[0001] La présente invention concerne le refroidissement d'une bande métallique circulant
dans une section de refroidissement d'une ligne de traitement thermique en continu,
telle qu'une ligne de recuit ou de revêtement métallique ou organique.
ARRIERE-PLAN DE L'INVENTION
[0002] Sur les lignes de traitement thermique en continu du type précité, le refroidissement
des bandes métalliques est réalisé dans une section de refroidissement par soufflage
d'un gaz, en général un mélange d'azote et d'hydrogène, à travers un ou plusieurs
caissons de refroidissement, équipés de perçages ou de tubes de soufflage associés.
[0003] Le souci constant des concepteurs des sections de refroidissement est à la fois de
refroidir de façon aussi homogène que possible la bande circulant dans ladite section,
et d'éviter d'induire des instabilités et/ou vibrations au niveau de la bande en circulation.
[0004] Le document
EP-A-1 655 383 illustre un tel dispositif de refroidissement, dans lequel une bande circule entre
deux caissons de refroidissement équipés de tubes de soufflage inclinés, selon une
inclinaison qui est dirigée à la fois vers l'amont et/ou l'aval de la bande en circulation,
et vers les bords de celle-ci. Lors de son passage dans la section de refroidissement,
la bande est ainsi refroidie sur ses deux faces grâce au soufflage du mélange gazeux
concerné à une température inférieure à celle de la bande. La pression nécessaire
au soufflage est assurée par un ou deux ventilateurs associés. Le mélange gazeux chauffé
par l'échange thermique avec la bande est refroidi dans un échangeur, en général un
échangeur à eau, pour être par la suite transféré jusqu'au système de refroidissement
via le ou les ventilateurs, en étant recirculé vers les caissons de refroidissement.
[0005] On sait que le transfert thermique est dépendant de la distance de soufflage entre
la bande et les orifices de sortie du mélange gazeux, et aussi de la géométrie du
soufflage et de la vitesse de soufflage. Il est bien connu que le transfert thermique
est d'autant plus efficace que la distance de soufflage est petite et/ou que la vitesse
de soufflage est élevée. Cependant, on se heurte à une limite pratique dans l'augmentation
de la vitesse de soufflage et dans la diminution de la distance entre la bande et
le système de soufflage, car, à partir d'un certain seuil, on relève l'apparition
de vibrations et/ou d'oscillations de la bande qui peuvent provoquer un contact entre
la bande et le système de soufflage, et créer des marques incompatibles avec la qualité
de surface recherchée, voire détériorer plus gravement la bande.
[0006] En variante du soufflage de mélange gazeux, on a également utilisé l'eau comme fluide
de refroidissement, comme cela est illustré dans le document
EP-A-0 343 103 dans lequel le refroidissement rapide de la bande s'effectue au moyen de gicleurs
à brouillard eau/air, ou en variante dans le document
FR-A-2 796 965 dans lequel on utilise des gicleurs à eau/azote. On retrouve le même enseignement
dans les documents
US-A-6 054 095,
US-A-5 902 543,
US-A-4 934 445 et
JP-A-02 170925.
[0007] L'utilisation de l'eau comme fluide de refroidissement est intéressante dans la mesure
où le transfert de chaleur requiert des vitesses de sortie moindres pour le fluide
de refroidissement, puisqu'il est basé sur un échange de chaleur par évaporation de
l'eau dans l'air ou l'azote, mais cette utilisation présente deux inconvénients importants.
Le premier inconvénient est que le transfert de chaleur est limité par la température
de saturation de l'eau dans les gaz incondensables air ou azote, et le second est
que l'acier à haute température subit inévitablement une oxydation lorsqu'il est refroidi
par un brouillard eau/air ou eau/azote, ce qui nécessite par la suite un traitement
spécial de décapage qui peut s'avérer coûteux, et parfois même impossible à exécuter
dans certaines lignes comme celles de galvanisation.
[0009] Il existe donc un besoin d'un procédé de refroidissement plus performant, capable
d'augmenter significativement la vitesse de refroidissement d'une bande métallique
en défilement, sans pour autant mettre la bande en vibration et/ou en oscillation,
ni provoquer une oxydation de ladite bande.
OBJET DE L'INVENTION
[0010] L'invention a pour but de concevoir un procédé et une installation de refroidissement
permettant de refroidir une bande métallique en défilement, avec une vitesse de refroidissement
élevée, sans générer de vibrations et/ou d'oscillations, tout en évitant la nécessité
d'un décapage ou d'un traitement de surface spécial à la suite du refroidissement
qui serait la conséquence d'une oxydation plus ou moins importante de la surface de
la bande.
DEFINITION GENERALE DE L'INVENTION
[0011] Le problème technique précité est résolu conformément à l'invention grâce à un procédé
de refroidissement d'une bande métallique circulant dans une section de refroidissement
d'une ligne de traitement thermique en continu, consistant à projeter dans la section
de refroidissement, sur la surface de la bande à refroidir, un médium frigorigène
capable de refroidir la bande sans oxyder ladite bande, ledit procédé étant remarquable
en ce que le médium frigorigène est majoritairement composé d'un corps à changement
de phase dont le passage en phase gazeuse s'effectue à une température qui est à la
fois inférieure à la température de la bande à refroidir et proche de la température
du milieu extérieur ambiant, de sorte que l'échange d'énergie est réalisé dans le
cadre d'un processus endothermique avec un changement de phase dudit corps à changement
de phase et qu'ensuite ledit médium frigorigène peut être recondensé à une pression
proche de la pression atmosphérique.
[0012] Grâce à l'utilisation d'un processus endothermique avec un changement de phase, on
parvient à réaliser un important transfert d'énergie qui ne dépend que faiblement
de la vitesse de soufflage, ce qui permet d'éviter les risques précités de mise en
vibrations et/ou d'oscillations de la bande métallique refroidie. En fait, le transfert
d'énergie dépend naturellement du type de médias frigorigènes utilisés, mais surtout
de la quantité soufflée, et donc évaporée ou sublimée par suite du changement de phase
qui s'opère au voisinage de la surface de la bande. De plus, on supprime les inconvénients
précités des techniques antérieures utilisant l'eau comme fluide de refroidissement.
[0013] Conformément à un mode d'exécution particulier du procédé de l'invention, le médium
frigorigène est sous forme solide, en particulier sous forme de paillettes, présentant
un point triple qui est supérieur à la température du milieu extérieur ambiant, le
processus endothermique s'effectuant avec une sublimation dudit médium frigorigène
au niveau de la surface de la bande à refroidir.
[0014] Conformément à un autre mode d'exécution du procédé de l'invention, le médium frigorigène
est un fluide, en particulier sous forme de fines gouttelettes, présentant une température
normale d'ébullition qui est supérieure à la température du milieu extérieur ambiant,
le processus endothermique s'effectuant avec une évaporation dudit médium frigorigène
au niveau de la surface de la bande à refroidir.
[0015] Dans la pratique, l'utilisation d'un fluide frigorigène apparaît préférable non seulement
en termes de performance, mais aussi pour la plus grande facilité de réalisation et
de pilotage de l'installation associée.
[0016] Avantageusement, le solide frigorigène sublimé ou le fluide frigorigène évaporé est
récupéré en aval de la section de refroidissement pour être recirculé, en ayant subi
un processus de condensation et de séparation à l'issue duquel une fraction d'incondensables
est isolée, ladite fraction étant contrôlée pour ajuster la température de condensation
du solide ou du fluide frigorigène en vue de minimiser la consommation d'énergie.
[0017] En cas d'utilisation d'un fluide frigorigène, il est préféré que ledit fluide comporte
au moins 80 % volume par volume de fluide à changement de phase.
[0018] Avantageusement alors, le fluide à changement de phase est du pentane. Ce pourra
être du pentane à l'état pur, ou en variante un mélange pentane/hexane à 80/20 de
pourcentage molaire.
[0019] De préférence encore, l'atmosphère régnant dans la section de refroidissement est
isolée du milieu extérieur ambiant, en particulier au niveau de l'entrée et de la
sortie de la bande à refroidir, de façon à permettre un contrôle permanent du médium
frigorigène lors du processus endothermique. Ceci est important non seulement pour
des questions d'ordre économique, mais aussi pour des questions de sécurité dans la
mesure où certains fluides susceptibles d'être utilisés peuvent être inflammables
à haute température et donc ne doivent pas être mélangés à l'oxygène de l'air.
[0020] Avantageusement enfin, le débit masse de médium frigorigène projeté sur la surface
de la bande est contrôlé pour rester inférieur à une limite prédéterminée faisant
en sorte que la totalité du médium frigorigène soit concerné par le changement de
phase.
[0021] L'invention concerne également une installation destinée à la mise en oeuvre d'un
procédé présentant l'une au moins des caractéristiques précitées.
[0022] Conformément à l'invention, l'installation comporte :
- une section de refroidissement comportant un caisson de refroidissement traversé de
façon étanche par la bande à refroidir, ledit caisson étant équipé intérieurement
de buses agencées pour projeter sur les deux faces de ladite bande un média frigorigène
majoritairement composé d'un corps à changement de phase dont le passage en phase
gazeuse s'effectue à une température qui est à la fois inférieure à la température
de la bande à refroidir et proche de la température du milieu extérieur ambiant ;
- un condenseur connecté en aval du caisson de refroidissement par l'intermédiaire d'un
surpresseur, permettant de recondenser le médium frigorigène à une pression proche
de la pression atmosphérique ;
- un ballon formant réservoir/séparateur connecté en aval du condenseur ; et
- une pompe de recirculation connectée en aval du ballon réservoir/séparateur par l'intermédiaire
d'une vanne de sécurité, et connectée en amont du caisson de refroidissement.
[0023] On pourra prévoir que les buses du caisson de refroidissement sont agencées avec
une segmentation, de façon à pouvoir suivre une pente de refroidissement prédéterminée
en fonction de la vitesse de défilement de la bande.
[0024] On pourra également prévoir que le caisson de refroidissement comporte une section
amont exempte de buses et une section aval équipée de buses, par référence au sens
de circulation de la bande, ladite section amont étant équipée d'un capteur de mesure
de la température de la bande entrant dans ledit caisson.
[0025] Conformément à une autre caractéristique avantageuse, le caisson de refroidissement
est équipé, au niveau de l'entrée et de la sortie de la bande, de sas de traversée
étanches.
[0026] Il est par ailleurs intéressant de prévoir que l'installation comporte des capteurs
de mesure de la température de la bande en amont de l'entrée et en aval de la sortie
du caisson de refroidissement, lesdits capteurs servant à réguler le débit de la pompe
de recirculation en fonction de la vitesse de défilement de ladite bande, laquelle
vitesse de défilement est mesurée par un capteur associé extérieur audit caisson de
refroidissement.
[0027] Avantageusement encore, le ballon réservoir/séparateur est équipé intérieurement
d'un serpentin frigorifique fonctionnant à une température qui est inférieure à la
température de condensation du médium frigorigène utilisé, afin de compléter dans
ledit ballon les processus de condensation et de séparation de la phase liquide du
médium frigorigène et des gaz incondensables. En particulier, le ballon réservoir/séparateur
est équipé d'une purge permettant d'extraire les gaz incondensables.
[0028] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront plus clairement
à la lumière de la description qui va suivre, concernant un mode de réalisation particulier,
en référence au dessin annexé qui illustre une installation de mise en oeuvre du procédé.
BREVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0029] Il sera fait référence à la figure unique du dessin annexé, qui illustre schématiquement
une installation de mise en oeuvre du procédé de l'invention.
DESCRIPTION DETAILLEE DU MODE DE REALISATION PREFERE DE
L'INVENTION
[0030] La figure unique illustre schématiquement une installation notée 100 de mise en oeuvre
du procédé de refroidissement conforme à l'invention. Une bande métallique notée 1
circule dans une section de refroidissement notée 4 d'une ligne de traitement thermique
en continu, qui pourrait être une ligne de recuit ou de revêtement métallique ou organique.
[0031] Conformément à l'arrière-plan technologique, la ligne de passage de la bande 1 est
fixée par un rouleau de renvoi inférieur 2 et un rouleau de renvoi supérieur 3, de
part et d'autre de la section de refroidissement 4, le sens de circulation de la bande
1 étant schématisé par des flèches 50.
[0032] La section de refroidissement 4 comporte un caisson de refroidissement 5 qui est
traversé par la bande à refroidir 1. Le caisson de refroidissement 5 est fermé, et
la traversée de la bande s'effectue de façon étanche au niveau de sas d'entrée et
de sortie 8 ,9 qui sont représentés ici schématiquement. Il pourra s'agir de systèmes
à volets coopérant ou non avec des rouleaux d'appui, ainsi que cela est bien connu
dans le domaine des lignes de traitement en continu. Grâce aux sas d'entrée et de
sortie 8, 9, on est assuré que l'atmosphère régnant dans la section de refroidissement
4 est isolée du milieu extérieur ambiant, en particulier au niveau de l'entrée et
de la sortie de la bande à refroidir, de façon à permettre un contrôle permanent du
médium frigorigène lors du refroidissement de ladite bande.
[0033] Le caisson de refroidissement 5 est équipé intérieurement de rampes de projection
6 agencées de part et d'autre du plan de passage de la bande, chaque rampe étant elle-même
pourvue d'une pluralité de buses de pulvérisation 7 permettant de projeter dans la
section de refroidissement 4, sur la surface de la bande 1 à refroidir, un médium
frigorigène particulier capable de refroidir la bande sans oxyder ladite bande (à
la différence de l'eau souvent utilisée dans les techniques antérieures).
[0034] Il est en effet prévu, conformément à une caractéristique essentielle de l'invention,
de projeter sur la bande un médium frigorigène majoritairement composé d'un corps
à changement de phase dont le passage en phase gazeuse s'effectue à une température
qui est à la fois inférieure à la température de la bande à refroidir et proche du
milieu extérieur ambiant, de sorte que l'échange d'énergie est réalisé dans le cadre
d'un processus endothermique avec un changement de phase dudit corps à changement
de phase, et qu'ensuite ledit médium frigorigène peut être recondensé à une pression
proche de la pression atmosphérique.
[0035] Le fait que le refroidissement soit provoqué par le changement de phase d'au moins
un composant du médium frigorigène fait que l'on ne dépend que faiblement de la vitesse
de soufflage, ce qui est avantageux pour la stabilité de défilement de la bande car
on réduit le risque de voir apparaître des vibrations et/ou des oscillations de ladite
bande. De plus, on supprime les inconvénients des techniques antérieures utilisant
l'eau comme fluide de refroidissement (oxydation de la bande et nécessité de prévoir
un traitement ultérieur de décapage).
[0036] Dans un premier mode d'exécution, le médium frigorigène est sous forme solide, en
particulier sous forme de paillettes, présentant un point triple qui est supérieur
à la température du milieu extérieur ambiant, le processus endothermique s'effectuant
avec une sublimation dudit médium frigorigène au niveau de la surface de la bande
à refroidir. On pourra par exemple utiliser du CO
2.
[0037] Cependant, si l'on prend justement l'exemple du CO
2 qui se sublime à la pression atmosphérique à -78°C, dans le cas où l'atmosphère est
entièrement constituée de CO
2 dans la section de refroidissement, ou à des températures inférieures dans le cas
où le CO
2 est à une pression partielle inférieure à la pression atmosphérique, on aura en général
besoin d'un taux de compression élevé pour organiser la recirculation du médium frigorigène,
ce qui peut s'avérer peu avantageux au niveau de la consommation énergétique.
[0038] C'est pour cela que l'on préfèrera souvent un autre mode d'exécution du procédé,
dans lequel le médium frigorigène est un fluide, en particulier sous forme de fines
gouttelettes, présentant une température normale d'ébullition qui est supérieure à
la température du milieu extérieur ambiant, le processus endothermique s'effectuant
avec une évaporation dudit médium frigorigène au niveau de la surface de la bande
à refroidir.
[0039] D'une façon générale, il sera intéressant de prévoir que le solide frigorigène sublimé
ou le fluide frigorigène évaporé est récupéré en aval de la section de refroidissement
4 pour être recirculé, en ayant subi un processus de condensation et de séparation
à l'issue duquel une fraction d'incondensables est isolée, ladite fraction étant contrôlée
pour ajuster la température de condensation du solide ou du fluide frigorigène en
vue de minimiser la consommation d'énergie.
[0040] Conformément à une caractéristique avantageuse, on utilise un fluide frigorigène
qui comporte au moins 80 % volume par volume de fluide à changement de phase.
[0041] Parmi les différents hydrocarbures envisageables, l'utilisation du pentane comme
fluide ou composant de fluide à changement de phase, apparaît à ce titre particulièrement
intéressante.
[0042] On pourra utiliser du pentane à l'état pur, en particulier du pentane liquide qui
s'évapore à 35°C sous sa propre tension de vapeur, donc à pression ambiante.
[0043] Il pourra en variante s'agir d'un mélange comportant majoritairement du pentane,
avec de préférence au moins 80% volume par volume de pentane.
[0044] On pourrait envisager des mélanges tels que des mélanges de pentane et d'azote, mais,
avec de tels mélanges, la consommation en énergie du système global resterait quelque
peu pénalisante du fait de l'évaporation du pentane dans un gaz incondensable qui
limite la chaleur latente de vaporisation en fonction de la pression partielle du
pentane dans l'azote.
[0045] Au contraire, un mélange pentane/hexane à 80/20 de pourcentage molaire apparaît beaucoup
plus intéressant. Un tel mélange commence à s'évaporer à partir de 39,5°C, pour être
complètement à l'état gazeux à 43°C.
[0046] On aura compris que le pentane présente un intérêt tout particulier du fait de sa
température normale d'ébullition de l'ordre de 35°C, car il suffit d'organiser l'échange
thermique dans un échangeur bien dimensionné avec un fluide extérieur (air ou eau)
pour le condenser.
[0047] En variante, on pourra aussi envisager d'utiliser de l'heptane ou un mélange pentane/heptane.
[0048] Plus généralement, le débit masse de médium frigorigène projeté sur la surface de
la bande sera de préférence contrôlé pour rester inférieur à une limite prédéterminée
faisant en sorte que la totalité du médium frigorigène soit concernée par le changement
de phase.
[0049] Afin d'obtenir une répartition homogène du fluide frigorigène à évaporer au niveau
de la surface de la bande, et de s'assurer que tout le fluide frigorigène s'est évaporé,
on utilisera en particulier des buses de pulvérisation telles que les buses 7, agencées
pour pulvériser le fluide en fines gouttelettes sur la totalité de la surface de la
bande en vue d'un transfert thermique homogène, avec un débit massique peu important
et une régulation particulièrement simple de la quantité de chaleur à absorber. Il
sera alors intéressant de prévoir alors que la quantité de chaleur à échanger soit
contrôlée par le débit masse de fluide pulvérisé.
[0050] Ce qui précède vaut évidemment pour le cas d'un médium frigorigène sous forme solide,
pour lequel il convient de s'assurer que la totalité du médium frigorigène s'est sublimée
par suite de sa pulvérisation par exemple en paillettes sur la totalité de la surface
de la bande.
[0051] Dans la pratique, dans le cas d'un fluide frigorigène, on utilisera de préférence
des buses de pulvérisation à cônes plats. Les gouttelettes impactant les deux faces
de la bande subissent alors instantanément un changement de phase qui induit une importante
absorption d'énergie.
[0052] Le débit masse injecté de fluide frigorigène qui s'évapore dépend bien entendu du
nombre de buses de pulvérisation utilisées et du débit massique de chacune de celles-ci.
La distribution géométrique des buses de pulvérisation dépend de leur angle d'action,
lequel est choisi pour que les gouttelettes impactent la totalité de la surface de
refroidissement. On pourra à ce titre se référer au document
EP-A-1 655 383 qui contient un enseignement précieux sur l'inclinaison des tubes de projection,
étant entendu que ce document antérieur ne concerne que le refroidissement par soufflage
d'un mélange gazeux traditionnel tel qu'un mélange d'azote et d'hydrogène. On pourra
également prévoir que les buses de pulvérisation soient agencées avec une segmentation,
de façon à pouvoir suivre une pente de refroidissement prédéterminée en fonction de
la vitesse de défilement de la bande.
[0053] Si l'on revient maintenant à la figure unique du dessin annexé, on constate que l'installation
100 comporte également un condenseur 13 connecté en aval du caisson de refroidissement
5 par l'intermédiaire d'un surpresseur 10, via des canalisations respectives 11 et
12, ce qui permet de recondenser le médium frigorigène à une pression proche de la
pression atmosphérique. La canalisation 12 contenant essentiellement une phase vapeur
se prolonge par un tronçon 12' dans le condenseur 13, lequel est réalisé ici sous
la forme d'un échangeur classique utilisant un circuit d'échange 14 traversé par de
l'eau ou de l'air. La canalisation de sortie 15 du condenseur 13 aboutit à un ballon
16 qui forme réservoir et séparateur. Il y a en effet une phase liquide et des incondensables
qui arrivent ensemble dans ce ballon 16, ces deux phases se séparant en une réserve
liquide RL surmontée d'une fraction d'incondensables gazeux IG.
[0054] En sortie du ballon formant réservoir/séparateur 16, on trouve une canalisation 19
menant à une vanne de sécurité 20, puis une canalisation 21 arrivant à une pompe de
recirculation 22 qui est connectée en amont du caisson de refroidissement 5 par une
canalisation 23.
[0055] Ainsi, après évaporation du fluide à changement de phase pulvérisé dans la section
de refroidissement, celui-ci est condensé dans le condenseur externe 13, et on contrôle,
en aval dudit condenseur, les incondensables présents dans le fluide frigorigène,
qui sont typiquement de l'azote et éventuellement des traces d'hydrogène.
[0056] Il est à noter que le caisson de refroidissement 5 illustré ici comporte une section
amont 5.1 exempte de buses 7, et une section aval 5.2 qui est équipée de buses 7,
par référence au sens de circulation 50 de la bande 1. La section amont 5.1 est équipée
d'un capteur 34 qui sert à mesurer la température de la bande 1 entrant dans ledit
caisson. Du fait de l'absence de buses, on peut ainsi s'assurer, par une mesure optique
de la température de la bande, que la totalité du médium frigorigène s'est bien transformée
en gaz. Toute gouttelette n'ayant pas subi la transformation de phase s'écoulera dans
cette section et sera évaporée, ou sublimée lorsqu'il s'agit de paillettes.
[0057] L'installation comporte également des capteurs 32, 33 de mesure de la température
de la bande 1, respectivement en amont de l'entrée et en aval de la sortie du caisson
de refroidissement 5. Ces capteurs 32, 33 servent à réguler le débit de la pompe de
recirculation 22 en fonction de la vitesse de défilement de ladite bande, laquelle
vitesse de défilement est mesurée par un capteur associé 31 extérieur au caisson de
refroidissement 5.
[0058] On a illustré schématiquement une unité centrale de pilotage 30 qui reçoit des informations
données par le capteur de vitesse 31 et les capteurs de température 32, 33, 34, ces
informations étant transmises par un réseau filaire illustré en trait mixte. Cette
unité de pilotage 30 permet d'envoyer des instructions de fonctionnement très précises
à l'organe de commande 35 de la pompe de recirculation 22.
[0059] On constate également sur la figure que le ballon réservoir/séparateur 16 est équipé
intérieurement d'un serpentin frigorifique 17, utilisant son propre fluide frigorigène,
lequel fonctionne naturellement à une température qui est inférieure à la température
de condensation du médium frigorigène à changement de phase utilisé pour le refroidissement
de la bande. Ce serpentin frigorifique 17 permet de compléter dans le ballon 16 les
processus de condensation et de séparation de la phase liquide du médium frigorigène
et des gaz incondensables. Le contrôle des incondensables dans le fluide frigorigène
est important, car il permet d'ajuster la température de condensation : en effet,
moins la teneur en incondensables est élevée, moins la température de condensation
du fluide à changement de phase est élevée.
[0060] On pourra en outre prévoir une purge 18 en partie haute du ballon 16 afin d'extraire
les gaz incondensables. Ceci permet d'éviter que les incondensables s'accumulent au
fur et à mesure du fonctionnement de l'installation, ce qui affecterait à la longue
le rendement de celle-ci. Le serpentin frigorifique 17 fonctionnera typiquement à
une température de 15K pour garantir une condensation plus poussée du fluide frigorigène
à changement de phase et obtenir la séparation désirée. On est alors assuré que les
incondensables accumulés au niveau de la section de refroidissement sont bien séparés
du fluide frigorigène de travail, et que tout le fluide à pomper jusqu'aux buses de
pulvérisation 7 est bien à l'état liquide.
[0061] La vanne de sécurité 20 permet quant à elle l'arrêt de circulation du médium frigorigène
en cas d'urgence, comme l'infiltration massive d'air, ou un dysfonctionnement d'un
des éléments du circuit, un arrêt de défilement de la bande, etc... Le fluide frigorigène
liquide est pompé par la pompe de recirculation 22 pour être envoyé directement aux
buses de pulvérisation 7 afin de reprendre le cycle.
[0062] Ainsi que cela a été dit plus haut, le débit de la pompe de recirculation 22 est
régulé par un automate (l'unité 30) qui utilise comme données d'entrée les températures
de la bande en entrée et en sortie de l'enceinte de refroidissement, ainsi que la
vitesse de circulation de la bande. Ces données permettent de contrôler efficacement
le système, car la quantité de chaleur devant être extraite de la bande est naturellement
fonction de la vitesse de défilement de celle-ci et de la consigne de la température
de sortie de la bande, et aussi des écarts de température entre l'entrée et la sortie
de l'enceinte de refroidissement. Cette quantité de chaleur conditionne ainsi le débit
de la pompe, et donc la quantité de fluide frigorigène pulvérisé sur la bande.
[0063] Les sas d'étanchéité 8, 9 équipant le caisson de refroidissement 5 sont particulièrement
importants lorsque l'on utilise du pentane, comme cela a été préconisé plus haut,
non seulement pour des questions d'économie (cela serait vrai avec tout type de fluide
de refroidissement), mais surtout pour des raisons de sécurité. En effet, le pentane,
comme d'autres fluides analogues envisageables, sont inflammables à haute température
(309°C pour le pentane), et ne doivent donc pas être mélangés à l'oxygène de l'air.
La composition en pentane dans le caisson sera donc mesurée en permanence et contrôlée
pour être toujours largement au-dessus de la limite supérieure d'inflammabilité dans
l'air. A ce titre, il sera intéressant de maintenir le caisson de refroidissement
en légère surpression. On pourra d'ailleurs prévoir une sonde supplémentaire pour
surveiller le pourcentage d'oxygène dans l'atmosphère du caisson de refroidissement.
[0064] Par ailleurs, pour optimiser la consommation d'énergie du surpresseur 10, le travail
de ce dernier est régulé par la température du fluide frigorigène dans l'échangeur
que constitue le condenseur 13. A pression supérieure à la pression atmosphérique,
la température de saturation des gaz augmente. Pour le pentane par exemple, à une
pression de 1,15 bar, la température de saturation augmente jusqu'à 40°C. Suivant
la température du fluide frigorigène dans l'échangeur, le fluide de refroidissement
va être comprimé de façon à ce que l'écart de températures entre le pentane et l'eau
ou l'air de refroidissement, à la sortie de l'échangeur, soit adéquat et que le fluide
frigorigène à changement de phase puisse être complètement condensé en sortie. La
température de l'eau ou de l'air de refroidissement doit être typiquement contrôlée
de 3 à 5 K en dessous de la température normale d'ébullition du fluide frigorigène
qui, dans le cas du pentane, est à 35°C, ce qui entraîne que le pentane, après évaporation,
peut être transféré au condenseur 13 par un simple surpresseur 10, avec une consommation
énergétique du système minimale comparativement à un compresseur.
[0065] On est ainsi parvenu à mettre en oeuvre un refroidissement particulièrement efficace,
avec un transfert d'énergie rapide ne dépendant que faiblement des vitesses de soufflage,
tout en évitant des risques d'oxydation induisant la nécessité d'un décapage ultérieur.
[0066] La mise en oeuvre d'un tel processus endothermique avec un changement de phase dans
le cadre du refroidissement d'une bande métallique en circulation représente ainsi
un progrès notable par rapport aux techniques traditionnelles de refroidissement utilisant
un mélange gazeux tel qu'un mélange d'azote et d'hydrogène, ou surtout qu'un brouillard
eau/air ou eau/azote, cas dans lequel on ne peut éviter une oxydation de la bande,
et de ce fait la nécessité de prévoir un traitement ultérieur de décapage.
[0067] En outre, grâce au choix judicieux du corps à changement de phase, surtout s'il s'agit
d'un fluide frigorigène dont la température normale d'ébullition est légèrement supérieure
à la température du milieu ambiant, on parvient à optimiser la consommation en énergie
du système global.
[0068] L'invention n'est pas limitée au mode de réalisation qui vient d'être décrit, mais
englobe au contraire toute variante reprenant, avec des moyens équivalents, les caractéristiques
essentielles énoncées plus haut.
1. Procédé de refroidissement d'une bande métallique circulant dans une section de refroidissement
d'une ligne de traitement thermique en continu, consistant à projeter dans la section
de refroidissement (4), sur la surface de la bande (1) à refroidir, un médium frigorigène
capable de refroidir la bande (1) sans oxyder ladite bande, caractérisé en ce que le médium frigorigène est majoritairement composé d'un corps à changement de phase
dont le passage en phase gazeuse s'effectue à une température qui est à la fois inférieure
à la température de la bande à refroidir (1) et proche de la température du milieu
extérieur ambiant, de sorte que l'échange d'énergie est réalisé dans le cadre d'un
processus endothermique avec un changement de phase dudit corps à changement de phase
et qu'ensuite ledit médium frigorigène peut être recondensé à une pression proche
de la pression atmosphérique.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel le médium frigorigène est sous forme
solide, en particulier sous forme de paillettes, présentant un point triple qui est
supérieur à la température du milieu extérieur ambiant, le processus endothermique
s'effectuant avec une sublimation dudit médium frigorigène au niveau de la surface
de la bande à refroidir (1).
3. Procédé selon la revendication 1, dans lequel le médium frigorigène est un fluide,
en particulier sous forme de fines gouttelettes, présentant une température normale
d'ébullition qui est supérieure à la température du milieu extérieur ambiant, le processus
endothermique s'effectuant avec une évaporation dudit médium frigorigène au niveau
de la surface de la bande à refroidir (1).
4. Procédé selon la revendication 2 ou la revendication 3, caractérisé en ce que le solide frigorigène sublimé ou le fluide frigorigène évaporé est récupéré en aval
de la section de refroidissement (4) pour être recirculé, en ayant subi un processus
de condensation et de séparation à l'issue duquel une fraction d'incondensables est
isolée, ladite fraction étant contrôlée pour ajuster la température de condensation
du solide ou du fluide frigorigène en vue de minimiser la consommation d'énergie.
5. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le fluide frigorigène comporte au moins 80 % volume par volume de fluide à changement
de phase.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que le fluide à changement de phase est du pentane.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que le fluide frigorigène est du pentane à l'état pur.
8. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que le fluide frigorigène est un mélange pentane/hexane à 80/20 de pourcentage molaire.
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'atmosphère régnant dans la section de refroidissement (4) est isolée du milieu
extérieur ambiant, en particulier au niveau de l'entrée et de la sortie de la bande
(1) à refroidir, de façon à permettre un contrôle permanent du médium frigorigène
lors du processus endothermique.
10. Procédé selon l'une des revendications 1 à 9, caractérisé en ce que le débit masse de médium frigorigène projeté sur la surface de la bande (1) est contrôlé
pour rester inférieur à une limite prédéterminée faisant en sorte que la totalité
du médium frigorigène soit concernée par le changement de phase.
11. Installation (100) destinée à la mise en oeuvre d'un procédé selon l'une des revendications
1 à 10,
caractérisée en ce qu'elle comporte :
- une section de refroidissement (4) comportant un caisson de refroidissement (5)
traversé de façon étanche par la bande à refroidir (1), ledit caisson étant équipé
intérieurement de buses (7) agencées pour projeter sur les deux faces de ladite bande
un médium frigorigène majoritairement composé d'un corps à changement de phase dont
le passage en phase gazeuse s'effectue à une température qui est à la fois inférieure
à la température de la bande (1) à refroidir et proche de la température du milieu
extérieur ambiant ;
- un condenseur (13) connecté en aval du caisson de refroidissement (5) par l'intermédiaire
d'un surpresseur (10), permettant de recondenser le médium frigorigène à une pression
proche de la pression atmosphérique ;
- un ballon formant réservoir/séparateur (16) connecté en aval du condenseur (13)
; et
- une pompe de recirculation (22) connectée en aval du ballon réservoir/séparateur
(16) par l'intermédiaire d'une vanne de sécurité (20), et connectée en amont du caisson
de refroidissement (5).
12. Installation selon la revendication 11, caractérisée en ce que les buses (7) du caisson de refroidissement (5) sont agencées avec une segmentation,
de façon à pouvoir suivre une pente de refroidissement prédéterminée en fonction de
la vitesse de défilement de la bande.
13. Installation selon la revendication 11 ou la revendication 12, caractérisée en ce que le caisson de refroidissement (5) comporte une section amont (5.1) exempte de buses
(7) et une section aval (5.2) équipée de buses (7), par référence au sens de circulation
(50) de la bande (1), ladite section amont (5.1) étant équipée d'un capteur (34) de
mesure de la température de la bande (1) entrant dans ledit caisson.
14. Installation selon l'une des revendications 11 à 13, caractérisée en ce que le caisson de refroidissement (5) est équipé, au niveau de l'entrée et de la sortie
de la bande (1), de sas de traversée étanches (8, 9).
15. Installation selon l'une des revendications 11 à 14 caractérisée en ce qu'elle comporte des capteurs (32, 33) de mesure de la température de la bande (1) en
amont de l'entrée et en aval de la sortie du caisson de refroidissement (5), lesdits
capteurs servant à réguler le débit de la pompe de recirculation (22) en fonction
de la vitesse de défilement de ladite bande, laquelle vitesse de défilement est mesurée
par un capteur associé (31) extérieur audit caisson de refroidissement.
16. Installation selon la revendication 11, caractérisée en ce que le ballon réservoir/séparateur (16) est équipé intérieurement d'un serpentin frigorifique
(17) fonctionnant à une température qui est inférieure à la température de condensation
du médium frigorigène utilisé, afin de compléter dans ledit ballon les processus de
condensation et de séparation de la phase liquide du médium frigorigène et des gaz
incondensables.
17. Installation selon la revendication 16, caractérisée en ce que le ballon réservoir/séparateur (16) est équipé d'une purge (18) permettant d'extraire
les gaz incondensables.