Domaine de l'invention
[0001] L'invention concerne un procédé d'amélioration de tenue à l'usure et aux chocs d'un
composant de mouvement d'horlogerie remplissant une fonction d'impulsion ou de percussion
lors de contacts discontinus au niveau d'au moins une surface de contact que comporte
une zone de contact d'extrémité dite corne.
[0002] L'invention concerne une ancre pour mécanisme d'échappement de mouvement d'horlogerie,
comportant au moins une fourchette délimitant une entrée de fourchette laquelle comporte
des cornes agencées pour coopérer avec un balancier.
[0003] L'invention concerne encore un mécanisme d'échappement comportant une telle ancre.
[0004] L'invention concerne encore une pièce d'horlogerie comportant au moins une telle
ancre, ou/et un tel mécanisme d'échappement, ou/et au moins un composant réalisé ou
amélioré selon ce procédé.
Arrière plan de l'invention
[0005] L'invention concerne le domaine des mécanismes d'horlogerie, et plus particulièrement
le domaine des mécanismes d'échappement.
[0006] Dans un tel mécanisme, l'ancre coopère, d'une part avec un balancier, et d'autre
part avec une roue d'échappement. D'un côté comme de l'autre, une ancre travaille
aux chocs, d'une part au niveau de sa fourchette, comportant des cornes, qui coopèrent
avec la cheville de plateau du balancier et avec l'ellipse de plateau, et d'autre
part au niveau de palettes qui coopèrent périodiquement avec la roue d'échappement.
Ces chocs incessants sont générateurs d'usure, et donc de dégradation dans le temps
des propriétés du mouvement. En particulier, dans un mécanisme d'échappement, l'usure
des entrées de fourchette se traduit par une diminution du rendement global de l'échappement,
et par la chute d'amplitude. Le problème est donc de réduire l'usure du mécanisme
d'échappement, en particulier de l'ancre, et de rendre élastique la zone de contact
entre l'ancre et le balancier, en respectant un certain encombrement imposé par le
mécanisme.
[0007] Peu de documents font état du problème d'usure. Les rares solutions proposées proposent
des revêtements de surface, des choix particuliers de matériaux, l'utilisation de
roulements, ou encore la réduction de l'inertie par des bras de levier courts. Le
choix de matériaux ou de revêtements de surface particuliers n'atténue pas les chocs,
mais en retarde les effets. L'utilisation de roulements s'accorde mal avec un système
en permanence soumis à des chocs, et la durée de vie de roulements sur de tels mécanismes
est généralement réduite, ce qui est incompatible avec une pièce d'horlogerie. La
réduction de l'inertie est plus intéressante, mais il est difficile d'intervenir sur
un mouvement existant, et de modifier sa cinématique.
[0008] On notera, à ce propos, qu'une autre façon de réduire l'inertie est connue, par l'emploi
de composants en silicium ou similaire, par le document de brevet
EP 0 732 635 CSEM.
[0009] Certains documents de brevets concernent la résistance mécanique, qui est le problème
le plus proche de celui de l'invention.
[0010] On connaît ainsi un brevet
US 2 717 488, au nom de La Générale Horlogère, relatif à un échappement à niveau de bruit réduit,
comportant une roue d'échappement à entailles radiales permettant l'amortissement
des chocs associés aux impacts des dents de la roue d'échappement sur les palettes
de l'ancre, chaque dent pouvant, encore, du fait de la flexibilité apportée par l'entaille,
s'appuyer sur la dent voisine, ce qui confère à la roue, en même temps que la flexibilité
requise, une certaine robustesse. Les entailles ont nécessairement une ampleur suffisante
pour permettre la flexibilité de l'intégralité de chaque dent, par rapport à une zone
d'attache par rapport à laquelle l'entaille procure en fait à chaque dent un degré
de liberté en pivotement. Cette disposition n'est pas applicable à de nombreux composants,
dont une mobilité en pivotement n'est pas compatible avec leur cinématique de fonctionnement.
[0011] On connaît encore le document de brevet
EP 1 870 784 au nom d'OMEGA, qui décrit une roue sans serge comportant des dents, et qui propose
une solution évitant que ces dents ne soient endommagées par des chocs. La roue selon
ce brevet comporte des bras flexibles et courbes, ces bras s'infléchissant tangentiellement,
avec une largeur dégressive vers la périphérie de roue. Ces bras comportent chacun
une dent d'extrémité, qui est également flexible. Si une telle roue peut convenir
pour une roue d'échappement, son agencement convient moins, de la même façon que pour
le document de brevet précédent, à la cinématique particulière liée à certains composants
comme les ancres. Par ailleurs, l'équipement d'un mécanisme d'échappement par une
telle roue d'échappement implique le remplacement de la roue d'origine par cette roue
spéciale, sans possibilité de réemploi de la précédente.
[0012] Dans ces réalisations, la course, inhérente à la flexibilité des bras, évaluée au
niveau des dents est de l'ordre de quelques centièmes à quelques dixièmes de millimètre,
ce qui peut s'avérer trop important dans certains mécanismes.
Résumé de l'invention
[0013] Le but de la présente invention est de pallier tout ou partie les inconvénients cités
précédemment. Pour résoudre le problème particulier de l'usure de l'ancre, l'invention
s'est attachée à rendre élastique la zone de contact entre l'ancre et le balancier,
tout en respectant un certain encombrement.
[0014] A cet effet, l'invention concerne un procédé d'amélioration de tenue à l'usure et
aux chocs d'un composant de mouvement d'horlogerie remplissant une fonction d'impulsion
ou de percussion lors de contacts discontinus au niveau d'au moins une surface de
contact que comporte une zone de contact d'extrémité dite corne, caractérisé en ce
qu'on procure une flexibilité à ladite corne d'extrémité en l'aménageant par la confection
d'au moins une fente ou une chambre micrométrique au voisinage de ladite surface de
contact ou desdites surfaces de contact, pour délimiter au moins une lèvre élastique
s'étendant entre ladite surface de contact et ladite au moins une fente ou chambre.
[0015] Selon une caractéristique de l'invention, on réalise ladite lèvre élastique comportant,
sur une des ses surfaces externes, au moins une dite surface de contact.
[0016] Selon une caractéristique de l'invention, on réalise ladite fente ou chambre de façon
sensiblement perpendiculaire à un plan selon lequel se développe ledit composant,
ledit plan étant lui-même orthogonal à ladite surface de contact ou auxdites surfaces
de contact.
[0017] Selon une caractéristique de l'invention, on réalise ladite fente débouchante au
niveau de surfaces latérales que comporte ladite corne parallèlement audit plan, par
électro-érosion à fil, ou par laser, ou bien, lorsqu'on choisit de fabriquer ledit
composant en matériau micro-usinable selon les technologies MEMS ou selon le procédé
« LIGA », on réalise ladite fente lors de la fabrication dudit composant selon les
technologies MEMS ou selon le procédé « LIGA ».
[0018] Selon une caractéristique de l'invention, on réalise ladite chambre dans l'épaisseur
de ladite corne, sans accès sur l'une quelconque des surfaces externes de ce dernier,
lors de la fabrication dudit composant en matériau micro-usinable selon les technologies
MEMS ou selon le procédé « LIGA ».
[0019] L'invention concerne encore une ancre pour mécanisme d'échappement de mouvement d'horlogerie,
réalisée par ce procédé, et comportant au moins une fourchette délimitant une entrée
de fourchette laquelle comporte des cornes agencées pour coopérer avec un balancier,
caractérisée en ce que ladite entrée de fourchette comporte, au niveau d'au moins
une dite corne, une fente ou/et une chambre, ladite fente ou chambre étant agencée
pour procurer à la corne correspondante une élasticité qui permet d'adoucir le choc
lors de chaque impulsion, en absorbant une partie de l'énergie d'impact, puis en la
restituant postérieurement à cet impact.
[0020] L'invention concerne encore un mécanisme d'échappement comportant une telle ancre.
[0021] L'invention concerne encore une pièce d'horlogerie comportant au moins une telle
ancre, ou/et un tel mécanisme d'échappement, ou/et au moins un composant réalisé ou
amélioré selon ce procédé.
Description sommaire des dessins
[0022] D'autres particularités et avantages ressortiront clairement de la description qui
en est faite ci-après, à titre indicatif et nullement limitatif, en référence aux
dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 représente, de façon schématisée, partielle, et en perspective, une ancre
d'horlogerie à laquelle a été appliquée le procédé selon l'invention, dans une première
variante de réalisation ;
- la figure 2 représente, de façon schématisée, partielle, et en perspective, une ancre
d'horlogerie à laquelle a été appliquée le procédé selon l'invention, dans une deuxième
variante de réalisation ;
- la figure 3 représente, de façon schématisée, partielle, et en perspective, une ancre
d'horlogerie à laquelle a été appliquée le procédé selon l'invention, dans une troisième
variante de réalisation ;
- la figure 4 représente, de façon schématisée, partielle, et en section selon un plan
médian d'entrée de fourchette, l'ancre de la figure 1, vue selon une direction A ;
- la figure 5 représente, de façon schématisée, partielle, et en vue de bout, l'ancre
de la figure 2, vue selon une direction B ;
- la figure 6 représente, de façon schématisée, partielle, et en vue de face, une ancre
d'horlogerie à laquelle a été appliquée le procédé selon l'invention, dans une quatrième
variante de réalisation ;
- la figure 7 représente, de façon schématisée, partielle, et en vue de face, une ancre
d'horlogerie à laquelle a été appliquée le procédé selon l'invention, dans une cinquième
variante de réalisation ;
- la figure 8 représente, de façon schématisée, partielle, et en section selon un plan
CC perpendiculaire au plan de fourchette, l'ancre de la figure 7 ;
- la figure 9 représente, de façon schématisée, partielle et en vue de face, un détail
de la déformation d'une lèvre élastique réalisée selon l'invention ;
- la figure 10 représente, de façon schématisée, l'évolution de la déformation d'une
telle lèvre élastique.
Description détaillée des modes de réalisation préférés
[0023] L'invention concerne un procédé d'amélioration de tenue à l'usure et aux chocs d'un
composant de mouvement d'horlogerie remplissant une fonction d'impulsion ou de percussion
lors de contacts discontinus au niveau d'au moins une surface de contact que comporte
une zone de contact d'extrémité dite ci-après corne.
[0024] Le terme de corne est choisi dans un but de simplification de l'exposé. Si, en général,
les composants auxquels on préfère appliquer l'invention sont saillants, ils peuvent
tout aussi bien comporter des surfaces rentrantes, et l'invention s'y applique de
la même façon.
[0025] Selon l'invention, on procure une flexibilité à cette corne d'extrémité en l'aménageant
par la confection d'au moins une fente ou une chambre micrométrique au voisinage de
la surface de contact ou des surfaces de contact selon le cas, pour délimiter au moins
une lèvre élastique s'étendant entre ladite surface de contact et ladite au moins
une fente ou chambre, tel que visible sur les figures 1, 2, 3, 6, et 7.
[0026] Selon une caractéristique de l'invention, on réalise ladite au moins une lèvre élastique
comportant, sur une des ses surfaces externes, au moins une dite surface de contact.
[0027] Ce procédé peut être mis en oeuvre aussi bien lors de la confection de composants
neufs, que dans le cadre d'une amélioration de composants existants. Toutefois, comme
on le verra dans la suite de la description, certains modes de réalisation sont réservés
à des confections neuves. C'est en particulier le cas quand on choisit de réaliser
le composant d'horlogerie dans un matériau micro-usinable selon les technologies MEMS
ou selon le procédé « LIGA », ce qui convient particulièrement bien à la mise en oeuvre
de l'invention.
[0028] Dans la suite de la description, on parlera indifféremment de réalisation de composants,
il convient donc de comprendre qu'il peut s'agir aussi bien de confection neuve que
d'amélioration d'un composant ou d'un mouvement.
[0029] Dans une réalisation particulière de l'invention, on réalise cette fente ou chambre
de façon à délimiter cette lèvre élastique entre cette surface de contact, cette fente
ou chambre, et au moins une autre surface périphérique de la corne.
[0030] De façon préférée mais non limitative, on réalise cette lèvre, et donc cette fente
ou chambre, de façon sensiblement perpendiculaire, ou perpendiculaire, à un plan selon
lequel se développe le composant, ce plan étant lui-même orthogonal à la surface de
contact ou aux surfaces de contact selon le cas.
[0031] De façon préférée, au moins une fente débouchante au niveau de surfaces latérales
que comporte la corne parallèlement à ce plan, est réalisée par électro-érosion à
fil, ou par laser, ou bien, lorsqu'on choisit de fabriquer ledit composant en matériau
micro-usinable selon les technologies MEMS ou selon le procédé « LIGA », on réalise
cette fente lors de la fabrication du composant lors de sa fabrication selon les technologies
MEMS ou selon le procédé « LIGA ».
[0032] Dans un mode de réalisation où l'on choisit de donner de la flexibilité à la corne
par la confection d'au moins une chambre, on réalise cette dernière dans l'épaisseur
de la corne, sans accès sur l'une quelconque des surfaces externes de ce dernier,
lors de la fabrication dudit composant en matériau micro-usinable selon les technologies
MEMS ou selon le procédé « LIGA ». La confection de telles chambres est également
possible avec des matériaux plus traditionnels tels qu'aciers ou alliages, mais implique
alors une réalisation multi-couches plus coûteuse.
[0033] Il convient de donner de la flexibilité à la corne, sans pour autant l'affaiblir
et dégrader sa résistance mécanique. Il convient d'éviter toute déformation plastique,
irréversible. Il faut en particulier que la flexibilité ne se traduise pas par des
oscillations de grande amplitude autour d'une zone d'attache, ce qui se traduirait
tôt ou tard par des phénomènes de fatigue au sens métallurgique, et un risque de bris
de la lèvre élastique, voire de la corne elle-même. Il est donc préférable que la
largeur, c'est-à-dire la plus petite dimension de la fente ou de la chambre, soit
très petite, de façon à procurer la flexibilité de la lèvre élastique, mais sans autoriser
un mouvement préjudiciable à la tenue dans le temps.
[0034] Les figures 9 et 10 schématisent la déformation d'une lèvre élastique 20 agencée
au niveau d'une corne 3 d'une ancre 1, au voisinage d'une fente 5. Une force d'impact
F est appliquée au niveau d'une surface de contact S. Cette dernière est à une distance
L1 du point d'encastrement A de la lèvre élastique 5, qui a une longueur totale L2.
La fente 5 a une largeur E1, et la lèvre 20 a une épaisseur E2. La déformée de la
lèvre élastique 5 suit une fonction D= B(y) qui est fonction du matériau, et des valeurs
de F, de L2, et de E2.
[0035] Selon l'invention, on fait en sorte que la déformation de la lèvre 20, sur toute
sa longueur AB, soit L2, reste dans le domaine élastique, cette déformation dépendant
du matériau, de F, de E2, et de L1 ou L2.
[0036] On fait encore en sorte que, pour la valeur maximale admise Fm de F, et pour la valeur
maximale de y, à savoir L2, D soit inférieure à E1, à savoir qu'il n'y ait pas de
contact entre la lèvre élastique 20 et le reste de la corne 3.
[0037] Dans un exemple de réalisation d'une ancre 1 en acier de nuance S15P de limite élastique
de 210 GPa, avec une force d'impact F de 80 mN, pour des dimensions E1=15 µm, E2=30
µm, et L2=150 µm, on obtient une valeur maximale de D égale à 2 µm, et un niveau de
contraintes inférieur à 800 MPa.
[0038] Préférentiellement, on fait en sorte de limiter la plus petite dimension de la lèvre
élastique, afin de lui donner une souplesse suffisante.
[0039] En somme, il faut faire en sorte que les déformations de la lèvre élastique restent
dans le domaine élastique du matériau qui la constitue. Sa largeur E2 est un paramètre
important de son dimensionnement, car il faut assurer que la combinaison de la force
d'impact F et des dimensions de la lèvre élastique entraîne des déformations de la
lèvre dans son domaine élastique.
[0040] De préférence, la largeur E2 de la lèvre élastique est inférieure au quart de sa
longueur L2, et, de façon préférée, inférieure au huitième de L2. Dans une application
préférée, cette largeur E2 est, encore, inférieure ou égale à 30 µm.
[0041] La plus petite dimension de la fente E1 doit être juste assez grande pour prévenir
tout contact du point B de la lèvre avec l'autre partie de la corne 3.
[0042] A cet effet, avantageusement on réalise cette fente ou chambre avec une plus petite
dimension de quelques micromètres, dans un rapport inférieur à un huitième par rapport
à son développement en longueur.
[0043] Préférentiellement, on fait en sorte de limiter également la plus petite dimension
de la lèvre élastique, afin de lui donner une souplesse suffisante.
[0044] L'invention s'applique particulièrement bien aux composants d'un mécanisme d'échappement,
qui sont les plus fréquemment sollicités par des contraintes liées à des impulsions
et des chocs.
[0045] Tout particulièrement, l'application de l'invention à une ancre est particulièrement
avantageuse, et sera décrite ci-après plus précisément pour cette application non
limitative de l'invention.
[0046] L'invention concerne ainsi une ancre 1 pour mécanisme d'échappement de mouvement
d'horlogerie, comportant au moins une fourchette délimitant une entrée de fourchette
2. Cette entrée de fourchette 2 comporte des cornes 3 et 4 agencées pour coopérer,
au niveau de surfaces de contact S, avec un balancier, qui n'est pas représenté sur
les figures, en général au niveau d'une cheville de plateau que comporte ce balancier.
[0047] Selon l'invention, l'entrée de fourchette 2 comporte, au niveau d'au moins une corne
3, 4, et de préférence au niveau de chaque corne 3, 4, au moins une fente, respectivement
5, 6, ou/et au moins une chambre 30, pour délimiter au moins une lèvre élastique 20,
21, s'étendant entre une surface de contact S, et cette fente 5, 6 ou chambre 30.
[0048] Chaque fente 5, 6, ou chambre 30, est agencée pour procurer à la corne correspondante
une élasticité, qui permet d'adoucir le choc lors de chaque impulsion, en absorbant
une partie de l'énergie d'impact, puis en la restituant postérieurement à cet impact.
Ainsi la fente ou la chambre permet de rendre élastique la zone de contact. La fonction
de la fente ou de la chambre est de réduire l'usure en adoucissant les contacts entre
l'ellipse du plateau ou la cheville de plateau de balancier et la fourchette de l'ancre,
au cours des phases de dégagement et d'impulsion.
[0049] Un autre but atteint par l'invention est de réduire le phénomène de collement à l'échappement.
[0050] Chaque fente ou chambre est de profil droit ou quelconque. On appellera ici chambre
un volume enfermé dans la matière et non débouchant, et on appellera fente un espace
débouchant sur au moins une des surfaces externes du composant concerné.
[0051] La largeur de chaque fente est de préférence de quelques micromètres, et est toujours
très faible par rapport à son développement en longueur, dans un rapport de préférence
inférieur à un huitième.
[0052] De préférence, chaque fente s'étend selon au moins une direction oblique par rapport
à un plan P selon lequel se développe l'entrée de fourchette 2, voire l'ancre 1 tout
entière comme c'est généralement le cas. De façon préférée et économique, chaque fente
s'étend perpendiculairement à ce plan P. Ainsi une élaboration de l'ancre 1 selon
les technologies MEMS, ou encore selon le procédé « LIGA » ou similaire, est-elle
particulièrement facile. Pour d'autres modes d'élaboration de l'ancre 1, notamment
issue d'une feuille métallique, ou plastique, ou polymère, ou autre, la fabrication
d'une fente perpendiculaire au plan P est préférable, car elle peut être réalisée
par électro-érosion à fil, ou découpage au fil, au laser, par injection plastique,
ou similaire.
[0053] L'ancre 1 peut aussi être réalisée dans un matériau plus classique : acier au plomb
« S15 P » non durci, acier sans plomb « Ck75 », alliage d'aluminium, autre métal ou
alliage. Le traitement permettant de fabriquer la planche dont on extrait l'ancre
a une importance particulière, et est bien connu de l'homme de l'art. En ce qui concerne
les matières plastiques, on peut utiliser un polymère tel que le POM « Hostaform ».
[0054] Un composant selon l'invention peut, dans un tel matériau, être réalisé par technologie
laser, avec une gravure traversante, par électro-érosion à fil, par découpe jet d'eau,
ou similaire.
[0055] Dans une réalisation préférée, chaque fente débouche au niveau du contour périphérique
de l'entrée de fourchette 2, c'est-à-dire, selon le cas, vers l'intérieur des cornes,
c'est-à-dire du côté de la cheville de plateau du balancier, au niveau d'une surface
interne, respectivement 7, 8, ou bien vers l'extérieur des cornes, c'est-à-dire du
côté opposé à la cheville de plateau, au niveau d'une surface externe, respectivement
9, 10.
[0056] Une première variante de réalisation est représentée sur la figure 1. L'entrée de
fourchette 2 comporte, au niveau d'au moins une corne, et de préférence au niveau
de chaque corne, une fente 5, 6, qui s'étend perpendiculairement au plan de l'ancre,
et débouche vers l'intérieur des cornes, c'est-à-dire l'entrée de fourchette 2 du
côté de la cheville de plateau du balancier, au niveau d'une surface interne 7, 8,
en délimitant au moins une lèvre élastique 20, 21, s'étendant entre cette surface
interne 7, 8, et cette fente 5, 6.
[0057] Une deuxième variante de réalisation est représentée sur la figure 2. L'entrée de
fourchette comporte, au niveau d'au moins une corne, et de préférence au niveau de
chaque corne, une fente qui s'étend perpendiculairement au plan de l'ancre, et débouche
vers l'extérieur, c'est-à-dire du côté opposé à la cheville de plateau du balancier.
La fente 5, 6 débouche au niveau du contour périphérique de l'entrée de fourchette
2 vers l'extérieur des cornes, au niveau d'une surface externe 9, 10, en délimitant
au moins une lèvre élastique 20, 21 s'étendant entre cette surface externe 9, 10,
et cette fente 5, 6. Cette disposition permet aussi de réduire l'intensité des impacts
avec les butées de renversement.
[0058] Un avantage particulier de cette disposition est de limiter les sur-contraintes,
en cas de choc de l'ellipse sur le haut de la corne, ainsi que de limiter les risques
de casse, par exemple de casse du pivot de balancier.
[0059] Une troisième variante de réalisation, tel que visible sur la figure 3, combine les
réalisations du premier mode et du deuxième mode, avec sur chaque corne une fente
débouchant sur une surface d'extrémité interne et une fente débouchant sur une surface
d'extrémité externe. chaque corne 3, 4 comporte une fente 5, 6 débouchant sur une
surface interne 7, 8 et une fente 5A, 6A débouchant sur une surface externe 9, 10,
en délimitant une pluralité de lèvres élastiques 20, 20A, 20B, 21, 21 A, 21 B, s'étendant
entre la périphérie de la corne 3, 4, la surface interne 7, 8, la surface externe
9, 10, et les fentes 5, 5A, 6, 6A.
[0060] Une quatrième variante de réalisation est représentée sur la figure 6, dans lequel
la fente d'élasticité 5, 6, n'est pas débouchante sur une surface d'extrémité interne
7, 8, ou externe 9, 10, mais uniquement sur au moins une des faces latérales 16, 17,
que comporte l'ancre 1, parallèlement au plan P de cette dernière. De préférence,
pour une symétrie des contraintes internes, la fente débouche sur les deux faces latérales
opposées.
[0061] Une cinquième variante de réalisation est représentée sur les figures 7 et 8 : elle
comporte au moins une chambre 30 à l'intérieur d'une corne, cette chambre 30 n'est
pas débouchante, et est délimitée de préférence, du côté de la surface d'extrémité
interne 7 et de la surface d'extrémité externe 9, par des zones externes de section
faible 12, 13, de façon à ce que l'extrémité de la corne ait un comportement élastique.
De préférence et dans le même but, la chambre 30 est aussi délimitée, du côté de chacune
des surfaces latérales 16, 17, de l'ancre 1, par une zone latérale de section faible,
14, 15. La réalisation d'une ancre 1 selon ce cinquième mode est possible par une
élaboration dans un matériau micro-usinable selon les technologies MEMS, ou encore
selon le procédé « LIGA » ou similaire, et est particulièrement facile.
[0062] A ce propos, le choix d'un tel matériau micro-usinable permet, précisément, la confection
de fentes ou de chambres très fines, sans avoir à redouter l'existence d'un défaut
local de matière, d'une pré-fissure, ou encore de sur-contraintes internes locales,
que l'on peut davantage rencontrer avec un acier ou un alliage plus traditionnel.
Le très faible dimensionnement de la fente ou chambre dans sa plus petite dimension
limite l'amplitude de vibration des lèvres élastiques, empêche toute déformation non
réversible, et prévient toute casse de ces lèvres.
[0063] Il est naturellement possible de réaliser un composant à lèvre élastique selon l'invention
dans un autre matériau, acier ou autre alliage, avec avantageusement une couche déposée
sur la surface de ce composant, ou encore un traitement thermique ou/et de surface
de ce composant.
[0064] Dans une variante d'exécution, la fente ou chambre n'est pas remplie d'air ou de
vide, mais d'un autre matériau de caractéristiques différentes du matériau de base,
par exemple une colle, ou encore un traitement ou revêtement de surface souple et
épais de l'ordre de 5 à 10 microns. Cet autre matériau peut posséder des caractéristiques
élastiques particulières, ce qui permet d'adapter un comportement élastique particulier,.et
de participer à l'amortissement et à l'action anti-usure. Le fait d'avoir un composant
plein permet d'éviter l'accumulation de déchets d'usure du mouvement d'horlogerie
dans les fentes, ce qui constitue d'ailleurs l'avantage d'une confection avec une
chambre non débouchante.
[0065] De façon similaire, il est possible d'intercaler dans la fente ou chambre un plastique
déformable.
[0066] On comprend que les figures ne représentent qu'une fente ou une chambre dans chaque
réalisation, mais qu'il est naturellement possible de juxtaposer une pluralité de
fentes ou/et de chambres, ainsi que de panacher les différents modes exposés, non
limitatifs de l'invention.
[0067] Par exemple, une pluralité de fentes ou chambres sensiblement parallèles, en forme
de chevron, permet, même si elles sont de très petite taille, et notamment d'un faible
développement dans leur plus grande dimension, de donner à la corne une flexibilité
suffisante.
[0068] La totalité d'une corne d'ancre est ainsi rendue flexible par au moins une telle
fente ou chambre, pour diminuer l'usure, en rendant élastique la zone de contact avec
le balancier.
[0069] Naturellement ce qui s'applique à une corne s'applique à l'autre, de préférence de
façon symétrique par rapport à un plan médian P' orthogonal au plan P.
[0070] Une réalisation particulière est faite avec une ancre 1 en silicium, ou en un composé
de silicium.
[0071] L'invention concerne encore un mécanisme d'échappement comportant au moins une telle
ancre.
[0072] L'invention concerne encore une pièce d'horlogerie comportant au moins une telle
ancre, ou/et un tel mécanisme d'échappement, ou/et au moins un composant réalisé ou
amélioré selon ce procédé.
[0073] Bien entendu, la présente invention ne se limite pas à l'exemple illustré mais est
susceptible de diverses variantes et modifications qui apparaîtront à l'homme de l'art.
1. Procédé d'amélioration de tenue à l'usure et aux chocs d'un composant de mouvement
d'horlogerie remplissant une fonction d'impulsion ou de percussion lors de contacts
discontinus au niveau d'au moins une surface de contact que comporte une zone de contact
d'extrémité dite corne, caractérisé en ce qu'on procure une flexibilité à ladite corne d'extrémité en l'aménageant par la confection
d'au moins une fente ou une chambre micrométrique au voisinage de ladite surface de
contact ou desdites surfaces de contact, pour délimiter au moins une lèvre élastique
s'étendant entre ladite surface de contact et ladite au moins une fente ou chambre.
2. Procédé selon la revendication précédente, caractérisé en ce qu'on réalise ladite au moins une lèvre élastique comportant, sur une des ses surfaces
externes, au moins une dite surface de contact.
3. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on réalise ladite au moins une fente ou chambre de façon à délimiter ladite au moins
une lèvre élastique entre ladite surface de contact, ladite au moins une fente ou
chambre, et au moins une autre surface périphérique de ladite corne.
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on réalise ladite au moins une fente ou chambre de façon sensiblement perpendiculaire
à un plan selon lequel se développe ledit composant, ledit plan étant lui-même orthogonal
à ladite surface de contact ou auxdites surfaces de contact.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on réalise ladite au moins une fente débouchante au niveau de surfaces latérales que
comporte ladite corne parallèlement audit plan, par électro-érosion à fil, ou par
laser, ou bien, lorsqu'on choisit de fabriquer ledit composant en matériau micro-usinable
selon les technologies MEMS ou selon le procédé « LIGA » et qu'on réalise alors ladite
fente lors de la fabrication dudit composant selon les technologies MEMS ou selon
le procédé « LIGA ».
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on réalise ladite au moins une chambre dans l'épaisseur de ladite corne, sans accès
sur l'une quelconque des surfaces externes de ce dernier, lors de la fabrication dudit
composant en matériau micro-usinable selon les technologies MEMS ou selon le procédé
« LIGA ».
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on réalise la largeur (E2) de la lèvre élastique est inférieure au quart de sa longueur
(L2), et est inférieure ou égale à 30 µm.
8. Ancre (1) pour mécanisme d'échappement de mouvement d'horlogerie, réalisée par le
procédé selon l'une des revendications précédentes, et comportant au moins une fourchette
délimitant une entrée de fourchette (2) laquelle comporte des cornes (3 ; 4) agencées
pour coopérer avec un balancier, caractérisée en ce que ladite entrée de fourchette (2) comporte, au niveau d'au moins une dite corne (3
; 4), une fente (5 ; 6) ou/et une chambre (30), ladite fente (5 ; 6) ou chambre (30)
étant agencée pour procurer à la corne correspondante une élasticité qui permet d'adoucir
le choc lors de chaque impulsion, en absorbant une partie de l'énergie d'impact, puis
en la restituant postérieurement à cet impact.
9. Ancre (1) selon la revendication précédente, caractérisée en ce que ladite fente (5 ; 6) débouche au niveau du contour périphérique de ladite entrée
de fourchette (2) vers l'extérieur des cornes, au niveau d'une surface externe (9
; 10), en délimitant au moins une lèvre élastique (20 ; 21) s'étendant entre ladite
surface externe (9 ; 10), et ladite au moins une fente (5 ; 6).
10. Ancre (1) selon la revendication 8 ou 9, caractérisée en ce que ladite fente (5 ; 6) débouche au niveau du contour périphérique de ladite entrée
de fourchette (2) vers l'intérieur des cornes, au niveau d'une surface interne (7
; 8), en délimitant au moins une lèvre élastique (20 ; 21) s'étendant entre ladite
surface interne (7 ; 8) et ladite au moins une fente (5 ; 6).
11. Ancre (1) selon la revendication 10, caractérisée en ce que chaque corne (3 ; 4) comporte une fente (5 ; 6) débouchant sur une surface interne
(7 ; 8) et une fente (5A ; 6A) débouchant sur une surface externe (9 ; 10), en délimitant
une pluralité de lèvres élastiques (20 ; 20A ; 20B ; 21 ; 21 A ; 21 B), s'étendant
entre la périphérie de ladite corne (3 ; 4), ladite surface interne (7 ; 8), ladite
surface externe (9 ; 10), et lesdites fentes (5 ; 5A ; 6 ; 6A).
12. Ancre (1) selon la revendication 8, caractérisée en ce que ladite fente (5 ; 6) n'est pas débouchante sur une surface d'extrémité interne (7
; 8) ou externe (9 ; 10), mais uniquement sur au moins une des faces latérales (16
; 17) que comporte ladite ancre (1) parallèlement au plan (P) de cette dernière.
13. Ancre (1) selon la revendication 8, caractérisée en ce que ladite chambre (30) à l'intérieur d'une corne (3 ; 4) est délimitée du côté de ladite
surface interne (7 ; 8) et de ladite surface externe (9 ; 10), par des lèvres élastiques
(12 ; 13) de section faible, de façon à ce que l'extrémité de ladite corne (3 ; 4)
ait un comportement élastique, et est aussi délimitée, du côté de chacune des faces
latérales (16 ; 17) que comporte ladite ancre (1) parallèlement au plan (P) de cette
dernière, par une zone latérale (14 ; 15) de section faible.
14. Ancre (1) selon l'une des revendications 8 à 13, caractérisée en ce qu'elle est réalisée en un matériau micro-usinable selon les technologies MEMS, ou encore
selon le procédé « LIGA ».
15. Mécanisme d'échappement comportant au moins une ancre(1) selon l'une des revendications
8 à 14.
16. Pièce d'horlogerie comportant au moins une ancre (1) selon l'une des revendications
8 à 14, ou/et au moins un mécanisme d'échappement selon la revendication 15, ou/et
au moins un composant réalisé ou amélioré selon le procédé selon l'une des revendications
1 à 7.