[0001] La présente invention est relative à un dispositif de blocage d'un résonateur d'une
pièce d'horlogerie, ce résonateur étant composé d'un balancier associé à un ressort
spiral.
[0002] La nécessité de bloquer le résonateur d'une pièce d'horlogerie, en l'occurrence le
balancier qui compose ledit résonateur, existe dans certains chronographes, particulièrement
dans les compteurs de sport avec arrêt du balancier, ce dernier ne se mettant en mouvement
que lorsque, par une pression sur un organe de commande manuel, par exemple un poussoir,
débute l'observation d'une période à comptabiliser matérialisée par le démarrage d'une
aiguille trotteuse. Quand prend fin ladite période d'observation, le poussoir est
pressé à nouveau ce qui produit l'arrêt du balancier et de la trotteuse.
[0003] Un tel dispositif peut aussi être envisagé si l'on désire mettre à l'heure l'aiguille
de seconde d'une simple montre mécanique au moyen du top diffusé par le signal horaire.
Dans ce cas on stoppe l'aiguille de seconde à midi et on la libère dès l'arrivée du
top horaire.
[0004] Pour bloquer le balancier on utilise usuellement une fine goupille qui vient appuyer
contre la serge dont est muni le balancier. Des explications illustrées par des dessins
d'un tel dispositif sont données dans l'ouvrage de
B. Humbert "Le Chronographe" aux éditions Scriptar SA, La Conversion (Suisse), 1990,
page 143 et suivantes. La goupille montrée dans cet ouvrage est fixée à l'extrémité d'un levier d'arrêt,
ce dernier étant commandé par une roue à colonnes. Le modèle d'utilité allemand
DE 1'923'890 propose d'utiliser à la place de la goupille citée ci-dessus, un levier qui vient
frotter contre la serge du balancier.
[0005] Les dispositifs de blocage qui viennent d'être cités présentent au moins deux inconvénients.
[0006] Le premier inconvénient est que le balancier peut être stoppé par la goupille dans
une position angulaire aléatoire notamment une position pour laquelle le spiral est
au point mort c'est-à-dire totalement détendu et ne présentant donc ni contraction
ni expansion. Cette situation se présente usuellement quand le balancier est immobilisé
avec une cheville de plateau se trouvant sur la ligne d'échappement, c'est-à-dire
située sur une droite reliant l'arbre dont est muni le balancier et l'arbre portant
la roue d'échappement. Dans ces conditions le spiral présente une énergie potentielle
nulle et on comprendra qu'il se trouve alors incapable d'entraîner le balancier quand
la goupille est dégagée dudit balancier. Il y a donc un risque de non démarrage du
mécanisme.
[0007] Le second inconvénient découle également de la position angulaire aléatoire prise
par le balancier au moment de son arrêt. Si le spiral présente à ce moment une énergie
potentielle non nulle, cette énergie va dépendre de la position angulaire du balancier
lors de son arrêt. Ainsi lors du démarrage dudit balancier son amplitude sera variable
et non constante dans le temps d'où il peut résulter des imprécisions dans la marche
de la pièce d'horlogerie.
[0008] Pour remédier aux inconvénients cités ci-dessus, la présente invention en plus qu'elle
obéit à ce qui est exposé au premier paragraphe de cette description est originale
en ce qu'une came de forme est montée solidaire d'un arbre qui porte le balancier
et en ce qu'un levier, lorsqu'il est actionné manuellement, prend appui sur les flancs
que présente la came pour amener le balancier à s'arrêter dans une position angulaire
déterminée pour laquelle le spiral présente une énergie potentielle non nulle.
[0009] L'invention va être expliquée maintenant en détail ci-dessous par un mode d'exécution
donné en exemple non limitatif, cette exécution étant illustrée par les dessins annexés
dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en plan du dispositif selon un mode de réalisation préféré
de l'invention dans laquelle le balancier qui en fait partie peut osciller librement,
- la figure 2 est une vue en plan du même dispositif où un levier commandé manuellement
entre en contact avec une came pour amener e balancier à s'arrêter,
- la figure 3 est une vue en plan du même dispositif montrant le balancier arrêté dans
une position angulaire déterminée,
- la figure 4 est une coupe selon la ligne IV-IV de la figure 3,
- la figure 5 est une vue en plan de principe figurant la coopération d'une came en
forme de coeur avec un levier en forme de marteau et
- la figure 6 est une vue en perspective du dispositif de blocage selon l'invention.
[0010] Les figures 1 à 3 montrent selon quel dispositif de principe un résonateur 1 peut
être bloqué. Ce résonateur est composé d'un balancier 2 associé à un ressort spiral
3, ce spiral n'étant pas représenté aux dessins pour ne pas surcharger les figures.
Selon l'invention une came 4 de forme est montée solidaire d'un arbre 5 qui porte
le balancier 2 et un levier 6, lorsqu'il est actionné manuellement, prend appui sur
les flancs 7 que présente la came 4 pour amener le balancier à s'arrêter dans une
position angulaire déterminée pour laquelle le spiral 3 présente une énergie potentielle
non nulle. En figure 1 le balancier 3 oscille librement, le levier 6 étant hors de
portée de la came 4. En figure 2 le levier 6 prend appui sur la came 4 et amène cette
came et le balancier qui lui est lié à s'arrêter dans la position déterminée montrée
en figure 3.
[0011] On a dit plus haut que pour arrêter le balancier dans une position angulaire développant
une énergie potentielle non nulle, il faut éviter à tout prix l'arrêt de la cheville
dont est muni le plateau sur la ligne d'échappement, soit sur une droite reliant l'arbre
du balancier et l'arbre de la roue d'échappement. On choisira donc une came dont la
configuration permet cette performance, qui pourrait être par exemple, une came en
forme de limaçon appelée aussi excentrique.
[0012] Les figures annexées montrent toutes un mode de réalisation préféré de l'invention.
Dans ce mode préféré la came de forme 4 est un coeur 8 et le levier 6 qui agit sur
le coeur 8 est un marteau 9, coeur 8 et marteau 9 étant d'usage commun dans les mécanismes
de chronographe.
[0013] Le principe de ce mécanisme est rappelé en figure 5. Ici le marteau 9 pivote autour
d'un axe 20. Quand il est actionné, il vient prendre appui sur les flancs 7 du coeur
8, ce coeur pivotant autour d'un axe 21. Un ressort non représenté au dessin agit
sur le marteau 9 dans le sens de la flèche 22 pour l'appuyer sur le coeur. Le coeur
8 présente une pointe 15 et à son opposé deux épaules 16 et 17 sur lesquelles vient
prendre appui le marteau quand il est actionné. Ce mécanisme est utilisé dans un chronographe
pour effectuer le retour à zéro de son aiguille trotteuse où l'appui du marteau contre
les flancs du coeur fait tourner ce dernier jusqu'à ce que le marteau appuie sur les
deux épaules du coeur. La trotteuse indique alors la division zéro du cadran.
[0014] On revient maintenant aux figures illustrant la présente invention. Elles montrent
un balancier associé à un ressort spiral 3. Un arbre 5 porte le balancier 2. L'arbre
5 porte également un plateau 10 qui porte à son tour une cheville 11 arrangée comme
cela est bien connu, pour coopérer avec une ancre 12 laquelle coopère avec une roue
d'échappement 13. La roue 13 est portée par un arbre 14.
[0015] Dans cet arrangement le spiral 3 présente une énergie potentielle nulle si le balancier
2 est immobilisé lorsque la cheville 11 du plateau se trouve sur une droite partant
de l'arbre 5 du balancier 2 et aboutissant à l'arbre 14 de la roue d'échappement 13.
A ce moment et comme on l'a dit dans les paragraphes introductifs de cette description,
le spiral 3 est complètement détendu et ne présente ni expansion ni contraction. Il
s'agit donc d'amener le balancier à s'arrêter dans une position angulaire pour laquelle
le spiral présente une énergie potentielle non nulle, position pour laquelle le redémarrage
du balancier est assuré.
[0016] Ce résultat est atteint en utilisant un coeur 8 sur lequel peut prendre appui un
marteau 9 dont le fonctionnement a été expliqué en se référant à la figure 5. Comme
le montrent particulièrement bien les figures 3 et 4, le coeur 8, monté solidairement
sur l'arbre 5 du balancier 2, est orienté de telle façon que sa pointe 15 et la cheville
11 du plateau 10 (ce dernier étant également solidaire de l'arbre 5) se trouvent situées
de part et d'autre de l'arbre 5 et opposées diamétralement. Enfin le marteau 9 est
disposé de telle façon qu'à l'instant du blocage du balancier 2, la pointe 15 du coeur
8 se trouve située sur une droite partant de l'arbre 5 du balancier 2 et aboutissant
à l'arbre 14 de la roue d'échappement 13. On comprend qu'à ce moment là le balancier
2 se trouve dans une situation qui est opposée à la situation critique qui est celle
d'une cheville 11 se trouvant sur la ligne d'échappement c'est-à-dire sur une droite
allant de l'arbre 5 du balancier à l'arbre 14 de la roue d'échappement. Le blocage
recherché intervient donc pour une cheville 11 du plateau se trouvant décalée de plus
ou moins 180 degrés de cette situation critique, c'est-à-dire lorsque le spiral 3
se trouve respectivement en contraction ou en expansion.
[0017] La situation qui vient d'être décrite est très favorable et s'écarte définitivement
des positions angulaires aléatoires prises par le balancier quand ce dernier est stoppé
par une goupille comme cela a été mentionné au début de ce document. En effet, bloquer
le balancier 2 à ± 180° de sa position critique assure au spiral 3 une énergie potentielle
constante et donc l'assurance de développer une énergie cinétique également constante
lors du redémarrage du balancier. Grâce à cela le balancier va repartir doté d'une
amplitude connue et constante dans le temps ce qui assure ainsi une bonne précision
de marche à la pièce d'horlogerie.
[0018] On va examiner encore en s'appuyant sur les figures 1 à 3 trois situations montrant
le fonctionnement du dispositif de blocage du balancier.
[0019] La figure 1 montre un balancier 2 oscillant librement, le marteau 9 se trouvant écarté
de la trajectoire du coeur 8. Le marteau 9 est articulé sur un axe 20 et est commandé
via une genouillère 23 par un levier 24 articulé sur un axe 25. L'extrémité du levier
24 coopère par exemple avec une roue à colonnes (non représentée) et se trouve en
appui sur une des colonnes de ladite roue.
[0020] Quand on presse sur le poussoir on fait avancer la roue à colonnes d'un pas. L'extrémité
du levier 24 tombe alors sous l'effet d'un ressort entre deux colonnes de ladite roue,
ce qui fait tourner le levier 24 dans le sens de la flèche 26 comme cela est montré
en figure 2. Via la genouillère 23, le marteau 9 tourne alors dans le sens de la flèche
27 ce qui a pour effet d'appuyer le plat ou l'incliné 28 du marteau contre un des
flancs 7 du coeur 8.
[0021] Deux cas peuvent alors se présenter. Si le balancier 2 tourne au moment de l'impact
dans le sens horaire, le coeur 8 qui lui est lié continuera à tourner dans le même
sens et sera bloqué par le marteau 9 quand le plat 28 de ce dernier reposera sur les
épaules 16 et 17 du coeur 8 (non représentées aux figures 1 à 3 mais explicitées sur
la figure 5). Si au moment de l'impact le balancier 2 tourne dans le sens antihoraire,
le coeur 8 qui lui est lié inversera son sens contraint par le plat 28 du marteau
9 à venir reposer sur les épaules 16 et 17 du coeur.
[0022] La situation finale est montrée en figure 3 de même qu'en figure 4 qui est une coupe
selon la ligne IV -IV de la figure 3 et en figure 6 qui est une vue en perspective
de cette situation finale. On notera que les mêmes explications peuvent être données
si le marteau 9 vient prendre appui sur l'autre flanc 7 du coeur 8.
[0023] Un nouvel appui sur le poussoir de la pièce d'horlogerie fera tourner la roue à colonnes
de telle sorte que l'extrémité du levier 24 va se positionner sur une des colonnes
de ladite roue pour faire tourner ledit levier 24 dans le sens de la flèche 29 montrée
en figure 1. Via la genouillère 23, le marteau 9 tournera alors dans le sens de la
flèche 30 pour libérer le coeur 8 et le balancier 2 qui lui est lié.
[0024] Le dispositif décrit en détail ci-dessus peut être utilisé dans un chronographe et
plus particulièrement dans un compteur de sport dit à trois temps. A la place d'une
roue à colonnes on peut mettre en oeuvre une came.
[0025] Ce même dispositif peut également être utilisé dans une montre ordinaire possédant
une aiguille de seconde. Le dispositif permet la mise à l'heure à la seconde près
de cette montre. En effet, l'aiguille de seconde peut être stoppée sur la division
zéro du cadran par exemple en tirant la tige de remontoir, puis remise en route en
repoussant la tige à l'arrivée du top émis par le signal horaire.
1. Dispositif de blocage d'un résonateur (1) d'une pièce d'horlogerie, ce résonateur
étant composé d'un balancier (2) associé à un ressort spiral (3), caractérisé en ce qu'une came (4) de forme est montée solidaire d'un arbre (5) qui porte le balancier (2)
et en ce qu'un levier (6), lorsqu'il est actionné manuellement, prend appui sur les flancs (7)
que présente la came (4) pour amener le balancier (2) à s'arrêter dans une position
angulaire déterminée pour laquelle le spiral (3) présente une énergie potentielle
non nulle.
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'arbre (5) du balancier (2) porte un plateau (10) sur lequel est fixée une cheville
(11) de plateau arrangée pour coopérer avec une ancre (12) et une roue d'échappement
(13) portée par un arbre (14), en ce que la came (4) de forme est un coeur (8) et le levier (6) un marteau (9) de chronographe,
le coeur (8) présentant une pointe et à son opposé deux épaules (16, 17) sur lesquelles
le marteau (9), quand il est actionné, vient prendre appui pour bloquer le balancier
(2), ledit coeur (8) étant orienté de telle façon que sa pointe (15) et la cheville
(11) de plateau se trouvent situées de part et d'autre de l'arbre (5) du balancier
et opposées diamétralement, et en ce qu'à l'instant du blocage la pointe (15) du coeur (8) se trouve située sur une droite
partant de l'arbre (5) du balancier (2) et aboutissant à l'arbre (14) de la roue d'échappement
(13).
3. Utilisation du dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2 dans un
mécanisme de mise à l'heure d'une montre ordinaire.
4. Utilisation du dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2 dans un
mécanisme d'arrêt et de remise en marche d'une trotteuse de chronographe.