Domaine technique :
[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication d'une ficelle élastique
ou similaire, à partir d'un assemblage d'au moins deux fils de base constitués de
fibres et/ou de filaments.
Technique antérieure :
[0002] Dans la présente invention, le terme « ficelle » n'est pas limitatif et désigne tout
produit textile linéaire, de toute grosseur ou titre (du millimètre à quelques centimètres),
obtenu à partir d'un assemblage d'au moins deux fils de base constitués de fibres
et/ou de filaments, en toute matière naturelle (animale et/ou végétale et/ou minérale)
et/ou chimique (synthétique et/ou artificielle), appelé selon les applications : fil,
ficelle, cordelette, corde, etc., et utilisé dans tout type d'application telle que
l'industrie, l'ameublement, le nautisme, l'agro-alimentaire, le médical, etc.
[0003] On définit l'élasticité de la manière suivante : c'est la qualité d'un objet à être
déformable tout en reprenant sa forme d'origine lorsque la contrainte qu'on lui applique
disparaît. Dans le domaine du textile, l'élasticité finale du produit dépend de l'élasticité
du fil utilisé ainsi que de son procédé de fabrication. Certaines fibres synthétiques
ou artificielles possèdent un caractère élastique propre. Mais pour les fibres naturelles,
l'élasticité est restreinte voire nulle. La présente invention apporte une solution
pour donner de l'élasticité au produit final fabriqué à partir de tout type de fibres
et/ou de filaments, y compris à partir de fibres naturelles.
[0004] Il existe déjà des ficelles élastiques sur le marché.
[0005] On connaît par exemple des publications
BE 621 724 A et
DE 29 28 692 A une ficelle élastique obtenue en tordant ensemble au moins deux fils de base préalablement
sur-tordus dans un sens "S" pour l'un et dans l'autre sens "Z" pour l'autre, puis
en les soumettant à un traitement thermique destiné à stabiliser leur torsion.
[0006] Certaines ficelles élastiques sont par ailleurs fabriquées par guipage dont un exemple
est illustré dans la publication
EP 1 746 189 A1. Le guipage est un procédé qui permet d'assembler un fil d'âme avec un fil enroulé
autour du fil d'âme que l'on appelle fil enrobant. Dans la majorité des cas, le fil
d'âme est un fil à base d'élasthanne, de latex ou similaire, de titre assez gros (environ
2 mm de diamètre), et est enrobé par un ou plusieurs fils de coton ou de polyester.
Ce procédé de fabrication est maîtrisé et le rendement de fabrication est élevé. Ainsi,
le produit obtenu est bon marché. Néanmoins, le guipage présente des inconvénients
majeurs. Le fil d'âme n'est pas solidaire du fil enrobant. De fait, lorsque la ficelle
élastique guipée est coupée, il est fréquent que les extrémités s'effilochent ou se
délient, laissant apparent le fil d'âme. Ce phénomène pose de sérieux problèmes techniques
dans le cas où cette ficelle est travaillée sur des machines industrielles. En effet,
la reprise de l'extrémité coupée est plus difficile et peut entrainer des dysfonctionnements
voire des arrêts de la chaîne de fabrication. Le fil d'âme en élasthanne ou en latex
possède un fort taux allongement pouvant atteindre 700%. Cette nervosité est telle
quelle peut, pour certaines utilisations, poser des problèmes techniques. Par ailleurs,
l'élasthanne et le latex ne peuvent pas être utilisés dans certains milieux ou pour
certaines applications. De plus, le latex a des propriétés allergènes. Enfin, lorsque
cette ficelle est utilisée dans des domaines où la présentation du produit ficelé
est importante, les extrémités qui s'effilochent dégradent le produit. De même, sa
grosseur et son aspect caoutchouté nuisent à l'image de marque du produit.
[0007] Un cas particulier concerne l'utilisation d'une ficelle élastique guipée dans l'industrie
agro-alimentaire notamment pour ficeler les pièces de viande, telles que paupiettes,
rôtis, volailles, etc., afin d'assurer le maintien des différents morceaux de viande,
de la décoration, de la farce, etc. pendant la cuisson. Selon la qualité des produits,
les viandes peuvent rétrécir et la ficelle utilisée doit pouvoir suivre la rétractation
de la pièce de viande toute en la maintenant serrée. Aux inconvénients du guipage
décrits ci-dessus, s'ajoute dans ce cas un problème physique : après la cuisson et
lors de la découpe, la ficelle élastique guipée se rétracte rapidement et provoque
des éclaboussures de jus de cuisson, de sauce et autre, dans son environnement. Cet
inconvénient n'existe pas avec une ficelle traditionnelle non élastique. Mais dans
ce cas, la ficelle traditionnelle non élastique n'assure pas un maintien efficace
de la pièce de viande tout au long de sa cuisson et est difficilement mécanisable.
Elle doit donc être posée manuellement pour éviter de couper la viande en cas de pause
automatique.
[0008] A ce jour, il n'existe pas de solution satisfaisante.
Exposé de l'invention:
[0009] La présente invention vise à apporter une solution aux problèmes évoqués ci-dessus
en proposant un procédé de fabrication d'une ficelle élastique sans élasthanne ni
latex, ayant un fort pouvoir de rétractation et dont l'élasticité est maîtrisable
et peut être stabilisée voire neutralisée sous certaines conditions pour éviter les
inconvénients évoqués précédemment.
[0010] Dans ce but, l'invention concerne un procédé de fabrication du genre indiqué en préambule,
dans lequel on applique une sur-torsion dans un sens (en S) à un premier fil de base
et une sur-torsion dans l'autre sens (en Z) à un deuxième fil de base, on fixe la
sur-torsion desdits fils de base pour les stabiliser, on assemble lesdits fils de
base pour former ladite ficelle de sorte que lorsque ladite ficelle est à l'état libre
sans traction, lesdits fils de base sur-tordus ont tendance à s'écarter de l'axe longitudinal
de la ficelle et à s'orienter en direction d'un axe perpendiculaire audit axe longitudinal
de la ficelle.
[0011] Ainsi ce procédé de fabrication permet de conférer une grande élasticité à la ficelle
réalisée en combinant une sur-torsion des fils de base avec un assemblage particulier
de ces fils de base, sans adjonction d'élasthanne, ni de latex, l'allongement à la
rupture obtenu pouvant être compris au moins entre 20% et 150%.
[0012] On utilise de préférence des fils de base dont le titre est relativement fin et compris
au moins entre Nm150 et Nm17 (soit entre 6 tex et 60 tex).
[0013] Dans la formule définissant la torsion : T = k√Nm, où T est la valeur de la torsion
en tr/m et Nm est le numéro métrique du fil, on choisit avantageusement un coefficient
de torsion k élevé compris au moins entre 200 et 600.
[0014] On peut utiliser plus de deux fils de base pour fabriquer ladite ficelle. Dans ce
cas, on applique à une partie des fils de base une sur-torsion en S et à l'autre partie
des fils de base une sur-torsion en Z, ces parties pouvant être égales.
[0015] On peut fixer la sur-torsion sur lesdits fils de base par un procédé de vaporisage
ou tout autre procédé équivalent.
[0016] Dans une forme de réalisation préférée de l'invention, on assemble les fils de base
par un procédé de tressage pour fabriquer une ficelle tressée. Dans ce cas, on utilise
au moins quatre fils de base et une machine de tressage, et on dispose les fils de
base sur-tordus dans un premier sens (en S) sur les fuseaux de la machine de tressage
allant dans le sens antihoraire et les fils de base sur-tordus dans l'autre sens (en
Z) sur les fuseaux de la machine de tressage allant dans le sens horaire.
[0017] On peut utiliser une machine de tressage ayant un nombre de fuseaux supérieur au
nombre de fils de base à assembler. Dans ce cas, on dispose les fils de base sur au
moins un fuseau sur deux.
[0018] L'invention concerne également une ficelle élastique obtenue par le procédé de fabrication
tel que décrit ci-dessus,
caractérisée en ce qu'elle comporte un assemblage tressé d'au moins quatre fils de base constitués de fibres
et/ou de filaments, deux premiers fils de base pourvus d'une sur-torsion dans un sens
(S) et deux deuxièmes fils de base pourvus d'une sur-torsion dans l'autre sens (Z),
les fibres et/ou filaments des fils de base formant un angle (β) compris au moins
entre 30° et 90° avec l'axe longitudinal de chaque fil de base; et les fils de base
s'écartant de l'axe longitudinal de la tresse et s'orientant en direction d'un axe
perpendiculaire à cet axe.
Description sommaire des dessins :
[0019]
La présente invention et ses avantages apparaîtront mieux dans la description suivante
d'un mode de réalisation donné à titre d'exemple non limitatif, en référence aux dessins
annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique et agrandie d'une tresse obtenue à partir de fils
de base en Z et en S selon l'art antérieur,
- la figure 2 est une vue similaire à la figure 1 d'une tresse obtenue à partir de fils
de base en S et en Z selon l'invention,
- la figure 3 est un diagramme illustrant la résistance à la traction du fil en fonction
de sa torsion,
- la figure 4 est une photographie par microscope d'une tresse de l'art antérieur, et
- la figure 5 est une vue similaire à la figure 4 d'une tresse selon l'invention.
Illustrations de l'invention et exemple de réalisation:
[0020] Le procédé selon l'invention (cf. fig. 2) permet de fabriquer une ficelle 10 ou tout
produit similaire tel que fil, cordelette, corde, etc., à partir d'un assemblage d'au
moins deux fils de base 20 et 30, eux-mêmes constitués de fibres et/ou de filaments
40, la ficelle 10 obtenue ayant de grandes propriétés élastiques, de surcroît maîtrisables,
sans utiliser d'élasthanne, ni de latex ou similaire. Le nombre de fils de base n'est
pas limité à deux et on peut bien entendu fabriquer une ficelle selon l'invention
à partir d'un assemblage de plusieurs fils de base.
[0021] Ce procédé de fabrication comporte au moins les étapes suivantes :
Etape 1) Appliquer une sur-torsion dans un sens (en S) à un premier fil de base 20
et une sur-torsion dans l'autre sens (en Z) à un deuxième fil de base 30. Cette sur-torsion
confère une élasticité aux fils de base 20 et 30 car les fibres et/ou filaments 40
forment un angle β avec l'axe longitudinal du fil de base 20, 30 (cf. fig. 2) plus
grand que dans le cas d'un fil 2, 3 ayant une valeur de torsion classique (cf. fig.
1), cet angle β étant au moins compris entre 30° et 90°,
Etape 2) Fixer la sur-torsion des fils de base 20, 30 pour les stabiliser,
Etape 3) Assembler les fils de base 20, 30 pour former la ficelle 10 de sorte que
lorsque la ficelle est à l'état libre sans traction, les fils de base 20, 30 sur-tordus
ont tendance à s'écarter de l'axe longitudinal de la ficelle 10 et à s'orienter en
direction d'un axe perpendiculaire à cet axe longitudinal en formant un angle α avec
l'axe longitudinal A de la ficelle (cf. fig. 2 et 5) plus grand que dans le cas d'une
ficelle 1 classique (cf. fig. 1 et 4), cet angle α étant par exemple compris entre
30° et 90°.
[0022] Dans le cas où l'on utilise plusieurs fils de base, on préfère un nombre pair de
fils de base et on les partage en deux parties égales pour équilibrer le nombre de
fils de base sur-tordus en S et le nombre de fils de base sur-tordus en Z. La valeur
de sur-torsion appliquée à chacun des fils de base peut être identique ou différente
selon les résultats recherchés. Bien entendu, toute combinaison de fils de base en
qualité, en nombre, en valeur de sur-torsion, etc. est possible.
[0023] La torsion du fil peut être effectuée dans le sens S ou dans le sens Z (cf. fig.
1 et 2). La valeur de la torsion exprimée en tours/mètre est calculée avec la formule
de Koechlin :

où k correspond au coefficient de torsion et Nm correspond au titre du fil.
[0024] La figure 3 illustre la courbe de la résistance à la traction (R) du fil en fonction
de sa valeur de torsion (T). Il existe une torsion saturante (Ts) où la résistance
à la traction est la plus élevée. Au-delà, la résistance à la traction du fil chute
jusqu'à la torsion critique (Tc) où le fil casse.
[0025] En fonction de la destination du fil, on peut le retordre avec d'autres fils pour
obtenir au final un fil plus gros et plus résistant à la traction. Cette opération
s'appelle le retordage et le fil obtenu est appelé fil retors ou fil câblé à deux
brins ou bouts ou à plusieurs brins ou bouts.
[0026] Le principal effet du retordage est d'obtenir un fil de diamètre plus gros dont les
fibres sont parallèles et orientées suivant l'axe longitudinal du fil. La valeur de
torsion finale est calculée à partir de la même formule de Koechlin donnée précédemment.
Habituellement, le filateur choisit un coefficient de torsion (k) de façon à ce que
le fil obtenu soit équilibré et ne présente pas de tendance à vriller. Par exemple,
pour le coton, on pourra avoir un coefficient de torsion compris entre 75<k<165, en
fonction de la longueur des fibres et de l'utilisation (chaîne, trame, bonneterie,
etc.).
[0027] Le fait d'appliquer une valeur de torsion très supérieure à celle utilisée habituellement,
par exemple de quatre fois supérieure, pour atteindre un coefficient de torsion k
supérieur à 400 et au moins compris entre 200 et 600 environ, permet d'avoir un angle
β plus élevé entre l'axe longitudinal du fil et l'orientation des fibres et/ou des
filaments. Ceci va créer une instabilité du fil et générer une certaine élasticité.
Néanmoins la valeur de cette sur-torsion doit être étudiée. Elle doit être suffisamment
élevée pour générer une élasticité, mais ne doit pas être trop grande pour éviter
la dégradation des fibres. Une gamme de valeur non exhaustive pour le sur-retordage
est précisée ci-après.
Etape 1
[0028] Dans le procédé de l'invention, on réalise des fils de base 20, 30 retors sur-tordus
sur des retordeuses classiques capables de travailler sur des fils fins ou de petits
titres. En effet, si le fil sur-retordu est gros, notamment supérieur à 100 tex environ,
la torsion ne sera que superficielle et n'atteindra pas les fibres au coeur du fil.
La sur-torsion doit s'appliquer de préférence sur des fils fins, notamment inférieur
à 100 tex environ, et par exemple des fils ayant un numéro métrique (Nm) de 50 ce
qui équivaut à 20 tex. Bien sûr ces valeurs ne sont pas limitatives et ne sont mentionnées
qu'à titre d'exemple.
[0029] Grâce aux tests réalisés, il s'est avéré qu'un coefficient de torsion k de 425 serait
un bon compromis et procurerait une bonne élasticité. Pour un coefficient de torsion
k de cette valeur, on obtient une torsion de 2100tr/m pour un fil retors à deux bouts,
chacun de Nm50 soit 20 tex, pour obtenir au final un fil de Nm 25 soit 40tex, et une
torsion de 1750tr/m pour un fil retors à trois bouts chacun de Nm50 pour obtenir au
final un fil de Nm16 soit 60 tex. Cette torsion peut correspondre à la torsion saturante
Ts qui est la torsion optimale (cf. fig. 3) ou s'en approcher. Bien sûr pour certaines
utilisations précises, on peut devoir utiliser des valeurs différentes tout en voulant
garder une certaine élasticité. Les valeurs mentionnées ci-dessus ne sont pas limitatives
et peuvent varier suivant le titre du fil ou la matière utilisée, ou même suivant
l'application avec un fil ayant des caractéristiques identiques ou similaires.
Etape 2
[0030] A l'issue de l'étape 1, les fils de base sur-tordus sont nerveux et ont tendance
à vriller. Afin de pouvoir les manipuler et les travailler lors des opérations suivantes,
la sur-torsion des fils de base 20, 30 est fixée par tout procédé connu. Par exemple,
pour des fibres de coton, on choisira un procédé de vaporisage dans un autoclave à
une température de 90°C pendant un temps déterminé égal par exemple à 20 mn. Bien
sûr ces valeurs ne sont pas limitatives et ne sont mentionnées qu'à titre d'exemple.
Selon la nature des fibres et/ou filaments 40 qui composent les fils de base 20 et
30, on pourra choisir une durée de vaporisage différente, une vapeur surchauffée,
ou un autre procédé de fixation connu, comme par exemple un procédé de thermofixation,
un procédé chimique, etc.
Etape 3
[0031] A l'issue de l'étape 2, lorsque la sur-torsion des fils de base est fixée, on les
assemble notamment par un procédé de tressage pour fabriquer une ficelle tressée.
Tout autre procédé d'assemblage équivalent peut également convenir.
[0032] Le principe de fabrication d'une ficelle 1 tressée ordinaire selon l'art antérieur,
illustré par les figures 1 et 4, repose sur le fait que les fils de base 2 et 3 doivent
être au maximum parallèles à l'axe longitudinal A de la ficelle 1 tressée, c'est à
dire qu'ils sont rapprochés de l'axe longitudinal A de la ficelle 1 et orientés en
direction de cet axe A. Dans ce cas, on obtient une ficelle 1 tressée dite serrée
ou fermée, dans laquelle les fils de base 2, 3 forment chacun un angle α faible et
notamment inférieur à 30° avec l'axe longitudinal A. L'orientation des fils de base
2, 3 au sein de la ficelle 1 tressée est due en partie au nombre de croisements par
centimètre de tresse et au sens de tressage. Plus le nombre de croisements par centimètre
est grand, plus la tresse est dite serrée ou fermée. Dans le procédé de tressage classique,
les fuseaux de la machine à tresser allant dans le sens horaire sont équipés de bobines
de fils de base 3 retordus en S et les fuseaux allant dans le sens antihoraire sont
équipés de bobines de fils de base 2 tordus en Z. La ficelle 1 tressée obtenue selon
le procédé classique n'a que peu ou pas du tout d'élasticité.
[0033] Dans le procédé de l'invention et en référence à la figure 2, on inverse la disposition
des fils de base 20 et 30 pour obtenir une ficelle 10 tressée élastique. On utilise
des bobines de fils de base 20 sur-tordus en S pour équiper les fuseaux allant dans
le sens antihoraire et des bobines de fils sur-tordus en Z pour équiper les fuseaux
allant dans le sens horaire. On a constaté que le fait de tresser les fils de base
20, 30 dans le sens contraire d'une tresse classique permet d'obtenir une ficelle
10 tressée dite relâchée ou ouverte, lorsqu'elle est à l'état libre, c'est-à-dire
sans traction. Les fils de base 20, 30 ont tendance à s'écarter de l'axe longitudinal
A de la ficelle 10 tressée et à s'orienter en direction d'un axe perpendiculaire à
cet axe, formant un angle α avec l'axe longitudinal A de la ficelle 10 tressée supérieur
à celui d'une ficelle tressée classique, par exemple au-delà de 30° et compris entre
30° et 90°. Ce phénomène est visible sur les figures 4 et 5 qui permettent de comparer
une même ficelle tressée par un procédé de tressage traditionnel à l'endroit et par
le procédé de l'invention à l'envers. Par même ficelle, on entend une même nature
de fils de base, une même valeur de torsion, une même vitesse de tressage, un même
nombre de croisements au centimètre, une même vitesse de traction de la tresse. Seul
change le sens de tressage. L'orientation des fils de base 20, 30 au sein de la ficelle
10 tressée est due en partie au nombre de croisements par centimètre de tresse et
au sens de tressage. Plus le nombre de croisements par centimètre est faible, plus
la tresse est dite relâchée ou ouverte. On a constaté que le fait de tresser en sens
inverse confère une grande élasticité à la ficelle tressée obtenue. En plus, le fait
de combiner ce sens de tressage inversé à une sur-torsion des fils de base 20, 30
va ajouter une élasticité supplémentaire à la ficelle tressée obtenue selon l'invention.
[0034] Lors de l'utilisation d'une ficelle 1 tressée traditionnelle (cf. fig. 1 et 4), lorsque
l'on va appliquer une force de traction dans l'axe longitudinal A, l'orientation presque
parallèle des fils de base 2 et 3 dans le cas d'une ficelle 1 tressée classique ne
permet que peu de mouvement d'où une élasticité faible voire nulle. A l'inverse, dans
l'invention (cf. fig. 2 et 5), les fils de base 20 et 30 formant un grand angle α
avec l'axe longitudinal A de la ficelle 10 tressée, la force de traction dans l'axe
longitudinal A va amener une réorganisation et une parallélisation des fils de base
20, 30 par rapport à l'axe longitudinal A, combinée à une parallélisation des fibres
et/ou filaments 40 par rapport à cet axe longitudinal A. Au moment de la suppression
de la force de traction, les fils de base 20 et 30 et les fibres et/ou filaments 40
auront tendance à retrouver leur orientation préférentielle, celle donnée par la sur-torsion
pour les fibres et/ou filaments 40 et celle donnée par le tressage inversé, d'où une
élasticité importante, pouvant atteindre au moins entre 20% et 150% d'allongement
à la rupture et par exemple 100% d'allongement.
[0035] On peut faire varier l'angle de tressage ou le nombre de croisements au centimètre
tout en conservant les caractéristiques d'élasticité de la ficelle 10 tressée obtenue.
[0036] On peut obtenir une élasticité supplémentaire en libérant la sur-torsion des fils
de base 20, 30. En fonction des besoins de l'utilisateur final, cette libération peut-être
révélée à la fin du processus ou au cours de l'utilisation (voir exemple donné ci-après).
Possibilités d'application industrielle :
[0037] L'exemple donné ci-dessous permet d'illustrer le procédé de l'invention et son intérêt.
Il concerne une application bien spécifique dans l'industrie agro-alimentaire pour
laquelle les inconvénients liés à l'utilisation de la ficelle élastique guipée ont
déjà été exposés dans l'art antérieur. Pour pallier ces inconvénients, on utilisera
une ficelle en coton réalisée selon le procédé de fabrication de l'invention.
[0038] Dans ledit exemple, on utilise des fils de base constitués de fibres de coton, retordus,
à deux bouts de Nm50 chacun avec une sur-torsion de 2100tr/m.
[0039] On applique à la moitié des fils de base une sur-torsion en S et à l'autre moitié
des fils de base une sur-torsion en Z.
[0040] On fixe la sur-torsion sur l'ensemble des fils de base à la vapeur à 90°C dans un
autoclave pendant 20mn.
[0041] Pour obtenir une ficelle avec une finesse finale comprise entre 2<Nm<1.6, on utilise
huit bobines de fils de base, dont quatre bobines sont équipées avec du fil de base
préalablement préparé en S et quatre autres bobines sont équipées avec du fil de base
préalablement préparé en Z.
[0042] On assemble ensuite des fils de base par tressage sur une machine classique de tressage
de petit diamètre avec une capacité de seize bobines donc pourvue de seize fuseaux.
On utilise un fuseau sur deux. Les quatre bobines en S sont installées sur les fuseaux
de la machine de tressage qui tournent dans le sens antihoraire et les quatre bobines
en Z sont installées sur les fuseaux allants dans le sens horaire - cf. fig.2 et 5.
[0043] Dans cet exemple, la ficelle 10 tressée ainsi obtenue atteint une élasticité naturelle
de 120% permettant notamment son utilisation sur des machines automatiques à ficeler
les pièces de viande. Cette ficelle a une bonne cohésion et peut être coupée sans
s'effilocher. Les extrémités peuvent être nouées facilement à la main ou par la machine
automatique. Lorsque la ficelle est enroulée autour de la pièce de viande, elle épouse
et maintient fermement la pièce de viande sans la couper. Lors de la cuisson de la
pièce de viande, la vapeur d'eau présente dans le four libère la tension restante
contenue dans les fils de base 20, 30 sur-tordus. La ficelle 10 se rétracte et accompagne
ainsi le rétrécissement de la pièce de viande. A la fin de la cuisson, la ficelle
10 perd sa nervosité, donc son élasticité. Lors de sa découpe, elle se comporte comme
une ficelle ordinaire sans élasticité et ne provoque aucune éclaboussure.
[0044] Il ressort clairement de cette description que l'invention permet d'atteindre les
buts fixés. La présente invention n'est pas limitée à l'exemple de réalisation décrit
mais s'étend à toute modification et variante évidentes pour un homme du métier tout
en restant dans l'étendue de la protection définie dans les revendications annexées.
De même, les applications de l'invention sont multiples et non limitées au domaine
de l'industrie agro-alimentaire.
1. Procédé de fabrication d'une ficelle élastique ou similaire, à partir d'un assemblage
d'au moins deux fils de base (20, 30) constitués de fibres et/ou de filaments (40),
dans lequel on applique une sur-torsion dans un sens (en S) à un premier fil de base
(20) et une sur-torsion dans l'autre sens (en Z) à un deuxième fil de base (30), on
fixe la sur-torsion desdits fils de base (20, 30) pour les stabiliser, on assemble
lesdits fils de base sur-tordus pour former ladite ficelle (10) de sorte que, lorsque
ladite ficelle est à l'état libre sans traction, lesdits fils de base sur-tordus ont
tendance à s'écarter de l'axe longitudinal (A) de la ficelle et s'orienter en direction
d'un axe perpendiculaire à l'axe (A).
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on utilise des fils de base dont le titre est relativement fin et compris au moins
entre Nm150 et Nm17 (soit entre 6 tex et 60 tex).
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que dans la formule définissant la torsion : T = k√Nm, où T est la valeur de la torsion
en tr/m et Nm est le numéro métrique du fil, on choisit un coefficient de torsion
k élevé compris au moins entre 200 et 600.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel on utilise
plus de deux fils de base (20, 30) pour fabriquer ladite ficelle, caractérisé en ce qu'on applique à une partie des fils de base une sur-torsion dans un sens (en S) et à
l'autre partie des fils de base une sur-torsion dans l'autre sens (en Z).
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce qu'on sépare les fils de base en deux parties égales.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on fixe la sur-torsion sur lesdits fils de base par un procédé de vaporisage.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on utilise au moins quatre fils de base (20, 30) et en ce qu'on assemble lesdits fils de base par un procédé de tressage pour fabriquer une ficelle
tressée.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce qu'on utilise une machine de tressage et on dispose lesdits fils de base (20) sur-tordus
dans un sens (en S) sur les fuseaux de la machine de tressage allant dans le sens
antihoraire et les fils de base (30) sur-tordus dans l'autre sens (en Z) sur les fuseaux
de la machine de tressage allant dans le sens horaire.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce qu'on utilise une machine de tressage ayant un nombre de fuseaux supérieur au nombre
de fils de base (20, 30) à assembler et en ce qu'on dispose lesdits fils de base sur au moins un fuseau sur deux.
10. Ficelle (10) élastique obtenue par le procédé de fabrication selon l'une quelconque
des revendications 7 à 9, caractérisée en ce qu'elle comporte un assemblage tressé d'au moins quatre fils de base (20, 30) constitués
de fibres et/ou de filaments (40), deux premiers fils de base (20) pourvus d'une sur-torsion
dans un sens (en S) et deux deuxièmes fils de base (30) pourvus d'une sur-torsion
dans l'autre sens (en Z), les fibres et/ou filaments (40) desdits fils de base (20,
30) formant un angle (β) compris au moins entre 30° et 90° avec l'axe longitudinal
du fil de base; et lesdits fils de base (20, 30) s'écartant de l'axe longitudinal
(A) de la ficelle (10) tressée et s'orientant en direction d'un axe perpendiculaire
audit axe (A).
11. Ficelle selon la revendication 10, caractérisée en ce que son allongement à la rupture est compris au moins entre 20% et 150%.