[0002] On connaît les compositions énergétiques de type « thermites » qui sont des matériaux
susceptibles de se décomposer chimiquement, sous l'action d'une initiation appropriée,
en libérant une quantité d'énergie thermique très importante. Cette décomposition
est une réaction d'échange d'atomes d'oxygène entre deux corps solides, à savoir un
métal réducteur, accepteur d'oxygène, et un oxyde métallique, donneur d'oxygène.
Les produits formés au cours de ce processus d'oxydoréduction sont généralement liquides
ou solides. Pour cette raison notamment, les thermites ne sont pas considérées comme
des explosifs proprement dits, mais comme des matériaux à haut potentiel énergétique.
Les propriétés thermodynamiques de plusieurs centaines de compositions binaires de
type thermites sont rapportées par
S.H. Fischer and MC Grueblich dans l'article « theoritical energy release of thermites,
intermetallics and combustible metals » publié dans la revue Proceedings of the 24th
International Pyrotechnics Seminar, Monterey, California USA 27-31 July, 1998.
La décomposition thermique de ces matériaux s'effectuant par transfert de masse, leur
cinétique de combustion est limitée par la taille et la disposition relative des particules
de chaque constituant. La réduction à une échelle nanométrique de la taille des particules
d'oxyde et de métal, accroît la réactivité de ces matériaux et augmente leur vitesse
de combustion.
On connaît aussi des matériaux énergétiques composites comme les explosifs composites
et les propergols composites comportant des matrices polymériques solides.
Un explosif composite est une composition pyrotechnique apte à détoner constituée
d'une matrice polymérique solide, comprenant au moins une charge explosive nitrée
organique par exemple de l'hexogene (RDX), de l'octogène (HMX) ou de l'oxynitrotriazole
(ONTA) sous forme pulvérulente. Les dits explosifs composites et la façon de les obtenir
sont par exemple décrits par
J. QUINCHON "les poudres, propergols et explosifs", tome 1, pages 190-192, Ed. Technique
et Documentation Lavoisier (1982).
[0007] La solution apportée est une composition énergétique à décomposition contrôlée comportant
au moins un premier matériau organique et un second matériau, caractérisé en ce que
le second matériau est un matériau poreux (micro-, méso- ou macroporeux) comportant
un taux de porosité au moins égal à 10% et préférablement supérieure à 50% et en ce
que le premier matériau est, au moins en partie, infiltré dans les pores dudit second
matériau.
Lors de la combustion de cette composition avec un matériau réducteur ou oxydant le
cas échéant le tout se présentant par exemple sous la forme d'un mélange intime, le
matériau organique ou minéral infiltré dans les pores génère des gaz qui fragmentent
ou provoquent l'expansion du second matériau poreux, conduisant à la formation de
nanoparticules qui réagissent violemment avec ledit réducteur ou, le cas échant l'oxydant,
produisant alors une puissance de combustion extrêmement importante.
Selon une caractéristique particulière permettant de maximiser la puissance de la
combustion, le premier matériau est constitué par un matériau explosif tel que, par
exemple, de l'hexogène, (RDX), de l'octogène (HMX), de l'hexanitrohexaazaisowurtzitane
(CL 20), de la pentrite (PETN) ou de l'oxynitrotriazole (ONTA); du perchlorate d'ammonium,
du perchlorate de potassium, du perchlorate de sodium, du nitrate d'ammonium ou de
potassium, de l'azoture de sodium ou de potassium, du peroxyde de baryum. Ce premier
matériau peut aussi être constitué d'un matériau pouvant être gazéifié mais non explosif
(polymères, agents porogènes, oxalates...)
Selon une autre caractéristique, le second matériau est constitué par un oxyde, un
métal, un métalloïde ou un matériau minéral ou organique tel par exemple que des nanotubes
de carbone.
L'invention concerne aussi un mélange énergétique comportant une composition énergétique
selon l'invention et au moins un élément réducteur tel par exemple de l'aluminium
ou du zirconium.
L'invention concerne aussi un procédé de fabrication d'une composition selon l'invention
comportant :
- une première étape de dissolution du premier matériau dans un solvant
- une seconde étape d'infiltration consistant à introduire le second matériau microporeux
dans la solution obtenue à l'issue de la première étape
- une troisième étape de solidification du premier matériau dans le second matériau
par évaporation du solvant ou désolubilisation par un antisolvant miscible au solvant
- éventuellement une quatrième étape consistant à mélanger le matériau obtenu dans la
troisième étape avec un matériau réducteur.
L'invention concerne aussi un procédé de fragmentation en nanoparticules d'un matériau
microporeux appelé second matériau et ayant un taux de porosité au moins égal à 10%
et préférablement supérieure à 50%, caractérisé en ce qu'il comporte une étape d'infiltration
d'un premier matériau à l'intérieur des pores du second matériau, et une étape de
chauffage ou de combustion du matériau microporeux ainsi infiltré, les gaz générés
par le chauffage ou la combustion du premier matériau étant apte à fragmenter ledit
second matériau en nanoparticules, le premier matériau pouvant par exemple e̊tre constitué
par un matériau explosif tel que, par exemple, de l'hexogène, (RDX), de l'octogène
(HMX), de l'hexanitrohexaazaisowurtzitane (CL 20), de la pentrite (PETN) ou de l'oxynitrotriazole
(ONTA); du perchlorate d'ammonium, du perchlorate de potassium, du perchlorate de
sodium, du nitrate d'ammonium ou de potassium, de l'azoture de sodium ou de potassium,
du peroxyde de baryum et le second matériau pouvant par exemple être constitué par
un oxyde, un métal, un métalloïde ou un matériau minéral ou organique tel par exemple
que des nanotubes de carbone.
D'autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront dans la description
d'un mode particulier de réalisation de l'invention. Une composition explosive selon
ce mode particulier de réalisation de l'invention est constituée par un mélange comportant
d'une part un premier matériau organique et un second matériau, ce dernier étant microporeux
et le premier matériau étant, au moins en partie, infiltré dans les pores dudit second
matériau, cet ensemble formant une composition oxydante, et, d'autre part, un matériau
réducteur, la composition oxydante et le matériau réducteur se présentant sous forme
de particules intimement mélangées.
Le premier matériau est de l'hexogène tandis que le second matériau est de l'oxyde
de chrome ayant une porosité de 46 m
2g
-1. Le matériau réducteur est constitué par de l'aluminium nanométrique.
L'oxyde de chrome poreux ayant été obtenu de façon connue par combustion de dichromate
d'ammonium, le procédé de fabrication de ce mélange comporte les étapes suivantes.
- une première étape de dissolution de l'héxogène dans une solution d'acétone,
- une seconde étape d'infiltration consistant à introduire l'oxyde de chrome poreux
dans la solution obtenue à l'issue de la première étape. Dans cette étape l'acétone
et l'héxogène dissous s'infiltrent dans les pores de l'oxyde de chrome poreux,
- une troisième étape de retrait de l'oxyde de chrome poreux infiltré par la solution
puis de séchage de l'oxyde de chrome poreux, étape dans laquelle l'acétone s'évapore
et l'héxogène se solidifie dans les pores de l'oxyde de chrome poreux.
L'oxyde de chrome poreux infiltré par l'héxogène est mélangé à de l'aluminium nanométrique
puis le mélange obtenu est ensuite compacté et mis, de façon connue, sous forme de
comprimés.