[0001] La présente invention se situe dans le domaine de la serrurerie. Elle vise à améliorer
les conditions dans lesquelles les clés de serrurerie peuvent être fabriquées et reproduites
en respectant une signature déterminée en correspondance avec la combinaison codante
nécessaire pour commander la serrure qu'elles sont destinées à ouvrir ou fermer. Ce
faisant, l'invention vise à assurer tout à la fois la fidélité de la reproduction
de la combinaison codante, la solidité mécanique de la clé elle-même, sa résistance
dans le temps aux usages répétés la qualité dans la finesse des profils, la fidélité
dans la sécurité en protection contre les effractions.
[0002] Bien que l'invention ne soit pas limitée à un type particulier de clé, on aura surtout
intérêt à la mettre en oeuvre dans le cas des systèmes dits de haute sécurité, pour
lesquels la reproduction des clés est particulièrement délicate. Il y figure notamment
les systèmes de clés et cylindres dits à points, ou multi-points, en particulier les
clés qui sont encore dites "clés plates", compte tenu de la forme à section rectangulaire
de leur pointe.
[0003] Dans cette optique l'invention consiste essentiellement en une clé réalisée modulable
en sa partie fonctionnelle d'accueillage, c'est-à-dire qu'elle peut être fabriquée
sous des formes variées à partir d'éléments individuels interchangeables.
[0004] Plus précisément, l'invention propose une clé de serrurerie comportant une tête de
préhension et une partie d'accueillage qui s'étend dans le prolongement longitudinal
de ladite tête, en saillie d'un épaulement formé par un col de jonction de la tête
et de la partie d'accueillage, et dans laquelle ladite partie d'accueillage est porteuse
d'une signature propre par combinaison de différentes variures. Selon des caractéristiques
de l'invention, la partie d'accueillage de signature est constituée d'une base venue
de matière avec le col et d'une partie rapportée formée d'une tige de montage porteuse
d'une série d'éléments d'accueillage. Ceux-ci sont plaqués les uns contre les autres
autour de la tige et l'un d'entre eux, à savoir l'élément d'accueillage distal disposé
à l'opposé de la tête, est solidaire de l'extrémité correspondante de la tige tandis
que les autres éléments d'accueillage de la série sont montés enfilés sur la tige.
Cette tige se fixe dans un alésage borgne traversant ladite base par des moyens de
fixation s'engageant transversalement dans le col, de manière à ce que les éléments
d'accueillage soient enserrés entre l'élément d'accueillage distal solidaire de la
tige et la base solidaire de la tête de préhension. Par ailleurs, la base présente
une forme extérieure de section transversale identique à celle des éléments d'accueillage,
en étant toutefois dépourvue de variures tandis que les éléments d'accueillage sont
porteurs chacun d'une variure particulière, réalisée sous la forme d'empreintes dans
l'une ou l'autre de leurs faces, de telle sorte que le type d'éléments d'accueillage
et l'ordre de la série de ces éléments génère une signature spécifique à la clé.
[0005] A partir de collections d'éléments interchangeables, rendus disponibles en plusieurs
modèles différents les uns des autres par leurs variures, toute personne pourra se
charger de refaire des clés aux signatures variées sans avoir besoin d'une machine
d'usinage. Dans un cas typique, on pourra disposer d'autant de collections d'éléments
de même modèle qu'il y a d'éléments utilisés pour chaque clé réalisée, mais on peut
tout aussi bien prévoir plus de modèles afin d'augmenter le nombre de signatures reproductibles.
[0006] La clé présente dans son ensemble différents avantages parmi lesquels une grande
modularité et une robustesse, lors de sa manipulation dans une serrure correspondante,
qui n'est pas impactée par cette modularité.
[0007] La modularité est due à l'interchangeabilité des modules d'accueillage composant
la clé, ce qui assure une diversité au montage qui favorise la sécurité de l'ensemble
de serrurerie. Le nombre de signatures de clés qu'il est possible de réaliser à partir
d'éléments interchangeables différents conformément à l'invention dépend bien évidemment
du nombre d'éléments que comporte chaque exemplaire de clé, il dépend aussi de la
variété des modèles d'éléments disponibles, chaque modèle étant caractérisé par une
variure ou une combinaison de variures qui lui est propre. Ces variures se matérialisent
d'une manière générale par des empreintes dans lesquelles viendront se loger des goupilles
sollicitées par effet de ressort que comporte un cylindre de serrure correspondant
en sa partie tournante. Et dans le cas notamment des clés à points, il ne sera pas
rare que pour chaque élément interchangeable d'accueillage, on trouve plusieurs empreintes
de profondeurs différentes sur chacune des quatre faces de la section rectangulaire
d'une clé plate.
[0008] Dans ce contexte, la présence combinée d'une base venue de matière avec le col de
la clé et d'un élément d'accueillage distal solidaire de la tige qui se fixe elle
dans la clé permet la robustesse de l'ensemble en enserrant les uns contre les autres
les différents éléments d'accueillage enfilés le long de la tige. La base, dépourvue
avantageusement de variures, est configurée pour s'engager dans le cylindre à la suite
de la partie d'accueillage. Elle s'y situe au niveau d'une partie avant du cylindre
associé qui, dans ce cas, est bien entendu lui-même dépourvu de goupilles. Cette disposition
a l'intérêt de dissocier les fonctions d'entraînement des fonctions d'accueillage.
Il s'ensuit une meilleure solidité de la clé dans son ensemble. En effet, les efforts
d'entraînement du cylindre (plus exactement de sa partie rotor) par la clé s'exercent
là où le col est réalisé d'une seule pièce avec la tête de clé, une fois que la concordance
a été obtenue entre les empreintes et goupilles de variure. Ceci soulage la partie
d'accueillage, qui est, elle, constituée de pièces assemblées. Comme les éléments
d'accueillage individuels sont réservés à la lecture de la combinaison de variures,
les liaisons encastrées entre les éléments et la tige centrale n'en sont que mieux
préservées des risques de fragilité à l'usage.
[0009] Par ailleurs, un tel élément distal solidaire de la tige a l'intérêt de pouvoir en
outre constituer lui-même un premier élément de signature. Les variures qu'il porte
à cet effet peuvent avantageusement matérialiser une marque de personnalisation caractéristique
d'un fabricant serrurier particulier.
[0010] La position longitudinale de la clé est déterminée en liaison avec son mode de fixation
à la tête de clé. C'est ainsi que l'on peut avantageusement prévoir un rivet s'engageant
à travers la tête de clé au niveau où doit se trouver une gorge qui est creusée sur
le pourtour de la tige pour lui livrer passage. Il doit toutefois être clair que ce
mode de fixation en position longitudinale déterminée n'est nullement limitatif. En
variante mentionnée ici à titre d'exemple, on pourrait procéder par encliquetage de
la tige à l'intérieur de l'alésage récepteur pour obtenir un mode de fixation équivalent.
[0011] En combinaison avec une telle conception de clé, l'invention prévoit de mettre à
la disposition des ateliers de reproduction de clés des mallettes contenant des collections
d'éléments interchangeables, les éléments étant identiques les uns aux autres en forme
de base et en variure dans chaque collection, qui sont disposés rangés et répertoriés
d'après les variures qui les caractérisent. La même valise peut avantageusement contenir
une multitude de tiges de montage porteuses de manière solidaire d'un élément d'accueillage
distal et adaptées à recevoir un nombre déterminé d'éléments d'accueillage plaqués
contre l'élément distal solidaire, ainsi qu'autant de têtes de clé conformées pour
recevoir chacune une tige avec une série d'éléments d'accueillage montés dessus.
[0012] Le mode d'encastrement des éléments successifs de la série l'un dans l'autre est
de préférence le même pour tous les éléments, de sorte qu'ils soient strictement interchangeables.
Dans ce cas, les différents éléments, chacun avec sa ou ses propres variures, présentent
tous la même forme extérieure de base, qui se caractérise par une section transversale
rectangulaire ou oblongue quand il s'agit de clés plates.
[0013] Selon une caractéristique particulière de l'invention, la base, qui présente une
forme extérieure de section transversale identique à celle des éléments d'accueillage,
et les éléments d'accueillage présentent des nervures en surépaisseur de chaque côté
de la partie d'accueillage de la clé, qui dans la clé une fois montée, se situent
en ligne les unes avec les autres. La partie d'accueillage présente ainsi un profil
nervuré qui renforce la rigidité de la clé et qui contribue au guidage de celle-ci
lors de son introduction dans la fente du cylindre correspondant, laquelle présente
un brochage sur chaque côté de dimensions complémentaires à celles de la nervure.
[0014] Intérieurement les éléments d'accueillage sont percés d'un alésage longitudinal,
dont la section est complémentaire de celle de la tige, que celle-ci soit simplement
circulaire lisse ou qu'elle soit rainurée, cannelée ou autrement de section non circulaire,
comme il peut être utile par exemple pour assurer un effet détrompeur dans l'orientation
des éléments qui s'enfilent dessus.
[0015] Par ailleurs leurs faces opposées dans la direction longitudinale présentent des
formes complémentaires aptes à mettre en oeuvre la fonction d'encastrement, à savoir
que si l'on qualifie ces deux faces opposées de face avant et face arrière respectivement,
la face avant et la face arrière présentent des formes complémentaires, l'une en saillie
quand l'autre est en creux et vice-versa. Le cas échéant, on peut trouver intérêt
à ce que ces formes complémentaires présentent un relief suffisamment différencié
entre saillies et creux pour être visible à l'oeil nu, de sorte que la personne réalisant
le montage puisse savoir directement, sans autre référence d'identification, dans
quel sens il lui faudra enfiler l'élément sur la tige réceptrice. De préférence aussi,
les formes complémentaires d'encastrement sont distinctives de l'orientation des éléments
autour de la tige l'un par rapport à l'autre, ce qui illustre une variante de réalisation
de l'effet détrompeur dont il a été question précédemment.
[0016] A titre d'exemple, on se référera à nouveau au cas des clés à points plates, pour
lesquelles il apparaît particulièrement avantageux de donner aux formes d'encastrement
un profil continu sur la largeur du plat de l'accueillage et distinctif sur son épaisseur,
ce qui s'obtient en particulier au moyen de profils coopérants de tenon et mortaise.
Ainsi, un élément dont la face avant est en saillie à profil de tenon s'encastrera
de manière bi-univoque dans un élément précédent dont la face arrière est en creux
à profil coopérant de mortaise.
[0017] Par ailleurs, et surtout dans le cas qui vient d'être évoqué, il est en général souhaitable
que sur sa tranche avant dans laquelle s'engage la tige de montage des éléments, la
tête de clé présente le même profil que la face arrière des différents éléments interchangeables,
ce qui conduit à une liaison d'encastrement entre la tête de clé et le dernier des
éléments à avoir été enfilé sur la tige.
[0018] Pour faire plus clairement comprendre les particularités de l'invention avec l'utilité
de sa mise en oeuvre et les avantages auxquels elle conduit, on en décrira maintenant
un exemple de mise en oeuvre particulier, en faisant référence aux figures des dessins
ci-après. Ce faisant, on se placera dans le cas de l'application de l'invention à
la réalisation des clés de haute sécurité, difficiles à reproduire, que sont les clés
des systèmes de serrure à points, dites par analogie clés à points, et plus particulièrement
encore les clés à points à accueillage plat et à multiples empreintes de variure sur
les différentes faces de l'accueillage.
[0019] On décrira non seulement la constitution de la clé sous diverses variantes de réalisation,
mais aussi le procédé à mettre en oeuvre pour la réalisation des clés répondant à
une signature particulière (telle que définie sur une carte de propriété autonome)
et son application à partir d'un ensemble de serrurerie spécialement constitué à cet
effet.
[0020] Sur les dessins complétant le texte descriptif :
- La figure 1 représente schématiquement et en perspective une clé modulable suivant
l'invention telle qu'elle se présente à l'état fini ;
- La figure 2 représente une vue éclatée de la clé selon la figure 1, montrant les éléments
interchangeables en cours de montage sur une tige centrale non encore engagée dans
la tête de clé ;
- La figure 3 illustre schématiquement une clé suivant l'invention mise en place dans
un cylindre de serrure correspondant ;
- La figure 4 représente en détail un élément d'accueillage d'un modèle particulier
parmi les différents éléments interchangeables tels qu'ils ont été illustré sur la
figure 2 ;
- La figure 5 est une vue de face de la clé illustrée sur la figure 1 ;
- La figure 6 représente en détail une tige de montage des éléments et un élément d'accueillage
distal solidaire de la tige ; et
- La figure 7 illustre schématiquement une clé en cours de réalisation vue par la tranche
de sa section rectangulaire.
[0021] Sur les différentes figures on a conservé d'une figure à l'autre les mêmes chiffres
de référence en liaison avec les mêmes parties constitutives d'une clé complète quand
ces parties ne sont pas sensiblement différentes d'un modèle à l'autre parmi les différentes
variantes qui seront évoquées, Il doit toutefois être clair que les modèles choisis
pour illustrer la mise en oeuvre de l'invention ne sont en rien limitatifs et il doit
être clair également que les différentes variantes qui ont été décrites depuis le
début du présent texte ou qui seront décrites par la suite peuvent se combiner entre
elles pour conduire à encore d'autres variantes qui restent dans le cadre de l'invention
et de la portée des présentes.
[0022] Sur chaque représentation de clé on distingue une tête de clé 1 et une partie d'accueillage
2, qui s'étend dans le prolongement longitudinal de ladite tête, en saillie d'un épaulement
14 formé par un col 3 de jonction de la tête et de la partie d'accueillage.
[0023] La tête 1 est un organe de préhension manuelle que l'utilisateur saisit pour tenir
la clé et la manoeuvrer en commande d'une serrure Elle reste toujours à l'extérieur
du bloc de serrure, tel celui qui est illustré en 4 sur la figure 3. Pour ce qui est
de sa fonction classique, le col 3 reste pour sa part à l'extérieur du cylindre 5
de la serrure et à l'intérieur d'une bague tournante 6, librement rotative dans un
protège-cylindre 7 qui recouvre le cylindre du côté extérieur de la serrure et qui
est pourvu d'une fente à la forme nécessaire pour livrer passage à la clé quand celle-ci
pénètre jusqu'à sa position fonctionnelle en commande de la serrure.
[0024] De la serrure on voit encore sur la figure 3 les parties rotor et stator du cylindre
5 (rotor 8 et stator 9), ainsi qu'une roue dentée 10 qui fait organe de transmission
de mouvement pour entraîner le pène de la serrure à partir de la rotation de la clé
quand celle-ci est correctement en prise dans le cylindre.
[0025] L'invention étant illustrée en prenant exemple sur une clé plate, l'accueillage 2
en est plat, dans un plan, sur toute la longueur fonctionnelle recevant la signature
qui établit la correspondance bi-univoque avec le cylindre de la serrure que la clé
doit commander en ouverture et fermeture. Il présente ici une section de base rectangulaire.
Toutefois, on a prévu dans le cas particulier choisi pour illustrer au mieux l'invention
que sur chacune de ses grandes faces la partie d'accueillage comporte un profil nervuré
(nervure longitudinale 19) qui contribue au guidage de la clé lors de son introduction
dans la fente du cylindre, laquelle présente un brochage correspondant sur chaque
côté.
[0026] Les points d'accueillage sont matérialisés sur la partie d'accueillage par des trous
borgnes, des cuvettes creusées plus ou moins profondément par rapport au plan de la
surface de base de l'accueillage. Leur diamètre est également variable, parfois leur
forme aussi, tant en section qu'en courbure de la surface au fond du trou. Certains
sont usinés sur les grandes faces de l'accueillage, d'autres sur la tranche. On considérera
ici qu'il s'agit dans tous les cas d'empreintes caractéristiques de différentes variures,
la combinaison des variures dans l'ensemble constituant la signature propre au couple
de la clé avec le cylindre associé.
[0027] On détaillera ci-après la caractéristique de la clé relative au positionnement des
points sur la partie d'accueillage.
[0028] En correspondance avec cette signature, le cylindre est classique en sa partie fonctionnelle
coopérant avec l'accueillage de la clé. C'est ainsi que l'on voit sur la figure 3
que le rotor 8 du cylindre est pourvu de diverses goupilles 11 ("pins" en anglais)
qui sont mobiles en travers du rotor, alors que dans le stator 9 du cylindre sont
montées les contre-goupilles, qui sont individuellement sollicitées par ressort à
pousser sur les goupilles qui viennent à se disposer en regard. Quand une clé de la
bonne signature est engagée dans le cylindre, les différentes goupilles, poussées
par les contre-goupilles associées vers le centre du rotor, tendent à se déplacer
jusqu'au fond des empreintes de la clé. La clé se trouve ainsi accouplée avec le rotor
de cylindre 8, ce qui permet à l'utilisateur de l'entraîner en ouverture ou fermeture
de la serrure.
[0029] On sait que les clés plates sont parfois réversibles, à savoir que contrairement
aux clés paracentriques, elles sont symétriques opposées dans la forme et la disposition
de leurs empreintes. L'avantage en est que de la sorte elles s'introduisent indifféremment
dans un sens ou dans l'autre dans la fente du cylindre de serrure correspondant. Mais
de fait, l'invention est particulièrement utile dans son application à des clés à
points d'une part, à des clés plates d'autre part, mais ce aussi bien qu'il s'agisse
de configurations réversibles ou non de clés à points et aussi bien qu'il s'agisse
de clés plates à section de base rectangulaire ou de clés plates à section de base
oblongue.
[0030] On décrira maintenant la clé suivant l'invention telle qu'elle est réalisée modulable
en sa partie fonctionnelle d'accueillage.
[0031] L'accueillage 2 comporte une base 13 et une partie rapportée, qui sont rendus solidaires
l'une de l'autre.
[0032] La base est venue de matière avec le col 3 et elle s'étend dans l'axe de la clé,
en présentant des dimensions dans la section transversale moindres par rapport à celles
du col. A son extrémité opposée au col, la base comporte une tranche 16 tournée vers
la partie rapportée, et percée en son centre d'un alésage 15 borgne qui s'étend axialement
à l'intérieur de la tête de la clé (figure 2).
[0033] La partie rapportée comporte une tige 25 et des éléments d'accueillage 22. parmi
lesquels on distingue des éléments qui se montent de manière interchangeable, dans
l'axe de la tête de préhension manuelle de la clé, et un élément distal 21, solidaire
de la tige. Les différents éléments sont plaqués l'un contre l'autre et ils présentent
des profils complémentaires d'encastrement mutuel, l'un à l'avant l'autre à l'arrière
de chacun des éléments considérés dans le sens où ils s'enfilent en série sur la tige
25. On comprend que le profil avant de l'élément distal solidaire peut comporter un
profil particulier étant entendu qu'il est figé en position et qu'il ne peut servir
sur cette face avant de support à un autre élément d'accueillage. Par contre, le profil
de la face arrière de l'élément distal solidaire 21 est le même que celui des éléments
d'accueillage interchangeables.
[0034] La base 13 présente une forme extérieure de section transversale identique à celle
des éléments d'accueillage, de sorte que la partie d'accueillage dans son ensemble
présente une continuité de forme.
[0035] Tel qu'illustré sur les figures, la partie d'accueillage présente avantageusement
un profil nervuré tout au long de celle-ci. Les éléments d'accueillage interchangeables
22 et l'élément distal solidaire 21 présentent le long de la clé un profil nervuré
: une nervure 19 est formée en surépaisseur au milieu de chaque grande face de la
partie d'accueillage. Dans la clé une fois montée, ces nervures se situent en ligne
les unes avec les autres. Elles améliorent le confort d'utilisation de la clé en guidant
son introduction dans le cylindre récepteur d'une serrure dans la mesure où ce dernier
comporte à l'entrée un brochage spécifique, avec un brochage complémentaire à deux
rainures symétriques de chaque côté de la fente d'introduction de la clé. Pour assurer
au mieux sa fonction d'entraînement, la base 13 présente en section transversale droite
le même profil que la partie accueillage de la clé, c'est-à-dire celui des différents
éléments constituant celle-ci. C'est ainsi que l'on observe des figures qu'il présente
de chaque côté une nervure 39 qui, dans le prolongement de la nervure 19 de l'accueillage,
s'étend en son milieu entre sa tranche avant 16 et l'épaulement 14.
[0036] Les différents éléments sont conçus pour s'enclencher solidement les uns dans les
autres quand ils sont montés l'un après l'autre sur la tige centrale et pour que la
liaison qui en résulte n'interfère en rien avec le fonctionnement de l'accueillage
proprement dit.
[0037] Dans une clé plate telle qu'elle est considérée dans le mode de réalisation particulier
décrit et illustré sur les figures, la liaison entre deux éléments adjacents implique
des profils de tenons et mortaises correspondants qui sont formés dans le plan de
la clé plate au sein de son épaisseur entre ses deux grandes faces. Le profil en question
est un profil de section en V à pointe émoussée, qui est rectiligne sensiblement au
milieu de l'épaisseur de la clé et qui s'étend sur toute sa largeur, d'un bord latéral
de l'élément à l'autre.
[0038] On remarque en outre sur les figures que dans chaque élément le profil en creux 26
se situe du côté de la tête de la clé, à l'arrière de l'élément alors que le profil
en saillie 27 se situe à l'opposé, à l'avant de l'élément, du côté de la pointe terminale
de la clé. Ce mode de réalisation a été préféré dans le cas particulier décrit pour
des questions de commodite de manipulation lors de la réalisation de la clé, Mais
bien entendu il n'est pas limitatif des formes de mise en oeuvre de l'invention, et
dans d'autres cas on pourrait choisir à l'inverse que chaque élément s'encastre par
dessus l'élément qui le précède plutôt que dedans.
[0039] Lors de la fabrication de la clé, les éléments d'accueillage successifs sont engagés
sur la tige de montage centrale en progressant depuis le bout distal de la tige, son
extrémité à la pointe de la clé, vers sa partie proximale où elle s'engage dans l'alésage
15.
[0040] Le dernier élément monté présente du côté proximal un profil arrière d'encastrement
qui est complémentaire de celui de la tranche 16 qui termine la tête de clé à l'avant
du col 3. Dans une variante de mise en oeuvre de l'invention qui sera évoquée ci-après,
il pourrait être différent et demander un dernier élément d'accueillage à profil d'encastrement
spécifique. On prendra garde alors à ce que la solidité du montage de l'ensemble n'en
souffre pas. Dans le cas décrit en liaison avec les figures, l'identité des profils
a l'avantage de la simplicité.
[0041] On prévoit ainsi des moyens de blocage de la tige en rotation et en translation par
rapport à la clé. Les formes permettant l'encastrement des modules participent au
blocage en rotation et à l'intérieur de la tête de clé, la tige 25 se fixe par un
rivet 29 qui s'engage dans une gorge 28 ménagée à cet effet autour de la tige au voisinage
de son extrémité proximale. Une fixation par boulon ou vis pointeau serait également
envisageable. La fixation par rivet a l'avantage dans le cas considéré d'interdire
tout démontage de la clé. Quand la tige centrale 25 se trouve ainsi immobilisée dans
sa position en direction longitudinale de la clé, elle assure la solidité du montage
des éléments en les maintenant sous contrainte les uns dans les autres, enserrés entre
l'élément distal solidaire 21 et la base 13.
[0042] Suivant une autre série de particularités de la clé décrite en référence à des caractéristiques
propres à l'invention, la base ne présente pas de variures tandis que les éléments
d'accueillage interchangeables et l'élément d'accueillage distal en comportent.
[0043] Chacun de ces éléments d'accueillage peut être caractéristiques d'une variure qui
lui est propre et qui se combine avec les différentes variures des autres éléments
pour constituer globalement ensemble la signature de la clé. Sur chaque élément la
variure dépendra de la structure des différents points d'accueillage définis par les
empreintes usinées à sa surface en correspondance avec les goupilles et contre-goupilles
d'un cylindre coopérant (telles l'empreinte 17 sur la figure 4), ainsi que de leur
disposition relativement les uns par rapport aux autres. Ainsi, on considère ici que
la variure propre à chaque élément est elle-même une combinaison de variures ponctuelles.
[0044] Tel que cela a été décrit précédemment, un épaulement 14 est formé entre le col 3
et la base 13, de largeur moindre que le col 3 dont elle est venue de matière. Lorsque
la clé est insérée dans le cylindre de serrurerie, cet épaulement 14 vient en butée
sur le cylindre 5 (figure 3), plus exactement sur une couronne 18 qui termine son
rotor 8. La base 13 pénètre dans la fente du rotor sur une longueur qui est vierge
de tout éléments de signature. De la sorte, on assure que ce soit à ce niveau que
s'exercent les efforts d'entraînement en rotation du rotor par rapport au stator depuis
la clé, une fois que la correspondance est établie entre les éléments de la signature
respectifs de la clé et du cylindre. Il s'ensuit que les profils complémentaires par
lesquels les éléments d'accueillage s'encastrent les uns dans les autres n'ont plus
à supporter ces efforts de rotation, ce qui est un gage de solidité de la clé.
[0045] Pour terminer, on s'intéressera maintenant au procédé de réalisation de clés suivant
l'invention.
[0046] Il devrait déjà se comprendre de la description qui précède que la réalisation d'une
clé suivant l'invention, celle que l'on qualifie d'habitude de reproduction, ne passe
plus par une duplication de forme. L'atelier reproducteur de clés n'a plus besoin
de disposer d'une machine d'usinage. L'ensemble de serrurerie qui est mis à sa disposition
comporte ce que l'on a désigné ici comme des collections d'éléments à assembler sur
place en fonction de la signature apposée sur la carte de propriétaire du possesseur
de la serrure à laquelle sont destinées les clés à reproduire. Si le propriétaire
a perdu toutes ses clés, l'atelier reste capable de lui en fournir une nouvelle à
partir des codes figurant sur cette carte de propriétaire.
[0047] Dans chaque collection, les éléments sont des exemplaires tous identiques entre eux
d'un même modèle, caractérisé par sa variure globale, qu'elle se traduise par une
ou plusieurs empreintes sur chaque exemplaire. On prévoit de livrer l'ensemble avec
les différents éléments correctement rangés et répertoriés en fonction du modèle dans
une mallette contenant l'ensemble, avec en plus une série de tiges de montage dont
une extrémité porte solidairement un élément d'accueillage distal, et autant de têtes
de clé ainsi que des rivets en quantité appropriée pour immobiliser les assemblages
réalisés. On y ajoutera le cas échéant une pince à utiliser pour saisir les éléments
d'accueillage à assembler, et plus particulièrement pour mettre en place le rivet
et l'enfermer à demeure dans l'épaisseur de la cié.
[0048] Quand un client vient demander de reproduire une clé réalisable à partir du contenu
de la mallette de fabricant disponible, on sélectionne les éléments d'accueillage
à utiliser en fonction de la signature que la clé doit respecter, connue par exemple
de la carte de propriétaire, et on les enfile successivement sur la tige de montage
que l'on a préalablement prélevée de la même mallette en même temps qu'une tête de
clé associée. On engage ensuite la tige portant les éléments engagés dessus dans l'alésage
récepteur qui existe dans la tête de clé et on l'y fixe dans une position longitudinale
où elle tend à serrer les différents éléments en situation encastrés les uns dans
les autres.
[0049] Il peut avantageusement être prévu des moyens de détrompage pour l'enfilage des éléments
d'accueillage autour de la tige. A titre d'exemple, on peut prévoir de donner à la
tige un profil de section transversale cannelé. En général, il suffira d'une cannelure
en coopération avec des rainures de forme complémentaire ménagées radialement sur
l'alésage central des éléments ainsi que dans l'alésage récepteur de la tête de clé.
On se rappellera ici que la présence de la base 13 à l'entrée du cylindre évite les
contraintes de rotation entre éléments d'accueillage et tige de montage.
[0050] A titre d'exemple, une clé à cinq éléments d'accueillage, avec une variure codant
la désignation d'un fabricant de serrures dans le premier élément distal 21, conduit
à 81 collections dans la même mallette. Un simple calcul démontre la faisabilité de
163 milliards de signatures différentes à partir du contenu de la mallette. Il est
à noter que l'on n'a pas comptabilisé ici l'élément terminal de la partie d'accueillage,
dans la mesure où l'on considère qu'il n'est pas véritablement interchangeable avec
les autres. Il est supposé spécifique d'un fabricant ou d'une série de fabrication
particulière par sa configuration de signature, et/ou spécifique d'une configuration
mécanique particulière par le fait qu'il soit solidaire de celle-ci.
[0051] En variantes de mise en oeuvre de l'invention complémentaires à celles qui ont déjà
été décrites, on soulignera que chaque élément intervenant dans la constitution de
la clé peut apporter avec lui une information utile quant à la clé, son origine ou
sa destination, indépendamment des questions de signature en coopération avec le cylindre
de serrure. Ainsi, la base 13 peut porter une indication, rendue apparente par gravure
par exemple, Cette possibilité pourra être utilisée pour faciliter l'accouplement
entre une tête de clé et un élément terminal de signature associé.
[0052] Une indication similaire qui resterait cachée à l'utilisateur de la clé pourrait
être apposée sur les profils d'encastrement des éléments d'accueillage, A titre d'exemple
l'information ainsi cachée pourrait renvoyer à un numéro de modèle. A l'aide de telles
marques faisant référence aux modèles dont ils relèvent respectivement, l'atelier
possesseur de la mallette pourrait encore reconstituer la clé voulue si son client
a perdu la carte de propriétaire, par lecture desdites marques sur les éléments d'accueillage
de l'ancienne après l'avoir démontée.
[0053] Dans tous les cas, la conception de clé suivant l'invention telle que décrite permet
d'obtenir une véritable traçabilité de la reproduction d'une clé. La reproduction
est impossible par copie de forme dans les ateliers équipés des machines d'usinage
habituelles et il n'existe pas d'ébauches de clés pour cela. Seuls les ateliers possédant
les mallettes de pièces à assembler peuvent proposer de réaliser des clés adaptées
à chaque serrure sous le contrôle des fabricants du contenu des mallettes.
[0054] Dans une variante de l'invention, le principe de signature particulière au fabricant
peut être appliqué non plus pour un élément distal solidaire de la tige, mais à titre
d'exemple pour un élément proximal qui s'enfile en dernier sur la tige de montage
et qui présente en sa partie arrière un profil d'encastrement apte à assurer sélectivement
son accouplement avec un profil avant complémentaire de la tête de clé.
1. Clé de serrurerie comportant une tête de préhension (1) et une partie d'accueillage
(2) qui s'étend dans le prolongement longitudinal de ladite tête, en saillie d'un
épaulement (14) formé par un col (3) de jonction de la tête et de la partie d'accueillage,
et dans laquelle ladite partie d'accueillage est porteuse d'une signature propre par
combinaison de différentes variures,
caractérisée en ce que la partie d'accueillage de signature (2) est constituée d'une base (13) venue de
matière avec le col (3) et d'une partie rapportée formée d'une tige de montage (25)
porteuse d'une série d'éléments d'accueillage (21, 22) plaqués les uns contre les
autres autour de ladite tige et parmi lesquels un élément d'accueillage distal (21)
est solidaire de l'extrémité correspondante de ladite tige tandis que les autres éléments
d'accueillage (22) de la série sont interchangeables et montés enfilés sur la tige
qui se fixe dans un alésage borgne traversant ladite base par des moyens de fixation
s'engageant transversalement dans le col, de manière à être enserrés entre ledit élément
d'accueillage distal solidaire de la tige et ladite base solidaire de la tête de préhension,
et caractérisée en ce que la base (13) présente une forme extérieure de section transversale identique à celle
des éléments d'accueillage, en étant toutefois dépourvue de variures tandis que les
éléments d'accueillage sont porteurs chacun d'une variure particulière, réalisée sous
la forme d'empreintes dans l'une ou l'autre de leurs faces, de telle sorte que le
type d'éléments d'accueillage et l'ordre de la série de ces éléments génère une signature
spécifique à la clé.
2. Clé suivant la revendication 1, dans laquelle les éléments d'accueillage (21, 22)
et la base (13) présentent des nervures (19, 39) en surépaisseur de chaque côté de
la partie d'accueillage de la clé, qui dans la clé une fois montée, se situent en
ligne les unes avec les autres.
3. Clé suivant la revendication 1 ou 2, dans laquelle ladite base (13) présente, sur
sa tranche (16) dans laquelle s'engage la tige (25) de montage des éléments, un profil
complémentaire de celui des différents éléments d'accueillage, de manière à ce que
la base et la partie rapportée soient encastrées.
4. Clé suivant la revendication 1, selon laquelle les éléments d'accueillage interchangeables
(22) sont percés d'un alésage longitudinal traversant dont la section est complémentaire
de celle de ladite tige (25).
5. Clé suivant la revendication 1, dans laquelle lesdits éléments d'accueillage interchangeables
(22) présentent des formes coopérantes entre eux et/ou avec ladite tige (25) qui sont
propres à assurer un effet détrompeur en rotation autour de la tige lors de leur assemblage
sur celle-ci.
6. Clé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, dans laquelle les faces
opposées desdits éléments d'accueillage interchangeables (22), respectivement à l'avant
et à l'arrière dans la direction longitudinale, présentent des formes complémentaires
de saillies et creux aptes à mettre en oeuvre la fonction d'encastrement, avec de
préférence un relief suffisamment différencié entre saillies et creux pour être visible
à l'oeil nu.
7. Clé suivant la revendication 6, présentant la forme générale d'une clé plate, dans
laquelle lesdites deux faces opposées de chacun desdits éléments d'accueillage interchangeables
(22) présentent des profils d'encastrement avec les éléments voisins en forme de tenons
et mortaises dans l'épaisseur de la clé.
8. Clé suivant la revendication 7 dans laquelle lesdits profils d'encastrement présentent
une section en V dans l'épaisseur de la clé qui s'étend de manière rectiligne sur
toute sa largeur.
9. Clé suivant l'une des revendications 6 à 8 dans laquelle pour chaque élément le profil
en creux (26) se situe du côté de la tête de la clé, à l'arrière de l'élément, alors
que le profil en saillie (27) se situe à l'opposé, à l'avant de l'élément, du côté
de la pointe terminale de la clé.
10. Clé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, réalisée sous la forme
d'une clé plate pour un cylindre de serrure à goupilles dans un système à points et
comportant, dans la partie d'accueillage de signature, une base (13) dépourvue de
variures, apte à venir en prise avec le rotor d'un tel cylindre répondant à la même
signature, qui de manière correspondante est dépourvu de goupilles coopérantes.
11. Clé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, dans laquelle les éléments
d'accueillage interchangeables (22) portent des marques faisant référence au modèle
dont ils relèvent qui sont apposées sur leurs profils d'encastrement, de manière à
ne pas être visibles lorsque les éléments sont assemblés.
12. Ensemble de serrurerie pour la réalisation de clés suivant l'une quelconque des revendications
précédentes, constitué sous la forme d'une mallette contenant d'une part des collections
d'éléments d'accueillage interchangeables (22), identiques les uns aux autres dans
chaque collection, qui sont disposés rangés et répertoriés d'après les variures qu'ils
portent, d'autre part une multitude de tiges de montage adaptées à recevoir un nombre
déterminé de ces éléments et porteuse à une extrémité d'un élément d'accueillage solidaire
(21), ainsi que des têtes de clé conformées pour recevoir chacune une tige avec une
série d'éléments d'accueillage montés dessus.
13. Procédé de réalisation de clés suivant l'une quelconque des revendications 1 à 11,
à partir d'un ensemble de serrurerie suivant la revendication 12, consistant à prélever
de la mallette une tête de clé (1) et une tige de montage (25) porteuse d'un élément
d'accueillage distal solidaire (21), à enfiler sur la tige des éléments d'accueillage
interchangeables (22) successivement sélectionnés en fonction de la signature que
la clé obtenue doit respecter, à engager la tige portant les éléments engagés dessus
dans un alésage récepteur ménagé dans la tête de clé et à l'y fixer dans une position
longitudinale où elle tend à serrer les différents éléments en situation encastrés
les uns dans les autres.