[0001] La présente invention concerne un procédé de détourage d'une lentille ophtalmique
selon un contour souhaité, en vue de son montage dans une monture de lunettes.
[0002] Elle concerne plus précisément la détermination d'une position de blocage de la lentille
sur un support de blocage sur lequel la lentille est maintenue pendant son détourage.
[0003] Ce procédé est particulièrement adapté au détourage de lentilles ophtalmiques dont
le contour présente une forme complexe, notamment des zones de courbures négatives.
ARRIERE-PLAN TECHNOLOGIQUE
[0004] La préparation d'une lentille ophtalmique en vue de son montage sur une monture de
lunettes cerclée, semi-cerclée ou sans cercle (ou « percé ») est réalisée en acquérant
le contour souhaité suivant lequel la lentille ophtalmique doit être détourée pour
s'adapter à la forme de cette monture de lunettes. Ce contour est positionné sur la
lentille en fonction du référentiel optique de la lentille pour que cette dernière
soit, au porté, convenablement positionnée devant les yeux du porteur. La lentille
est ensuite détourée en suivant ce contour souhaité.
[0005] Cette opération est par exemple décrite dans le document
US2004/097168.
[0006] Lors du détourage, il peut arriver que certaines parties du contour souhaité ne puissent
être usinées sans que le porte-outil ou l'outil n'entre en conflit avec un autre élément
du dispositif d'usinage, par exemple le support de blocage de la lentille dans le
dispositif d'usinage. Il en est typiquement ainsi lorsque la partie concernée du contour
souhaité est située à proximité du support de la lentille et/ou lorsque le diamètre
de l'outil est sensiblement plus petit que celui du porte-outil.
[0007] Les lentilles ophtalmiques destinées à être détourées suivant des contours de faibles
hauteurs et de largeurs importantes, généralement des contours rectangulaires, génèrent
souvent ce type d'interférence.
[0008] Il en est de même des lentilles ophtalmiques destinées à être détourées suivant des
contours de formes complexes comportant par exemple des zones incurvées vers le centre
de la lentille, appelées zones de courbure négative. Ces zones de courbure négative
correspondent généralement à des détails décoratifs du contour de la lentille et nécessitent
d'être usinées par un outil de diamètre inférieur au diamètre de la meule couramment
utilisé pour détourer la lentille. On utilise par exemple, dans ce cas, un outil fraise
de quelques millimètres de diamètre.
OBJET DE L'INVENTION
[0009] Afin de résoudre ce problème, on propose selon l'invention un procédé de détourage
selon la revendication 1.
[0010] La limite intérieure de coupe est définie autour du support de blocage et correspond
à la zone autour de ce support dans laquelle l'outil d'usinage considéré ne peut pas
accéder, du fait de risques d'interférence entre l'outil (ou le porte-outil) et le
support de blocage.
[0011] Ainsi, grâce à l'invention, on peut détecter, avant même la mise en place du support
de blocage sur la lentille (généralement au centre optique ou au centre boxing de
la lentille), les risques d'interférence entre l'outil d'usinage et le support de
blocage.
[0012] Si un tel risque est détecté, il est alors possible de modifier la position à laquelle
le support de blocage doit être fixé sur la lentille, de manière qu'au cours de l'usinage
de la lentille, l'outil considéré n'ait pas à accéder à l'intérieur de la limite intérieure
de coupe.
[0013] D'autres caractéristiques avantageuses et non limitatives du procédé conforme à l'invention
sont définies dans les revendications 2 et suivantes.
DESCRIPTION DETAILLEE D'UN EXEMPLE DE REALISATION
[0014] La description qui va suivre, en regard des dessins annexés, donnée à titre d'exemple
non limitatif, fera bien comprendre en quoi consiste l'invention et comment elle peut
être réalisée.
[0015] Sur les dessins annexés :
- la figure 1 est une vue schématique en perspective d'un dispositif de détourage utilisé
pour mettre en oeuvre le procédé selon l'invention ;
- la figure 2 est une vue schématique en coupe d'une lentille ophtalmique maintenue
par un support de lentille et prête à être détourée par une fraise ;
- la figure 3 est une vue schématique d'un contour souhaité suivant lequel il convient
de détourer la lentille ophtalmique ; et
- la figure 4 est un organigramme illustrant l'algorithme de mise en oeuvre du procédé
selon l'invention.
[0016] Dans la description qui va suivre, on utilisera le terme enveloppe pour désigner
la surface qui délimite un volume considéré. L'enveloppe d'un objet en mouvement désignera
en particulier la surface dans laquelle est circonscrit l'ensemble des positions de
l'objet lorsqu'il se déplace suivant le mouvement considéré.
[0017] La partie technique du métier de l'opticien consiste à monter une paire de lentilles
ophtalmiques sur une monture sélectionnée par le futur porteur de la paire de lunettes.
[0018] Ce montage se décompose en quatre opérations principales :
- l'acquisition d'un contour souhaité selon lequel devra être détourée chaque lentille
ophtalmique ;
- le centrage du contour souhaité dans le référentiel de la lentille correspondante,
qui consiste à déterminer la position qu'occupera chaque lentille sur la monture afin
d'être convenablement centrée en regard de la pupille de l'oeil du porteur de manière
à ce qu'elle exerce convenablement la fonction optique pour laquelle elle a été conçue
;
- le blocage de chaque lentille qui consiste à fixer sur chaque lentille un accessoire
de blocage permettant au dispositif d'usinage de saisir la lentille et de mémoriser
la position du référentiel de cette lentille ; et
- le détourage de chaque lentille qui consiste à l'usiner ou à la découper selon le
contour souhaité, compte tenu des paramètres de centrage définis.
[0019] Cette opération de détourage est généralement réalisée en trois étapes successives
d'ébauche, de finition et de surfinition. L'étape d'ébauche consiste à ramener le
contour initial de la lentille à un contour proche ou identique du contour souhaité.
L'opération de finition consiste à biseauter la tranche de la lentille si celle-ci
est destinée à être montée sur une monture de lunettes cerclée, ou à rainurer la tranche
de la lentille si celle-ci est destinée à être montée sur une monture de lunettes
semi-cerclée. L'étape de finition consiste quant à elle à polir et chanfreiner au
besoin les arêtes coupantes de la tranche de la lentille. Le procédé de détourage
selon l'invention s'applique ici à l'ensemble de ces étapes.
La lentille ophtalmique
[0020] Sur la figure 2, on a représenté une lentille ophtalmique 10. Une telle lentille
ophtalmique 10 présente deux faces optiques avant 14 et arrière 15, et une tranche
16 initialement circulaire qu'il convient de ramener à la forme du contour souhaité,
de manière que la lentille ophtalmique puisse ensuite être fixée à la monture de lunettes
sélectionnée.
[0021] Sur la figure 3, on a représenté un exemple particulier de contour souhaité 11. Bien
sûr, le procédé selon la présente invention s'applique à tout type de contour, régulier
ou non. Il s'applique toutefois de manière particulièrement avantageuse aux lentilles
ophtalmiques à détourer sur des contours souhaités de formes irrégulières, et à assembler
avec des montures de lunettes de type percé (dans lesquelles les branches et le pont
de la monture comportent des moyens de fixation à des trous de perçage pratiqués dans
les lentilles).
[0022] Sur la figure 3, le contour souhaité 11, considéré en projection dans un plan général
moyen de la lentille ophtalmique non encore détourée, comporte un secteur inférieur
régulier et un secteur supérieur A-D irrégulier. Ce secteur supérieur est formé de
plusieurs régions complexes délimitées respectivement par les points A, B, C et D.
[0023] Chaque région complexe A-B, B-C, C-D comporte une ou plusieurs zones de courbure
négative. Ces zones de courbure négative sont des zones dans lesquelles le contour
souhaité 11 est concave.
[0024] Sur cette figure 3, on a également représenté le cadre boxing de ce contour souhaité
11, qui correspond au rectangle dans lequel est inscrit le contour souhaité 11 et
dont deux des côtés définissent l'axe d'horizon de ce contour. Le centre de ce rectangle,
appelé centre boxing, forme alors l'origine du repère du référentiel de la lentille
ophtalmique.
[0025] On définit par ailleurs le plan moyen de la lentille ophtalmique comme le plan qui
contient l'arête arrière circulaire de la lentille non encore détourée. Le contour
souhaité 11 correspond alors à la projection dans ce plan moyen du contour tridimensionnel
suivant lequel la lentille doit être détourée.
Le dispositif d'usinage
[0026] Pour détourer cette lentille ophtalmique 10, on la place dans un dispositif d'usinage
200 connu en lui-même, tel que celui décrit dans le document
W02008/043910.
[0027] Un tel dispositif, tel qu'illustré sur les figures 1 et 2, est une meuleuse qui comporte
:
- une bascule 204 qui est montée pivotante autour d'un axe de bascule A1, en pratique
un axe horizontal, sur un châssis 203, et qui comporte des moyens de support 210 de
la lentille ophtalmique 10 permettant une mise en rotation motorisée de cette lentille
autour d'un axe de blocage A2 sensiblement perpendiculaire au plan moyen de la lentille
et parallèle à l'axe A1 ;
- un train de meules de grand diamètre, comportant notamment une grande meule 220, montées
sur le châssis 203 pour tourner, par entraînement motorisé, autour d'un axe de meule
A3 parallèle à l'axe de bascule A1 ;
- un module de finition 235 qui embarque plusieurs outils de finition, dont une meulette
231 et une fraise 230 montées rotatives autour d'axes A5, A6 parallèles aux axes de
bascule A1, de blocage A2 et de meule A3, et qui est monté à pivotement autour de
l'axe de meule A3 pour la commande de la position de ses outils de finition par rapport
à la lentille ; et
- un dispositif de calcul et de pilotage 100, permettant en particulier de piloter les
différents degrés de liberté du dispositif de meulage 200, qui comporte ici un clavier
101 et un écran 102 adapté à l'affichage d'une interface graphique.
[0028] Typiquement, ce dispositif de calcul et de pilotage 100 est intégré au système électronique
et/ou informatique de la meuleuse 200.
[0029] Les moyens de support 210 de la lentille ophtalmique 10 comportent ici plus précisément
deux arbres de serrage et d'entraînement en rotation 211 de la lentille ophtalmique
10 à détourer. Ces deux arbres 211 sont alignés l'un avec l'autre suivant l'axe de
blocage A2.
[0030] Chacun de ces arbres 211 possède une extrémité libre qui fait face à l'autre, dont
l'une est équipée d'un nez de blocage 214 de la lentille ophtalmique 10 et dont l'autre
est équipée d'un moyen de réception 213 d'un accessoire de blocage 215 de la lentille
(prépositionné sur la lentille au moment de son blocage).
[0031] Cet accessoire de blocage est classiquement positionné sur la lentille ophtalmique
en un point donné et avec une orientation donnée, qui permet de repérer la position
du référentiel de la lentille ophtalmique par rapport au référentiel du châssis 203
du dispositif d'usinage 200. Classiquement, cet accessoire de blocage 215 comporte
un corps agencé pour coopérer avec l'arbre 211 correspondant de la meuleuse 200, et
une pastille adhésive agencée pour se coller à la face optique avant 14 de la lentille
ophtalmique.
[0032] Comme le montre la figure 2, lors de l'usinage de la lentille ophtalmique 10, une
partie centrale de ses faces optiques avant et arrière 14, 15 sont recouvertes par
le nez et l'accessoire de blocage 214, 215. On peut alors définir autour de l'axe
de blocage A2 une surface, appelée enveloppe d'inaccessibilité B1, dans laquelle il
n'est pas possible d'usiner la lentille ophtalmique 10. Puisque les nez et accessoire
de blocage 214, 215 présentent ici un même contour de dimension transversale connue
(typiquement, un contour circulaire de diamètre connu ou rectangulaire de cotés connus),
l'enveloppe d'inaccessibilité B1 est définie comme le cylindre de révolution autour
de l'axe de blocage A2, qui présente un diamètre égal à celui des nez et accessoire
de blocage 214, 215 (ou légèrement supérieur à ce diamètre, compte-tenu des déformations
possibles de ces nez et accessoire de blocage).
[0033] Un premier des deux arbres 211 est fixe en translation suivant l'axe de blocage A2.
Le second des deux arbres 211 est au contraire mobile en translation suivant l'axe
de blocage A2 pour réaliser le serrage en compression axiale de la lentille ophtalmique
10 entre les deux arbres.
[0034] La grande meule 220 est une meule classique, qui comporte une surface coupante définissant,
dans sa rotation autour de l'axe A3, une enveloppe de coupe de révolution autour de
cet axe A3, présentant un diamètre supérieur ou égal à 80 millimètres, par exemple
égal à 155 millimètres.
[0035] La meulette 231 est une meule de plus petit diamètre que la meule 220, qui comporte
une surface coupante définissant, dans sa rotation autour de l'axe A5, une enveloppe
de coupe de révolution autour de cet axe A5, présentant de préférence un diamètre
inférieur à 80 millimètres, par exemple égal à 11 millimètres.
[0036] La fraise 230 comporte une arête coupante définissant, dans sa rotation autour de
l'axe A6, une enveloppe de coupe de révolution autour de cet axe A6, qui présente
un diamètre inférieur à 10 millimètres et de préférence inférieur à 5 millimètres,
par exemple égal à 1,4 millimètres.
[0037] Ces trois outils 220, 230, 231 sont portés par des portes-outils.
[0038] La grande meule 220 et la meulette 231 sont respectivement portées par un axe et
un mandrin. Elles présentent des diamètres très supérieurs à ceux de cet axe et de
ce mandrin. Lors de l'usinage de la lentille, ces portes-outils ne risquent donc pas
d'interférer avec les arbres 211 de blocage de la lentille ophtalmique.
[0039] Comme le montre la figure 2, la fraise 230 est en revanche portée par un mandrin
240, lui-même supporté par le module de finition 235, dont les dimensions (transversales
à l'axe A6) sont supérieures à celles de la fraise. Plus précisément ici, la fraise
230 est positionnée de telle manière sur le module de finition 235 que ce dernier
risque d'interférer avec les arbres 211 de blocage de la lentille ophtalmique.
[0040] On peut par conséquent définir autour de ce module de finition 235 une surface, appelée
enveloppe de sécurité B2, dans laquelle sont compris le mandrin 240 et le module de
finition 235.
[0041] En comparaison, les enveloppes de sécurité de la grande meule 220 et de la meulette
231 sont formées par leurs enveloppes de coupe puisque leurs porte-outils ne risquent
pas d'interférer avec les arbres 211 de blocage de la lentille ophtalmique.
[0042] On comprend alors que, lors de l'usinage de la lentille ophtalmique, l'enveloppe
de sécurité B2 ne doit jamais intersecter l'enveloppe d'inaccessibilité B1 afin d'éviter,
d'une part, tout risque d'usinage du nez et de l'accessoire de blocage 214, 215, et,
d'autre part, tout risque d'interférence entre l'outil considéré (ou le porte-outil)
et les arbres 211 de blocage de la lentille ophtalmique.
[0043] Etant données ces deux enveloppes B1, B2, on peut définir autour de l'axe de blocage
A2 une limite, appelée limite intérieure de coupe 12, 13 (voir figure 3), qui délimite
le volume dans lequel l'outil considéré ne peut pas venir usiner la tranche 16 de
la lentille ophtalmique 10. Autrement formulée, cette limite intérieure de coupe 12,
13 correspond à l'enveloppe dans laquelle se déplace la surface de coupe de l'outil
considéré lors de son déplacement autour des arbres 211 de blocage de la lentille
dans une plage de déplacement fonctionnelle autorisée.
[0044] Les enveloppes de sécurité B2 des outils étant différentes, on comprend alors que
chaque outil est associé à une limite intérieure de coupe 12, 13 qui lui est propre.
[0045] Telles que représentées sur la figure 3, c'est-à-dire en projection sur le plan moyen
de la lentille ophtalmique 10, les limites intérieures de coupe 12 associées à la
meule 220 et à la meulette 231 sont confondues. Elles présentent des formes cylindriques
de révolution autour de l'axe de blocage A2, de diamètre égal à celui de l'enveloppe
d'inaccessibilité B1.
[0046] La limite intérieure de coupe 13 associée à la fraise 230 présente également une
forme cylindrique de révolution autour de l'axe de blocage A2, mais elle présente
un diamètre supérieur à celui de l'enveloppe d'inaccessibilité B1.
[0047] Ces limites intérieures de coupe 12, 13 étant de formes constantes, on peut prévoir
de mémoriser leurs caractéristiques dans un registre du dispositif de calcul et de
pilotage 100, de manière qu'au démarrage de la meuleuse 200, le dispositif de calcul
et de pilotage 100 puisse acquérir ces caractéristiques.
[0048] Plus généralement, dans le cas où la lentille peut être bloquée avec des accessoires
de blocage de formes différentes (plus ou moins grands selon le caractère glissant
de la lentille), chaque limite intérieure de coupe sera alors non seulement associée
à un outil, mais également à un type d'accessoire de blocage.
Méthode de choix d'outil
[0049] Le contour souhaité 11 de la lentille ophtalmique 10 à détourer comportant, comme
représenté sur la figure 3, des régions complexes A-B, B-C, C-D, le détourage de la
lentille ne peut être réalisé à l'aide de la seule meule 220. On se trouve en effet
dans le cas où le diamètre de la meule 220 est trop grand pour respecter la géométrie
du contour souhaité 11 dans ses zones de courbure négative présentant une concavité
trop prononcée.
[0050] Le détourage pourrait alors être réalisé à l'aide de la seule fraise 231. Toutefois,
l'utilisation d'un outil de petit diamètre est plus onéreuse que celle d'un outil
de grand diamètre. On utilisera donc ici plusieurs outils pour usiner la lentille
ophtalmique 10 suivant le contour souhaité 11.
[0051] Ainsi, avant de commencer l'usinage de ladite lentille, le dispositif de calcul et
de pilotage 100 détermine quelles régions du contour souhaité 11 de la lentille ophtalmique
20 vont être usinées par quel outil 220, 230, 231, en fonction des caractéristiques
géométriques de ce contour souhaité 11 et en fonction des diamètres des enveloppes
de coupes des outils 220, 230, 231.
[0052] Pour cela, le dispositif de calcul et de pilotage 100 commence par acquérir, d'une
manière ou d'une autre, le contour souhaité 11.
[0053] Ce contour souhaité 11 peut par exemple être obtenu par une simple recherche, dans
un registre d'une base de données, d'un enregistrement qui est associé à la référence
de la monture de lunettes sélectionnée et qui mémorise le contour souhaité. Un registre
de base de données régulièrement mis à jour est toutefois nécessaire.
[0054] Plus classiquement, ce contour souhaité 11 pourra être obtenu en capturant un cliché
numérique de la monture de lunettes de présentation que l'opticien a à sa disposition,
et en traitant ce cliché pour déterminer les coordonnées bidimensionnelles d'un ensemble
de points caractérisant la forme des tranches des lentilles de cette monture de présentation.
[0055] Le contour souhaité 11 pourra également être obtenu en palpant la tranche des lentilles
de cette monture de présentation à l'aide d'un lecteur classique, tel que celui décrit
dans le brevet
EP 0 750 172 ou commercialisé par Essilor International sous la marque Kappa ou sous la marque
Kappa CT. A l'issue de cette opération de palpage, le dispositif de calcul et de pilotage
100 aura ainsi acquis les coordonnées bidimensionnelles d'une pluralité de points
caractérisant la géométrie du contour souhaité 11.
[0056] Quelle que soit la méthode d'acquisition du contour souhaité utilisée, le dispositif
de calcul et de pilotage 100 exécute ensuite un algorithme d'analyse du contour souhaité
11 afin de déterminer une première région du contour souhaité 11 comprenant les points
de ce contour pour lesquels l'utilisation de la meule 220 est possible pour détourer
la lentille ophtalmique sans détériorer la forme du contour souhaité.
[0057] Plus précisément, il s'agit d'isoler les points du contour souhaité 11 auxquels l'usinage
de la lentille avec la grande meule 220 pour atteindre la cote de rayon de lentille
souhaitée au point considéré est réalisé sans rogner d'autres parties de la lentille
10 situées à l'intérieur du contour souhaité 11.
[0058] Comme le montre la figure 3, pour chaque point de l'ensemble de points modélisant
le contour souhaité 11, l'algorithme calcule à cet effet la position de l'enveloppe
de coupe 30 de la meule 220 lorsque celle-ci est tangente au contour en ce point.
Cette position correspond à la position de la meule 220 lorsque celle-ci est en position
pour usiner la lentille 10 selon le contour souhaité 11 en ce point. L'algorithme
recherche ensuite les points du contour souhaité 11 qui se trouvent à l'intérieur
de cette première enveloppe de coupe, c'est-à-dire situés du côté de l'arc de cercle
correspondant à la meule 220, s'il en existe. Ces points correspondent aux points
additionnels rognés par la meule 220 lorsqu'elle usine la lentille 10 au point considéré
du contour souhaité 11. L'algorithme peut ainsi déterminer les secteurs complexes
du contour dans lesquels l'utilisation de la meule 220 n'est pas possible. Dans le
cas du contour souhaité 11 représenté sur la figure 3, ce secteur correspond au secteur
supérieur du contour souhaité 11, compris entre les points A et D.
[0059] L'algorithme vérifie ensuite si l'ensemble de ce secteur supérieur peut être usiné
à l'aide de la meulette 231.
[0060] Pour cela, l'algorithme procède de la même manière qu'avec la meule 220, en ne considérant
cette fois que les seuls points du secteur supérieur du contour souhaité 11. L'algorithme
peut ainsi déterminer les régions complexes du contour souhaité 11 dans lesquelles
l'utilisation de la meulette 231 n'est pas possible. Dans le cas du contour souhaité
11 représenté sur la figure 3, ces régions complexes sont comprises entre les points
A et B d'une part, et C et D d'autre part.
[0061] L'algorithme vérifie enfin si ces deux régions complexes A-B et C-D peuvent être
usinées à l'aide de la fraise 230. Si tel n'est pas le cas, il affiche un message
d'erreur sur l'écran 102, signifiant à l'opticien que le détourage de la lentille
ophtalmique n'est pas possible.
[0062] Au contraire, si les deux régions complexes A-B et C-D peuvent être usinées à l'aide
de la fraise 230, le dispositif de calcul et de pilotage 100 mémorise que :
- le secteur inférieur de la lentille ophtalmique 10 doit être détouré à l'aide de la
meule 220,
- les régions complexes A-B et C-D doivent être détourées à l'aide de la fraise 231,
et
- la région complexe B-C doit être détourée à l'aide de la meulette 230.
Détermination du point de blocage
[0063] Il s'agit alors de déterminer si, en bloquant la lentille au niveau de son centre
boxing P
1, il est possible de détourer la lentille ophtalmique 10 suivant son contour souhaité
11 à l'aide des outils prévus, et, si tel n'est pas le cas, de décaler le point de
blocage de la lentille par rapport au centre boxing P
1, jusqu'à trouver une position, dite de blocage final P
F, dans laquelle le détourage est possible.
[0064] L'algorithme de mise en oeuvre de ce procédé de recherche d'une position de blocage
finale P
F se décompose en étapes successives illustrées sur la figure 4.
[0065] Au cours d'une première étape E1, le dispositif de calcul et de pilotage 100 réinitialise
un compteur. La valeur N mémorisée dans ce compteur est alors égale à 1.
[0066] Au cours d'une seconde étape E2, le dispositif de calcul et de pilotage 100 recherche
dans le registre de base de données à laquelle il a accès, d'une part, la limite intérieure
de coupe 12 associée à la meule 220 et à la meulette 231, et, d'autre part, la limite
intérieure de coupe 13 associée à la fraise 230.
[0067] Au cours d'une troisième étape E3 détaillée supra, le dispositif de calcul et de
pilotage 100 acquiert les coordonnées bidimensionnelles des points caractérisant le
contour souhaité 11, puis il calcule la position du centre boxing P
1.
[0068] Au cours d'une quatrième étape E4, le dispositif de calcul et de pilotage 100 détermine
si au moins une partie du contour souhaité 11 prévue pour être usinée à l'aide de
la meule 220 ou de la meulette 231 présente une intersection non nulle avec la limite
intérieure de coupe 12 et si au moins une partie du contour souhaité 11 prévue pour
être usinée à l'aide de la fraise 230 présente une intersection non nulle avec la
limite intérieure de coupe 13.
[0069] Le dispositif de calcul et de pilotage 100 superpose à cet effet les limites intérieures
de coupe 12, 13 et le contour souhaité 11, de telle manière que les centres des cercles
représentatifs de ces limites intérieures de coupe 12, 13 soit confondus avec le centre
boxing P
1. Il simule ainsi le blocage de la lentille ophtalmique 10 au niveau de son centre
boxing P
1.
[0070] Puis il résout deux systèmes d'équations pour trouver d'éventuels points d'intersection
entre le contour souhaité 11 et ces cercles. Dans ces deux systèmes d'équations, la
première équation correspondra à celle du contour souhaité 11. La seconde équation
correspondra en revanche, dans le premier système, à l'équation du cercle représentatif
de la limite intérieure de coupe 12 tandis que dans le second système, elle correspondra
à l'équation du cercle représentatif de la limite intérieure de coupe 13.
[0071] Sur la figure 3, on constate alors qu'une partie Q
11 - Q
12 de la portion complexe A-B destinée à être détourée par la fraise 230 est située
à l'intérieur de la limite intérieure de coupe 13. On constate également qu'une partie
Q
21 - Q
22 de la portion complexe B-C destinée à être détourée par la meulette 231 est située
à l'intérieur de la limite intérieure de coupe 12. On comprend donc qu'en posant l'accessoire
de blocage 215 sur la lentille ophtalmique 10 de telle manière qu'il soit centré sur
le centre boxing P
1, il apparaîtra au cours de l'usinage de la lentille un problème d'interférence entre
les arbres 211 de blocage de la lentille et les outils ou porte-outils de la meuleuse
200.
[0072] Le dispositif de calcul et de pilotage 100 suspend donc le blocage de la lentille
ophtalmique 10 pour trouver une nouvelle position de blocage P
N modifiée par rapport au centre boxing P
1, dans l'espoir que dans cette position, le contour souhaité 11 ne présente plus d'intersection
avec les limites intérieures de coupe 12, 13.
[0073] Au cours d'une cinquième étape E5, le dispositif de calcul et de pilotage 100 calcule
un vecteur de décalage V1 qui permettra de décaler le point de blocage dans une position
susceptible de résoudre les problèmes d'interférence précités.
[0074] Le dispositif de calcul et de pilotage 100 repère, pour chaque zone d'intersection
Q
11 - Q
12, Q
21 - Q
22, le segment de rayon S1, S2 du cercle représentatif de la limite intérieure de coupe
12, 13 associé à cette zone d'intersection, qui est situé entre le contour souhaité
11 et ce cercle, et qui présente la plus grande longueur.
[0075] II détermine alors les coordonnées de deux vecteurs de décalage V2, V3 qui sont orientés
à l'opposé de ces segments de rayon S1, S2 et qui présentent des longueurs identiques
à celles de ces segments de rayon S1, S2. Il en déduit ainsi les coordonnées du vecteur
de décalage V1, qui est égal à la somme des deux vecteurs de décalage V2, V3.
[0076] Au cours d'une sixième étape E6, le dispositif de calcul et de pilotage 100 procède
alors au décalage de la position du point de blocage depuis le centre boxing P
1 vers le nouveau point de blocage P
N, suivant ce vecteur de décalage V1.
[0077] Ce décalage du point de blocage permet ainsi de s'assurer qu'aucune intersection
ne subsiste entre les zones considérées Q
11 - Q
12, Q
21 - Q
22 du contour souhaité 11 et les limites intérieures de coupe 12, 13.
[0078] Bien sûr, il sera possible de prévoir en outre une marge de sécurité prédéterminée,
ce qui consistera à décaler le point de blocage suivant un vecteur de direction identique
mais de norme légèrement supérieure à celle du vecteur de décalage V1.
[0079] En variante, le vecteur de décalage pourra être calculé autrement. On pourra par
exemple prévoir qu'il présente une longueur identique à celle du vecteur V1, mais
qu'il soit orienté autrement. Son orientation pourra par exemple être déterminée en
calculant la direction de la normale moyenne au contour souhaité au niveau des zones
d'intersection Q
11 - Q
12, Q
21 - Q
22, c'est-à-dire la direction de la combinaison des deux vecteurs normaux, en moyenne,
aux deux zones d'intersection.
[0080] A ce stade, comme cela apparaît sur la figure 3, il peut toutefois apparaître une
nouvelle zone d'interférence Q'
11 - Q'
12 qu'il convient de détecter avant de bloquer la lentille ophtalmique.
[0081] Pour cela, au cours d'une septième et d'une huitième étapes E7, E8 le dispositif
de calcul et de pilotage 100 incrémente d'une unité la valeur N mémorisée dans le
compteur, puis il vérifie que la nouvelle valeur N est inférieure à un seuil N
0 prédéterminé.
[0082] L'objectif de ces deux étapes est de contrôler que le procédé itératif de détermination
d'un point de blocage de la lentille ne tourne pas indéfiniment en boucle. Ici, passé
cent essais (N
0 =100), on estimera qu'aucune position de blocage de la lentille ne convient et que
la meuleuse 200 n'est donc pas en mesure de détourer la lentille ophtalmique 100 suivant
le contour souhaité 11.
[0083] Ici, puisque la valeur mémorisée dans le compteur N est égale à 2, le dispositif
de calcul et de pilotage 100 met à nouveau en oeuvre les étapes E4 à E8 précitées,
pour déterminer si le détourage de la lentille ophtalmique suivant le contour souhaité
11, tel que positionné dans sa nouvelle position de blocage P
N, et à l'aide des outils 220, 230, 231 prévus, est possible.
[0084] Tel que représenté sur la figure 3, ce détourage n'est à nouveau pas possible puisqu'il
apparaît une zone d'intersection Q'
11 - Q'
12 entre le contour souhaité 11 et la limite intérieure de coupe 12 associée à la grande
meule 220.
[0085] Par conséquent, le dispositif de calcul et de pilotage 100 répète à nouveau les étapes
E4 à E8 précitées.
[0086] Si, passé cent itérations, aucune position de blocage finale P
F n'est trouvée, le dispositif de calcul et de pilotage 100 affiche sur l'écran 102
un message d'erreur signifiant à l'opticien que le détourage de la lentille ophtalmique
à l'aide de la meuleuse 200 n'est pas possible. Il affiche également une image du
contour souhaité 11 avec, en rouge, la ou les partie(s) de ce contour qui risque(nt)
de poser des problèmes d'interférence. Dans ce cas, l'opticien peut éventuellement
intervenir en modifiant sur l'écran la forme affichée du contour souhaité afin de
l'agrandir au niveau de la zone rouge. Ainsi, le dispositif de calcul et de pilotage
100 peut à nouveau tenter de trouver un point de blocage final P
F qui convient.
[0087] Au contraire, si le dispositif de calcul et de pilotage 100 trouve une position de
blocage finale P
F dans laquelle les zones du contour souhaité 11 à détourer à l'aide de la meule 220
ou de la meulette 231 n'intersecte pas la limite intérieure de coupe 12 et dans laquelle
les zones A-B et C-D du contour souhaité 11 à détourer à l'aide de la fraise 230 n'intersecte
pas la limite intérieure de coupe 13, l'opticien procède au blocage de la lentille
ophtalmique 10 au niveau de cette position de blocage finale P
F. Autrement formulé, la position du contour souhaité 11 dans le référentiel de la
lentille ophtalmique 10 étant déterminée, l'accessoire de blocage 215 est collé sur
la face optique avant 14 de la lentille ophtalmique 10 au niveau du point de blocage
final P
F repéré par rapport au contour souhaité 11.
[0088] La lentille ophtalmique 10 équipée de son accessoire de blocage 215 est alors bloquée
entre les deux arbres 211 de la meuleuse 200 pour y être détourée suivant le contour
souhaité 11.
[0089] A l'issue de ces différentes opérations, la lentille ophtalmique 10 détourée suivant
le contour souhaité 11 est donc apte à être rapportée sur la monture de lunettes sélectionnée
si celle-ci est du type cerclé ou semi-cerclé.
[0090] En revanche, si la monture de lunettes est du type sans cercle, il est nécessaire
de réaliser des trous de perçage ou des crans dans la lentille de manière que le pont
et la branche correspondante de la monture de lunette puissent s'y accrocher.
[0091] Les trous de perçage sont généralement réalisés dans la lentille en pleine matière,
par un foret de perçage prévu sur la meuleuse 200, suivant un axe déterminé. La position
de cet axe est repérée par rapport au contour souhaité 11 et son orientation par rapport
à la lentille est choisie pour qu'il soit orthogonal à la face avant de la lentille
au niveau du point de perçage.
[0092] Les crans forment quant à eux des entailles dans la tranche de la lentille ophtalmique
10. Par conséquent, ils peuvent aussi bien être réalisés par la fraise 230 que par
le foret de perçage. Ils pourraient d'ailleurs même être réalisés directement lors
du détourage de la lentille, ce qui ne fait toutefois pas l'objet du présent exposé.
Au contraire, ici, ces crans et trous de perçage seront réalisés après le détourage
de la lentille ophtalmique, alors même que la lentille est encore bloquée entre les
arbres 211 de la meuleuse 200.
[0093] Pour prévenir toute interférence entre le porte-outil de la fraise ou du foret de
perçage et les arbres 211 lors du perçage ou du crantage de la lentille, avantageusement,
le dispositif de calcul et de pilotage 100 met alors en oeuvre des étapes supplémentaires
consistant à :
- i) acquérir les positions des bords des crans ou des trous de perçage par rapport
au contour souhaité 11.
- ii) contrôler que les bords des crans ou des trous de perçage, lorsque le contour
souhaité est repositionné à la position de blocage finale PF, ne présente pas d'intersection avec la limite intérieure de coupe associée au foret
de perçage (ou à la fraise), et, si une intersection est détectée,
- iii) déterminer une nouvelle position de blocage finale PF', décalée par rapport à la position de blocage finale PF initialement trouvée et qui est telle que, d'une part, le contour souhaité 11, repositionné
à la nouvelle position de blocage finale PF', ne présente pas d'intersection avec la limite intérieure de coupe associée au foret
de perçage (ou à la fraise), et que, d'autre part, les bords des crans ou trous de
perçage ne présentent pas d'intersection avec cette limite intérieure de coupe.
[0094] Ainsi, la nouvelle position de blocage finale P
F' sera choisie de manière à éviter toute interférence entre le porte-outil et les
arbres 211 aussi bien durant le détourage que pendant le perçage ou le crantage de
la lentille ophtalmique.
[0095] A l'étape i), les positions des bords des crans ou des trous de perçage sont acquises
en projection dans le plan moyen de la lentille ophtalmique (représenté sur la figure
3). On notera ici que dans cette projection, les bords des embouchures avant et arrière
de chaque trou de perçage seront généralement légèrement décalés, puisque l'axe de
perçage n'est généralement pas parallèle à l'axe de la projection utilisée. Le bord
considéré correspondra alors préférentiellement au contour global qui enveloppe les
projections des embouchures avant et arrière du trou de perçage dans le plan moyen
de la lentille ophtalmique.
[0096] Les étapes ii) et iii) seront quant à elles mises en oeuvre suivant une méthode identique
à celle exposée supra, consistant à décaler le point de blocage final P
F jusqu'à trouver un nouveau point de blocage final P
F' qui satisfasse les conditions exigées.
[0097] A l'issue de ces diverses opérations, il peut arriver que la lentille ophtalmique
soit soumise à d'autres opérations d'usinage par la meuleuse 200. A titre d'exemple,
il peut être prévu une opération de gravage de zones d'intérêt spécifiques de la lentille,
telles que la périphérie de sa face avant, au moyen de l'extrémité libre de la fraise
230 ou d'une pointe diamant prévue à cet effet.
[0098] En pareil cas, et de la même manière que pour les trous de perçage, il sera alors
possible, lors du calcul de la position du point de blocage final P
F, de mettre en oeuvre des étapes supplémentaires pour contrôler qu'aucune interférence
entre le porte-outil de la fraise et les arbres 211 de blocage de la lentille ne risquera
d'apparaître lors du gravage de cette lentille.
[0099] La présente invention n'est nullement limitée au mode de réalisation décrit et représenté,
mais l'homme du métier saura y apporter toute variante conforme à son esprit.
[0100] En particulier, on pourra prévoir que le procédé de détermination de la position
de blocage finale P
F ne soit pas itératif, mais qu'il consiste au contraire à considérer une pluralité
de positions de blocage alternatives, par exemple au nombre de cent, puis à déterminer
pour chacune de ces positions de blocage alternatives si les zones du contour souhaité
11 à détourer à l'aide de la meule 220 ou de la meulette 231 intersecte la limite
intérieure de coupe 12 et si les zones A-B et C-D du contour souhaité 11 à détourer
à l'aide de la fraise 230 intersecte la limite intérieure de coupe 13.
[0101] Puis, si aucune des positions de blocage alternative ne satisfait ces deux conditions,
le dispositif de calcul et de pilotage affiche un message d'erreur sur l'écran.
[0102] En revanche si une seule des positions de blocage alternative satisfait ces deux
conditions, cette position de blocage est sélectionnée comme étant la position de
blocage finale au niveau de laquelle il conviendra de fixer l'accessoire de blocage
sur la lentille.
[0103] Enfin, si au moins deux des positions de blocage alternatives satisfont ces deux
conditions, la position de blocage sélectionnée comme position de blocage finale est
celle qui, parmi ces positions de blocage alternatives, est la plus proche du centre
boxing.
[0104] On comprend en effet que la translation effectuée par chaque point de la lentille
lorsque les arbres 211 de blocage de la lentille pivotent d'un degré n'est pas la
même lorsque la lentille est bloquée au centre boxing ou à distance de celui-ci. Par
conséquent, sélectionner le point de blocage le plus proche du centre boxing permet
de conserver des conditions d'usinage de la lentille proches des conditions d'usinage
classiques.
[0105] En variante, le point de blocage sélectionné pourrait être celui qui est le plus
proche du centre de gravité (ou « barycentre ») du contour souhaité 11 (ou, en variante,
du centre du contour initial circulaire de la lentille ophtalmique).
[0106] On comprend en effet qu'en cours de détourage, plus le point usiné est éloigné du
point de blocage de la lentille, plus le couple de blocage entre la lentille et l'accessoire
de blocage est important. Par conséquent, sélectionner le point de blocage le plus
proche du centre de gravité du contour souhaité 11 permet de réduire les risques de
glissement de la lentille par rapport à son accessoire de blocage, et, partant, les
risques de perte du référentiel de la lentille ophtalmique. De cette manière, il n'est
pas nécessaire d'utiliser un accessoire de blocage de diamètre important, adapté à
éviter de tels glissements.
[0107] Selon une autre variante, on pourra prévoir que les limites intérieures de coupe
soient acquises non pas sous la forme d'enveloppes surfaciques tridimensionnelles,
mais au contraire sous la forme d'enveloppes linéaires bidimensionnelles, par exemple
sous la forme de simples cercles tels que ceux représentés sur la figure 3.
[0108] Encore en variante, on pourra prévoir que l'ensemble des calculs exposés soient réalisés,
non pas par le dispositif de calcul et de pilotage 100 de la meuleuse 200, mais au
contraire par l'unité de calcul de l'appareil de centrage et de blocage de la lentille
utilisé par l'opticien.
[0109] Dans cette variante, avant que la lentille ne soit usinée selon le contour souhaité
11, l'unité de calcul transmettra alors à la meuleuse 200 la position de blocage finale
P
F, de manière que cette meuleuse 200 prenne en compte l'information selon laquelle
la lentille ophtalmique 10 est bloquée non pas au centre boxing P
1, mais en un autre point distinct de ce centre boxing.
[0110] Selon un autre mode de réalisation du procédé selon l'invention, on pourra prévoir
que la lentille ophtalmique soit détourée à l'aide d'un outil d'usinage présentant
un axe de rotation donné et un diamètre variable le long de cet axe de rotation. En
particulier, on pourra prévoir d'utiliser une fraise présentant une première partie
d'extrémité tenue par le porte-outil, une partie centrale sensiblement cylindrique
prévue pour détourer la lentille ophtalmique, et une seconde partie d'extrémité libre,
de diamètre supérieur à celui de la partie centrale, prévue pour chanfreiner la lentille
ophtalmique.
[0111] Dans ce mode de réalisation, on comprend que la partie d'extrémité libre de la fraise
risque alors d'interférer avec les arbres 211 de blocage lors des opérations de détourage
de la lentille par la partie centrale de la fraise. Les deux parties de la fraise
se comportent alors à la manière de deux outils distincts qui seraient accolés l'un
à l'autre. On peut alors définir pour cette seule et unique fraise deux limites intérieures
de coupe, chacune associée aux deux parties de cette fraise.
[0112] Selon un autre mode de réalisation de l'invention, on pourra prévoir que le point
de blocage initial de la lentille ophtalmique soit non pas le centre boxing du contour
souhaité, mais plutôt le centre optique de la lentille ophtalmique ou son centre de
gravité.
1. Procédé de détourage d'une lentille ophtalmique (10) de lunettes selon un contour
souhaité (11) au moyen d'un dispositif d'usinage (200) comportant un support de blocage
(210) de la lentille ophtalmique (10) et au moins un premier outil d'usinage (220)
rotatif autour d'un premier axe (A3) mobile par rapport au support de blocage (210),
comportant les étapes de :
a) obtenir une limite intérieure de coupe (12) dudit premier outil d'usinage (220),
définie dans un référentiel du dispositif d'usinage (200),
b) définir une position de blocage initiale (P1) de la lentille ophtalmique (10) et de son contour souhaité (11) sur le support de
blocage (210), dans le référentiel du dispositif d'usinage (200),
c) calculer si au moins une partie du contour souhaité (11), tel que positionné à
la position de blocage initiale (P1), présente une intersection non nulle (Q21 - Q22) avec ladite limite intérieure de coupe (12),
d) définir comme position de blocage finale (PF), soit la position de blocage initiale (P1) inchangée si l'intersection calculée à l'étape c) est nulle, soit, dans le cas contraire,
une position de blocage modifiée par rapport à la position de blocage initiale (P1) pour que le contour souhaité (11), tel que repositionné à la position de blocage
modifiée, ne présente pas d'intersection avec la limite intérieure de coupe (12) associée
au premier outil,
e) bloquer la lentille ophtalmique (10) sur le support de blocage (210) dans la position
de blocage finale (PF),
f) détourer la lentille ophtalmique (10) selon le contour souhaité (11) avec au moins
le premier outil d'usinage (220).
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel,
- le dispositif d'usinage (200) comportant une pluralité d'outils d'usinage (220,
230, 231), on sélectionne au moins deux outils d'usinage (220, 230) distincts, dont
ledit premier outil (220) et au moins un autre outil (230) rotatif autour d'un axe
(A6) mobile par rapport au support de blocage (210), chaque outil (220, 230) étant
destiné à usiner une partie qui lui est associée du contour souhaité (11),
- à l'étape a), on obtient, pour chaque outil d'usinage (220, 230), une limite intérieure
de coupe (12, 13) définie dans un référentiel du dispositif d'usinage (200), la limite
intérieure de coupe (12) du premier outil (220) étant distincte de la limite intérieure
de coupe (13) de l'autre outil,
- à l'étape c), on calcule, pour chaque outil d'usinage (220, 230), si la partie qui
lui est associée du contour souhaité (11), tel que positionné à la position de blocage
initiale (P1), présente une intersection (Q11 - Q12, Q21 - Q22) non nulle avec la limite intérieure de coupe (12, 13) associée à l'outil d'usinage
(220, 230) considéré,
- à l'étape d), on définit comme position de blocage finale (PF), soit la position de blocage initiale (P1) inchangée si les intersections calculées à l'étape c) sont nulles, soit, dans le
cas contraire, une position de blocage modifiée par rapport à la position de blocage
initiale (P1) pour que le contour souhaité (11) tel que repositionné à la position de blocage
modifiée, ne présente pas d'intersection avec les limites intérieures de coupe (12,
13) respectivement associées aux différents outils d'usinage (220, 230),
- à l'étape f), on détoure la lentille selon le contour souhaité (11) avec les différents
outils d'usinage (220, 230), une première partie du contour souhaité (11) étant détourée
avec ledit premier outil d'usinage (220), et l'autre partie du contour souhaité (11)
étant détourée avec ledit autre outil d'usinage (230).
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, dans lequel l'étape d) comporte, si
l'intersection (Q
11 - Q
12, Q
21 - Q
22) calculée à l'étape c) est non nulle, les sous-étapes suivantes :
d1) déterminer une position de blocage alternative (PN) différente de la position de blocage initiale (P1),
d2) calculer, pour chaque outil d'usinage (220, 230) et pour cette position de blocage
alternative (PN), si au moins une partie du contour souhaité (11) tel que repositionné à cette position
de blocage alternative (PN), présente une intersection (0'11 - Q'12) non nulle avec la limite intérieure de coupe (12, 13) associée à l'outil d'usinage
(220, 230) considéré,
d3) répéter les étapes d1) et d2) tant que l'étape d2) donne un résultat d'intersection
(Q'11 - Q'12) non nulle.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, dans lequel l'étape d) comporte, si
l'intersection (Q
11 - Q
12, Q
21 - Q
22) calculée à l'étape c) est non nulle, les sous-étapes suivantes :
d'1) déterminer une pluralité de positions de blocage alternatives différentes de
la position de blocage initiale (P1),
d'2) calculer, pour chaque outil et pour chacune des positions de blocage alternatives,
si au moins une partie du contour souhaité tel que positionné à la position de blocage
alternative considérée, présente une intersection non nulle avec la limite intérieure
de coupe associée à l'outil considéré,
d'3) choisir, parmi ces positions de blocage alternatives, la position de blocage
modifiée.
5. Procédé selon la revendication 4, dans lequel, à l'étape d), la position de blocage
modifiée est définie comme la position de blocage de la lentille sur le support de
blocage qui, parmi les positions de blocage alternatives, est la plus proche de la
position de blocage initiale.
6. Procédé selon la revendication 4, dans lequel, à l'étape d), la position de blocage
modifiée est définie comme la position de blocage de la lentille sur le support de
blocage qui, parmi les positions de blocage alternatives, est la plus proche de la
position du centre de gravité du contour souhaité (11).
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel, à l'étape c), on
calcule le segment de rayon (S1, S2) autour de la position de blocage initiale (P1) qui est situé à l'intérieur de ladite intersection (Q11 - Q12, Q21 - Q22) et qui présente la plus grande longueur et dans lequel, à l'étape d), la position
de blocage modifiée (PN) résulte d'au moins une translation de la position de blocage initiale (P1) suivant la direction dudit segment de rayon (S1, S2).
8. Procédé selon la revendication 7, dans lequel ladite translation est effectuée sur
une distance égale à la longueur dudit segment de rayon.
9. Procédé selon l'une des revendications 7 et 8, dans lequel, l'étape c) donnant pour
résultat au moins deux intersections (Q11 - Q12, Q21 - Q22) non nulles entre le contour souhaité (11) et chaque limite intérieure de coupe (12,
13), on calcule, pour chaque intersection (Q11 - Q12, Q21 - Q22), le segment de rayon (S1, S2) autour de la position de blocage initiale (P1) qui est situé à l'intérieur de l'intersection (Q11 - Q12, Q21 - Q22) considérée et qui présente la plus grande longueur et dans lequel, à l'étape d),
la position de blocage modifiée (PN) résulte d'au moins une composition de translations de la position de blocage initiale
(P1) suivant les directions desdits segments de rayons (S1, S2) respectivement associés
auxdites au moins deux intersections (Q11 - Q12, Q21 - Q22).
10. Procédé selon l'une des revendications précédentes appliqué à une lentille ophtalmique
destinée à être percée ou crantée au moyen d'un second outil d'usinage pour être montée
sur une monture sans cercle, comportant :
- une étape d'obtention d'une limite intérieure de coupe dudit second outil d'usinage
définie dans le référentiel du dispositif d'usinage,
- une étape d'acquisition des positions des bords des crans ou des trous de perçage
dans un référentiel lié au contour souhaité,
- entre les étapes d) et e), une étape de calcul pour détecter si les bords des crans
ou trous de perçage, lorsque le contour souhaité est repositionné à la position de
blocage finale, présentent une intersection non nulle avec la limite intérieure de
coupe associée audit second outil, et
- une étape de détermination, si une intersection est détectée, d'une nouvelle position
de blocage finale, distincte de ladite position de blocage finale et qui est telle
que, d'une part, le contour souhaité, repositionné à la nouvelle position de blocage
finale, ne présente pas d'intersection avec la limite intérieure de coupe associée
au second outil, et que, d'autre part, les bords des crans ou trous de perçage ne
présentent pas d'intersection avec cette limite intérieure de coupe.
11. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la limite intérieure
de coupe (12, 13) de chaque outil d'usinage (220, 230) dépend de la géométrie de l'outil
d'usinage (220, 230) et/ou d'un porte-outil (240) portant cet outil d'usinage (220,
230), ainsi que de la géométrie du support de blocage (210) de la lentille ophtalmique
(10).
12. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la limite intérieure
de coupe (12, 13) de chaque outil d'usinage (220, 230) dépend de l'angle que forme
l'axe de rotation (A6) de l'outil considéré avec un axe de blocage (A2) autour duquel
la lentille ophtalmique (10) tourne par rapport aux outils d'usinage (220, 230) lors
de son détourage à l'étape f).
13. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la limite intérieure
de coupe (12, 13) de chaque outil d'usinage (220, 230) est obtenue à partir d'un registre
dont chaque enregistrement contient un identifiant d'un outil d'usinage (220, 230)
et une limite intérieure de coupe (12, 13) associée à cet outil d'usinage (220, 230).
14. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel les étapes a) à d)
sont mises en oeuvre par un dispositif de calcul distinct dudit dispositif d'usinage
(200), et qui comporte, entre les étapes d) et f), une étape de transmission depuis
le dispositif de calcul vers le dispositif d'usinage (200) de la position de blocage
finale (PF).