[0001] La présente invention est relative à un moteur thermique du type comprenant un arbre
à cames, un cylindre muni d'une culasse, au moins une soupape mobile à travers une
ouverture de la culasse et commandée par la rotation de l'arbre à cames via une tringlerie,
et des moyens de rappel élastique de la soupape vers une position de fermeture dans
laquelle la tête de la soupape est appliquée sur un siège de la culasse.
[0002] L'invention s'applique notamment aux moteurs Diesel utilisés pour la propulsion ou
la production d'électricité à bord des sous-marins, et elle sera décrite dans la suite
dans cette application.
[0003] Lorsqu'un sous-marin à moteur thermique est en plongée à faible profondeur (utilisation
du Schnorchel) avec son moteur thermique à l'arrêt, il existe un risque d'entrée d'eau
de mer à l'intérieur des cylindres du moteur.
[0004] Une telle intrusion d'eau présente un risque important si le moteur thermique est
démarré, car la compression d'une masse d'eau peut détériorer certaines pièces essentielles
du moteur.
[0005] Certains constructeurs ont, pour cette raison, proposé d'ajouter à chaque cylindre
une soupape supplémentaire dédiée à l'évacuation de l'eau. Lorsque de l'eau est détectée
dans un cylindre, cette soupape supplémentaire est ouverte, et le moteur est entrainé
en « virage lent » sur un angle de rotation suffisant pour garantir l'expulsion de
l'eau, avant que le moteur soit démarré. Cet angle de rotation est au moins égal à
un tour.
[0006] Cette solution est toutefois coûteuse, car elle fait appel à un moteur spécifique.
[0007] L'invention a pour but de fournir une solution adaptable de façon économique à tout
moteur thermique existant.
[0008] A cet effet, l'invention a pour objet un moteur thermique du type précité, caractérisé
en ce qu'il comprend :
- un support solidaire de la culasse ;
- un poussoir mobile par rapport à ce support entre une position de repos, dans laquelle
le poussoir est éloigné de la tringlerie lorsque la soupape se trouve dans sa position
de fermeture, et une position active dans laquelle le poussoir repousse la soupape
sur une distance prédéterminée à l'encontre desdits moyens de rappel en provoquant
le soulèvement de la tête de la soupape par rapport au siège ; et
- des moyens de virage lent pour entrainer à au moins une vitesse très lente le moteur
thermique sur au moins un tour complet.
[0009] Suivant d'autres caractéristiques de l'invention :
- le poussoir en position active, coopère avec un organe de réglage du jeu de la soupape,
cet organe de réglage étant prévu sur la tringlerie ;
- le poussoir est une tige filetée vissée dans un écrou fixé dans une ouverture dudit
support, la tige filetée étant munie d'une tête d'entrainement en rotation située
à l'extérieur du support ;
- les moyens de virage lent sont adaptés pour entrainer le moteur thermique sur au moins
un tour complet à l'une ou l'autre de deux vitesses très lentes ;
- les moyens de virage lent comprennent des moyens d'entrainement manuel en rotation
du moteur thermique ;
- les moyens de virage lent comprennent un moteur électrique ou pneumatique d'entrainement
en rotation du moteur thermique ;
- un moteur thermique tel que décrit ci-dessus, en ce qu'il comprend des moyens de mesure
d'une grandeur représentative de la présence d'eau dans le cylindre pendant une première
opération de virage lent du moteur thermique ;
- lesdits moyens de mesure sont adaptés pour déclencher une seconde opération du virage
lent du moteur thermique ;
- le moteur thermique est un moteur diesel.
[0010] L'invention a également pour objet un véhicule, notamment un sous-marin, équipé d'au
moins un moteur thermique tel que défini ci-dessus.
[0011] Des exemples de réalisation de l'invention vont maintenant être décrits en regard
des dessins annexés, sur lesquels :
- la figure 1 représente schématiquement, en coupe, une partie d'un moteur thermique
classique auquel s'applique l'invention ;
- la figure 2 est une vue analogue du moteur de la figure 1, modifié conformément à
l'invention ; et
- la figure 3 est une vue analogue qui illustre le fonctionnement du moteur de la figure
2.
[0012] On a représenté sur la figure 1 une partie de la culasse 1 d'un moteur Diesel 2 destiné
à la propulsion d'un sous-marin. Le moteur comprend plusieurs cylindres dans chacun
desquels se déplace un piston 3.
[0013] Dans la culasse 1 coulissent plusieurs tiges de soupape pour chaque cylindre, dont
les deux tiges 4 des deux soupapes d'échappement du cylindre. On voit aussi sur la
figure 1 le collecteur d'échappement 6 de la culasse, lequel débouche sur deux orifices
d'échappement. Autour de chaque orifice d'échappement est défini un siège 7 pour la
tête 5 de la soupape d'échappement associée. Sur les dessins, les tiges 4 sont représentées
verticales, ainsi que l'axe X-X du cylindre.
[0014] Chaque tige 4 porte à son extrémité supérieure, à l'extérieur de la culasse, une
plaque ou coupelle 8. Un ressort hélicoïdal de rappel 9 est comprimé entre cette plaque
et la face supérieure 10 de la culasse, afin de rappeler la soupape vers une position
de fermeture dans laquelle la tête 5 est appliquée sur son siège 7.
[0015] On a encore représenté très schématiquement sur la figure 1 :
- le vilebrequin 11 du moteur, lequel entraîne de façon synchronisée l'arbre à cames
12 et le piston 3 ;
- le démarreur électrique (ou, en variante, pneumatique) 13 du moteur, adapté pour entrainer
en rotation le vilebrequin ;
- une tige de culbuteur 14 dont l'extrémité inférieure est en appui sur la came associée
15 de l'arbre à cames ;
- un basculeur 16 monté oscillant sur un arbre 17 solidaire de la culasse. Un bras 18
du basculeur est au contact de l'extrémité supérieure de la tige 14, tandis que son
autre bras 19 comporte un perçage taraudé 20 dans lequel est vissée une vis de réglage
21 ; et
- un pontet 22 dont les extrémités sont en appui sur les extrémités supérieures des
tiges de soupape 4, respectivement, et dont la région médiane porte un bossage supérieur
23 maintenu au contact de la vis 21 par les ressorts de rappel 9.
[0016] La figure 2 montre schématiquement comment le moteur 2 est modifié pour résoudre
le problème des éventuelles ingestions d'eau par un ou plusieurs cylindres, en l'occurrence
le cylindre représenté. Le moteur modifié porte la référence 102.
[0017] Le moteur 102 comporte un couvre-culasse 24 solidaire de la culasse et traversé par
un manchon taraudé 25 solidaire du couvre-culasse. Dans ce manchon est vissée une
vis-pointeau 26 dont l'extrémité inférieure, intérieure au couvre-culasse, se trouve
en regard de la tête supérieure de la vis de réglage 21. L'extrémité supérieure de
la vis-pointeau 26, extérieure au couvre-culasse, porte une tête d'entrainement en
rotation, dans cet exemple une tige radiale 27 à actionnement manuel.
[0018] Le moteur 102 est complété par un capteur 28 de la vitesse de rotation de l'arbre
à cames en fonction de sa phase angulaire, et par un dispositif 29 d'entrainement
du démarreur 13 en mode « virage lent », c'est-à-dire d'entrainement du vilebrequin
à vitesse très lente. On entend par une vitesse très lente, une vitesse de rotation
très inférieure à la vitesse minimale de fonctionnement du moteur 102, par exemple
comprise entre 0,5 et 5 tours par minute. Dans l'exemple décrit ici, le dispositif
29 est adapté pour entraîner le vilebrequin à l'une ou l'autre de deux vitesses lentes,
la première de l'ordre de 1 tour par minute pour la détection de l'eau, la seconde
de l'ordre de 5 tours par minute pour l'évacuation de l'eau du cylindre, comme ceci
sera décrit plus loin.
[0019] Le dispositif 29 peut être commandé indépendamment du capteur 28, par exemple manuellement
comme schématisé par un bouton d'actionnement 30.
[0020] Le moteur 102 fonctionne de la manière suivante.
[0021] En condition normale de fonctionnement, la vis-pointeau 26 est dévissée de manière
à être espacée de la vis de réglage 21 quelle que soit la position du basculeur 16
(figure 2). Le capteur 28 et le dispositif de commande 29 sont désactivés.
[0022] Lorsqu'il existe une condition où le risque d'ingestion d'eau dans le cylindre peut
se produire, par exemple après une plongée du sous-marin à faible profondeur avec
son moteur 102 à l'arrêt, on procède aux étapes suivantes :
- (a) On active le capteur 28,
- (b) Au moyen du bouton 30, on actionne manuellement le dispositif 29, lequel provoque
le fonctionnement du démarreur 13 en mode « virage lent » sur au moins un tour du
vilebrequin, à la première vitesse lente précitée.
- (c) Pendant ce virage lent, le capteur 28 mesure la vitesse de rotation de l'arbre
à cames (ou en variante, du vilebrequin) en fonction de la phase angulaire de celui-ci,
et compare cette vitesse de rotation à une valeur normale.
- (d) Si, pour une phase donnée, correspondant à une position du piston 3 voisine de
son point mort haut, la vitesse de rotation diminue substantiellement par rapport
à la valeur normale, ceci est l'indice d'un « point dur » qui peut être dû à la présence
d'eau dans le cylindre, au-dessus du piston, cette eau ayant pénétré par le collecteur
d'échappement 6.
- (e) Le capteur 28 déclenche alors une alarme, et l'opérateur effectue les deux opérations
suivantes, illustrées sur la figure 3.
- (f) Il fait tourner le levier 27 sur un angle prédéterminé (flèche F de la figure
3). Ceci amène l'extrémité inférieure de la vis 26 au contact de la tête de la vis
21, puis repousse celle-ci vers le bas. Cet effort se transmet au bossage 23 du pontet
22, lequel repousse vers le bas les deux soupapes d'échappement. Les têtes 5 des deux
soupapes se décollent ainsi de leurs sièges 7, avec un écartement suffisamment faible
pour ne pas interférer avec le piston 3 lorsque celui-ci se trouve à son point mort
haut (jeu i de la figure 3).
- (g) Puis l'opérateur, au moyen du bouton 30, actionne le dispositif 29, lequel, provoque
le fonctionnement du démarreur 13 en mode « virage lent » sur au moins un tour du
vilebrequin, à la seconde vitesse lente précitée.
[0023] A l'issue de ce virage lent, on est assuré que suffisamment d'eau a été chassée du
cylindre, via le collecteur d'échappement 6 (flèches
f de la figure 3) pour que, par la suite, aucun volume d'eau ne soit comprimé par la
montée du piston.
[0024] Plusieurs variantes peuvent être envisagées :
- (1) Le moteur 102 peut être équipé d'un moteur électrique ou pneumatique spécifique,
différent du démarreur 13, pour provoquer le virage lent expliqué ci-dessus.
- (2) Le dispositif 29 peut être commandé par le capteur 28 pour déclencher automatiquement
le virage lent lorsqu'un « point dur » est détecté. Il peut également être actionné
par un automate programmé.
- (3) Le virage lent peut être réalisé de façon manuelle, grâce par exemple à un système
à clé à cliquet prévu sur le moteur 102, schématisé en 31 sur la figure 3.
- (4) Le système 24 à 27 d'ouverture forcée des soupapes peut être disposé sur au moins
une soupape quelconque existante du moteur thermique 102, par exemple sur une ou deux
soupapes d'admission.
- (5) La détection de la présence d'eau dans le cylindre peut s'effectuer de façon manuelle
en constatant la présence d'eau sur la purge du collecteur d'échappement.
- (6) Le poussoir manuel 25 à 27 peut être remplacé par un vérin automatisé commandé
par un actionneur électrique.
1. Moteur thermique, du type comprenant un arbre à cames (12), un cylindre muni d'une
culasse (1), au moins une soupape (4, 5) mobile à travers une ouverture de la culasse
et commandée par la rotation de l'arbre à cames via une tringlerie (14, 16, 22), et
des moyens de rappel élastique (9) de la soupape vers une position de fermeture dans
laquelle la tête (5) de la soupape est appliquée sur un siège (7) de la culasse,
caractérisé en ce qu'il comprend :
- un support (24) solidaire de la culasse (1) ;
- un poussoir (26) mobile par rapport à ce support entre une position de repos, dans
laquelle le poussoir est éloigné de la tringlerie (14, 16, 22) lorsque la soupape
(4, 5) se trouve dans sa position de fermeture, et une position active dans laquelle
le poussoir repousse la soupape sur une distance prédéterminée à l'encontre desdits
moyens de rappel (9) en provoquant le soulèvement de la tête (5) de la soupape par
rapport au siège (7) ; et
- des moyens de virage lent (28 à 30, 13) pour entrainer à au moins une vitesse très
lente le moteur thermique (102) sur au moins un tour complet ;
- des moyens (28) de mesure d'une grandeur représentative de la présence d'eau dans
le cylindre pendant une première opération de virage lent du moteur thermique (102).
2. Moteur thermique selon la revendication 1, caractérisé en ce que le poussoir (26), en position active, coopère avec un organe (21) de réglage du jeu
de la soupape (4, 5), cet organe de réglage étant prévu sur la tringlerie (14, 16,
22).
3. Moteur thermique selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le poussoir (26) est une tige filetée vissée dans un écrou (25) fixé dans une ouverture
dudit support (24), la tige filetée (26) étant munie d'une tête (27) d'entrainement
en rotation située à l'extérieur du support (24).
4. Moteur thermique suivant la revendication 3, caractérisé en ce que les moyens de virage lent (28 à 30, 13) sont adaptés pour entrainer le moteur thermique
(102) sur au moins un tour complet à l'une ou l'autre de deux vitesses très lentes.
5. Moteur thermique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que les moyens de virage lent comprennent des moyens (31) d'entrainement manuel en rotation
du moteur thermique (102).
6. Moteur thermique suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que les moyens de virage lent comprennent un moteur électrique ou pneumatique (13) d'entrainement
en rotation du moteur thermique (102).
7. Moteur thermique suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que les moyens de mesure (28) d'une grandeur représentative de la présence d'eau dans
le cylindre sont adaptés pour déclencher une seconde opération du virage lent du moteur
thermique (102).
8. Moteur thermique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que le moteur thermique (102) est un moteur diesel.
9. Véhicule, notamment sous-marin, caractérisé en ce qu'il comprend au moins un moteur thermique (102) suivant l'une quelconque des revendications
précédentes.