Objet de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte à un appareil de chauffage, plus particulièrement
un appareil de chauffage domestique à combustible solide, tel que bois ou charbon,
muni d'une régulation permettant d'optimiser la combustion et partant de maximiser
le rendement de l'appareil.
Arrière-plan technologique et problème technique à résoudre
[0002] Traditionnellement un appareil de chauffage à bois ou charbon peut fonctionner selon
plusieurs allures. Typiquement, on a par exemple une allure maximum, correspondant
par exemple à P
max, une allure intermédiaire ou moyenne, correspondant à P
max/2, une allure minimum, correspondant à P
max/4 et une allure de ralenti, correspondant à P
max/8. P
max est la puissance maximale de l'appareil qui, pour un poêle à bois, est typiquement
comprise entre 5 et 15 kW. Cette classification est uniquement donnée à titre d'exemple
pour permettre l'illustration qui va suivre de l'invention et pour donner des ordres
de grandeur. Il va de soi que d'autres allures intermédiaires et d'autres critères
de puissance sont possibles. L'allure dite « ralenti », pour un poêle à bois, est
typiquement destinée à un usage nocturne. Au coucher, l'utilisateur recharge le poêle
en bûches et règle le clapet d'air primaire sur la position minimum. Au réveil, l'utilisateur
recharge le poêle en bûches et ouvre le clapet au maximum pour faire reprendre le
feu.
[0003] Il est connu que le rendement η d'un appareil de chauffage, tel qu'un appareil de
chauffage domestique à bois, est :

c'est-à-dire,

où :
- q1 = perte liée à la température des fumées (c'est-à-dire la chaleur qui s'échappe par
la cheminée) ;
- q2 = perte liée au rapport CO/CO2 (prend en compte la qualité de la combustion) et pertes NOx, CxHy (ces particules seront mesurées quand la prochaine norme européenne sera d'application,
théoriquement en 2011) ; si la combustion est complète : q2 = 0 ;
- q3 = perte dans les cendres, constante et négligeable (environ 0, 5%) .
[0004] Pour optimiser le rendement, il faut donc minimiser q
1 et q
2, et plus particulièrement q
1.
[0005] A l'allure maximum, les pertes q
1 sont les plus élevées et donc le rendement minimal, éventuellement inférieur au rendement
nominal de l'appareil, qui est déterminé dans des conditions bien précises.
[0006] A l'inverse, à l'allure ralenti, la température de fumée est la plus basse et le
rendement le plus élevé mais il faut prendre garde à rester au-dessus du point de
rosée des fumées (60-70°C), sinon la condensation se produit avec accumulation de
suie.
[0007] Le problème technique à résoudre, en vue d'optimiser le rendement de l'appareil indépendamment
de l'allure choisie, de préférence de manière automatique, est de diminuer de manière
contrôlée la température des fumées ou gaz de combustion, surtout aux allures élevées.
[0008] On connaît par ailleurs des poêles à bois à récupération de chaleur tels que l'évacuation
des fumées à partir du corps de chauffe s'effectue selon un parcours maximisé, par
une conception appropriée du conduit d'évacuation, éventuellement couplé à une gaine
de type convecteur (voir par exemple document
BE 903 620 A).
Buts de l'invention
[0009] La présente invention vise à s'affranchir des inconvénients de l'état de la technique.
[0010] Plus particulièrement, l'invention a pour but d'optimiser la combustion pour chaque
allure de chauffage.
[0011] L'invention vise également à assurer une sécurité destinée à éviter tout goudronnage
dans les conduits de cheminée, ce qui pourrait entraîner une accumulation de suies
et éventuellement un feu de cheminée.
[0012] L'invention vise également à optimiser la combustion quelle que soit le type ou la
hauteur de cheminée, ainsi que dans le cas de conditions atmosphériques variables.
Principaux éléments caractéristiques de l'invention
[0013] Un premier objet de la présente invention se rapporte à un appareil de chauffage
à combustible solide comprenant une chambre de combustion et un premier conduit d'évacuation
des fumées, caractérisé en ce que l'appareil de chauffage comprend :
- une double paroi délimitant, à l'extérieur de la chambre de combustion, un second
conduit d'évacuation des fumées, sis sur le parcours des fumées entre la chambre de
combustion et ledit premier conduit et munie, dans une section verticale, d'une pluralité
de clapets de communication commandés, situés à des hauteurs respectives différentes
h1, h2, h3, h4, etc., le second conduit d'évacuation des fumées étant configuré, grâce
à une ouverture de la double paroi dans sa partie basse, de manière à allonger le
chemin parcouru par les fumées, dans une mesure qui dépend de la sélection du clapet
d'entrée ouvert dans le second conduit, les autres clapets étant fermés ;
- des moyens de régulation configurés pour sélectionner, pour chacun desdits clapets,
une position ouverte ou fermée, en fonction de la température des fumées mesurée par
une sonde de température situé au niveau dudit premier conduit, de manière à ajuster
la longueur du chemin parcouru par les fumées pour minimiser la température des fumées,
tout en restant au-dessus de leur point de rosée.
[0014] Selon des exemples de modes d'exécution, l'appareil de chauffage selon l'invention
comporte en outre une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- le premier conduit d'évacuation est une cheminée verticale ou un conduit horizontal
ou de départ arrière ;
- la sonde de température est située à une certaine distance de l'extrémité de la cheminée
débouchant à l'atmosphère ;
- la sonde de température est sise à environ 30 cm au-dessous du sommet de la cheminée
;
- la double paroi comprend, à chaque hauteur h1, h2, h3, h4, etc., deux clapets situés
à proximité des deux parois latérales de la chambre de combustion ;
- l'appareil comprend en outre un clapet de tirage direct pour l'admission des fumées
dans le premier conduit ;
- les moyens de régulation comprennent ladite sonde température, un microcontrôleur
et un actionneur se présentant sous la forme d'un moteur pour l'ouverture et la fermeture
de chaque clapet ;
- la régulation est une régulation en boucle ouverte ou fermée, de préférence de type
PID ;
- un conduit de réchauffement d'air primaire ou secondaire aboutissant dans le haut
de la chambre de combustion est disposé entre la chambre de combustion et le second
conduit d'évacuation des fumées.
[0015] Un second objet de l'invention concerne un procédé de régulation d'un appareil de
chauffage tel que décrit ci-dessus, caractérisé en ce que, en fonctionnement, lesdits
moyens de régulation sont mis en oeuvre pour que :
- à une allure maximum de l'appareil, le clapet de hauteur la plus élevée h1 est ouvert
et les autres clapets fermés ;
- à une allure intermédiaire de l'appareil, le clapet de hauteur la plus élevée h1 est
fermé et au moins un clapet de hauteur inférieure h2, h3, h4, etc., est ouvert, les
clapets restants étant fermés ;
- à une allure minimum de l'appareil ou au ralenti, tous les clapets sont fermés sauf
le clapet de hauteur la plus faible ou bien tous les clapets sont fermés sauf le clapet
de tirage direct, admettant directement les fumées dans le premier conduit.
Brève description des figures
[0016] La figure 1 représente une vue en perspective et en coupe, de droite et de dos, d'un
exemple de forme d'exécution de l'appareil de chauffage régulé selon la présente invention.
[0017] La figure 2 représente une vue de droite et en coupe de l'appareil de la figure 1.
[0018] La figure 3 représente schématiquement une vue en perspective de dos de l'appareil
de la figure 1.
[0019] La figure 4 représente schématiquement une vue de droite et en coupe de l'appareil
de la figure 1, avec le trajet des fumées représenté en allure maximum.
Description de formes d'exécution préférées de l'invention
[0020] Le principe mis en oeuvre dans l'invention est de diminuer la température de fumée
précisément en allongeant le chemin parcouru par les fumées entre la chambre de combustion
et l'entrée dans la cheminée. En effet, cet allongement de chemin parcouru permet
une plus grande détente des gaz et/ou un meilleur échange de chaleur avec les parois,
donc le refroidissement des fumées. Selon l'invention, on souhaite adapter constamment
le chemin parcouru par les fumées aux différentes allures de l'appareil de chauffage,
de manière à optimiser le rendement de celui-ci, quelle que soit l'allure adoptée.
[0021] Selon l'invention, on propose pour ce faire un appareil de chauffage, comme représenté
sur les figures 1 et 2, dans lequel la chambre de combustion 1 est munie d'une double
paroi 2A qui peut communiquer avec la chambre de combustion au moyens d'une pluralité
de clapets, par exemple au moins au nombre de quatre clapets 11, 12, 13, 14 situés
à différentes hauteurs respectives h1, h2, h3 et h4, telles que h1 > h2 > h3 > h4.
Pour l'homme de métier, il est entendu que tout système de registre ou clapet convenant
pour contrôler le tirage d'un appareil de chauffage peut être utilisé dans le cadre
de la présente invention. L'invention est avantageusement mise en oeuvre automatiquement
au moyen d'une régulation en boucle ouverte ou fermée, comprenant un capteur de température
(7) situé dans la partie haute de la cheminée (8, figure 3) et un actionneur (non
représenté) qui ouvre ou ferme les différents clapets précités en fonction de la valeur
mesurée pour les températures des fumées et de la température de consigne. Chaque
clapet est solidaire d'un petit moteur qui est commandé par liaison filaire ou par
radiofréquences.
[0022] Il convient alors d'appliquer le procédé de l'invention en examinant séparément les
différentes allures.
Allure maximum
[0023] La température des fumées étant la plus élevée à cette allure, comme indiqué ci-dessus,
on ouvre le clapet 11 situé à la hauteur h1 en vue de faire circuler les gaz de combustion
3 sur une distance importante, à savoir 2x+a+h (figure 3), pour pouvoir les refroidir
et ainsi obtenir un meilleur rendement. Les clapets 12, 13 et 14 restent fermés (comme
sur la figure 2). Il faut toutefois veiller à ne pas refroidir les fumées au-dessous
du point de rosée (environ 65°C). On notera que, vu que la hauteur h des cheminées
n'est pas constante, il faut prévoir le positionnement du capteur de température des
fumées au sommet de la cheminée 6, par exemple à 30 cm en-deça du sommet 8. Ce positionnement
du capteur permet de rendre l'invention compatible avec n'importe quelle hauteur de
cheminée et de tenir compte de conditions atmosphériques variables.
[0024] La figure 4 montre le chemin parcouru par les fumées dans le cas de l'allure maximum
(clapet 11 ouvert). Les fumées s'échappent à l'atmosphère par passage arrière 4 ou
dessus 4A (vers la cheminée).
[0025] Le trajet en « labyrinthe » des fumées peut être obtenu par n'importe quel moyen
de construction simple connu de l'homme de métier, par exemple au moyen d'une tôle
pliée en « L » laissant apparaître un orifice 2B dans la partie basse du poêle.
Allure moyenne
[0026] La température des fumées étant moins élevée que pour l'allure maximum, il y aura
un risque de condensation si le chemin destiné au refroidissement des fumées reste
le même qu'à l'allure maximum. Il faut donc raccourcir leur trajet en contrôlant l'ouverture
et la fermeture des clapets précités. Concrètement, lorsque l'on passe de l'allure
maximum à l'allure moyenne et que la température des fumées mesurée en haut de la
cheminée se rapproche du point de rosée, une instruction est envoyée pour fermer le
clapet 11 et ouvrir le clapet 12 (les clapets 13 et 14 restant fermés), ce qui diminuera
la distance de refroidissement de y (c'est-à-dire en passant de 2x+a+h à 2x+a+h-y,
figure 3). La température des fumées va alors augmenter jusqu'à une valeur plus éloignée
du point de rosée.
Allure minimum et ralenti
[0027] A ces allures, la température des fumées risquant à nouveau de s'approcher du (ou
de descendre sous le) point de rosée, le clapet 13 (14, etc.) sera ouvert (clapets
11, 12 fermés) pour diminuer encore la distance parcourue par les fumées et augmenter
la température de fumée, et ainsi de suite. Si cela ne suffit pas, un clapet de tirage
direct 5 admettant directement les gaz de combustion dans la cheminée, qui est normalement
fermé aux autres allures, sera ouvert en dernière extrémité, pour s'éloigner du point
de rosée.
[0028] Dans le cas d'appareils de chauffage à haut rendement avec air préchauffé, par exemple
de type Woodbox
® (brevet
EP 1 563 228 B1), la « double paroi » de l'appareil selon la présente invention devient une triple
paroi, qui échange de la chaleur avec le canal de réchauffement de l'air entrant,
celui-ci étant également chauffé par la chambre de combustion. Cette prise en « sandwich
» du canal de réchauffement entre deux parois chaudes permet d'augmenter dans ce cas
la température d'entrée de l'air préchauffé dans la chambre de combustion et de diminuer
les pertes q
2, du fait que la combustion est améliorée quand elle est alimentée par de l'air préchauffé.
Toutefois, les pertes q
1 peuvent également augmenter, ce qui doit être réajusté au moyen de la régulation
selon l'invention.
[0029] Toujours dans le cas d'appareils de type Woodbox
® munis d'une taque de cuisson supérieure, on a remarqué que la double enveloppe de
réchauffement supérieure constituait un élément isolant qui rendait la cuisson difficile.
L'appareil selon l'invention restaure les possibilités de cuisson dans la mesure où
la taque de cuisson peut être à présent en contact avec le conduit chaud d'échappement
des fumées.
[0030] Des simulations ont montré que, pour une température d'environ 80°C en sortie de
cheminée et avec un air préchauffé à 300°C, voire 350°C, on obtient, pour un poêle
à bûches de bois à haut rendement à régulation de combustion selon l'invention, un
rendement de 85-90% et un rapport CO/CO
2 de l'ordre de 0,1%, ce qui est conforme à la plupart des normes ou écolabels en vigueur
en vue d'augmenter la performance et réduire la pollution des appareils de chauffage
(ex. label « Flamme verte » en France, Autriche, etc.).
1. Appareil de chauffage à combustible solide comprenant une chambre de combustion (1)
et un premier conduit d'évacuation des fumées (6),
caractérisé en ce que l'appareil de chauffage comprend :
- une double paroi (2A) délimitant, à l'extérieur de la chambre de combustion, un
second conduit d'évacuation des fumées (2), sis sur le parcours des fumées entre la
chambre de combustion (1) et ledit premier conduit (6) et munie, dans une section
verticale, d'une pluralité de clapets de communication commandés (11, 12, 13, 14,
etc.), situés à des hauteurs respectives différentes h1, h2, h3, h4, etc., le second
conduit d'évacuation des fumées (2) étant configuré, grâce à une ouverture (2B) de
la double paroi (2A) dans sa partie basse, de manière à allonger le chemin parcouru
par les fumées, dans une mesure qui dépend de la sélection du clapet d'entrée ouvert
dans le second conduit (2), les autres clapets étant fermés ;
- des moyens de régulation configurés pour sélectionner, pour chacun desdits clapets
(11, 12, 13, 14, etc.), une position ouverte ou fermée, en fonction de la température
des fumées mesurée par une sonde de température (7) situé au niveau dudit premier
conduit (6), de manière à ajuster la longueur du chemin parcouru par les fumées (3)
pour minimiser la température des fumées, tout en restant au-dessus de leur point
de rosée.
2. Appareil de chauffage selon la revendication 1, caractérisé en ce que le premier conduit d'évacuation (6) est une cheminée verticale ou un conduit horizontal
ou de départ arrière.
3. Appareil de chauffage selon la revendication 2, caractérisé en ce que la sonde de température (7) est située à une certaine distance de l'extrémité de
la cheminée (8) débouchant à l'atmosphère.
4. Appareil de chauffage selon la revendication 3, caractérisé en ce que la sonde de température (7) est sise à environ 30 cm au-dessous du sommet de la cheminée
(8).
5. Appareil de chauffage selon la revendication 1, caractérisé en ce que la double paroi (2A) comprend, à chaque hauteur h1, h2, h3, h4, etc., deux clapets
(11, 12, 13, 14, etc.) situés à proximité des deux parois latérales de la chambre
de combustion (1).
6. Appareil de chauffage selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend en outre un clapet de tirage direct (5) pour l'admission des fumées dans
le premier conduit (6).
7. Appareil de chauffage selon la revendication 1, caractérisé en ce que les moyens de régulation comprennent ladite sonde température (7), un microcontrôleur
et un actionneur se présentant sous la forme d'un moteur pour l'ouverture et la fermeture
de chaque clapet.
8. Appareil de chauffage selon la revendication 7, caractérisé en ce que la régulation est une régulation en boucle ouverte ou fermée, de préférence de type
PID.
9. Appareil de chauffage selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'un conduit de réchauffement d'air primaire ou secondaire (9) aboutissant dans le haut
(10) de la chambre de combustion (1) est disposé entre la chambre de combustion (1)
et le second conduit d'évacuation des fumées (2).
10. Procédé de régulation d'un appareil de chauffage selon la revendication 1,
caractérisé en ce que, en fonctionnement, lesdits moyens de régulation sont mis en ouvre pour que :
- à une allure maximum de l'appareil, le clapet (11) de hauteur la plus élevée h1
est ouvert et les autres clapets (12, 13, 14, etc.) fermés ;
- à une allure intermédiaire de l'appareil, le clapet (11) de hauteur la plus élevée
h1 est fermé et au moins un clapet de hauteur inférieure h2, h3, h4, etc. est ouvert,
les clapets restants étant fermés ;
- à une allure minimum de l'appareil ou au ralenti, tous les clapets sont fermés sauf
le clapet de hauteur la plus faible ou bien tous les clapets (11, 12, 13, 14, etc.)
sont fermés sauf le clapet de tirage direct (5), admettant directement les fumées
dans le premier conduit (6).