[0001] La présente invention concerne un procédé de traitement des douelles destinées à
la fabrication de barriques, un outil pour la mise en oeuvre de ce procédé et le produit
nouveau obtenu par ce procédé.
[0002] Dans la description qui suit, on appelle douelle un merrain usiné sur ses quatre
faces, une barrique étant faite de l'assemblage de telles douelles ; et on appelle
merrain une pièce de chêne brut fendu dans le sens des rayons médullaires.
[0003] Il est connu de procéder, après l'assemblage des douelles, à une opération de chauffe
au cours de laquelle la paroi interne de la barrique en cours de fabrication est chauffée
à des températures de l'ordre de 300 à 400°. Cette opération est également appelée
cuisson ou bousinage.
[0004] Bien que les douelles aient été, avant leur mise en oeuvre, séchées à l'air libre
pendant plusieurs années, puis passées en cellule de déshumidification, il reste toujours
des molécules d'eau qui sont piégées entre les fibres du bois. Lors de la chauffe,
cette humidité résiduelle va se transformer en émission de gaz et de vapeur d'eau,
ce qui provoque l'apparition de cloques à la face interne de certaines douelles, ce
qui peut entraîner, en fonction de l'importance des cloques, le remplacement de certaines
douelles, ce qui complique considérablement la fabrication de la barrique.
[0005] La présente invention a pour objet un procédé pour éliminer ce cloquage et les moyens
pour la mise en oeuvre de ce procédé.
[0006] Le procédé selon la présente invention consiste à créer, dans la masse du bois, par
tout moyen mécanique approprié, des cheminées qui permettent l'évacuation des gaz
et de la vapeur d'eau qui se dégagent du bois lors de l'opération de cuisson.
[0007] Selon un mode de réalisation particulier de l'invention, on crée à la surface de
la face interne de chaque douelle au moyen de picots une pluralité de trous à intervalles
réguliers.
[0008] Dans un exemple particulier, on procède à une scarification du bois en pratiquant
à sa surface une pluralité d'incisions.
[0009] Avantageusement, les trous ou les incisions ont une profondeur comprise entre 0,2
et 2 cm.
[0010] De préférence, les trous ou incisions ont une profondeur de 1 cm.
[0011] L'invention se rapporte également à un outil pour la mise en oeuvre du procédé qui
comporte une pluralité de picots disposés à intervalles réguliers disposés sur une
plaque portée par une presse.
[0012] Avantageusement, cet outil est constitué par un rouleau cylindrique dont la surface
est munie d'une pluralité de picots d'environ 1 cm de long disposés à intervalles
réguliers.
[0013] De préférence, les picots sont des lames triangulaires d'environ 1 cm de long.
[0014] Avantageusement, l'outil rotatif est disposé en fin de l'outil d'usinage par lequel
les merrains sont transformés en douelles.
[0015] L'invention concerne également, à titre de produit nouveau, des douelles pour barrique
dont la paroi interne est munie de scarifications.
[0016] L'invention sera mieux comprise, et d'autres buts, détails, caractéristiques et avantages
de celle-ci apparaîtront plus clairement au cours de la description suivante d'un
mode de réalisation particulier de l'invention, donné uniquement à titre illustratif
et non limitatif, en référence aux dessins annexés. Sur ces dessins :
La figure 1 est une vue en perspective d'un outil permettant la mise en ouvre de l'invention.
La figure 2 est une vue en perspective illustrant le passage d'une douelle sous l'outil
de la figure 1.
La figure 3 représente la face interne d'une douelle avant scarifications.
La figure 4 représente la même face interne après scarification.
La figure 5 représente une douelle non scarifiée après chauffe.
La figure 6 représente une douelle scarifiée après chauffe.
La figure 7 est une représentation schématique d'une machine pouvant être utilisée
pour mettre en oeuvre un procédé d'usinage et de scarification de douelles.
[0017] La scarification selon l'invention peut être réalisée par tous moyens mécaniques
connus, tels que poinçonnage ou incision.
[0018] Le poinçonnage peut être réalisé par une plaque munie d'une pluralité de picots,
la plaque étant soumise à l'action d'une presse, de sorte que les picots s'enfoncent
dans le bois.
[0019] Mais, de préférence, on utilise l'outil représenté aux figures 1 et 2.
[0020] Cet outil 1 est un outil rotatif qui est placé en fin de l'outil d'usinage au moyen
duquel les douelles 2 sont réalisées, outil qui réalise un usinage sur quatre faces
des merrains.
[0021] Comme on le voit sur les figures 1 et 2, l'outil 1 est un rouleau cylindrique dont
la paroi est munie d'une pluralité de lames 3, ces lames étant triangulaires et d'une
longueur d'environ 1 cm.
[0022] La douelle 2 est entraînée par des rouleaux tels que le rouleau 5 de façon à se déplacer
selon la flèche F, ce qui la force à passer sous l'outil 1, dont les couteaux 3 s'enfoncent
dans le bois en provoquant des incisions 4 à intervalles régulièrement espacés, l'outil
1 étant entraîné en rotation selon la flèche F1.
[0023] Ces incisions, lorsque l'on emploie des lames telles que les lames 3, ou bien ces
trous, lorsque l'on utilise des picots, doivent avoir une profondeur comprise entre
0,2 et 2 cm, de préférence 1 cm, mais ne doivent évidemment pas traverser toute l'épaisseur
de la douelle, qui est de 3 cm.
[0024] A la figure 3, on a représenté la surface interne d'une douelle 2 avant scarification.
Sont représentés schématiquement, sur la figure 3 uniquement, les rayons médullaires
10 du bois.
[0025] A la figure 4, on a représenté la surface interne de la même douelle 2 après scarification
: on voit les incisions 4 faites sur cette surface.
[0026] A la figure 5, on a représenté la surface interne d'une douelle 2 ayant subi l'opération
de chauffe sans avoir été au préalable scarifiée par le procédé selon la présente
invention.
[0027] A la figure 6, on a représenté la surface d'une douelle ayant été scarifiée par le
procédé selon l'invention.
[0028] La comparaison des figures 5 et 6 montre le résultat très bénéfique obtenu par le
procédé de scarification selon l'invention : sans application du procédé de scarification,
des cloques11 sont apparues après la chauffe alors qu'il n'y a pas de cloques sur
la surface de la douelle ayant été traitée selon le procédé de scarification.
[0029] Selon des modes de réalisation, la densité des incisions ou perforations peut être
comprise entre 500 et 2500 par m
2,de préférence entre 1000 et 1500 par m
2.
[0030] Selon le mode de réalisation particulier représenté à la figure 4, chaque ligne de
perforation est formée en décalage de l'une à la suivante, de sorte que l'implantation
des perforations est faite en figure de losange. A titre d'exemple quantitatif, une
densité d'environ 1200 perforations par m
2 est obtenue en réalisant de telles perforations espacées de 36 millimètres dans le
sens de la longueur du passage de la pièce de bois et espacées de 22,5 millimètres
dans le sens de la largeur, les losanges présentant dans ce cas environ 26 millimètres
de côtés. Ces dimensions sont données en référence aux centres des perforations.
[0031] En référence à la figure 7, une machine-outil 20 pour la fabrication de douelles
de tonnellerie est schématiquement représentée. Les éléments identiques à ceux des
figures précédentes portent le même chiffre de référence. La machine comporte un bâti
21 en une ou plusieurs parties qui définit une surface de support 22 sensiblement
horizontale pour le passage des douelles. Le long de la surface de support 22 sont
disposés successivement un outil d'usinage 23, par exemple sous la forme d'une moulurière-corroyeuse
à quatre faces, et l'outil de scarification 1 décrit en référence à la figure 2. Une
telle disposition permet d'enchaîner de manière continue les étapes d'usinage et de
scarification de la douelle en limitant le temps de transfert des douelles et les
interventions manuelles. De préférence, des moyens d'entrainement sont prévus pour
déplacer automatiquement les douelles le long de la surface de support 22, tels que
les rouleaux 24 au niveau de l'outil d'usinage 23 et les rouleaux 5 et 25 au niveau
de l'outil de scarification. Ainsi, la douelle 2 usinée et scarifiée peut être récupérée
par un opérateur au niveau de l'extrémité 26 du bâti.
[0032] En variante, d'autres outils de traitement ou de conditionnement des douelles pourraient
encore être prévus le long de la surface de support 22.
[0033] Bien que l'invention ait été décrite en liaison avec un mode de réalisation particulier,
il est bien évident qu'elle n'y est nullement limitée et qu'elle comprend tous les
équivalents techniques des moyens décrits ainsi que leurs combinaisons si celles-ci
entrent dans le cadre de l'invention.
[0034] L'usage du verbe « comporter », « comprendre » ou « inclure » et de ses formes conjuguées
n'exclut pas la présence d'autres éléments ou d'autres étapes que ceux énoncés dans
une revendication. L'usage de l'article indéfini « un » pour un élément n'exclut pas,
sauf mention contraire, la présence d'une pluralité de tels éléments.
[0035] Dans les revendications, tout signe de référence entre parenthèses ne saurait être
interprété comme une limitation de la revendication.
1. Procédé de traitement des douelles (2) destinées à la fabrication de barriques caractérisé en ce qu'il consiste à créer dans la masse du bois, par un moyen mécanique (1), des cheminées
qui permettront l'évacuation des gaz et de la vapeur d'eau qui se dégagent du bois
lors de l'opération de cuisson, les cheminées comportant des trous ou incisions (4)
formés à intervalles réguliers à la surface de la face interne des douelles.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que l'on crée à la surface de la face interne de chaque douelle (2) au moyen de picots
une pluralité de trous à intervalles réguliers.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que l'on procède à une scarification du bois en pratiquant à sa surface une pluralité
d'incisions (4) au moyen de lames (3).
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé par le fait que les trous ou les incisions (4) ont une profondeur comprise entre 0,2 et 2 cm.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé par le fait que les trous ou incisions (4) ont une profondeur de 1 cm.
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé par le fait que ledit moyen mécanique (1) est disposé en fin de l'outil d'usinage (23) par lequel
les merrains sont transformés en douelles (2).
7. Outil pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé par le fait qu'il comporte une pluralité de picots ou de lames (3) disposés à intervalles réguliers
disposés sur une plaque portée par une presse.
8. Outil pour la mise en oeuvre du procédé selon les revendications 1 à 6, caractérisé par le fait qu'il est constitué par un rouleau cylindrique (1) dont la surface est munie d'une pluralité
de picots ou de lames (3) disposés à intervalles réguliers.
9. Outil selon la revendication 7 ou 8, caractérisé par le fait que les lames (3) sont triangulaires d'environ 1 cm de long.
10. Douelle pour barrique caractérisée par le fait que sa surface interne comporte des scarifications sous forme de trous ou d'incisions
(4)à intervalles réguliers.