[0001] La présente invention concerne un procédé d'hydrogénation sélective d'une essence
et un procédé de désulfuration d'essence mettant en oeuvre ce procédé d'hydrogénation
sélective.
Etat de la technique
[0002] La production d'essences répondant aux nouvelles normes d'environnement nécessite
que l'on diminue de façon importante leur teneur en soufre à des valeurs n'excédant
généralement pas 50 ppm, et préférentiellement inférieures à 10 ppm.
[0003] Il est par ailleurs connu que les essences de conversion, et plus particulièrement
celles provenant du craquage catalytique, qui peuvent représenter 30 à 50 % du pool
essence, présentent des teneurs élevées en oléfines et en soufre.
[0004] Le soufre présent dans les essences est pour cette raison imputable, à près de 90
%, aux essences issues des procédés de craquage catalytique, qu'on appellera dans
la suite essence de FCC (Fluid Catalytic Cracking selon la terminologie anglo-saxonne,
que l'on peut traduire par craquage catalytique en lit fluidisé). Les essences de
FCC constituent donc la charge préférée du procédé de la présente invention.
[0005] Parmi les voies possibles pour produire des carburants à faible teneur en soufre,
celle qui a été très largement retenue consiste à traiter spécifiquement les bases
essences riches en soufre par des procédés d'hydrodésulfuration en présence d'hydrogène.
Les procédés traditionnels désulfurent les essences de manière non sélective en hydrogénant
une grande partie des mono-oléfines, ce qui engendre une forte perte en indice d'octane
et une forte consommation d'hydrogène. Les procédés les plus récents, tels que le
procédé Prime G+ (marque commerciale), permettent de désulfurer les essences de craquage
riches en oléfines, tout en limitant l'hydrogénation des mono-oléfines et par conséquent
la perte d'octane et la forte consommation d'hydrogène qui en résulte. De tels procédés
sont par exemples décrits dans les demandes de brevet
EP 1077247 et
EP 1174485.
[0006] Comme décrit dans la demande de brevet
EP 1077247, il est avantageux de réaliser avant l'étape d'hydrotraitement une étape d'hydrogénation
sélective de la charge à traiter. Cette première étape d'hydrogénation consiste essentiellement
à hydrogéner sélectivement les dioléfines, tout en transformant conjointement par
alourdissement les composés soufrés légers saturés (par augmentation de leur poids
moléculaire), qui sont des composés soufrés dont le point d'ébullition est inférieur
au point d'ébullition du thiophène, tels que le méthanethiol, l'éthanethiol, le diméthylsulfure.
Cela permet de produire une fraction essence désulfurée composée majoritairement de
mono-oléfines à 5 atomes de carbone sans perte d'octane par simple distillation.
[0007] Dans des conditions opératoires spécifiques, cette hydrogénation réalise sélectivement
l'hydrogénation des dioléfines présentes dans la charge à traiter en composés mono-oléfiniques,
qui possèdent un meilleur indice d'octane. Un autre effet de l'hydrogénation sélective
est de prévenir la désactivation progressive du catalyseur d'hydrodésulfuration sélective
et/ou d'éviter un bouchage progressif du réacteur dû à la formation de gommes de polymérisation
à la surface des catalyseurs ou dans le réacteur. En effet, les composés polyinsaturés
sont instables et ont tendance à former des précurseurs de gommes de polymérisation.
[0008] La demande de brevet
EP 2161076 divulgue un procédé d'hydrogénation sélective des composés polyinsaturés, et plus
particulièrement des dioléfines, permettant de réaliser conjointement l'alourdissement
des composes soufrés légers saturés. Ce procédé met en oeuvre un catalyseur contenant
au moins un métal du groupe Vlb et au moins un métal non noble du groupe VIII déposés
sur un support poreux. Cependant ce document ne divulgue pas de catalyseurs permettant
de réaliser en outre une isomérisation des oléfines externes en oléfines internes.
La présente invention se distingue du catalyseur décrit dans
EP 2161076 notamment par la sélection des paramètres suivants pris en combinaison:
● la surface spécifique du catalyseur comprise entre 200 et 270 m2/g,
● la densité de l'élément du groupe Vlb exprimée comme étant le rapport entre la teneur
en poids d'oxyde de l'élément du groupe VIb et la surface spécifique comprise entre
4 et 6.10-4 g/m2;
● le rapport molaire entre le métal du groupe VIII et le métal du groupe Vlb compris
entre 0,6 et 3 mol/mol.
[0009] L'étape d'hydrodésulfuration des essences de craquage qui contiennent des mono-oléfines,
consiste à faire passer, sur un catalyseur de type sulfure de métal de transition,
la charge à traiter mélangée à de l'hydrogène, afin de promouvoir les réactions de
réduction du soufre en sulfure d'hydrogène (H
2S). Le mélange réactionnel est ensuite refroidi afin de condenser l'essence. La phase
gazeuse contenant l'excès d'hydrogène et l'H
2S est séparée et l'essence désulfurée est récupérée.
[0010] Les composés soufrés résiduels généralement présents dans l'essence désulfurée peuvent
être séparés en deux familles distinctes : les composés soufrés non hydrogénés présents
dans la charge d'une part, et les composés soufrés formés dans le réacteur par des
réactions secondaires dites de recombinaison. Parmi cette dernière famille de composés
soufrés, les composés majoritaires sont les mercaptans issus de l'addition de l'H
2S formé dans le réacteur sur les mono-oléfines présentes dans la charge. Les mercaptans
de formule chimique R-SH où R est un groupement alkyle, sont également appelés mercaptans
de recombinaison, et représentent généralement entre 20% poids et 80% poids du soufre
résiduel dans les essences désulfurées.
[0011] La réduction de la teneur en mercaptans de recombinaison peut être réalisée par hydrodésulfuration
catalytique mais au prix d'une saturation d'une partie importante des mono-oléfines
présentes dans l'essence, ce qui entraîne alors une forte diminution de l'indice d'octane
de l'essence ainsi qu'une surconsommation d'hydrogène. Il est par ailleurs connu que
la perte d'octane liée à l'hydrogénation des mono-oléfines lors de l'étape d'hydrodésulfuration
est d'autant plus grande que la teneur en soufre visée est basse, c'est à dire que
lorsque l'on cherche à éliminer en profondeur les composés soufrés présents dans la
charge.
[0013] Afin de produire une essence à basse teneur en soufre et présentant un bon indice
d'octane il apparait avantageux de mettre en oeuvre une première étape d'hydrogénation
sélective qui réalise conjointement l'hydrogénation des dioléfines en oléfines, l'alourdissement
des composés soufrés légers et l'isomérisation des oléfines externes en oléfines internes
de façon à faciliter le fonctionnement du procédé d'hydrodésulfuration, à limiter
autant que possible l'hydrogénation des oléfines et par voie de conséquence limiter
la perte d'indice d'octane lors de l'étape d'hydrodésulfuration subséquente.
Résumé de l'invention
[0014] Un but de la présente invention est de proposer un procédé amélioré d'hydrogénation
sélective d'une essence contenant des composés polyinsaturés et des composés soufrés
légers qui permet une meilleure isomérisation des composés mono insaturés dont la
double liaison C=C est externe en double liaison C=C interne tout en assurant l'hydrogénation
des composés polyinsaturés en composés mono-insaturés, l'alourdissement des composés
soufrés légers saturés par réaction avec les composés insaturés.
[0015] L'essence ainsi traitée peut être avantageusement envoyée vers une unité d'hydrodésulfuration
catalytique dont des conditions opératoires permettant la transformation des composés
organo-soufrés en H2S tout en limitant l'hydrogénation des oléfines.
[0016] A cette fin, il est proposé un procédé d'hydrogénation sélective mettant en oeuvre
un catalyseur contenant au moins un métal du groupe Vlb et au moins un métal du groupe
VIII déposés sur un support poreux dans lequel :
- la teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe Vlb est comprise entre 6 et 18%
par rapport au poids du catalyseur,
- la teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe VIII est comprise entre 4 et 12%
par rapport au poids du catalyseur,
- la surface spécifique du catalyseur est comprise entre 200 et 270 m2/g
- la densité de l'élément du groupe Vlb, exprimée comme étant le rapport entre ladite
teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe Vlb et la surface spécifique du catalyseur,
est comprise entre 4 et 6.10-4 g/m2;
- le rapport molaire entre le métal du groupe VIII et le métal du groupe Vlb est compris
entre 0,6 et 3 mol/mol.
[0017] De façon surprenante, le demandeur a en effet trouvé qu'en mettant en oeuvre un procédé
d'hydrogénation en présence d'un catalyseur tel que revendiqué permet de réaliser
conjointement l'hydrogénation des composés polyinsaturés et plus particulièrement
des dioléfines, l'alourdissement des composés soufrés légers et plus particulièrement
des mercaptans et d'améliorer l'isomérisation des composés mono-oléfiniques ayant
une double liaison C=C externe en leurs isomères correspondants à double liaison C=C
interne.
[0018] Le procédé selon l'invention est applicable à toute coupe essence contenant une certaine
proportion de dioléfines, et pouvant contenir en outre quelques composés plus légers
appartenant aux coupes C3 et C4.
[0019] Un autre but de l'invention est de fournir un procédé de désulfuration d'essence
permettant d'obtenir un produit ayant une teneur en S total inférieure à 50 ppm, de
préférence inférieure à 10 ppm tout en limitant la perte d'indice d'octane.
[0020] A cette fin, il est proposé un procédé de désulfuration comprenant les étapes suivantes:
a) une étape d'hydrogénation sélective mettant en oeuvre un procédé mettant en oeuvre
un catalyseur contenant au moins un métal du groupe Vlb et au moins un métal du groupe
VIII déposés sur un poreux dans lequel :
- la teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe Vlb est comprise entre 6 et 18%
par rapport au poids du catalyseur,
- la teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe VIII est comprise entre 4 et 12%
par rapport au poids du catalyseur
- la surface spécifique du catalyseur est comprise entre 200 et 270 m2/g,
- la densité de l'élément du groupe Vlb, exprimée comme étant le rapport entre ladite
teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe Vlb et la surface spécifique du catalyseur,
est comprise entre 4 et 6.10-4 g/m2;
- le rapport molaire entre le métal du groupe VIII et le métal du groupe Vlb est compris
entre 0,6 et 3 mol/mol.
b) une étape de séparation de l'essence obtenue à l'étape a) en deux fractions comprenant
respectivement une essence légère et une essence lourde.
c) un traitement de l'essence lourde séparée à l'étape b) sur un catalyseur permettant
de décomposer au moins partiellement les composés soufrés en H2S
Description détaillée de l'invention
[0021] L'invention concerne un procédé de traitement d'essences comprenant tout type de
familles chimiques et notamment des dioléfines, des mono-oléfines, et des composés
soufrés sous forme de mercaptans et de sulfures légers. La présente invention trouve
particulièrement son application dans la transformation des essences de conversion,
et en particulier des essences en provenance du craquage catalytique, du craquage
catalytique en lit fluide (FCC), d'un procédé de cokéfaction, d'un procédé de viscoréduction,
ou d'un procédé de pyrolyse. Les charges pour lesquelles s'applique l'invention ont
une température d'ébullition comprise entre 0°C et 280°C. Les charges peuvent également
contenir des hydrocarbures à 3 ou 4 atomes de carbone.
[0022] Par exemple, les essences issues d'unités de craquage catalytique (FCC) contiennent,
en moyenne, entre 0,5% et 5% poids de dioléfines, entre 20% et 50% poids de mono-oléfines,
entre 10 ppm et 0,5% poids de soufre dont généralement moins de 300 ppm de mercaptans.
Les mercaptans se concentrent généralement dans les fractions légères de l'essence
et plus précisément dans la fraction dont la température d'ébullition est inférieure
à 120°C.
[0023] Le traitement de l'essence décrit dans le présent procédé d'hydrogénation sélective
consiste principalement à :
- hydrogéner sélectivement les dioléfines en mono-oléfines;
- transformer les composés soufrés légers saturés et principalement les mercaptans,
en sulfures ou mercaptans plus lourds par réaction avec les mono-oléfines;
- isomériser les composés mono-oléfines ayant leur double liaison C=C externe en leur
isomère à double liaison C=C interne.
[0024] Les réactions d'hydrogénation des dioléfines en mono-oléfines sont illustrées ci-dessous
par la transformation du 1,3 pentadiène, composé instable, qui peut facilement être
hydrogéné en pent-2-ène. Toutefois, on cherche à limiter les réactions secondaires
d'hydrogénation des mono-oléfines qui dans l'exemple ci-dessous conduiraient à la
formation de n-pentane.

[0025] Les composés soufrés que l'on cherche à transformer sont principalement les mercaptans
et les sulfures. La réaction principale de transformation des mercaptans consiste
en une thioéthérification des mono-oléfines par les mercaptans. Cette réaction est
illustrée ci dessous par l'addition du propane-2-thiol sur le pent-2-ène pour former
un propyl-pentyl sulfure.

[0026] En présence d'hydrogène, la transformation des composés soufrés peut également passer
par la formation intermédiaire d'H2S qui peut ensuite s'additionner sur les composés
insaturés présents dans la charge. Cette voie est toutefois minoritaire dans les conditions
préférées de la réaction.
[0027] Outre les mercaptans, les composés susceptibles d'être ainsi transformés et alourdis
sont les sulfures et principalement le diméthyl sulfure, méthyl-éthyl sulfure et diéthyl
sulfure, le CS
2, le COS, le thiophane, le méthyl-thiophane.
[0028] Dans certains cas, on peut également observer des réactions d'alourdissement des
composés azotés légers, et principalement des nitriles, du pyrrole et de ses dérivés.
[0029] Selon l'invention, le catalyseur permet également de réaliser une isomérisation des
composées mono-oléfiniques ayant leur double liaison C=C en position externe en leur
isomère ayant leur double liaison C=C en position interne.
[0030] Cette réaction est illustrée ci-après par l'isomérisation du hexène-1 en hexène-2
ou hexène-3:

[0031] Le procédé décrit dans la présente invention consiste à mettre en contact la charge
à traiter en mélange avec un flux d'hydrogène, avec un catalyseur contenant au moins
un métal du groupe Vlb (groupe 6 selon la nouvelle notation de la classification périodique
des éléments :
Handbook of Chemistry and Physics, 76ième édition, 1995-1996) et au moins un métal du groupe VIII, (groupes 8, 9 et 10) de ladite classification,
déposés sur un support poreux à base d'oxyde métallique.
[0032] En particulier, il a été trouvé que les performances des catalyseurs en isomérisation
des oléfines externes en oléfines internes correspondants sont améliorées lorsque
le catalyseur présente les caractéristiques suivantes en combinaison:
La teneur en poids de l'élément du groupe VIb sous forme oxyde est comprise entre
6 et 18%, de préférence entre 8 et 12% et manière encore préférée entre 10 et 12%
en poids par rapport au poids de catalyseur. Le métal du groupe Vlb est de préférence
choisi parmi le molybdène et le tungstène. De manière plus préférée, le métal du groupe
VIb est le molybdène.
[0033] Le catalyseur contient également un métal du groupe VIII choisi de préférence parmi
le nickel, le cobalt et le fer. De manière plus préférée, le métal du groupe VIII
est le nickel. La teneur en métal du groupe VIII exprimée sous forme d'oxyde est comprise
entre 4 et 12% poids et de préférence comprise entre 6 et 10% poids et de manière
encore préférée entre 6 et 8% poids par rapport au poids de catalyseur.
[0034] Le rapport molaire entre le métal non noble du groupe VIII et le métal du groupe
Vlb est compris entre 0,6 et 3 mol/mol et de manière préférée, entre 1 et 2 mol/mol.
[0035] La densité de l'élément du groupe Vlb, exprimée comme étant le rapport entre ladite
teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe Vlb et la surface spécifique du catalyseur,
est comprise entre 4 et 6.10
-4 g/m
2, de préférence entre 4,3 et 5,5.10
-4 g/m
2, de préférence entre 4,5 et 5.10
-4 g/m
2. Ainsi par exemple dans le cas de figure où le catalyseur comprend 11 % poids d'oxyde
de molybdène par rapport au poids de catalyseur et présente une surface spécifique
de 219 m
2/g alors la densité de molybdène, exprimée comme étant le rapport entre la teneur
en poids d'oxyde de molybdène et la surface spécifique du catalyseur, est égale à
(0,11 / 219) soit 5.10
-4 g/m
2.
[0036] La surface spécifique du catalyseur est comprise entre 200 et 270 m
2/g, de préférence entre 220 et 260 m
2/g. La surface spécifique est déterminée selon la norme ASTM D3663.
[0037] De préférence, on utilise un catalyseur présentant un volume poreux total mesuré
par porosimétrie au mercure supérieur à 0,3 cm
3/g, de préférence compris entre 0,4 et 1,4 cm
3/g et préférentiellement compris entre 0,5 et 1,3 cm
3/g. La porosimétrie au mercure est mesurée selon la norme ASTM D4284-92 avec un angle
de mouillage de 140°, avec un appareil modèle Autopore III de la marque Microméritics.
[0038] Le support du catalyseur est de préférence choisi parmi l'alumine, l'aluminate de
nickel, la silice, le carbure de silicium, ou leur mélange. On utilise, de manière
préférée, de l'alumine et de manière encore plus préférée, de l'alumine pure.
[0039] Selon une variante, le support est constitué d'alumine gamma cubique ou de l'alumine
delta.
[0040] Le catalyseur selon l'invention peut être préparé au moyen de toute technique connue
de l'homme du métier, et notamment par imprégnation des éléments des groupes VIII
et VIb sur le support sélectionné. Cette imprégnation peut par exemple être réalisée
selon le mode connu de l'homme du métier sous la terminologie d'imprégnation à sec,
dans lequel on introduit juste la quantité d'éléments désirés sous forme de sels solubles
dans le solvant choisi, par exemple de l'eau déminéralisée, de façon à remplir aussi
exactement que possible la porosité du support. Le support ainsi rempli par la solution
est de préférence séché. Le support préféré est l'alumine qui peut être préparée à
partir de tout type de précurseurs et outils de mise en forme connus de l'homme de
métier.
[0041] Après introduction des éléments des groupes VIII et Vlb, et éventuellement une mise
en forme du catalyseur, celui-ci subi un traitement d'activation. Ce traitement a
généralement pour but de transformer les précurseurs moléculaires des éléments en
phase oxyde. Il s'agit dans ce cas d'un traitement oxydant mais un simple séchage
du catalyseur peut également être effectué. Dans le cas d'un traitement oxydant, également
appelé calcination, celui-ci est généralement mis en oeuvre sous air ou sous oxygène
dilué, et la température de traitement est généralement comprise entre 200°C et 550°C,
de préférence entre 300 °C et 500 °C.
[0042] Des sels de métaux des groupes Vlb et VIII utilisables dans le procédé de préparation
du catalyseur sont par exemple le nitrate de cobalt, le nitrate de nickel, l'heptamolybdate
d'ammonium ou le métatungstate d'ammonium. Tout autre sel connu de l'homme du métier
présentant une solubilité suffisante et décomposable lors du traitement d'activation
peut également être utilisé.
[0043] Après calcination, les métaux déposés sur le support se trouvent sous forme d'oxyde.
Dans le cas du nickel et du molybdène, les métaux se trouvent principalement sous
forme de MoO
3 et de NiO. Avant mise en contact avec la charge à traiter, les catalyseurs subissent
une étape de sulfuration. La sulfuration est de préférence réalisée en milieu sulforéducteur,
c'est-à-dire en présence d'H
2S et d'hydrogène, afin de transformer les oxydes métalliques en sulfures tels que
par exemple, le MoS
2 et le Ni
3S
2. La sulfuration est réalisée en injectant sur le catalyseur un flux contenant de
l'H
2S et de l'hydrogène, ou bien un composé soufré susceptible de se décomposer en H
2S en présence du catalyseur et de l'hydrogène. Les polysulfures tel que le diméthyldisulfure
sont des précurseurs d'H
2S couramment utilisés pour sulfurer les catalyseurs. La température est ajustée afin
que l'H
2S réagisse avec les oxydes métalliques pour former des sulfures métalliques. Cette
sulfuration peut être réalisée in situ ou ex situ (en dedans ou dehors du réacteur)
du réacteur d'hydrodésulfuration à des températures comprises entre 200 et 600°C et
plus préférentiellement entre 300 et 500°C.
[0044] Pour être actifs, les métaux doivent être substantiellement sulfurés. Un élément
est considéré comme substantiellement sulfuré lorsque le rapport molaire entre le
soufre (S) présent sur le catalyseur et ledit élément est au moins égal à 60% du rapport
molaire théorique correspondant à la sulfuration totale de l'élément considéré:

avec:
(S/élément)catalyseur rapport molaire entre le soufre (S) et l'élément présents sur
le catalyseur
(S/élément)théorique rapport molaire entre le soufre et l'élément correspondant à
la sulfuration totale de l'élément en sulfure.
Ce rapport molaire théorique varie selon l'élément considéré:
- (S/Fe)théorique = 1
- (S/Co)théorique = 8/9
- (S/Ni)théorique = 2/3
- (S/Mo)théorique =2/1
- (S/W)théorique =2/1
[0045] Lorsque le catalyseur comprend plusieurs métaux, le rapport molaire entre le S présent
sur le catalyseur et l'ensemble des éléments doit également être au moins égal à 60%
du rapport molaire théorique correspondant à la sulfuration totale de chaque élément
en sulfure, le calcul étant effectué au prorata des fractions molaires relatives de
chaque élément.
[0046] Par exemple, pour un catalyseur comprenant du molybdène et du nickel avec une fraction
molaire respective de 0,7 et 0,3, le rapport molaire minimal (S/ Mo + Ni) est donné
par la relation:

[0047] De façon très préférée, le taux de sulfuration des métaux sera supérieur à 80%.
[0048] La sulfuration est mise en oeuvre sur les métaux sous forme d'oxyde sans que soit
réalisée une étape préalable de réduction des métaux. En effet, il est connu que la
sulfuration de métaux réduits est plus difficile que la sulfuration de métaux sous
forme d'oxydes.
[0049] Dans le procédé d'hydrogénation sélective selon l'invention, la charge à traiter
est mélangée à de l'hydrogène avant d'être mise en contact avec le catalyseur. La
quantité d'hydrogène injectée est telle que le rapport molaire entre l'hydrogène et
les dioléfines à hydrogéner soit supérieur à 1 (stoechiométrie) et inférieure à 10,
et de préférence compris entre 1 et 5 mol/mol. Un trop large excès d'hydrogène peut
entraîner une forte hydrogénation des mono-oléfines et par voie de conséquence, une
diminution de l'indice d'octane de l'essence. La totalité de la charge est généralement
injectée à l'entrée du réacteur. Toutefois, il peut être avantageux, dans certains
cas d'injecter une fraction ou la totalité de la charge entre deux lits catalytiques
consécutifs placés dans le réacteur. Ce mode de réalisation permet notamment de continuer
à opérer le réacteur si l'entrée du réacteur se trouve bouchée par dépôts de polymères,
de particules, ou de gommes présentes dans la charge.
[0050] Le mélange constitué de l'essence et de l'hydrogène est mis en contact avec le catalyseur
à une température comprise entre 80°C et 220°C, et de préférence entre 90°C et 200°C,
avec une vitesse spatiale liquide (LHSV) comprise entre 1h
-1 et 10 h
-1, l'unité de la vitesse spatiale liquide étant le litre de charge par litre de catalyseur
et par heure (l/l.h). La pression est ajustée afin que le mélange réactionnel soit
majoritairement sous forme liquide dans le réacteur. La pression est comprise entre
0,5 MPa et 5 MPa et de préférence entre 1 et 4 MPa.
[0051] L'essence traitée dans les conditions énoncées ci-dessus, présente une teneur en
dioléfines et en mercaptans réduite. Généralement, l'essence produite contient moins
de 1 % poids de dioléfines, et de préférence moins de 0,5% poids de dioléfines. Les
composés soufrés légers dont la température d'ébullition est inférieure à celle du
thiophène (84°C) sont généralement convertis à plus de 50%. Il est donc possible de
séparer la fraction légère de l'essence par distillation et d'envoyer directement
cette fraction au pool essence sans traitement complémentaire. La fraction légère
de l'essence a généralement un point final inférieur à 120°C, et de préférence inférieure
à 100°C et de façon très préférée inférieure à 80°C.
[0052] Le procédé d'hydrogénation sélective selon l'invention est particulièrement adapté
pour être mis en oeuvre dans le cadre du procédé de désulfuration décrit dans la demande
de brevet
EP 1 077 247.
[0053] La présente demande a également pour objet un procédé de désulfuration d'essence
comprenant des composés soufrés, comprenant au moins les étapes suivantes:
- a) une étape d'hydrogénation sélective mettant en oeuvre le procédé décrit précédemment;
- b) une étape de séparation de l'essence obtenue à l'étape a) en deux fractions comprenant
respectivement une essence légère et une essence lourde;
- c) une étape de traitement de l'essence lourde séparée à l'étape b) sur un catalyseur
permettant de décomposer au moins partiellement les composés soufrés en H2S.
[0054] L'étape b) de séparation est réalisée de préférence au moyen d'une colonne de distillation
classique appelée aussi splitter. Cette colonne de fractionnement doit permettre de
séparer une fraction légère de l'essence contenant une faible fraction du soufre et
une fraction lourde contenant de préférence la majeure partie du soufre initialement
présent dans l'essence initiale.
[0055] Cette colonne opère généralement à une pression comprise entre 0,1 et 2 MPa et de
préférence entre 0,2 et 1 MPa. Le nombre de plateaux théoriques de cette colonne de
séparation est généralement compris entre 10 et 100 et de préférence entre 20 et 60.
Le taux de reflux, exprimé comme étant le rapport du débit liquide dans la colonne
divisé par le débit de distillat exprimé en kg/h, est généralement inférieur à l'unité
et de préférence inférieur à 0,8.
[0056] L'essence légère obtenue à l'issue de la séparation contient généralement au moins
l'ensemble des oléfines en C5, de préférence les composés en C5 et au moins 20 % des
oléfines en C6. Généralement, cette fraction légère présente une faible teneur en
soufre, c'est à dire qu'il n'est pas en général nécessaire de traiter la coupe légère
avant de l'utiliser comme carburant.
[0057] L'étape c) de désulfuration est de préférence une étape d'hydrodésulfuration réalisée
par passage de l'essence lourde, en présence d'hydrogène, sur un catalyseur comprenant
au moins un élément du groupe VIII et/ou au moins un élément du groupe Vlb au moins
en partie sous forme sulfure, à une température comprise entre environ 210°C et environ
350°C, de préférence entre 220°C et 320°C, sous une pression généralement comprise
entre environ 1 et environ 4 MPa, de préférence entre 1,5 et 3 MPa. La vitesse spatiale
du liquide est comprise entre environ 1 et environ 20 h
-1 (exprimée en volume de liquide par volume de catalyseur et par heure), de préférence
entre 1 et 10 h
-1, de manière très préférée entre 3 et 8 h
-1. Le rapport H
2/charge est compris entre 100 à 600 litres par litre et préférentiellement entre 300
et 600 litres par litre.
[0058] La teneur en métal du groupe VIII exprimée en oxyde est généralement comprise entre
0,5 et 15% poids, préférentiellement entre 1 et 10 % poids par rapport au poids du
catalyseur. La teneur en métal du groupe Vlb exprimée en oxyde est généralement comprise
entre 1,5 et 60% poids, préférentiellement entre 3 et 50% poids par rapport au poids
de catalyseur.
[0059] L'élément du groupe VIII, lorsqu'il est présent, est de préférence le cobalt, et
l'élément du groupe VIb, lorsqu'il est présent, est généralement le molybdène ou le
tungstène. Des combinaisons telles que cobalt molybdène sont préférées. Le support
du catalyseur est habituellement un solide poreux, tel que par exemple une alumine,
une silice-alumine ou d'autres solides poreux, tels que par exemple de la magnésie,
de la silice ou de l'oxyde de titane, seuls ou en mélange avec de l'alumine ou de
la silice-alumine. Pour minimiser l'hydrogénation des oléfines présentes dans l'essence
lourde, il est avantageux d'utiliser préférentiellement un catalyseur dans lequel
la densité de molybdène, exprimée en % poids de MoO
3 (le % en poids étant exprimé par rapport au poids total du catalyseur) par unité
de surface spécifique est supérieure à 0,07 et de préférence supérieure à 0,12. Le
catalyseur selon l'invention présente de préférence une surface spécifique inférieure
à 250 m
2/g, de manière plus préférée inférieure à 230m
2/g, et de manière très préférée inférieure à 190 m
2/g.
[0060] Le dépôt des métaux sur le support est obtenu pour toutes méthodes connues de l'homme
de l'art telles que par exemple l'imprégnation à sec, par excès d'une solution contenant
les précurseurs de métaux. La solution d'imprégnation est choisie de manière à pouvoir
solubiliser les précurseurs de métaux dans les concentrations désirées. Par exemple,
dans le cas de la synthèse d'un catalyseur CoMo, le précurseur de molybdène peut être
l'oxyde de molybdène, l'heptamolybdate d'ammonium et tandis que le précurseur de cobalt
peut être par exemple le nitrate de cobalt, l'hydroxyde de cobalt, le carbonate de
cobalt. Les précurseurs sont généralement dissous dans un milieu permettant leur solubilisation
dans les concentrations désirées.
[0061] Après introduction du ou des éléments et éventuellement mise en forme du catalyseur,
le catalyseur est dans une première étape activé. Cette activation peut correspondre
soit à une oxydation puis à une réduction, soit à une réduction directe, soit à une
calcination uniquement. L'étape de calcination est généralement réalisée à des températures
allant d'environ 100 à environ 600°C et de préférence comprises entre 200 et 450°C,
sous un débit d'air. L'étape de réduction est réalisée dans des conditions permettant
de convertir au moins une partie des formes oxydées du métal de base en métal. Généralement,
elle consiste à traiter le catalyseur sous un flux d'hydrogène à une température de
préférence au moins égale à 300 °C. La réduction peut aussi être réalisée en partie
au moyen de réducteurs chimiques.
[0062] Le catalyseur est de préférence utilisé au moins en partie sous sa forme sulfurée.
L'introduction du soufre peut intervenir avant ou après toute étape d'activation,
c'est-à-dire de calcination ou de réduction. De préférence, aucune étape d'oxydation
du catalyseur n'est réalisée lorsque le soufre ou un composé soufré a été introduit
sur le catalyseur. Le soufre ou un composé soufré peut être introduit ex situ, c'est-à-dire
en dehors du réacteur où le procédé selon l'invention est réalisé, ou in situ, c'est-à-dire
dans le réacteur utilisé pour le procédé selon l'invention. Dans ce dernier cas, le
catalyseur est de préférence réduit dans les conditions décrites précédemment, puis
sulfuré par passage d'une charge contenant au moins un composé soufré, qui une fois
décomposé conduit à la fixation de soufre sur le catalyseur. Cette charge peut être
gazeuse ou liquide, par exemple de l'hydrogène contenant de l'H
2S, ou un liquide contenant au moins un composé soufré.
[0063] D'une façon préférée, le composé soufré est ajouté sur le catalyseur ex situ. Par
exemple, après l'étape de calcination, un composé soufré peut être introduit sur le
catalyseur en présence éventuellement d'un autre composé. Le catalyseur est ensuite
séché, puis transféré dans le réacteur servant à mettre en oeuvre le procédé selon
l'invention. Dans ce réacteur, le catalyseur est alors traité sous hydrogène afin
de transformer au moins une partie du métal principal en sulfure. Une procédure qui
convient particulièrement à l'invention est celle décrite dans les brevets
FR-B- 2 708 596 et
FR-B- 2 708 597.
[0064] Selon un mode particulier de l'invention, le procédé de désulfuration comprend en
outre une deuxième étape d) de traitement de l'essence lourde traitée à l'étape c)
sur un catalyseur permettant de décomposer les composés soufrés qui n'auraient pas
été décomposés en H
2S lors de l'étape c). De façon avantageuse on procède à l'élimination de l'H
2S formé à l'étape c) avant d'effectuer l'étape de traitement d).
Exemple 1
[0065] Les catalyseurs 1, 2, 3 et 4 ont été préparés par imprégnation à sec d'un support
100% alumine.
[0066] Le protocole de synthèse consiste à réaliser une imprégnation à sec d'une solution
d'heptamolybdate d'ammonium et de nitrate de nickel, le volume de la solution aqueuse
contenant les précurseurs métalliques étant égal au volume de reprise à l'eau correspondant
à la masse de support à imprégner (volume d'eau total pouvant pénétrer dans la porosité).
Les concentrations des précurseurs dans la solution sont ajustées de manière à déposer
sur le support les teneurs pondérales en oxydes métalliques souhaitées.
[0067] Le solide est ensuite laissé en maturation à température ambiante durant 12 heures,
puis séché à 120°C, durant 12 heures. Finalement, le solide est calciné à 500°C durant
deux heures sous flux d'air (1 L/g.h).
[0068] Les supports utilisés sont des alumines de transition à surface spécifique variable,
de façon à obtenir des catalyseurs à différentes surface spécifiques après un chargement
à iso-teneur en métaux. Les caractéristiques des catalyseurs ainsi préparés sont fournies
dans le tableau 1 ci-dessous.
Catalyseur |
1 (comparatif) |
2 (comparatif) |
3 (mis en oeuvre selon l'invention) |
4 (mis en oeuvre selon l'invention) |
% pds en MoO3 |
11 |
11 |
11 |
11 |
% pds en NiO |
7 |
7 |
7 |
7 |
Rapport molaire Ni/Mo |
1,2 |
1,2 |
1,2 |
1,2 |
dMoO3 (10-4g/m2 cata) |
8,9 |
5,8 |
4,8 |
4,3 |
Surface spécifique du catalyseur (m2/g) |
123 |
189 |
230 |
254 |
[0069] Tableau 1 : Caractéristiques des catalyseurs 1, 2, 3 et 4 sous forme oxyde.
[0070] Les catalyseurs 1 et 2 (non-conformes à l'invention) présentent une surface spécifique
en dehors de la gamme 200 - 270 m
2/g. En revanche les catalyseurs 3 et 4 ont une surface spécifique et une densité en
molybdène conforme à l'invention.
[0071] Les performances catalytiques des catalyseurs 1, 2, 3 et 4 ont été évaluées au moyen
d'un test d'hydrogénation sélective d'un mélange de molécules modèles effectué dans
un réacteur autoclave agité de 500 ml. 4 grammes de catalyseur sont sulfurés à pression
atmosphérique en banc de sulfuration sous mélange H
2S/H
2 constitué de 15% volumique d'H
2S à 1 Ug.h de catalyseur et à 400°C durant deux heures. Ce protocole permet d'obtenir
des taux de sulfuration supérieurs à 80% pour l'ensemble des catalyseurs conformément
à l'invention. Le catalyseur ainsi sulfuré est transféré dans le réacteur à l'abri
de l'air puis mis au contact de 250 mL de charge modèle sous une pression totale de
1,5 MPa et une température de 160°C. La pression est maintenue constante durant le
test par apport d'hydrogène.
[0072] La charge utilisée pour le test d'activité présente la composition suivante : 1000
ppm poids de soufre sous forme méthyl 3-thiophène, 100 ppm poids de soufre sous forme
de propane-2-thiol, 10% poids oléfine sous forme de d'hexène-1 et 1% poids d'isoprène
dans du n-heptane.
[0073] Le temps t=0 du test correspond à la mise en contact du catalyseur et de la charge.
La durée du test est fixée à 80 minutes et l'analyse chromatographique en phase gaz
de l'effluent liquide obtenu permet d'évaluer les activités des différents catalyseurs
en hydrogénation de l'isoprène (formation des méthylbutènes), hydrogénation de l'hexène-1
(formation du n-hexane), isomérisation de l'hexène-1 (formation d'hexène avec saturation
en position interne, soit hexène-2 ou hexène-3) et alourdissement des mercaptans légers
(conversion du propane-2-thiol).
[0074] L'activité du catalyseur pour chaque réaction est définie par rapport à la constante
de vitesse obtenue pour chaque réaction normalisée par gramme de catalyseur. La constante
de vitesse est calculée en considérant un ordre 1 pour la réaction :

avec : A(X) : activité du catalyseur pour la réaction X, en min
-1 / g de catalyseur
m : masse de catalyseur (forme oxyde) engagée dans le test
k constante de vitesse pour la réaction considérée, en min
-1 étant calculée selon la formule:

avec 80: durée du test en minutes
X = hexène correspondant à l'isomérisation de l'hexène
X = hexène correspondant à l'hydrogénation de l'hexène
X = isoprène correspondant à l'hydrogénation de l'isoprène
[0075] La sélectivité du catalyseur vis à vis de l'hydrogénation de l'isoprène est égale
au rapport des activités du catalyseur en hydrogénation de l'isoprène et en hydrogénation
de l'hexène 1 : A HYD (isoprène)/A HYD (hexène-1)
[0076] Les résultats obtenus pour les différents catalyseurs sont reportés dans le tableau
2 ci-dessous sur la base de 100 par rapport au catalyseur 3 selon l'invention.
Tableau 2: Performances des catalyseurs en test molécules modèles
Catalyseur |
1 (comparatif) |
2 (comparatif) |
3 (selon l'invention) |
4 (selon l'invention) |
A ISOM hexène rel /g |
58 |
78 |
100 |
109 |
A HYD hexène rel /g |
78 |
87 |
100 |
101 |
A HYD isoprène rel /g |
75 |
84 |
100 |
106 |
A HYD (isoprène)/A HYD (hexène-1) |
96 |
97 |
100 |
105 |
[0077] Les catalyseurs 3 et 4 (mis en oeuvre dans le procédé selon l'invention) dont la
densité en molybdène et la surface spécifique tombent dans les gammes revendiquées
montrent non seulement une activité en isomérisation de l'hexène qui est nettement
supérieure à celle des catalyseurs 1 et 2 mais également une sélectivité en hydrogénation
améliorée.
Exemple 2
[0078] Les exemples de catalyseurs présentés ci-dessous permettent d'illustrer l'influence
de la densité du métal du groupe Vlb (ici le molybdène) à iso surface spécifique de
catalyseur sur l'activité en hydrogénation des dioléfines en mono-oléfines et en isomérisation
des mono-oléfines "externes" en mono-oléfines "internes".
[0079] Des catalyseurs 5 et 6 (non conformes à l'invention) ont été préparés selon les conditions
de l'exemple 1. Ces catalyseurs possèdent notamment une surface spécifique conforme
à l'invention mais une densité de molybdène en dehors de la gamme 4 -6.10
-4 g/m
2. Les caractéristiques de ces deux catalyseurs sont regroupées dans le tableau 3.
Tableau 3 : Caractéristiques des catalyseurs 5 et 6 sous forme oxyde
Catalyseur |
5 (comparatif) |
6 (comparatif) |
% pds en MoO3 |
6 |
9 |
% pds en NiO |
3,8 |
5,6 |
Rapport molaire Ni/Mo |
1,2 |
1,2 |
dMoO3 (10-4g/m2 cata) |
2,4 |
3,8 |
Surface spécifique du catalyseur (m2/g) |
253 |
239 |
[0080] Les performances catalytiques des catalyseurs 5 et 6 sont évaluées dans le test d'hydrogénation
sélective décrit dans l'exemple 1 et comparées avec celles des catalyseurs 3 et 4
qui sont conformes à l'invention.
Tableau 4: Performances des catalyseurs en test molécules modèles
Catalyseur |
5 (comparatif) |
4 (selon l'invention) |
6 (comparatif) |
3 (selon l'invention) |
A ISOM hexène rel /g |
69 |
109 |
82 |
100 |
A HYD hexène rel /g |
61 |
101 |
72 |
100 |
A HYD isoprène rel /g |
59 |
106 |
73 |
100 |
A HYD (isoprène)/A HYD (hexène-1) |
97 |
105 |
101 |
100 |
[0081] En comparant les catalyseurs 5 et 4 et les catalyseurs 6 et 3, on observe qu'à iso
surface spécifique (respectivement environ 250 et 230 m
2/g), un catalyseur présentant une densité de molybdène qui tombe dans la gamme revendiquée,
possède une activité en hydrogénation sélective des dioléfines et en isomérisation
qui sont significativement plus élevées par rapport aux catalyseurs 5 et 6 dont la
densité en molybdène est situé en dehors de la gamme 4 à 6.10
-4 g/m
2 (respectivement 2,4.10
-4g/m
2 et 3,8.10
-4g/m
2)
Exemple 3
[0082] Les catalyseurs 7 (non-conforme à l'invention) et 8 (selon l'invention) ont été préparés
selon les conditions de l'exemple 1. Ces catalyseurs se distinguent par leur rapport
molaire entre le métal du groupe VIII et le métal du groupe Vlb.
Tableau 5 : Caractéristiques des catalyseurs 7 et 8 sous forme oxyde
Catalyseur |
7 (comparatif) |
8 (selon l'invention) |
% pds en MoO3 |
11 |
11 |
% pds en NiO |
3 |
11 |
Rapport molaire Ni/Mo |
0,5 |
1,9 |
dMoO3 (10-4g/m2 cata) |
4,5 |
5,0 |
Surface spécifique du catalyseur (m2/g) |
241 |
219 |
[0083] Les catalyseurs 7 et 8 ont été évalués avec le test d'hydrogénation sélective décrit
à l'exemple 1. Les performances des catalyseurs sont regroupées dans le tableau 6.
Tableau 6: Performances des catalyseurs en test molécules modèles
Catalyseur |
7 (comparatif) |
8 (selon l'invention) |
3 (selon l'invention) |
A ISOM hexène rel /g |
71 |
112 |
100 |
A HYD hexène rel /g |
118 |
95 |
100 |
A HYD isoprène rel /g |
68 |
108 |
100 |
A HYD (isoprène)/A HYD (hexène-1) |
58 |
114 |
100 |
[0084] Le catalyseur 7 (non-conforme), qui possède un rapport molaire Ni/Mo en dehors de
la gamme 0,6-3 mol/mol mais une densité en molybdène et une surface spécifique tombant
dans les gammes revendiquées, présente une moins bonne sélective en hydrogénation
et une plus faible activité en isomérisation que les catalyseurs 8 et 3 dont les rapports
molaires Ni/Mo sont respectivement de 1,9 et 1,2, les densités en molybdène sont respectivement
de 5,0 et 4,8.10
-4 g/m
2 conforme à la gamme 4 à 6.10
-4 g/m
2 et dont les surfaces spécifiques respectivement de 219 et 230 m
2/g tombent dans la gamme 200 - 270 m
2/g.
[0085] Cet exemple permet de confirmer que l'effet technique recherché est bien obtenu en
mettant en oeuvre un catalyseur qui satisfait à l'ensemble des paramètres pris en
combinaison et dans les gammes spécifiques revendiquées.
1. Procédé d'hydrogénation sélective d'une essence comprenant des composés polyinsaturés
et des composés soufrés légers, ledit procédé permettant conjointement l'hydrogénation
des composés polyinsaturés en composés mono-insaturés, l'alourdissement des composés
soufrés légers saturés par réaction avec les composés insaturés et l'isomérisation
des composés mono insaturés comportant une double liaison C=C externe en leur isomère
à double liaison C=C interne, ledit procédé mettant en oeuvre un catalyseur contenant
au moins un métal du groupe Vlb et au moins un métal du groupe VIII déposés sur un
support poreux, dans lequel :
● la teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe VIb par rapport au poids du catalyseur
est comprise entre 6 et 18% ;
● la teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe VIII par rapport au poids du catalyseur
est comprise entre 4 et 12% ;
● la surface spécifique du catalyseur est comprise entre 200 et 270 m2/g;
● la densité de l'élément du groupe Vlb, exprimée comme étant le rapport entre ladite
teneur en poids d'oxyde de l'élément du groupe Vlb et la surface spécifique du catalyseur,
est comprise entre 4 et 6.10-4 g/m2;
● le rapport molaire entre le métal du groupe VIII et le métal du groupe Vlb est compris
entre 0,6 et 3 mol/mol.
2. Procédé selon la revendication 1 dans lequel le métal du groupe Vlb est choisi parmi
le molybdène et le tungstène, de préférence le molybdène.
3. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le métal du groupe
VIII choisi parmi le nickel, le cobalt et le fer, de préférence le nickel.
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le métal du groupe
VIII est le nickel et le métal du groupe VIb est le molybdène.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la teneur en poids
d'oxyde de l'élément du groupe VIII est comprise entre 6 et 10%, de préférence entre
6 et 8% par rapport au poids du catalyseur, et dans lequel la teneur en poids d'oxyde
de l'élément du groupe VIb est comprise entre 8 et 12%, de préférence entre 10 et
12%, par rapport au poids du catalyseur.
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le rapport molaire
entre le métal du groupe VIII et le métal du groupe Vlb est compris entre 1 et 2 mol/mol.
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la densité de l'élément
du groupe Vlb est comprise entre 4,3 et 5,5.10-4 g/m2, de préférence entre 4,5 et 5.10-4 g/m2.
8. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le taux de sulfuration
des métaux dudit catalyseur est supérieur à 80%.
9. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le catalyseur présente
un volume poreux total supérieur à 0,3 cm3/g.
10. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la surface spécifique
du catalyseur est comprise entre 220 et 260 m2/g.
11. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le support est choisi
parmi l'alumine, la silice, le carbure de silicium ou leur mélange .
12. Procédé d'hydrogénation sélective selon l'une des revendications précédentes dans
lequel la charge et l'hydrogène sont mis en contact avec le catalyseur à une température
comprise entre 80°C et 220°C avec une vitesse spatiale liquide comprise entre 1h-1 et 10h-1 et une pression comprise entre 0,5 et 5 MPa.
13. Procédé de désulfuration d'essence comprenant des composés soufrés comprenant les
étapes suivantes :
a) une étape d'hydrogénation sélective mettant en oeuvre un procédé selon l'une des
revendications 1 à 12;
b) une étape de séparation de l'essence obtenue à l'étape a) en deux fractions comprenant
respectivement une essence légère et une essence lourde.
c) un traitement de l'essence lourde séparée à l'étape b) sur un catalyseur permettant
de décomposer au moins partiellement les composés soufrés en H2S.
14. Procédé selon la revendication 13, dans lequel l'étape c) est réalisée en présence
d'hydrogène, sur un catalyseur comprenant au moins un élément du groupe VIII et/ou
au moins un élément du groupe Vlb au moins en partie sous forme sulfure, à une température
comprise entre 210°C et 350°C, à une pression comprise entre 1 et 4 MPa, avec une
vitesse spatiale exprimée en volume de liquide par volume de catalyseur et par heure
comprise entre 1h-1 et 20 h-1.
15. Procédé selon l'une des revendications 13 ou 14, dans lequel le catalyseur de l'étape
c) comprend une teneur en métal du groupe VIII exprimée en oxyde comprise entre 0,5
et 15% poids, préférentiellement entre 1 et 10% poids par rapport au poids du catalyseur
et une teneur en métal du groupe Vlb exprimée en oxyde comprise entre 1,5 et 60% poids,
préférentiellement entre 3 et 50% poids par rapport au poids de catalyseur.