maturation d'un
cognac à la maturation d'extrait de parfum. Ils se sont inspirés en particulier du
savoir-faire traditionnel du vieillissement du cognac en fût de bois en faisant macérer
de l'extrait de parfum. Ils ont constaté, de manière tout à fait surprenante, lors
des différentes expérimentations et essais qu'ils ont mis en oeuvre, alors même que
l'effet inverse aurait pu se produire, une nette bonification de la fragrance des
extraits de parfums et parfums qu'ils ont testé.
[0007] L'invention se rapporte donc également à un extrait de parfum susceptible d'être
obtenu pas le procédé de la présente invention.
[0008] Par exemple, en utilisant le procédé de l'invention, un extrait de parfum Angel (marque
déposée) a vieilli dans des conditions tout à fait inhabituelles et inexplorées en
parfumerie.
[0009] Le procédé de l'invention porte à la fois sur la maturation d'un concentré de parfum
seul dans un fût et sur la maturation d'une solution plus élaborée de parfum dans
un fût. En d'autres termes, le procédé de l'invention s'applique à tout extrait de
parfum connu de l'homme du métier.
[0010] De même, la présente invention est décrite pour la maturation d'un extrait de parfum,
mais l'homme du métier comprend aisément qu'elle peut être appliquée à toute forme
de parfum. Le parfum ou fragrance peut être défini notamment par sa concentration
en concentré de parfum. Le concentré de parfum constitue la base du parfum et est
mélangé à de l'alcool et de l'eau pour obtenir, notamment, l'extrait de parfum. Une
fragrance concentrée à X% signifie qu'il y a X% de concentré de parfum et 100-X %
d'un mélange d'alcool et d'eau, généralement distillée, dans lequel dans le mélange
eau + alcool, l'alcool titre en général de 70 à 98°. Les concentrations commerciales
les plus usuelles selon les produits sont : eau de Cologne, généralement 6 % de concentré
; eau de toilette, généralement 8% à 12% de concentré ; eau de parfum, généralement
15% de concentré ; et parfum ou extrait, généralement 15% à 30% de concentré. Pour
un extrait de parfum, la préparation comporte en général de 15 à 30 % de concentré
de parfum dilués dans de l'alcool à 98° environ, par exemple de 17 à 25%. Pour de
l'eau de parfum ou eau parfumée, la préparation comporte en général de 10 à 15 % de
concentré dilués dans l'alcool titrant 80 à 90 degrés. Pour de l'eau de toilette,
la préparation comporte en général de 5 à 10 % de concentré dilués dans l'alcool à
85°. Ces dosages sont, bien entendu, des cas généraux et peuvent varier d'une fragrance
à l'autre. Comme extrait de parfum, on peut citer par exemple les extraits suivants,
tels que commercialisés en mai 2007 : l'extrait de parfum Angel (marque déposée) de
Thierry Mugler Parfum (marque déposée). On peut également citer Chanel n°5 (marque
déposée), J'adore de Dior (marques déposées), Poison de Dior (marques déposées), Opium
d'Yves Saint Laurent (marque déposée) et Trésor de Lancôme (marques déposées).
[0011] Dans la présente, on utilise les termes « vieillissement », « macération » et « maturation
» pour désigner les phénomènes qui se produisent sur le parfum ou l'extrait de parfum
par la mise en oeuvre du procédé de l'invention et qui conduisent à sa bonification.
[0012] Selon l'invention, l'étape de macération de l'extrait de parfum dans le fût de bois
peut-être conduite pendant une durée de 1 jour à 24 mois, par exemple de 1 jour à
12 mois, par exemple encore de 1 jour à 6 mois, par exemple encore de 2 jours à 20
semaines, par exemple encore de 2 jours à 15 semaines. Cette durée peut être plus
courte ou plus longue. Elle dépend du parfum, en particulier de ses constituants,
de l'essence constituant le fût de bois et du résultat de bonification que l'on souhaite
obtenir. Ainsi, l'homme du métier (le nez) saura aisément ajuster cette durée de macération
en fonction du résultat qu'il recherche pour l'extrait de parfum ou le parfum qu'il
fabrique.
[0013] Selon l'invention, l'étape de macération de l'extrait de parfum dans le fût de bois
peut être conduite à toute température appropriée pour obtenir ladite macération,
par exemple à une température de 8 à 40°C, par exemple de 8 à 30°C, par exemple de
8 à 25°C. Cette température peut, bien entendu, être inférieure ou supérieure à ces
exemples fourchettes de température. Quoi qu'il en soit, elle est choisie, comme pour
la durée de macération, en fonction de l'extrait de parfum, en particulier de ses
constituants, de l'essence constituant le fût de bois et du résultat de bonification
que l'on souhaite obtenir. Ainsi, l'homme du métier (le nez) saura aisément ajuster
cette température de macération en fonction du résultat qu'il recherche pour l'extrait
de parfum ou le parfum qu'il fabrique.
[0014] Selon l'invention, l'essence de bois constituant le fût de bois peut être choisie
parmi toutes les essences actuellement connues, par exemple parmi les plus de 700
essences présentées sur les sites Internet
www.tous-les-bois.com ou
www.le-bois.com/bm.asp ou
http://utgardens.tennessee.edu/ohld220/treesfindex.html. À titre d'exemple, on peut citer le chêne, le merisier, le pin, le hêtre.
[0015] Avantageusement, selon l'invention, le fût de bois a, avant l'étape de macération,
été soumis à un traitement consistant à le chauffer. Cela permet de faciliter les
échanges alcool / bois. Le chauffage peut être réalisé par exemple à une température
de 150 à 250°C. Ce chauffage est suivi d'un refroidissement à une température de 8
à 40°C avant d'y introduire le parfum ou l'extrait de parfum. Le chauffage peut être
réalisé par exemple au moyen d'une flamme. Le refroidissement est réalisé naturellement,
en arrêtant le chauffage, ou par exemple en utilisant un flux de liquide, par exemple
d'eau, ou d'air frais.
[0016] Selon l'invention, le traitement consistant à chauffer le fût de bois peut être réalisé
pendant une période suffisante pour faciliter les échanges alcool / bois, par exemple
pendant 5 à 120 minutes, par exemple pendant 10 à 60 minutes, par exemple pendant
20 à 30 minutes.
[0017] D'autres avantages pourront encore apparaître à l'homme du métier à la lecture des
exemples ci-dessous.
EXEMPLES
Exemple 1 : Bonification d'un extrait de parfum en fût de merisier
[0018] Dans cet exemple, on applique le procédé de l'invention à un extrait de parfum comprenant
de l'alcool et du concentré. Il s'agit d'un extrait appelé Angel Extrait de Parfum
(marque déposée) comprenant :
- 78 % d'alcool
- 19,9 % concentré
- 0,012% d'eau distillée
le reste étant constituté de colorants et antioxydants (traces).
[0019] L'extrait de parfum a été mis à macérer, sans produit complémentaire, en fût de bois.
[0020] L'essence de bois du fût utilisé dans cet exemple est le merisier.
[0021] Le fût de bois a au préalable, avant l'introduction de l'extrait de parfum, été soumis
à un traitement consistant à le chauffer à une température de 180 à 210°C pendant
25 minutes.
[0022] Conditions de maturation (ou vieillissement) : l'extrait a été laissé dans le fût
de bois pendant 12 semaines à 13°C.
Résultats
[0023] L'invention a été mise en oeuvre par les inventeurs de la présente. Elle a été validée,
notamment sur la base des résultats expérimentaux présentés ci-dessous, par un panel
de dix experts olfactifs (nez) appartenant aux sociétés Thierry Mugler Parfum (France)
et Givaudan (France), ainsi que par le maître de chais de la maison de cognac Rémi
Martin (France).
[0024] Ces experts ont réalisé une évaluation olfactive de prélèvements de l'extrait de
parfum mis en macération dans les fûts de la semaine 1 à la semaine 12.
[0025] Ils ont pu de ce fait noter les évolutions suivantes au fil des semaines et établir
des phases principales de transformation olfactive de l'extrait de parfum initial.
[0026] Sur les extraits de parfum Angel, les évolutions suivantes ont été révélées :
- semaines 1 à 3 : notes initiales de bergamote, miel et caramel, patchouli
- semaines 4 à 6 : apparition de notes fruits confits, prune
- semaines 7 à 9 : épanouissement des notes fruits confits et apparition de notes animales
et très miellées.
- semaines 10 à 12 : épanouissement des notes animales, cire d'abeille, et apparition
de notes plus boisées et ambrées.
1. Procédé de bonification de la fragrance d'un extrait de parfum caractérisé en ce qu'il comprend une étape de macération de l'extrait de parfum dans un fût de bois.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel l'étape de macération de l'extrait de
parfum dans le fût de bois est conduite à une température de 8 à 40°C.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel le fût
de bois est constitué d'une essence de bois choisie dans le groupe comprenant le chêne
et le merisier.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel le fût
de bois a, avant l'étape de macération, été soumis à un traitement consistant à le
chauffer à une température de 150 à 250°C puis le refroidir à une température de 8
à 40°C avant d'y introduire le parfum ou l'extrait de parfum.
5. Procédé la revendication 4, dans lequel le traitement consistant à chauffer le fût
de bois est réalisé pendant 25 minutes.
6. Extrait de parfum susceptible d'être obtenu pas un procédé selon l'une quelconque
des revendications 1 à 5.