[0001] La présente invention est relative à une voie ferrée, notamment une voie ferréereposant
sur une base ou plate-forme, tel que le sol, sans ballast,et dans laquelle les rails
sont agencéssur une construction en matériaux durs, tels que du béton armé. Elle concerne
également des éléments modulaires préfabriqués qui peuvent être assemblés afin de
constituer une voie ferrée en matériaux durs à poser sur un radier ou plate-forme
tel que le sol, sans utilisation de ballast.
Arrière-plan technologique
[0002] Dans une voie ferrée classique, les rails sont solidarisés à des traverses en bois,
en béton, notamment en béton précontraint, métalliques ou composées de blocs en béton
reliés par une entretoise métallique. Les traverses maintiennent l'écartement des
rails et l'inclinaison voulue de la voie. Elles sont posées sur ou noyées dans une
couche de ballast constitué de roches dures concassées et transmettent la charge au
ballast et ainsi au sol. L'épaisseur de la couche de ballast est fonction de la charge
et de l'intensité du trafic et est de l'ordre de 30 à 50 cm. Le ballast maintien le
nivellement de la voie et assure une position stable dans le plan de la voie, en résistant
aux efforts transversaux qui tendent à déformer le tracé et aux efforts longitudinaux.Leballast
doit être perméable à l'eau et assurer une élasticité appropriée.
[0003] Dans le cas de voies ferrées construites dans des régions sablonneuses, comme les
dunes ou le désert, le sableou tout autre matériau en suspension en cas de vent ou
plus particulièrement de tempête de sable, a tendance à colmater les interstices entre
les pierrailles du ballast. Il en résulte une perte d'élasticité et de perméabilité
du ballast ce qui conduit à devoir limiter la vitesse d'exploitation et en augmente
les fréquences d'entretien. Il en résulte aussi une réduction importante de la durée
de vie de la voie. Les coûts d'entretien et/ou de remplacement du ballast sont donc
élevés. Par ailleurs, le sable remplit aisément l'espace entre rails et en cas de
tempête risque de recouvrir totalement la voie ferrée, rendant ainsi difficile, dangereuse,
voire impossible toute circulation de véhicule ferroviaire.
[0004] Dans le cas de voies ferrées construites dans des régions fortement enneigées, la
neige a tendance à s'introduire dans le ballast et de le figer par congélation, diminuant
ainsi l'élasticité du support. Par ailleurs, en cas de tempête, la neige risque de
recouvrir totalement la voie ferrée, rendant toute circulation périlleuse, voire impossible.
[0005] On connaît également des voies ferrées en béton, dont le ballast a été remplacé du
moins en partie par une assise en béton armé ; voir
EP-0576392,
WO 2008/025854,
WO2008/138913 et
CA-776524. De telles voies ferrées, notamment celles dans lesquelles les rails sont noyés dans
le béton, ont été utilisées afin de faciliter le passage de voitures ou de piétons,
ou dans des tunnels ferroviaires, voir Pragal, Portugal, gare Atocha - Madrid.
[0006] Lorsque les rails sont noyés dans le béton, l'élasticité du support des rails est
généralement assurée par des éléments en matériaux élastomères. Ceux-ci sont conçus
pour assurer une isolation acoustique et électrique du rail par rapport au béton sur
lequel ou dans lequel les rails reposent.
[0007] Vu l'absence de ballast, ce type de voie ferrée ne présente pas les inconvénients
cités ci-dessus en rapport avec le ballast, mais l'ensablement ou l'enneigement de
la voie pose toujours problème.
Buts de l'invention
[0008] Undes buts de l'invention consiste à fournir une voie ferrée en matériaux durs, sans
ballast, qui permet d'éviter ou tout au moins de retarder significativement l'ensablement
ou l'enneigement lors de l'exposition aux tempêtes de sables ou tempêtes de neige.
[0009] Un autre but de l'invention consiste à fournir un module préfabriqué qui peut être
assemblé avec un module similaire afin de constituer une voie ferrée en matériaux
durs à poser sur une radier ou plate-forme tel que le sol, sans utilisation de ballast.
[0010] Encore un autre but de l'invention consiste à maintenir l'élasticité constante de
la voie, indépendamment des conditions climatiques, du sable ou de la neige.
[0011] Un but supplémentaire de l'invention est de réduire les coûts de maintenance de la
voie (bourrage, entretien des attaches) et le coût du criblage du ballast afin d'en
extraire les impuretés pour rendre l'élasticité d'origine de la voie et enfin d'allonger
la durée de vie de la voie.
Description de l'invention
[0012] L'invention consiste en une voie ferrée comportant deux rails essentiellement parallèles
et une structure de support en béton, la structure de support comportant des supports
de rail en saillie, qui sont solidaires d'un radier en béton reposantsur le sol ou
sur une fondationet qui forment une gorge essentiellement continue entre les deux
rails.
[0013] Selon une première forme d'exécution, les supports de rail consistent en des plots
alignés espacés solidaires d'unradier en béton reposant sur le sol ou sur une fondation.
De préférence, l'ensemble comportant plots et radier est monolithique et constitué
de béton armé, tout particulièrement de béton précontraint. Les plots doivent bien
entendu supporter les charges statiques et dynamiques des véhicules circulant sur
la voie.
[0014] Selon une autre forme d'exécution, les supports de rail consistent chacun en un épaulement
continu ou une poutre en saillie, solidaire d'unradier en béton reposant sur le sol
ou sur une fondation. De préférence, l'ensemble comportant les deux épaulements continus
et la radier est monolithique et constitué de béton armé, tout particulièrement de
béton précontraint afin de pouvoir supporter les charges statiques et dynamiques des
véhicules circulant sur la voie.
[0015] Avantageusement, les supports de rail comportent des ouvertures les traversant dans
le sens transversal à la voie, de préférence situées l'une en face de l'autre, afin
de permettre le passage de sable ou même de neige en cas de tempête.
[0016] Selon une forme d'exécution avantageuse, les ouvertures vont en se rétrécissant de
l'extérieur vers la gorge comprise entre les deux rails.
[0017] On a constaté qu'en cas de tempête de sable notamment, la gorge créée entre les deux
rails peut se remplir de sable. Vu la profondeur de la gorge, une quantité significative
de sable peut s'y accumuler avant de recouvrir la voie et la rendre impraticable.
[0018] On a également constaté que lorsque des ouvertures sont pratiquées dans les supports
de rail, le vent chasse en partie du moins le sable au travers de ces ouvertures et
au travers de la gorge évitant ou retardant significativement l'accumulation de sable
dans ladite gorge. Des ouvertures se rétrécissant dans les sens allant de l'extérieur
vers la gorge accentuent encore cet effet par l'effet de tuyère ainsi généré.
[0019] Par ailleurs, vu l'agencement d'une gorge continue et sans obstacle, la voie ferrée
de l'invention permet un nettoyage aisé de la gorge après la tempête, notamment à
l'aide d'un engin de manutention, comme par exemple une pelleteuse qui peut avantageusement
circuler sur la voie elle-même.
[0020] La description ci-dessus des avantages de l'invention dans le cas de l'utilisation
de la voie ferrée en milieu fortement sablonneux, comme le désert ou les dunes, s'applique
par analogie aussi au cas de l'utilisation de la voie ferrée en milieu fortement enneigé.
[0021] Les rails peuvent être fixés de manière connue en soi sur lesdits supports. Avantageusement,
la partie supérieure desdits supports présente une section triangulaire ou trapézoïdale
ou convexe évitant ou réduisant le risque d'accumulation de sable sur la crête du
support, à proximité immédiate des rails.
[0022] Selon une forme d'exécution préférée, le rail est entouré d'une jaquette en matériau
élastomère et noyé dans le béton du support de rail en saillie. La jaquette assure
un logement élastique du rail dans le sens perpendiculaire à la voie ainsi que transversalement
par rapport à celle-ci, rôle quidans l'état de la techniqueest assuré par le ballast.
L'invention permet ainsi d'éviter les conséquences néfastes que génèrent l'ensablement
et l'enneigement du ballast. Il n'est pas nécessaire non plus de prévoir de fixation
métallique du rail à son support en béton, le rail étant maintenu sur son support
par la jaquette noyée dans le béton. Cet agencement permet donc d'éviter les fixations
métalliques qui ont tendance à se corroder. Par ailleurs, la jaquette assure une isolation
acoustique et électrique du rail.
[0023] La jaquette peut avantageusement être constituée de particules de pneumatiques broyés,
liées entre elles par un liant à base de polyuréthane, de polyéthylène, par exemple
du polyéthylène recyclé, ou d'autres liants adéquats. On a constaté que le caoutchouc
provenant de pneumatiques recyclés offre une élasticité adéquate pour ce genre d'application.
L'homme de l'art adaptera l'épaisseur de la jaquette aux exigences mécaniques imposées
par les coefficients de sécurité, les charges statiques et dynamiques à supporter
dans chaque cas d'application. Par ailleurs, la jaquette est destinée à garantir l'isolation
électrique du rail par rapport à son support.
[0024] La voie ferrée selon l'invention peut avantageusement être coulée sur place. Selon
une autre forme d'exécution de l'invention, on peut prévoir des modules préfabriqués
que l'on peut agencer et assembler sur chantier l'un à la suite de l'autre afin de
former une voie continue.
Description des figures
[0025] L'invention sera décrite plus en détails ci-dessous, en référence aux dessins annexés
dans lesquels :
- La figure 1 est une vue en perspective d'un module de voie ferrée selon l'invention
;
- La figure 2 est une représentation en coupe au droit des supports selon la ligne A-A'
de la figure 1 ;
- La figure 3 est une représentation en coupe au droit des évidements éventuels selon
la ligne B-B' de la figure 1 ; et
- La figure 4 est une vue latérale d'un module de voie ferrée selon l'invention.
Description détaillée de l'invention
[0026] La figure 1 représente un tronçon de voie ferrée suivant l'invention, mais la description
qui suit convient également pour une voie ferrée finie ou coulée sur place ou pour
un élément de voie préfabriqué.
[0027] La voie ferrée de l'invention comporte deux supports 3 et 5 et deux rails 7 et 8.
Les deux supports forment saillie sur une dalle de radier 11 et forment de préférence
une seule pièce avec celle-ci. Celle-ci est avantageusement en béton armé, de préférence
précontraint. La dalle de radier repose sur le sol ou sur une fondation adéquate.
[0028] On a représenté des rails de type Vignole; l'invention englobe, bien entendu, aussi
d'autres modèles de rail, comme par exemple les rails à gorge ou ornière.Les rails
7 et 8 sont avantageusement noyés dans les supports en saillie et maintenus en position
par des jaquettes en caoutchouc 13 et 15. Les jaquettes 13 et 15 présentent des épaulements
17, 19, 21 et 23 qui les retiennent dans leur logement pratiqué dans le béton des
supports de rail. Avantageusement, la structure en béton ou du moins les supports
de rail 3 et 5 ou la partie supérieure de ceux-ci est coulée autour du rail correspondant
muni de sa jaquette.
[0029] On connaît des jaquettes, notamment par les demandes de brevet
EP-854234,
WO2008/138913 et
WO2008/025854. Elles assurent un support et logement élastique du rail, amortissant les vibrations
et maintiennent les rails en place sur le support en béton. Les jaquettes peuvent
consister en plusieurs éléments assemblés ou collés sur les rails de manière à former
une isolation électrique par rapport au support en béton. Elles peuvent également
consister en une seule pièce de longueur définie, par exemple extrudée, et être enfilée
sur le rail avant placement de celui-ci pour coulage du support en béton. On peut
également extruder la jaquette sur place, éventuellement directement autour du rail,
avant placement adéquat pour coulage du support en béton.
[0030] Divers matériaux ont été utilisés pour les jaquettes. On a obtenu de bons résultats
avec des particules de caoutchouc de pneumatiques broyés, liées par un liant à base
de polyuréthane ou de polyéthylène, de préférence de polyéthylène recyclé. On peut
alors régler l'élasticité de la jaquette en fonction de son épaisseur en pratiquant
des trous ou ouvertures dans le coeur du matériau, sans pour autant affecter les fonctions
de logement élastique et d'isolant de la jaquette.
[0031] L'extrémité supérieure des supports de rail présente avantageusement une section
triangulaire ou trapézoïdale ou convexe afin de réduire le risque d'accumulation de
sable ou de neige sur les supports, à proximité des rails. Dans ce cas, la jaquette
épouse à sa partie supérieure une forme et section adaptées à la forme du support.
[0032] Selon une forme d'exécution avantageuse de l'invention, et comme on peut le voir
notamment dans les figures 1, 3 et 4, des ouvertures sont pratiquées dans les supports
en saillie. Elles traversent lesdits supports 3 et 5 transversalement par rapport
à la voie. De préférence, les ouvertures 31 et 33 des deux supports de rail se font
face. En outre, et comme représenté à la figure 4, les ouvertures 31 et 33 vont en
se rétrécissant de l'extérieur vers l'intérieur. De manière à former une tuyère qui
accélère le vent chargé de sable et qui favorise ainsi le passage du vent et du sable
sous les rails. Lorsque la tempête de sable ou de neige persiste et que les ouvertures
se colmatent, la gorge formée entre les deux supports de rail 3 et 5 sert de réservoir
tampon qui permet d'accumuler le sable pendant une certaine période de temps et retarder
ainsi significativement l'ensablement ou l'enneigement de la voie.
[0033] Les deux supports de rail 3, 5 forment une gorgecontinue dont la profondeur sera
définie suivant les critères d'ensablement ou d'enneigement locaux. En cas d'ensablement
ou d'enneigement, celle-ci peut être nettoyée ou vidée assez facilement, notamment
à l'aide d'un engin de manutention, comme par exemple une pelleteuse qui circule sur
la voie.
[0034] L'homme de l'art appréciera que diverses variantes sont possibles sans pour autant
s'écarter des caractéristiques essentielles de l'invention.
1. Voie ferrée comportant deux rails (7,8) essentiellement parallèles et une structure
de support en béton, la structure de support comportant des supports de rail (3,5)
en saillie, qui sont solidaires d'un radier(11) en béton reposant sur le sol ou sur
une fondation et qui forment une gorge essentiellement continue entre les deux rails.
2. Voie ferrée selon la revendication 1 caractérisée en ce que les supports de rail (3,5) consistent en des plots alignés espacés solidaires d'un
radier en béton (11) reposant sur le sol ou sur une fondation.
3. Voie ferrée selon la revendication 1 caractérisée en ce que les supports de rail (3,5) consistent chacun en un épaulement en sailliecontinu ou
une poutre, solidaire d'un radier en béton (11) reposant sur le sol ou sur une fondation.
4. Voie ferrée selon l'une des revendications précédentes caractérisée en ce que l'ensemble comportant les supports de rail en saillie (3,5) et leradier (11) est
monolithique et constitué de béton armé, notamment de béton précontraint.
5. Voie ferrée selon l'une des revendications 3 ou 4 caractérisée en ce que les supports de rail (3,5) comportent des ouvertures (31,33) les traversant dans
le sens transversal à la voie, de préférence situées l'une en face de l'autre.
6. Voie ferrée selon l'une des revendications 3 à 5 caractérisée en ce que les ouvertures (31,33) vont en se rétrécissant de l'extérieur vers l'espace intérieur
compris entre les deux rails (7,8).
7. Voie ferrée selon l'une des revendications précédentes caractérisée en ce que la partie supérieure desdits supports (3,5) présente une section triangulaire ou
trapézoïdale ou convexe.
8. Voie ferrée selon l'une des revendications précédentes caractérisée en ce que le rail (7,8) est entouré d'une jaquette (13,15) en matériau élastomère et noyé dans
le béton du support de rail (3,5) en saillie.
9. Voie ferrée selon la revendication 8 caractérisée en ce que la jaquette (13,15) est constituée de particules de pneumatiques broyés, liées entre
elles par un liant, notamment à base de polyuréthane, de polyéthylène, par exemple
du polyéthylène recyclé, ou d'autres liants adéquats.
10. Voie ferrée selon l'une des revendications précédentes
caractérisée en ce qu'elle consiste en un assemblage de modules préfabriqués agencés et assemblés l'un à
la suite de l'autre.
11. Voie ferrée selon l'une des revendications 1 à 9 caractérisée en ce que la structure en béton est coulée sur place, de préférence en continu.
12. Module de voie ferrée préfabriqué selon l'une des revendications 1 à 9.