[0001] La présente invention a pour objet un spiral plat de résonateur balancier-spiral
obtenu par un procédé de fabrication permettant d'améliorer l'isochronisme en agissant
d'une part sur des paramètres de construction du spiral en tant que tel, d'autre part
sur un mode de fixation sur l'axe de balancier permettant de réduire l'écart géométrique
inhérent aux modes de fixation usuels entre le point d'origine de la spirale d'Archimède
et l'axe de rotation du balancier. Dans la description qui suit, on entend par isochronisme,
les écarts de marche en fonction des variations d'amplitude d'oscillation du balancier,
ainsi que les écarts de marche entre la position horizontale et les positions verticales
de la montre.
[0002] De façon connue un spiral, ayant des spires de section et de pas uniformes, permet,
par une conformation particulière de la courbe à l'intérieur et de la courbe à l'extérieur
dans le plan du spiral ou le plus souvent dans des plans différents, d'obtenir un
développement concentrique du spiral et d'avoir un déplacement du centre de masse
du spiral et une variation de l'inertie du spiral au cours du développement minimisant
les perturbations de marche en fonction de l'amplitude et des positions du spiral
par rapport au vecteur gravité. Outre le fait que la réalisation d'un tel spiral exige
une grande habilité, l'encombrement en hauteur constitue un inconvénient certain pour
son utilisation dans des montres bracelets devant avoir, pour des raisons évidentes
d'esthétique, une épaisseur la moins grande possible.
[0003] Pour cette raison on préfère encore utiliser un spiral plat, tel que celui représenté
à la figure 1. Un tel spiral est fabriqué de façon connue par estrapadage à partir
d'un fil ou d'une bande métallique de section constante sur toute sa longueur, et
possède au repos un pas constant entre les spires. Comme on le voit sur la figure
1, la courbe à l'intérieur est fixée, par exemple par soudure laser, sur une virole
20, chassée sur l'axe 9 d'un balancier 8.
[0004] Par rapport à cet état de la technique, en ce qui concerne le pas entre les spires,
il convient toutefois de mentionner le brevet
CH 465 537, déposé en 1966, dans lequel est décrit un procédé permettant de fabriquer à partir d'une bande ou
d'un fil métallique de section constante, enroulé dans le sillon d'une matrice, puis
recuit et trempé, des spiraux ayant une configuration quelconque, en particulier avec
un pas variable. A la meilleure connaissance de la demanderesse, aucun produit de
ce type n'a été mis sur le marché, ce qui permet de supposer que le procédé de fabrication
n'était, techniquement ou économiquement, pas satisfaisant.
[0005] En ce qui concerne la variation de l'épaisseur d'une bande métallique enroulée, on
peut mentionner le brevet
GB 1020 456 qui décrit la fabrication d'un ressort de barillet par soudures bout à bout de lames
ayant des sections croissantes depuis le centre jusqu'à la périphérie. Un tel ressort
est conçu, à encombrement égal, pour augmenter la réserve de marche, mais il est bien
évident qu'en appliquant ce procédé de fabrication à un spiral, la présence de soudures
ne permettrait pas d'avoir un développement concentrique et d'obtenir un isochronisme
reproductible d'un spiral à l'autre.
[0006] Ce même principe avait d'ailleurs déjà été proposé dans un brevet
US 209 642 de
1878 pour améliorer l'isochronisme d'un spiral construit avec une spire à l'intérieur
de plus faible section. Comme on le verra dans la description détaillée, l'expérience
contredit cette affirmation.
[0007] L'invention a donc pour objet un spiral plat et des procédés de fabrication par micro-usinage
ou croissance galvanique, permettant de choisir de façon commode les paramètres de
construction les plus favorables en vue d'améliorer l'isochronisme par la forme du
spiral ainsi que par les moyens de fixation.
[0008] A cet effet l'invention concerne un spiral plat, formé d'une lame composée d'une
succession de spires ayant entre elles un pas "p", pour un mécanisme réglant à balancier,
ledit spiral étant obtenu par un procédé de fabrication qui permet de se rapprocher
d'un isochronisme parfait. Les spires de section rectangulaire sont formées en un
seul matériau continu depuis la courbe à l'intérieur jusqu'à la courbe à l'extérieur,
mais présentent, sur certaines portions comprises entre l'attache au centre et l'attache
à l'extérieur, une section "s" non uniforme et/ou possèdent une ou plusieurs portions
conformées en dehors du tracé d'une spirale parfaite. L'expression "section non uniforme"
signifie que, pour une lame ayant une hauteur "h" constante, l'épaisseur "e" d'une
portion choisie peut être soit supérieure, soit inférieure à l'épaisseur du reste
de la lame constituant le spiral.
[0009] Comme cela sera expliqué plus loin dans la description détaillée, le procédé de fabrication
fait appel aux micro-techniques, tel que la photolithographie et l'électrodéposition
d'un métal ou d'un alliage, ou le micro-usinage d'une plaquette d'épaisseur "h" réalisé
en un matériau amorphe ou cristallin tel que du silicium sous forme monocristalline
ou polycristalline.
[0010] Selon un premier mode de réalisation, la section "s" des spires augmente progressivement
depuis la courbe à l'extérieur jusqu'à la courbe à l'intérieur.
[0011] Selon un deuxième mode de réalisation, qui peut être combiné avec le premier mode
de réalisation, le pas "p" entre les spires diminue régulièrement depuis la courbe
à l'extérieur jusqu'à la courbe à l'intérieur.
[0012] Selon encore un autre mode de réalisation, il est possible de sélectionner une portion
de spire déterminée et de faire localement varier la largeur de lame pour agir sur
d'autres paramètres favorables à l'isochronisme. Cette augmentation peut être réalisée
par exemple sur la courbe à l'intérieur, sur la courbe à l'extérieur ou en même temps
sur les deux courbes, ou en de multiples autres endroits sur d'autres portions du
spiral.
[0013] Il est également possible d'obtenir un spiral ayant une portion de spire s'écartant
de la courbe d'une spirale parfaite, en ayant par exemple une courbe à l'intérieur
de type Grossmann.
[0014] L'invention offre en outre l'avantage de pouvoir, en même temps que le spiral en
tant que tel, fabriquer le moyen de fixation sur l'axe de balancier, ce moyen de fixation
étant formé par une rondelle autoblocante ayant au centre, par exemple, un contour
en étoile et comportant des évidements dans son pourtour pour lui conférer une élasticité
suffisante au montage et éviter un écart entre le point d'origine de la spirale d'Archimède
et l'axe de rotation du balancier.
[0015] Pour un spiral en métal ou alliage, le procédé de fabrication consiste fondamentalement
à appliquer la technique LIGA pour former un moule correspondant au profil souhaité
par le spiral. Compte-tenu des propriétés des photorésists actuellement disponibles
sur le marché, il est possible d'ajuster l'épaisseur de la couche de photorésist pour
obtenir toute la gamme des spiraux avec des hauteurs de lame allant jusqu'à quelques
dixièmes de millimètre.
[0016] Pour un spiral en un matériau amorphe ou cristallin, le procédé consiste fondamentalement
à effectuer une gravure d'une plaquette dudit matériau à travers des masques.
[0017] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront dans
la description de différents exemples de réalisation donnés à titre illustratif et
non limitatif en référence aux dessins annexés dans lesquels:
- la figure 1 représente un balancier-spiral de l'art antérieur;
- la figure 2 est une représentation agrandie du spiral de la figure 1 ;
- la figure 3A correspond à un diagramme d'isochronisme obtenu avec le spiral représenté
à la figure 2;
- la figure 3B correspond à un diagramme d'isochronisme obtenu avec un autre spiral
de l'art antérieur;
- la figure 4 représente un premier mode de réalisation d'un spiral selon l'invention;
- la figure 5 correspond à un diagramme d'isochronisme obtenu avec le spiral de la figure
4;
- la figure 6 représente un deuxième mode de réalisation d'un spiral selon l'invention;
- la figure 7 correspond à un diagramme d'isochronisme obtenu avec le spiral de la figure
6;
- la figure 8 représente un troisième mode de réalisation d'un spiral selon l'invention;
- la figure 9 correspond à un diagramme d'isochronisme obtenu avec le spiral de la figure
8;
- la figure 10 représente un mode de fixation d'un spiral selon l'invention, et
- les figures 10A à 10E représentent d'autres formes de fixation au centre.
[0018] La figure 1, partiellement arrachée, représente un balancier-spiral de l'art antérieur
évoqué en préambule. Ses caractéristiques serviront de référence pour montrer les
progrès significatifs apportés par l'invention au niveau de l'isochronisme. Le spiral
10 a l'extrémité de sa courbe au centre 11 fixée de façon classique sur une virole
20 chassée sur l'axe 9 du balancier 8 pivoté entre la platine 7 et le coq 6. Le dispositif
réglant comporte en outre de façon connue un porte-piton 5 permettant de fixer la
courbe à l'extérieur 14 du spiral 10 et éventuellement une raquette 4 pourvue de goupilles
3 et d'une queue de raquette 2 en regard d'une graduation 1. Sur la figure 2, qui
est une représentation agrandie du spiral 10 seul, on voit que ledit spiral est formé
de 14 spires ayant une section rectangulaire uniforme, par exemple de 0,05 x 0,30
mm depuis la courbe au centre 11 jusqu'à la courbe à l'extérieur 14, et que les spires
présentent entre elles un pas constant
p. Le point de fixation de la courbe au centre 11 est situé à une distance
r du centre de pivotement du spiral, et celui de la courbe à l'extérieur 14, à une
distance R, avant le coude 16. Dans cet exemple,
r et R ont respectivement pour valeurs 0,57 mm et 2,46 mm. Ces valeurs de
r et R, ainsi que nombre de spires, seront les mêmes dans la suite de la description,
sauf indications contraires.
[0019] En se référant maintenant à la figure 3A on a représenté le diagramme d'isochronisme
d'un spiral ayant les caractéristiques sus-indiquées. On a porté en abscisses l'amplitude
d'oscillation du balancier exprimée en degrés par rapport à sa position d'équilibre.
En ordonnées on a reporté l'écart de marche exprimé en seconde par jour. Ce diagramme
comporte cinq courbes correspondant aux positions usuelles de mesures avec le balancier-spiral,
horizontal (courbe 1), puis vertical (courbes 2 à 5, par rotation de 90° d'une courbe
à l'autre). Le tracé en pointillés correspond à l'enveloppe de toutes les positions
les plus défavorables. L'appréciation de l'écart de marche s'effectue traditionnellement
en prenant en considération l'écart maximum de l'enveloppe pour une amplitude comprise
entre 200° et 300°. Sur le diagramme de la figure 3A, on observe que cet écart maximum,
avec ce spiral de référence de l'art antérieur, est de 4,7 s/j pour une amplitude
de 236°.
[0020] A la figure 3B on a représenté le diagramme obtenu avec un spiral (non représenté)
ayant les caractéristiques mentionnées dans le brevet
US 209 642 cité en préambule, à savoir avec une épaisseur de lame variant entre 0,046 mm pour
la courbe à l'extérieur 14 et 0,036 mm pour la courbe à l'intérieur 11. Contrairement
à ce qu'on peut attendre d'après l'enseignement dudit brevet on observera que l'écart
maximum a augmenté jusqu'à 7,7 s/j pour une amplitude de 230°.
[0021] En se référant maintenant aux figures 4 et 5 on décrit ci-après un premier mode de
réalisation d'un spiral dont la fabrication par micro-usinage (photolithographie et
croissance galvanique, ou gravure d'un matériau amorphe ou cristallin permet d'obtenir
une géométrie favorable à l'isochronisme. Comme on peut le voir, le pas
p entre une spire et la suivante diminue au fur et à mesure qu'on se rapproche du centre
du spiral. Inversement, la section augmente depuis la courbe à l'extérieur 14 jusqu'à
la courbe à l'intérieur 11. Etant donné que les procédés de fabrication confèrent
à la lame une hauteur constante, la variation de section correspond en fait à une
variante de l'épaisseur qui passe de 0,036 mm pour la courbe à l'extérieur 14 à 0,046
mm pour la courbe à l'intérieur 11.
[0022] Sur le diagramme représenté à la figure 5, on voit que l'écart maximum est abaissé
à 2,8 s/j pour une amplitude de 242°. On obtiendrait encore un résultat favorable
sur cet écart maximum en agissant uniquement, soit sur le pas
p, soit sur l'épaisseur
e de la lame.
[0023] Les figures 6 et 7 correspondent à une deuxième mode de réalisation de type "Michel"
pour la courbe à l'extérieur 14 et pour la courbe à l'intérieur 11. Les spires ont
entre elles un pas constant et une section constante correspondant à une épaisseur
constante de 0,042 mm, à l'exception de deux portions de spires pour lesquelles l'épaisseur
est portée à 0,056 mm :
- une portion 12 de la courbe à l'intérieur 11 sur un secteur angulaire d'environ 80°
dont la partie médiane se trouve sensiblement à - 110° d'un axe de référence Ox, et
- une portion 15 de la courbe à l'extérieur 14 sur un secteur angulaire d'environ 20°
dont la partie médiane se trouve sensiblement à + 115° de l'axe de référence Ox.
[0024] Sur le diagramme représenté à la figure 7 on voit que l'écart maximum n'est plus
que de 1,8 s/j. La valeur de la surépaisseur et les positionnements sur les spires
ne sont donnés ci-dessus qu'à titre illustratif, et il est bien évident que l'homme
de métier peut choisir d'avoir un plus grand nombre de zones de surépaisseur en différents
endroits.
[0025] Les figures 8 et 9 correspondent à un troisième mode de réalisation dans lequel la
courbe à l'intérieur 11 est de type Grossmann 13, c'est-à-dire en ayant une géométrie
telle que celle décrite dans l'ouvrage "Théorie générale de l'horlogerie" de L. Defossez.
Une telle géométrie est très délicate à obtenir par déformation d'une lame métallique.
Le procédé de fabrication selon l'invention permet par contre d'obtenir très facilement
une telle configuration sans l'intervention d'un personnel hautement qualifié. Le
diagramme représenté à la figure 9 montre que l'écart maximum à 300° n'est que de
2,1 s/j.
[0026] Bien évidemment, compte tenu de la liberté de configuration que donnent les procédés
de fabrication selon l'invention, il est possible de combiner les modes de réalisations
précédemment décrits pour obtenir un spiral selon l'invention ayant un isochronisme
amélioré.
[0027] A la figure 10 on a représenté un spiral correspondant au premier mode de réalisation
(figure 4) dans lequel la virole 20 est remplacée par une rondelle autobloquante 17
formée en même temps que le spiral 10. Cette rondelle 17 présente en son centre un
contour 19 tel qu'il permet de bloquer sans jeu l'axe 9 du balancier 8 en ayant une
certaine élasticité procurée par des lumières 18 réparties autour du contour de blocage
19 représenté en étoile à la figure 10. Les figures 10A à 10E montrent d'autres conformations
possibles de la rondelle autobloquante 17 avec un contour de blocage 19 en triangle,
en carré, hexagonal, circulaire ou en ogive. Lorsqu'on réalise l'ensemble spiral-rondelle
autobloquante par photolithographie et croissance galvanique on peut avantageusement,
au moyen d'une étape supplémentaire, réaliser ladite rondelle autobloquante 17 avec
une épaisseur supérieure à la hauteur de la lame pour obtenir une meilleure tenue
du spiral 10 sur l'axe 9 du balancier.
[0028] Un spiral selon l'invention en un matériau amorphe ou cristallin tel que du silicium
peut être fabriqué en adaptant les procédés de micro-usinage déjà utilisés par exemple
pour la fabrication de circuits intégrés ou d'accéléromètres à partir d'une plaquette
de silicium. On peut notamment se référer aux procédés décrits dans les brevets
US 4 571 661 et
US 5 576 250 concernant des accéléromètres. Le procédé consiste fondamentalement en les étapes
suivantes :
[0029] Compte-tenu des très petites dimensions d'un spiral, il est évidemment possible et
avantageux de les fabriquer par lot à partir d'une unique plaquette de silicium.
[0030] Pour fabriquer un spiral selon l'invention en métal ou en alliage, on fait appel
à la technique LIGA connue depuis le milieu des années 70. Dans une première étape
le procédé consiste fondamentalement à étaler sur un substrat préalablement revêtu
d'une couche sacrificielle un photorésist positif ou négatif sur une épaisseur correspondant
à la hauteur "h" de lame désirée et former au moyen d'un masque par photolithographie
et attaque chimique une structure en creux correspondant au contour désiré pour le
spiral. Dans une deuxième étape , on remplit ladite structure en creux d'un métal
ou d'un alliage métallique soit par électrodéposition comme indiqué par exemple dans
le brevet
US 4 661 212, soit par compression et frittage de nanoparticules, comme indiqué par exemple dans
la demande de brevet
US 2001/0038803.
[0031] Dans une dernière étape on libère le spiral du substrat par élimination de la couche
sacrificielle.
1. Mouvement horloger comprenant un résonateur balancier-spiral dont le spiral est monté
sur un axe (9) de balancier (8) pivotant entre une platine (7) et un coq (6), ledit
spiral (10) étant formé d'une lame composée d'une succession de spires ayant entre
elles un pas "p", l'extrémité de la courbe à l'intérieur (11) étant rendue solidaire
de l'axe (9) de balancier (8) et l'extrémité de la courbe à l'extérieur (14) étant
fixée au coq (6) ou à une pièce solidaire de celui-ci, les spires étant formées d'une
seule bande depuis la courbe à l'intérieur (11) jusqu'à la courbe à l'extérieur (14)
caractérisé en ce qu'une portion de la courbe à l'extérieur (14) présente une section plus grande que celle
de la lame formant toutes les autres spires et en ce que la courbe à l'intérieur a une conformation de type Grossmann.
2. Mouvement selon la revendication 1, caractérisé en ce que la courbe à l'intérieur (11) est prolongée par une rondelle autobloquante (17) formée
en une même pièce que la lame et agissant comme une virole pour positionner ledit
spiral sur l'axe (9) du balancier (8), permettant ainsi de maîtriser la distance et
l'orientation du point d'origine de la spirale d'Archimède par rapport à l'axe de
rotation du balancier (8)
3. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que le spiral est formé en silicium sous forme monocristalline ou polycristalline.
4. Mouvement selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que que le spiral est formé en un matériau métallique ou un alliage métallique.
5. Mouvement selon la revendication 4 dépendante de la revendication 2, caractérisé en ce que la rondelle autobloquante (17) a une épaisseur supérieure à la hauteur "h" de la
lame.