[0001] La présente invention concerne le domaine de l'exploitation de milieux souterrains.
L'invention permet notamment d'améliorer l'injectivité et la productivité de puits
forés à travers un milieu poreux, tel qu'un gisement d'hydrocarbures ou un réservoir
de stockage géologique de CO
2.
Présentation de l'art antérieur
[0002] Les phénomènes locaux qui peuvent se produire autour d'un puits, tels que l'endommagement,
ont un impact énorme sur l'injectivité ou la productivité d'un puits. Dans l'industrie
pétrolière, il est très important de prédire l'injectivité ou la productivité, surtout
lorsqu'il y a des altérations de formation au voisinage de puits, qui changent la
capacité d'injection ou de production du puits.
[0003] Depuis des années, des efforts conséquents sont effectués au moyen de techniques
expérimentales, en laboratoire, ou de méthodes numériques de modélisations, afin de
prendre en compte ces phénomènes locaux autour des puits, et leurs impacts sur l'injectivité
ou la productivité.
[0004] Les méthodes numériques qui permettent de modéliser l'écoulement de fluides au sein
d'un puits (injectivité et productivité d'un puits), comportent la construction de
deux modèles distincts : le modèle de réservoir («
reservoir model ») et le modèle d'abords de puits («
near-wellbore model »).
[0005] Un modèle de réservoir comporte deux éléments :
- un maillage, dit « maillage de réservoir », constitué d'un ensemble de mailles discrétisant
spatialement le réservoir.
- un simulateur d'écoulement. On appelle simulateur d'écoulement, un logiciel permettant
de modéliser les écoulements de fluides au sein d'un milieu poreux, grâce au maillage
de réservoir. Ce logiciel permet ainsi de simuler des données/propriétés dynamiques
des fluides (eau, huile, gaz) : pression, flux (quantité de matière traversant une
surface), saturation, débits, concentrations. Par exemple, un simulateur permet d'estimer,
pour un scénario d'exploitation de puits donné (scénario de production ou scénario
d'injection), et pour un intervalle de temps donné : les saturations en eau, huile
et gaz, les débits d'huile, de gaz et d'eau, le water-cut (fraction d'eau dans la
production liquide), le GOR (rapport de gaz et huile dans la production), les concentrations
en polymère absorbé sur la roche du milieu poreux, les débits d'injection de polymère,
si une solution de polymère est injectée dans le réservoir par l'intermédiaire de
puits d'injection, ...
[0006] Un modèle d'abords de puits comporte deux éléments :
- un maillage, dit « maillage d'abords de puits », constitué d'un ensemble de mailles
discrétisant spatialement le puits et ses abords. Ses abords appartiennent donc au
milieu poreux dans lequel le puits est foré.
- un simulateur d'écoulement, permettant de simuler, grâce au maillage d'abords de puits,
des données/propriétés dynamiques des fluides (eau, huile, gaz).
[0007] Ces deux types de modèles, réservoir et abord de puits, sont en général autonomes
et découplés. Les phénomènes locaux étant généralement limités au voisinage immédiat
du puits (de quelques centimètres à quelques mètres), des très petites mailles sont
nécessaires pour le maillage d'abord de puits, alors que des mailles de tailles plus
grandes sont utilisées pour les maillages de réservoir de façon à accélérer les calculs.
[0008] On connaît des techniques permettant d'utiliser un seul et même simulateur d'écoulement
de réservoir pour ces deux maillages. On peut par exemple utiliser la technique des
maillages dits « hybrides », combinant en un seul maillage, des mailles pour le maillage
du réservoir et des mailles pour un maillage localement affiné autour du puits. On
associe à ce type de maillage un seul simulateur d'écoulement pour mieux prendre en
compte les comportements des écoulements au voisinage du puits dans une simulation
du champ.
[0009] Mais les simulations simultanées des écoulements dans le réservoir, qui nécessitent
un très grand nombre de mailles, et dans les régions proches du puits avec de petites
mailles, qui nécessitent des petits pas de temps pour assurer la stabilité du calcul,
posent des problèmes numériques, en particulier, le problème du temps de calcul (temps
CPU).
[0010] Ainsi, ont été mises au point des techniques de décomposition de domaine, décrites
par exemple dans
GAIFFE, S. "Maillages Hybrides et Décomposition de Domaine pour la Modélisation des
Réservoirs Pétroliers", Thèse de Doctorat, Université Paris 6, 2000, et des techniques de fenêtrage ("
windowing"), décrites par exemple dans le document suivant :
MLACNIK, M.J. and HEINEMANN, Z.E. "Using well windows in full field reservoir simulation",
paper SPE 66371 presented at the SPE Reservoir Simulation Symposium, Houston, TX,
U.S.A., February 2001.
[0011] Mais, certains points délicats comme la convergence, la stabilité ou le temps de
calcul posent des problèmes lors d'applications industrielles. De plus, la méthode
de décomposition de domaine n'est pas toujours "conservative" (détérioration du bilan
de masse dans le modèle en fonction du temps), ce qui ne convient pas à une utilisation
pratique de la méthode. Par ailleurs, toutes ces techniques demandent de reformuler
les équations mathématiques et les conditions aux limites développées dans les simulateurs
d'écoulement, et de nouveaux développements sont nécessaires pour intégrer les solutions
proches et éloignées du puits dans un seul modèle, dont la réalisation est un travail
long et difficile.
La méthode selon l'invention
[0012] Un objet de l'invention concerne une méthode mise en oeuvre par ordinateur pour modéliser
des écoulements de fluides au sein d'un milieu poreux traversé par au moins un puits.
La méthode comporte l'utilisation d'un premier simulateur d'écoulement permettant
de simuler l'écoulement des fluides au sein du milieu poreux à partir d'indices de
productivité numériques reliant des pressions de fluides à des débits de fluides,
et l'utilisation d'un second simulateur d'écoulement pour simuler l'écoulement des
fluides aux abords du puits à partir de conditions aux limites. La méthode comporte
les étapes suivantes :
a- on simule les écoulements de fluides au sein du milieu au moyen du premier simulateur
sur un intervalle de temps défini entre des temps T0 et T1, et on en déduit des conditions aux limites mises à jour pour le second simulateur
;
b- on simule les écoulements de fluides aux abords du puits au moyen du second simulateur
sur le même intervalle de temps, en utilisant les conditions aux limites mises à jour,
et on en déduit des indices de productivité numériques mis à jour pour le premier
simulateur ; et
c- on modélise les écoulements de fluides au sein du milieu poreux pendant une période
de temps entre T0 et Tn, où Tn>T1, en réitérant les étapes a et b, pour des intervalles de temps successifs compris
entre T0 et Tn.
[0013] Selon l'invention, chaque intervalle de temps successif peut avoir une longueur qui
est fonction d'un pas de temps de calcul du premier simulateur d'écoulement et d'un
pas de temps du second simulateur d'écoulement. Par exemple, chaque intervalle de
temps successifs peut avoir une longueur égale à un pas de temps du premier simulateur
d'écoulement.
[0014] On peut déduire les conditions aux limites par une interpolation linéaire des résultats
du premier simulateur entre les temps de début et de fin des intervalles de temps
successifs. Quant aux indices de productivité numériques, on peut les déduire en comparant
des débits calculés par le premier simulateur et des débits calculés par le second
simulateur.
[0015] Selon un mode de réalisation, on simule les écoulements de fluides au sein du milieu
au moyen du premier simulateur sur un premier maillage discrétisant le milieu poreux
en un ensemble de mailles, et on simule les écoulements de fluides aux abords du puits
au moyen du second simulateur sur un second maillage discrétisant le puits et ses
abords en un ensemble de mailles. Ce second maillage est généré en contraignant des
mailles situées sur le bord du second maillage, de façon à ce que leurs interfaces
coïncident avec les interfaces des mailles du premier maillage.
[0016] Dans le cas où l'on modélise des écoulements multiphasiques, on met à jour des multiplicateurs
d'indices de productivité numériques, au lieu des indices de productivité numériques
eux-mêmes, pour chaque phase, en comparant des débits par phase calculés par le premier
simulateur et des débits par phase calculés par le second simulateur.
[0017] L'invention concerne également une méthode pour exploiter un réservoir poreux souterrain
au moyen d'au moins un puits le traversant, au moins un fluide circulant entre le
réservoir et le puits. Selon cette méthode, on acquiert des données relatives à la
géométrie du réservoir poreux, à partir desquelles on construit une discrétisation
du réservoir en un ensemble de mailles, appelé maillage de réservoir, et on construit
une discrétisation du puits et de ses abords en un ensemble de mailles, appelé maillage
d'abord de puits. Cette méthode comporte également les étapes suivantes :
- a- on choisit un scénario d'exploitation du réservoir poreux ;
- b- on associe au maillage de réservoir un premier simulateur d'écoulement permettant
de simuler l'écoulement des fluides au sein du réservoir, à partir d'au moins les
données suivantes : le scénario de production, des données d'entrées relatives au
fluide et au réservoir, des indices de productivité numériques permettant de relier
des pressions à des débits, des conditions aux limites ;
- c- on associe au maillage d'abord de puits un second simulateur d'écoulement pour
simuler l'écoulement des fluides aux abords du puits, à partir d'au moins les données
suivantes : des données d'entrées relatives au fluide et au réservoir, des conditions
aux limites ;
- d- on modélise les écoulements de fluides au sein du milieu poreux et aux abords du
puits, au moyen de la méthode selon l'une des revendications 1 à 7 ; et
- e- on modifie le scénario d'exploitation et l'on répète l'étape d, jusqu'à obtenir
un scénario d'exploitation optimal.
[0018] Selon cette méthode d'exploitation, on peut tenir compte d'un endommagement du puits
par un fluide de forage en modélisant une invasion du réservoir poreux par le fluide
de forage aux étapes d et e.
[0019] Le scénario d'exploitation peut comporter une injection d'une solution de polymère
par le puits, et l'on peut alors modéliser les écoulements pour prévenir une venue
d'eau. Le scénario d'exploitation peut également comporter une injection d'une solution
acide dans le puits, et l'on peut alors modéliser les écoulements pour évaluer l'impact
d'une stimulation acide.
[0020] D'autres caractéristiques et avantages de la méthode selon l'invention, apparaîtront
à la lecture de la description ci-après d'exemples non limitatifs de réalisations,
en se référant aux figures annexées et décrites ci-après.
Présentation sommaire des figures
[0021]
- La figure 1 illustre les principales étapes de la méthode selon l'invention.
- La figure 2 montre le schéma de couplage entre le modèle de réservoir et le modèle
abord de puits. L'axe T correspond au temps.
- La figure 3 montre le maillage grossier utilisé pour la simulation du champ dans un
modèle de réservoir.
- La figure 4 montre le maillage fin utilisé pour simuler les phénomènes détaillés des
écoulements autour de puits dans un modèle abord de puits.
- La figure 5 montre les deux maillages utilisés dans le couplage. La figure de gauche
représente le maillage de réservoir pour la simulation de champ, et la figure de droite
représente le maillage au voisinage de puits dans le modèle abord de puits. Les mailles
aux bords (en gris) dans le modèle abord de puits coïncident avec les mailles de même
couleur dans le maillage de réservoir.
- La figure 6 montre le maillage grossier pour la simulation du champ dans le cas de
l'endommagement par le fluide de forage. Γx- et Γx+ correspondent à deux frontières de ce maillage dans la direction x, et Γy- et Γy+ correspondent à deux frontières de ce maillage dans la direction y.
- La figure 7 montre le maillage localement raffiné autour du puits pour simuler la
solution de référence dans le cas de l'endommagement par fluide de forage.
- Les figures 8A et 8B montrent les maillages de couplage pour simuler l'endommagement
par le fluide de forage. Le maillage de gauche (figure 8A) correspond au maillage
pour la simulation de champ, et le maillage de droite (figure 8B) correspond au maillage
dans le modèle abord de puits.
- La figure 9 montre les perméabilités relatives pendant le forage et la production.
L'axe X est la saturation sans unité. L'axe Y est la perméabilité relative. Il n'y
a pas d'unité. La courbe "krw drilling" est la courbe de perméabilité relative de
l'eau pendant le forage. La courbe "kro drilling" est la courbe de perméabilité relative
de l'huile pendant le forage. Les courbes "krw production" et "kro production" sont
des courbes de perméabilité relative de l'eau et de l'huile respectivement, pendant
la production.
- Les figures 10A et 10B comparent le volume d'invasion du fluide de forage simulé par
la méthode de couplage avec celui de la solution de référence. La figure 10A montre
le débit d'invasion pendant le forage. L'axe X est le temps exprimé en jour. L'axe Y est le débit exprimé en m3/jour. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation avec la méthode de couplage. La figure 10B montre le volume d'invasion
en fonction du temps. L'axe X est le temps en jour. L'axe Y est le débit en m3/j. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation avec la méthode de couplage.
- La figure 11 compare les débits de production d'huile. L'axe X est le temps en jour.
L'axe Y est le débit en m3/j. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation avec la méthode de couplage. La courbe S est la simulation sans
l'endommagement du puits. La courbe CK est la simulation avec l'endommagement uniquement par les boues de forage (« cakes
»).
- La figure 12 montre les perméabilités dans la couche 3 sur le maillage grossier du
modèle de réservoir dans l'application à la prévention de venue d'eau. Il y a un injecteur
et un producteur.
- La figure 13 montre le maillage raffiné autour du producteur pour simuler la solution
de référence.
- Les figures 14A et 14B montrent les maillages du couplage. La figure 14A est le maillage
du modèle de réservoir, et la figure 14B est le maillage du modèle abord de puits.
- La figure 15 montre le débit d'injection de polymère dans le puits traité. L'axe X est le temps en jour. L'axe Y est le débit en m3/j. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation du modèle de réservoir avec la méthode de couplage. La courbe S
est la simulation directe avec le modèle de réservoir sans couplage. La courbe NW est la simulation du modèle abord de puits avec couplage.
- Les figures 16A à 16E montrent le débit d'injection de polymère dans les couches.
La figure 16A montre le débit d'injection de polymère dans la couche 1. La figure
16B montre le débit d'injection de polymère dans la couche 2. La figure 16C montre
le débit d'injection de polymère dans la couche 3. La figure 16D montre le débit d'injection
de polymère dans la couche 4. La figure 16E montre le débit d'injection de polymère
dans la couche 5. L'axe X est le temps en jour. L'axe Y est le débit en m3/j. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation du modèle de réservoir avec la méthode de couplage. La courbe S est la simulation directe avec le modèle de réservoir sans le couplage. La courbe
NW est la simulation du modèle abord de puits avec (évidemment) le couplage.
- La figure 17 montre le débit d'huile du producteur. L'axe X est le temps en jour. L'axe Y est le débit d'huile en m3/j. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation du modèle de réservoir avec la méthode de couplage. La courbe S est la simulation directe avec le modèle de réservoir sans le couplage.
- La figure 18 montre le débit d'eau du producteur. L'axe X est le temps en jour. L'axe Y est le débit d'eau en m3/j. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation du modèle de réservoir avec la méthode de couplage. La courbe S
est la simulation directe avec le modèle de réservoir sans le couplage.
- La figure 19 montre la courbe de water-cut du producteur. L'axe X est le temps exprimé en jour. L'axe Y est le water-cut, sans unité. La courbe R est la solution de référence. La courbe CM est la simulation du modèle de réservoir avec la méthode de couplage. La courbe S
est la simulation directe avec le modèle de réservoir sans le couplage.
- Les figures 20A à 20D montrent une carte de saturation en eau à 1100 jours. La figure
20A correspond à la solution de référence dans le champ. La figure 20B correspond
à la carte obtenue avec le modèle de réservoir en maillage grossier avec couplage.
La figure 20C montre la solution de référence au voisinage du puits. La figure 20D
montre la saturation en eau au voisinage de puits simulée avec le modèle abord de
puits.
- Les figures 21A à 21D montrent une carte de pression à 1100 jours. La figure 21A montre
la solution de référence dans le champ. La figure 21B montre la solution obtenue avec
le modèle de réservoir en maillage grossier avec couplage. La figure 21C montre la
solution de référence au voisinage du puits. La figure 21D montre la solution avec
le modèle abord de puits.
Description détaillée de la méthode
[0022] L'invention concerne une méthode pour exploiter un milieu poreux souterrain, en injectant
un fluide dans le milieu via au moins un puits, et/ou en produisant un fluide présent
dans le milieu au moyen d'au moins un puits également. La méthode comporte une modélisation
des écoulements de fluides dans le système constitué par le milieu poreux (réservoir
et abords des puits) et le puits. Il s'agit donc, en particulier, de modéliser l'injectivité
ou la productivité de puits traversant un milieu poreux.
[0023] La figure 1 illustre les principales étapes de la méthode :
- 1. Choix d'un scénario d'exploitation du milieu poreux, scénario de production et/ou
scénario d'injection (SCE) ;
- 2. Choix d'un simulateur d'écoulement (RSIM) compatible avec un maillage de réservoir donné, et choix d'un simulateur d'écoulement
(NWSIM) compatible avec un maillage d'abord de puits donné ;
- 3. Au moyen d'un couplage entre les deux simulateurs (EST_CAL, et figure 2), estimation des écoulements de fluides, c'est-à-dire, par exemple,
du volume injecté ou du volume produit, sur un intervalle de temps donné, et
- 4. Détermination du scénario d'exploitation optimal par modification du scénario d'exploitation
et répétition de l'étape 3 (OPT).
1. Choix d'un scénario d'exploitation du milieu poreux
[0024] Il peut s'agir d'un scénario de production des hydrocarbures contenus dans le milieu
poreux (réservoir), ou d'un scénario d'injection de gaz acide, tel que le CO2, dans
un réservoir souterrain en vue du stockage du gaz acide. Un scénario se caractérise
par la position des puits, la méthode de récupération ou d'injection, les débits et
durée d'injection et/ou de production, les conditions opératoires dans ces puits telles
que le débit ou la pression de fond.
[0025] Dans le cadre de la production, l'ingénieur réservoir choisit un procédé de production,
par exemple le procédé de récupération par injection d'eau, dont il demeure ensuite
à préciser le scénario optimal de mise en oeuvre pour le réservoir considéré. La définition
d'un scénario optimal consiste, par exemple, à fixer le nombre et l'implantation (position
et espacement) des puits injecteurs et producteurs afin de tenir compte au mieux de
l'impact d'hétérogénéités au sein du réservoir, par exemple chenaux de perméabilité,
fractures, etc., sur la progression des fluides au sein du réservoir. En fonction
du scénario choisi, et de la représentation géométrique du réservoir, on est alors
capable de simuler la production d'hydrocarbures escomptée, au moyen de l'outil bien
connu des spécialistes : le simulateur d'écoulement.
[0026] Le choix d'un scénario, par la définition de multiples caractéristiques techniques,
est une étape bien connue des spécialistes.
2. Choix des simulateurs d'écoulement
[0027] Pour choisir un simulateur d'écoulement, il est nécessaire de connaître le type de
maillage sur lequel le simulateur doit fonctionner.
Construction des maillages de réservoir (RM) et d'abord de puits (NWM)
[0028] Le « maillage de réservoir » est constitué d'un ensemble de mailles discrétisant
spatialement le réservoir (milieu poreux + puits). Un exemple de maillage de réservoir
est illustré sur la figure 3, ce maillage est grossier. Certaines mailles correspondent
à la partie « milieu poreux », d'autres, correspondent à la partie où le puits est
foré. On parle pour ces dernières de mailles de puits du maillage de réservoir.
[0029] Le « maillage d'abords de puits » est constitué d'un ensemble de mailles discrétisant
spatialement le puits et ses abords. Un exemple de maillage d'abord de puits est illustré
sur la figure 4, ce maillage est fin pour simuler les phénomènes détaillés autour
du puits. Ses abords appartiennent donc au milieu poreux dans lequel le puits est
foré. Certaines mailles correspondent à la partie « milieu poreux », d'autres, correspondent
à la partie « puits ». On parle pour ces dernières de mailles de puits du maillage
d'abords de puits.
[0030] La génération de ces maillages, que ce soit le maillage de réservoir ou le maillage
d'abord de puits, est une étape bien connue du spécialiste, qui connaît de nombreuses
méthodes pour les construire. Par exemple, des techniques de construction d'un maillage
d'abord de puits sont décrites dans les documents suivants :
Boe, O., Flynn, J. et Reiso, E., "On Near Wellbore Modeling and Real Time Reservoir
Management", SPE 66369, Houston, Texas, USA, 11-14 Feb. 2001.
[0031] On connaît également des méthodes pour construire des maillages de réservoir, à partir
de données relatives à la géométrie du milieu (sismiques, diagraphies...), décrites
par exemple dans les documents suivants :
Flandrin, N., Bennis, C. et Borouchaki, H., "3D Hybrid Mesh Generation for Reservoir
Simulation", ECMOR, Canne, France, 30 August - 2 September, 2004.
Définition des modèles de réservoir et d'abords de puits
[0032] Pour définir un modèle de réservoir, il est nécessaire d'associer un simulateur d'écoulement
au maillage de réservoir. De même, pour définir un modèle d'abord de puits, il est
nécessaire d'associer un simulateur d'écoulement au maillage d'abord de puits.
[0033] Comme il est connu de l'homme de l'art, pour fonctionner, un simulateur d'écoulement
a besoin de certaines données, dites données d'entrée :
- caractéristiques géométriques du réservoir, caractéristiques de la roche, caractéristiques
des fluides en place et des fluides injectés (masse volumique, viscosité), courbes
de perméabilités relatives, courbes de pression capillaire, saturations initiales
en fluides,...
- conditions aux limites du domaine simulé et aux puits où sont injectés ou produits
des fluides. Les conditions aux limites, sont les valeurs de données dynamiques, telles
que la pression, le débit ou le flux, les saturations en fluides, sur les bords du
maillage ou dans les mailles qui forment les bords du maillage de réservoir ou d'abord
de puits. Un exemple de conditions aux limites peut être : un flux nul sur tous les
bords du maillage, ou des saturations et pressions imposées sur les mailles aux bords
du maillage.
- éventuellement des Indices de Productivité numériques (IP). La connexion entre la
pression dans les mailles traversées par un puits et les pressions dans le puits lui-même
est réalisée à l'aide d'un Indice de Productivité numérique (IP). L'IP numérique peut
être calculé par une formule analytique dans le code ou donné par l'utilisateur du
logiciel (le simulateur). En général, le simulateur calcule un IP numérique par une
formule analytique au début de simulation. Mais, si l'utilisateur donne un IP numérique
dans le jeu de donnée d'entrée, c'est l'IP numérique de l'utilisateur qui est prise
en compte dans la simulation.
[0034] Selon l'invention, il est possible d'utiliser tout type de simulateur d'écoulement,
que ce soit pour le modèle de réservoir, ou le modèle d'abord de puits. En effet,
un objet de l'invention concerne une méthode de couplage, qui permet de coupler de
manière très simple un modèle de réservoir, pour la simulation du réservoir, et un
modèle d'abord de puits, qui est un modèle autonome pour simuler les phénomènes détaillés
autour du puits.
[0035] Concernant le simulateur du modèle de réservoir, il peut s'agir du logiciel Puma
Flow® (IFP, France) par exemple.
3. Estimation du volume de fluide déplacé sur un intervalle de temps donné
[0037] Il s'agit ici de modéliser l'injectivité ou la productivité d'un puits traversant
le milieu poreux, et permettant l'exploitation de ce milieu. Cette modélisation se
fait sur un intervalle de temps donné,
D=[
T0;
Tn]. Par exemple, on modélise le comportement du système milieu+puits sur 20 ans, en
considérant le scénario d'exploitation préalablement choisi.
[0038] La technique utilisée ici, consiste à réaliser un couplage entre les deux simulateurs
d'écoulement.
[0039] Un maillage grossier est souvent utilisé pour le modèle de réservoir, et un maillage
fin est habituellement nécessaire pour simuler les phénomènes détaillés autour du
puits. La figure 5 montre les deux maillages utilisés dans le couplage. La figure
de gauche représente le maillage de réservoir pour la simulation de champ, et la figure
de droite représente le maillage au voisinage de puits dans le modèle abord de puits.
Les mailles aux bords (en gris) dans le modèle abord de puits coïncident avec les
mailles de même couleur dans le maillage de réservoir. La croix indique l'emplacement
du puits.
[0040] Les pas de temps utilisés dans le modèle abord de puits sont généralement beaucoup
plus petits que ceux du modèle de réservoir. Le modèle de réservoir est principalement
utilisé pour simuler les écoulements dans le réservoir pris dans son intégralité.
[0041] Le temps
T0 est le temps auquel commence le couplage. L'algorithme de couplage dans un cadre
général comporte les étapes suivantes, illustrées sur la figure 2:
3a. On initialise les modèles.
- on initialise le modèle de réservoir (RINIT) en affectant aux mailles du maillage de réservoir des valeurs de porosité, perméabilité,
pression et saturations en fluide. L'initialisation comporte également la définition
de conditions aux limites du modèle de réservoir. Ces conditions peuvent être définies
par un flux nul (pas d'échange vers l'extérieur du domaine) ou par un flux ou une
pression imposé sur les bords extérieurs des mailles de bord du maillage du modèle
de réservoir (échange avec l'extérieur). Les conditions opératoires dans ces puits,
telles que le débit ou la pression de fond, sont imposées sous forme d'un historique
d'injection pour les injecteurs, et d'un historique de production dans les producteurs.
- on initialise le modèle d'abord de puits (NWINIT) en affectant aux mailles du maillage d'abord de puits des valeurs de porosité, perméabilité,
pression et saturations en fluide. Cette affectation est réalisée en utilisant des
techniques de mise à l'échelle des résultats du modèle de réservoir. Ces techniques
étant connues des spécialistes. L'initialisation comporte également la définition
de conditions aux limites du modèle d'abord de puits. Ces conditions peuvent également
être définies au moyen des résultats du modèle de réservoir.
3b. On définit au moins un pas de temps, noté ΔT, pour échanger des données dynamiques entre le modèle de réservoir et le modèle d'abord
de puits, pendant la modélisation sur l'intervalle de temps D.
Ce pas de temps ΔT peut être choisi en fonction du pas de temps ΔTR du simulateur d'écoulement du modèle de réservoir, et le pas de temps ΔTNW du simulateur d'écoulement du modèle d'abord de puits (ΔTR >ΔTNW).
Théoriquement, ΔT doit être le plus petit possible pour assurer la convergence des solutions dans les
deux modèles. Mais généralement l'utilisation du pas de temps utilisé pour la simulation
du modèle de réservoir est suffisante. Mais, du point de vue pratique, on a parfois
besoin de réaliser une simulation d'abord de puits de façon autonome plus longtemps.
Ceci se traduit par une réduction de la fréquence de couplage. C'est pourquoi, selon
la méthode, le pas de temps ΔT pour les échanges de données entre le modèle de réservoir et le modèle d'abord de
puits est un paramètre ajustable.
Selon un mode de réalisation, le pas de temps ΔT peut varier sur l'intervalle de temps D. On peut par exemple utiliser un premier pas de temps entre T0 et Ti, et un second pas de temps entre Ti et Tn. Un exemple d'une telle application est illustré ci-après. Sur la figure 2, on note
RSIM(T1) une simulation du simulateur de réservoir effectuée entre T0 et T1, et NWSIM(T1) une simulation du simulateur d'abord de puits effectuée entre T0 et T1.
3c. On réalise une simulation d'écoulements avec le modèle de réservoir entre le temps
T0 et le temps T1 = T0 + ΔT.
Les résultats de cette simulation sont :
- la pression et les saturations en fluides à la fin du pas de temps dans chaque maille
du maillage de réservoir, en particulier dans les mailles qui sont communes avec les
mailles du maillage d'abord de puits et qui vont servir de conditions aux limites
du modèle d'abord de puits ;
- les débits en fluide (eau, huile, gaz) et les pressions dans les puits d'injection
et de production.
3d. On met à jour les conditions aux limites (MAJCL) du modèle d'abord de puits en utilisant les résultats de la simulation d'écoulements
réalisée avec le modèle de réservoir entre T0 et T1 (étape 3c).
Les conditions aux limites, sont les valeurs de données dynamiques, telles que la
pression ou le flux, les saturations, dans les mailles qui forment les limites du
maillage de réservoir ou d'abord de puits. Selon un exemple, les conditions aux limites
sont définies par un flux nul sur tous les bords du maillage des abords de puits,
et une porosité très grande (1000000, par exemple) dans toutes ces mailles.
Ainsi, au cours de cette étape, on utilise les résultats du simulateur d'écoulement
du modèle de réservoir, pour déterminer des valeurs que l'on impose comme conditions
aux limites pour le simulateur d'écoulement du modèle d'abord de puits au temps T0.
Les conditions aux limites peuvent être calculées à chaque pas de temps du modèle
d'abord de puits en interpolant linéairement les résultats de simulation du modèle
de réservoir entre T0 et T1.
3e. On réalise une simulation d'écoulements au voisinage du puits avec le modèle d'abords
de puits entre le temps T0 et le temps T1, avec les conditions aux limites mises à jour à l'étape 3d.
Les résultats de cette simulation sont, au moins :
- la pression et les saturations en fluides à la fin du pas de temps dans chaque maille
du modèle d'abords de puits;
- les débits en fluide (eau, huile, gaz) et les pressions dans le puits d'injection
ou de production selon du type de puits modélisé dans le modèle d'abords de puits.
Ces résultats permettent de déterminer un Indice de Productivité numérique (IP).
3f. La connexion entre la pression dans les mailles traversées par un puits et les
pressions dans le puits lui-même est réalisée à l'aide d'un Indice de Productivité
numérique (IP). Les formules de Peaceman sont en général utilisées pour calculer cet indice. On
met alors à jours les indices de productivité numériques (MAJIP) du modèle de réservoir, en utilisant les résultats de la simulation d'écoulements
réalisée avec le modèle d'abord de puits entre T0 et T1. En fait, si à la fin de la simulation, au temps T1, les résultats simulés au puits avec le modèle d'abord de puits et avec le modèle
de réservoir ne sont pas les mêmes, les indices de productivité numériques dans le
modèle de réservoir sont modifiés pour ajuster les résultats de la simulation du modèle
de réservoir à ceux du modèle d'abord de puits.
3g. On répète les étapes 3c (éventuellement 3b) à 3f, avec un nouvel intervalle de
temps (de T1 à T2, puis de T2 à T3, ..., puis de Tn-1 à Tn)
[0042] L'indice de productivité numérique est noté
IP. Il est généralement utilisé dans les modèles d'écoulements pour relier les pressions
au débit dans une maille de puits du maillage de réservoir ou d'abords de puits.

avec :
- i :
- numéro de maille de puits dans le maillage (de réservoir ou d'abord de puits)
- p :
- phase du fluide. Les phases p peuvent être l'eau, l'huile ou le gaz
- Qp,i :
- débit de la phase p dans la maille de puits i du maillage (de réservoir ou d'abord de puits)
- λp,i :
- mobilité de la phase p dans la maille de puits i du maillage (de réservoir ou d'abord de puits); λp,i dépend essentiellement de la perméabilité relative et de la viscosité de la phase
p
- IP¡ :
- indice de productivité numériques dans la maille de puits i du maillage (de réservoir ou d'abord de puits)
- Pp,i :
- pression de la phase p dans la maille de puits i du maillage (de réservoir ou d'abord de puits)
- Pwf,i :
- pression dans le puits, au fond, au niveau du réservoir dans la maille de puits i du maillage (de réservoir ou d'abord de puits)
[0043] L'indice de productivité numérique
IP prend en compte : l'effet géométrique de la maille de puits
i du maillage, la perméabilité du milieu poreux dans la maille du puits et un coefficient
de skin. Un coefficient de skin est un coefficient, bien connu de l'homme de l'art,
utilisé pour représenter l'endommagement d'un puits dans une maille.
[0044] La mise à jour d'un indice de productivité numérique
IP au temps
T1, peut être faite par comparaison des débits simulés avec le modèle abord de puits
et le modèle de réservoir par la formule suivante :

avec :
- i :
- numéro de maille de puits dans le maillage de réservoir
- j :
- numéro de maille de puits dans le maillage d'abord de puits
- Wi :
- ensemble des mailles de puits du maillage d'abord de puits correspondant à un raffinement
de la maille de puits i du maillage de réservoir
- p :
- phase du fluide. Les phases p peuvent être l'eau (w), l'huile (o) ou le gaz (g)
- IPr,i :
- indice de productivité numériques dans la maille de puits i du maillage de réservoir, et utilisé dans le modèle de réservoir
- Pnw,p,j :
- pression de la phase p dans la maille de puits j du maillage d'abord de puits, calculée avec le modèle abord de puits
- Pr,p,i :
- pression de la phase p dans la maille de puits i du maillage de réservoir, calculée avec le modèle de réservoir
- Pwf,j :
- pression dans le puits au niveau du réservoir dans la maille de puits j du maillage d'abord de puits
- IPnw,j :
- indice de productivité numériques dans la maille de puits j du maillage d'abord de puits, et utilisé dans le modèle d'abord de puits
[0045] Les variables
IPi,
Pnw,p,j,
Pr,p,i et
Pwf,j sont fonction du temps
T.
[0046] Pour un problème de pression
Pwf imposée au puits, et dans le cas monophasique (on peut supprimer l'indice
p), la formule ci-dessus est équivalente à l'expression suivante :

avec :
- Qnw,i :
- débit du fluide (unique phase) calculé avec le modèle d'abord de puits dans la section
correspondant à la partie du puits dans la maille de puits i du maillage de réservoir
- Qr,i :
- débit du fluide (unique phase) calculé avec le modèle de réservoir dans la même section,
correspondant à la partie du puits dans la maille de puits i du maillage de réservoir
IPr,i(
T1) et
IPr,i(
T0) sont les indices de productivité numérique aux temps
T1 et
T0 respectivement, c'est-à-dire, avant et après la mise à jour.
[0047] Cette formule montre clairement que la mise à jour de l'indice de productivité numérique
correspond à la correction du débit de fluide du modèle de réservoir par rapport au
débit de fluide du modèle abord de puits : si les deux modèles donnent le même résultat
en terme de débit, alors

et donc
IPr,i(
T1) =
IPr,i(
T0)
.
4. Détermination du scénario d'exploitation optimal
[0048] En testant divers scénarios, caractérisés par exemple par diverses implantations
respectives des puits injecteurs et producteurs, et en simulant la production d'hydrocarbures
pour chacun d'eux selon l'étape 3, on peut sélectionner le scénario optimal. Le scénario
optimal est le scénario permettant d'obtenir une production optimale du gisement dans
la cadre de la production d'un réservoir, ou le scénario permettant d'obtenir l'injectivité
optimale dans le gisement dans le cadre d'injection de fluide dans le réservoir (injection
d'eau pour une production améliorée, ou injection de gaz acides).
[0049] Pour tester divers scénarios d'exploitation, on modifie (Δ
SCE) le scénario sélectionné à l'étape 1, par exemple en modifiant l'emplacement d'un
puits.
[0050] On optimise alors l'exploitation du gisement, en mettant en oeuvre, sur le champ,
le scénario de production ainsi sélectionné.
[0051] Selon l'invention, il est tout fait possible de coupler un modèle de réservoir avec
plusieurs modèles d'abord de puits.
Variantes
[0052] Selon un mode de réalisation particulier de l'invention, l'étape 2, au cours de laquelle
on construit les maillages, est modifiée.
[0053] La simulation, réalisée au moyen du modèle de réservoir dans l'étape 3c, fournit
des propriétés dynamiques des fluides comme la pression ou les saturations dans la
période allant de
T0 à
T1 sur toutes les mailles grossières. Cependant, la détermination des conditions aux
limites dans l'étape 3b nécessite l'interpolation de la pression ou du flux sur les
bords du modèle abord de puits. Pour réduire les erreurs dans l'interpolation, nous
pouvons contraindre, lors de la génération de maillage, les mailles de bord du modèle
abord de puits pour qu'elles coïncident avec les interfaces des mailles du modèle
de réservoir. De plus, les mailles de bord dans le modèle abord de puits sont aussi
contraintes afin qu'elles coïncident avec des mailles du modèle de réservoir (figure
3). De cette façon, le transfert des données dynamiques du modèle de réservoir vers
le modèle abord de puits est direct sur ces mailles. Dans le modèle abord de puits
lui-même, les conditions aux limites sont de flux nul. Afin de maintenir les propriétés
dynamiques aux bords du modèle, des porosités de très grande valeur (1000000, par
exemple) sont affectées aux mailles de bord. Ce type de conditions aux limites est
consistant avec la plupart des modèles d'écoulement, et son implémentation est facile.
[0054] Pour certains problèmes, les changements d'écoulement autour du puits sont liés aux
écoulements multiphasiques. Dans ce cas-là, nous pouvons aussi faire la mise à jour
des indices de productivité numérique par phase. Pour cela, on reformule la relation
de pression/débit, en introduisant un coefficient, appelé multiplicateur de l'indice
de productivité :

[0055] Mp,i est le multiplicateur de l'indice de productivité pour la phase
p dans la maille de puits
i.
[0056] Si les physiques autour du puits sont liées aux écoulements multiphasiques, on peut
faire la mise à jour du multiplicateur de l'IP au lieu de l'IP lui-même, au moyen
de la formule suivante :

avec :
- Qr,p,i(T1) :
- débit de la phase p calculé par le modèle de réservoir dans la maille de puits i du maillage de réservoir au temps T1
- Qnw,p,i (T1) :
- débit de la phase p calculé par le modèle d'abord de puits dans le même secteur du puits (voir l'ensemble
Wi) au temps T1
- Mp,i(T0) :
- multiplicateur d'indice de productivité numérique pour la phase p dans le modèle de réservoir aux temps T0 (avant mise à jour du modèle)
- Mp,i(T1) :
- multiplicateur d'indice de productivité numérique pour la phase p dans le modèle de réservoir aux temps T1 (après mise à jour du modèle)
Exemples d'application
[0057] La méthode de couplage selon l'invention peut être utilisée pour modéliser différents
phénomènes détaillés autour du puits, comme par exemple, l'endommagement par fluide
de forage ou de complétion, la stimulation acide, l'écoulement non-Darcéen autour
du puits, le problème de gaz à condensat, le dépôt d'asphaltène, l'endommagement par
l'injection de CO
2, la prévention de venue d'eau ou de gaz, la venue de sable, les dépôts minéraux,
l'impact des complétions, etc. Ici, nous présentons en particulier un exemple d'application
pour l'endommagement de la formation pétrolifère par le fluide de forage lors du forage
du puits, et un exemple d'application pour la prévention de venue d'eau lorsqu'un
puits en production produit une quantité importante d'eau, et que l'on cherche à réduire
cette production d'eau.
[0058] Pour simplifier encore la méthode de couplage, nous faisons la mise à jour des données
en utilisant les valeurs au temps
Tn, au lieu de l'interpolation linéaire en temps entre
Tn et
Tn+1, pour la simulation du modèle abord de puits dans la période allant de
Tn à
Tn+1. Ce choix est intéressant, car il permet de faire des simulations en parallèle sur
différentes machines pour le modèle de réservoir et le modèle abord de puits.
1 - Application à l'endommagement de la formation pétrolifère par le fluide de forage
[0060] Un réservoir de taille 1000m x 1000m x 10m est considéré. Un maillage cartésien avec
20 mailles dans la direction x, 20 mailles dans la direction
y et 1 maille dans la direction z est utilisé pour la simulation du champ (figure 6).
Les tailles de mailles sont donc 50m x 50m x 10m. La pression initiale de réservoir
est de 200 bars. Un puits producteur doit être foré dans le block (15, 15, 1). Il
est représenté par un cercle noir sur la figure 6. L'endommagement de ce puits par
le fluide de forage est étudié avec la méthode selon l'invention.
[0061] Le réservoir est homogène de perméabilité 200 mD et de porosité 0.15. Les conditions
aux limites de ce réservoir sont des flux nuls, sauf sur le bord Γ
x- (figure 6), où la pression est constante (200 bars).
[0062] Pour obtenir la solution de référence, le maillage est raffiné autour du puits (figure
7). Un modèle spécifique, qui prend en compte la physique avancée de l'endommagement,
est utilisé sur ce maillage pour simuler la solution de référence. Comme l'endommagement
par le fluide de forage est généralement limité à quelques centimètres ou quelques
dizaines de centimètres autour de puits, nous avons besoin de très petites mailles
dans la zone raffinée (Tableau 1). Le diamètre du puits est de 21.6 cm. Pour que le
puits soit inclus dans une maille, la taille de la maille puits est de 22 cm. Les
autres mailles autour du puits sont beaucoup plus petites avec une taille de 2 cm.
Les maillages utilisés pour le couplage sont illustrés sur les figures 8A et 8B. Le
maillage du modèle abord de puits (figure 8B) correspond à la zone raffinée et aux
mailles autour dans le maillage de référence. Les mailles aux bords du modèle abord
de puits coïncident avec des mailles du modèle de réservoir.
Tableau 1-Tailles des mailles autour du puits
Taille de maille dans la direction x (m) |
Taille de maille dans la direction y (m) |
50 42.7 30 20 16 8 4 2 1 0.51 0.3 |
50 42.7 30 20 16 8 4 2 1 0.51 0.3 |
0.16 0.08 0.04 0.02 0.02 0.02 0.02 |
0.16 0.08 0.04 0.02 0.02 0.02 0.02 |
0.02 |
0.02 |
0.22 |
0.22 |
0.02 0.02 0.02 0.02 0.02 0.04 0.08 |
0.02 0.02 0.02 0.02 0.02 0.04 0.08 |
0.16 |
0.16 |
0.3 0.51 1 2 4 8 16 20 30 42.7 50 |
0.3 0.51 1 2 4 8 16 20 30 42.7 50 |
[0063] Il est supposé que le réservoir est épais, et que ce modèle correspond seulement
à la première couche du réservoir. Le temps de contact entre le fluide de forage et
le réservoir est de 2 jours. La pression au cours du forage au fond du puits est de
250 bars. La perméabilité et l'épaisseur du « cake » externe formé par la boue de
forage sont égales à 0.001 mD et 0.2 cm. L'épaisseur du « cake » interne est de 2
cm avec une perméabilité moyenne réduite à 20 mD durant la période de forage et de
40 mD dans la période de production. La viscosité du fluide de forage est de 30 cPo.
L'hystérésis de la perméabilité relative entre les périodes de forage et de mise en
production est présenté à la figure 9. Une saturation en eau irréductible de 30% liée
au filtrat (fluide de forage) qui va envahir la formation pendant la phase de forage
va rester bloquée dans le milieu poreux quand le puits va être remis en production.
[0064] Les volumes d'invasion de fluide de forage sont comparés à la figure 10 pour la simulation
avec la méthode de couplage et la solution de référence obtenue en utilisant le maillage
avec le raffinement local (figure 7). Les pas de temps pour la mise à jour des données
dans le couplage sont présentés dans le Tableau 2. La figure 10 montre que le volume
d'invasion de fluide est correctement simulé avec la méthode de couplage. Le petit
écart entre la solution de couplage et la solution de référence dans la période entre
0.1 et 0.3 jour peut être amélioré en utilisant des petits pas d'itération en temps
pour échanger les données dans le couplage.
Tableau 2-Pas de temps pour la mise à jour des données dans le couplage
Période (jour) |
Pas de temps (jour) |
0 - 0.01 |
0.001 |
0.01 - 0.1 |
0.01 |
0.1 - 3 |
0.1 |
3 -10 |
1 |
10 - 200 |
10 |
[0065] Après les 2 jours de forage, le puits est fermé pendant 1 jour pour la mise en place
de sa complétion, puis il est mis en production. Le couplage est effectué jusqu'au
10
ème jour. Au-delà de 10 jours, l'effet de l'endommagement autour de puits devient stable
et les IPs numériques dans le modèle de réservoir ne changent quasiment plus. Nous
n'avons plus besoin de couplage pour continuer la simulation du champ avec le modèle
de réservoir. La courbe de production d'huile simulée par le modèle de réservoir,
qui est couplé avec le modèle abord de puits pendant les 10 premiers jours, est présentée
à la figure 11. Cette courbe est très proche de la solution de référence.
[0066] Si l'endommagement n'est pas pris en compte ou si seulement la présence des « cakes
» est considérée dans la simulation, les résultats sont très imprécis avec des erreurs
de plus de 20% (figure 11). Prendre en compte des phénomènes autour de puits tel que
l'endommagement par le fluide de forage est important pour la gestion de réservoir,
et la méthode de couplage proposée convient parfaitement pour simuler ce type de problèmes.
2 - Application à la prévention de venue d'eau
[0067] Dans la procédure de prévention de venue d'eau, une solution de polymère est injectée
dans un puits producteur pour une courte durée dans le but de réduire la grande quantité
d'eau produite en même temps que l'huile. Une partie du polymère est absorbée sur
la roche, et une autre partie est dispersée dans l'eau. Le polymère injecté a pour
effet de réduire la mobilité de la phase eau par l'augmentation de sa viscosité et
par la diminution de la perméabilité relative de cette phase. Donc, dans la méthode
de couplage, l'approche la plus adaptée est de mettre à jour le multiplicateur d'IP
numérique pour la phase eau.
[0068] Un réservoir de 1000m x 1000m x 25m est considéré comme exemple. Un maillage cartésien
avec 20 mailles dans la direction x, 20 mailles dans la direction y et 5 mailles dans
la direction z est utilisé pour la simulation du champ. La taille des mailles est
de 50m x 50m x 5m. Le réservoir est hétérogène. La perméabilité est présentée à la
figure 12. Le rapport des perméabilités dans les directions verticale et horizontale
est de 0.1. La pression initiale du réservoir est de 200 bars.
[0069] Il y a un puits injecteur (
INJ) et un puits producteur (
PROD) comme montré à la figure 12. La pression au puits injecteur est imposée à 300 bars,
et la pression au puits producteur est contrainte à 150 bars pendant la production.
Après production pendant 1000 jours, le water-cut (débit d'eau rapporté au débit total)
du puits producteur atteint 85%. La procédure de prévention de venue d'eau est alors
appliquée pour réduire la quantité d'eau produite. Une solution de polymère avec une
concentration de 2500 ppm est injectée dans le producteur avec une pression de fond
de 300 bars pendant 2 jours. Ensuite, le puits est remis en production. Cette procédure
de prévention de venue d'eau est simulée avec la méthode selon l'invention.
[0070] Afin d'avoir une solution de référence, un raffinement local autour du puits producteur
est utilisé (figure 13). La taille des mailles autour du puits est de 0.617 m dans
la direction x. Le maillage pour le couplage est présenté à la figure 14. Des mailles
aux bords du modèle abord de puits coïncident avec des mailles dans le modèle de réservoir.
La physique du polymère peut être considérée dans les deux modèles (modèle abord de
puits et modèle de réservoir).
Tableau 3 - Pas de temps pendant le couplage
Période (jour) |
Pas de temps (jour) |
0 - 950 |
- |
950-970 |
2 |
970 - 1000 |
28 |
1000 - 1000.1 |
0.01 |
1000.1 - 1005 |
0.1 |
1005 - 1030 |
1 |
1030 - 1100 |
2 |
1100-3000 |
- |
[0071] Le couplage commence à 950 jours et se termine à 1100 jours, soit une période de
150 jours au total. Les pas de temps pour les échanges des données dans la méthode
de couplage sont présentés dans le Tableau 3. Dans les premiers 50 jours (de 950 à
1000 jours) de couplage, il n'y a pas de polymère injecté. Cette période est uniquement
utilisée pour assurer une bonne initialisation du modèle abord de puits. Les IPs numériques
globaux sont mis à jour au début du couplage (de 950 à 970 jours) pour prendre en
compte les effets des maillages entre le modèle de réservoir et le modèle abord de
puits. Pendant la période d'injection de polymère (entre 1000 et 1002 jours), les
IPs numériques globaux sont encore recalculés pour intégrer l'effet induit par le
polymère injecté (on pourrait aussi mettre à jour les multiplicateurs d'IP numérique
pour la phase eau). Mais, quand le puits est remis en production (à 1003 jours), les
multiplicateurs d'IP numérique pour la phase d'eau sont mis à jour.
[0072] La figure 15 compare les débits d'injection de polymère dans le puits pour les différentes
simulations: la solution de référence, la simulation sur le maillage de réservoir
avec couplage, la simulation directe sur le maillage de réservoir sans couplage et
la simulation avec le modèle abord de puits (avec couplage). Les figures 16A à 16E
montrent les mêmes comparaisons couche par couche. Pour la simulation directe avec
le maillage de réservoir sans couplage, le volume de polymère injecté est largement
surestimé. Quand la simulation du maillage grossier est couplée avec le modèle abord
de puits, les résultats sont significativement améliorés. Au début du couplage, le
débit d'injection est grand, mais il est rapidement corrigé par la mise à jour de
l'IP dû au couplage. Si l'on veut avoir plus de précision sur le débit d'injection
de polymère, il suffit de se référer aux résultats de simulation avec le modèle abord
de puits. Avec ce modèle, le volume injecté et la distribution du polymère autour
du puits sont tous les deux correctement simulés.
[0073] Les figures 17, 18 et 19 présentent les courbes de débits d'huile, d'eau et de water-cut
pour le modèle de réservoir avec couplage, le modèle de réservoir sans couplage et
la solution de référence. Les résultats du modèle de réservoir avec couplage sont
globalement satisfaisants. La figure 20 présente la carte de saturation d'eau à la
fin du couplage (1100 jours), et la figure 21 montre la carte de pression à 1100 jours.
Comparé aux solutions de référence, le couplage donne des résultats globalement satisfaisants.
1. Méthode mise en oeuvre par ordinateur pour modéliser des écoulements de fluides au
sein d'un milieu poreux traversé par au moins un puits, dans laquelle on utilise un
premier simulateur d'écoulement permettant de simuler l'écoulement des fluides au
sein du milieu poreux à partir d'indices de productivité numériques reliant des pressions
de fluides à des débits de fluides, et on utilise un second simulateur d'écoulement
pour simuler l'écoulement des fluides aux abords du puits à partir de conditions aux
limites,
caractérisé en ce que:
a- on simule les écoulements de fluides au sein du milieu au moyen du premier simulateur
sur un intervalle de temps défini entre des temps T0 et T1, et on en déduit des conditions aux limites mises à jour pour le second simulateur
;
b- on simule les écoulements de fluides aux abords du puits au moyen du second simulateur
sur le même intervalle de temps, en utilisant les conditions aux limites mises à jour,
et on en déduit des indices de productivité numériques mis à jour pour le premier
simulateur ; et
c- on modélise les écoulements de fluides au sein du milieu poreux pendant une période
de temps entre T0 et Tn, où Tn>T1, en réitérant les étapes a et b, pour des intervalles de temps successifs compris
entre T0 et Tn.
2. Méthode selon la revendication 1, dans laquelle chaque intervalle de temps successif
a une longueur qui est fonction d'un pas de temps de calcul du premier simulateur
d'écoulement et d'un pas de temps du second simulateur d'écoulement.
3. Méthode selon la revendication 1, dans laquelle chaque intervalle de temps successifs
a une longueur égale à un pas de temps du premier simulateur d'écoulement.
4. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle on déduit les conditions
aux limites par une interpolation linéaire des résultats du premier simulateur entre
les temps de début et de fin desdits intervalles de temps successifs.
5. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle on déduit les indices
de productivité numériques en comparant des débits calculés par le premier simulateur
et des débits calculés par le second simulateur.
6. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle on simule les écoulements
de fluides au sein du milieu au moyen du premier simulateur sur un premier maillage
discrétisant le milieu poreux en un ensemble de mailles, et on simule les écoulements
de fluides aux abords du puits au moyen du second simulateur sur un second maillage
discrétisant le puits et ses abords en un ensemble de mailles, ledit second maillage
étant généré en contraignant des mailles situées sur le bord dudit second maillage,
de façon à ce que leurs interfaces coïncident avec les interfaces des mailles dudit
premier maillage.
7. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle on modélise des
écoulements multiphasiques, et on met à jour des multiplicateurs d'indices de productivité
numériques, au lieu des indices de productivité numériques eux-mêmes, pour chaque
phase, en comparant des débits par phase calculés par le premier simulateur et des
débits par phase calculés par le second simulateur.
8. Méthode, selon l'une des revendications 1 à 7, pour exploiter un réservoir poreux
souterrain au moyen d'au moins un puits traversant la réservoir, au moins un fluide
circulant entre le réservoir et le puits, dans laquelle on acquiert des données relatives
à la géométrie dudit réservoir poreux, à partir desquelles on construit une discrétisation
du réservoir en un ensemble de mailles, appelé maillage de réservoir, et on construit
une discrétisation du puits et de ses abords en un ensemble de mailles, appelé maillage
d'abord de puits,
caractérisé en ce que l'on réalise les étapes suivantes :
a- on choisit un scénario d'exploitation du réservoir poreux ;
b- on associe au maillage de réservoir un premier simulateur d'écoulement permettant
de simuler l'écoulement des fluides au sein du réservoir, à partir d'au moins les
données suivantes : le scénario de production, des données d'entrées relatives au
fluide et au réservoir, des indices de productivité numériques permettant de relier
des pressions à des débits, des conditions aux limites ;
c- on associe au maillage d'abord de puits un second simulateur d'écoulement pour
simuler l'écoulement des fluides aux abords du puits, à partir d'au moins les données
suivantes : des données d'entrées relatives au fluide et au réservoir, des conditions
aux limites ;
d- on modélise les écoulements de fluides au sein du réservoir et aux abords du puits,
au moyen de la méthode selon l'une des revendications 1 à 7 ; et
e- on modifie le scénario d'exploitation et l'on répète l'étape d, jusqu'à obtenir
un scénario d'exploitation optimal.
9. Méthode selon la revendication 8, dans laquelle on tient compte d'un endommagement
du puits par un fluide de forage en modélisant une invasion du réservoir poreux par
ledit fluide de forage aux étapes d et e.
10. Méthode selon la revendication 8, dans laquelle le scénario d'exploitation comporte
une injection d'une solution de polymère par le puits, et l'on modélise les écoulements
pour prévenir une venue d'eau.
11. Méthode selon la revendication 8, dans laquelle le scénario d'exploitation comporte
une injection d'une solution acide dans le puits, et l'on modélise les écoulements
pour évaluer l'impact d'une stimulation acide.