Domaine technique de l'invention
[0001] L'invention concerne le domaine du traitement de déchets. En particulier, il s'agit
de réaliser une vitrification d'une quantité de déchets particuliers, tels que des
mâchefers issus d'incinération de déchets non dangereux.
[0002] L'invention a pour objet plus particulièrement un procédé et un dispositif de traitement
de déchets.
État de la technique
[0003] Le développement économique des pays entraine une augmentation de la quantité de
déchets produits. Si l'objectif de tous doit être la prévention des déchets à la source,
le réemploi, ou le recyclage des déchets, il reste une quantité de déchets résiduels
non négligeable à traiter.
[0004] Les méthodes de traitement varient beaucoup selon les pays. Le traitement thermique
des déchets est un des procédés les plus répandus en Europe puisqu'en 2011, 23% des
déchets européens étaient incinérés. Seuls six pays européens n'ont pas recours à
l'incinération à l'heure actuelle.
[0005] Ainsi, il est connu actuellement d'incinérer les déchets non dangereux recueillis.
Cette technique a pour conséquence de produire des mâchefers, qui sont des résidus
issus de l'incinération.
[0006] Ainsi, environ 200-250 kg de mâchefers par tonne de déchets incinérés sont produits.
Ces mâchefers constituent la plus grosse production de résidus issus de l'incinération.
Plus de 16 millions de tonnes de mâchefers ont été produites en 2009 en Europe et
leur valorisation est donc un enjeu important dans le bilan économique et environnemental
des installations de traitement thermique des déchets.
[0007] Il a déjà été imaginé de valoriser les mâchefers en élaborant des matériaux vitrifiés,
ou vitrifiats, à partir des mâchefers. La vitrification des mâchefers est un traitement
de fusion à haute température, entre 1100°C et 1500°C, permettant d'obtenir, après
refroidisserrent, un solide non cristallin (amorphe).
[0008] L'avantage principal de la vitrification des mâchefers est de les rendre inertes
: les métaux lourds contenus dans les mâchefers sont piégés dans la matrice verrière
et ne sont plus transférables à l'environnement. Le principal obstacle à la valorisation
des mâchefers est donc levé. Ce procédé présente également d'autres avantages :
- la réduction du volume spécifique des mâchefers,
- la destruction à haute température de leurs imbrûlés carbone,
- la destruction à haute température des dioxines et furannes,
- la récupération facilitée des ferreux et non-ferreux résiduels, contenus dans les
mâchefers.
[0009] Le refroidissement des mâchefers en fusion peut être lent ou rapide. Dans le premier
cas, la coulée fondue est recueillie en lingotières, le refroidissement étant naturel
et conduisant à un vitrifiat amorphe, assimilable à un caillou. Dans le second cas,
la coulée de mâchefers fondus est faite en bac d'eau, sous forme de vitrifiats granulaires,
plus ou moins divisés, se présentant sous forme de solides vitreux.
[0010] La qualité du matériau vitreux obtenu, dépend fortement de la composition minérale
des résidus traités, en particulier de leurs répartitions initiales en éléments oxydes
tels que SiO
2, Al
2O
3, CaO, pouvant conduire à des matériaux peu ou non fusibles, ainsi que de la vitesse
de refroidissement.
[0011] Suite à leur vitrification, les mâchefers peuvent ensuite être valorisés dans différents
domaines d'application.
[0012] Les vitrifiats de mâchefers, notamment sous forme granulaire et non amorphe, peuvent
également être valorisés en génie civil, leurs propriétés inertes en faisant un matériau
drainant et stabilisant. Les applications industrielles sont, par exemple, l'utilisation
en technique routière comme agrégat d'enrobés dans une matrice bitumeuse ou bien encore
comme sous-couche routière. Ils peuvent aussi servir comme matériau de remblai, en
matériau de revêtement ou en parpaings.
[0013] Les mâchefers ne sont pas des corps purs et n'ont donc pas une température de fusion
définie. D'une manière générale, la fusion du mélange des composés minéraux qui les
constituent, s'effectue dans un intervalle de température compris entre la température
de liquidus et la température de solidus du mélange, celles-ci variant suivant la
composition des mâchefers. Il a toutefois pu être constaté que les températures de
liquidus et de solidus des mâchefers étaient a priori voisines de 1150°C et 1450°C,
respectivement, avecune température moyenne de fusion de 1250°C. L'énergie calorifique
nécessaire à apporter à une unité de masse de mâchefer, supposée à température ambiante,
pour le porter de 20° C à 1200° C et le faie fondre, est de l'ordre de 0,8 kWhth par
kg de mâchefers.
[0014] Plusieurs types de fours permettant une vitrification après une incinération sont
répertoriés, utilisant un apport d'énergie calorifique par un combustible ou par de
l'électricité :
- les fours à oxy-fuel ou oxy-gaz, fonctionnant à l'air enrichi ou à l'oxygène,
- les fours à arc électrique ou électrodes, en bain de fusion,
- four à résistance électrique rayonnante,
- les fours à torche plasma (arc soufflé ou transféré),
- les fours de chauffage par induction en creuset froid.
[0015] Si la valorisation des mâchefers par vitrification présente donc les avantages déjà
mentionnés, son principal inconvénient est, par contre, une consommation énergétique
importante nécessaire pour monter les mâchefers en température et les faire fondre.
L'utilisation d'une source d'énergie conventionnelle (électricité, gaz etc.) devient
particulièrement problématique dans le bilan environnemental de la valorisation des
mâchefers par la technique de vitrification.
[0016] Bien que ces problématiques concernent notamment les mâchefers issus de l'incinération
de déchets non dangereux, elles peuvent être étendues à toute autre catégorie de déchets
à vitrifier.
Objet de l'invention
[0017] Le but de la présente invention est de proposer une solution de valorisation de déchets
résiduels solides issus d'incinération de déchets qui remédie aux inconvénients listés
ci-dessus.
[0018] En particulier, un objet de l'invention est de fournir une solution qui améliore
le bilan d'un point de vue environnemental.
[0019] Un objet de l'invention est de fournir une solution particulièrement adaptée, mais
non exclusivement, à la vitrification de mâchefers issus d'incinération de déchets
non dangereux.
[0020] Ces objets peuvent être atteints par l'intermédiaire des revendications annexées,
en particulier par un procédé de traitement de déchets, notamment traitement en continu,
comprenant :
- une étape de fourniture d'une quantité de déchets d'un premier type formés par des
résidus issus d'incinération de déchets, notamment formés par des mâchefers issus
d'incinération de déchets non dangereux,
- une étape de fourniture d'une quantité de déchets d'un deuxième type différent du
premier type de déchets et comportant essentiellement une matière carbonée,
- une étape de gazéification durant laquelle la quantité de déchets du deuxième type
est transformée d'une manière produisant un gaz de synthèse combustible, utilisant
un réacteur de gazéification de type à lit fluidisé dense, dans lequel la quantité
de déchets du deuxième type à gazéifier est introduite en continu,
- une étape de vitrification durant laquelle la quantité de déchets du premier type,
alimentée en continu, est transformée en continu en vitrifiat en utilisant la chaleur
libérée par l'oxydation complète du gaz de synthèse combustible produit à l'étape
de gazéification.
[0021] Les déchets du deuxième type peuvent être choisis parmi les biomasses des combustibles
solides de récupération, du bois contenant des substances chimiques telles que des
substances de collage, de finition et de préservation.
[0022] Selon un mode de mise en oeuvre, l'étape de fourniture d'une quantité de déchets
du premier type comprend
- une étape d'incinération d'une quantité de déchets de base, de type dangereux et/ou
de type non dangereux, produisant une quantité de résidus solides d'incinération,
- puis une étape de refroidissement desdits résidus solides d'incinération au-delà d'une
première valeur seuil réalisée de sorte que la température des résidus solides d'incinération
reste supérieure à 600°C et/ou une étape de maintien d'un taux de carbone dans les
résidus solides d'incinération supérieur à une deuxième valeur seuil, préférentiellement
égale à 2% en masse.
[0023] L'étape de vitrification peut comprendre une étape de postcombustion, réalisée dans
le four de fusion, par oxydation dans une atmosphère oxydante du gaz de synthèse combustible
produit à l'étape de gazéification de sorte à produire une quantité d'énergie calorifique
et une étape de fusion de la quantité de déchets du premier type dans un four de fusion
et utilisant ladite quantité d'énergie calorifique produite par oxydation.
[0024] Le procédé de traitement peut comprendre une étape d'échange thermique entre les
fumées générées durant l'étape de postcombustion et la quantité de déchets du premier
type présents dans le four de fusion. La postcombustion du gaz de synthèse combustible
peut être pilotée de sorte que la température dans le four de fusion soit telle que
la viscosité dynamique de la quantité de déchets du premier type en fusion soit inférieure
ou égale à 25 Pa.s.
[0025] Selon une variante d'exécution, la température dans le four de fusion est contrôlée
de sorte que la quantité de déchets du premier type atteigne une température supérieure
ou égale à 1400 degrés.
[0026] L'étape de fusion peut comprendre une étape d'introduction d'au moins un agent fondant
dans le four de fusion, notamment du calcin et/ou de l'oxyde de sodium, choisi de
sorte à abaisser la température de fusion de la quantité de déchets du premier type
et/ou à abaisser la viscosité dynamique de la quantité de déchets du premier type
en fusion.
[0027] L'étape de fusion peut comprendre une étape d'introduction d'au moins un agent carboné
dans le four de fusion, configuré de sorte à réduire les oxydes métalliques initialement
contenus dans la charge, en métaux.
[0028] Selon un mode de réalisation, l'étape de vitrification comprend une étape de coulée
hors du four de fusion des déchets du premier type en fusion puis une étape de refroidissement
des déchets du premier type dans un bac de refroidissement d'une manière générant
ledit vitrifiat, notamment un bain d'eau.
[0029] Suite à l'étape de refroidissement des déchets du premier type dans le bac de refroidissement,
le procédé peut comprendre une étape de séparation des matériaux granulaires basaltiques
du vitrifiat, des métaux ferreux et non-ferreux et des oxydes métalliques préalablement
contenus dans la quantité de déchets du premier type et réduits dans le four de fusion.
[0030] L'étape de vitrification peut comprendre une étape d'admission d'air, éventuellement
enrichi en oxygène, dans le four de fusion et le procédé peut comprendre une étape
d'échange thermique entre l'air admis dans le four de fusion et les fumées générées
par l'étape de vitrification.
[0031] Le procédé peut comprendre une étape de traitement des fumées générées par l'étape
de vitrification, notamment par voie sèche, puis une étape de rejet dans l'atmosphère
des fumées traitées.
[0032] La température du gaz de synthèse combustible produit à l'étape de gazéification
est de préférence comprise entre 600 et 800°C, notamment entre 650 et 750 °C.
[0033] Un deuxième aspect de l'invention concerne une installation de traitement de déchets,
notamment traitement en continu, comprenant des éléments logiciels et/ou matériels
mettant en oeuvre un tel procédé de traitement de déchets et qui comprend :
- un réacteur de gazéification de type à lit fluidisé dense, ayant une sortie évacuant
le gaz de synthèse combustible produit dans le réacteur de gazéification,
- un premier dispositif d'alimentation alimentant, notamment en continu, une première
entrée du réacteur de gazéification avec la quantité de déchets du deuxième type,
de type vis doseuse permettant une alimentation en continu du réacteur de gazéification,
sans introduction d'air parasite,
- un four de fusion ayant une première entrée alimentée par le gaz de synthèse sortant
du réacteur de gazéification au niveau de sa sortie,
- un dispositif de liaison notamment calorifugé conduisant le gaz de synthèse combustible
de la sortie du réacteur de gazéification à la première entrée du four de fusion,
- un deuxième dispositif d'alimentation alimentant, notamment en continu, une deuxième
entrée du four de fusion avec la quantité de déchets du premier type,
- un bac de refroidissement, notamment un bain d'eau, alimenté en entrée par la quantité
de déchets du premier type en fusion coulant hors du four de fusion au niveau d'une
première sortie du four de fusion.
[0034] L'installation de traitement de déchets peut comprendre un dispositif d'échange thermique
entre l'air admis dans le four de fusion au niveau d'une troisième entrée du four
de fusion et les fumées générées dans le four de fusion et/ou dans le bac de refroidissement,
le dispositif d'échange thermique étant notamment séparé du four du fusion.
Description sommaire des dessins
[0035] D'autres avantages et caractéristiques ressortiront plus clairement de la description
qui va suivre de modes particuliers de réalisation de l'invention donnés à titre d'exemples
non limitatifs et représentés sur les dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est un organigramme de principe d'un exemple de traitement de déchets
selon l'invention,
- la figure 2 illustre un exemple de réacteur de gazéification utilisé dans le traitement
de déchets selon l'invention,
- et la figure 3 illustre un exemple de l'enceinte de vitrification utilisée dans le
traitement de déchets selon l'invention.
Description de modes préférentiels de l'invention
[0036] Le procédé de traitement de déchets, notamment en continu, qui va être décrit en
détails ci-après, en référence aux figures 1 à 3, comprend :
- une étape de fourniture d'une quantité 10 de déchets d'un premier type,
- une étape de fourniture d'une quantité 11 de déchets d'un deuxième type différent
du premier type de déchets et comportant essentiellement une matière carbonée,
- une étape de gazéification durant laquelle la quantité 11 de déchets du deuxième type
est transformée d'une manière produisant un gaz de synthèse combustible 12,
- une étape de vitrification durant laquelle la quantité de déchets du premier type,
alimentée en continu, est transformée en continu en vitrifiat 14 en utilisant la chaleur
libérée par l'oxydation complète du gaz de synthèse combustible produit à l'étape
de gazéification.
[0037] L'étape de gazéification utilise un réacteur de gazéification de type à lit fluidisé
dense, dans lequel la quantité 11 de déchets du deuxième type à gazéifier est introduite
en continu.
[0038] La quantité de déchets du premier type, destinée à être vitrifiée via l'utilisation
du gaz de synthèse, est formée par des résidus issus d'incinération de déchets, notamment
des ordures ménagères. Les déchets du premier type sont notamment formés par des résidus
solides d'incinération issus d'incinération d'une quantité de déchets de base. Il
s'agit notamment de mâchefers issus d'incinération de déchets non dangereux.
[0039] Il est également décrit une installation de traitement de déchets, comprenant les
éléments logiciels et/ou matériels mettant en oeuvre le procédé de traitement de déchets
décrit plus loin.
[0040] Préférentiellement, les déchets du deuxième type constitutifs de la quantité 11 sont
choisis parmi les biomasses (par exemple, des plaquettes forestières), des combustibles
solides de récupération, du bois dit de classe B, c'est-à-dire contenant des substances
chimiques telles que des substances de collage, de finition et de préservation.
[0041] Les combustibles solides de récupération aussi connus sous l'acronyme « CSR » sont
préférentiellement des combustibles de substitution dérivés des déchets utilisés pour
leur haut pouvoir calorifique à des fins de valorisation énergétique en substitution
des combustibles fossiles classiques (coke, fuel, ...). A titre d'exemple, les déchets
utilisés pour fabriquer des combustibles solides de récupération peuvent être des
déchets industriels banals et des encombrants de déchèteries de qualité hétérogène
ou trop volumineux pour être valorisés dans les unités de valorisation énergétique
d'incinération et co-incinération. Ils sont notamment composés de bois, de plastiques,
de papiers, et cartons, de mousse polyuréthane, etc...
[0042] Il reste toutefois envisageable que la quantité de déchets du deuxième type puisse
inclure des déchets dangereux, comme par exemple du bois dit de classe C, c'est-à-dire
traité à coeur, souillé ou ignifugé.
[0043] Dans ce document, le terme « déchets dangereux » sera préférentiellement considéré
comme signifiant les déchets qui présentent une ou plusieurs des propriétés énumérées
à l'annexe I du Décret n°2002-540 du 18 avril 2002 relatif à la classification des
déchets. Ils sont signalés par un astérisque dans la liste des déchets de l'annexe
II du même décret.
[0044] Dans ce document, le terme « déchets non dangereux » sera préférentiellement considéré
comme signifiant tout déchet qui n'est pas défini comme dangereux par le décret n°2002-540
du 18 avril 2002.
[0045] L'étape de gazéification comprend une étape d'introduction en continu de la quantité
11 de déchets du deuxième type dans le réacteur de gazéification 13 de type à lit
fluidisé dense, puis une étape de pyrolyse dans laquelle les déchets du deuxième type
constitutifs de la quantité 11 sont décomposés dans le réacteur de gazéification 13
d'une manière produisant des composés volatiles sous forme d'hydrocarbures gazeux
et de vapeurs organiques et du coke de pyrolyse, puis une étape de conversion des
hydrocarbures et du coke d'une manière produisant le gaz de synthèse combustible 12.
[0046] Les conversions thermochimiques sont conduites en atmosphère réductrice et sont globalement
endothermiques.
[0047] L'énergie calorifique nécessaire à l'étape de pyrolyse et à l'étape de conversion
est fournie par exo-thermicité de l'oxydation partielle d'une fraction du carbone
contenu dans la quantité 11 de déchets du deuxième type, de sorte que le réacteur
de gazéification 13 peut présenter avantageusement un mode de fonctionnement auto-thermique.
[0048] L'étape de pyrolyse et l'étape de conversion peuvent être réalisées dans une même
enceinte thermique, ou dans deux enceintes séparées, par action d'un agent de fluidisation
16, tel que l'eau ou le dioxyde de carbone, en atmosphère réductrice admis dans le
réacteur de gazéification 13.
[0049] Le gaz de synthèse combustible 12 comprend du monoxyde de carbone et du dihydrogène.
Il peut également contenir du dioxyde de carbone, du méthane, des goudrons et de la
vapeur d'eau. Il est également connu sous le nom « syngaz ».
[0050] Ainsi, les réactions principales impliquées dans le réacteur de gazéification 13
sont, une réaction de dévolatilisation, suivie d'une réaction dans laquelle la vapeur
d'eau réagit avec le carbone fixe de la quantité 11, pour donner du dihydrogène et
du monoxyde de carbone, une deuxième réaction dans laquelle le carbone de la quantité
11 réagit avec le dioxyde de carbone pour donner du monoxyde de carbone et une troisième
réaction dans laquelle le carbone de la quantité 11 réagit avec du dioxygène pour
donner du monoxyde de carbone.
[0051] La température du gaz de synthèse combustible 12, produit à l'étape de gazéification,
est préférentiellement comprise entre 600 et 800°C, notamment entre 650 et 750°C.
Il s'agit donc de températures avantageusement modérées de façon d'une part à assurer
la sélectivité des réactions thermochimiques de conversion et d'autre part afin d'éviter
les problèmes d'agglomération de la charge, par ramollissement et/ou fusion de sa
fraction inerte, du fait de la présence fréquente de fortes teneurs en alcalins des
biomasses (Na, K).
[0052] De manière générale, il est entendu par le terme « gazéification » toute méthode
permettant de transformer à haute température la matière carbonée de la quantité de
déchets du deuxième type en gaz combustible dont les principaux constituants sont
du monoxyde de carbone et de l'hydrogène.
[0053] L'étape de vitrification est réalisée en continu. Elle est mise en oeuvre dans une
enceinte de vitrification 15 qui comprend un four de fusion 151 et un bac de refroidissement
152. La réunion du four de fusion 151 et du bac de refroidissement 152, illustrée
à la figure 3, constitue l'enceinte de vitrification 15 prenant en entrée notamment
le gaz de synthèse combustible 12 issu du réacteur de gazéification 13 et la quantité
10 de déchets du premier type, alimentée en continu, et délivrant en sortie principalement
le vitrifiat 14 ainsi que des fumées 19 générées par l'oxydation du syngaz, au niveau
du four de fusion 151 et/ou du bac de refroidissement 152.
[0054] L'installation de traitement de déchets, notamment en continu, comprend de manière
plus générale les éléments suivants :
- le réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, ayant une sortie évacuant
le gaz de synthèse combustible 12 produit dans le réacteur de gazéification 13,
- un premier dispositif d'alimentation 28 (figure 2) alimentant, notamment en continu,
une première entrée du réacteur de gazéification 13, par exemple via une trémie et
un convoyeur alimentant un sas d'introduction, avec la quantité 11 de déchets du deuxième
type, ou par une vis doseuse permettant une alimentation en continu du réacteur de
gazéification 13, sans introduction d'air parasite dans le réacteur de gazéification,
- le four de fusion 151 ayant une première entrée alimentée en continu par le gaz de
synthèse combustible 12 sortant du réacteur de gazéification 13 au niveau de sa sortie,
- un dispositif de liaison, notamment calorifugé, conduisant le gaz de synthèse combustible
12 de la sortie du réacteur de gazéification 13 à la première entrée du four de fusion
151,
- un deuxième dispositif d'alimentation 27 (figure 3) alimentant, notamment en continu,
une deuxième entrée du four de fusion 151 avec la quantité 10 de déchets du premier
type,
- le bac de refroidissement 152 alimenté en entrée par la quantité 10 de déchets du
premier type en fusion, coulant hors du four de fusion 151 au niveau d'une première
sortie du four de fusion 151.
[0055] Le bac de refroidissement 152 est préférentiellement un bain d'eau, notamment un
bain d'eau froide pour réaliser un refroidissement très rapide par une immersion dans
ce bain d'eau froide et permettant un choc thermique, entrainant, en particulier,
la division de la matrice vitreuse.
[0056] Le réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, dit « LFD », est particulièrement
adapté. Il s'agit d'un réacteur dans lequel la quantité 11 à gazéifier est introduite
en continu dans un lit de particules inertes (par exemple du sable) mises en suspension
dans le réacteur, par un courant ascendant d'air, ce qui favorise les échanges thermiques
et massique entre le solide et le gaz. Le réacteur 13 à lit fluidisé dense prévoit
une vitesse de fluidisation relativement faible (1 à 2 m/s) sans entraînement du lit.
L'agent de fluidisation 16 est soufflé sous une grille de fluidisation.
[0057] Il est particulièrement bien adapté au cas d'espèce pour les raisons suivantes :
- permet au réacteur de gazéification 13 de pouvoir fonctionner à température uniforme
et modérée (entre 650 et 750 degrés notamment),
- permet de pouvoir contrôler le réacteur 13 en température par des parois refroidies,
- permet que le réacteur 13 présente un encombrement modéré,
- permet de s'accommoder aisément à des situations d'exploitation nécessitant l'arrêt
et le démarrage du réacteur de gazéification 13.
[0058] En effet, dans le réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, l'introduction
d'agent de fluidisation 16 destiné à réaliser l'oxydation partielle de la quantité
11, de façon à fournir l'énergie calorifique nécessaire aux réactions de gazéification
en conduite auto-thermique, est réalisée à un débit correspondant en pratique au débit
d'air de fluidisation en régime dense. Il est réparti uniformément dans la quantité
11, mélangée au media inerte de fluidisation, par l'intermédiaire de la grille de
fluidisation. La présence d'un média de fluidisation (sable) permet en outre d'obtenir
une température de lit uniforme, limitant les processus d'agglomération par ramollissement
de la charge. Le lit joue, par ailleurs, un rôle de tampon thermique, vis-à-vis d'une
variation du pouvoir calorifique inférieur de la quantité 11 entrante, contribuant
à l'uniformité de sa température.
[0059] Dans le réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, les enceintes
sont statiques et sont facilement réalisables en parois refroidies (parois membranes
à tube d'eau ou d'huile, intégrées à un circuit de récupération de chaleur, balayage
de double-enveloppe à l'air) et étanches vis-à-vis des entrées d'air parasites. De
plus, l'agent 16 y est réparti uniformément dans la quantité 11, par l'intermédiaire
de la grille de fluidisation, permettant d'éviter les points chauds susceptibles d'entraîner
le ramollissement des composés minéraux de la quantité 11 entrante et des processus
de colmatage des parois et des dépôts dans les conduits aval.
[0060] Dans le réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, les coefficients
de transfert interne entre l'agent de fluidisation 16 et la quantité 11 divisée à
traiter, ainsi qu'entre le lit et les parois refroidies, peuvent atteindre des valeurs
allant de 500 à 800 W/m
2°C, permettant à même débit, de réduire les volumes d'enceintes mis en jeu. Des valeurs
supérieures de coefficients de transfert thermique peuvent être atteintes avec d'autres
technologies de réacteur de gazéification 13 mais au détriment de l'encombrement.
[0061] Dans le réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, l'arrêt de l'alimentation
entraîne pratiquement instantanément l'arrêt de la production de gaz de synthèse 12,
compte tenu de la faible rétention effective de la quantité 11 à gazéifier dans le
lit.
[0062] L'introduction d'une faible quantité d'air dans le réacteur de gazéification 13 de
type à lit fluidisé dense, correspondant également à l'agent de fluidisation 16, permet
d'atteindre un fonctionnement auto-thermique du réacteur par oxydation partielle de
la quantité 11 entrante.
[0063] Dans le réacteur de gazéification 13, le refroidissement du réacteur est assuré par
balayage à l'air ambiant ou à l'eau.
[0064] La mise en place d'un dispositif d'extraction des indésirables de la quantité 11
entrante peut être réalisée par installation d'une vis en fond de lit. La partie inerte
de ces indésirables peut être avantageusement introduite dans le four de fusion 151.
[0065] Un exemple d'aménagement du réacteur de gazéification 13 est illustré sur la figure
2. L'agent de fluidisation (air) 16 est par exemple admis en partie basse du réacteur
13 via une soufflante, au niveau d'une deuxième entrée du réacteur de gazéification
13.
[0066] Le deuxième dispositif d'alimentation 27 comprend par exemple une trémie de réception
et de stockage de la quantité 10 de déchets du premier type dont la sortie alimente
un convoyeur qui lui-même alimente la deuxième entrée du four de fusion 151. L'introduction
en continu de la charge gazéifiable, est réalisée via un dispositif de double sas
ou via une vise doseuse, permettant, dans les deux cas, de limiter les entrées d'air
parasite dans le réacteur.
[0067] La séquence de démarrage du réacteur de gazéification commence par le préchauffage
du média inerte de type sable, par le préchauffage de l'air de fluidisation via un
brûleur externe. La charge à gazéifier est introduite quand le média a atteint une
température voisine de 450 à 500° C. Dès lors, la gazéification de la charge entrante
a lieu de façon homogène dans le média inerte chaud, son entretien étant assuré par
l'oxydation partielle d'une fraction de la charge entrante, par l'air de fluidisation
lui-même. Dès lors, le brûleur de préchauffage de l'air de fluidisation peut être
progressivement arrêté.
[0068] Les vitrifiats 14 sortent en continu hors de l'enceinte de vitrification 15 au niveau
d'une première sortie de l'enceinte de vitrification 15 tandis que les fumées 19 sortent
hors de l'enceinte de vitrification 15 au niveau d'une deuxième sortie.
[0069] L'étape de vitrification comprend préférentiellement une étape de postcombustion
par oxydation dans une atmosphère oxydante du gaz de synthèse combustible 12 produit
à l'étape de gazéification de sorte à produire une quantité d'énergie calorifique
permettant une étape de fusion de la quantité 10 de déchets du premier type dans le
four de fusion 151 et utilisant cette quantité d'énergie calorifique produite par
oxydation.
[0070] Préférentiellement, l'étape de postcombustion est réalisée dans le four de fusion
151 mais elle pourrait être déportée en prévoyant un transfert de la quantité d'énergie
calorifique produite durant la postcombustion vers le four de fusion. Au sein du four
de fusion 151, il peut avantageusement être mis en oeuvre une étape d'échange thermique
entre les fumées générées durant l'étape de postcombustion et la quantité 10 de déchets
du premier type présents dans le four de fusion 151.
[0071] Il ressort de ce qui précède que la solution décrite ici permet de faire en sorte
que l'apport calorifique nécessaire à la mise en fusion des déchets du premier type,
par exemple les mâchefers issus d'incinération de déchets non dangereux, suite à leur
introduction dans le four de fusion 151 est obtenu par une postcombustion oxydante
(de l'air 20 éventuellement enrichi en oxygène étant introduit également dans le four
de fusion 151) du gaz de synthèse combustible 12 préalablement produit dans le réacteur
de gazéification 13 auto-thermique de déchets à partir d'une gazéification de déchets
à base de matière carbonée. La postcombustion libère la chaleur nécessaire à la fusion
des déchets du premier type introduits dans le four de fusion 151.
[0072] Ainsi, la forte quantité spécifique d'énergie conventionnelle (électricité, gaz,
etc.) utilisée dans l'art antérieur pour réaliser la mise en fusion de mâchefers est
avantageusement remplacée par l'énergie obtenue par postcombustion du gaz de synthèse
obtenu lui-même par une opération de gazéification de déchets d'une autre nature,
c'est-à-dire à base de matière carbonée. La solution est donc particulièrement intéressante
d'un point de vue économique et environnemental global. Grâce au procédé de traitement
décrit, les déchets du premier type et les déchets du deuxième type sont conjointement
traités. L'énergie extérieure, à base de combustibles fossiles et/ou d'électricité
du réseau, à apporter pour la vitrification est considérablement diminuée. Ces avantages
s'appliquent quelle que soit la nature des déchets du premier type à vitrifier et
sont intéressants dans l'exemple particulier de mâchefers issus d'incinération de
déchets non dangereux.
[0073] Les goudrons éventuellement présents dans le gaz de synthèse 12 produit par le réacteur
de gazéification 13 sont avantageusement directement craqués thermiquement dans le
four de fusion 151, récupérant ainsi leur contenu thermochimique par combustion. Dans
le cas d'un réacteur de gazéification 13 de type à lit fluidisé dense, le gaz de synthèse
12 comprend aussi des quantités significatives d'envols particulaires de la fraction
inerte de la quantité 11 entrante. Comme le gaz de synthèse 12 est oxydé dans le four
de fusion 151 disposé en aval du réacteur de gazéification 13, les polluants particulaires
sont récupérés par le bain en fusion de la quantité 10 de déchets du premier type
en fusion et les goudrons sont détruits thermiquement.
[0074] En référence à la figure 3, l'étape de vitrification peut comprendre une étape de
coulée hors du four de fusion 151 des déchets du premier type en fusion puis une étape
de refroidissement des déchets du premier type dans le bac de refroidissement 152
d'une manière générant ledit vitrifiat 14. Le bac 152 est par exemple un bain d'eau.
Les vitrifiats 14 sont évacués hors du bac de refroidissement 152 via un convoyeur
repéré 26, par exemple constitué par une vis d'extraction en continu. Par ailleurs,
le four de fusion 151 peut également être alimenté au niveau de sa deuxième entrée
par du calcin 24 et au niveau de sa première entrée par du gaz naturel 25. L'ajout
de carbone fixe dans le bain est également possible, de manière à réaliser dans le
bain fondu, la réduction des oxydes métalliques présents, permettant d'augmenter la
récupération ultérieure de métaux. Cet ajout de carbone fixe peut provenir de la partie
inerte des indésirables issus du réacteur de gazéification 13. Le gaz naturel 25 et
le calcin 24 ne sont utilisés qu'au démarrage du four de fusion 151. Il s'agit notamment
d'un four à cuve à bain bouillonnant. Il peut être prévu un silo de stockage du calcin
24, ainsi qu'une ligne alimentée par le gaz naturel 25. Le démarrage de l'installation
est réalisé en utilisant du calcin, fondu par la combustion du gaz naturel. Une fois
le bain formé, l'alimentation en calcin est diminuée en la substituant par la quantité
10 de déchets du premier type. Le gaz naturel 25 est alors progressivement substitué
par le gaz de synthèse 12 fourni par le réacteur de gazéification 13. Un silo de stockage
des vitrifiats peut être prévu, ainsi qu'un conduit d'évacuation des fumées 19 sortant
du four 151 et dirigées, à l'aide d'un extracteur, en entrée de la chaudière principale
relative à l'étape d'incinération.
[0075] Suite à l'étape de refroidissement des déchets du premier type dans le bac de refroidissement
152, le procédé comprend éventuellement une étape de séparation des matériaux granulaires
basaltiques du vitrifiat, des métaux ferreux et non-ferreux et des oxydes métalliques
préalablement contenus dans la quantité de déchets du premier type et réduits dans
le four de fusion. L'ajout de carbone fixe dans le bain fondu est de nature à augmenter
le taux de récupération des métaux, par réduction des oxydes métalliques préalablement
contenus dans la quantité 10. Les métaux ferreux/ on-ferreux et la quantité restante
pourront faire l'objet d'une valorisation séparée.
[0076] L'étape de fusion peut comprendre une étape d'introduction d'au moins un agent fondant
17 dans le four de fusion 151, notamment du calcin et/ou de l'oxyde de sodium, choisi
de sorte à abaisser la température de fusion de la quantité 10 de déchets du premier
type et/ou à abaisser la viscosité dynamique de la quantité 10 de déchets du premier
type en fusion. Le four de fusion 151 comprend donc une troisième entrée à cet effet.
L'ajout de Na
2O, apporté sous forme de Na
2CO
3 permet d'obtenir des verres à des températures comprises entre 1100 et 1200°C. Une
composition massique typique, en composés majoritaires, est alors : SiO
2 = 40%, Al
2O
3 = 8%, CaO = 18%, Na
2O =26%.
[0077] L'étape de fusion comprend une étape d'introduction d'au moins un agent carboné 17
dans le four de fusion, dans le but de réduire les oxydes métalliques initialement
contenus dans la charge, en métaux.
[0078] La postcombustion du gaz de synthèse combustible 12 est préférentiellement pilotée
de sorte que la température dans le four de fusion 151 soit telle que la viscosité
dynamique de la quantité 10 de déchets du premier type en fusion soit inférieure ou
égale à 25 Pa.s. Il est considéré en effet qu'au dessus de cette limite, la viscosité
atteinte ne permet pas la coulée du vitrifiat 14 hors du four 151. Notamment, la température
dans le four de fusion 151 est contrôlée de sorte que la quantité 10 de déchets du
premier type atteigne une température supérieure ou égale à 1400 degrés, préférentiellement
de l'ordre de 1450° C.
[0079] L'étape de vitrification comprend de préférence une étape d'admission d'air 20, éventuellement
enrichi en oxygène, dans le four de fusion 151. Le four de fusion 151 comprend donc
une quatrième entrée à cet effet.
[0080] La postcombustion du gaz de synthèse 12 étant réalisée en phase homogène (combustion
gaz-gaz), les excès d'air 20 à pratiquer pour en obtenir la combustion complète sont
faibles (compris dans une plage allant de 5 à 8%) de sorte que la température adiabatique
de flamme obtenue est élevée (de l'ordre de 1500°C) et le volume des fumées 19 est
réduit. Il faut noter que l'utilisation d'air 20 enrichi en oxygène pour la postcombustion
du gaz 12 permet, si nécessaire, à la fois d'augmenter la température de flamme et
de réduire le volume de fumées 19, par diminution du ballast azote. Avec une telle
température de flamme, le niveau de température nécessaire à la fusion des déchets
du premier type, soit au-delà de 1400° C dans l'exemple des mâchefers issus d'incinération
de déchets non dangereux, est facile à atteindre.
[0081] L'installation comprend donc facultativement une unité d'enrichissement de l'air
admis 20 fournissant un air enrichi entre 40 et 50% de dioxygène, en substitution
de l'air standard qui comprend 21% de dioxygène, pour augmenter significativement
la température de la quantité 10 en fusion et donc faciliter sa coulée hors du four
151.
[0082] Il peut avantageusement être mis en oeuvre une étape d'échange thermique entre l'air
admis 20 dans le four de fusion 151 et les fumées 19 générées par l'étape de vitrification.
[0083] A cet effet, l'installation comprend un dispositif d'échange thermique 21 entre l'air
admis 20 dans le four de fusion 151 au niveau d'une troisième entrée du four de fusion
151 et les fumées 19 générées dans le four de fusion 151 et/ou dans le bac de refroidissement
152. Ce dispositif d'échange thermique 21 est très préférentiellement séparé du four
du fusion, c'est-à-dire disposé à l'extérieur,
[0084] Il est en effet envisageable de préchauffer l'air admis 20 à une température comprise
entre 700 et 800° C, avant son entrée dans le four de fluidisation 151 de façon d'une
part à éviter l'injection d'air froid dans le bain de fusion et d'autre part d'augmenter
la température adiabatique de la postcombustion dans le four 151, abaissant la viscosité
dynamique de la quantité 10 de déchets du premier type à l'état de fusion et facilitant
ainsi sa coulée hors du four de fusion 151. Cela permet également d'abaisser la température
des fumées 19 à une température compatible avec un traitement ultérieur des fumées
effectué dans un dispositif de traitement 18 des fumées évoqué plus loin.
[0085] Il peut être mis en oeuvre un refroidissement des fumées issues du four du fusion
par injection d'eau, suivie de l'étape d'échange thermique susmentionnée dans le dispositif
21.
[0086] De manière non représentée, l'étape de fourniture d'une quantité 10 de déchets d'un
premier type peut préférentiellement comprendre, bien que cela ne soit pas exclusif
:
- une étape d'incinération d'une quantité de déchets de base, de type dangereux et/ou
de type non dangereux, produisant une quantité de résidus solides d'incinération,
- puis une étape de refroidissement des résidus solides d'incinération au-delà d'une
première valeur seuil et/ou une étape de maintien d'un taux de carbone dans les résidus
solides d'incinération supérieur à une deuxième valeur seuil. La deuxième valeur seuil
est préférentiellement égale à 2% en masse. L'étape de refroidissement pourra avantageusement
être réalisée de sorte que la température des résidus solides d'incinération reste
supérieure à 600°C, notamment par contrôle de la vitesse de défilement des déchets
dans l'incinérateur de déchets. Toutefois, il peut tout à fait être envisagé que la
première valeur seuil soit inférieure à 600°C.
[0087] Le maintien d'un taux de carbone volontairement plus élevé que la pratique courante
dans les techniques d'incinération, soit par exemple au-delà de 2% en masse, a pour
objectif de tenir compte du fait que ce carbone fixe participe, par son pouvoir calorifique
inférieur, à réduire la demande spécifique en énergie du four de fusion 151. En effet,
l'introduction d'air 20 dans le four de fusion 151 provoque l'oxydation exothermique
de cette fraction carbone. L'ajout de biomasse, directement dans le bain fondu formé
par la quantité 10 en fusion est également possible. Ainsi, par exemple pour une quantité
10 contenant 5% de carbone fixe, l'énergie spécifique allo-thermique à apporter pour
la vitrification est 0,34 kWh/kg alors qu'elle est de 0,8 kWh/kg pour un pourcentage
en masse de carbone de 2%.
[0088] Le maintien d'une température des mâchefers relativement élevée, par exemple supérieure
à 600°C, permet de diminuer l'énergie calorifique spécifique nécessaire à l'entrée
en fusion de la quantité 10 dans le four 151 et donc à la vitrification. Par exemple,
cela permet de passer d'environ 0,8 kWhth/kg (pour une température initiale à l'entrée
du four 151 de 20°C) à environ 0,62 kWhth/kg (pour une température initiale à l'entrée
du four 151 de 600° C).
[0089] Il peut également être mis en oeuvre une étape de récupération par le four de fusion
151 de tout ou partie des cendres recueillies sous la chaudière de l'incinérateur
des déchets de base qui produit une quantité de résidus solides d'incinération. Le
dimensionnement du four de fusion 151 doit alors tenir compte des volumes de telles
cendres à vitrifier dans l'enceinte de vitrification 15.
[0090] Les fumées 19 chaudes (de l'ordre de 1400° C) générées par l'étape de vitrification
sont ensuite traitées, après refroidissement par injection d'eau et passage dans l'échangeur
21, dans le dispositif de traitement 18, notamment par voie sèche. Puis les fumées
22 traitées par le dispositif de traitement 18 sont rejetées dans l'atmosphère. Les
fumées 19 contiennent, en particulier, des chlorures, des composés soufrés, du mercure
et certains métaux lourds, non solubilisés dans le bain fondu dans le four 151. Le
dispositif de traitement 18 peut être constitué par le dispositif de traitement des
fumées issues de l'étape d'incinération des déchets de base ou par un dispositif de
traitement 18 autonome.
[0091] Enfin, les résidus issus du traitement des fumées 19 réalisé dans le dispositif de
traitement 18 sont repérés 23 et récupérés.
[0092] Bien que la solution précédente vise particulièrement à résoudre les problématiques
liées au traitement des mâchefers issus d'incinération de déchets non dangereux, elle
reste totalement applicable à des déchets à vitrifier de toute autre nature.
[0093] Un exemple de pré-dimensionnement d'une solution telle qu'exposée ci-dessus est présenté
ci-après. Il s'agit d'un exemple particulier d'application, non limitatif du domaine
d'application de l'invention, mettant en oeuvre une vitrification d'une quantité de
déchets du premier type constituée par des mâchefers issus d'incinération de déchets
non dangereux. Il est donc rappelé que les déchets du premier type peuvent être d'une
autre nature, telle que des déchets dangereux, comme par exemple des cendres sous
chaudière.
[0094] Il s'agit d'une installation autorisée à traiter 115 000 t/an de déchets non recyclables.
Une quantité voisine de 20000 tonnes de mâchefers est produite annuellement, soit
de l'ordre de 17% des déchets prétraités, entrant dans l'incinérateur. Une opération
de séparation des métaux ferreux et non-ferreux est mise en oeuvre. En admettant que
les métaux ferreux et non-ferreux valorisables représentent de l'ordre de 6% de la
quantité de mâchefers bruts, la quantité 10 annuelle est de 18800 t/an qu'il convient
de traiter.
[0095] Il faut rappeler que les mâchefers produits ont des pouvoirs calorifiques inférieurs
naturellement non négligeables, du fait de leurs teneurs souvent élevées (comprises
entre 2 et 5%) en carbone résiduel imbrûlé. Dans la solution proposée dans ce document,
ce carbone fixe étant oxydé dans l'étape de fusion de la quantité 10 dans le four
151 en atmosphère oxydante, l'énergie calorifique libérée par l'exo-thermicité des
réactions d'oxydation peut être directement récupérée dans le bain fondu formé par
la quantité 10 en fusion. Ceci permet de diminuer l'apport d'énergie calorifique externe
nécessaire à la fusion.
[0096] Dans cet exemple, il est admis que le taux de carbone résiduel dans la quantité 10
de déchets du premier type est de 4% et que leur humidité, après refroidissement,
est de 10%. Dans ces conditions, le pouvoir calorifique de cette quantité 10 est 262
kcal par kilogramme.
[0097] La demande spécifique en énergie calorifique externe à apporter pour obtenir la fusion
de la quantité 10 est donc 0,5 kWh/kg, soit 0,5 MWh/t. Rappelons que cette demande
en énergie pourrait être réduite en augmentant la teneur en carbone fixe résiduelle
de la quantité 10 en sortie de l'incinérateur, par exemple par simple augmentation
de la vitesse d'avancement des déchets sur la grille de l'incinérateur.
[0098] Il est pris comme exemple une quantité 11 de déchets du deuxième type constitués
par des bois de classe B. Ils sont en effet intéressants car :
- la teneur en humidité est faible (comprise entre environ 4 et 6%) et le pouvoir calorifique
inférieur est élevé (compris entre environ 4 et 4,5 kMh/kg),
- ils sont actuellement disponibles facilement.
[0099] Il est admis ici que le pouvoir calorifique inférieur est de 4 kMh/kg.
[0100] En admettant un taux de pertes thermiques voisin de 7%, la demande annuelle effective
en énergie calorifique de l'étape de vitrification est 10 GWh/an. En supposant un
rendement de gazéification de 96%, la quantité 11 de bois de classe B nécessaire est
donc 2604 t/an.
[0101] Pour un fonctionnement à raison de 8000 h/an, la quantité 11 horaire de bois de classe
B alimentant le réacteur 13 est 0,326 t/h, correspondant à une puissance entrant dans
le réacteur 13 de 1,3 MWth.
[0102] Il est rappelé que d'autres types de déchets peuvent être utilisés dans l'étape de
gazéification.
1. Procédé de traitement de déchets, notamment en continu, comprenant :
- une étape de fourniture d'une quantité (10) de déchets d'un premier type formés
par des résidus issus d'incinération de déchets, notamment formés par des mâchefers
issus d'incinération de déchets non dangereux,
- une étape de fourniture d'une quantité (11) de déchets d'un deuxième type différent
du premier type de déchets et comportant essentiellement une matière carbonée,
- une étape de gazéification durant laquelle la quantité de déchets du deuxième type
est transformée d'une manière produisant un gaz de synthèse combustible (12), utilisant
un réacteur de gazéification (13) de type à lit fluidisé dense, dans lequel la quantité
(11) de déchets du deuxième type à gazéifier est introduite en continu,
- une étape de vitrification durant laquelle la quantité de déchets du premier type,
alimentée en continu, est transformée en continu en vitrifiat (14) en utilisant la
chaleur libérée par l'oxydation complète du gaz de synthèse combustible produit à
l'étape de gazéification.
2. Procédé de traitement de déchets selon la revendication 1, caractérisé en ce que les déchets du deuxième type sont choisis parmi les biomasses des combustibles solides
de récupération, du bois contenant des substances chimiques telles que des substances
de collage, de finition et de préservation.
3. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 1 ou 2,
caractérisé en ce que l'étape de fourniture d'une quantité (10) de déchets du premier type comprend
- une étape d'incinération d'une quantité de déchets de base, de type dangereux et/ou
de type non dangereux, produisant une quantité de résidus solides d'incinération,
- puis une étape de refroidissement desdits résidus solides d'incinération au-delà
d'une première valeur seuil réalisée de sorte que la température des résidus solides
d'incinération reste supérieure à 600°C et/ou une étape de maintien d'un taux de carbone
dans les résidus solides d'incinération supérieur à une deuxième valeur seuil, préférentiellement
égale à 2% en masse.
4. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'étape de vitrification comprend une étape de postcombustion, réalisée dans le four
de fusion, par oxydation dans une atmosphère oxydante du gaz de synthèse combustible
produit à l'étape de gazéification de sorte à produire une quantité d'énergie calorifique
et une étape de fusion de la quantité de déchets du premier type dans un four de fusion
(151) et utilisant ladite quantité d'énergie calorifique produite par oxydation.
5. Procédé de traitement de déchets selon la revendication 4, caractérisé en ce que la postcombustion du gaz de synthèse combustible est pilotée de sorte que la température
dans le four de fusion soit telle que la viscosité dynamique de la quantité de déchets
du premier type en fusion soit inférieure ou égale à 25 Pa.s.
6. Procédé de traitement de déchets selon la revendication 5, caractérisé en ce que la température dans le four de fusion est contrôlée de sorte que la quantité de déchets
du premier type atteigne une température supérieure ou égale à 1400 degrés.
7. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 4 à 6, caractérisé en ce que l'étape de fusion comprend une étape d'introduction d'au moins un agent fondant (17)
dans le four de fusion, notamment du calcin et/ou de l'oxyde de sodium, choisi de
sorte à abaisser la température de fusion de la quantité de déchets du premier type
et/ou à abaisser la viscosité dynamique de la quantité de déchets du premier type
en fusion.
8. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 4 à 7, caractérisé en ce que l'étape de fusion comprend une étape d'introduction d'au moins un agent carboné dans
le four de fusion, configuré de sorte à réduire les oxydes métalliques initialement
contenus dans la charge, en métaux.
9. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'étape de vitrification comprend une étape de coulée hors du four de fusion des
déchets du premier type en fusion puis une étape de refroidissement des déchets du
premier type dans un bac de refroidissement (152) d'une manière générant ledit vitrifiat,
notamment un bain d'eau.
10. Procédé de traitement de déchets selon la revendication 9, caractérisé en ce que suite à l'étape de refroidissement des déchets du premier type dans le bac de refroidissement,
le procédé comprend une étape de séparation des matériaux granulaires basaltiques
du vitrifiat, des métaux ferreux et non-ferreux et des oxydes métalliques préalablement
contenus dans la quantité de déchets du premier type et réduits dans le four de fusion.
11. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 1 à 10, caractérisé en ce que l'étape de vitrification comprend une étape d'admission d'air (20), éventuellement
enrichi en oxygène, dans le four de fusion et en ce qu'il comprend une étape d'échange thermique entre l'air admis dans le four de fusion
et les fumées générées par l'étape de vitrification.
12. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 1 à 11, caractérisé en ce qu'il comprend une étape de traitement des fumées générées par l'étape de vitrification,
notamment par voie sèche, puis une étape de rejet dans l'atmosphère des fumées traitées
(22).
13. Procédé de traitement de déchets selon l'une des revendications 1 à 12, caractérisé en ce que la température du gaz de synthèse combustible produit à l'étape de gazéification
est comprise entre 600 et 800°C, notamment entre 650 et 750°C.
14. Installation de traitement de déchets, notamment en continu, comprenant des éléments
logiciels et/ou matériels mettant en oeuvre un procédé de traitement de déchets selon
l'une quelconque des revendications précédentes et qui comprend :
- un réacteur de gazéification (13) de type à lit fluidisé dense, ayant une sortie
évacuant le gaz de synthèse combustible produit dans le réacteur de gazéification,
- un premier dispositif d'alimentation (28) alimentant, notamment en continu, une
première entrée du réacteur de gazéification avec la quantité de déchets du deuxième
type, de type vis doseuse permettant une alimentation en continu du réacteur de gazéification,
sans introduction d'air parasite,
- un four de fusion (151) ayant une première entrée alimentée par le gaz de synthèse
(12) sortant du réacteur de gazéification au niveau de sa sortie,
- un dispositif de liaison notamment calorifugé conduisant le gaz de synthèse combustible
de la sortie du réacteur de gazéification à la première entrée du four de fusion,
- un deuxième dispositif d'alimentation (27) alimentant, notamment en continu, une
deuxième entrée du four de fusion avec la quantité de déchets du premier type,
- un bac de refroidissement (152), notamment un bain d'eau, alimenté en entrée par
la quantité de déchets du premier type en fusion coulant hors du four de fusion au
niveau d'une première sortie du four de fusion.
15. Installation de traitement de déchets selon la revendication 14, caractérisée en ce qu'elle comprend un dispositif d'échange thermique (21) entre l'air (20) admis dans le
four de fusion au niveau d'une troisième entrée du four de fusion et les fumées (19)
générées dans le four de fusion et/ou dans le bac de refroidissement, le dispositif
d'échange thermique (21) étant notamment séparé du four du fusion.