Domaine de l'invention
[0001] L'invention concerne un arbre de mobile d'horlogerie destiné à pivoter autour d'un
axe de pivotement et comportant au moins une partie saillante de plus grand rayon
autour dudit axe de pivotement.
[0002] L'invention concerne encore un mobile d'horlogerie comportant un tel arbre, ledit
arbre étant en acier, ledit mobile oscillant autour d'une position de repos définie
par un plan de repos passant par ledit axe de pivotement.
[0003] L'invention concerne encore un mécanisme comportant un tel mobile rappelé vers ladite
position de repos par des moyens de rappel élastique, ledit mécanisme ayant une direction
d'aimantation préférentielle.
[0004] L'invention concerne encore un mouvement d'horlogerie comportant au moins un tel
mécanisme.
[0005] L'invention concerne encore une montre comportant au moins un tel mouvement d'horlogerie,
ou/et comportant au moins un tel mécanisme.
[0006] L'invention concerne le domaine des mécanismes d'horlogerie, en particulier le domaine
des organes réglants, en particulier pour des montres mécaniques.
Arrière-plan de l'invention
[0007] L'organe réglant d'une montre mécanique est constitué par un oscillateur harmonique,
le balancier-spiral, dont la fréquence propre d'oscillation dépend principalement
de l'inertie du balancier et de la rigidité élastique du spiral.
[0008] Les oscillations du balancier-spiral, autrement amorties, sont entretenues par les
impulsions fournies par un échappement généralement composé par un ou deux mobiles
pivotants. Dans le cas de l'échappement à ancre suisse, ces mobiles pivotants sont
l'ancre et la roue d'échappement. La marche de la montre est déterminée par la fréquence
du balancier-spiral et par la perturbation générée par l'impulsion de l'échappement,
qui généralement ralentit l'oscillation propre du balancier-spiral et donc provoque
un retard de marche.
[0009] La marche de la montre est donc perturbée par tous les phénomènes qui peuvent altérer
la fréquence propre du balancier-spiral et/ou la dépendance temporelle de l'impulsion
fournie par l'échappement.
[0010] En particulier, suite à l'exposition transitoire d'une montre mécanique à un champ
magnétique, des défauts de marche (liés à l'effet résiduel du champ) sont généralement
observés. L'origine de ces défauts est la magnétisation permanente des composants
ferromagnétiques fixes du mouvement ou de l'habillage et la magnétisation permanente
ou transitoire des composants magnétiques mobiles faisant partie de l'organe réglant
(balancier-spiral) et/ou de l'échappement.
[0011] Après l'exposition au champ, les composants mobiles (balancier, spiral, échappement)
magnétisés ou perméables magnétiquement sont soumis à un couple magnétostatique et/ou
à des forces magnétostatiques. En principe, ces interactions modifient la rigidité
apparente du balancier-spiral, la dynamique des mobiles d'échappement et les frottements.
Ces modifications produisent un défaut de marche qui peut aller de quelques dizaines
à quelques centaines de secondes par jour.
[0012] L'interaction du mouvement horloger avec le champ externe, lors de l'exposition,
peut aussi mener à l'arrêt du mouvement. En principe, l'arrêt sous champ et le défaut
de marche résiduel ne sont pas corrélés, parce que l'arrêt sous champ dépend de l'aimantation
transitoire, sous-champ, des composants (et donc de la perméabilité et du champ de
saturation des composants), tandis que le défaut de marche résiduel dépend de l'aimantation
résiduelle (et donc, principalement, du champ coercitif des composants) qui peut être
faible même en présence d'une perméabilité magnétique importante.
[0013] Après l'introduction des spiraux fabriqués en matériaux très faiblement paramagnétiques
(par exemple, en silicium), le spiral n'est plus responsable du défaut de marche des
montres. Les perturbations magnétiques encore observables pour des champs d'aimantation
inférieurs à 1,5 Tesla sont donc dues à l'aimantation de l'arbre de balancier et à
l'aimantation des mobiles d'échappement.
[0014] Le corps d'ancre et la roue d'échappement peuvent être fabriqués en matériaux très
faiblement paramagnétiques, sans que leur performance mécanique en soit affectée.
Au contraire, les arbres des mobiles nécessitent de très bonnes performances mécaniques
(bonne tribologie, faible fatigue) pour permettre un pivotement optimal et constant
dans le temps, et il est donc préférable de les fabriquer en acier trempable (typiquement
en acier au carbone de type 20AP ou similaire). Or de tels aciers sont des matériaux
sensibles aux champs magnétiques parce qu'ils présentent un champ de saturation élevé
combiné à un champ coercitif élevé. Les arbres de balancier, ancre et roue d'échappement
sont actuellement les composants les plus critiques face aux perturbations magnétiques
de la montre.
[0015] En particulier, l'arbre de balancier est le composant le plus sensible pour la chronométrie
(effet résiduel), parce qu'un couple perturbateur d'origine magnétique agissant sur
l'arbre modifie directement la fréquence d'oscillation du balancier-spiral, et cette
modification est, en principe, illimitée (elle dépend uniquement de l'intensité des
champs magnétiques résiduels et de la rigidité du spiral), tandis qu'une perturbation
de la fonction d'échappement donne un défaut de marche limité par le retard à l'échappement
nominal (la perturbation résultante ne peut pas être beaucoup plus importante que
la perturbation déjà produite par l'échappement en conditions normales).
Résumé de l'invention
[0016] L'invention se propose de limiter l'interaction magnétique sur un arbre de mobile,
en particulier sur un arbre de balancier.
[0017] A cet effet, l'invention concerne un arbre de mobile d'horlogerie destiné à pivoter
autour d'un axe de pivotement et comportant au moins une partie saillante de plus
grand rayon autour dudit axe de pivotement,
caractérisé en ce que au moins ladite partie saillante est délimitée, de part et d'autre dudit axe de pivotement,
par deux surfaces, qui définissent, en projection sur un plan perpendiculaire audit
axe de pivotement, un profil inscrit dans un rectangle dont le rapport de la longueur
à la largeur définit un rapport de forme qui est supérieur ou égal à 2, la direction
de ladite longueur définissant un axe principal.
[0018] Selon une caractéristique de l'invention, au moins une partie de profil rectangulaire
délimité sur deux côtés antagonistes par lesdites deux surfaces, que comporte ledit
arbre comporte, comporte au moins une découpe centrée sur ledit axe de pivotement
et s'étendant selon une axe principal qui est celle de la longueur dudit rectangle.
[0019] Selon une caractéristique de l'invention, lesdites deux surfaces sont symétriques
par rapport audit axe de pivotement.
[0020] Selon une caractéristique de l'invention, lesdites deux surfaces sont planes et parallèles
audit axe de pivotement.
[0021] L'invention concerne encore un mobile d'horlogerie comportant un tel arbre, ledit
arbre étant en acier, ledit mobile oscillant autour d'une position de repos définie
par un plan de repos passant par ledit axe de pivotement,
caractérisé en ce que, dans ladite position de repos dudit mobile, ledit axe principal occupe une position
angulaire déterminée par rapport audit plan de repos.
[0022] Selon une caractéristique de l'invention, ledit arbre en acier présente un champ
de saturation élevé de valeur supérieure à 1 T, une perméabilité magnétique maximale
supérieure à 50, et un champ coercitif supérieur à 3 kA/m.
[0023] L'invention concerne encore un mécanisme comportant un tel mobile selon rappelé vers
ladite position de repos par des moyens de rappel élastique, ledit mécanisme ayant
une direction d'aimantation préférentielle, et
caractérisé en ce que, dans ladite position de repos, ledit axe principal est orthogonal à ladite direction
d'aimantation préférentielle.
[0024] Selon une caractéristique de l'invention, ledit mécanisme est un mécanisme d'échappement,
et ledit mobile est un balancier ramené vers ladite position de repos par au moins
un ressort-spiral, et ledit arbre est un arbre de balancier.
[0025] L'invention concerne encore un mouvement d'horlogerie comportant au moins un tel
mécanisme.
[0026] L'invention concerne encore une montre comportant au moins un tel mouvement d'horlogerie,
ou/et comportant au moins un tel mécanisme.
Description sommaire des dessins
[0027] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description détaillée qui va suivre, en référence aux dessins annexés, où :
- la figure 1 représente, sous forme d'un schéma tridimensionnel, une première variante
d'arbre de mobile selon l'invention, comportant des usinages de révolution autour
d'un axe de pivotement, dont une partie saillante de plus grand encombrement radial
que les autres, cet arbre comportant deux surfaces latérales symétriques par rapport
à cet axe de pivotement, et à une distance l'une de l'autre telle que le rapport de
forme de cette partie saillante, en projection selon un plan perpendiculaire à l'axe
de pivotement, est supérieur à 2, et où la plus grande dimension, dite « axe principal
» s'étend de façon orthogonale à une direction d'aimantation préférentielle de l'environnement
immédiat du mobile ;
- la figure 2 représente, de façon similaire à la figure 1, une deuxième variante d'arbre
de mobile selon l'invention, où la partie saillante est de profil rectangulaire avec
un rapport de forme supérieur à 2, et où certaines parties constituant des support
d'autres composants sont également de profil rectangulaire ;
- la figure 3 représente une variante de la figure 2, où la partie saillante et une
autre partie de profil rectangulaire comportent des découpes s'étendant selon leur
plus grand dimension ;
- la figure 4 représente, de façon schématisée, en vue de bout selon la direction de
l'axe principal de l'arbre de la figure 2, et avec une coloration grisée d'autant
plus intense que le champ rémanent est élevé, après son exposition à un champ magnétique
selon la direction d'aimantation préférentielle de l'environnement du mobile;
- la figure 5 illustre, sous forme d'un graphe, la comparaison des couples magnétiques
exercés sur un arbre de balancier traditionnel selon le graphe GT représenté en trait
interrompu, et sur un arbre optimisé selon l'invention selon le graphe GO est représenté
en trait continu. En abscisse figure l'angle en degrés, et en ordonnée le couple exercé
sur le balancier, en mN.mm ;
- la figure 6 est une vue de bout, selon la direction de l'axe de pivotement, d'un arbre
selon la figure 1, et illustré comme la transformation d'un arbre entièrement de révolution
et de plus grand rayon RMAX;
- la figure 7 représente, sous forme d'un schéma-blocs, une pièce d'horlogerie, comportant
un mouvement comportant un mécanisme comportant un mobile équipé d'un arbre selon
l'invention.
Description détaillée des modes de réalisation préférés
[0028] L'invention plus particulièrement le domaine des organes réglants d'horlogerie pour
des montres mécaniques.
[0029] L'invention se propose de limiter l'interaction magnétique sur un arbre de mobile,
en particulier sur un arbre de balancier.
[0030] L'invention concerne ainsi un arbre de mobile à géométrie optimisée en environnement
magnétique
[0031] L'invention peut permettre à des montres avec spiral, corps d'ancre et roue d'échappement
amagnétiques de résister, sans s'arrêter, à des champs magnétiques d'intensité élevée,
de l'ordre de 0,5 Tesla, sans que les performances mécaniques (chronométrie et vieillissement
des mobiles) soient affectées.
[0032] La mise en oeuvre de l'invention permet de réduire l'effet résiduel des montres avec
spiral, corps d'ancre et roue d'échappement amagnétiques à moins de une seconde par
jour.
[0033] Par convention, on appelle, dans la présente description « axe » un élément géométrique
virtuel tel qu'un axe de pivotement, et « arbre » un élément mécanique réel, réalisé
en une ou plusieurs parties. Par exemple, une paire de pivots 2A et 2B alignés et
rapportés de part et d'autre d'une partie médiane 6 d'un mobile 10, pour le guider
en pivotement est aussi dénommée « arbre ».
[0034] Dans la suite de l'exposé, on définit par matériaux « perméables magnétiquement »,
des matériaux qui ont une perméabilité relative comprise entre 10 et 10000, comme
des aciers, qui ont une perméabilité relative voisine de 100 pour des arbres de balanciers
par exemple, ou voisine de 4000 pour les aciers utilisés couramment dans les circuits
électriques, ou encore d'autres alliages dont la perméabilité relative atteint des
valeurs de 8000 à 10000.
[0035] On appellera matériaux « magnétiques », par exemple dans le cas de masses polaires,
des matériaux aptes à être aimantés de façon à présenter un champ rémanent compris
entre 0,1 et 1,5 Tesla, comme par exemple le « Neodymium Iron Boron » d'une densité
d'énergie magnétique Em voisine de 512 kJ/m
3 et donnant un champ rémanent de 0,5 à 1,3 Tesla. Un niveau de champ rémanent inférieur,
vers la partie inférieure de la fourchette peut être utilisé en cas de combinaison,
dans un couple d'aimantation, d'un tel matériau magnétique avec un composant antagoniste
perméable magnétiquement de perméabilité élevée, plus proche de 10000, dans la fourchette
de 100 à 10000.
[0036] On appellera matériaux « ferromagnétiques » des matériaux dont les caractéristiques
sont : champ de saturation Bs > 0 à la température T = 23°C, champ coercitif Hc >
0 à la température T = 23°C, perméabilité magnétique maximale µ
R > 2 à la température T = 23°C, température de Curie Tc > 60°C.
[0037] Plus particulièrement, on qualifiera de « faiblement ferromagnétiques » ceux dont
les caractéristiques sont : champ de saturation Bs < 0,5 T à la température T = 23°C,
champ coercitif Hc < 1'000 kA/m à la température T = 23°C, perméabilité magnétique
maximale µ
R < 10 à la température T = 23°C, température de Curie Tc > 60°C.
[0038] Plus particulièrement, on qualifiera de « fortement ferromagnétiques » ceux dont
les caractéristiques sont : champ de saturation Bs > 1 T à la température T = 23°C,
champ coercitif Hc > 3'000 kA/m à la température T = 23°C, perméabilité magnétique
maximale µ
R > 50 à la température T = 23°C, température de Curie Tc > 60°C.
[0039] On appellera matériaux « paramagnétiques » des matériaux de perméabilité magnétique
relative comprise entre 1,0001 et 100, par exemple pour des entretoises interposées
entre un matériau magnétique et un composant antagoniste perméable magnétiquement,
ou encore entre deux matériaux magnétiques, par exemple une entretoise entre un composant
et une masse polaire. Par exemple, des matériaux faiblement paramagnétiques sont :
aluminium, or, laiton ou similaire (perméabilité magnétique inférieure à 2).
[0040] On appellera matériaux «diamagnétiques » des matériaux de perméabilité magnétique
relative inférieure à 1 (susceptibilité magnétique négative, inférieure ou égale à
-10
-5), tels que graphite ou graphène.
[0041] On appellera enfin matériaux «magnétiques doux», pour ne pas dire amagnétiques, notamment
pour des blindages, des matériaux ayant une perméabilité élevée mais une haute saturation,
car on ne veut pas qu'ils soient aimantés de manière permanente: ils doivent conduire
le mieux possible le champ, de manière à réduire le champ à leur extérieur. De tels
composants peuvent alors protéger aussi un système magnétique des champs externes.
Ces matériaux sont choisis de préférence de perméabilité magnétique relative comprise
entre 50 et 200, et avec un champ de saturation supérieur à 500 A/m.
[0042] Des matériaux qualifiés d'«amagnétiques », ont quant à eux une perméabilité magnétique
relative très légèrement supérieure à 1, et inférieure à 1,0001, comme typiquement
le silicium, le diamant, le palladium et similaires. Ces matériaux peuvent en général
être obtenus par des technologies MEMS ou par le procédé « LIGA ».
[0043] L'invention concerne un arbre 1 d'horlogerie, pour un mobile 10, et optimisé pour
le fonctionnement de ce mobile 10 dans un environnement où règne un champ magnétique
résiduel selon une direction d'aimantation préférentielle DAP.
[0044] Dans une réalisation préférée et décrite ci-après en détail et illustrée par les
figures, ce mobile 10 est un balancier. L'homme du métier saura extrapoler l'invention
à d'autres mobiles horlogers pour lesquels il souhaite se soustraire à l'influence
d'un champ magnétique résiduel.
[0045] La géométrie d'un arbre 1 de balancier 10 usuel, relativement standard dans l'industrie
horlogère, n'est pas optimisée pour limiter son aimantation sous un champ externe.
En fait, la partie médiane 6 de l'arbre 1, ayant un plus grand rayon RMAX, est fortement
aimantée par un champ magnétique orthogonal ou oblique par rapport à la direction
de l'axe de pivotement D. A cause de cette aimantation, en présence d'un champ environnemental
(champ externe ou créé par les composants magnétisés du mouvement ou de la montre),
l'arbre 1 est soumis à un couple magnétique important.
[0046] Le balancier 10 fait partie d'un mécanisme d'échappement 20, dans un mouvement 30
d'une montre 40.
[0047] L'invention se propose de modifier la géométrie de l'arbre 1 de balancier, en modifiant
le rapport de forme de la partie dite saillante 11, qui est la partie de plus grand
encombrement radial de cet arbre de balancier, en lui donnant, en projection sur un
plan perpendiculaire à l'axe de pivotement D de l'arbre 1 du balancier 10, un rapport
de forme très différent de 1, de préférence supérieur ou égal à 2.
[0048] L'idée est de réduire une des deux dimensions x ou y (en projection dans un plan
perpendiculaire à l'axe de pivotement D), la manière la plus simple est de limiter
localement l'arbre 1 par deux surfaces 14, 15, sensiblement parallèles à l'axe D,
lesquelles surfaces 14 et 15 sont de préférence deux plans parallèles à l'axe D ;
en effet, si les surfaces, notamment les plans, ne sont pas parallèles, il reste alors
une partie plus large qui peut s'aimanter davantage que le reste. Ces deux surfaces
14 et 15 sont de préférence très proches l'une de l'autre, pour réduire l'aimantation
dans cette direction, et pour bien définir une seule direction privilégiée d'aimantation
dans le plan xy.
[0049] La projection de cette partie saillante 11 selon un plan perpendiculaire à l'axe
de pivotement D du balancier 10, a un profil 12, qui s'inscrit dans un rectangle R
symétrique par rapport à deux axes orthogonaux, dont un axe principal DP selon lequel
s'étend la plus grande dimension de cette partie saillante 11. Le rapport de forme
est le rapport entre les deux dimensions du rectangle, longueur LR et largeur LA.
[0050] De ce fait, après transformation, l'arbre 1 de balancier n'a plus de symétrie de
révolution.
[0051] Selon l'invention, en position de repos du balancier, cet axe principal DP, selon
lequel s'étend la plus grande dimension de cette partie saillante 11 se trouve en
position orthogonale par rapport à la direction d'aimantation préférentielle DA de
l'environnement du mouvement. Cet axe principal DA est généralement déterminée par
des ponts, des barrettes, des vis, ou similaires ; elle dépend directement de la construction
et généralement elle est assez évidente, par l'examen du facteur de forme des composants
en acier près de l'axe ; dans des situations ambiguës, il suffit de réaliser une simulation
par éléments fini ou par charges équivalentes pour la déterminer facilement.
[0052] Cette position dite « de repos » du balancier correspond à celle qu'il occupe quand
le spiral est au repos : c'est la position dans laquelle le mouvement est le moins
souvent, mais, comme expliqué dans la suite de l'exposé, c'est la position moyenne
et, pour les champs externes très intenses, c'est la position qui définit l'aimantation
résultante.
[0053] Dans une réalisation particulière, le plateau du balancier a sa plus grande dimension
perpendiculaire à la ligne d'échappement, ce qui permet de maximiser les effets de
surface face aux effets de volume, de manière à réduire au minimum l'aimantation dans
la direction du champ et, partant, les effets « boussole » qui créent un couple perturbateur.
[0054] La combinaison de la fabrication de l'arbre 1 selon un tel profil 12, avec l'orientation
orthogonale de son axe principal DP par rapport à la direction d'aimantation préférentielle
DA, est appelée « géométrie magnétiquement optimisée ».
[0055] Plusieurs variantes sont illustrées par les figures.
[0056] La figure 1 montre un arbre 1 de balancier avec une géométrie magnétiquement optimisée
réaliste. Les parties les plus larges, qui sont utilisées comme support, ont un rapport
de forme important, la dimension la plus grande étant orientée avec son axe principal
DP dans la direction orthogonale à la direction d'aimantation préférentielle DA de
l'environnement du mouvement. Cet arbre 1 est dessiné sur une base classique d'arbre
de balancier, avec des portées tournées de pivots, de supports: d'appui de virole,
de serge, d'assiette, de double plateau, ou autres. Sur cet exemple, la partie de
plus grand diamètre 11 sert d'appui à une face d'une serge 50, non représentée sur
la figure, l'arbre 1 comportant une portée 13 de centrage de cette serge; le profil
12 est ici réalisé par usinage, notamment par fraisage ou tournage, ou similaire,
de deux surfaces antagonistes 14 et 15, tel que visible aussi sur la figure 6, ces
surfaces sont des surfaces planes dans une exécution simplifiée et préférée. Cette
variante permet de transformer à peu de frais des arbres de balanciers existants pour
les adapter à l'invention, les autres composants du balancier, ou du mécanisme dans
lequel il est intégré, ne nécessitant aucune modification géométrique.
[0057] La figure 2 montre un arbre 1 de balancier avec une géométrie magnétiquement optimisée
schématisée. Les parties les plus larges, qui sont utilisées comme support, ont un
rapport de forme important, la dimension la plus grande étant orientée avec son axe
principal DP dans la direction orthogonale à la direction d'aimantation préférentielle
DA de l'environnement du mouvement. Si certaines portées, notamment les pivots, restent
de révolution, la partie saillante 11 est ici de forme prismatique, avec les surfaces
antagonistes 14 et 15, et des surfaces de bout 16 et 17 sur les petits côtés du rectangle
enveloppe du profil 12, qui sont toutes planes, dans une réalisation particulière.
Pour d'autres fonctions d'appui de l'arbre 1 de balancier, d'autres parties 11A, 11B,
avec un rapport de forme supérieur à 1 sont ménagées parallèlement à la partie saillante
principale 11, et ont toutes leur axe principal DP dans la direction orthogonale à
la direction d'aimantation préférentielle DA. Le fraisage en bout des faces 16A, 16B,
17A, 17B, conjugué avec le fraisage des prolongements des plans 14 et 15 au niveau
de ecs parties 11A, 11B, offre l'avantage de permettre la fuite des champs magnétiques,
et de réduire davantage l'aimantation résiduelle.
[0058] La figure 3 illustre une géométrie optimisée alternative, dérivée de celle de la
figure 2. Dans ce cas, les parties de support les plus longues, de la partie saillante
principale 11, mais aussi des autres parties 11A, 11B, sont découpées et comportent
des découpes 18, notamment sous forme de fentes, pour induire une auto-démagnétisation
partielle en absence du champ externe. Ces découpes 18 s'étendent selon une direction
parallèle à l'axe principal DP. Comme précédemment, les parties les plus longues,
utilisées comme support, ont un rapport de forme important, la dimension la plus grande
étant orientée avec son axe principal DP dans la direction orthogonale à la direction
d'aimantation préférentielle DA de l'environnement du mouvement. De préférence, la
profondeur des découpes 18 est supérieure ou égale à la moitié de la longueur de la
partie 11 ou 11A considérée dépassant le rayon moyen de la partie cylindrique de l'arbre
1.
[0059] Même si l'exécution délimitée par des surfaces 14 et 15 qui sont des plans parallèles
est très favorable, en termes de résultat comme de coût de production, il faut remarquer
que, dès qu'on a un rapport de forme supérieur à 2, selon l'invention, une direction
d'aimantation préférentielle dans le plan xy est établie, ce que confirment les simulations
par éléments finis.
[0060] De façon préférée, pour éviter la création de balourds, l'arbre 1 selon l'invention
est symétrique par rapport à un plan passant par l'axe de pivotement D et parallèle
à la direction de l'axe principal DP.
[0061] Les surfaces de révolution 19, notamment les pivots et le corps cylindrique de l'arbre
du balancier peuvent être identiques aux pivots et au corps cylindrique d'un arbre
de balancier traditionnel : les performances mécaniques du composant sont donc inaltérées
par rapport aux arbres de balancier existants.
[0062] Les arbres présentés sur les figures possèdent une direction préférentielle d'aimantation
parallèle à l'axe principal DP et choisie de telle manière à être orthogonale à la
direction d'aimantation préférentielle DA de l'environnement du mouvement (quand le
balancier spiral est au repos).
Cas d'un arbre de balancier traditionnel :
[0063] En ce qui concerne l'effet résiduel, pour un arbre de balancier traditionnel, deux
régimes d'aimantation sont possibles, suite à l'exposition à un champ magnétique intense,
notamment sous l'influence d'un champ externe statique puissant (> 5 000 kA/m), capable
de saturer l'acier au carbone (20 AP) dont est généralement fabriqué l'arbre de balancier,
et orienté orthogonalement à l'axe de pivotement de cet arbre (on néglige le cas où
le champ est parallèle à l'axe, parce que ce cas ne produit pas de défauts importants
à la chronométrie):
- premier cas : le mouvement du balancier 10 s'arrête sous le champ externe, et le mouvement
30 est stoppé. Puisque le mouvement s'arrête proche de sa position de repos (généralement
à moins de 20°, parce que l'arbre a une symétrie cylindrique et le spiral est amagnétique),
le champ rémanent dans l'arbre du balancier est orienté comme le champ externe « vu
» depuis la position de repos.
- deuxième cas : le mouvement ne s'arrête pas, donc l'aimantation de l'arbre a lieu
dynamiquement: à chaque oscillation, la direction du champ externe « vu » par l'arbre
se modifie, le champ dans la matière subit plusieurs cycles d'hystérèse avec la formation
progressive (à chaque cycle) d'un champ rémanent (le champ externe est intense, donc
il aimante fortement l'arbre, mais, quand l'orientation de l'arbre change, le même
champ externe réduit et réoriente partiellement le champ rémanent créé). A cause de
la formation progressive et cyclique d'une aimantation permanente, le champ rémanent
finalement formé (au bout de quelques oscillations complètes, c'est-à-dire après 0,5
s à 1 s, selon la fréquence) dans l'arbre sera orienté comme si l'arbre était immobile
dans sa position moyenne, c'est-à-dire dans sa position de repos (exactement comme
si l'arbre s'était arrêté sous le champ).
[0064] Indépendamment de l'arrêt sous champ du mouvement, le champ rémanent sera orienté
préférablement comme le champ externe tandis que le champ rémanent créé dans l'environnement
du mouvement sera orienté selon l'orientation des composants ferromagnétiques fixes
(barrettes, vis, ponts), selon la direction d'aimantation préférentielle DA.
[0065] Après l'élimination du champ externe, un couple magnétique résiduel agit sur l'arbre
de balancier comme sur une aiguille de boussole. Le défaut de marche dépend de la
symétrie du couple magnétique par rapport à la position de repos du balancier (angle
d'oscillation = 0): si le couple est une fonction impaire de l'angle, le défaut de
marche est maximum, si le couple est une fonction paire de l'angle, le défaut de marche
est nul (mais ce dernier résultat est très improbable pour un arbre traditionnel).
Cas d'un arbre de balancier selon l'invention:
[0066] L'effet résiduel pour un arbre 1 optimisé géométriquement selon l'invention est différent
de celui constaté pour un arbre traditionnel.
[0067] Les arbres 1 représentés en figure 1 et en figure 2 présentent un rapport de forme
d'environ 2. Pour des arbres ayant un rapport de forme de 2 ou supérieur à 2, les
régimes d'aimantation possibles sont :
- premier cas : le mouvement s'arrête sous le champ externe. La présence d'une direction
d'aimantation préférentielle affaiblit l'aimantation dans la direction orthogonale.
- deuxième cas : le mouvement ne s'arrête pas, donc l'aimantation de l'arbre a lieu
dynamiquement: à chaque oscillation, la direction du champ externe « vu » par l'arbre
se modifie, le champ dans la matière subit plusieurs cycles d'hystérèse avec la formation
progressive (à chaque cycle) d'un champ rémanent. A cause de la présence d'une direction
d'aimantation préférentielle, l'aimantation sera :
- orientée selon cette direction, si le champ externe est orienté selon une direction
quelconque sauf la direction exactement orthogonale ;
- orientée dans la direction orthogonale mais très faible, si le champ externe est orienté
dans la direction orthogonale à l'axe principal DP de l'arbre.
[0068] Puisque l'axe principal DP de l'arbre 1 est orthogonal à la direction préférentielle
d'aimantation DAP de l'environnement, pour presque toutes les orientations possibles
du champ externe (sauf l'orientation selon la direction préférentielle d'aimantation
DAP de l'environnement) le couple magnétique résiduel résultant sur l'arbre1 est une
fonction paire de l'angle d'oscillation, ce qui rend presque nul le défaut de marche
résiduel.
[0069] Si le champ est orienté exactement selon la direction préférentielle d'aimantation
de l'environnement DAP, l'arbre est aimanté dans la même direction, donc orthogonalement
à l'axe principal DP, mais dans ce cas son aimantation est faible, inférieure à 0,2
T, comme le montre la figure 4 qui illustre la répartition du champ rémanent, après
aimantation à 0,2 T selon la direction orthogonale a l'axe principal DP, d'un arbre
1 de balancier optimisé en acier 20 AP. Le couple magnétique est, dans ce cas, une
fonction impaire de l'angle d'oscillation, mais il est entre 10 et 100 fois (en dépendance
de la géométrie) plus faible que le couple agissant sur un arbre traditionnel, tel
que visible sur la figure 5, qui illustre, sous forme d'un graphe, la comparaison
des couples magnétiques exercés sur un arbre de balancier traditionnel selon le graphe
GT représenté en trait interrompu, et sur un arbre 1 optimisé selon l'invention selon
le graphe GO est représenté en trait continu. En abscisse figure l'angle en degrés,
et en ordonnée le couple exercé sur le balancier, en mN.mm . Le défaut de marche résiduel
est alors réduit d'un facteur entre 3 et 10.
[0070] Indépendamment de la direction du champ externe, l'optimisation géométrique de l'arbre
permet donc de réduire considérablement le défaut de marche résiduel.
[0071] De préférence, la matière de l'arbre 1 est magnétiquement homogène dans la réalisation
simple illustrée par les figures. Cette exécution particulière n'exclut nullement
des réalisations où l'arbre 1 est magnétiquement inhomogène.
[0072] L'invention apporte des avantages conséquents :
- champ d'arrêt sous-champ augmenté pour les montres avec spiral, corps d'ancre et roue
d'échappement amagnétique ;
- effet résiduel réduit pour les montres avec spiral, corps d'ancre et roue d'échappement
amagnétique ;
- performances mécaniques identiques aux montres de l'état actuel de la technique.
[0073] L'invention permet, ainsi, de modifier la géométrie de l'arbre du balancier (et non
pas du balancier tout entier), parce que l'arbre est en général le seul composant
magnétique, qu'il est difficile de le remplacer par un matériau amagnétique. Et c'est
bien l'influence de l'arbre lui-même qu'il faut réduire, ce but est atteint par l'invention.
[0074] Il n'est pas nécessaire d'adapter la géométrie des composants se montant sur l'arbre
de balancier, car les surfaces de support sont maintenues, même si elles sont localement
modifiées par la mise en oeuvre de l'invention, par rapport à un balancier traditionnel.
[0075] En somme, même si on peut naturellement envisager, autour du concept inventif de
l'invention, différentes constructions très spécifiques selon le cas d'espèce, et
surtout pour simplifier la fabrication et la fixation des composants, l'important
est d'appliquer ce concept de base: il faut définir une direction préférentielle d'aimantation
de l'arbre de balancier, adaptée à la direction d'aimantation préférentielle de l'environnement.
La manière la plus simple est d'avoir une géométrie prismatique plutôt que cylindrique
(avec un facteur de forme de 2 ou plus).
[0076] Pour arriver à ce résultat, il a fallu étudier le mécanisme d'aimantation d'un composant
ferromagnétique en mouvement, un problème qui n'a jamais été attaqué en horlogerie
et qui a été étudié dans le domaine des machines rotatives lourdes seulement à partir
des années 2000.
[0077] L'homme du métier peut consulter à ce sujet différents articles :
- Diala E.A. (2008), "Magnetodynamic vector hysteresis models for steel laminations
of rotating electrical machnies", Helsinki University of Technology, ISBN 978-951-22-9276-9
/ 978-951-22-9277-6, ISSN 1795-2239/1795-4584.
- Fuzi, J. (1999), "Computationally efficient rate dependent hysteresis model", COMPEL,
18, 445-457.
- Zirka, S. E., Moroz, Y. I., Marketos, P., and Moses, A. J. (2004c), "Properties of
dynamic Preisach models"', Physica B: Condensed Matter, 343, 85-89.
- Zirka, S. E., Moroz, Y. I., Marketos, P., and Moses, A. J. (2005b), "A viscous-type
dynamic hysteresis model as a tool of loss separation in conducting ferromagnetic
laminations", IEEE Trans. Magn., 41, 1109-1111.
1. Arbre (1) de mobile (10) d'horlogerie destiné à pivoter autour d'un axe de pivotement
(D) et comportant au moins une partie saillante (11) de plus grand rayon (RMAX) autour
dudit axe de pivotement (D), caractérisé en ce que au moins ladite partie saillante (11) est délimitée, de part et d'autre dudit axe
de pivotement (D), par deux surfaces (14 ; 15), qui définissent, en projection sur
un plan perpendiculaire audit axe de pivotement (D), un profil (12) inscrit dans un
rectangle (R) dont le rapport de la longueur (LR) à la largeur (LA) définit un rapport
de forme qui est supérieur ou égal à 2, la direction de ladite longueur (LR) définissant
un axe principal (DP).
2. Arbre (1) selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte au moins une autre partie (11A) ayant, en projection sur un plan perpendiculaire
audit axe de pivotement (D), un profil rectangulaire délimité sur deux côtés antagonistes
par lesdites deux surfaces (14 ; 15).
3. Arbre (1) selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que au moins une partie (11, 11A), de profil rectangulaire délimité sur deux côtés antagonistes
par lesdites deux surfaces (14 ; 15), que comporte ledit arbre (1), comporte au moins
une découpe (18) centrée sur ledit axe de pivotement (D) et s'étendant selon une axe
principal (DP) qui est celle de la longueur dudit rectangle (R).
4. Arbre (1) selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que lesdites deux surfaces (14 ; 15) sont symétriques par rapport audit axe de pivotement
(D).
5. Arbre (1) selon la revendication précédente, caractérisé en ce que lesdites deux surfaces (14 ; 15) sont planes et parallèles audit axe de pivotement
(D).
6. Mobile (10) d'horlogerie comportant un arbre (1) selon l'une des revendications précédentes,
ledit arbre (1) étant en acier, ledit mobile (10) oscillant autour d'une position
de repos définie par un plan de repos passant par ledit axe de pivotement (D), caractérisé en ce que, dans ladite position de repos dudit mobile (10), ledit axe principal (DP) occupe
une position angulaire déterminée par rapport audit plan de repos.
7. Mobile (10) d'horlogerie selon la revendication précédente, caractérisé en ce que ledit arbre (1) en acier, présente un champ de saturation élevé de valeur (Bs) supérieure
à 1 T, une perméabilité magnétique maximale (µR) supérieure à 50, et un champ coercitif (Hc) supérieur à 3 kA/m.
8. Mécanisme (20) comportant un mobile (10) selon la revendication 6 ou 7 rappelé vers
ladite position de repos par des moyens de rappel élastique, ledit mécanisme (20)
ayant une direction d'aimantation préférentielle (DA), et caractérisé en ce que, dans ladite position de repos, ledit axe principal (DP) est orthogonal à ladite
direction d'aimantation préférentielle (DA).
9. Mécanisme (20) selon la revendication précédente, caractérisé en ce que ledit mécanisme (20) est un mécanisme d'échappement, et en ce que ledit mobile (10) est un balancier ramené vers ladite position de repos par au moins
un ressort-spiral, et en ce que ledit arbre (1) est un arbre de balancier.
10. Mouvement d'horlogerie (30) comportant au moins un mécanisme (20) selon l'une des
revendications 8 ou 9.
11. Montre (40) comportant au moins un mouvement d'horlogerie (30) selon la revendication
précédente, ou/et comportant au moins un mécanisme (20) selon l'une des revendications
8 ou 9.