Domaine de l'invention
[0001] L'invention se rapporte à un spiral utilisé pour former un résonateur balancier -
spiral dont la courbure autorise un développement à centre de masse sensiblement immobile.
Arrière plan de l'invention
[0002] Les documents
EP 2 184 652,
EP 2 196 867 et
EP 2 105 807 expliquent comment fabriquer des spiraux à élévation de courbe en matériaux micro-usinables
respectivement à l'aide de trois parties, de deux parties ou de manière monobloc.
Ces documents sont incorporés par référence à la présente description.
[0003] Il est connu d'appliquer les critères de Phillips pour déterminer la courbure théorique
d'une courbe terminale. Cependant, les critères de Phillips sont en fait une approximation
qui ne donne pas forcément satisfaction si un écart de marche encore plus réduit est
souhaité.
Résumé de l'invention
[0004] Le but de la présente invention est de pallier tout ou partie les inconvénients cités
précédemment en proposant un spiral respectant des conditions prédéterminées apte
à réduire le déplacement du centre de masse du spiral en contraction et en expansion.
A cet effet, l'invention se rapporte à un spiral comportant un premier ressort-spiral
dont la courbe s'étend dans un premier plan, un deuxième ressort-spiral dont la courbe
s'étend dans un deuxième plan parallèle au premier plan, une attache solidarisant
une extrémité de la courbe du premier ressort-spiral à une extrémité de la courbe
du deuxième ressort-spiral afin de former un spiral double en série caractérisé en
ce que la courbe du premier ressort-spiral et la courbe du deuxième ressort-spiral
comportent chacune un pas continûment variable et sont symétriques par rapport à une
droite parallèle aux premier et deuxième plans passant par le plan médian de projection
de l'attache et en ce que chaque courbe respecte les relations :

afin de réduire les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction et
expansion.
[0006] De plus, l'invention se rapporte à un résonateur pour une pièce d'horlogerie comportant
une inertie comme, par exemple, un balancier caractérisé en ce que l'inertie coopère
avec un spiral conforme à l'une des variantes précédentes.
Description sommaire des dessins
[0007] D'autres particularités et avantages ressortiront clairement de la description qui
en est faite ci-après, à titre indicatif et nullement limitatif, en référence aux
dessins annexés, dans lesquels :
- les figures 1 et 2 sont des schémas destinés à expliquer les raisonnements suivis
;
- les figures 3 à 5 sont des exemples de calcul de courbures à 2,3 spires respectant
respectivement les équations des moments jusqu'à l'ordre 2, 3 et 4 ;
- les figures 6 à 8 sont des exemples de calcul de courbures à 5,3 spires respectant
respectivement les équations des moments jusqu'à l'ordre 2, 3 et 4 ;
- les figures 9 et 10 sont des représentations d'un spiral selon l'invention ;
- la figure 11 est une représentation en coupe brisée selon l'axe B-B ;
- la figure 12 est une courbe de simulation de l'anisochronisme du spiral selon les
figures 9 et 10 ;
- la figure 13 est une courbe de simulation de l'anisochronisme d'un spiral dont la
masse de l'attache n'est pas négligeable ;
- les figures 14 et 15 sont des représentations d'un spiral selon l'invention compensant
la masse de l'attache ;
- la figure 16 est une courbe de simulation de l'anisochronisme du spiral selon les
figures 14 et 15.
Description détaillée des modes de réalisation préférés
[0008] Les variations de marche d'une montre mécanique relativement à sa fréquence théorique
sont principalement dues à l'échappement et au résonateur balancier - spiral. On distingue
deux types de variations de marche suivant qu'elles soient engendrées par l'amplitude
d'oscillation du balancier ou par la position du mouvement horloger. C'est pourquoi,
pour les tests d'anisochronisme, un mouvement horloger est testé selon six positions,
2 horizontales (cadran vers le haut et vers le bas) et 4 verticales (tige étant tournée
de 90° à partir d'une position vers le haut). Des six courbes distinctes obtenues,
on détermine l'écart maximal entre ces dernières, également appelé « ventre », exprimant
la variation de marche maximale du mouvement en secondes par jour (s.j
-1).
[0009] L'échappement induit une variation de marche en fonction de l'amplitude du balancier
qui est difficile à régler. Par conséquent, le spiral est en général adapté afin que
sa variation en fonction de la même amplitude soit sensiblement opposée à celle de
l'échappement. De plus, le spiral est adapté afin que sa variation soit minimale entre
les quatre positions verticales.
[0010] Les adaptations nécessaires des spiraux ont tenté d'être posées mathématiquement
afin de déterminer par calcul les courbures idéales. Des conditions géométriques ont
été énoncées notamment par MM. Phillips et Grossmann afin de construire un spiral
satisfaisant, c'est-à-dire dont le centre de masse du spiral reste sur l'axe du balancier.
Toutefois, les conditions actuelles sont des approximations grossières. De fait, comme
de très faibles déplacements du centre de masse peuvent engendrer de grandes variations
de marche, les variations de marche obtenues en suivant les conditions géométriques
actuelles sont souvent décevantes.
[0011] C'est pourquoi, avantageusement selon l'invention, de nouvelles conditions sont présentées
ci-après afin d'obtenir de meilleurs résultats de variation de marche que par des
conditions géométriques actuelles, notamment celles édictées par MM. Phillips et Grossmann.
[0012] On définit un « moment du spiral d'ordre n », P
(n), par la formule suivante :

où :
- L est la longueur du spiral ;
- sn représente l'abscisse curviligne le long du spiral à la puissance d'ordre n ;
- x(s) est la paramétrisation du spiral par son abscisse curviligne.
[0013] Ainsi, dans le but d'obtenir un centre de masse immobile, il est nécessaire, pour
chaque ordre
n, que le moment du spiral
P(n) soit nul. Tous les ordres ne pouvant pas être calculés puisqu'en nombre infini, plus
un nombre important d'ordres dont la relation (1) nulle est respectée, plus la quantité
de déplacement du centre de masse sera diminuée.
[0014] Dans l'exemple illustré à la figure 1, huit ordres de moment du spiral sont représentés
par des points qui permettent, par une paramétrisation à l'aide d'un polynôme comportant
au moins autant de coefficients que d'ordres (dans notre cas au moins huit), de définir
une courbure théorique « idéale ».
[0015] Dans le but d'appliquer ces conditions du moment du spiral nul, on part d'un spiral
du type des figures 9 et 10, c'est-à-dire, un spiral 1 comportant un premier ressort-spiral
3 dont la courbe s'étend dans un premier plan, un deuxième ressort-spiral 5 dont la
courbe s'étend dans un deuxième plan parallèle au premier plan. Chaque extrémité de
ressort-spiral 3, 5 étant solidarisée par une attache 4 afin de former un spiral double
en série.
[0016] Comme expliqué ci-dessus, la fabrication d'un tel spiral est possible par les procédés
expliqués dans les documents
EP 2 184 652,
EP 2 196 867 et
EP 2 105 807 à partir de matériaux micro-usinables tels que le silicium respectivement à l'aide
de trois parties, de deux parties ou de manière monobloc. Bien évidemment, un tel
spiral peut être fabriqué à partir d'autres procédés et/ou d'autres matériaux.
[0017] Afin de simplifier les calculs, la courbe du premier ressort-spiral 3 et la courbe
du deuxième ressort-spiral 5 comportent, de manière préférée, chacune un pas continûment
variable et sont symétriques par rapport à une droite A parallèle aux premier et deuxième
plans passant par les centres du plan médian P de projection de l'attache 4 et de
l'axe du balancier.
[0019] Comme expliqué ci-dessus, plus le nombre de relations (2)-(8) sont respectées, plus
le déplacement du centre de masse du spiral 1 sera limité. A titre de comparaison,
les conditions de Phillips s'approchent de la relation (2), c'est-à-dire une approximation
au premier ordre. Une application des relations (2)-(5) est représentée à la figure
2 qui est une vue partielle et agrandie de la figure 1.
[0020] A l'aide d'une paramétrisation comme expliquée ci-dessus, il est possible de définir
une grande variété de courbes de ressort-spiral suivant l'inertie choisie du balancier,
le matériau, la section et la longueur du spiral mais également les coefficients des
polynômes de paramétrisation. Il est également possible de choisir des solutions particulières
en limitant par exemple le nombre d'ordres et/ou le nombre de spires.
[0021] Des simulations de courbes possibles sont représentées aux figures 3 à 8. Ainsi,
pour former la figure 3, la paramétrisation s'est limitée aux relations (2) à (4)
avec un spiral à 2,3 spires et un polynôme de paramétrisation de degré 2. La figure
4 correspond à la paramétrisation avec un polynôme de degré 3 à partir des relations
(2) à (5) toujours en limitant l'enroulement à 2,3 spires. Enfin, la figure 5 correspond
à la paramétrisation avec un polynôme de degré 4 à partir des relations (2) à (6)
en limitant l'enroulement à 2,3 spires. Les figures 6 à 8 correspondent aux mêmes
critères respectivement que les figures 3 à 5 mais en augmentant l'enroulement de
2,3 spires à 5,3 spires. On s'aperçoit qu'il existe une infinité de solutions de courbe
tout en respectant les relations (2)-(8) énoncées.
[0022] Une simulation d'anisochronisme a été réalisée à partir de la courbure présentée
à la figure 5 formant le spiral 1 des figures 9 et 10. Le ressort-spiral 3 comporte
une virole 6 en une seule pièce et l'extrémité du ressort-spiral 5, qui est opposée
à l'attache 4, est solidaire d'un piton 7. Il a été choisi une inertie de balancier
s'élevant à 8 mg.cm
2 et un spiral 1 en silicium d'une section de 0,0267 mm x 0,1 mm et une longueur L
de 46 mm. Le résultat de la simulation illustré à la figure 12 présente un résultat
très favorable de 0,3 s.r
-1 à 300°. On comprend donc immédiatement l'avantage de ces nouvelles conditions par
rapport à celles notamment MM. Phillips et Grossmann avec lesquels des ajustements
sont encore nécessaires pour diminuer le « ventre ».
[0023] Dans le cas particulier où le spiral est formé à partir de trois parties comme expliqué
dans le document
EP 2 184 652, l'attache peut devenir une masse non négligeable et considérablement amplifier l'anisochronisme
comme visible à la figure 13 dans laquelle la variation de marche atteint 11,8 s.r
-1 à 200°.
[0024] En plus de respecter le plus de relations (2)-(8), il devient alors nécessaire de
compenser le balourd engendré par l'attache, c'est-à-dire compenser la masse de l'attache
par rapport à son éloignement de l'axe du balancier. Ainsi, de manière préférée, l'invention
propose d'annuler le balourd de l'attache en rapportant symétriquement un balourd
sur les deux ressort-spiraux 3, 5. Préférentiellement, le balourd rapporté est formé
par deux contrepoids 8', 9' sensiblement identiques sur chaque ressort-spiral 3',
5' comme illustré aux figures 14 et 15. Préférentiellement, les masses des contrepoids
8', 9' sont sensiblement égales et leur somme est plus ou moins grande par rapport
à celle de l'attache 4' suivant la différence d'éloignement entre, d'une part, l'attache
4' et l'axe de balancier, et, d'autre part, les contrepoids 8', 9' et ledit axe de
balancier. On comprend qu'en cas d'éloignement sensiblement équivalent, les masses
additionnées des contrepoids 8', 9' formeront une masse sensiblement équivalente à
celle de l'attache 4'. Cela permet avantageusement d'obtenir avec les mêmes critères
ci-dessus, une variation de marche favorable de 1,4 s.j
-1 à 200° comme illustré à la figure 16.
[0025] Bien entendu, la présente invention ne se limite pas à l'exemple illustré mais est
susceptible de diverses variantes et modifications qui apparaîtront à l'homme de l'art.
En particulier, d'autres critères d'encadrement peuvent être prévus comme par exemple
une limitation du rapport entre le rayon intérieur et le rayon extérieur afin que
les extrémités des ressort-spiraux ne soient pas trop proches du point d'origine où
doit être présent l'axe de balancier.
[0026] De plus, quand le spiral est en silicium, il peut être au moins partiellement recouvert
de dioxyde de silicium afin de le rendre moins sensible aux variations de température
et aux chocs mécaniques.
[0027] Enfin, chaque contrepoids 8', 9' peut être différent. Ils peuvent notamment, être
formés chacun de deux masses distinctes c'est-à-dire qu'il pourrait y avoir quatre
contrepoids.
1. Spiral (1, 1') comportant un premier ressort-spiral (3, 3') dont la courbe s'étend
dans un premier plan, un deuxième ressort-spiral (5, 5') dont la courbe s'étend dans
un deuxième plan parallèle au premier plan, une attache (4, 4') solidarisant une extrémité
de la courbe du premier ressort-spiral (3, 3') à une extrémité de la courbe du deuxième
ressort-spiral (5, 5') afin de former un spiral (1, 1') double en série
caractérisé en ce que la courbe du premier ressort-spiral (3, 3') et la courbe du deuxième ressort-spiral
(5, 5') comportent chacune un pas continûment variable et sont symétriques par rapport
à une droite (A) parallèle aux premier et deuxième plans et passant par le plan médian
de projection de l'attache (4, 4') et
en ce que chaque courbe respecte les relations :

afin de réduire les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction et
expansion.
2. Spiral (1, 1') selon la revendication précédente,
caractérisé en ce que chaque courbe respecte en plus la relation suivante :

afin de réduire d'avantage les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction
et expansion.
3. Spiral (1, 1') selon la revendication précédente,
caractérisé en ce que chaque courbe respecte en plus la relation suivante :

afin de réduire d'avantage les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction
et expansion.
4. Spiral (1, 1') selon la revendication précédente,
caractérisé en ce que chaque courbe respecte en plus la relation suivante :

afin de réduire d'avantage les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction
et expansion.
5. Spiral (1, 1') selon la revendication précédente,
caractérisé en ce que chaque courbe respecte en plus la relation suivante :

afin de réduire d'avantage les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction
et expansion.
6. Spiral (1, 1') selon la revendication précédente,
caractérisé en ce que chaque courbe respecte en plus la relation suivante :

afin de réduire d'avantage les déplacements de son centre de masse lors de ses contraction
et expansion.
7. Spiral (1') selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que chaque ressort-spiral (3', 5') comporte au moins un contrepoids (8', 9') afin de
compenser le balourd formé par la masse de l'attache (4').
8. Spiral (1, 1') selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il est formé à partir de silicium.
9. Spiral (1, 1') selon la revendication précédente, caractérisé en ce qu'il comporte au moins une partie recouverte de dioxyde de silicium afin de limiter
sa sensibilité aux variations de température et aux chocs mécaniques.
10. Résonateur pour une pièce d'horlogerie comportant une inertie caractérisé en ce que l'inertie coopère avec un spiral conforme à l'une des revendications précédentes.