Arrière-plan de l'invention
[0001] La présente invention concerne un organe moteur à ressorts pour mouvement d'horlogerie,
comportant deux barillets coaxiaux couplés en série, chaque barillet comportant une
cage cylindrique rotative, pourvue d'une denture extérieure et d'un fond, et un ressort
enroulé à l'intérieur de la cage et ayant une extrémité extérieure couplée à la cage
et une extrémité intérieure couplée à une bonde, les bondes respectives des barillets
étant mutuellement solidaires en rotation et les fonds respectifs des barillets étant
situés axialement à l'opposé l'un de l'autre. Autrement dit, les deux barillets sont
superposés et se font face, disposition représentée notamment dans les demandes de
brevet
EP 1 115 040 (avec deux groupes de deux barillets) et
EP 1 657 604.
[0002] Dans le domaine des mouvements de montres mécaniques, il est bien connu de remplacer
l'organe moteur usuel comprenant un seul barillet à ressort par un groupe de deux
barillets couplés en série, afin d'accumuler une énergie potentielle assez grande
pour assurer une réserve de marche supérieure aux quelques 40 heures habituelles,
sans affecter les performances chronométriques de la montre ni le rendement des rouages.
On trouvera une explication détaillée des caractéristiques fonctionnelles d'un tel
organe moteur dans le brevet
CH 610 465, qui présente comme exemples une disposition superposée et une disposition juxtaposée
des barillets. Dans le cas présent, c'est la disposition superposée qui est choisie,
parce que le couple peut se transmettre d'un barillet à l'autre directement via un
arbre commun, ce qui évite les pertes de place et de rendement dues à l'engrenage
de renvoi qui est nécessaire dans la disposition juxtaposée.
[0003] Cependant, la disposition coaxiale et superposée des barillets usuels, comme on la
voit dans les brevets précités, donne au dispositif moteur un encombrement relativement
grand dans la direction axiale, c'est-à-dire dans la direction perpendiculaire à la
platine principale du mouvement d'horlogerie. En effet, la hauteur totale du dispositif
comprend non seulement deux fois les hauteurs respectives du fond, du ressort, du
couvercle et du jeu intérieur de chaque barillet, mais en outre un intervalle minimal
entre les deux couvercles qui se font face et ne doivent pas se toucher, car ils tournent
à des vitesses différentes. Par conséquent, la hauteur totale d'un dispositif à barillets
superposés détermine toujours une épaisseur relativement grande du mouvement de montre,
et cela constitue un inconvénient dans la plupart des cas. Etant donné qu'on ne peut
pas augmenter le nombre de tours du développement d'un ressort de barillet sans diminuer
ses performances, si le constructeur veut réduire la hauteur des barillets et donc
des ressorts, il réduit automatiquement l'énergie pouvant être emmagasinée, donc aussi
la réserve de marche de la montre.
Résumé de l'invention
[0004] La présente invention a pour objet un organe moteur à deux barillets coaxiaux superposés
qui est perfectionné de manière à pouvoir emmagasiner plus d'énergie qu'un tel organe
classique de même hauteur, ou présenter une hauteur réduite en utilisant les mêmes
ressorts pour une même capacité de stockage d'énergie. Un but additionnel est de parvenir
à ce résultat avec une construction simple, facile à monter et comportant un petit
nombre de pièces.
[0005] A cet effet, il est prévu un organe moteur du genre défini ci-dessus en préambule
et caractérisé en ce que les deux barillets sont dépourvus de couvercle, leurs ressorts
n'étant séparés l'un de l'autre que par une rondelle de séparation ou par un intervalle.
[0006] Le perfectionnement essentiel apporté par l'invention réside donc dans la possibilité
de supprimer les deux couvercles disposés face-à-face et séparés par un intervalle,
comme on le voit notamment dans les brevets
EP 1 115 040 et
EP 1 657 604 précités. De préférence, ces éléments supprimés sont remplacés par une simple rondelle
de séparation, dont le rôle est notamment d'empêcher que les spires des deux ressorts
puissent s'entrecroiser lorsque les ressorts sont désarmés. Cette rondelle peut être
très mince et faite par exemple d'un feuille d'un matériau antifriction comme le PTFE.
On peut ainsi rapprocher axialement le plus possible les deux ressorts et donner aux
cages de barillets une hauteur proche de celle des ressorts. La rondelle en matériau
antifriction peut avantageusement s'étendre entre les parties cylindriques respectives
des cages, qui peuvent ainsi être rapprochées au maximum. Ces dispositions permettent
soit de réduire la hauteur totale de l'organe moteur en conservant les dimensions
des ressorts selon l'art antérieur, soit d'augmenter la hauteur des ressorts, donc
la quantité d'énergie et la réserve de marche, pour un même volume total de l'organe
moteur. En outre, le nombre de pièces du dispositif est réduit d'une ou plusieurs
unités par rapport aux constructions selon l'art antérieur.
[0007] Toutefois, une construction alternative consiste à remplacer ladite rondelle de séparation
par un intervalle suffisant pour éviter un contact entre les deux ressorts dans les
conditions normales de fonctionnement de la montre. On peut en effet accepter que
les ressorts puissent se toucher brièvement dans certaines circonstances, par exemple
lorsque la montre subit un choc, car l'effet sur la marche de la montre reste insignifiant.
Si les ressorts se touchent lorsqu'ils sont détendus, l'effet éventuel sur la marche
de la montre peut être négligé puisque le mouvement est arrêté ou en train de s'arrêter.
[0008] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront dans la description
suivante d'un mode de réalisation préféré, présenté à titre d'exemple uniquement et
illustré par le dessin annexé.
Description sommaire du dessin
[0009] La figure unique du dessin est une vue schématique en coupe axiale d'un organe moteur
pour mouvement de montre, comportant deux barillets coaxiaux de mêmes tailles, disposés
de telle sorte que leurs cages et leurs ressorts respectifs se font face et sont séparés
seulement par une mince rondelle de séparation.
Description détaillée d'un mode de réalisation
[0010] L'organe moteur représenté dans le dessin comporte un premier barillet 1 et un second
barillet 11 qui sont superposés et montés sur un arbre commun 20 pour tourner indépendamment
l'un de l'autre autour de l'axe 21 de l'arbre. Le premier barillet 1 comporte une
cage cylindrique 2 ayant une denture extérieure 3, un tambour extérieur cylindrique
4, un fond 5 et un large moyeu central cylindrique 6 monté de manière rotative sur
des portées 22 et 23 de l'arbre 20. La cage 2 contient un ressort moteur 7 enroulé
en spirale, dont on n'a représenté qu'une seule spire afin de clarifier le dessin.
L'extrémité extérieure du ressort 7 est couplée au tambour 4 par un dispositif à bride
glissante, tandis que son extrémité intérieure est fixée à une bonde 8 montée de manière
rotative autour du moyeu 6.
[0011] La structure du second barillet 11 est analogue à celle du premier, avec une cage
12 ayant une denture 13, un tambour 14, un fond 15 et un moyeu 16 monté de manière
rotative sur des portées 23 et 24 de l'arbre commun 20. Les portées 22, 23 et 24 sont
séparées par des parties de diamètre légèrement réduit, appelées bobineaux, qui facilitent
l'alignement des pièces et la lubrification. Le ressort 17 du second barillet a les
mêmes dimensions et caractéristiques que le ressort 7, sauf qu'il est enroulé dans
le sens opposé et qu'il est fixé au tambour 14 sans bride glissante. Son extrémité
intérieure est fixée à une bonde 18 qui est solidaire de la bonde 8, ces deux bondes
étant formées par un seul élément tubulaire 25 qui tourne autour des deux moyeux 6
et 16 et s'appuie contre les fonds 5 et 15 pour maintenir un petit intervalle axial
Z entre les deux cages 2 et 12, ainsi qu'entre les deux ressorts. Dans cet intervalle
est placée une mince rondelle de séparation 26, ayant un diamètre extérieur sensiblement
égal à celui des tambours 4 et 14, lesquels la maintiennent entre eux en direction
axiale, tandis que la rondelle peut rester librement rotative. Le bord du trou central
de la rondelle 26 entoure l'élément tubulaire 25 avec un léger jeu radial, ce qui
maintient la rondelle en direction radiale. On peut aisément réaliser la rondelle
par découpage dans une feuille de matière synthétique à faible coefficient de friction,
par exemple en PTFE. Toutefois, si l'on veut que la rondelle soit plus rigide, on
peut la réaliser en métal, éventuellement avec un revêtement antifriction.
[0012] L'arbre 20 peut être solidaire en rotation de l'une des cages de barillet, ses extrémités
28 et 29 étant alors montées de la manière habituelle, grâce à des pierres, dans la
platine du mouvement et le pont de barillet. Ce montage coûteux n'est pas nécessaire
avec la construction décrite ici, car l'arbre 20 n'a pas besoin de tourner, puisqu'il
porte les deux cages 2 et 12 et l'élément tubulaire 25 de manière rotative, tout en
les soutenant axialement par un collet 27. L'extrémité 29 de l'arbre peut être simplement
plantée dans un trou de la platine. Un circlip (non représenté) peut être prévu au-dessus
de la portée 22 de l'arbre pour retenir axialement la cage supérieure 2 lorsque cette
fonction n'est pas assurée par le pont de barillet. Au vu du dessin, un homme du métier
remarquera que l'assemblage de l'organe moteur à double barillet ne présente pas de
difficulté particulière, des lumières 30 étant prévues dans le fond 5 de la cage supérieure
pour permettre d'accrocher et décrocher le ressort 7 sur la bonde 8 après le montage
de cette cage.
[0013] Le fonctionnement de l'organe moteur est similaire à ce qui est décrit dans la demande
EP 1 657 604, à laquelle le lecteur pourra se référer pour plus de détails. Un mécanisme de remontage,
notamment un remontage automatique symbolisé par la flèche A dans le dessin, est engrené
sur la denture 3 du premier barillet pour le faire tourner afin d'armer les ressorts
et pour l'empêcher de tourner dans le sens opposé, grâce à un cliquet incorporé au
dit mécanisme. L'élément tubulaire 25 transmet le couple du premier ressort 7 au second
ressort 17, de sorte que le degré d'armage des deux ressorts est toujours le même.
Ce couple est retransmis par la denture 13 du second barillet à un rouage de finissage
classique, représenté par la flèche F et à travers lequel l'échappement du mouvement
d'horlogerie détermine la vitesse de rotation de la seconde cage 12. La vitesse de
rotation de l'élément tubulaire 25 est évidemment égale à la moyenne de celles des
cages 2 et 12.
[0014] Si l'on compare le dessin ci-joint avec l'art antérieur illustré par les figures
des demandes de brevet européen précitées, on constate sans peine que pour une même
hauteur totale de l'organe moteur à deux barillets, la présente invention permet d'augmenter
notablement la hauteur H de chacun des deux ressorts 7 et 17. Dans un exemple concret,
il a été possible de faire passer ainsi la hauteur de chaque ressort de 0,82 mm à
1,12 mm sans changer le volume de l'organe moteur, ce qui représente un gain de 28
% sur l'énergie spécifique (en J/cm
3) emmagasinée dans le dispositif. En outre, le nombre total de pièces est réduit et
la fabrication de l'arbre central 20, dépourvu de bonde, est plus simple. Enfin, la
suppression des deux couvercles habituels simplifie à la fois la fabrication des cages
de barillets et l'assemblage de l'organe moteur.
1. Organe moteur à ressorts pour mouvement d'horlogerie, comportant deux barillets coaxiaux
(1, 11) couplés en série, chaque barillet comportant une cage cylindrique rotative
(2, 12), pourvue d'une denture extérieure (3, 13) et d'un fond (5, 15), et un ressort
(7, 17) enroulé à l'intérieur de la cage et ayant une extrémité extérieure couplée
à la cage et une extrémité intérieure couplée à une bonde (8, 18), les bondes respectives
des barillets étant mutuellement solidaires en rotation et les fonds respectifs (5,
15) des barillets étant situés axialement à l'opposé l'un de l'autre,
caractérisé en ce que les deux barillets (1, 11) sont dépourvus de couvercle, leurs ressorts (7, 17) n'étant
séparés l'un de l'autre que par une rondelle de séparation (26) ou par un intervalle.
2. Organe moteur selon la revendication 1, caractérisé en ce que la rondelle de séparation (26) est faite d'une feuille d'un matériau antifriction.
3. Organe moteur selon la revendication 2, caractérisé en ce que la rondelle de séparation (26) s'étend entre les parties extérieures cylindriques
respectives (4, 14) des cages.
4. Organe moteur selon la revendication 1, caractérisé en ce que chaque cage (2, 12) comporte un moyeu central (6, 16) sensiblement cylindrique dans
lequel est logé un arbre (20) commun aux deux barillets, au moins l'une des cages
étant montée de manière rotative sur l'arbre commun (20).
5. Organe moteur selon la revendication 4, caractérisé en ce que les deux cages (2, 12) sont montées de manière rotative sur l'arbre commun (20).
6. Organe moteur selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que les deux bondes (8, 18) font partie d'un élément tubulaire commun (25), monté de
manière rotative autour des deux moyeux (6, 16) des cages.
7. Organe moteur selon la revendication 6, caractérisé en ce que la rondelle de séparation (26) est montée de manière rotative autour de l'élément
tubulaire commun (25).
8. Organe moteur selon la revendication 1, caractérisé en ce que la largeur de l'intervalle est définie par un élément tubulaire commun (25) qui prend
appui sur les deux cages cylindriques rotatives (2, 12).