[0001] L'invention concerne la fabrication de tôles laminées à chaud d'aciers dits « multiphasés
», présentant simultanément une très haute résistance et une capacité de déformation
permettant de réaliser des opérations de mise en forme à froid. L'invention concerne
plus précisément des aciers à microstructure majoritairement bainitique présentant
une résistance supérieure à 800 MPa et un taux d'allongement à rupture supérieur à
10%. L'industrie automobile constitue en particulier un domaine privilégié d'application
de ces tôles d'aciers laminées à chaud.
[0002] Il existe en particulier dans cette industrie un besoin continu d'allègement des
véhicules et d'accroissement de la sécurité. C'est ainsi que l'on a proposé différentes
familles d'aciers pour répondre aux besoins croissants :
On a tout d'abord proposé des aciers comportant des éléments de micro-alliage dont
le durcissement est obtenu simultanément par précipitation et par affinement de la
taille de grains. Le développement de ces aciers a été suivi par celui d'aciers «
Dual-Phase » où la présence de martensite au sein d'une matrice ferritique permet
d'obtenir une résistance supérieure à 450MPa associée à une bonne aptitude au formage
à froid.
[0003] Pour obtenir des niveaux de résistance supérieurs, on a développé des aciers présentant
un comportement «TRIP» (Transformation Induced Plasticity ») avec des combinaisons
de propriétés (résistance-aptitude à la déformation) avantageuses : ces propriétés
sont liées à la structure de ces aciers constituée d'une matrice ferritique comportant
de la bainite et de l'austénite résiduelle. Sous l'effet d'une déformation, l'austénite
résiduelle d'une pièce en acier TRIP se transforme progressivement en martensite,
ce qui se traduit par une consolidation importante et retarde l'apparition d'une striction.
[0004] Pour atteindre simultanément un rapport limite d'élasticité/résistance élevé, une
résistance encore plus importante, c'est à dire un niveau supérieur à 800 MPa, on
a développé des aciers multiphasés à structure majoritairement bainitiques ; dans
l'industrie automobile ou dans l'industrie générale, ces aciers sont utilisés avec
profit pour la fabrication de pièces structurales. L'aptitude à la mise en forme de
ces pièces requiert cependant simultanément un allongement suffisant. Cette exigence
peut également être requise lorsque les pièces sont soudées puis mises en forme :
dans ce cas, les joints soudés doivent présenter une aptitude suffisante à la mise
en forme et ne pas conduire à des ruptures prématurées au niveau des assemblages.
[0005] La présente invention a pour but de résoudre les problèmes évoqués ci-dessus. Elle
vise à mettre à disposition un acier laminé à chaud présentant une résistance mécanique
supérieure à 800 MPa conjointement avec un taux d'allongement à rupture supérieur
à 10%, aussi bien en sens long qu'en sens travers par rapport au laminage.
[0006] L'invention vise également à mettre à disposition un acier peu sensible à l'endommagement
lors de la découpe par un procédé mécanique.
[0007] Elle vise également à disposer d'un acier présentant une bonne aptitude à la mise
en forme d'assemblages soudés fabriqués à partir de cet acier, en particulier d'assemblages
obtenus par soudage LASER.
[0008] L'invention vise également à disposer d'un procédé de fabrication d'un acier à l'état
non revêtu, électrozingué ou galvanisé. Ceci nécessite donc que les caractéristiques
mécaniques de cet acier soient peu sensibles aux cycles thermiques associés aux procédés
de revêtement de zinc au trempé.
[0009] L'invention vise également à disposer d'un acier laminé à chaud disponible même en
faible épaisseur, c'est à dire par exemple entre 1 et 5mm. La dureté à chaud de l'acier
ne doit donc pas être trop élevée pour faciliter le laminage. Dans ce but, l'invention
a pour objet une tôle d'acier laminée à chaud de résistance supérieure à 800 MPa,
d'allongement à rupture supérieur à 10%, dont la composition comprend, les teneurs
étant exprimées en poids :
0,050% ≤ C ≤ 0,090%, 1%≤ Mn ≤ 2%, 0,015% ≤ Al ≤ 0,050 %, 0,1%≤Si≤ 0,3%, 0,10% ≤ Mo
≤ 0,40%, S ≤ 0,010%, P≤ 0,025%, 0,003%≤N≤0,009%, 0, 12% ≤V≤ 0,22%, Ti≤ 0,005%, Nb≤
0,020% et à titre optionnel, Cr≤ 0,45%, le reste de la composition étant constitué
de fer et d'impuretés inévitables résultant de l'élaboration.
[0010] La composition de l'acier comprend préférentiellement, la teneur étant exprimée en
poids : 0,050% ≤ C ≤ 0,070%
[0011] A titre préféré, la composition comprend, la teneur étant exprimée en poids : 0,070%
<C ≤ 0,090%
[0012] Selon un mode préféré, la composition comprend : 1,4% ≤ Mn ≤ 1,8%.
[0013] A titre préféré, la composition comprend : 0,020% ≤ Al ≤ 0,040 %.
[0014] La composition de l'acier comprend préférentiellement : 0,12% ≤ V ≤ 0,16 %. Selon
un mode préféré, la composition de l'acier comprend 0,18% ≤ Mo ≤ 0,30 %.
[0015] A titre préféré, la composition comprend : Nb ≤ 0,005 %
[0016] Préférentiellement, la composition comprend : 0,20% ≤ Cr ≤ 0,45%
[0017] La microstructure de l'acier comprend préférentiellement, en fraction surfacique,
au moins 80% de bainite supérieure, le complément éventuel étant constitué de bainite
inférieure, de martensite et d'austénite résiduelle, la somme des teneurs en martensite
et en austénite résiduelle étant inférieure à 5%.
[0018] L'invention a également pour objet un assemblage soudé par faisceau à haute densité
d'énergie réalisé à partir d'une tôle d'acier selon l'un des modes ci-dessus.
[0019] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée
à chaud de résistance supérieure à 800 MPa, d'allongement à rupture supérieur à 10%,
selon lequel on approvisionne un acier de composition ci-dessus, on coule un demi-produit
qu'on porte à une température supérieure à 1150°C. On lamine à chaud le demi-produit
jusqu'à une température T
FL dans un domaine de température où la microstructure de l'acier est entièrement austénitique
de façon à obtenir une tôle. On refroidit ensuite celle-ci à une vitesse de refroidissement
V
R comprise 75 et 200°C/s, puis on bobine la tôle à une température T
bob comprise entre 500 et 600°C.
[0020] Selon un mode préféré, la température de fin de laminage T
FL est comprise entre 870 et 930°C.
[0021] A titre préférentiel, la vitesse de refroidissement V
R est comprise entre 80 et 150°C/s.
[0022] Préférentiellement, la tôle est décapée, puis optionnellement skin-passée, puis revêtue
de zinc ou d'alliage de zinc.
[0023] Selon un mode préféré, le revêtement est réalisé au trempé.
[0024] L'invention a également pour objet l'utilisation d'une tôle d'acier laminée à chaud
selon l'un des modes ci-dessus, ou fabriquée par un procédé selon l'un des modes ci-dessus
pour la fabrication de pièces de structure ou d'éléments de renfort, dans le domaine
automobile.
[0025] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la
description ci-dessous, donnée à titre d'exemple et faite en référence aux figures
annexées ci-jointes selon lesquelles :
- La figure 1 illustre l'influence de la teneur en carbone sur l'allongement en sens
long de soudures de raboutage réalisées par faisceau LASER
- La figure 2 illustre la microstructure d'un acier selon l'invention
[0026] En ce qui concerne la composition chimique de l'acier, le carbone joue un rôle important
sur la formation de la microstructure et sur les propriétés mécaniques.
[0027] Selon l'invention, la teneur en carbone est comprise entre 0,050 et 0,090% en poids
: Au dessous de 0,050%, une résistance suffisante ne peut pas être obtenue. Au delà
de 0,090%, la microstructure formée est constituée majoritairement de bainite inférieure,
cette structure étant caractérisée par la présence de carbures précipités au sein
des lattes de ferrite bainitique : la résistance ainsi obtenue est élevée, mais l'allongement
est alors notablement réd u it.
[0028] Selon un mode particulier de l'invention, la teneur en carbone est comprise entre
0,050 et 0,070% La figure 1 illustre l'influence de la teneur en carbone sur l'allongement
en sens long de soudures de raboutage par faisceau LASER : Un allongement à rupture
particulièrement élevé, de l'ordre de 17 à 23% est associé à une teneur en carbone
allant de 0,050 à 0,070%. Ces valeurs d'allongement élevées permettent d'assurer que
des tôles soudées par LASER pourront être embouties de façon satisfaisante, même en
tenant compte d'éventuelles imperfections locales, telles que des singularités géométriques
de cordons de soudure entraînant des concentrations de contraintes, ou des microporosités
au sein du métal fondu. Par rapport à des aciers à 0,12%C de l'art antérieur, il était
attendu que la réduction du carbone améliore la soudabilité. Cependant, on a mis en
évidence qu'un abaissement important de la teneur en carbone permet non seulement
d'obtenir un allongement à rupture élevé, mais encore de maintenir simultanément la
résistance mécanique à un niveau supérieur à 800MPa, ce qui n'était pas attendu pour
des teneurs aussi basses que 0,050%C.
[0029] Selon un autre mode préféré, la teneur en carbone est supérieure à 0,070% et inférieure
ou égale à 0,090% : même si cette gamme ne conduit pas à une ductilité aussi élevée,
l'allongement à rupture des soudures LASER est supérieure à 15%, et reste comparable
à celui de la tôle d'acier de base.
[0030] En quantité comprise entre 1 et 2% en poids, le manganèse augmente la trempabilité
et permet d'éviter la formation de ferrite au refroidissement après laminage. Le manganèse
contribue également à désoxyder l'acier lors de l'élaboration en phase liquide. L'addition
de manganèse participe également à un durcissement efficace en solution solide et
à l'obtention d'une résistance accrue. Préférentiellement, le manganèse est compris
entre 1,4 et 1,8% : on forme de la sorte une structure totalement bainitique sans
risque d'apparition de structure en bandes néfaste.
[0031] Dans une gamme de teneurs comprises entre 0,015% et 0,050%, l'aluminium est un élément
efficace pour la désoxydation de l'acier. Cette efficacité est obtenue de façon particulièrement
économique et stable lorsque la teneur en aluminium est comprise entre 0,020 et 0,040%.
[0032] En quantité supérieure ou égale à 0,1%, le silicium contribue à la désoxydation en
phase liquide et au durcissement en solution solide. Une addition de silicium au delà
de 0,3% provoque cependant la formation d'oxydes fortement adhérents et l'apparition
éventuelle de défauts de surface, dus notamment à un manque de mouillabilité dans
les opérations de galvanisation au trempé.
[0033] En quantité supérieure ou égale à 0,10%, le molybdène retarde la transformation bainitique
lors du refroidissement après laminage, contribue au durcissement par solution solide
et affine la taille des lattes bainitiques. Selon l'invention, la teneur en molybdène
est inférieure ou égale à 0,40% pour éviter la formation excessive de structures de
trempe. Cette teneur limitée en molybdène permet également d'abaisser le coût de fabrication.
[0034] Selon un mode préféré, la teneur en molybdène est supérieure ou égale à 0,18% et
inférieure ou égale à 0,30%. De la sorte, le niveau est idéalement ajusté pour éviter
la formation de ferrite ou de perlite dans la tôle d'acier sur la table de refroidissement
après laminage à chaud.
[0035] En quantité supérieure à 0,010%, le soufre tend à précipiter en quantité excessive
sous forme de sulfures de manganèse qui réduisent fortement l'aptitude à la mise en
forme.
[0036] Le phosphore est un élément connu pour ségréger aux joints de grains. Sa teneur doit
être limitée à 0,025% de façon à maintenir une ductilité à chaud suffisante.
[0037] A titre optionnel, la composition peut comporter du chrome en quantité inférieure
ou égale à 0,45%. Grâce aux autres éléments de la composition et au procédé selon
l'invention, sa présence n'est cependant pas absolument nécessaire, ce qui présente
l'avantage d'éviter des additions coûteuses.
[0038] Une addition de chrome entre 0,20 et 0,45% peut être effectuée en complément des
autres éléments augmentant la trempabilité.
[0039] Selon l'invention, l'acier contient moins de 0,005%Ti et moins de 0,020%Nb Dans le
cas contraire, ces éléments fixent une quantité trop importante d'azote sous forme
de nitrures ou de carbonitrures. Il ne reste pas alors suffisamment d'azote disponible
pour précipiter avec le vanadium. De plus, une précipitation excessive de niobium
augmenterait la dureté à chaud et ne permettrait pas aisément la réalisation de tôles
laminées à chaud de faible épaisseur.
[0040] Selon un mode particulièrement économique, la teneur en niobium est inférieure à
0,005%
[0041] Le vanadium est un élément important selon l'invention : l'acier contient une teneur
en vanadium comprise entre 0,12 et 0,22%. Par rapport à un acier sans vanadium, l'augmentation
de la résistance grâce à une précipitation durcissante de carbonitrures peut aller
jusqu'à 300MPa. Au dessous de 0,12%, on ne note pas d'effet significatif sur les caractéristiques
mécaniques de traction. Au delà de 0,22% de vanadium, dans les conditions de fabrication
selon l'invention, on note une saturation de l'effet sur les caractéristiques mécaniques.
Une teneur inférieure à 0,22% permet donc d'obtenir des caractéristiques mécaniques
élevées de façon très économique par rapport à des aciers qui comporteraient des teneurs
plus élevées en vanadium.
[0042] Pour une teneur en vanadium comprise entre 0,13 et 0,15%, on obtient un affinement
de la microstructure et un durcissement structural tout particulièrement efficaces.
[0043] Selon l'invention, la teneur en azote est supérieure ou égale à 0,003% pour obtenir
une précipitation de carbonitrures de vanadium en quantité suffisante. Cependant,
la teneur en azote est inférieure ou égale à 0,009% pour éviter la présence d'azote
en solution solide ou la formation de carbonitrures de taille plus importante, qui
réduiraient la ductilité.
[0044] Le reste de la composition est constitué d'impuretés inévitables résultant de l'élaboration,
telles que par exemple Sb, Sn, As.
[0045] La microstructure de l'acier selon l'invention est constituée :
- d'au moins 80% de bainite supérieure, cette structure étant constituée de lattes de
ferrite bainitique et de carbures situés entre ces lattes, la précipitation intervenant
lors de la transformation bainitique. Cette matrice présente des propriétés de résistance
élevées, combinées à une ductilité importante
- en complément éventuel, la structure contient :
- De la bainite inférieure, dont la précipitation de carbures intervient au sein des
lattes ferritiques ; par rapport à la bainite supérieure, la bainite inférieure présente
une résistance un peu plus importante, mais une ductilité moins grande.
- Eventuellement de la martensite. Celle-ci est fréquemment associée à de l'austénite
résiduelle sous forme de composés « M-A » (martensite-austénite résiduelle) La teneur
totale en martensite et en austénite résiduelle doit être limitée à 5% pour ne pas
diminuer la ductilité.
[0046] Les pourcentages microstructuraux ci-dessus correspondent aux fractions surfaciques
que l'on peut mesurer sur des coupes polies et attaquées.
[0047] La microstructure ne comporte donc pas de ferrite primaire ou proeutectoïde : elle
présente alors une grande homogénéité puisque l'écart de propriétés mécaniques entre
la matrice (bainite supérieure) et les autres constituants éventuels (bainite inférieure
et martensite) est faible. Lors d'une sollicitation mécanique, les déformations se
répartissent de façon homogène. Une accumulation de dislocations n'intervient pas
au niveau des interfaces entre les constituants et un endommagement prématuré est
évité, contrairement à ce qui peut être noté dans des structures comportant une quantité
significative de ferrite primaire, phase dont la limite d'écoulement est très faible,
ou de martensite à très haut niveau de résistance. De la sorte, l'acier selon l'invention
présente une aptitude particulière à certains modes de déformation exigeants tels
que l'expansion de trous, la sollicitation mécanique de bords découpés, le pliage.
[0048] La mise en oeuvre du procédé de fabrication d'une tôle laminée à chaud selon l'invention
est la suivante :
- On approvisionne un acier de composition selon l'invention, puis on procède à la coulée
d'un demi-produit à partir de cet acier. Cette coulée peut être réalisée en lingots,
ou en continu sous forme de brames d'épaisseur de l'ordre de 200mm. On peut également
effectuer la coulée sous forme de brames minces de quelques dizaines de millimètres
d'épaisseur, ou de bandes minces, entre cylindres d'acier contra-rotatifs.
[0049] Les demi-produits coulés sont tout d'abord portés à une température supérieure à
1150°C pour atteindre en tout point une température favorable aux déformations élevées
que va subir l'acier lors du laminage. Naturellement, dans le cas d'une coulée directe
de brames minces ou de bandes minces entre cylindres contra-rotatifs, l'étape de laminage
à chaud de ces demi-produits débutant à plus de 1150°C peut se faire directement après
coulée si bien qu'une étape de réchauffage intermédiaire n'est pas nécessaire dans
ce cas.
[0050] On lamine à chaud le demi-produit dans un domaine de température où la structure
de l'acier est totalement austénitique jusqu'à une température de fin de laminage
T
FL. La température T
FL est comprise préférentiellement entre 870 et 930°C pour obtenir une taille de grain
adaptée à la transformation bainitique qui va suivre.
[0051] On effectue ensuite un refroidissement à une vitesse V
R comprise entre 75 et 200°C/s : une vitesse minimale de 75°C/s permet d'éviter la
formation de ferrite proeutectoïde et de perlite, alors qu'une vitesse V
R inférieure ou égale à 200°C/s permet d'éviter la formation excessive de martensite.
[0052] D'une façon optimale, la vitesse V
R est comprise entre 80 et 150°C/s : Une vitesse minimale de 80°C/s conduit à la formation
de bainite supérieure avec une taille de lattes très réduite, associée à d'excellentes
propriétés mécaniques. Une vitesse inférieure à 150°C/s permet d'éviter très majoritairement
la formation de martensite.
[0053] La gamme de vitesse de refroidissement selon l'invention peut être obtenue au moyen
d'une pulvérisation d'eau ou d'un mélange air-eau, en fonction de l'épaisseur de la
tôle, à la sortie du laminoir finisseur.
- Après cette phase de refroidissement rapide, la tôle laminée à chaud est bobinée à
une température Tbob comprise entre 500 et 600°C. La transformation bainitique se produit pendant cette
phase de bobinage ; de la sorte, on évite la formation de ferrite proeutectoïde ou
de perlite causée par une température de bobinage trop élevée, et on évite également
la formation de constituants de trempe qui serait causée par une température de bobinage
trop basse. De plus, la précipitation de carbonitrures intervenant dans cette gamme
de température de bobinage permet également d'obtenir un durcissement supplémentaire.
[0054] La tôle peut être utilisée à l'état nu ou revêtu. Selon l'utilisation envisagée,
on décape la tôle après laminage selon un procédé connu en soi, de façon à obtenir
un état de surface propre à favoriser la mise oeuvre du revêtement ultérieur.
[0055] Afin d'effacer le palier observé lors d'un essai mécanique de traction, la tôle peut
être éventuellement soumise à une légère déformation à froid, usuellement inférieure
à 1% (« skin-pass ») La tôle est ensuite revêtue de zinc ou d'un alliage à base de
zinc, par exemple par électrozingage ou par galvanisation au trempé. Dans ce dernier
cas, on a mis en évidence que la microstructure particulière de l'acier, composée
majoritairement de bainite supérieure, est peu sensible aux conditions thermiques
du traitement ultérieur de galvanisation, si bien que les caractéristiques mécaniques
des tôles revêtues au trempé présentent une grande stabilité même en cas de fluctuation
intempestive de ces conditions. La tôle à l'état galvanisé présente donc des caractéristiques
mécaniques très similaires de celles à l'état nu.
Exemple :
[0056] On a élaboré des aciers dont la composition figure au tableau ci-dessous, exprimée
en pourcentage pondéral. Outre l'acier I-1 ayant servi à la fabrication de tôles selon
l'invention, on a indiqué à titre de comparaison la composition d'aciers R-1 et R-2
ayant servi à la fabrication de tôles de référence.
Tableau 1 Compositions d'aciers (% poids). I= Selon l'invention. R= référence Valeurs
soulignées : Non conforme à l'invention.
Acier |
C (%) |
Mn (%) |
Si (%) |
Al(%) |
S(%) |
P(%) |
Mo (%) |
Cr (%) |
N(%) |
V (%) |
Nb (%) |
I-1 |
0,070 |
1,604 |
0,218 |
0,028 |
0,002 |
0,014 |
0,313 |
0,400 |
0,006 |
0,150 |
- |
I2 |
0,072 |
1,592 |
0,204 |
0,031 |
0,003 |
0,024 |
0,200 |
0,414 |
0,006 |
0,211 |
0,017 |
R1 |
0.125 |
1,670 |
0,205 |
0,030 |
0,002 |
0,025 |
0,307 |
0,414 |
0,004 |
0.105 |
- |
R2 |
0.102 |
1,680 |
0,204 |
0,023 |
0,002 |
0.028 |
0,315 |
0,408 |
0,007 |
0,205 |
- |
[0057] Des demi-produits correspondant aux compositions ci-dessus ont été réchauffés à 1220°C
et laminés à chaud jusqu'à une épaisseur de 2,3 mm dans un domaine où la structure
est entièrement austénitique. Les conditions de fabrication de ces aciers (température
de fin de laminage T
FL, vitesse de refroidissement V
R, température de bobinage T
bob) sont indiquées au tableau 2
Tableau 2 Conditions de fabrication. Valeurs soulignées : non conforme à l'invention
Acier |
TFL(°C) |
VR(°C/s) |
Tbob(°C) |
I1 |
910 |
80 |
520 |
I2 |
875 |
80 |
600 |
R1 |
880 |
80 |
520 |
R2 |
885 |
100 |
450 |
[0058] Les propriétés mécaniques de traction obtenues (limite d'élasticité Re, résistance
Rm, allongement à rupture A) ont été portées au tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3 : Caractéristiques mécaniques (sens long par rapport au laminage) : Valeurs
soulignées : non conforme à l'invention
Acier |
Re(MPa) |
Rm (MPa) |
Allongement à rupture A (%) |
I1 |
820 |
880 |
11 |
I2 |
767 |
831 |
16 |
R1 |
740 |
835 |
8 |
R2 |
870 |
927 |
7,5 |
[0059] Les valeurs élevées des caractéristiques mécaniques sont obtenues aussi bien en sens
long qu'en sens travers par rapport au laminage pour les aciers selon l'invention.
[0060] La microstructure de l'acier I1 illustrée à la figure 2 comprend plus de 80% de bainite
supérieure, le reste étant constitué de bainite inférieure et de composés M-A. La
teneur totale en martensite et en austénite résiduelle est inférieure à 5%. La taille
des anciens grains austénitiques et des paquets de lattes bainitiques est d'environ
10 micromètres. La limitation de la taille des paquets de lattes et la forte désorientation
entre les paquets adjacents a pour conséquence une grande résistance à la propagation
d'éventuelles microfissures. Grâce à la faible différence de dureté entre les différents
constituants de la microstructure, l'acier est peu sensible à l'endommagement lors
de la découpe par un procédé mécanique.
[0061] L'acier R1, présentant une teneur en carbone trop élevée et une teneur en vanadium
trop faible, a un allongement à rupture insuffisant. L'acier R2, présente une teneur
en carbone et en phosphore trop élevée, sa température de bobinage est également trop
faible. En conséquence, son allongement à rupture est également nettement inférieur
à 10%.
[0062] Des joints soudés autogènes LASER ont été réalisés dans les conditions suivantes
: puissance : 4,5kW, vitesse de soudage : 2,5m/mn. L'allongement en sens long des
soudures LASER de l'acier I-1 est de 17%, alors qu'il est de 10 et 13% respectivement
pour les aciers R-1 et R-2. Ces valeurs conduisent, particulièrement pour l'acier
R1, à des difficultés lors d'emboutissage de joints soudés.
[0063] Des tôles d'acier I1 selon l'invention ont été également galvanisées dans les conditions
suivantes : après chauffage à 680°C, les tôles ont été refroidies à 455°C puis revêtues
au trempé dans un bain de Zn à cette température et enfin refroidies à température
ambiante. Les caractéristiques mécaniques des tôles galvanisées sont les suivantes
: Re=824MPa, Rm=879MPa, A=12%. Ces propriétés sont pratiquement identiques à celles
de la tôle non revêtue, ce qui indique que la microstructure des aciers selon l'invention
est très stable vis-à-vis des cycles thermiques de galvanisation.
[0064] Ainsi, l'invention permet la fabrication de tôles d'aciers à matrice bainitique sans
addition excessive d'éléments coûteux. Celles-ci allient une haute résistance et une
ductilité élevée. Les tôles d'aciers selon l'invention sont utilisées avec profit
pour la fabrication de pièces de structure ou d'éléments de renfort dans le domaine
automobile et de l'industrie générale.
1. Tôle d'acier laminée à chaud de résistance supérieure à 800 MPa, d'allongement à rupture
supérieur à 10%, dont la composition comprend, les teneurs étant exprimées en poids
:
0,050% ≤C≤ 0,090%
1%≤Mn≤2%
0,015% ≤ AI ≤ 0,050 %
0,1 %≤Si≤ 0,3%
0,10%≤ Mo ≤0,40%
S≤ 0,010%
P≤ 0,025%
0,003%≤N≤0,009%
0, 12% ≤ V ≤ 0,22%
Ti≤ 0,005%
Nb≤ 0,020%
et à titre optionnel,
Cr≤ 0,45%
le reste de la composition étant constitué de fer et d'impuretés inévitables résultant
de l'élaboration
2. Tôle d'acier selon la revendication 1,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
0,050% ≤C ≤ 0,070%
3. Tôle d'acier selon la revendication 1,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
0,070% <C ≤ 0,090%
4. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 3,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
1,4%≤Mn ≤1,8%
5. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 4,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
0,020% ≤ Al ≤ 0,040 %
6. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 5,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
0,12%≤V≤0,16%
7. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 6,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
0,18% ≤ Mo ≤ 0,30 %
8. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 7,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
Nb ≤ 0,005 %
9. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 8,
caractérisée en ce que la composition dudit acier comprend, la teneur étant exprimée en poids :
0,20% ≤ Cr ≤ 0,45%
10. Tôle d'acier selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisée en ce que la microstructure dudit acier comprend, en fraction surfacique, au moins 80% de bainite
supérieure, le complément éventuel étant constitué de bainite inférieure, de martensite
et d'austénite résiduelle, la somme des teneurs en martensite et en austénite résiduelle
étant inférieure à 5%
11. Assemblage soudé réalisé à partir d'au moins une tôle d'acier selon l'une quelconque
des revendications 1 à 10, caractérisé en ce que l'au moins une tôle est soudée par faisceau à haute densité d'énergie
12. Procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée à chaud de résistance supérieure
à 800 MPa, d'allongement à rupture supérieur à 10%, selon lequel :
- on approvisionne un acier de composition selon l'une quelconque des revendications
1 à 9,
- on procède à la coulée d'un demi-produit à partir de cet acier,
- on porte ledit demi-produit à une température supérieure à 1150°C
- on lamine à chaud ledit demi-produit jusqu'à une température TFL , dans un domaine de température où la microstructure de l'acier est entièrement
austénitique de façon à obtenir une tôle, puis
- on refroidit ladite tôle de telle sorte que la vitesse de refroidissement VR soit comprise 75 et 200°C/s, puis
- on bobine ladite tôle à une température Tbob comprise entre 500 et 600°C
13. Procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée à chaud selon la revendication 12
caractérisé en ce que la température de fin de laminage TFL est comprise entre 870 et 930°C
14. Procédé de fabrication d'une tôle d'acier laminée à chaud selon la revendication 12
ou 13 caractérisé en ce que la vitesse de refroidissement VR est comprise entre 80 et 150°C/s
15. Procédé de fabrication selon lequel une tôle fabriquée selon l'une quelconque des
revendications 12 à 14 est décapée, puis optionnellement skin-passée, puis revêtue
de zinc ou d'alliage le zinc
16. Procédé de fabrication d'une tôle d'acier selon la revendication 15, caractérisé en ce que ledit revêtement est réalisé au trempé
17. Utilisation d'une tôle d'acier laminée à chaud selon l'une quelconque des revendications
1 à 10, ou fabriquée par un procédé selon l'une quelconque des revendications 12 à
16, pour la fabrication de pièces de structure ou d'éléments de renfort, dans le domaine
automobile.