Objet de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte au domaine général de la lubrification d'une turbomachine
aéronautique.
[0002] Elle se rapporte plus particulièrement au monitoring de fuites et de la consommation
d'un système de lubrification d'un turboréacteur au travers de la mesure du niveau
des réservoirs d'huile et de la consommation.
Etat de la technique
[0003] Une turbomachine aéronautique comporte de nombreux éléments nécessitant d'être lubrifiés
; il s'agit notamment des paliers à roulements utilisés pour supporter les arbres
de rotation, ainsi que les engrenages du boîtier d'entraînement d'accessoires.
[0004] Pour diminuer le frottement, l'usure et l'échauffement dus à la vitesse de rotation
élevée des arbres de la turbomachine, les paliers à roulement qui les supportent ont
ainsi besoin d'être lubrifiés. Comme une simple lubrification en injectant de l'huile
uniquement lors des phases d'entretien de la turbomachine ne suffit pas, on a généralement
recours à une lubrification dite dynamique.
[0005] Une lubrification dynamique consiste à mettre de l'huile en circulation continue
dans un circuit de lubrification. Un débit d'huile de lubrification provenant d'un
réservoir est ainsi envoyé par une pompe sur les roulements de paliers.
[0006] Un exemple d'un tel système de lubrification d'une turbomachine est notamment décrit
dans le document
EP-A-513 957.
[0007] Au sol, lors des entretiens programmés, certaines compagnies aériennes comptabilisent
le nombre de cannettes de lubrifiant qui sont utilisées pour faire l'appoint aux réservoirs
d'huile. Ceci permet de déterminer la consommation moyenne durant les vols depuis
le dernier appoint et, sur base des distances cumulées des vols, d'identifier éventuellement
un débit de fuite anormal. Cependant, l'identification d'une fuite anormale lors des
entretiens programmés n'est possible que si celle-ci est suffisamment faible pour
ne pas déclencher d'anomalie au moteur avant l'entretien programmé.
[0008] L'utilisation du capteur de niveau dans les réservoirs d'huile permettrait des identifications
de consommation plus précises, fiables, simples et répétitives ainsi qu'une détection
de fuite ou de consommation anormale éventuelle sans attendre les entretiens. D'autre
part, les prédictions d'autonomie autoriseraient en outre la mise en place de maintenances
prédictives plutôt que programmées ainsi que la gestion des appoints.
[0009] Un capteur de niveau du réservoir d'huile existe sur les turboréacteurs modernes.
Cependant la détection d'un problème en vol est actuellement basée sur le dépassement
d'un simple seuil bas.
[0010] L'identification d'une fuite importante basée sur le niveau instantané et partant
la prédiction d'une autonomie restante faible apparaîtraient avant d'atteindre le
seuil bas et laisseraient donc plus de temps entre la détection de la panne et l'accomplissement
de la réaction adéquate.
Buts de l'invention
[0011] La présente invention vise à fournir une solution qui permette de s'affranchir des
inconvénients de l'état de la technique.
[0012] En particulier, l'invention a pour but de fournir un monitoring continu d'un système
de lubrification de turbomachine permettant de réduire les coûts associés aux fuites
d'huile qui constituent une cause importante d'incidents (tels que ATO pour
Aborted Take-Off, IFSD pour
In-Flight Shut-Down, D&C pour
Delay & Cancellation) d'une part et associés aux maintenances programmées d'autre part.
[0013] En outre, l'invention a pour but, en plus d'éviter les incidents en vol, de permettre,
en évaluant l'autonomie restante en huile, le remplacement de la maintenance programmée
par une maintenance prédictive et ainsi d'éviter les maintenances inutiles ainsi que
la gestion des appoints en huile.
Résumé de l'invention
[0014] Un premier objet de la présente invention, indiqué dans la revendication 1, se rapporte
à un procédé de calcul de la consommation et de l'autonomie en huile associé à un
système de lubrification d'un moteur d'avion en vol, de préférence une turbomachine,
sur base d'une mesure de niveau d'huile dans le réservoir dudit système de lubrification,
permettant une gestion des appoints et des maintenances, et la détection soit de consommation
anormale, soit d'autonomie insuffisante, caractérisé au moins par une des méthodes
suivantes :
- un travail de comparaison entre différents moteurs de l'avion, et éventuellement avec
une valeur de référence, les moteurs servant à ladite comparaison étant dans des conditions
essentiellement identiques, pour détecter une consommation anormale d'huile ;
- une prise en compte d'un ou plusieurs effets parasites qui influencent ledit niveau
d'huile dans le réservoir, ceux-ci étant liés à l'expansion thermique dans le réservoir,
au « gulping » et/ou à l'attitude et à l'accélération, pour déduire la modification
de niveau d'huile due à une modification de quantité totale d'huile disponible dans
le réservoir résultant desdits effets parasites ;
- une combinaison des deux méthodes précitées.
[0015] Un deuxième objet de la présente invention, indiqué dans la revendication 16, concerne
un système informatique pour la mise en oeuvre du procédé de calcul de la consommation
et de l'autonomie en huile associé à un système de lubrification d'un moteur d'avion
en vol, de préférence une turbomachine, tel que décrit ci-dessus, caractérisé en ce
qu'il comprend :
- une mémoire (1) contenant un programme principal de mise en oeuvre dudit procédé ainsi
que des données relatives au vol en cours et aux prochains vols et des données relatives
à au moins un second moteur de l'avion ;
- un premier processeur de données programmable (2), dit processeur « court terme »,
mis en oeuvre sous le contrôle dudit programme principal pour l'estimation des effets
parasites sur la consommation d'huile, l'estimation de la quantité d'huile totale
et disponible, la consommation instantanée et moyenne du moteur, la détection d'anomalies
de consommation par comparaison avec un ou plusieurs seuils et le calcul d'autonomie
pour le vol en cours et pour des prochains vols ;
- un second processeur de données programmable (3), dit processeur « moyen terme »,
mis en oeuvre sous le contrôle dudit programme principal, pour le calcul de la consommation
instantanée et moyenne du moteur, à partir de la quantité totale et disponible d'huile,
à chacune des phases du vol ;
- un troisième processeur de données programmable (4), dit processeur « long terme »
mis en oeuvre sous le contrôle dudit programme principal, pour réévaluer les paramètres
d'estimation du « gulping », de manière évolutive, en fonction des données acquises
dans des vols précédents, calculer la consommation moyenne en tenant compte des vols
précédents et utilisable pour calculer l'autonomie des vols suivants et pour réévaluer
des seuils de consommation normale ;
- des moyens d'affichage d'alertes et d'indications visuelles et/ou sonores (5).
[0016] Un troisième objet de la présente invention, indiqué dans la revendication 19, concerne
un programme d'ordinateur contenant un code convenant pour la mise en oeuvre du procédé
de calcul de la consommation et de l'autonomie en huile associé à un système de lubrification
d'un moteur d'avion en vol, tel que décrit ci-dessus, lorsque ledit programme est
exécuté sur un ordinateur.
[0017] Des formes d'exécution préférées de l'invention sont indiquées dans les revendications
dépendantes, dont les caractéristiques peuvent être considérées, selon l'invention,
individuellement ou en combinaison.
Brève description des figures
[0018] La figure 1 représente schématiquement la variation de consommation d'huile d'un
turboréacteur au cours du temps, sous l'effet du vieillissement 10 ou d'une avarie
soudaine 20.
[0019] La figure 2 représente schématiquement un exemple préféré d'architecture de programme
permettant de calculer la quantité d'huile disponible dans le moteur, de calculer
la consommation et l'autonomie, de détecter une consommation anormale ou une autonomie
insuffisante, selon la présente invention (EFH =
Engine Flight Hours).
Description détaillée de l'invention
[0020] Selon l'invention, la détection précitée est permise par la mise en place d'un algorithme
de calcul de la consommation instantanée d'huile. Le seul niveau donné par le détecteur
ne permet hélas pas de fournir directement la consommation car le niveau du réservoir
est aussi influencé par des mécanismes et effets parasites. L'algorithme mis en place
pour évaluer la consommation et détecter une anomalie doit éliminer ou contourner
cette problématique.
[0021] Une première stratégie consiste à travailler par comparaison entre (les) différents
moteurs d'un même avion. Dans ce cas, les effets parasites ne sont pas éliminés mais
peuvent être considérés comme identiques sur les deux moteurs. Par différence entre
les valeurs des deux moteurs et/ou avec une valeur de référence (théorique ou évaluée
pendant le rodage du moteur), on détecte une consommation anormale.
[0022] Une autre stratégie consiste à prendre en compte, totalement ou partiellement, les
différents mécanismes et effets parasites pour évaluer la consommation à partir de
la mesure du niveau d'huile mesuré et déterminer si elle est normale.
[0023] Les deux types de stratégies peuvent également être combinées.
[0024] Les mécanismes parasites susmentionnés sont les suivants :
- Expansion thermique dans le réservoir d'huile : la loi d'expansion thermique de l'huile
et la forme du réservoir étant connues avec une bonne précision, la connaissance de
la température dans le ou à proximité du réservoir suffit à déduire la contribution
de ce phénomène dans le niveau d'huile mesuré dans le réservoir.
- Attitude et accélération : en fonction de la forme du réservoir et de la position
du capteur de niveau, l'influence de l'accélération et de l'inclinaison de l'avion
peut être prise en compte. On notera que dans l'aviation civile, où l'inclinaison
ne dépasse pas 20°, on pourrait négliger ces influences pour autant que le capteur
soit situé près du plan de symétrie du réservoir.
- Le gulping ou rétention d'huile dans les enceintes : cet effet est la cause majeure de variation
du niveau d'huile dans le réservoir. Il dépend de la vitesse de rotation des arbres-moteur
et de la température de l'huile, elle-même dépendante de la vitesse de rotation (parmi
d'autres influences comme la température externe, les autres charges thermiques propres
au régime, etc.). La dynamique liée à l'inertie thermique du moteur rend l'identification
de cette contribution problématique pendant les périodes transitoires ; en s'intéressant
à des régimes stabilisés où la vitesse de rotation est constante, on s'affranchit
d'une partie de la complexité inhérente. On note que l'expansion thermique de l'huile
dans les canalisations et les enceintes de roulement peut être considérée comme faisant
partie de cet effet.
- Effet du vieillissement : il ne s'agit pas à proprement parler d'un effet parasite,
mais d'une évolution de la consommation d'huile du moteur avec son âge. Il est important
de pouvoir distinguer une augmentation progressive normale 10 au cours du temps, due
au vieillissement, d'une augmentation brusque due à une panne 20 (voir figure 1).
L'évolution de la consommation moyenne avec l'âge peut être préenregistrée (d'après
le retour d'expérience sur d'autres moteurs) ou obtenue de manière évolutive par comparaisons
successives entre les vols du moteur sous monitoring. Une solution plus simple consiste
à déterminer un seuil fixe de consommation à ne pas dépasser, mais la détection de
fuite est alors moins sensible.
[0025] Selon le degré de connaissance de ces mécanismes et la précision de mesure du niveau,
la mesure de la consommation et la détection de fuite sera plus ou moins sensible,
et le temps d'intégration nécessaire à l'obtention de cette sensibilité sera plus
ou moins grand. Plus particulièrement, le niveau de prédiction de la contribution
du
gulping déterminera différents niveaux d'architectures d'algorithmes, auxquels correspondent
des possibilités différentes d'exploitation de résultats (voir tableau 1).
[0026] On palie à l'absence de connaissance des effets parasites en travaillant « par delta
» (par différence entre une valeur finale et une valeur initiale) par rapport à un
niveau de réservoir pris comme référence.
[0027] Le stade 1 correspond à une mesure du niveau en début et en fin de vol pour évaluer
la quantité consommée. Au stade 2, on améliore cette approche par delta sur l'entièreté
du vol en introduisant une correction sur le niveau de réservoir en fin de vol grâce
à la connaissance du
gulping à l'arrêt en fonction de la température.
[0028] Les stades 2 et 3 introduisent des mesures du niveau pendant les phases de vol (au
début et à la fin de chaque phase ou en continu). Moyennant une connaissance de l'influence
de la température à régime constant, on peut, travailler par deltas au cours d'une
même phase (par rapport au niveau en début de phase).
[0029] Les stades 4 et 5 correspondent à un monitoring constant du niveau d'huile, possible
si tous les effets parasites sont estimables en phase et en transitoire.
Tableau 1
| Connaissance du gulping et mesures de niveau |
Mesure et détection au sol |
Mesure et détection en vol |
| Stade 1 (état de la technique) : |
|
|
| - Pas d'estimation du gulping |
- Ce qui reste du gulping après le vol (retard dû à l'inertie thermique) est considéré comme perdu |
∅ |
| - Mesures du niveau d'huile en début et fin de vol |
- Une fuite importante à grand laps de temps est détectable en fin de vol -L'autonomie
est calculée en "vols standards" |
|
| Stade 2: |
|
|
| - Gulping moyen en fonction de la température d'huile, moteur à l'arrêt, connu |
Idem stade 1, mais le gulping restant est évalué, et les résultants sont moins conservateurs |
∅ |
| - Mesures du niveau d'huile au début et en fin de vol |
- La précision de la consommation et de la détection de fuite est affinée |
|
| |
- Calcul d'autonomie plus réaliste |
|
| Stade 3: |
|
|
| - Gulping moyen en fonction de la température d'huile connu pour chaque régime moteur, à vitesse
de rotation constante (≠ 0) |
- La consommation est calculée par phase -Fuites plus réduites et à plus court laps
de temps (par phase) détectables |
∅ |
| - Mesure du niveau d'huile au début et à la fin de chaque phase |
- Calcul de l'autonomie spécifique aux vols à venir (en fonction de leurs phases) |
|
| Stade 4: |
|
|
| - Même connaissance du gulping qu'au stade 3 |
- La détection au sol reste similaire au cas précédent, mais plus précise |
- Fuite détectable pendant une phase |
| - Plusieurs mesures du niveau d'huile par phase |
|
- En cas de fuite, indication d'une autonomie estimée en heures |
| |
|
- Le système doit être désactivé pendant les transitoires |
| Stade 5: |
|
- Le gulping est évalué aussi pendant les transitoires, idem pour la consommation |
| - Gulping connu en fonction de la température d'huile et de la vitesse de rotation |
-Idem stade 4 |
- La détection de fuite est possible en transitoire |
| - Plusieurs mesures de niveau par phase et pendant les transitoires |
|
- Le calcul de l'autonomie est encore plus précis |
Description d'une forme d'exécution préférée de l'invention
[0030] L'architecture de programme représentée sur la figure 2 correspond au niveau ou stade
4 dans le tableau 1 ci-dessus, combiné à une comparaison entre les informations des
deux moteurs pour aider à la détection d'une consommation anormale de l'un d'eux.
[0031] Dans cet exemple d'architecture, le niveau du réservoir est traité en même temps
que d'autres informations pour en extraire la quantité totale d'huile restante dans
tout le moteur et la quantité disponible dans le réservoir (quantité totale moins
la quantité retenue dans les enceintes par
gulping). Un niveau de réservoir ou, après prise en compte de l'expansion thermique et de l'attitude
et de l'inclinaison, une quantité disponible génère une estimation d'autonomie, exprimée
en heures, basée sur une consommation typique, calculée plus haut dans l'architecture.
[0032] La quantité totale est alors employée pour calculer la consommation instantanée et
la consommation moyenne de la phase en cours (ou d'une partie glissante de phase,
de durée fixée par la précision requise).
[0033] La consommation instantanée est envoyée uniquement au module de comparaisons et d'estimation
de l'autonomie, tandis que la consommation moyenne est en plus enregistrée et traitée
dans le processeur « long terme », où les seuils de consommation normale sont réévalués
à l'aide de ces informations, du nombre total d'heures de vol du moteur, du nombre
d'entretiens, etc. Le processeur « long terme » peut avoir d'autres fonctions, telles
que réévaluer les paramètres employés dans l'estimation du
gulping en fonction du retour d'expérience du moteur (par algorithmes évolutifs), ou calculer
des consommations moyennes tenant compte des vols précédents, utilisables pour calculer
l'autonomie par rapport aux vols à suivre.
[0034] Les consommations instantanées et moyennes sont comparées à celles de l'autre moteur
(moteur n°2) et à leurs seuils respectifs (réévalués par le processeur « long terme
»), et une anomalie est signalée par une alerte. La consommation moyenne est aussi
employée pour estimer si l'autonomie est suffisante pour terminer le vol en cours.
Dans le cas contraire, une alerte est générée et, en fonction des profils des prochains
vols, le nombre de vols restants avant de devoir remplir le réservoir.
[0035] La quantité totale d'huile doit bien évidemment être réinitialisée au début de chaque
vol, sachant qu'avant la mise en marche du moteur, toute l'huile est dans le réservoir,
pour éviter des fausses alarmes si le réservoir a été rempli.
[0036] Le temps nécessaire à la détection d'une consommation anormale dépendra :
- du débit de fuite, qui peut être négatif en cas de fuite du kérosène vers l'huile
;
- de la précision de mesure du niveau du réservoir ;
- de la qualité des estimations (expansion thermique, gulping, attitude, vieillissement).
[0037] Une fois le débit de fuite identifié, on peut l'utiliser pour en déterminer son origine,
une fois que des études et un retour d'expérience suffisant ont permis d'attribuer
à certaines pannes des « signatures » en termes de débit de fuite.
[0038] Par rapport à l'utilisation actuellement faite du niveau de réservoir en vol (simple
niveau bas), l'innovation consiste à permettre de détecter les fuites suffisamment
importantes bien avant ce qui se fait selon l'état de la technique actuel et permet
donc de modifier la course de l'avion ou arrêter le moteur avant que la panne ne se
produise. L'invention permet d'éviter beaucoup de ruptures de paliers suite à une
absence d'huile et permet enfin une meilleure planification de la maintenance par
la compagnie aérienne, par exemple, si on remarque une augmentation significative
de la consommation, imputée au vieillissement d'un équipement, qui peut être identifié
par sa signature.
[0039] Par rapport aux estimations faites auparavant grâce aux appoints au sol, c'est-à-dire
un calcul de la consommation par différence entre deux niveaux séparés par plusieurs
vols, l'innovation consiste à utiliser une consommation moyenne réévaluée en fonction
de l'âge du moteur et des vols précédents. De plus, un calcul d'autonomie pour les
vols à venir est rendu possible, ce qui permet de planifier les remplissages futurs.
[0040] L'invention permet donc de généraliser la mesure effectuée, d'éliminer les risques
d'erreur humaine mais surtout d'obtenir une sensibilité pour des fuites beaucoup plus
faibles permettant une planification de maintenance et une réaction immédiate en vol
permettant même de détourner l'avion si la fuite est vraiment trop importante.
[0041] Les avantages de la présente invention sont donc :
- une détection rapide des fuites diminuant le risque d'incidents de vol, et permettant
de modifier le plan du vol si nécessaire ;
- un système évitant les maintenances programmées inutiles, et pouvant aider à identifier
des équipements obsolètes ou en panne, ce qui diminue également les coûts de maintenance.
1. Procédé de calcul de la consommation et de l'autonomie en huile associé à un système
de lubrification d'un moteur d'avion en vol, de préférence une turbomachine, sur base
d'une mesure de niveau d'huile dans le réservoir dudit système de lubrification, permettant
une gestion des appoints, des maintenances et de la détection soit de consommation
anormale, soit d'autonomie insuffisante,
caractérisé au moins par une des méthodes suivantes :
- un travail de comparaison entre différents moteurs de l'avion, et éventuellement
avec une valeur de référence, les moteurs servant à ladite comparaison étant dans
des conditions essentiellement identiques, pour détecter une consommation anormale
d'huile ;
- une prise en compte d'un ou plusieurs effets parasites qui influencent ledit niveau
d'huile dans le réservoir, ceux-ci étant liés au moins à l'expansion thermique dans
le réservoir, au « gulping » et à l'attitude et à l'accélération, pour déduire la
modification de niveau d'huile due à une diminution de quantité totale d'huile disponible
résultant desdits effets parasites ;
- une combinaison des deux méthodes précitées.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on palie des lacunes dans la caractérisation desdits effets parasites par un travail
« par delta », c'est-à-dire par différence entre deux niveaux, par rapport à un niveau
de réservoir déterminé pris comme niveau de référence.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2,
caractérisé en ce que, dans une mesure et détection au sol :
- on mesure le niveau d'huile au début et à la fin du vol ;
- on estime le « gulping » moyen en fonction de la température d'huile, le moteur
étant à l'arrêt ;
- on en déduit une valeur d'autonomie.
4. Procédé selon la revendication 1 ou 2,
caractérisé en ce que, dans une mesure et détection au sol :
- on mesure le niveau d'huile au début et à la fin de chaque phase de vol ;
- on estime le « gulping » moyen en fonction de la température d'huile, pour chaque
régime moteur, à vitesse de rotation constante ;
- on en déduit une valeur d'autonomie, spécifique aux vols à venir, en fonction de
leurs phases.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que, dans une mesure de détection au sol ou en vol, on prend plusieurs mesures du niveau
d'huile pour chaque phase.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que, en vol, si une fuite est détectée pendant une phase, on indique une autonomie estimée,
aucune action n'étant prise pendant les transitoires.
7. Procédé selon la revendication 1 ou 2,
caractérisé en ce que, dans une mesure et détection au sol ou en vol :
- on prend plusieurs mesures du niveau d'huile pour chaque phase et pendant les transitoires
;
- on estime le « gulping » moyen en fonction de la température d'huile et de la vitesse
de rotation, y compris en vol pendant les transitoires ;
- on en déduit une valeur d'autonomie, spécifique aux vols à venir.
8. Procédé selon la revendication 7, en combinaison avec une comparaison des informations
de deux moteurs, pour permettre la détection d'une consommation anormale de l'un de
ceux-ci,
caractérisé par les sous-étapes suivantes :
- on mesure le niveau instantané d'huile dans le réservoir d'huile du premier moteur
;
- on estime lesdits effets parasites, dont le « gulping » ;
- on calcule la valeur de quantité d'huile disponible en soustrayant de la quantité
totale d'huile connue a priori la différence de quantité d'huile liée à la quantité
retenue en dehors du réservoir suite à ces effets parasites, notamment liée au gulping
;
- si la valeur de quantité disponible est inférieure à une valeur de seuil prédéterminée,
une alerte de niveau bas est émise et une valeur d'autonomie en heures est communiquée
;
- sur base de la quantité totale d'huile, on calcule la consommation instantanée et
la consommation moyenne du moteur sur la phase de vol en cours ou sur une partie glissante
au cours du temps de la phase de vol en cours, dont la durée est fixée par la précision
requise ;
- la valeur de consommation instantanée est utilisée dans une unité de comparaisons
et d'estimation d'autonomie tandis que la valeur de consommation moyenne est enregistrée
et traitée dans une unité de traitement dite processeur « long terme » dans lequel
les seuils de consommation normale résultant de mesures et de calculs provenant des
vols précédents sont réévalués notamment à l'aide de cette valeur de consommation
moyenne, du nombre d'heures de vol total du moteur et du nombre d'entretiens effectués.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que, si le niveau instantané d'huile dans le réservoir est inférieur à la valeur de seuil
prédéterminée, une alerte d'erreur de lecture de niveau d'huile est émise.
10. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que les effets parasites liés respectivement à l'expansion thermique dans le réservoir,
au « gulping » et à l'attitude sont estimés respectivement sur base de la connaissance
de la forme du réservoir et de la température d'huile, sur base de la forme du réservoir
et de la position du capteur de niveau dans le réservoir et sur base de la température
d'huile et de la vitesse de rotation des arbres-moteur.
11. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que les paramètres d'estimation du « gulping » sont réévalués dans le processeur « long
terme », de manière évolutive, en fonction du retour d'expérience du moteur, c'est-à-dire
des vols précédents.
12. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce qu'on calcule dans le processeur « long terme » les consommations moyennes en tenant
compte des vols précédents, celles-ci étant utilisables pour calculer l'autonomie
des vols suivants avec génération, au moment de l'atterrissage, d'une indication d'estimation
de remplissage futur.
13. Procédé selon la revendication 12, caractérisé en ce que les consommations instantanées et moyennes sont comparées à celles du second moteur
et à leurs seuils respectifs, réévalués par le processeur « long terme ».
14. Procédé selon la revendication 13, caractérisé en ce qu'une anomalie résultant de cette comparaison et indiquée par un dépassement de seuil
est signalée par une alerte de consommation anormale, de même qu'une indication d'autonomie
estimée.
15. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que la consommation moyenne est utilisée pour estimer si l'autonomie est suffisante pour
terminer le vol en cours, avec génération dans le cas contraire d'une alerte d'autonomie
insuffisante, de même qu'une indication d'autonomie estimée.
16. Système informatique pour la mise en oeuvre du procédé de calcul de la consommation
et de l'autonomie en huile associé à un système de lubrification d'un moteur d'avion
en vol, de préférence une turbomachine, selon l'une quelconque des revendications
8 à 15,
caractérisé en ce qu'il comprend :
- une mémoire (1) contenant un programme principal de mise en oeuvre dudit procédé
ainsi que des données relatives au vol en cours et aux prochains vols et des données
relatives à au moins un second moteur de l'avion ;
- un premier processeur de données programmable (2), dit processeur « court terme
», mis en oeuvre sous le contrôle dudit programme principal pour l'estimation des
effets parasites sur la consommation d'huile, l'estimation de la quantité d'huile
totale et disponible, la consommation instantanée et moyenne du moteur, la détection
d'anomalies de consommation par comparaison avec un ou plusieurs seuils et le calcul
d'autonomie pour le vol en cours et pour des prochains vols ;
- un second processeur de données programmable (3), dit processeur « moyen terme »,
mis en oeuvre sous le contrôle dudit programme principal, pour le calcul de la consommation
instantanée et moyenne du moteur, à partir de la quantité totale et disponible d'huile,
à chacune des phases du vol ;
- un troisième processeur de données programmable (4), dit processeur « long terme
» mis en oeuvre sous le contrôle dudit programme principal et de l'EFH, pour réévaluer
les paramètres d'estimation du « gulping », de manière évolutive, en fonction des
données acquises dans des vols précédents, calculer la consommation moyenne en tenant
compte des vols précédents et utilisable pour calculer l'autonomie des vols suivants
et pour réévaluer des seuils de consommation normale ;
- des moyens d'affichage d'alertes et d'indications visuelles et/ou sonores (5).
17. Système informatique selon la revendication 16, caractérisé en ce que les alertes et indications comprennent au moins une indication de remplissage dans
un certain nombre de vols à venir, affichable à l'atterrissage, une alerte d'autonomie
insuffisante avec affichage d'une valeur d'autonomie, une alerte de consommation anormale
avec affichage d'une valeur d'autonomie, une alerte de niveau bas d'huile avec affichage
d'une valeur d'autonomie et une alerte d'erreur de lecture de niveau.
18. Système informatique selon l'une quelconque des revendications 16 et 17, caractérisé en ce que lesdits premier, second et troisième processeurs sont remplacés par des sous-programmes
secondaires, qui en assurent les fonctions et qui sont stockés dans la mémoire avec
le programme principal.
19. Programme d'ordinateur contenant un code convenant pour la mise en oeuvre du procédé
de calcul de la consommation et de l'autonomie en huile associé à un système de lubrification
d'un moteur d'avion en vol, selon l'une quelconque des revendications 16 à 18, lorsque
ledit programme est exécuté sur un ordinateur.
20. Programme d'ordinateur selon la revendication 19, mémorisé sur un support lisible
par un ordinateur.