[0001] La présente invention concerne le domaine de l'exploitation de gisements de gaz ou
du stockage de gaz dans des formations du sous-sol.
[0002] Des venues de sable sont parfois observées pendant la production de gaz naturel à
partir de réservoirs gréseux (exploitation de gisements de gaz ou activité de stockage
de gaz naturel, contexte aquifère profond ou gisement déplété converti). La roche
se déconsolide par endroits engendrant une production de grains de sable dans le flux
de gaz avec des conséquences néfastes pour l'exploitant. Ces remontées intempestives
sont liées principalement à la nature géologique des roches et leurs propriétés mécaniques
autour du puits mais aussi aux conditions d'exploitation qui modifient les distributions
de pressions et donc la distribution de contraintes mécaniques. En effet, la production
conduit à l'augmentation des vitesses au droit du puits par l'effet combiné de la
dépressurisation et de la remontée globale du plan d'eau qui limite progressivement
la section passante.
[0003] Il est donc important de disposer de procédés pouvant limiter voire stopper ces venues
de sable.
[0004] Il est connu de réaliser des traitements de la formation souterraine, en injectant
une solution aqueuse à base de polymères au niveau des puits producteurs de sable.
On arrête donc la production de gaz, puis on injecte la solution à partir du puits
initialement prévu pour la production de gaz. Grâce à un tel procédé, les venues de
sable peuvent être significativement réduites, voire totalement supprimées pendant
une durée de l'ordre de 2 à 3 ans.
[0005] Des travaux ont montré que ces traitements au moyen de polymères ont un effet préventif
sur les venues de sable en limitant l'érosion du ciment argileux entre les grains.
Cet effet provient de l'adsorption des polymères sur la surface interne du milieu
poreux. La couche adsorbée est de faible épaisseur (taille de la molécule de polymère)
devant la taille des pores. Cette couche adsorbée permet de limiter les interactions
entre l'argile et l'eau amenée à être en contact avec ces argiles (en particulier
l'eau de condensation qui se forme au cours de la production dans le puits et qui
peut réimbiber la formation).
[0006] L'objet de l'invention concerne un procédé optimisé pour traiter une formation souterraine
contre les venues de sable, lors de production de gaz issu de cette formation. L'invention
permet en effet de recréer une cohésion des formations déconsolidées en favorisant
la formation des ponts adhésifs inter-grains et en minimisant le lessivage de ces
jonctions adhésives, au moyen d'un placement adéquat du produit incluant i) une mise
en place par séquences successives de différents produits choisis et optimisés par
une méthodologie précise en laboratoire ; ii) une réduction des débits de gaz (injection
et production) lors de la percée de gaz en fin de traitement.,
Le procédé selon l'invention
[0007] Procédé pour traiter une formation souterraine contre des venues de sables lors de
production d'un gaz issu de cette formation via un puits foré à travers la formation,
dans lequel on injecte aux abords dudit puits un volume V
FT d'un fluide de traitement comportant au moins un polymère et de l'eau, caractérisé
en ce que l'on réalise ensuite les étapes suivantes :
- on injecte un volume Vg de gaz pour chasser l'eau injectée aux abords du puits afin de reconnecter audit
puits ledit gaz de la formation, avec un débit choisi pour maintenir une saturation
résiduelle en eau aux abords du puits maximale après reconnexion, de façon à favoriser
une formation de ponts capillaires ;
- on assèche les abords du puits en poursuivant l'injection du gaz après reconnexion,
de façon à favoriser une transformation de ponts capillaires en ponts adhésifs inter-grains.
[0008] Selon l'invention, on peut réaliser des cycles d'injection en alternant une étape
d'injection de gaz avec une étape d'injection de fluide de traitement. On peut alors
utiliser différents types de polymères lors des cycles. On peut par exemple utiliser
alternativement un premier polymère permettant d'augmenter la cohésion inter-grains,
puis un second polymère permettant de résister au lessivage à l'eau.
[0009] Selon l'invention, on peut choisir le polymère de façon à limiter un lessivage des
ponts capillaires. Ce polymère peut être choisi parmi les polymères suivants : des
microgels SBP500, des microgels AP25, du polyacrylamide PAM FA920.
[0010] Enfin, le débit peut être choisi au moyen d'un simulateur d'écoulement, à partir
duquel on détermine des saturations résiduelles pour différents débits.
[0011] D'autres caractéristiques et avantages du procédé selon l'invention, apparaîtront
à la lecture de la description ci-après d'exemples non limitatifs de réalisations,
en se référant aux figures annexées et décrites ci-après.
Présentation succincte des figures
[0012]
- la figure 1 montre un schéma de l'installation expérimentale de fluidisation d'un
lit de particules.
- la figure 2 illustre la consolidation du lit de billes après injection de microgels
SBP500 à différentes concentrations.
- la figure 3 illustre la consolidation du lit de billes après injection de microgels
AP25 à différentes concentrations.
- la figure 4 illustre la consolidation du lit de billes après injection de PAM FA920
à différentes concentrations.
- la figure 5 illustre la consolidation du lit de billes après injection de un et deux
cycles de microgels SBP500
- la figure 6 illustre la consolidation du lit de billes après injection de un et deux
cycles de microgels AP25.
- les figures 7A et 7B illustrent l'influence du nombre de cycles sur la saturation
résiduelle en eau (7A) et sur la consolidation (7B).
Description détaillée du procédé
[0013] Dans la description, le terme "polymères" englobe des polymères à chaîne linéaire
à base de polyacrylamide et des microgels. Par microgel est désigné un polymère non
linéaire, réticulé, se présentant ainsi à l'état de réseau tridimensionnel, gonflable
en présence d'eau. La masse moléculaire est élevée (> 5.10
8 dalton) et dépend du degré de réticulation. Le taux faible de réticulation (0,05%
à 0,5%, et de préférence de 0,1% à 0,25%) permet de conférer une élasticité et donc
une capacité de déformation importante à ces microgels que l'on qualifie de "déformables"
("soft microgels") par opposition à des microgels à fort taux de réticulation qui
se rapprocheraient de sphères dures.
[0014] En plus de l'effet préventif sur le ciment argileux inter-grains, on a mis en évidence
un second effet des procédés de traitement contre les venues de sable utilisant des
polymères. Ce second effet est cette fois curatif : le traitement provoque un retour
de la cohésion de la matrice granulaire qui engendrait les venues de sable et/ou une
augmentation de la cohésion des zones faiblement consolidées et pouvant dès lors provoquer
potentiellement des venues de sable. Cet effet provient de la présence de ponts capillaires
entre grains suite à l'injection de la solution de traitement contenant le produit
actif (polymères/microgels) et à la percée du gaz du site de stockage. Ces ponts capillaires
contiennent du produit actif qui, en séchant avec le flux de gaz, évoluent vers des
ponts adhésifs inter-grains.
[0015] On a mis également en évidence que la présence d'eau de condensation, ou le contact
avec les saumures de l'aquifère, peuvent lessiver ces jonctions adhésives et créer
une perte d'efficacité du produit actif avec le temps, effectivement observée sur
site. Cependant, l'invention comporte un choix de certains polymères résistant mieux
à ce lessivage. Ainsi, en favorisant les microgels à la bonne concentration et à la
bonne salinité, la mise en oeuvre de l'invention permet d'augmenter notablement la
durabilité du traitement.
[0016] Il apparaît donc nécessaire de prendre en compte ces deux effets dans la mise en
oeuvre des procédés de traitement contre les venues de sable utilisant des polymères.
Ainsi, le procédé selon l'invention permettant d'optimiser à la fois la consolidation
(formation de ponts adhésifs inter-grains) du milieu poreux et sa durabilité (résistance
au lessivage des ponts adhésifs inter-grains), comporte les étapes suivantes :
- 1) on injecte un fluide de traitement comportant au moins un polymère et de l'eau
;
- 2) on injecte du gaz dans la formation avec un débit limité permettant de maximiser
la saturation résiduelle et d'assécher les ponts capillaires ;
- 3) on réitère les étapes 1) et 2) afin d'obtenir un effet cumulatif sur la consolidation,
en alternant le type de produit (polymères/microgels).
[0017] La méthodologie proposée apporte une souplesse d'utilisation pour obtenir un effet
consolidant. En effet, il est préférable de limiter le débit de gaz pour obtenir une
saturation optimale, cependant, on peut aussi jouer sur le nombre de cycles de traitement.
Ainsi, même si les débits sont tels que la saturation résiduelle est faible, plusieurs
cycles de traitement successifs sont préconisés pour augmenter notablement la consolidation.
1. Injection d'une solution de traitement à base de polymères
[0018] La production du gaz contenu dans une formation souterraine est réalisée au moyen
d'au moins un puits foré à travers cette formation. Lors de la phase de traitement
contre les venues de sable, on stoppe la production de gaz.
[0019] Dans un premier temps, on utilise ce puits, pour injecter un volume V
FT d'un fluide de traitement comportant au moins un polymère et de l'eau. Ce procédé
correspond au procédé classique de traitement des formations contre les venues de
sable lors de la production ultérieure du gaz de la formation souterraine.
[0020] Les produits chimiques mis en oeuvre pour le traitement sont à base de polymères,
copolymères ou de terpolymères (préférentiellement un polymère de type polyacrylamide
non hydrolysé), combinés avec un polymère réticulé se présentant à l'état de réseau
tridimensionnel, gonflable en présence d'eau, préférentiellement des microgels (voir
chapitre description détaillée).
[0021] On peut par exemple utiliser les polymères réticulés fabriqués par la société SEPPIC
(France) suivants :
- Des microgels SBP500
- Des microgels AP25
- Du polyacrylamide PAM FA920.
[0022] Un avantage du procédé mettant en oeuvre les fluides de traitement préférentiellement
recommandés de la présente invention, réside dans le fait qu'ils peuvent être appliqués
à des formations sans devoir isoler ou protéger la ou les zones productrices d'hydrocarbure
durant la phase d'injection, et ce à la différence de solutions gélifiantes ou de
résines. Un avantage supplémentaire réside dans le fait que les microgels qui sont
de nature déformable, peuvent être compressés à la paroi des restrictions de pore
permettant ainsi au gaz de s'écouler vers le puits producteur sans altération de sa
perméabilité relative. Les microgels sont d'autre part non toxiques, sans résidus
nocifs, permettant ainsi de satisfaire l'évolution de la réglementation européenne
sur les substances dangereuses et les normes concernant les rejets.
[0023] L'essentiel des mécanismes dits « aux abords des puits » se produit dans le rayon
immédiat du puits sur typiquement quelques mètres car c'est dans cette zone que l'écoulement
radial prend toute son importance. En termes de dimensionnement, le volume du traitement
V
FT correspond à une saturation en produit dans un rayon autour du puits des cinq premiers
mètres environ. Pour une couche de 15 m d'épaisseur et de porosité 20%, on obtient
typiquement un volume de 60 m
3.
2. Injection de gaz dans la formation
[0024] Après avoir traité la formation grâce à l'injection du fluide de traitement comportant
au moins un polymère et de l'eau la formation aux abords du puits se retrouve saturée
en eau et en produit (polymère) de traitement. La forte saturation en eau décroît
notablement la perméabilité au gaz.
[0025] Afin de rétablir la perméabilité au gaz, on réinjecte un volume V
g de gaz dans la formation à travers le même puits, afin de reconnecter la bulle de
gaz au puits producteur : le gaz pousse l'eau aux abords du puits. Une fois l'eau
chassée, l'injection peut être stoppée.
[0026] Généralement, le débit est grand pour réaliser rapidement cette percée à travers
la barrière créée par l'eau.
[0027] Au contraire, selon l'invention, le débit d'injection du gaz dans cette phase doit
être ccntrôié. Il doit être suffisamment faible de façon à laisser une saturation
en eau importante et permettre ainsi de renforcer le degré de consolidation de la
formation dans laquelle on injecte le gaz en laissant une saturation en eau importante.
En effet, suite à l'injection de la solution de traitement à base de polymères et
la percée de gaz, se forment des ponts capillaires entre grains contenant du produit
actif (polymère). Il est nécessaire d'avoir une saturation résiduelle en eau aussi
élevée que possible afin d'augmenter la quantité de produit polymère par pont. Or,
la saturation résiduelle en eau est d'autant plus faible que le débit de gaz est important.
Comme le montrent alors clairement les expériences, la consolidation est moins forte
en présence d'une saturation en eau faible.
[0028] On contrôle donc la phase de re-percée du gaz dans la formation après traitement
avec un débit plus faible par rapport aux modes opératoires habituels (une évaluation
précise du débit peut être réalisée au moyen de simulation d'écoulement), ceci afin
d'une part, de laisser une saturation résiduelle forte de l'ordre de 10 à 15%, au
dessus de la saturation irréductible en eau, et d'autre part, d'assécher les ponts
capillaires.
[0029] Ainsi, alors que classiquement on injecte le gaz pour chasser au mieux l'eau aux
abords du puits, selon l'invention on injecte le gaz de façon à laisser une saturation
en eau importante. De cette façon, on favorise la formation de ponts capillaires lors
de la reconnexion (ou percée). Le début de la reconnexion est typiquement repéré par
une augmentation brutale du débit d'injection à pression imposée. En pratique au début
de l'injection de gaz, il reste de l'eau dans les tiges donc au départ le gaz pousse
juste l'eau (donc encore monophasique au fond) et c'est seulement quand les tiges
sont vides que le gaz commence à envahir la formation.
[0030] Lors de la réinjection de gaz on dispose avant le traitement d'une référence sur
l'injectivité du puits. Immédiatement après le traitement, le débit du gaz réinjecté
est ajusté pour ne pas dépasser une pression maximum car il y a au début une résistance
à l'écoulement liée à la présence du produit. Très vite on observe la percée du gaz
car le rapport de mobilité (le gaz est très peu visqueux par rapport à l'eau) privilégie
le fingering. On peut donc augmenter rapidement le débit d'injection après la percée.
Une fois la valeur consigne de débit d'injection atteinte, on se cale sur cette valeur,
et c'est alors la pression qui diminue continûment. Le volume cumulé de gaz à injecter
correspond à la restitution d'une injectivité proche de la valeur initiale. Dans le
cadre d'une injection de gaz, la percée est rapide mais on a besoin d'un nombre de
Volume Poreux (VP) important (#50) pour atteindre une saturation résiduelle stabilisée.
Ici le volume poreux est le volume de l'abord du puits (V
FT = 60m
3 défini précédemment). En convertissant en volume surface (Pression de fond de 50
bar), cela correspondrait à un volume cumulé de l'ordre de 150 000 m
3 (V
G)
[0031] Puis, après reconnexion, on poursuit l'injection de gaz de façon à assécher les ponts
capillaires, et aboutir à la formation d'un maximum de ponts adhésifs inter-grains
sans altérer les indices de productivité/injectivité du puits. Pour cet assèchement,
deux cas peuvent être distingués :
- 1) En fin de traitement, le milieu poreux est imbibé de produit à une saturation donnée:
L'assèchement se fait alors pendant le remplissage du stockage. En effet les opérations
de traitement ont lieu traditionnellement à la fin du soutirage pour bénéficier d'un
différentiel de pression suffisant pour pouvoir injecter les produits. Une fois le
traitement terminé, le puits est alors soumis à une phase prolongée d'injection pendant
l'été (3-4 mois d'injection) sans limitation de volume par rapport au mécanisme de
séchage.
- 2) Pour le cas d'un traitement par cycle:
Atteindre la saturation cible nécessite d'injecter 50 VP (toujours selon notre exemple).
Au cours de cette injection de gaz, l'eau est déplacée mais également asséchée en
partie. On utilise donc ce volume de gaz injecté pour amorcer l'assèchement du cycle
mis en place. Selon un mode de réalisation, on ne procède pas forcément à l'assèchement
complet, mais on réalise cet assèchement complet en fin de cycle.
Contrôle de la saturation résiduelle en eau autour du puits dans la phase de traitement
[0032] La saturation résiduelle est la quantité d'eau moyenne qui reste dans l'aquifère
autour du puits une fois la solution de traitement injectée et la reconnection de
la bulle de gaz effectuée par percée de gaz.
[0033] Selon l'invention, on laisse autour du puits une saturation résiduelle en eau la
plus grande possible en contrôlant le débit de gaz au moment de la percée et/ou de
la production de gaz après injection du traitement. Le volume de gaz injecté doit
aussi être suffisant pour assécher les ponts capillaires formés entre les grains de
la matrice poreuse.
[0034] La saturation résiduelle est fonction des courbes de perméabilité relative du milieu
dans lequel on injecte le gaz, et de la courbe de pression capillaire. Selon le débit
de gaz que l'on injecte, la saturation résiduelle change. Cela peut se calculer avec
un simulateur de réservoir tel que le logiciel PUMAFlow
™ (IFP Energies nouvelles, France). Pour ce fait, un tel simulateur utilise les données
d'entrée suivantes : perméabilité relative - pression capillaire (Krs-Pc), volume
de traitement, rhéologie du produit, caractéristique de la formation et état du stockage
pour anticiper plus finement le volume requis et le temps de l'opération. Ainsi, en
réalisant des simulations, on peut calculer la saturation résiduelle en fonction du
débit injecté ou de la pression au puits. On peut dès lors choisir le débit adéquat
qui laisse une saturation résiduelle donnée.
[0035] On note que plus la saturation résiduelle après percée du gaz est augmentée, plus
le traitement est efficace.
[0036] Le volume de gaz injecté doit être également suffisant pour assécher suffisamment
les ponts capillaires formés.
3. Cycles d'injection solution de traitement - gaz
[0037] Selon l'invention, on réitère les étapes 2) et 3) afin d'obtenir un effet cumulatif
sur la consolidation.
[0038] Selon un mode de réalisation, on alterne le type de produit (polymère) utilisé dans
la solution de traitement, afin d'optimiser le couple degré de consolidation /durabilité
du traitement. On peut ainsi utiliser un premier produit permettant d'augmenter la
cohésion inter-grains, puis alterner avec un second produit permettant de résister
au lessivage à l'eau.
[0039] On peut par exemple alterner les deux produits suivants :
i) PAM 1500 ppm formulé dans une saumure NaCl 20 g/L ;
ii) Microgel AP25 1500 - 2000ppm en deux cycles (permet de résister au lessivage à
l'eau).
[0040] La mise en place d'un traitement avec les produits préférentiellement recommandés
est opérée de la manière suivante:
[0041] Les produits, leurs concentrations et les séquences d'injection sont respectivement
choisis et optimisés après la réalisation de tests en laboratoire.
[0042] L'augmentation du nombre de cycles permet d'augmenter l'efficacité du traitement
et sa durabilité. A l'issue du dernier cycle, le puits est remis en production.
Résultats expérimentaux
[0043] Ces résultats montrent la capacité qu'ont les traitements polymères/microgels à consolider
un lit de particules solides.
[0044] Pour réaliser ces expériences, nous utilisons le montage de fluidisation d'un lit
de particules décrit sur la figure 1. Les particules solides utilisées sont des billes
de verres (BV) homogènes de diamètre 1 mm. Les billes sont introduites dans une cellule
de verre pour constituer un lit de billes tel que défini sur la figure 1.
[0045] On base les essais de consolidation sur la résistance qu'oppose le massif à une fluidisation.
En effet, en faisant circuler l'air sec (AS) à travers la couche de billes dans le
sens ascendant, et en augmentant progressivement le débit de gaz (mesuré par un débitmètre
DM), on atteint, à un débit donné, une vitesse seuil à partir de laquelle les particules
sont mises en suspension. Les billes sont alors dites fluidisées. Avant fluidisation
le différentiel de pression, mesuré par un capteur CP, augmente continûment avec la
vitesse du gaz (régime de Darcy), après fluidisation, la pression se maintient à une
valeur constante. La transition entre ces deux régimes définit notre critère dé rupture.
[0046] Le débit de fluidisation est notre valeur de référence en l'absence de tout traitement.
Il est noté Qc_ini. Le traitement polymère est alors appliqué en injectant le produit
en solution de haut en bas à travers le massif. L'écoulement de gaz est ensuite rétabli
et conduit à une saturation résiduelle avec l'eau combinée au polymère. Cette eau
est asséchée par flux de gaz en étuve à 60°C. Le nouveau massif sec est fluidisé à
nouveau. Le débit de fluidisation observé, noté Qc, est bien plus grand que le débit
initial. Ce rapport de débits est défini comme le critère de consolidation.
[0047] Les essais sont composés de trois étapes :
1) Fluidisation sans traitement ;
[0048] Cette étape consiste à injecter l'air dans le lit de billes sèches afin de définir
le débit de fluidisation du milieu non consolidé (Qc_ini).
2) Fluidisation avec traitement ;
[0049] Cette étape consiste à traiter le lit de billes et à réaliser un essai de fluidisation.
3) Fluidisation avec traitement suivi d'un flush d'eau distillée.
[0050] Cette étape fait directement suite à l'étape 2 en injectant dans le massif traité
10 Volumes de Pores (VP) d'eau distillée par le haut de la cellule. On mesure ainsi
la consolidation résiduelle après lessivage à l'eau.
Produits testés
[0051] Trois traitements ont été testés à différentes concentrations :
- 1. Des microgels SBP500 (diamètre hydrodynamique environ 0,4 µm). Le produit initialement
sous forme de poudre est mis en solution dans une saumure concentrée à 500 ppm NaCl.
- 2. Des microgels AP25 (diamètre hydrodynamique environ 2 µm). Le produit initialement
sous forme de poudre est mis en solution dans une saumure concentrée à 500 ppm NaCl.
- 3. Du polyacrylamide "PAM FA920" (diamètre hydrodynamique environ 0,4 µm). Au même
titre que les microgels, le produit initialement sous forme de poudre est mis en solution
dans une saumure concentrée à 500 ppm NaCl.
Analyse des résultats
[0052] Les résultats sont représentés sous la forme de la consolidation obtenue en fonction
de la concentration en produit. La consolidation est définie par le rapport des débits
de déconsolidation avant et après traitement (Qc/Qc ini).
[0053] La figure 2 illustre l'analyse de l'effet du microgel de type 2 (AP25). Le traitement
consiste à injecter de la saumure 500 ppm NaCl et un microgel à différentes concentrations.
La figure 2 montre la consolidation (rapport Qc/Qc_ini) du lit de billes après injection
de microgels AP25 à différentes concentrations C en ppm. Les résultats avant flush
à l'eau distillée sont représentés par des triangles, et les résultats après flush
à l'eau distillée sont représentés par des carrés.
[0054] La figure 3 illustre l'analyse de l'effet du microgel de type 1 (SBP500). Le traitement
consiste à injecter de la saumure 500 ppm NaCl et un microgel à différentes concentrations
C en ppm. La figure 3 montre la consolidation (rapport Qc/Qc_ini) du lit de billes
après injection de microgels SBP500 à différentes concentrations. Les résultats avant
flush à l'eau distillée sont représentés par des triangles, et les résultats après
flush à l'eau distillée sont représentés par des carrés.
[0055] La figure 4 illustre l'analyse de l'effet du PAM. Le traitement consiste à injecter
de la saumure 500 ppm NaCl et le PAM 920SH à différentes concentrations. La figure
4 montre la consolidation (rapport Qc/Qc_ini) du lit de billes après injection de
PAM à différentes concentrations C en ppm. Les résultats avant flush à l'eau distillée
sont représentés par des triangles, et les résultats après flush à l'eau distillée
sont représentés par des carrés.
Microgels SBP500 :
[0056] Ce microgel a pour effet de consolider le milieu de plus en plus en fonction de la
concentration. Le niveau de consolidation obtenu est néanmoins inférieur à celui observé
pour les saumures (Qc/Qc ini = 2.8). Une efficacité résiduelle après lavage à l'eau
douce est obtenue à partir de concentrations en microgels d'au moins 2000 ppm.
Microgels AP25 :
[0057] Ce microgel (de taille plus grosse) permet d'obtenir des niveaux de consolidation
équivalents aux microgels précédents (Qc/Qc ini = 2.5). Avec ce type de microgels,
on observe que le lavage à l'eau douce n'altère quasiment pas l'efficacité du traitement
et ce, dès lors que la concentration est au moins égale à 1500 ppm.
Polyacrylamide "PAM 920SH" :
[0058] Le PAM 920SH a pour effet de consolider fortement le milieu. La consolidation est
supérieure à celle obtenue avec les microgels pour des concentrations dépassant les
300 ppm. En revanche l'efficacité disparaît complètement après un lavage à l'eau doues
et ce, quelle que soit la concentration en polymère.
[0059] Pour analyser les effets des cycles d'injection (étapes 3), nous avons réalisé les
expériences suivantes :
- 1. Le traitement consiste à injecter de la saumure à 500 ppm de NaCl et un microgel
de type 1 (SBP500) à différentes concentrations C (ppm) avec deux cycles. La figure
5 illustre les résultats de consolidation (rapport Qc/Qc_ini) du lit de billes après
injection de un (courbe avec des triangles) et deux cycles (courbes avec des carrés)
de microgels SBP500, avant (figure de gauche) et après (figure de droite) flush d'eau
distillée : le nombre de cycles améliore à la fois la consolidation et la tenue à
un lessivage à l'eau.
- 2. Le traitement consiste à injecter de la saumure à 500 ppm de NaCl et un microgel
de type 2 (AP25) à différentes concentrations avec deux cycles. La figure 6 illustre
les résultats de consolidation (rapport Qc/Qc_ini) du lit de billes après injection
de un (courbe avec des triangles) et deux (courbes avec des carrés) cycles de microgels
AP25, avant (figure de gauche) et après (figure de droite) flush d'eau distillée :
le nombre de cycles améliore à la fois la consolidation et la tenue à un lessivage
à l'eau, mais de manière plus faible qu'avec les microgels SBP500.
Effets de cycles et de la saturation initiale
[0060] La masse de microgels retenus augmente à chaque cycle comme le montrent les figures
7A et 7B. La figure 7A illustre l'évolution de la saturation résiduelle en eau (Sw)
en fonction du nombre de cycles injection/percée de gaz (NbC). Le cycle d'injection
est réalisé avec le microgel AP25. La présence de microgels est favorable pour la
saturation résiduelle. En effet, celle-ci augmente avec le nombre de cycles, les autres
paramètres restant constants. Ainsi, comme la saturation résiduelle est plus élevée,
on constate une augmentation de la consolidation après traitement au microgel AP25
pour 4 cycles. Cette consolidation est du même ordre qu'un traitement en un seul cycle
mais où les conditions expérimentales sont telles que la saturation résiduelle Sw
est importante (Sw=50%). La figure 7B illustre les résultats de consolidation (rapport
Qc/Qc_ini) du lit de billes après injection en fonction du nombre de cycles (NbC).
[0061] Cette observation montre la souplesse de la méthodologie. Pour augmenter la consolidation,
on peut jouer à la fois sur le nombre de cycles ou sur la saturation résiduelle après
percée du gaz.
[0062] Le procédé selon l'invention a une efficacité préventive, mais il peut également
être utilisé pour un traitement curatif. Ainsi, même des puits présentant de fortes
venues de sable peuvent être traités. L'invention permet en effet de recréer une cohésion
des formations déconsolidées en favorisant la formation des ponts adhésifs inter-grains
et en minimisant le lessivage de ces jonctions adhésives.
1. Procédé pour traiter une formation souterraine contre des venues de sable lors de
production d'un gaz issu de cette formation via un puits foré à travers la formation,
dans lequel on injecte aux abords dudit puits un volume V
FT d'un fluide de traitement comportant au moins un polymère et de l'eau,
caractérisé en ce que l'on réalise ensuite les étapes suivantes :
- on injecte un volume Vg de gaz pour chasser l'eau injectée aux abords du puits afin de reconnecter audit
puits ledit gaz de la formation, avec un débit choisi pour maintenir une saturation
résiduelle en eau aux abords du puits maximale après reconnexion, de façon à favoriser
une formation de ponts capillaires ;
- on assèche les abords du puits en poursuivant l'injection du gaz après reconnexion,
de façon à favoriser une transformation de ponts capillaires en ponts adhésifs inter-grains.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel on réalise des cycles d'injection en
alternant une étape d'injection de gaz avec une étape d'injection de fluide de traitement.
3. Procédé selon la revendication 2, dans lequel on utilise différents types de polymères
lors desdits cycles.
4. Procédé selon la revendication 3, dans lequel on alterne le type de polymère pour
lesdites étapes d'injection de fluide de traitement, en utilisant alternativement
un premier polymère permettant d'augmenter la cohésion inter-grains, puis un second
polymère permettant de résister au lessivage à l'eau.
5. Procédé,selon l'une des revendications précédentes, dans lequel on choisit ledit polymère
de façon à limiter un lessivage desdits ponts capillaires.
6. Procédé selon la revendication 5, dans lequel ledit polymère est choisi parmi les
polymères suivants : des microgels SBP500, des microgels AP25, du polyacrylamide PAM
FA920.
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel on choisit ledit débit
au moyen d'un simulateur d'écoulement, à partir duquel on détermine des saturations
résiduelles pour différents débits.