[0001] La présente invention a pour objet un procédé de protection d'un substrat métallique,
notamment en alliage d'aluminium, contre la corrosion et l'abrasion.
[0002] Un tel procédé trouve en particulier son application dans le domaine de l'aéronautique,
domaine dans lequel certaines parties d'aéronefs, réalisées en alliage d'aluminium,
sont soumises en vol à des phénomènes d'abrasion et de corrosion; ces mêmes parties
sont de plus susceptibles d'être rayées ou soumises à des chocs lors de leur séjour
au sol ou de leur fabrication.
[0003] Il existe en outre dans ce même domaine de l'aéronautique, une demande pour que certaines
surfaces extérieures d'aéronefs aient un aspect brillant.
[0004] A ce jour, les parties d'aéronefs susvisées sont protégées essentiellement par deux
procédés.
[0005] Le premier de ces procédés comprend un traitement d'anodisation (réalisé en cuve),
de type chromique ou sulfurique, desdites parties, suivi de l'application d'une peinture
protectrice et/ou d'un vernis sur les parties ainsi traitées.
[0006] Le second de ces procédés comprend l'utilisation au niveau de ces parties d'aéronefs
d'une tôle d'aluminium revêtue d'un placage d'aluminium, ce placage étant poli afin
de lui conférer une finition dite poli-miroir.
[0007] Ces procédés présentent de multiples inconvénients.
[0008] Ainsi, ils ne permettent pas une protection suffisante contre la corrosion, l'abrasion,
les rayures et les chocs avec pour conséquence préjudiciable, des pertes d'épaisseur
(fragilisation) et la formation de piqûres de corrosion localisées et de profondeur
variable.
[0009] De plus, le procédé basé sur l'anodisation ne permet pas l'obtention du poli exigé
dans certains cas.
[0010] Par ailleurs, l'utilisation d'un placage, qui représente habituellement de 5 à 10%
de l'épaisseur des parties d'aéronefs concernées, est de mise en oeuvre délicate et
entraine un surcoût de matière appréciable.
[0011] En outre, les revêtements obtenus avec le procédé connu du placage poli, sont difficilement
réparables ; en effet, dans ce cas, la réparation exige un ponçage qui peut affecter
l'intégrité substrat-placage en perforant ce dernier et aboutir au remplacement de
la tôle qui est une opération très complexe et coûteuse.
[0012] Le but de la présente invention est de pallier ces insuffisances des procédés de
la technique antérieure et, à cet effet, elle propose un procédé de protection d'un
substrat métallique, notamment en alliage d'aluminium, contre la corrosion et l'abrasion,
qui est caractérisé en ce qu'il comprend la formation sur ledit substrat d'un revêtement
en alliage de zinc et de nickel (en abrégé Zn-Ni), puis le polissage du revêtement
ainsi formé.
[0013] Ce revêtement présente une bonne adhérence au substrat, ainsi qu'une dureté plus
élevée (250-300HV) que celle obtenue avec l'aluminium non anodisé (25-120HV).
[0014] Le substrat traité présente donc, en raison de sa dureté accrue, une meilleure protection
contre l'abrasion, les rayures et les chocs, ce qui augmente les intervalles entre
les opérations d'entretien et facilite l'entretien lui-même.
[0015] Ce substrat traité est également supérieur, en termes de résistance à la corrosion,
aux substrats d'aluminium polis.
[0016] Ainsi, un substrat traité permet d'obtenir une durée de protection en brouillard
salin de plus de 400 heures avant apparition de la corrosion sur ce substrat, alors
que dans le cas du procédé d'aluminium plaqué et poli, la corrosion apparaît dans
les 20 premières heures d'exposition au brouillard salin.
[0017] En outre, le choix de l'alliage Zn-Ni génère un couple galvanique avec le substrat
en aluminium favorable à sa protection, également dans le cas où une réparation locale
(cas de piqûres ou chocs profonds) aurait été réalisée en utilisant un dépôt de nickel
si on recouvre ce dernier d'une couche de finition de Zinc-Nickel.
[0018] Par ailleurs, le revêtement selon l'invention est, en cas d'apparition de fissures
ou rayures, réparable par simple apport localisé d'alliage Zn-Ni par la technique
d'électrolyse au tampon, suivi d'un polissage des zones concernées par cet apport
d'alliage.
[0019] Outre le fait qu'il répond parfaitement aux contraintes d'esthétique imposées par
certaines compagnies aériennes, l'aspect poli-miroir obtenu selon l'invention par
l'opération de polissage est au moins d'aussi bonne qualité que celui obtenu actuellement
par polissage d'un placage d"aluminium ; il permet de ce fait une amélioration de
l'écoulement de l'air et par conséquent pourrait générer un gain de carburant par
rapport à une structure non polie.
[0020] Selon un mode de réalisation préféré, il peut être fait appel pour le dépôt de Zn-Ni
à la technique bien connue de dépôt par voie électrolytique, en particulier hors cuve,
par exemple par électrolyse au tampon, ce qui permet de traiter localement le substrat,
de conserver sa stabilité géométrique et convient parfaitement au cycle de fabrication
de ces pièces qui peuvent nécessiter des assemblages et une protection par d'autres
procédés sur leur autre face.
[0021] Selon un mode de réalisation, le dépôt par voie électrolytique comprend la mise en
oeuvre d'une solution électrolytique contenant des ions Ni
2+ et Zn
2+, la concentration des ions Ni
2+ étant de 9 à 49g/L et la concentration des ions Zn
2+ étant de 49 à 90g/L.
[0022] Avantageusement, lesdites concentrations en ions Ni
2+ et Zn
2+ sont choisies pour former un revêtement comprenant 5 à 20% en poids, de préférence
10 à 14% en poids, de nickel.
[0023] On ajoutera que la source d'ions Ni
2+ pourra par exemple comprendre du chlorure de nickel (par exemple hydraté) et la source
d'ions Zn
2+ pourra par exemple comprendre de l'oxyde de zinc.
[0024] Selon l'invention, le polissage du revêtement en alliage Zn-Ni n'est pas limité à
une technique particulière et peut faire appel à un ponçage manuel ou mécanique (notamment
ponceuse rotative ou robot), en particulier à l'aide d'un matériau abrasif tel qu'un
papier abrasif ou une pâte de polissage.
[0025] Selon l'invention, la formation du revêtement en alliage de zinc-nickel et le polissage
sont par exemple réalisés pour obtenir, avant polissage, un revêtement d'une épaisseur
de 30 à 50µm et après polissage, un revêtement d'une épaisseur de 20 à 45µm.
[0026] Le procédé selon l'invention peut en outre avantageusement comprendre l'application,
sur le revêtement poli en alliage de nickel et de zinc, d'un revêtement de surface
transparent et étanche à l'air.
[0027] Ce revêtement de surface, par exemple appliqué par pulvérisation, aérosol ou au pinceau,
d'une épaisseur variable jusqu'à 40µm selon les cas, peut entre autres comprendre
un ou plusieurs polymères choisis dans le groupe constitué par les résines acryliques,
les résines époxy, les silicones, les polysilanes, les sols-gels et les polyuréthanes,
ou être le résultat d'une passivation sans chrome hexavalent.
[0028] A titre d'exemples, on peut citer les compositions pour revêtement de surface commercialisées
par les sociétés Socomor, Coventya, Cytec, Map et Akzo Nobel.
[0029] Ledit revêtement de surface permettra notamment de retarder et de limiter l'oxydation
du revêtement de Zn-Ni qui se produit surtout dans les atmosphères humides et marines.
[0030] Quant au substrat métallique à traiter, il peut s'agir de substrats en alliage d'aluminium
(par exemple alliage 2024 ou 2219) ou de substrats en acier, généralement exposés
à des phénomènes d'abrasion et de corrosion, comme cela est le cas dans le domaine
aéronautique, de bords d'attaque ou becs d'ailes, d'ailerons ou de dérives d'avion,
d'entrées d'air de nacelle de moteur d'avion, de bâtis de hublots ou cockpits d'avion,
d'arêtes de pales d'hélices d'avion ou d'hélicoptère et de certains éléments de trains
d'atterrissage.
[0031] La présente invention a également pour objet le substrat métallique protégé obtenu
par le procédé décrit ci-dessus, dans lequel le revêtement présente un poli miroir.
[0032] La présente invention va maintenant être illustrée par la description additionnelle
ci-après.
[0033] L'application du revêtement en alliage de nickel et de zinc est de préférence précédée
par la préparation de la surface du substrat à traiter.
[0034] Cette préparation a pour but de dégraisser cette surface et, si besoin est, de décaper
cette dernière, pour en éliminer les graisses, impuretés et oxydes superficiels et
ainsi permettre une adhérence optimale du revêtement.
[0035] Selon la nature du substrat (alliage d'aluminium ou acier) et l'état de surface de
celui-ci, ladite préparation peut comprendre un ponçage suivi d'une ou plusieurs des
opérations suivantes : dégraissage chimique ou électrochimique, décapage chimique
ou électrochimique, sablage par voie humide ou à sec, dépassivation chimique ou électrochimique,
activation chimique ou électrochimique et formation éventuelle d'une sous-couche métallique,
avec rinçage à l'eau entre ces différentes opérations.
[0036] Pour réaliser le revêtement de zinc-nickel, il est de préférence fait appel à la
technique de dépôt par voie électrolytique, hors cuve.
[0037] A cet effet, utilisation peut être faite d'outils d'électrolyse au tampon bien connus.
Les conditions mises en oeuvre pour le dépôt électrolytique sont les suivantes :
- composition de l'électrolyte :
- Oxyde de zinc : 62 à 113g/L
- Chlorure de nickel hexahydraté : 38 à 205g/L
- Acide sulfamique : quantité nécessaire pour la dissolution du sel de zinc
- Agent basique : quantité nécessaire pour ajuster le pH entre 8 et 10
- Eau déminéralisée : pour ajuster au volume
- anode : graphite, titane platiné, platine
- courant : continu ou pulsé
- tension : inférieure à 20V
- densité de courant : 50 à 300A/dm2
- durée : 7,7 à 9,6 minutes pour une épaisseur de dépôt de 40 à 50µm sur 1 dm2, en considérant une couverture d'électrode de 10 % de la surface à traiter et une
densité de courant de 200A/dm2 en contact.
[0038] Après rinçage du substrat ayant reçu son revêtement, celui-ci est soumis à une opération
de polissage par mise en oeuvre des techniques listées ci-dessus, jusqu'à l'obtention
d'un poli miroir correspondant aux exigences des constructeurs et de leurs clients.
[0039] Si on le souhaite, on complète le procédé ci-dessus par une étape d'application,
sur le revêtement de Zn-Ni poli, d'un revêtement de surface étanche à l'air, par exemple
par pulvérisation, ayant l'épaisseur et la composition susvisées.
[0040] Certaines caractéristiques du revêtement de Zn-Ni poli ont été testées, notamment
son adhérence au substrat, sa dureté, sa résistance à la corrosion et sa résistance
aux chocs thermiques.
[0041] L'adhérence au substrat a été vérifiée par coupe micrographique, lors des opérations
de polissage qui sollicitent le dépôt d'une façon importante et lors d'essais de chocs
thermiques comportant 9 cycles entre -80°C et +200°C, avec passage direct d'une température
à l'autre.
[0042] La dureté a été mesurée par des méthodes conventionnelles reconnues.
[0043] La résistance à la corrosion a été vérifiée lors d'essais comparatifs en brouillard
salin neutre réalisés selon les normes ISO 9227 et ASTM B117, éventuellement après
soumission aux chocs thermiques décrits plus haut.
[0044] Il a aussi été vérifié que le revêtement ne réduit pas la tenue en fatigue des pièces
traitées ; en effet, il n'est noté aucun abattement sur la tenue en fatigue amorçage.
1. Procédé de protection d'un substrat métallique d'une partie d'aéronef, notamment en
alliage d'aluminium, contre la corrosion et l'abrasion, caractérisé en ce qu'il comprend la formation sur ledit substrat d'un revêtement en alliage de zinc et
de nickel, puis polissage du revêtement ainsi formé.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la formation dudit revêtement comprend le dépôt par voie électrolytique.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que le dépôt par voie électrolytique est réalisé hors cuve, notamment par électrolyse
au tampon.
4. Procédé selon la revendication 2 ou 3, caractérisé en ce que le dépôt par voie électrolytique comprend la mise en oeuvre d'une solution électrolytique
ayant une concentration en ions Ni2+ de 9 à 49g/L et une concentration en ions Zn2+ de 49 à 90g/L.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que la source d'ions Ni2+ comprend du chlorure de nickel et la source d'ions Zn2+ comprend de l'oxyde de zinc, la solution électrolytique ayant un pH de 8 à 10.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que le polissage est effectué par ponçage manuel ou mécanique.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la formation du revêtement en alliage de nickel et de zinc et le polissage sont réalisés
pour obtenir, avant polissage, un revêtement d'une épaisseur de 30 à 50 µm et, après
polissage, un revêtement d'une épaisseur de 20 à 45µm.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il comprend en outre l'application, sur le revêtement poli en alliage de zinc et de
nickel, d'un revêtement de surface transparent et étanche à l'air.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que ledit revêtement de surface présente une épaisseur pouvant aller jusqu'à 40µm et
comprend un ou plusieurs polymères choisis dans le groupe constitué par les résines
acryliques, les résines époxy, les silicones, les polysilanes, les sols-gels et les
polyuréthanes, ou est le résultat d'une passivation sans chrome hexavalent.
10. Substrat métallique, notamment en alliage d'aluminium obtenu selon l'une des revendications
1 à 9, caractérisé en ce qu'il comprend un revêtement constitué d'un alliage de zinc et de nickel, ce revêtement
présentant un aspect poli miroir.
11. Substrat selon la revendication 10, caractérisé en ce que ledit revêtement a une épaisseur de 20 à 45µm et comprend de 5 à 20% en poids de
nickel.
12. Substrat selon la revendication 10 ou 11, caractérisé en ce qu'il comprend en outre un revêtement de surface transparent et étanche à l'air, appliqué
sur le revêtement poli.