[0001] La présente invention concerne le domaine des agents réducteurs de traînée, couramment
nommés "DRA" ou "Drag Reducer Agent", mis en oeuvre pour réduire les pertes de charge
d'un liquide en écoulement.
[0002] Les agents réducteurs de traînée sont largement utilisés par l'industrie pétrolière
pour améliorer les débits de production d'effluent pétrolier brut. En dissolution
dans un liquide, les agents réducteurs de traînée permettent de réduire les pertes
de charge d'un écoulement en régime turbulent.
[0003] Les agents réducteurs de traînée sont des polymères linéaires, de forte masse moléculaire
et présentant une bonne flexibilité. Bien qu'ayant fait l'objet de nombreuses études,
leur mécanisme physique d'action est encore mal défini, mais il est connu et vérifié
que l'injection d'une faible quantité d'agents réducteurs de traînée permet de réduire
sensiblement les pertes de charge d'un liquide en écoulement turbulent.
[0004] Le principal inconvénient des agents réducteurs de traînée est leur sensibilité à
la dégradation mécanique qui amoindrit progressivement leurs performances. Sous l'effet
du cisaillement induit par l'écoulement du liquide, les longues chaînes de polymère
peuvent être progressivement réduites en éléments de longueurs plus petites et de
plus faibles poids moléculaires. C'est l'effet de dégradation mécanique qui se traduit
par une perte progressive de l'efficacité du DRA. En pratique, il est nécessaire d'injecter
régulièrement des agents réducteurs de traînée à différentes positions le long du
trajet suivi par le fluide en écoulement, afin de compenser la perte d'efficacité.
De plus, afin de conserver un effet réducteur de traînée sur une distance de parcours
aussi longue que possible, les DRA sont injectés à une concentration supérieure à
la concentration minimale suffisante pour obtenir un bon effet de réduction de traînée.
[0005] La présente invention propose une méthode pour déterminer le niveau de dégradation
des agents réducteurs de traînée dans le but d'optimiser les conditions d'injection
dans un fluide en écoulement.
[0006] De manière générale, la méthode selon l'invention permet de réduire la perte de charge
d'un effluent en écoulement dans une conduite, l'effluent comportant au moins une
phase liquide, en effectuant les étapes suivantes :
- a) on détermine une loi qui exprime l'efficacité d'un agent réducteur de traînée solubilisé
dans ladite phase liquide en fonction de l'énergie dissipée par ladite phase liquide
en écoulement en tenant compte de la concentration en agent dans la phase liquide,
- b) on détermine des conditions d'injection dudit agent réducteur de traînée dans ladite
phase liquide en écoulement dans ladite conduite en utilisant la loi déterminée à
l'étape a).
[0007] Selon l'invention, à l'étape a), on peut effectuer les opérations suivantes :
- on prépare aux moins deux échantillons comportant ledit agent solubilisé dans ladite
phase liquide, chaque échantillon ayant une concentration différente en agent réducteur
de trainée,
- on met chacun des échantillons en écoulement dans un dispositif expérimental et on
mesure les valeurs des pertes de charge de l'échantillon en écoulement en fonction
du temps,
- à partir des valeurs de pertes de charge mesurées, on calcule l'énergie dissipée par
l'écoulement en fonction du temps et on calcule l'efficacité dudit agent à réduire
la perte de charge en fonction du temps,
- à partir de l'énergie dissipée et de l'efficacité calculées, on détermine la loi qui
exprime l'efficacité de la réduction de perte de charge en fonction de l'énergie dissipée
par l'écoulement en tenant compte de la concentration initiale en agent réducteur
de traînée.
[0008] Dans ce cas, l'efficacité de l'agent réducteur de traînée peut correspondre au rapport
entre la perte de charge de la phase liquide comportant ledit agent solubilisé et
la perte de charge de la phase liquide sans agent.
[0009] Alternativement, à l'étape a), on peut effectuer les opérations suivantes :
- on prépare aux moins deux échantillons comportant ledit agent solubilisé dans ladite
phase liquide, chaque échantillon ayant une concentration différente en agent réducteur
de trainée,
- on met un mobile en rotation dans chacun des échantillons et on mesure les valeurs
du couple nécessaire à la mise en rotation du mobile en fonction du temps,
- à partir des valeurs de couple mesurées, on calcule l'énergie dissipée par l'écoulement
en fonction du temps et on calcule l'efficacité dudit agent à réduire le couple en
fonction du temps,
- à partir de l'énergie dissipée et de l'efficacité calculées, on détermine la loi qui
exprime l'efficacité de l'agent réducteur de traînée en fonction de l'énergie dissipée
en tenant compte de la concentration en agent réducteur de traînée.
[0010] Dans ce cas, l'efficacité de l'agent réducteur de traînée peut correspondre au rapport
entre le couple nécessaire à la rotation du mobile dans ladite phase liquide comportant
ledit agent solubilisé et le couple nécessaire à la rotation du mobile dans ladite
phase liquide sans agent.
[0011] Selon l'invention, la loi peut exprimer l'efficacité de l'agent réducteur de traînée
en fonction du logarithme de l'énergie dissipée.
[0012] Par exemple, loi peut être de la forme :

dans laquelle

correspond à l'efficacité de l'agent réducteur de traînée,
A,
B et α correspondent aux paramètres d'ajustement de la loi,
E : l'énergie dissipée par l'écoulement de ladite phase liquide,
C : la concentration massique en l'agent réducteur de traînée dans ladite phase liquide.
[0013] A l'étape b), on peut tenir compte du débit de la phase liquide en écoulement et
de la géométrie de la conduite.
[0014] Les conditions déterminées à l'étape b) peuvent être choisies parmi : la position
des points d'injection d'agent réducteur de traînée le long de la conduite, le débit
d'agent réducteur de traînée à injecter, le débit d'écoulement de la phase liquide.
[0015] On peut injecter ledit agent réducteur de traînée dans ladite phase liquide en écoulement
dans ladite conduite selon les conditions déterminées à l'étape b).
[0016] La conduite peut être en étude de construction et on peut déterminer la position
des points d'injection d'agent réducteur de traînée le long de la conduite et le débit
d'agent réducteur de traînée à injecter.
[0017] On peut déterminer le débit d'agent réducteur de traînée à injecter en fonction de
la variation du débit de la phase liquide en écoulement.
[0018] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention seront mieux compris et apparaîtront
clairement à la lecture de la description faite ci-après en se référant aux dessins
parmi lesquels :
- la figure 1 représente une installation expérimentale pour tester la dégradation des
DRA,
- les figures 2 et 3 schématisent des rhéomètres pour tester la dégradation des DRA,
- les courbes de la figure 4 présentent l'évolution au cours du temps de l'énergie dissipée
calculée à partir des mesures de pertes de charge linéaires,
- les courbes de la figure 5 présentent la décroissance de l'efficacité d'un DRA,
- les courbes de la figure 6 présentent l'évolution de l'efficacité d'un DRA en fonction
de l'énergie dissipée,
- la figure 7 représente les points de mesure et le modèle selon l'invention donnant
la réduction de l'efficacité d'un DRA en fonction de l'énergie dissipée,
- la figure 8 schématise une conduite discrétisée pour illustrer la mise en oeuvre de
la méthode de réduction de la perte de charge selon l'invention.
[0019] Les inventeurs ont mis en évidence que la dégradation des agents réducteurs de traînée
en solution dans un liquide dépend directement de l'énergie dissipée par l'écoulement
au sein de cette phase liquide. Cette propriété de dégradation des DRA est mise à
profit, selon l'invention, pour déterminer une loi qui exprime la décroissance de
l'efficacité des DRA (voir étape 1), puis pour utiliser ladite loi pour optimiser
les conditions d'injection de DRA dans un liquide en écoulement (voir étape 2).
[0020] Dans la présente description, les dénominations "agents réducteurs de traînée", ou
encore "DRA" désignent des polymères qui présentent un effet de réduction de traînée.
Ces polymères forment des chaînes longues, flexibles et présentant des ramifications
restreintes. Ils présentent une bonne solubilité dans un liquide solvant, aqueux ou
organique. En général, la masse moléculaire des DRA est élevée, couramment supérieure
à 10
6 g/mol.
[0021] Les DRA sont mis en oeuvre pour améliorer l'écoulement de tout type de fluide, par
exemple des fluides aqueux ou des fluides organiques.
[0022] De préférence, la présente invention s'applique à des fluides dans des conditions
d'écoulement en régime turbulent, c'est-à-dire que l'écoulement présente un nombre
de Reynolds supérieur à 2100.
Étape 1 : Détermination d'une loi qui exprime la décroissance de l'efficacité des
DRA
[0023] On effectue des tests pour déterminer une loi de dépendance qui exprime la décroissance
de l'efficacité des DRA en fonction de la concentration initiale en DRA et en fonction
de l'énergie totale dissipée au sein de l'écoulement.
Tests
[0024] Les tests sont effectués sur des échantillons contenant les DRA que l'on souhaite
caractériser, les DRA étant dissous dans le liquide dont on souhaite réduire les pertes
de charge.
[0025] On prépare plusieurs échantillons à partir du même liquide contenant le même DRA.
Seule la concentration en DRA diffère d'un échantillon à un autre.
[0026] Pour chacun des échantillons, on effectue le test suivant. On met l'échantillon en
écoulement dans des conditions connues et contrôlées. Au cours de l'écoulement, on
effectue des mesures pour déterminer l'énergie dissipée lors de l'écoulement.
[0027] Par exemple, on mesure la perte de charge générée au cours de l'écoulement de l'échantillon
dans une conduite 1. La figure 1 présente un schéma de dispositif expérimental permettant
une caractérisation en conduite. Pour ce faire, on peut mettre l'échantillon en écoulement
au moyen de la pompe P dans une conduite 1 de géométrie connue, par exemple une conduite
cylindrique de diamètre et de longueur connus, de préférence à un débit constant.
Pour faciliter l'expérimentation, la conduite 1 est configurée en boucle fermée avec
un réservoir R de liquide. La perte de charge et le débit sont mesurés au cours du
temps. La perte de charge est mesurée par différence de pression entre deux points
de la conduite par le manomètre 2. Le débit est mesuré par le débitmètre D.
[0028] On peut également mettre en oeuvre un rhéomètre pour déterminer l'énergie dissipée
lors d'un écoulement. Le rhéomètre peut être de type Couette tel que représenté par
la figure 2. Il est composé d'un récipient cylindrique 5 de rayon R
2 contenant un cylindre 6 de rayon R
1 et de hauteur H. Le cylindre 6 est mobile en rotation. L'échantillon est disposé
dans l'espace annulaire 7 situé entre le récipient 5 et le cylindre 6, plus précisément
entre la paroi interne du cylindre fixe et la paroi externe du cylindre en rotation.
Le cylindre 6 est mis en rotation à une vitesse angulaire déterminée Ω, de préférence
à une vitesse constante, et on mesure le couple résistant Γ à la mise en rotation
du cylindre.
[0029] Pour plus de précision, on peut également utiliser un rhéomètre de type "double Couette",
par exemple tel que schématisé par la figure 3. Le liquide 8 est disposé dans un récipient
annulaire 9 dans lequel un mobile 10 de forme tubulaire est plongé. Dans cette configuration,
le mobile en rotation possède une plus grande surface de contact avec le fluide à
caractériser.
Détermination de l'énergie dissipée lors d'un écoulement
[0030] L'énergie ε dissipée par l'écoulement par unité de temps et de volume peut être exprimée
en fonction de la géométrie de la conduite (par exemple une conduite cylindrique de
diamètre D et de longueur L), la perte de charge ΔP mesurée et la vitesse débitante
de l'échantillon U. La vitesse débitante moyenne U correspond au débit Q divisé par
la section de passage de la conduite.

[0031] La contrainte de cisaillement à la paroi peut être calculée à partir de la mesure
de perte de charge à l'aide de la relation :

On introduit également une vitesse de cisaillement à la paroi :

L'énergie (ε) dissipée au sein de l'écoulement par unité de temps et de volume peut
être exprimée de la façon suivante :

soit

[0032] L'énergie totale (E) dissipée par l'écoulement par unité de volume pendant le temps
de sollicitation de l'échantillon Δt est alors obtenue par intégration sur le temps
Δt de sollicitation de l'échantillon.

Dans le cas où les tests de caractérisation sont réalisés en rhéomètre, l'énergie
dissipée par unité de volume de fluide et par unité de temps peut être également déterminée
par la relation :

La contrainte de cisaillement exercée sur le cylindre mobile 6 est alors τ
R1, et γ̇
R1 est la vitesse de cisaillement à la paroi de ce cylindre mobile.
[0033] Ces grandeurs sont obtenues respectivement à partir des mesures de couple et de vitesse
de rotation.
[0034] Par exemple, pour la géométrie simple de rhéomètre de Couette, les relations suivantes
sont utilisées pour estimer les contraintes et taux de cisaillement exercés sur le
mobile en rotation :

[0035] Dans le cas d'une géométrie plus sophistiquée, comme par exemple, le double couette
représenté sur la figure 3, le principe de calcul de l'énergie dissipée par unité
de temps et de volume est le même que pour le rhéomètre de Couette. La plupart des
rhéomètres fournissent directement la contrainte de cisaillement et la vitesse de
cisaillement à la paroi du mobile.
[0036] L'énergie E dissipée par unité de volume au sein de l'écoulement et cumulée en fonction
du temps est alors obtenue par intégration sur le temps d'écoulement Δt.

[0037] Dans le cas d'un rhéomètre de Couette cette énergie dissipée par unité de volume
cumulée sur le temps de sollicitation de l'échantillon est alors :

[0038] La figure 4 présente l'évolution au cours du temps de l'énergie dissipée calculée
à partir des mesures de pertes de charge linéaires effectuées sur un dispositif expérimental
décrit en référence à la figure 1. Les pertes de charge linéaire ΔP/L sont mesurées
pour deux échantillons du même liquide ayant respectivement des concentrations C1
et C2. Les deux échantillons sont testés dans des conditions d'écoulement, notamment
de débit, identiques. La concentration C2 est supérieure à C1.
[0039] Les courbes ΔP/L(C1) et ΔP/L(C2) donnent les valeurs mesurées de pertes de charge
linéaire ΔP/L (représentés sur l'axe des ordonnées à gauche) en fonction du temps
t.
[0040] Les courbes E(C1) et E(C2) donnent les valeurs calculées d'énergie E (représentées
sur l'axe des ordonnées à droite) en fonction du temps t. Les valeurs de E ont été
calculées en fonction des mesures de perte de charge linéaire ΔP/L.
[0041] Les courbes ΔP/L(C1) et E(C1) correspondent à un échantillon ayant la concentration
C1 de DRA. Les courbes ΔP/L(C2) et E(C2) correspondent à un échantillon ayant la concentration
C2 du même DRA.
Détermination de l'efficacité de la réduction de la perte de charge
[0042] L'efficacité d'un DRA correspond à la réduction des frottements dans l'écoulement
grâce à la présence des DRA.
[0043] On peut définir l'efficacité d'un DRA (%DR) en fonction de la réduction de la perte
de charge mesurée.

avec ΔP
0 la perte de charge obtenue pour un test avec un échantillon sans DRA pour un débit
donné,
Δ P
DRA la perte de charge obtenue pour un test avec un échantillon contenant une quantité
déterminée de DRA, le test étant réalisé dans les mêmes conditions, notamment de débit.
[0044] Dans le cas d'une mesure en rhéomètre, l'efficacité %DR peut s'écrire en fonction
des couples mesurés sur l'axe du mobile en rotation pour un échantillon sans additif
( Γ
0) et avec additif (Γ
DRA).

[0045] On observe, notamment sur la figure 4, que les DRA présentent une efficacité maximale
juste après l'introduction des DRA dans le liquide en écoulement. L'efficacité des
DRA diminue ensuite au cours du temps.
%DR
max correspond à l'efficacité maximale, par exemple la réduction de la perte de charge
(%DR) obtenue lorsque l'efficacité du DRA est maximale, donc lorsque la perte de charge,
ou le couple résistant mesurés sont minimaux (les chaînes de polymères n'ont pas encore
été dégradées).
%DR
max est caractéristique d'un couple DRA/solvant.
Au cours du temps et de l'écoulement, lorsque les chaînes de polymères sont complètement
dégradées, %DR tend vers 0.
Le rapport %DR/%DR
max varie donc entre 1 et 0 au cours de la dégradation mécanique des agents réducteurs
de traînée.
[0046] La figure 5 illustre la décroissance de l'efficacité
%DR/%DRmax (en ordonnées) en fonction du temps t pour les deux échantillons ayant une concentration
C1 et C2 en DRA. On utilise les valeurs de pertes de charge ΔP/L représentés par les
courbes ΔP/L(C1) et ΔP/L(C2) de la figure 4.
[0047] Sur la figure 5, on observe que la décroissance de %DR/%DR
max est d'autant plus rapide que la concentration en DRA est faible.
[0048] On observe également que la décroissance de %DR/%DR
max est d'autant plus rapide que l'énergie dissipée au sein de l'écoulement est importante.
Construction d'une loi pour exprimer l'efficacité d'un DRA
[0049] En utilisant les essais expérimentaux, selon l'invention, on détermine une loi de
dépendance de %DR/%DR
max en fonction de la concentration initiale en additif et de l'énergie totale dissipée
par l'écoulement au sein de la phase liquide.
[0050] Pour un DRA donné et un liquide solvant, on peut proposer une loi du type :

avec E l'énergie dissipée par unité de volume de fluide cumulée sur le temps (obtenue
par intégration sur le temps de sollicitation de l'échantillon); et C la concentration
massique initiale en polymères.
A, B, et α sont des paramètres dépendants de la nature du DRA et du liquide solvant.
[0052] On a alors déterminé les trois paramètres A, B et α de la loi

qui permettent de caractériser la perte d'efficacité de l'additif en fonction de
l'énergie dissipée par l'écoulement.
[0053] La figure 7 représente d'une part les points de mesure %DR/%DR
max en fonction de

les mesures correspondant à celles utilisées pour construire les courbes de la figure
4. D'autre part, la figure 7 représente la courbe
M :

avec les paramètres A, B et α précédemment déterminés.
[0054] Sans sortir du cadre de l'invention, on peut utiliser toute autre expression mathématique,
différente du logarithme, pour exprimer l'efficacité du DRA en fonction de l'énergie
dissipée par l'écoulement. Par exemple, on peut utiliser une expression polynomiale,
une fonction inverse (c'est-à-dire du type

etc.
Étape 2 : Utilisation de la loi qui exprime la décroissance de l'efficacité des DRA
[0055] Selon l'invention, on utilise la loi exprimant l'efficacité d'un DRA pour optimiser
les conditions de leur utilisation en tant qu'agent réducteur de traînée d'un liquide
en écoulement.
[0056] Lors de l'étude de construction d'une conduite de transport d'un effluent pétrolier,
on peut utiliser la loi exprimant l'efficacité d'un DRA pour déterminer les conditions
d'injection de DRA dans l'effluent en écoulement dans la conduite. On suppose connus
les conditions thermodynamiques (pression P et température T), les débits volumiques
des phases liquide (Q
l) et gazeuse (Q
g), le diamètre de conduite (D), et la concentration massique initiale en additif (C).
[0057] Ci-dessous la méthode permettant d'utiliser cette loi est détaillée et mise en équation
pour le cas d'un écoulement liquide uniquement (Q
g=0). Le cas d'un écoulement gaz/liquide est discuté dans les remarques.
La vitesse débitante de la phase liquide dans la conduite est :

[0058] La conduite d'écoulement 20 est discrétisée en éléments (référencés 0, 1, 2, ...,
n-1, n, ...) de longueurs Δ
L successifs comme schématisé sur la figure 8. Le liquide circule selon le sens de
la flèche F. La première injection de DRA dans la portion de conduit 0 est référencée
Pl1.
[0059] Le calcul de la perte de charge, de l'énergie dissipée, et de l'efficacité résiduelle
de l'additif se fait de proche en proche en suivant les étapes suivantes.
Initialisation du calcul :
[0060] La perte de charge obtenue sans additif, pour le liquide seul dans les mêmes conditions
thermodynamiques et d'écoulement (ΔP
0/L) peut être calculée connaissant les conditions d'écoulement (Q, T, P, D), et les
propriétés rhéologiques du liquide transporté.
[0061] D'autre part, %DR
max a été déterminé par ailleurs et est connu en fonction des conditions d'écoulement.
Dans la première cellule 0 de discrétisation, correspondant au point d'injection PI1
du DRA, la perte de charge linéaire est calculée à partir de la perte de charge générée
par le solvant seul et à partir de la %DR
max de la manière suivante:

L'énergie dissipée par l'écoulement par unité de temps et de volume dans cet élément
de longueur de conduite est :

L'énergie totale dissipée par unité de volume au sein de cette première cellule est
alors :

En effet, le temps de résidence ( Δt ) dans la cellule de largeur Δ
L est

Itération :
[0062] On peut répéter cette opération, et calculer les grandeurs caractéristiques d'une
cellule à partir de grandeurs obtenues pour la cellule précédente. Pour chaque pas
d'itération en espace, les étapes sont alors décrites ci-après.
[0063] On considère le n
ième élément de longueur, en supposant que l'élément (n-1) est parfaitement caractérisé.
[0064] L'efficacité résiduelle de l'additif en ce point peut être calculée connaissant l'énergie
totale dissipée depuis le point d'injection jusqu'à la cellule n-1 (E
n-1).
[0065] L'efficacité de l'additif dans cette n
ième cellule aura diminué de la manière prévue par la loi déterminée précédemment, en
fonction de l'énergie dissipée par l'écoulement.

Cela permet alors de recalculer une nouvelle perte de charge linéaire locale:

puis l'énergie dissipée par l'écoulement dans cet n
ième élément de longueur.

l'énergie dissipée par l'écoulement par unité de volume de fluide depuis le point
d'injection PI1 de l'additif est alors :

Ce calcul est renouvelé jusqu'à ce que la longueur totale de parcours soit atteinte
ou bien jusqu'à ce que l'efficacité de l'additif %DR atteigne une valeur basse limite.
Dans ce dernier cas, on peut alors procéder à une nouvelle injection PI2 de DRA. Puis
on peut mener le calcul à partir de la deuxième injection PI2.
Remarques :
[0066]
- dans le cas où la conduite présente des singularités, il faut prendre en compte l'énergie
supplémentaire dissipée au passage de ces singularités pour estimer la perte d'efficacité
de l'additif,
- dans le cas d'un écoulement gaz/liquide, seule l'énergie dissipée au sein de la phase
liquide, qui contient les chaînes de polymères doit être prise en compte pour estimer
la dégradation mécanique des additifs DRA. Ce calcul peut être alors réalisé à l'aide
d'un logiciel de simulation d'écoulements qui permet de prédire le régime d'écoulement
polyphasique et par conséquent l'énergie dissipée par l'écoulement au sein de la phase
liquide.
Applications:
[0067] Cette démarche peut être mise en place pour déterminer :
- une longueur sur laquelle le DRA conserve une efficacité minimum fixée par l'utilisateur,
connaissant le débit, la géométrie de la conduite, la concentration en additifs dans
la phase liquide; en d'autres termes, on positionne les points d'injection le long
de la conduite pour maintenir une efficacité minimum des DRA tout au long du trajet
de l'effluent (liquide, ou polyphasique gaz/liquide),
- le débit d'additif qu'il est nécessaire d'injecter dans l'effluent pour parcourir
une distance donnée connaissant la pression disponible, et la géométrie de la conduite.
[0068] Cette méthode présente donc un intérêt pour le dimensionnement des conduites de transports
d'effluents pétroliers. La loi exprimant l'efficacité d'un DRA peut également être
utilisée pour adapter l'injection de DRA aux variations de conditions de production
au cours de la vie d'un champ déjà mis en production. Par exemple lorsqu'il se produit
une modification du débit d'écoulement de production dans une configuration de conduite
et de point d'injection donnée. Dans ce cas, on peut déterminer la quantité optimale
nécessaire et suffisante pour obtenir une réduction de la perte de charge en tenant
compte des modifications des conditions d'écoulement.
[0069] La présente invention peut être mise en oeuvre dans le cadre de l'injection de "DRA"
dans un effluent pétrolier constitué d'huile et pouvant en outre comporter une fraction
de gaz hydrocarboné et éventuellement une phase aqueuse.
[0070] L'invention s'applique également à l'utilisation des "DRA" pour améliorer l'écoulement
de fluide aqueux mis en oeuvre pour la production assistée d'un gisement pétrolier
(couramment nommé Extended Oil Recovery).
[0071] La méthode selon l'invention présente l'avantage substantiel d'utiliser une loi exprimant
l'efficacité d'un DRA qui n'est pas limitée à une seule géométrie de conduite. Ladite
loi peut être appliquée dans tout type de configuration d'écoulement, en adaptant
le calcul de l'énergie dissipée par l'écoulement à la géométrie considérée. Cet avantage
permet de caractériser les performances d'un DRA dans une configuration test et d'en
utiliser les résultats largement dans des configurations de production qui sont complètement
différentes de celles des tests. Ainsi, la méthode selon l'invention présente simplicité
et souplesse d'utilisation.
1. Méthode pour réduire la perte de charge d'un effluent en écoulement dans une conduite,
l'effluent comportant au moins une phase liquide, dans laquelle on effectue les étapes
suivantes :
a) on détermine une loi qui exprime l'efficacité d'un agent réducteur de traînée solubilisé
dans ladite phase liquide en fonction de l'énergie dissipée par ladite phase liquide
en écoulement en tenant compte de la concentration en agent dans la phase liquide,
b) on détermine des conditions d'injection dudit agent réducteur de traînée dans ladite
phase liquide en écoulement dans ladite conduite en utilisant la loi déterminée à
l'étape a).
2. Méthode selon la revendication 1, dans laquelle à l'étape a), on effectue les opérations
suivantes :
• on prépare aux moins deux échantillons comportant ledit agent solubilisé dans ladite
phase liquide, chaque échantillon ayant une concentration différente en agent réducteur
de traînée,
• on met chacun des échantillons en écoulement dans un dispositif expérimental et
on mesure les valeurs des pertes de charge de l'échantillon en écoulement en fonction
du temps,
• à partir des valeurs de pertes de charge mesurées, on calcule l'énergie dissipée
par l'écoulement en fonction du temps et on calcule l'efficacité dudit agent à réduire
la perte de charge en fonction du temps,
• à partir de l'énergie dissipée et de l'efficacité calculées, on détermine la loi
qui exprime l'efficacité de la réduction de perte de charge en fonction de l'énergie
dissipée par l'écoulement en tenant compte de la concentration initiale en agent réducteur
de traînée.
3. Méthode selon la revendication 2, dans laquelle l'efficacité de l'agent réducteur
de traînée correspond au rapport entre la perte de charge de la phase liquide comportant
ledit agent solubilisé et la perte de charge de la phase liquide sans agent.
4. Méthode selon la revendication 1, dans laquelle à l'étape a), on effectue les opérations
suivantes :
• on prépare aux moins deux échantillons comportant ledit agent solubilisé dans ladite
phase liquide, chaque échantillon ayant une concentration différente en agent réducteur
de trainée,
• on met un mobile en rotation dans chacun des échantillons et on mesure les valeurs
du couple nécessaire à la mise en rotation du mobile en fonction du temps,
• à partir des valeurs de couple mesurées, on calcule l'énergie dissipée par l'écoulement
en fonction du temps et on calcule l'efficacité dudit agent à réduire le couple en
fonction du temps,
• à partir de l'énergie dissipée et de l'efficacité calculées; on détermine la loi
qui exprime l'efficacité de l'agent réducteur de traînée en fonction de l'énergie
dissipée en tenant compte de la concentration en agent réducteur de traînée.
5. Méthode selon la revendication 4, dans laquelle l'efficacité de l'agent réducteur
de traînée correspond au rapport entre le couple nécessaire à la rotation du mobile
dans ladite phase liquide comportant ledit agent solubilisé et le couple nécessaire
à la rotation du mobile dans ladite phase liquide sans agent.
6. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle ladite loi exprime
l'efficacité de l'agent réducteur de traînée en fonction du logarithme de l'énergie
dissipée.
7. Méthode selon la revendication 6, dans laquelle ladite loi est :

dans laquelle

correspond à l'efficacité de l'agent réducteur de traînée,
A,
B et α correspondent aux paramètres d'ajustement de la loi,
E : l'énergie dissipée par l'écoulement de ladite phase liquide,
C : la concentration massique en l'agent réducteur de traînée dans ladite phase liquide.
8. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle à l'étape b), on
tient compte du débit de la phase liquide en écoulement et de la géométrie de la conduite.
9. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle les conditions déterminées
à l'étape b) sont choisies parmi : la position des points d'injection d'agent réducteur
de traînée le long de la conduite, le débit d'agent réducteur de traînée à injecter,
le débit d'écoulement de la phase liquide.
10. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle on injecte ledit
agent réducteur de traînée dans ladite phase liquide en écoulement dans ladite conduite
selon les conditions déterminées à l'étape b).
11. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle la conduite est
en étude de construction et dans laquelle on détermine la position des points d'injection
d'agent réducteur de traînée le long de la conduite et le débit d'agent réducteur
de traînée à injecter.
12. Méthode selon l'une des revendications précédentes, dans laquelle on détermine le
débit d'agent réducteur de traînée à injecter en fonction de la variation du débit
de la phase liquide en écoulement.