[0001] La présente invention concerne un procédé de traitement de surface de pièces mécaniques
en acier à haute résistance, visant à conférer auxdites pièces des propriétés en frottement
et en lubrification nécessaires à leur utilisation, ainsi qu'un système d'étanchéité
obtenu par la mise en oeuvre dudit procédé.
ARRIERE-PLAN DE L'INVENTION
[0002] Il est connu de prévoir un traitement de surface pour procurer à des pièces métalliques
des propriétés en frottement et en lubrification qui sont nécessaires à leur utilisation,
le traitement étant habituellement un chromage électrolytique. Le chromage électrolytique
permet d'obtenir un revêtement de chrome dur, qui est encore très largement utilisé
dans différents domaines comme le domaine aéronautique, du fait de ses excellentes
propriétés en frottement, en résistance à l'usure, et en tant que protection contre
la corrosion. Le chromage électrolytique est en général complété par une rectification
garantissant une épaisseur de revêtement homogène et un état de surface correspondant
à une rugosité en surface (Ra) qui est inférieure à 0,2 µm. Ce succès s'explique par
le fait que les caractéristiques obtenues après ces étapes de traitement sont d'une
part une excellente résistance en frottement du fait d'une bonne résistance à l'usure
couplée à un état de surface parfait, et d'autre part une excellente lubrification
en présence de fluides grâce au micro-faïencage, inhérent au chrome dur, jouant le
rôle de zone de rétention.
[0003] Cependant, le chromage dur est réalisé dans une cellule électrolytique en présence
d'acide chromique à base de chrome hexavalent (Cr
6+) qui est nuisible pour l'environnement et pour l'homme. Il s'agit en effet d'un produit
qui est classifié CMR (Cancérigène, Mutagène, et nuisible pour la Reproduction). De
plus, comme de nombreux procédés électrolytiques, ce produit est fragilisant pour
les aciers du fait de la diffusion de l'hydrogène, et nécessite des précautions opératoires
afin d'éviter les brûlures de l'acier de base après rectification, brûlures qui induiraient
une altération irréversible de la pièce métallique traitée.
OBJET DE L'INVENTION
[0004] L'invention a pour objet de concevoir un procédé de traitement de surface capable
de remplacer le chromage électrolytique, et permettant d'obtenir à la fois un niveau
de résistance en frottement élevé et aussi une très bonne mouillabilité face aux fluides
hydrauliques, tout en conservant un niveau de rugosité en surface (Ra) qui est inférieur
ou égal à 0,2 µm.
[0005] L'invention a aussi pour objet de concevoir un procédé de traitement permettant d'éviter
les inconvénients précités des procédés électrolytiques, tout en étant facile à adapter
aux types de pièces mécaniques concernés.
[0006] L'invention a également pour objet de concevoir un système d'étanchéité hydraulique
incluant une pièce coulissante traitée en surface par le procédé précité.
DEFINITION GENERALE DE L'INVENTION
[0007] Le problème technique précité est résolu conformément à l'invention grâce à un procédé
de traitement de surface d'une pièce mécanique en acier à haute résistance, visant
à conférer à ladite pièce des propriétés en frottement et en lubrification nécessaires
à son utilisation, lequel procédé comporte les étapes successives suivante :
- a) on soumet la pièce à une étape de finition primaire organisée pour abaisser sa
rugosité en surface (Ra) à une valeur inférieure ou égale à un premier seuil prédéterminé;
- b) on soumet ensuite la pièce à un nettoyage de surface au moyen d'une solution de
dégraissage ;
- c) on soumet la pièce ainsi nettoyée à une étape de tribofinition organisée pour d'une
part abaisser encore sa rugosité en surface (Ra) à une valeur inférieure ou égale
à un deuxième seuil prédéterminé qui est inférieur au premier seuil prédéterminé,
et d'autre part augmenter sa mouillabilité aux fluides hydrauliques ; et
- d) on soumet la pièce à une projection, à haute vitesse et à température ambiante,
de poudre de bisulfure de tungstène (WS2) se présentant sous la forme de platelets qui se brisent ainsi en créant en surface
de ladite pièce un dépôt dense et autolubrifiant.
[0008] Il convient de noter que le procédé de traitement précité, qui met en oeuvre une
étape de projection de poudre de bisulfure de tungstène, se démarque radicalement
des procédés antérieurs mettant également en oeuvre une projection de poudre de bisulfure
de tungstène et spécialement développés pour le revêtement d'outils coupants plus
durs que la pièce à couper. On pourra à ce titre se référer aux documents
WO-A-2004/031433 et
WO-A-2004/092429. On notera en particulier que ces documents mettent en oeuvre un procédé de traitement
ne prévoyant aucune étape préalable de dégraissage, et dont l'étape de projection
de poudre de bisulfure de tungstène utilise une poudre constituée de particules sphériques,
qui viennent s'incruster dans des creux homologues préalablement réalisés par une
opération de sablage mise en oeuvre avec des particules de même dimension que les
particules de poudre.
[0009] Au contraire, dans le cadre de l'invention, on utilise une poudre de bisulfure de
tungstène se présentant sous la forme de platelets qui, lorsqu'ils sont projetés à
haute vitesse contre la surface (qui est préparée en conséquence tout en étant exempte
de cuvettes sphériques) de la pièce à traiter, se brisent en microparticules de poudre,
afin de créer en surface un dépôt dense et autolubrifiant. Ainsi, la projection de
platelets de très faible épaisseur réalise une véritable explosion des platelets en
microparticules densifiant le revêtement réalisé, de sorte qu'un tel processus n'a
rien à voir avec les processus antérieurs d'incrustation de particules de poudre de
forme sphérique qui sont reçues dans des creux préalablement réalisés à cet effet.
[0010] Avantageusement, l'étape c) de tribofinition comporte une première étape c1) d'ébavurage
par mise en agitation continue des pièces à traiter avec une première solution aqueuse
oxydante contenant des agents abrasifs jusqu'à obtention de la rugosité en surface
(Ra) souhaitée, suivie d'une deuxième étape c2) de polissage par mise en agitation
continue desdites pièces avec une deuxième solution aqueuse non oxydante contenant
des agents abrasifs. En particulier, l'étape c) de tribofinition comporte une troisième
étape c3) de nettoyage de surface, puis de contrôle de la rugosité en surface (Ra).
[0011] Dans un mode d'exécution avantageux, il sera prévu que le premier seuil prédéterminé
de rugosité est sensiblement égal à 0,2 µm, et que le deuxième seuil prédéterminé
de rugosité est sensiblement égal à 0,1 µm.
[0012] Avantageusement encore, la poudre projetée lors de l'étape d) est presque exclusivement
constituée de WS
2 pur, et se présentant sous la forme de platelets de forme sensiblement hexagonale,
dont la dimension principale est comprise entre 0,8 µm et 1,5 µm, et dont l'épaisseur
est de l'ordre de 0,1 µm.
[0013] Il pourra s'avérer en outre intéressant de prévoir que le procédé comporte, après
l'étape c) de tribofinition, une étape complémentaire c') de micro-sablage, organisée
pour activer la surface de la pièce en vue d'augmenter l'adhérence du revêtement déposé
ensuite lors de l'étape d) de projection de poudre de WS
2.
[0014] Avantageusement alors, l'étape c') de micro-sablage est suivie d'une étape c'') de
nettoyage de surface, puis de contrôle de la rugosité en surface (Ra).
[0015] De préférence encore, l'étape c') de micro-sablage est organisée de telle façon que
la rugosité en surface (Ra), qui est accrue du fait du micro-sablage, reste inférieure
au premier seuil prédéterminé de rugosité.
[0016] Avantageusement alors, l'étape c') de micro-sablage est mise en oeuvre avec des particules
qui ne sont pas des oxydes, et dont la taille est comprise entre 5 µm et 15 µm.
[0017] De préférence enfin, le procédé comporte, après l'étape d) de projection de poudre
de WS
2, une étape d') de nettoyage de surface, puis de contrôle à la fois de la rugosité
en surface (Ra), de la mouillabilité, et du coefficient de frottement.
[0018] L'invention concerne également un système d'étanchéité hydraulique, comportant une
tige coulissant dans un ensemble d'étanchéité, système dans lequel l'ensemble d'étanchéité
est constitué par un palier de guidage formé d'un premier matériau, et par un joint
d'étanchéité formé par un deuxième matériau de dureté inférieure à celle du premier
matériau, et dans lequel la tige coulissante a une surface extérieure qui a été traitée
en mettant en oeuvre un procédé présentant l'une au moins des caractéristiques précitées,
de sorte que ladite tige présente des propriétés requises en lubrification vis-à-vis
du palier de guidage et en frottement vis-à-vis du joint d'étanchéité.
[0019] En particulier, le premier matériau constitutif du palier de guidage est un polymère
thermoplastique, et le deuxième matériau constitutif du joint d'étanchéité est un
caoutchouc.
[0020] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront plus clairement
à la lumière de la description qui va suivre et des dessins annexés, concernant un
mode de réalisation particulier.
BREVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0021] Il sera fait référence aux figures des dessins annexés, où :
- la figure 1 illustre schématiquement les différentes étapes d'un procédé de traitement
conforme à l'invention, avec ici des étapes intermédiaires optionnelles de micro-sablage
et une étape finale optionnelle de nettoyage ;
- la figure 2 est un cliché réalisé par microscopie électronique illustrant un petit
volume de la poudre de bisulfure de tungstène qui est utilisée pour la projection,
à haute vitesse et à température ambiante, prévue dans le procédé de l'invention,
laquelle poudre est constituée de platelets ;
- la figure 3 illustre schématiquement un platelet individuel de forme hexagonale constituant
la poudre de bisulfure de tungstène concernée ;
- la figure 4 illustre l'amélioration des performances en matière de mouillabilité grâce
à un diagramme comparatif donnant diverses courbes de variations de l'angle de contact
liquide/solide en fonction du temps ; et
- la figure 5 est une vue en coupe axiale illustrant un système d'étanchéité hydraulique
conforme à l'invention, obtenu en mettant en oeuvre le procédé de traitement précité.
DESCRIPTION DETAILLEE DU MODE DE REALISATION PREFERE
[0022] On va maintenant décrire plus en détail les étapes successives du procédé de traitement
de surface d'une pièce mécanique en acier à haute résistance conforme à l'invention,
ledit procédé visant à conférer à ladite pièce des propriétés en frottement et en
lubrification nécessaires à son utilisation.
[0023] La pièce mécanique concernée, notée P, sera par exemple une tige de friction en acier
inoxydable du type de celles qui sont utilisées pour équiper des pistons de freins
de véhicules. Bien entendu, l'invention n'est aucunement limitée à un type particulier
de pièce mécanique.
[0024] Sur la figure 1, on distingue une première étape du procédé de traitement selon l'invention,
schématisée en a). La pièce métallique de départ est une pièce mécanique en acier,
de préférence en un acier inoxydable, qui est à haute résistance, c'est-à-dire dont
la dureté est au moins égale à 30 HRC. Cette pièce aura en général déjà subi un traitement
thermique adapté lui permettant d'atteindre une dureté typiquement de l'ordre 34 à
39 HRC, ou aura été traitée par un traitement thermochimique de type cémentation à
basse température ou nitruration à basse température lui permettant de conserver ses
propriétés d'inoxydabilité.
[0025] Lors de l'étape a), on soumet la pièce P à une étape de finition primaire qui est
organisée pour abaisser sa rugosité en surface Ra à une valeur inférieure ou égale
à un premier seuil prédéterminé S1, qui est par exemple 0,2 µm. La pièce P est donc
terminée d'usinage et de traitement (de type thermochimique ou passivation), et se
présente sous sa forme et ses dimensions finales. Ce traitement de finition primaire,
de type classique, peut comporter des étapes de tournage, rectification, etc..., qui
doivent donc permettre d'atteindre une rugosité Ra par exemple inférieure à 0,2 µm
une fois la pièce terminée et prête au traitement suivant. Il est rappelé que le paramètre
Ra utilisé ici pour caractériser la rugosité en surface, est un paramètre représentatif
des irrégularités géométriques d'une surface, qui correspond à l'écart moyen arithmétique
par rapport à la ligne moyenne de rugosité.
[0026] Lors de l'étape suivante b), on soumet la pièce P à un nettoyage de surface au moyen
d'une solution de dégraissage. Cette opération est importante, car elle permet de
débarrasser entièrement la surface de la pièce P de toutes les traces de salissures
possibles (graisses, huiles, copeaux, poussières, résidus plastiques, feutres, produits
de protection temporaire). La solution de dégraissage utilisée sera de préférence
de type alcaline à une température comprise entre 35°C et 60°C. La durée de l'étape
de dégraissage sera par exemple typiquement de 5 minutes. Bien entendu, dans le cas
où le niveau de salissure serait très important, et dans le but de diminuer le temps
de traitement de dégraissage, il sera possible de réaliser un pré-dégraissage des
pièces métalliques.
[0027] Lors de l'étape suivante, notée c), on soumet la pièce P ainsi nettoyée à une étape
de tribofinition organisée pour d'une part abaisser encore sa rugosité en surface
Ra à une valeur inférieure ou égale à un deuxième seuil prédéterminé S2 qui est inférieur
au premier seuil prédéterminé S1, et d'autre part augmenter sa mouillabilité aux fluides
hydrauliques. Les fluides hydrauliques concernés sont en particulier des fluides à
base d'hydrocarbures ou d'ester-phosphates, ou des fluides huileux.
[0028] Une telle opération de tribofinition est indispensable pour préparer et optimiser
l'état de surface de la pièce métallique avant le traitement de projection de poudre
de bisulfure de tungstène.
[0029] Comme cela est schématisé sur la figure 1, l'étape c) de tribofinition comporte avantageusement
une première étape c1) d'ébavurage, une deuxième étape c2) de polissage, et une troisième
étape c3) de nettoyage de surface, suivi d'un contrôle de la rugosité en surface.
[0030] L'étape c1) d'ébavurage consiste en une mise en agitation continue, en général dans
un bol vibrant, des pièces P à traiter avec une première solution aqueuse oxydante
contenant des agents abrasifs jusqu'à obtention de la rugosité en surface Ra souhaitée.
Au cours de cette étape, il se crée un film d'oxyde en surface des pièces, de dureté
inférieure à celle du métal de base. Ce film est retiré au fur et mesure par l'action
mécanique des agents abrasifs qui sont de dureté supérieure à celle du film, mais
inférieure à celle du métal de base, lesquels agents abrasifs viennent s'entrechoquer
en surface des pièces, et ainsi diminuer la rugosité de ladite surface. A titre indicatif,
cette première étape c1) d'ébavurage sera mise en oeuvre pendant une durée au moins
égale à 60 minutes.
[0031] La deuxième étape c2) de polissage consiste de préférence en une mise en agitation
continue des pièces avec une deuxième solution aqueuse non oxydante contenant des
agents abrasifs. Cette deuxième étape de polissage permet de retirer en totalité le
film d'oxyde créé lors de la première étape c1), par l'action mécanique des agents
abrasifs. A titre indicatif, la durée de traitement pour cette deuxième étape c2)
de polissage sera au minimum de 120 minutes.
[0032] A l'issue de ces deux étapes c1) et c2), la rugosité en surface Ra est abaissée à
une valeur inférieure ou égale à un deuxième seuil prédéterminé S2, qui est inférieur
au premier seuil prédéterminé S1, et qui sera par exemple de l'ordre de 0,1 µm. On
prévoira alors avantageusement une étape c3) de nettoyage de surface, puis de contrôle
de la rugosité en surface Ra, lequel contrôle est très fiable grâce au nettoyage préalablement
effectué. Le nettoyage concerné en l'espèce vise à garantir la représentativité du
résultat de la mesure de contrôle de la rugosité en surface. La surface de la pièce
présente alors moins de souillures qu'à l'issue de l'étape a) de finition primaire,
de sorte que l'on pourra utiliser un solvant peu agressif de type acétone.
[0033] A l'issue de cette étape c) de tribofinition, on peut, soit directement soumettre
la pièce P à l'étape suivante essentielle notée d), qui est une étape de projection,
à haute vitesse et à température ambiante, de poudre de bisulfure de tungstène se
présentant sous forme de platelets, soit en variante, mettre d'abord en oeuvre, préalablement
à l'étape d), une étape complémentaire de micro-sablage, éventuellement suivie d'un
nettoyage de surface et d'un contrôle de la rugosité en surface. Ces étapes complémentaires
ont été illustrées ici sous la forme d'une étape c') qui est une étape de micro-sablage,
organisée pour activer la surface de la pièce P en vue d'augmenter l'adhérence du
revêtement déposé ultérieurement lors de l'étape d) de projection de poudre de WS
2, cette étape complémentaire c') étant suivie d'une étape c'') de nettoyage de surface,
puis de contrôle de la rugosité en surface Ra. Sur la figure 1, on a représenté schématiquement
des buses 10 symbolisant le micro-sablage, avec une projection de particules sur la
pièce P, ces particules, qui ne sont pas des oxydes, ayant d'une façon générale une
taille comprise entre 5 µm et 15 µm, et de préférence de l'ordre de 10 µm. La projection
de particules lors de l'étape c') est effectuée à vitesse élevée, obtenue par une
pression de l'ordre de 5 à 10 bars, et avec une inclinaison des jets de projection
sensiblement comprise entre 45 ° et 135 °.
[0034] Bien entendu, une telle étape de micro-sablage a pour effet d'accroître légèrement
la rugosité en surface Ra. On organisera néanmoins l'étape c') de micro-sablage de
telle façon que la rugosité en surface Ra reste encore inférieure au premier seuil
prédéterminé de rugosité S1, par exemple 0,2 µm.
[0035] Sur la figure 1, on a symbolisé pour l'étape c'') le contrôle de la rugosité en surface
Ra par une simple flèche dirigée sur la pièce P. Comme pour l'étape c3) précédemment
décrite, un nettoyage de surface, par exemple au moyen d'un solvant peu agressif de
type acétone, est effectué avant le contrôle de la rugosité en surface, ce qui garantit
une meilleure représentativité du résultat de la mesure de contrôle.
[0036] Le choix de mettre en oeuvre ou non l'étape de micro-sablage dépendra des propriétés
en frottement que l'on souhaite obtenir sur les pièces métalliques, en plus des propriétés
de mouillabilité précitée. A ce titre, en cas de micro-sablage, il conviendra de mettre
en oeuvre assez rapidement l'étape d) de projection de poudre de WS
2, par exemple dans un délai n'excédant pas 120 minutes.
[0037] A l'issue de l'étape c) de tribofinition, et éventuellement des étapes c') de micro-sablage
et c'') de nettoyage et de contrôle, la pièce P est maintenant préparée de façon optimale
pour subir le traitement de projection de poudre de bisulfure de tungstène. La rugosité
liée aux opérations de finition a été en effet très fortement diminuée par l'opération
de tribofinition, et l'éventuel micro-sablage a en outre activé la surface pour augmenter
l'adhérence du revêtement qui va être formé.
[0038] Lors de l'étape d), on soumet donc la pièce P à une projection, à haute vitesse et
à température ambiante, de poudre de bisulfure de tungstène (WS
2).
[0039] Conformément à une caractéristique essentielle de l'invention, la poudre de WS
2 utilisée dans le cadre du procédé de l'invention se présente sous la forme de platelets
p, comme illustré aux figures 2 et 3, ce qui procure un effet technique radicalement
différent de celui qui était obtenu avec les techniques antérieures mettant également
en oeuvre une projection de poudre de WS
2, et consistant à projeter des particules sphériques de poudre qui sont incrustées
dans une pièce de coupe préalablement préparée pour présenter des creux de réception
associés. D'ailleurs, l'enseignement consistant à prévoir des creux de réception pour
les particules sphériques implique de facto une limitation pour l'abaissement de rugosité
en surface que l'on peut obtenir, dans la mesure où une valeur trop basse de la rugosité
supprimerait les creux de réception, et empêcherait l'incrustation des particules
sphériques de poudre de WS
2. En l'espèce, il en va tout autrement du fait de l'utilisation d'une poudre constituée
de platelets, c'est-à-dire de plaquettes très minces qui se désintègrent en microparticules
au contact de la surface de la pièce à traiter.
[0040] De préférence, on utilisera des platelets p de forme sensiblement hexagonale, comme
illustré sur la figure 3, dont la dimension principale notée D est comprise 0,8 µm
et 1,5 µm, et dont l'épaisseur notée E est de l'ordre de 0,1 µm. Ces platelets p,
lorsqu'ils sont projetés par des buses associées, notées 20 sur la figure 1, se brisent
en microparticules au contact de la surface, créant ainsi en surface de ladite pièce
un dépôt dense et autolubrifiant.
[0041] A titre indicatif, pour les conditions opératoires de la projection de poudre de
WS
2 sous la forme de platelets, à froid et à haute vitesse, on pourra utiliser une pression
de l'ordre de 5 à 10 bars, avec un angle d'inclinaison des jets de projection allant
de 45° à 135° par rapport au plan de la surface à traiter, la distance entre les sorties
de buse de projection et la pièce P allant typiquement de 20 à 100 mm. Ces conditions
opératoires permettent de projeter à haute vitesse des platelets de poudre de WS
2, afin que ceux-ci se brisent en microparticules en s'écrasant sur la surface de la
pièce à traiter.
[0042] Les essais menés par la demanderesse ont permis de constater que l'on peut alors
aisément obtenir un revêtement d'épaisseur comprise entre 0,4 µm et 0,6 µm, avec une
évolution de l'angle de contact (liquide/solide) en surface du revêtement de WS
2 qui est parfaitement reproductible (ce qui n'était pas le cas avec les techniques
antérieures rappelées plus haut). Les pièces traitées ont alors une couleur grise
bleutée, qui est tout à fait caractéristique d'un dépôt d'épaisseur uniforme. Un contrôle
visuel de la couleur de la pièce permet ainsi de garantir que le traitement s'est
correctement déroulé, et que les caractéristiques souhaitées sont bien atteintes.
[0043] Par ailleurs, comme cela a été illustré sur la figure 1, on pourra également prévoir
que le procédé comporte, après l'étape d) de projection de poudre de WS
2, une étape d') de nettoyage de surface, puis de contrôle. Comme pour les étapes précédentes
c3) et c''), le nettoyage de surface pourra être effectué au moyen d'un solvant peu
agressif de type acétone, ce qui garantit une meilleure représentativité des résultats
des mesures de contrôle.
[0044] Une telle étape finale est très intéressante avant l'utilisation des pièces traitées,
et elle permet en particulier de réaliser un triple contrôle, illustré ici par trois
flèches sur la figure, concernant à la fois la rugosité en surface, la mouillabilité
aux fluides hydrauliques, en particulier des fluides à base d'hydrocarbures ou d'ester-phosphates,
ou des fluides huileux, et le coefficient de frottement (statique et/ou dynamique).
[0045] On est ainsi assuré d'obtenir une pièce traitée présentant une rugosité en surface
avec une valeur Ra inférieure à 0,2 µm, avec un coefficient de frottement dynamique
(WS
2 contre WS
2 et plan sur plan) inférieur à 0,03, et un coefficient de frottement statique (WS
2 contre WS
2 et plan sur plan) inférieur à 0,07.
[0046] La mouillabilité obtenue est en outre extrêmement discriminante, dans la mesure où
elle très bonne pour les fluides hydrauliques, en particulier les fluides à base d'hydrocarbures
ou d'ester-phosphates, ou les fluides huileux, tout en étant très mauvaise au regard
des fluides aqueux.
[0047] La figure 4 permet d'apprécier l'amélioration des performances en termes de mouillabilité
pour le revêtement de WS
2 réalisé conformément à l'invention.
[0048] Les courbes C1, C2 et C3 représentées sur le diagramme de la figure 4 correspondent
aux variations de l'angle de contact liquide/solide (en degrés) en fonction du temps
(en secondes). La courbe C1 correspond à un procédé de traitement de type traditionnel,
tandis que les courbes C2 et C3 correspondent à un traitement conforme à l'invention,
respectivement sans et avec nettoyage final.
[0049] On est ainsi parvenu à réaliser un revêtement à très faible coefficient de frottement,
qui est autolubrifiant grâce au film continu créé en surface de la pièce, et ce sur
une très large plage de températures, ce revêtement étant de plus est lipophile et
hydrophobe. Ceci représente donc un progrès considérable par rapport aux techniques
antérieures mentionnées plus haut correspondant à des processus électrolytiques.
[0050] On va maintenant décrire, en référence à la figure 5, un système d'étanchéité hydraulique
conforme à l'invention, obtenu en mettant en oeuvre le procédé de traitement de surface
qui vient d'être décrit.
[0051] Sur la figure 5, on distingue ainsi un système d'étanchéité hydraulique noté 100,
comportant une tige 101 d'axe X en acier inoxydable à haute résistance, qui coulisse
dans un ensemble d'étanchéité 102. L'ensemble d'étanchéité 102 est reçu dans un logement
106 ménagé dans un élément de support 105, en étant disposé entre deux épaulements
107, 108.
[0052] L'ensemble d'étanchéité 102 est constitué par un palier de guidage 103 formé d'un
premier matériau et par un joint d'étanchéité 104 formé d'un deuxième matériau de
dureté inférieure à celle du premier matériau. A titre d'exemple, le premier matériau
constitutif du palier de guidage 103 est un polymère thermoplastique, et le deuxième
matériau constitutif du joint d'étanchéité 104 est un caoutchouc. Lorsque la tige
101 se déplace de la droite vers la gauche sur la figure, le palier de guidage 103,
qui peut glisser sur la tige 101, coopère avec le joint d'étanchéité 104 en le comprimant
pour renforcer l'étanchéité.
[0053] La surface extérieure 110 de la tige 101 a été traitée en mettant en oeuvre un procédé
tel que précédemment décrit, de sorte que ladite tige présente des propriétés requises
à la fois en lubrification vis-à-vis du palier de guidage 103, c'est-à-dire au niveau
de l'interface entre la surface extérieure 110 de la tige 101 et la surface intérieure
103.1 du palier de guidage 103, et en frottement vis-à-vis du joint d'étanchéité 104,
c'est-à-dire au niveau de l'interface entre la surface extérieure 110 de la tige 101
et la surface intérieure 104.1 du joint d'étanchéité 104, afin d'en éviter l'abrasion.
[0054] La double fonction du revêtement de WS
2 garnissant la tige coulissante 101 permet une coopération optimale avec chacun des
deux composants 103, 104 constituant l'ensemble d'étanchéité 102.
[0055] Un tel système d'étanchéité hydraulique est tout particulièrement intéressant pour
équiper des pistons de freins de véhicules.
[0056] Il pourra s'agir en particulier d'une tige de friction destinée à être agencée dans
un piston d'une couronne hydraulique d'un frein d'aéronef. Le rôle d'une telle tige
de friction est de guider le piston au cours de l'application de l'effort de freinage
sur le ou les disques de frein, la tige étant équipée d'un ensemble d'étanchéité consistant
en un palier de guidage en polytétrafluoroéthylène et d'un joint d'étanchéité en élastomère
de type éthylène propylène. Un tel système tige/joint est alors capable de répondre
à des exigences multiples, en particulier présenter un excellent comportement en frottement
permettant de limiter les usures des joints et l'endommagement des tiges, et présenter
une étanchéité optimale du piston face au fluide hydraulique.
[0057] L'invention n'est pas limitée aux modes de réalisation qui viennent d'être décrits,
mais englobe au contraire toute variante reprenant, avec des moyens équivalents, les
caractéristiques essentielles énoncées plus haut.
1. Procédé de traitement de surface d'une pièce mécanique en acier à haute résistance,
visant à conférer à ladite pièce des propriétés en frottement et en lubrification
nécessaires à son utilisation,
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes successives suivantes :
a) on soumet la pièce (P) à une étape de finition primaire organisée pour abaisser
sa rugosité en surface (Ra) à une valeur inférieure ou égale à un premier seuil prédéterminé
(S1) ;
b) on soumet ensuite la pièce (P) à un nettoyage de surface au moyen d'une solution
de dégraissage ;
c) on soumet la pièce (P) ainsi nettoyée à une étape de tribofinition organisée pour
d'une part abaisser encore sa rugosité en surface (Ra) à une valeur inférieure ou
égale à un deuxième seuil prédéterminé (S2) qui est inférieur au premier seuil prédéterminé
(S1), et d'autre part augmenter sa mouillabilité aux fluides hydrauliques ; et
d) on soumet la pièce (P) à une projection, à haute vitesse et à température ambiante,
de poudre de bisulfure de tungstène (WS2)se présentant sous la forme de platelets (p) qui se brisent ainsi en créant en surface
de ladite pièce un dépôt dense et autolubrifiant.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'étape c) de tribofinition comporte une première étape c1) d'ébavurage par mise
en agitation continue des pièces (P) à traiter avec une première solution aqueuse
oxydante contenant des agents abrasifs jusqu'à obtention de la rugosité en surface
(Ra) souhaitée, suivie d'une deuxième étape c2) de polissage par mise en agitation
continue desdites pièces avec une deuxième solution aqueuse non oxydante contenant
des agents abrasifs.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'étape c) de tribofinition comporte une troisième étape c3) de nettoyage de surface,
puis de contrôle de la rugosité en surface (Ra).
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que le premier seuil prédéterminé (S1) de rugosité est sensiblement égal à 0,2 µm, et
le deuxième seuil prédéterminé (S2) de rugosité est sensiblement égal à 0,1 µm.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que la poudre projetée lors de l'étape d) est presque exclusivement constituée de WS2 pur, et se présente sous la forme de platelets (p) de forme sensiblement hexagonale,
dont la dimension principale (D) est comprise entre 0,8 µm et 1,5 µm, et dont l'épaisseur
(E) est de l'ordre de 0,1 µm.
6. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte, après l'étape c) de tribofinition, une étape complémentaire c') de micro-sablage,
organisée pour activer la surface de la pièce (P) en vue d'augmenter l'adhérence du
revêtement déposé ensuite lors de l'étape d) de projection de poudre de WS2.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que l'étape c') de micro-sablage est suivie d'une étape c'') de nettoyage de surface,
puis de contrôle de la rugosité en surface (Ra).
8. Procédé selon la revendication 6 ou la revendication 7, caractérisé en ce que l'étape c') de micro-sablage est organisée de telle façon que la rugosité en surface
(Ra), qui est accrue du fait du micro-sablage, reste inférieure au premier seuil prédéterminé
de rugosité (S1).
9. Procédé selon l'une des revendications 6 à 8, caractérisé en ce que l'étape c') de micro-sablage est mise en oeuvre avec des particules qui ne sont pas
des oxydes, et dont la taille est comprise entre 5 µm et 15 µm.
10. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte, après l'étape d) de projection de poudre de WS2, une étape d') de nettoyage de surface, puis de contrôle à la fois de la rugosité
en surface (Ra), de la mouillabilité, et du coefficient de frottement.
11. Système d'étanchéité hydraulique, comportant une tige (101) coulissant dans un ensemble
d'étanchéité (102), caractérisé en ce que l'ensemble d'étanchéité (102) est constitué par un palier de guidage (103) formé
d'un premier matériau et par un joint d'étanchéité (104) formé d'un deuxième matériau
de dureté inférieure à celle du premier matériau, et en ce que la tige coulissante (101) a une surface extérieure (110) qui a été traitée en mettant
en oeuvre un procédé selon l'une des revendications 1 à 10, de sorte que ladite tige
présente des propriétés requises en lubrification vis-à-vis du palier de guidage (103)
et en frottement vis-à-vis du joint d'étanchéité (104).
12. Système selon la revendication 11, caractérisé en ce que le premier matériau constitutif du palier de guidage (103) est un polymère thermoplastique,
et le deuxième matériau constitutif du joint d'étanchéité (104) est un caoutchouc.