[0001] L'invention a trait au domaine de la mise à forme de flans de tôle en vue de former
des emboutis, notamment des éléments de carrosserie de véhicule automobile.
[0002] Un embouti est une pièce en tôle métallique en cours de fabrication par emboutissage.
[0003] Le processus classique de mise à forme d'un élément de carrosserie de véhicule comprend
les étapes suivantes :
- l'emboutissage d'un flan de tôle en vue de lui donner sa forme générale, le résultat
étant désigné par le terme embouti ;
- le détourage, consistant à découper au moyen de bords saillants, à la manière d'une
cisaille, les bords superflus de l'embouti produit par l'étape d'emboutissage ; et
- le tombage de bords et/ou l'ajourage, le tombage consistant à rabattre un ou plusieurs
bords de l'embouti par déplacement d'une ou plusieurs lames, et l'ajourage consistant
à réaliser un ou plusieurs ajours dans l'embouti au moyen d'un ou plusieurs poinçons.
[0004] Pour certaines applications, il est connu de réaliser plusieurs emboutis en une seule
étape d'emboutissage. C'est notamment le cas dans le domaine des carrosseries de véhicule
automobile comprenant de nombreuses pièces symétriques. Après emboutissage, les emboutis
sont ensuite séparés les uns des autres par l'opération de détourage. Les emboutis
doivent ensuite être manipulés séparément pour les opérations suivantes, comme notamment
celles de tombage et d'ajourage. Le gain de rendement procuré par l'emboutissage de
plusieurs emboutis dans un seul flan de tôle est ainsi limité à l'étape d'emboutissage.
[0005] Le document de brevet publié
EP 0 962 269 B1 divulgue un procédé de fabrication de collerettes pour palier lisse. Le procédé comprend
une découpe d'un flan de tôle de manière à détourer des portions de tôle destinées
à former les collerettes. Ces portions de tôle restent attachées au flan de tôle au
moyen de pattes de liaison aptes à se déformer en traction. Les portions en question
sont ensuite embouties suivant plusieurs passes tout en restant attachées au flan
de tôle. Les pattes déformables permettent par leur déformation de compenser les modifications
de forme par les opérations d'emboutissage. Les collerettes sont ensuite détachées
des pattes déformables du flan de tôle. Ce procédé est intéressant pour réaliser en
série des emboutis de taille limitée et de forme non complexe. Il n'est pas adapté
à la réalisation d'emboutis de plus grande taille et/ou de plus grande complexité
pouvant nécessiter des opérations de détourage après emboutissage. Il n'apporte par
conséquent pas de solution au problème de recherche de gain de productivité pour la
réalisation d'emboutis suivant les étapes susmentionnées.
[0006] Le document de brevet publié
FR 1 579 324 a trait, similairement au document précédent, à un procédé de réalisation de pièces
par emboutissage à partir d'un flan de tôle. Cet enseignement cherche à diminuer les
pertes de matière entourant les pièces à réaliser. Pour ce faire, il prévoit de découper
les pièces sur une partie seulement de leur périphérie, suivant un diamètre correspondant
à la partie utile. Les découpes sont faites selon plusieurs rangées de pièces disposées
en quinconce. Les pièces, une fois partiellement découpées, sont reliées au flan de
tôle ou entre elles par des pattes de liaison déformables. Similairement au document
précédent, ces pattes de liaison permettent par leur déformabilité de compenser les
variations de forme des pièces lors des passes d'emboutissage. Ainsi, similairement,
cet enseignement n'apporte pas de solution au problème de recherche de gain de productivité
pour la réalisation d'emboutis suivant les étapes susmentionnées.
[0007] L'invention pour objectif de pallier au moins un des inconvénients de l'état de la
technique. Plus particulièrement, l'invention a pour objectif de procurer un gain
de productivité au procédé de fabrication d'emboutis tels que des éléments de carrosserie
automobile.
[0008] L'invention a pour objet un procédé de mise à forme d'un flan de tôle, comprenant
les étapes suivantes: emboutissage du flan de tôle de manière à former au moins deux
emboutis ; détourage des emboutis ; tombage d'au moins un bord de chacun des emboutis
; remarquable en ce que les étapes d'emboutissage et de détourage comprennent la formation
dans le flan d'au moins une patte de liaison entre les emboutis ; et l'étape de tombage
comprend la séparation de la ou des pattes de liaison de chacun des emboutis.
[0009] Lors de l'étape d'emboutissage, il peut en effet être nécessaire de prévoir suffisamment
de place et de matière entre les emboutis pour y découper ensuite les pattes de liaison
lors de l'étape de détourage.
[0010] Selon un mode avantageux de l'invention, le procédé comprend une étape d'affaiblissement
de la liaison entre la ou chacune des pattes de liaison et chacun des emboutis, l'affaiblissement
favorisant la séparation de la ou des pattes de chacun des emboutis.
[0011] Selon un mode avantageux de l'invention, l'étape d'affaiblissement comprend la formation
d'empreintes sur une des faces de la ou de chacune des pattes de liaison, lesdites
empreintes s'étendant préférentiellement depuis un bord longitudinal de la ou chacune
des pattes de liaison jusqu'à un bord longitudinal opposé de ladite patte.
[0012] Selon un mode avantageux de l'invention, chacune des empreintes est au moins essentiellement
alignée avec un bord d'un des emboutis, ledit bord étant formé par l'opération de
détourage.
[0013] Selon un mode avantageux de l'invention, la formation des empreintes consiste à déformer
plastiquement par compression la matière de la ou des pattes de liaison, chacune des
empreintes présentant préférentiellement une section généralement en V.
[0014] Selon un mode avantageux de l'invention, la déformation plastique par compression
de la matière de la ou des pattes de liaison lors de la formation de la ou les empreintes
est comprise entre 50% et 100%, préférentiellement entre 70% et 100% de l'épaisseur
de la ou chacune des pattes multipliée par l'allongement à la rupture du matériau
de la ou des pattes. L'allongement à la rupture est exprimé en fraction, c'est-à-dire
par un nombre décimal compris entre 0 et 1.
[0015] Selon un mode avantageux de l'invention, l'étape d'affaiblissement comprend l'utilisation
d'un poinçon comprenant préférentiellement un bord de contact de section pointue et/ou
de profil courbe, préférentiellement circulaire.
[0016] Selon un mode avantageux de l'invention, la ou chacune des pattes de liaison comprend
au moins une encoche à un bord, préférentiellement deux encoches opposées et à deux
bords longitudinaux opposés, respectivement, ladite ou lesdites encoches étant aptes
à coopérer avec un ou plusieurs doigts de centrage et de retenue de ladite ou desdites
pattes.
[0017] Selon un mode avantageux de l'invention, la ou les encoches de la ou chacune des
pattes de liaison est/sont située(s) à une portion centrale de ladite patte.
[0018] Selon un mode avantageux de l'invention, le procédé comprend une étape de déplacement
des emboutis reliés entre eux par la ou les pattes de liaison entre l'étape de détourage
et l'étape de tombage.
[0019] L'invention peut également avoir pour objet un outillage de mise à forme d'un flan
de tôle en vue de former des emboutis, l'outillage étant configuré pour pouvoir mettre
en oeuvre le procédé de l'invention.
[0020] L'invention peut également avoir pour objet un élément de carrosserie de véhicule
obtenu par le procédé de l'invention.
[0021] L'invention peut également avoir pour objet un véhicule automobile dont au moins
un élément de carrosserie est obtenu par le procédé de l'invention.
[0022] Les mesures de l'invention sont intéressantes en ce qu'elles procurent un gain substantiel
de productivité. En effet, la ou les pattes de liaison facilitent grandement les opérations
de transfert des emboutis depuis un poste de travail à un autre. C'est notamment le
cas lorsqu'ils sont transférés du poste de détourage au poste de tombage de bords.
De plus, les pattes de liaison sont particulièrement intéressantes en ce qu'elles
peuvent être séparées des emboutis lors de l'opération de tombage.
[0023] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention seront mieux compris
à l'aide de la description et des dessins parmi lesquels :
- La figure 1 est une représentation d'un flan de tôle après emboutissage et détourage
suivant le procédé de l'invention où deux emboutis sont formés et reliés entre eux
par des pattes de liaison ;
- La figure 2 est une représentation d'un poinçon apte à former des empreintes sur les
pattes de liaison ;
- La figure 3 est une vue schématique en coupe d'une des pattes de liaison au niveau
de l'empreinte ;
- La figure 4 est une vue d'une patte de liaison positionnée au moyen de doigts de centrage
pour une opération de tombage d'un bord des emboutis ;
- La figure 5 correspond essentiellement à la figure 4 et montre des portions de lames
de tombage rabattant les bords des emboutis et détachant la patte de liaison ;
- La figure 6 est une vue de dessous de la configuration de la figure 5.
[0024] La figure 1 illustre un flan de tôle 2 suite à une opération d'emboutissage et une
opération de détourage conformes à l'invention. L'opération d'emboutissage a consisté
à former les deux emboutis 4 et 6. En l'occurrence ces emboutis sont symétriques.
L'opération d'emboutissage en tant que telle est classique et bien connue de l'homme
de métier. Elle a toutefois ici la particularité de prévoir des portions de tôle en
vue de former les pattes de liaison 8 et 10 entre les emboutis. L'opération de détourage,
postérieure à l'opération d'emboutissage, est également classique et bien connue de
l'homme de métier à cette différence près qu'elle va, en outre, former les pattes
de liaison 8 et 10. En effet le détourage consiste à découper les portions de tôle
superflues situées autour des emboutis 4 et 6. Le détourage va toutefois réserver
les portions de tôle correspondant aux pattes 8 et 10 afin d'assurer une liaison mécanique
entre les deux emboutis 4 et 6.
[0025] Les pattes de liaisons 8 et 10 sont situées au niveau des bords 4
1 et 6
1 des emboutis 4 et 6, respectivement. Ces bords 4
1 et 6
1 sont en effet en vis-à-vis et permettent ainsi aux pattes 8 et 10 d'assurer une liaison.
[0026] Comme cela est visible à la portion agrandie de la figure 1, chacune des pattes 8
et 10 est généralement rectiligne et comprend, à une zone centrale, une portion de
centrage et de retenue dont la fonctionnalité sera détaillée en relation avec les
figures 4 à 6. La portion de centrage et de retenue comprend deux encoches 14 et 16
formées sur des bords longitudinaux opposés de la patte 8 ou 10. Ces encoches sont
ainsi généralement opposées. Elles sont préférentiellement circulaires ou du moins
courbes de manière à permettre à des doigts ou pions de centrage et de retenue de
coopérer aisément et de manière précise par engagement avec les encoches en question.
[0027] On peut également observer à la portion agrandie de la figure 1 que la patte de liaison
8 ou 10 comprend un entaille 12 à chaque extrémité. Ces entailles 12 s'étendent essentiellement
depuis un bord longitudinal jusqu'au bord longitudinal opposé. Elles peuvent présenter
un profil essentiellement rectiligne ou encore généralement courbe suivant un profil
concave lorsqu'il est considéré depuis la portion de centrage et de retenue de la
patte de liaison. Elles peuvent s'étendre essentiellement dans l'alignement du bord
4
1 ou 6
1 correspondant. Ces empreintes 12 sont en fait conçues pour affaiblir la tôle au niveau
de la liaison entre la patte 8 ou 10 et l'embouti 4 ou 6, respectivement. Elles peuvent
être réalisées au moyen d'un poinçon déformant plastiquement par compression la tôle.
[0028] La figure 2 illustre un poinçon 20 configuré pour former les empreintes 12 visibles
à la figure 1. Le poinçon 20 comprend un corps 20
1 et un bord 20
2 destiné à contacter la tôle en vue de la formation des empreintes. Ce bord 20
2 est en l'occurrence circulaire et présente une section en forme de pointe. L'opération
de réalisation des empreintes 12 (figure 1) peut ainsi être réalisée avant ou directement
après le détourage, sans déplacement du flan de tôle sur un poste de travail spécifique.
[0029] La déformation par compression lors de la réalisation des empreintes est illustrée
de manière schématique à la figure 3. Le bord pointu 20
2 du poinçon est illustré par une forme triangulaire pénétrant partiellement sur une
distance d l'épaisseur e de la tôle du flan 2. La distance d peut avantageusement
être comprise entre 50% et 100%, préférentiellement entre 70% et 100%, de l'allongement
à la rupture de la tôle sur son l'épaisseur. Le matériau métallique de la tôle présente
un allongement à la rupture exprimé en %, cet allongement étant couramment désigné
par la lettre A. L'allongement à la rupture de la tôle sur son épaisseur peut ainsi
être calculé comme étant l'allongement à la rupture du matériau exprimé par un nombre
décimal compris entre 0 et 1, multiplié par l'épaisseur de la tôle, soit comme
Axe. De cette manière, la matière au niveau de la liaison entre la patte et l'embouti
est fortement affaiblie. A titre d'exemple, dans le cas d'une tôle en acier présentant
un allongement à la rupture A de 37% et une épaisseur e de 1.5mm, la profondeur de
l'empreinte d pourra être de maximum 0.55mm.
[0030] Les figures 4 à 6 illustrent l'opération de tombage des bords 4
1 et 6
1. Pour cette opération le flan de tôle 2 pourra être transféré vers un poste de travail
spécifique.
[0031] Les pattes de liaison 8 et 10 présentent l'avantage de faciliter la manipulation
du flan de tôle lors de ce transfert. A cet effet, deux doigts de centrage et de retenue
22 et 24 coopèrent avec les encoches 14 et 16, respectivement. Cela permet de positionner
de manière précise les deux emboutis 4 et 6 pour l'opération de tombage des bords
4
1 et 6
1.
[0032] Les figures 5 et 6 illustrent l'opération de tombage proprement dite des bords 4
1 et 6
1. Durant cette opération des lames de tombage 26 et 28, qui ne sont que partiellement
représentées pour des raisons de clarté d'exposé de l'invention, se déplacent essentiellement
en translation perpendiculairement au plan moyen des emboutis de manière à rabattre
les bords 4
1 et 6
1. Ce mouvement est généralement vertical de haut en bas aux figures 5 et 6. Les portions
de tôle des emboutis 4 et 6 qui forment les bords 4
1 et 6
1 sont ainsi rabattues essentiellement vers le bas et sont éloignées par ce mouvement
des pattes de liaison 8 et 10. Ces dernières sont maintenues en place grâce aux doigts
de centrage et de retenue 22 et 24. Les bords 4
1 et 6
1 se détachent ainsi des pattes 8 et 10 au niveau des empreintes 12. En effet, ces
empreintes 12 forment des zones d'affaiblissement qui favorisent l'arrachement et
la séparation des pattes en question. Afin d'éviter des déséquilibres d'effort exercés
sur les pattes, il peut être préférable que les lames 26 et 28 se déplacent de manière
symétrique et correspondante.
[0033] Le procédé qui vient d'être décrit permet ainsi de réaliser plusieurs emboutis notamment
similaires, identiques et/ou symétriques, et ce de manière optimisée. Les pattes de
liaison facilitent grandement les opérations de transfert de poste de travail et peuvent
être détachées lors du tombage sans requérir d'opération spécifique de séparation.
[0034] Le procédé qui vient d'être décrit comprend deux emboutis et deux pattes de liaison.
Le nombre de pattes de liaison ainsi que celui d'emboutis peut bien sûr varier.
1. Procédé de mise à forme d'un flan de tôle (2), comprenant les étapes suivantes :
- emboutissage du flan de tôle (2) de manière à former au moins deux emboutis (4,
6) ;
- détourage des emboutis (4, 6) ;
- tombage d'au moins un bord (41, 61) de chacun des emboutis (4, 6) ;
caractérisé en ce que
les étapes d'emboutissage et de détourage comprennent la formation dans le flan (2)
d'au moins une patte de liaison (8, 10) entre les emboutis (4, 6) ; et l'étape de
tombage comprend la séparation de la ou des pattes de liaison (8, 10) de chacun des
emboutis (4, 6).
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend une étape d'affaiblissement de la liaison entre la ou chacune des pattes
de liaison (8, 10) et chacun des emboutis (4, 6), l'affaiblissement favorisant la
séparation de la ou des pattes (8, 10) de chacun des emboutis (4, 6).
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'étape d'affaiblissement comprend la formation d'empreintes (12) sur une des faces
de la ou de chacune des pattes de liaison (8, 10), lesdites empreintes (12) s'étendant
préférentiellement depuis un bord longitudinal de la patte (8, 10) jusqu'à un bord
longitudinal opposé de ladite patte.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que chacune des empreintes (12) est au moins essentiellement alignée avec un bord (41, 61) d'un des emboutis (4, 6), ledit bord étant formé par l'opération de détourage.
5. Procédé selon l'une des revendications 3 et 4, caractérisé en ce que la formation des empreintes (12) consiste à déformer plastiquement par compression
la matière de la ou des pattes de liaison (8, 10), chacune des empreintes présentant
préférentiellement une section généralement en V.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que la déformation plastique par compression de la matière de la ou des pattes de liaison
(8, 10) lors de la formation des empreintes est comprise entre 50% et 100%, préférentiellement
entre 70% et 100% de l'épaisseur de la ou chacune des pattes multipliée par l'allongement
à la rupture du matériau de la ou des pattes.
7. Procédé selon l'une des revendications 3 à 6, caractérisé en ce que l'étape d'affaiblissement comprend l'utilisation d'un poinçon (20) comprenant préférentiellement
un bord de contact (202) de section pointue et/ou de profil courbe, préférentiellement circulaire.
8. Procédé selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que la ou chacune des pattes de liaison (8, 10) comprend au moins une encoche (14, 16)
à un bord, préférentiellement deux encoches opposées et à deux bords longitudinaux
opposés, respectivement, ladite ou lesdites encoches (14, 16) étant aptes à coopérer
avec un ou plusieurs doigts de centrage et de retenue (22, 24) de ladite ou desdites
pattes (8, 10).
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que la ou les encoches (14, 16) de la ou de chacune des pattes (8, 10) est/sont située(s)
à une portion centrale de ladite patte.
10. Procédé selon l'une des revendications 1 à 9, caractérisé en ce qu'il comprend une étape de déplacement des emboutis (4, 6) reliés entre eux par la ou
les pattes de liaison (8, 10) entre l'étape de détourage et l'étape de tombage.