[0001] La présente invention concerne un nouveau procédé de conversion d'une charge lourde
d'hydrocarbures, notamment issue de la distillation atmosphérique ou de la distillation
sous-vide de pétrole brut.
[0002] Il est connu que les performances des procédés de valorisation et de conversion se
heurtent généralement à des limitations qui sont principalement liées à la présence
de structures moléculaires dites réfractaires. En effet, ces structures moléculaires
(hétéro-éléments, molécules polyaromatiques et molécules polaires présentes dans les
résines et les asphaltènes) sont responsables de la formation de sédiments provoquant
un bouchage des équipements des unités d'hydroconversion de charges lourdes et par
voie de conséquence nuit à l'opérabilité de l'ensemble du procédé par des arrêts fréquents
lors du fonctionnement de ces équipements.
[0003] Aussi, afin de réduire la fréquence des arrêts de fonctionnement, les unités d'hydroconversion
de charges lourdes sont souvent mises en oeuvre dans des conditions opératoires plus
douces, limitant par conséquent le taux de conversion et donc leur rentabilité.
[0004] Afin de se libérer de ces contraintes, une étape de prétraitement en amont de l'unité
d'hydroconversion est souvent requise permettant ainsi d'éliminer les structures les
plus réfractaires, non seulement difficiles, mais également essentiellement précurseurs
de sédiments. Ces étapes de prétraitement bien connues de l'homme du métier, peuvent
être de manière non exhaustive un procédé de viscoréduction, d'hydroviscoréduction,
de cokéfaction ou une unité de désasphaltage (appelé dans la suite du texte SDA classique
ou conventionnel).
[0005] Le principe du désasphaltage repose sur une séparation par précipitation d'un résidu
pétrolier en deux phases: i) une phase dite "huile désasphaltée", encore appelée "matrice
huile" ou "phase huile" ou DAO (De-Asphalted Oil selon la terminologie anglo-saxonne);
et ii) une phase dite "asphalte" ou parfois "pitch" (selon la terminologie anglo-saxonne)
contenant entre autres les structures moléculaires réfractaires.
[0006] Le brevet
FR 2.906.814 de la demanderesse décrit un procédé comprenant l'enchaînement d'une étape de désasphaltage
classique produisant une huile désasphaltée, une étape d'hydroconversion réalisée
sur ladite huile désasphaltée pour produire un effluent, et une étape de distillation
dudit effluent pour produire un résidu qui est renvoyé avec la charge à l'étape de
désasphaltage classique.
[0007] Ce brevet décrit un désasphaltage classique qui, de par son principe, souffre d'une
limitation du rendement en huile désasphaltée DAO qui augmente avec le poids moléculaire
du solvant (jusqu'au solvant C6/C7), puis plafonne à un seuil propre à chaque charge
et chaque solvant.
[0008] Par ailleurs, le désasphaltage classique souffre d'une sélectivité très faible entrainant
l"extraction d'une huile désasphaltée de « surqualité ». En effet, une bonne partie
des structures moléculaires encore valorisables restent contenues dans la fraction
asphalte.
[0009] Un des objectifs de la présente invention est de maximiser au mieux le rendement
en huile désasphaltée envoyée dans l'unité de lit bouillonnant tout en se plaçant
à la limite d'opérabilité de l'unité de lit bouillonnant, c'est-à-dire à la limite
des spécifications en termes de teneur en asphaltènes C7 présents dans la charge entrant
dans l'unité de lit bouillonnant.
[0010] La présente invention vise à augmenter le niveau de conversion de la charge valorisable
tout en minimisant la formation des sédiments dans les unités d'hydroconversion, afin
d'en limiter les arrêts fréquents et donc l'opérabilité.
[0011] La demanderesse dans ses recherches a mis au point un nouveau procédé de conversion
d'une charge lourde d'hydrocarbures permettant de pallier les inconvénients précités,
par l'intégration d'au moins une étape de désasphaltage sélectif permettant de séparer
au moins une fraction asphalte, au moins une fraction d'huile désasphaltée. Il a été
constaté que la mise en oeuvre du procédé selon l'invention permettait d'améliorer
la flexibilité et l'opérabilité du schéma de conversion de la charge selon l'invention.
Objet de l'invention
[0012] La présente invention concerne un procédé de conversion d'une charge lourde d'hydrocarbures
ayant une température initiale d'ébullition d'au moins 300°C comprenant les étapes
suivantes :
- a) au moins une étape de désasphaltage sélectif de la charge lourde d'hydrocarbures
par extraction liquide/liquide permettant de séparer au moins une fraction asphalte,
au moins une fraction d'huile désasphaltée, au moins une desdites étapes de désasphaltage
étant réalisée au moyen d'un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un
solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire
du mélange de solvant étant ajustées selon les propriétés de la charge traitée et
selon le rendement en asphalte et/ou la qualité de l'huile désasphaltée souhaité (e)(s),
lesdites étapes de désasphaltage étant mises en oeuvre dans les conditions subcritiques
du mélange des solvants utilisé,
- b) une étape d'hydroconversion de la fraction huile désasphaltée en présence d'hydrogène
dans au moins un réacteur triphasique, ledit réacteur contenant au moins un catalyseur
d'hydroconversion et fonctionnant en lit bouillonnant, à courant ascendant de liquide
et de gaz et comportant au moins un moyen de soutirage dudit catalyseur hors dudit
réacteur et au moins un moyen d'appoint de catalyseur frais dans ledit réacteur, dans
des conditions permettant d'obtenir un effluent comprenant une fraction gazeuse contenant
majoritairement les composés H2 et H2S, et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote,
- c) une étape de séparation de l'effluent issu de l'étape b) pour obtenir une fraction
gazeuse contenant majoritairement les composés H2 et H2S et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote.
[0013] Avantageusement, le procédé selon l'invention comprend en outre une étape d) de séparation
de la fraction liquide issue de l'étape c) en une fraction liquide légère bouillant
à une température inférieure à 360°C et une fraction liquide lourde bouillant à une
température supérieure à 360°C.
[0014] Avantageusement selon l'invention, l'étape b) d'hydroconversion opère sous une pression
absolue comprise entre 2 et 35 MPa, à une température comprise entre 300 et 550°C,
à une vitesse spatiale horaire (VVH) comprise entre 0,1 h
-1 et 10 h
-1 et sous une quantité d'hydrogène mélangée à la charge comprise entre 50 et 5000 normaux
mètres cube (Nm3) par mètre cube (m3) de charge liquide.
[0015] Avantageusement selon l'invention, le catalyseur d'hydroconversion est un catalyseur
comprenant un support alumine et au moins un métal du groupe VIII choisi parmi le
nickel et le cobalt, ledit élément du groupe VIII étant utilisé en association avec
au moins un métal du groupe VIB choisi parmi le molybdène et le tungstène.
[0016] Avantageusement selon l'invention, le solvant polaire utilisé à l'étape a) de désasphaltage
est choisi parmi les solvants aromatiques purs ou napthéno-aromatiques, les solvants
polaires comportant des hétéro-éléments, ou leur mélange ou des coupes riches en aromatiques
telles des coupes issues du FCC (Fluid Catalytic Cracking), des coupes dérivées du
charbon, de la biomasse ou de mélange biomasse/charbon.
[0017] Avantageusement selon l'invention, le solvant apolaire utilisé à l'étape a) de désasphaltage
comprend un solvant composé d'hydrocarbure saturé comprenant un nombre d'atomes de
carbone supérieur ou égal à 2, de préférence compris entre 2 et 9.
[0018] Avantageusement selon l'invention, l'étape a) est mise en oeuvre avec un rapport
de volume du mélange de solvants polaire et apolaire sur la masse de la charge compris
entre 1/1 et 10/1 exprimé en litres par kilogrammes.
[0019] Avantageusement selon l'invention, la charge est du pétrole brut ou une charge issue
de la distillation atmosphérique ou de la distillation sous-vide de pétrole brut,
ou une fraction résiduelle issue de la liquéfaction directe de charbon ou encore un
distillat sous-vide ou encore une fraction résiduelle issue de la liquéfaction directe
de la biomasse ligno-cellulosique seule ou en mélange avec du charbon et/ou une fraction
pétrolière résiduelle.
[0020] Le procédé selon l'invention présente l'avantage de maximiser le rendement en huile
désasphaltée envoyée dans l'unité d'hydroconversion en se plaçant au plus proche des
spécifications limitantes de ladite unité à savoir la teneur en asphaltènes. Le procédé
selon l'invention permet aussi d'améliorer la flexibilité du schéma de procédé en
permettant de traiter un panel de charges plus large, et par voie de conséquence sa
rentabilité.
Description détaillée de l'invention
La charge
[0021] La charge lourde d'hydrocarbures selon le procédé de l'invention est avantageusement
une charge lourde issue de la distillation atmosphérique ou de la distillation sous-vide
de pétrole brut, présentant typiquement des températures d'ébullition d'au moins 300
°C, de préférence supérieur à 450°C, et contenant des impuretés, notamment du soufre,
de l'azote et des métaux. La charge peut être du pétrole brut.
[0022] La charge selon le procédé de l'invention peut être d'origine pétrolière de type
résidu atmosphérique ou résidu sous-vide issu de brut dit conventionnel (degré API
>20°), lourd (degré API compris entre 10 et 20°) ou extra lourd (degré API<10°).
[0023] La charge peut provenir d'origine géographique et géochimique (type I, II, IIS ou
III) différentes, de degré de maturité et de biodégradation également différents.
[0024] La charge peut également être une fraction résiduelle issue de la liquéfaction directe
de charbon (résidu atmosphérique ou résidu sous-vide issu par exemple du procédé H-Coal
™) ou encore un distillat sous-vide H-Coal
™ ou encore une fraction résiduelle issue de la liquéfaction directe de la biomasse
ligno-cellulosique seule ou en mélange avec du charbon et/ou une fraction pétrolière
résiduelle.
[0025] Ce type de charge est généralement riche en impuretés avec des taux en métaux supérieurs
à 20 ppm, de préférence supérieurs à 100 ppm. La teneur en soufre est supérieure à
0,5%, préférentiellement supérieure à 1%, et de préférence supérieure à 2% poids.
Le taux d'asphaltènes C7 est avantageusement supérieur à 1%, de préférence le taux
d'asphaltènes C7 est compris entre 1 et 40% et de manière plus préférée entre 2 et
30% poids. Les asphaltènes C7 sont des composés connus pour inhiber la conversion
de coupes résiduelles, à la fois par leur aptitude à former des résidus hydrocarbonés
lourds, communément appelés coke, et par leur tendance à produire des sédiments qui
limitent fortement l'opérabilité des unités d'hydrotraitement et d'hydroconversion.
La teneur en carbone Conradson est supérieure à 5%, voire 35% poids. La teneur en
carbone Conradson est définie par la norme ASTM D 482 et représente pour l'homme du
métier une évaluation bien connue de la quantité de résidus de carbone produit après
une combustion sous des conditions standards de température et de pression.
Etape a) de désasphaltage sélectif de la charge lourde d'hydrocarbures
[0026] Conformément à l'étape a) du procédé selon l'invention, la charge subit au moins
une étape de désasphaltage sélectif par extraction liquide/liquide permettant de séparer
au moins une fraction asphalte, au moins une fraction d'huile désasphaltée, au moins
une desdites étapes de désasphaltage étant réalisée au moyen d'un mélange d'au moins
un solvant polaire et d'au moins un solvant apolaire, les proportions dudit solvant
polaire et dudit solvant apolaire du mélange de solvant étant ajustées selon les propriétés
de la charge traitée et selon le rendement en asphalte et/ou la qualité de l'huile
désasphaltée souhaité (e)(s), lesdites étapes de désasphaltage étant mises en oeuvre
dans les conditions subcritiques du mélange des solvants utilisé
[0027] Les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire du mélange de solvant
sont ajustées selon les propriétés de la charge traitée et selon le rendement en asphalte
et/ou la qualité de la DAO souhaité(e)(s).
[0028] Dans la suite du texte et dans ce qui précède, l'expression "mélange de solvants
selon l'invention" est entendue comme signifiant un mélange d'au moins un solvant
polaire et d'au moins un solvant apolaire selon l'invention.
[0029] Le désasphaltage sélectif mis en oeuvre dans l'étape a) permet d'aller plus loin
dans le maintien de la solubilisation dans la matrice huile de tout ou partie des
structures polaires des résines lourdes et des asphaltènes qui sont les principaux
constituants de la phase asphalte dans le cas du désasphaltage classique. L'invention
permet ainsi de choisir quels types de structures polaires restent solubilisées dans
la matrice huile. Par conséquent, le désasphaltage sélectif mis en oeuvre dans l'invention
permet de n'extraire sélectivement de la charge qu'une partie de cet asphalte, c'est
à dire les structures les plus polaires et les plus réfractaires dans les procédés
de conversion et de raffinage. Le procédé selon l'invention permet, grâce à des conditions
de désasphaltage spécifiques, une plus grande flexibilité dans le traitement des charges
en fonction de leur nature mais également en fonction de la qualité et/ou le rendement
en huile désasphaltée destinée à être traitée dans l'unité d'hydroconversion. Par
ailleurs, les conditions de désasphaltage selon l'invention permettent de s'affranchir
des limitations de rendement en huile désasphaltée DAO imposées par l'utilisation
de solvants paraffiniques.
[0030] L'asphalte extrait lors du désasphaltage selon l'invention correspond à l'asphalte
ultime composé essentiellement de structures moléculaires polyaromatiques et/ou hétéroatomiques
réfractaires en raffinage. Il en résulte un rendement en huile désasphaltée valorisable
amélioré.
[0031] L'étape a) de désasphaltage sélectif peut-être réalisée dans une colonne d'extraction,
ou dans un mélangeur-décanteur. De préférence, le mélange de solvants selon l'invention
est introduit dans une colonne d'extraction ou un mélangeur-décanteur, à deux niveaux
différents. De préférence, le mélange de solvants selon l'invention est introduit
dans une colonne d'extraction ou un mélangeur-décanteur, à un seul niveau d'introduction.
Cette étape est réalisée par extraction liquide/liquide en au moins une étape de désasphaltage,
de préférence en deux étapes de désasphaltage successives.
[0032] Selon l'invention, l'extraction liquide/liquide de(s) étape(s) de désasphaltage est
mise en oeuvre en conditions subcritiques pour le mélange de solvants utilisé, c'est-à-dire
à une température inférieure à la température critique du mélange de solvants. Lorsqu'un
seul solvant, de préférence un solvant apolaire, est mis en oeuvre, l'étape de désasphaltage
est mise en oeuvre en conditions subcritiques pour ledit solvant, c'est-à-dire à une
température inférieure à la température critique dudit solvant. La température d'extraction
est avantageusement comprise entre 50 et 350°C, de préférence entre 90 et 320°C, de
manière plus préférée entre 100 et 310°C, de manière encore plus préférée entre 120
et 310°C, de manière encore plus préférée entre 150 et 310°C et la pression est avantageusement
comprise entre 0,1 et 6 MPa, de préférence entre 2 et 6 MPa.
[0033] Le rapport de volume du mélange de solvants selon l'invention (volume de solvant
polaire + volume de solvant apolaire) sur la masse de charge est généralement compris
entre 1/1 et 10/1, de préférence entre 2/1 à 8/1 exprimé en litres par kilogrammes.
[0034] Avantageusement selon le procédé de l'invention, le point d'ébullition du solvant
polaire du mélange de solvants selon l'invention est supérieur au point d'ébullition
du solvant apolaire.
[0035] Le solvant polaire utilisé peut être choisi parmi les solvants aromatiques purs ou
napthéno-aromatiques, les solvants polaires comportant des hétéro-éléments, ou leur
mélange. Le solvant aromatique est avantageusement choisi parmi les hydrocarbures
monoaromatiques, de préférence le benzène, le toluène ou les xylènes seuls ou en mélange;
les diaromatiques ou polyaromatiques; les hydrocarbures naphténo-hydrocarbures aromatiques
tels que la tétraline ou l'indane; les hydrocarbures aromatiques hétéroatomiques (oxygénés,
azotés, soufrés) ou tout autre famille de composés présentant un caractère plus polaire
que les hydrocarbures saturés comme par exemple le diméthylsulfoxyde (DMSO), le diméthyl
le formamide (DMF), le tetrahydrofurane (THF). Le solvant polaire utilisé dans le
procédé selon l'invention peut être également une coupe riche en aromatiques. Les
coupes riches en aromatiques selon l'invention peuvent être par exemple des coupes
issues du FCC (Fluid Catalytic Cracking) telles que l'essence lourde ou le LCO (LCO
(light cycle oil). Citons également les coupes dérivées du charbon, de la biomasse
ou de mélange biomasse/charbon avec éventuellement une charge pétrolière résiduelle
après conversion thermochimique avec ou sans hydrogène, avec ou sans catalyseur. On
peut également utiliser des coupes pétrolières légères type naphta, de préférence
des coupes pétrolières légères type naphta straight-run. De manière préférée, le solvant
polaire utilisé est un hydrocarbure monoaromatique pur ou en mélange avec un autre
hydrocarbure aromatique.
[0036] Le solvant apolaire utilisé dans le procédé selon l'invention est de préférence un
solvant composé d'hydrocarbure(s) saturé(s) comprenant un nombre de carbone supérieur
ou égal à 2, de préférence compris entre 2 et 9. Ces solvants sont utilisés purs ou
en mélange (par exemple: mélange d'alcanes et /ou de cycloalcanes ou bien de coupes
pétrolières légères type naphta, de préférence des coupes pétrolières légères type
naphta straight-run).
[0037] Le choix des conditions de température et de pression de l'extraction selon l'invention
combiné au choix de la nature des solvants et au choix de la combinaison de solvants
apolaire et polaire dans au moins une des étapes de désasphaltage permettent d'ajuster
les performances du procédé selon l'invention pour accéder notamment à un domaine
de sélectivité jusque-là inaccessible avec le désasphaltage classique.
[0038] Dans le cas de la présente invention, l'optimisation de ces clefs de réglage (nature
des solvants, proportions relatives des solvants polaire et apolaire et conditions
subcritiques du solvant ou du mélange de solvant utilisé) permet de séparer la charge
en au moins deux fractions: une fraction asphalte dite ultime enrichie en impuretés
et en composés réfractaires à la valorisation, une fraction huile désasphaltée enrichie
en structures des résines et des asphaltènes les moins polaires non réfractaires.
De ce fait, il est possible d'imposer des conditions opératoires plus sévères dans
l'étape d'hydroconversion, et d'atteindre ainsi des niveaux de conversions supérieurs
tout en réduisant la fréquence des arrêts lors du fonctionnement des unités d'hydroconversion.
[0039] Avantageusement, la proportion de solvant polaire dans le mélange de solvant polaire
et de solvant apolaire est comprise entre 0,1 et 99,9% volume/volume, de préférence
entre 0,1 et 95%, de manière préférée entre 1 et 95%, de manière plus préférée entre
1 et 90%, de manière encore plus préférée entre 1 et 85%, et de manière très préférée
entre 1 et 80%.
[0040] La proportion de solvant polaire dans le mélange de solvant polaire et apolaire est
fonction de la nature de la charge lourde d'hydrocarbures, les structures moléculaires
composant ladite charge variant d'une charge à une autre. Toutes les charges ne présentent
pas un caractère réfractaire identique. Le taux d'asphalte à extraire n'est donc pas
forcément le même selon la nature de la charge.
[0041] La nature de la charge dépend également de son origine qui peut être pétrolière,
d'origine du charbon ou d'origine biomasse.
[0042] L'étape a) de désasphaltage sélectif présente l'avantage de permettre une amélioration
considérable du rendement total en huile désasphaltée DAO sur toute une gamme jusque-là
inexplorée par le désasphaltage classique. Pour une charge donnée dont le rendement
total en huile désasphaltée obtenu est plafonné à 75% (extraction au normal heptane),
le désasphaltage sélectif permet de couvrir par ajustement de la proportion solvant
polaire et de solvant apolaire, combiné aux conditions d'extraction, la gamme 75-99,9%
de rendement en huile désasphaltée.
[0043] Le rendement total en huile désasphaltée de l'étape a) est avantageusement compris
entre 50 et 99,9%, de préférence entre 75 et 99,9%, de manière plus préférée entre
80 et 99,9%.
[0044] Un autre avantage selon l'invention est de permettre, grâce au désasphaltage sélectif
selon l'étape a), la réduction de la fraction asphalte dont le rendement peut être
largement plus bas par rapport à une mise en oeuvre par désasphaltage classique, pour
une charge donnée. Selon le procédé selon l'invention, ce rendement est réduit à la
fourchette 0,1 à 30% en fonction du rapport solvant apolaire/polaire. Il est d'autant
plus réduit que la proportion en solvant polaire dans le mélange est élevée. En conséquence,
le domaine d'extraction de l'asphalte avec un rendement dans la gamme 0,1-50%, particulièrement
0,1-30%, de manière préférée 0,1-25%, de manière plus préférée 0,1-15% est désormais
couvert. Il est fonction de la sélectivité désirée pour une charge donnée ainsi que
de la nature de la charge. Ceci est un point d'intérêt sachant la valorisation de
l'asphalte (fraction pénalisante) constitue toujours une véritable limitation pour
les schémas incluant ce type de procédé. Selon le procédé de l'invention, l'étape
a) peut être réalisée en deux étapes. En effet, la nature du solvant et/ou la proportion
et/ou la polarité intrinsèque du solvant polaire dans le mélange de solvant peut être
ajustée suivant que l'on désire extraire l'asphalte lors d'une première étape de désasphaltage
ou lors d'une deuxième étape de désasphaltage.
[0045] Dans un premier mode de réalisation, l'étape a) du procédé selon l'invention est
mise en oeuvre dans une configuration dite de polarité décroissante, c'est-à-dire
que la polarité du mélange de solvants utilisé lors de la première étape de désasphaltage
est supérieure à celle du solvant ou mélange de solvants utilisé lors de la deuxième
étape de désasphaltage. Cette configuration permet d'extraire lors de la première
étape de désasphaltage une fraction de phase asphalte dite ultime et une fraction
d'huile désasphaltée complète dite DAO complète; deux fractions dites huile désasphaltée
lourde et huile désasphaltée légère étant extraites de la DAO complète lors de la
deuxième étape de désasphaltage.
[0046] Dans un second mode de réalisation, l'étape a) du procédé selon l'invention est mise
en oeuvre dans une configuration dite de polarité croissante, c'est-à-dire que la
polarité du solvant ou mélange de solvants utilisé lors de la première étape de désasphaltage
est inférieure à celle du mélange de solvants utilisé lors de la deuxième étape de
désasphaltage. Dans une telle configuration, on extrait lors de la première étape
une fraction d'huile désasphaltée dite légère et un effluent comprenant une phase
huile et une phase asphalte; ledit effluent étant soumis à une deuxième étape de désasphaltage
pour extraire une fraction de phase asphalte et une fraction d'huile désasphaltée
lourde dite DAO lourde.
Premier mode de réalisation
[0047] Selon ce mode de réalisation, le procédé selon l'invention comprend au moins :
a1) une première étape de désasphaltage sélectif comprenant la mise en contact de
la charge lourde d'hydrocarbures avec un mélange d'au moins un solvant polaire et
d'au moins un solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant
apolaire étant ajustées de manière à obtenir au moins une fraction de phase asphalte
et une fraction d'huile désasphaltée complète dite DAO complète; et
a2) une deuxième étape de désasphaltage comprenant la mise en contact de la fraction
d'huile désasphaltée complète dite DAO complète issue de l'étape a1) avec soit un
solvant apolaire soit un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un solvant
apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire dans le
mélange étant ajustées de manière à obtenir au moins une fraction d'huile désasphaltée
légère dite DAO légère et une fraction d' huile désasphaltée lourde dite DAO lourde,
dans lequel lesdites étapes de désasphaltage sont mises en oeuvre dans les conditions
subcritiques du solvant ou du mélange de solvants utilisé et dans lequel la fraction
d'huile désasphaltée lourde dite DAO lourde est envoyée dans l'étape b).
[0048] La première étape de désasphaltage permet ainsi d'extraire sélectivement et ce, de
manière optimale et adaptée à chaque charge, une fraction de phase asphalte dite ultime,
enrichie en impuretés et en composés réfractaires à la valorisation, tout en laissant
solubilisée dans la fraction huile désasphaltée complète dite DAO complète tout ou
partie des structures polaires des résines lourdes et des asphaltènes les moins polaires,
qui elles, ne sont pas réfractaires pour les étapes de conversion et raffinage en
aval. Ainsi, selon la proportion de solvant apolaire/polaire, le rendement en huile
désasphaltée DAO peut être considérablement amélioré et de fait le rendement en asphalte
considérablement minimisé. Ceci est un point d'intérêt sachant que la valorisation
de l'asphalte (fraction pénalisante) constitue toujours une véritable limitation pour
les schémas incluant ce type de procédé.
[0049] L'huile désasphaltée DAO complète issue de l'étape a1) avec au moins en partie le
mélange de solvants est de préférence soumise à au moins une étape de séparation dans
laquelle l'huile désasphaltée complète dite DAO complète est séparée d'au moins une
partie du mélange de solvants, ou au moins une étape de séparation dans laquelle l'huile
désasphaltée complète dite DAO complète est séparée uniquement du solvant apolaire
ou uniquement du solvant polaire, avant d'être envoyée dans l'étape a2).
[0050] Dans une variante du procédé, l'huile désasphaltée complète dite DAO complète issue
de l'étape a1) avec au moins en partie le mélange de solvants selon l'invention est
soumise à au moins deux étapes de séparation successives permettant de séparer individuellement
les solvants dans chaque étape. Ainsi, par exemple, dans une première étape de séparation
le solvant apolaire est séparé du mélange d'huile désasphaltée complète dite DAO complète
et de solvant polaire; et dans une deuxième étape de séparation le solvant polaire
est séparé de l'huile désasphaltée complète dite DAO complète.
[0051] Les étapes de séparation sont avantageusement réalisées dans des conditions supercritiques
ou subcritiques.
[0052] A l'issue de l'étape de séparation, l'huile désasphaltée complète dite DAO complète
séparée des solvants peut être envoyée préalablement dans au moins une colonne de
strippage avant d'être envoyée dans la deuxième étape (étape a2) de désasphaltage.
[0053] Le mélange de solvants polaire et apolaire ou les solvants individuellement séparés
sont avantageusement recyclés dans le procédé en mélange ou par le biais de deux bacs
contenant individuellement le solvant polaire et le solvant apolaire. Dans une variante
du procédé seul le solvant apolaire est recyclé dans son bac d'appoint. Lorsque les
solvants recyclés sont en mélange, la proportion apolaire/polaire est vérifiée en
ligne dans le procédé et réajustée au besoin via les bacs d'appoint contenant individuellement
le solvant polaire et le solvant apolaire. Lorsque les solvants sont individuellement
séparés, lesdits solvants sont individuellement recyclés vers les bacs d'appoint respectifs.
[0054] La phase asphalte séparée de la première étape de désasphaltage est de préférence
à l'état liquide et est généralement diluée au moins en partie avec une portion du
mélange de solvants selon l'invention, dont la quantité peut aller jusqu'à 200%, de
préférence entre 30 et 80% du volume d'asphalte soutiré. L'asphalte extrait avec au
moins en partie le mélange de solvants polaire et apolaire à l'issue de l'étape d'extraction
peut être mélangé avec au moins un fluxant de manière à être soutirée plus facilement.
Le fluxant utilisé peut être tout solvant ou mélange de solvant pouvant solubiliser
ou disperser l'asphalte. Le fluxant peut être un solvant polaire choisi parmi les
hydrocarbures monoaromatiques, de préférence le benzène, le toluène ou le xylène;
les diaromatiques ou polyaromatiques; les hydrocarbures naphténo-hydrocarbures aromatiques
tels que la tétraline ou l'indane; les hydrocarbures aromatiques hétéroatomiques;
les solvants polaires à poids moléculaire correspondant à des températures d'ébullition
comprises par exemple entre 200°C et 600°C telles que un LCO (light cycle oil de FCC),
un HCO (Heavy cycle oil de FCC), slurry de FCC, HCGO (heavy coker gas-oil), ou un
extrait aromatique ou une coupe extra-aromatique extraite d'une chaine huile, les
coupes VGO issues d'une conversion de fractions résiduelles et/ou de charbon et/ou
de biomasse. Le rapport de volume de fluxant sur la masse de l'asphalte est déterminé
de manière à ce que le mélange puisse être facilement soutiré.
[0055] La deuxième étape de désasphaltage peut être mise en oeuvre sur au moins une partie,
de préférence la totalité de l'huile désasphaltée complète dite DAO complète issue
de la première étape de désasphaltage en présence d'un mélange d'au moins un solvant
polaire et d'au moins un solvant apolaire dans les conditions subcritiques pour le
mélange de solvants utilisé. La deuxième étape de désasphaltage peut être également
mise en oeuvre sur au moins une partie, de préférence la totalité de l'huile désasphaltée
complète dite DAO complète issue de la première étape de désasphaltage en présence
d'un solvant apolaire dans les conditions subcritiques pour le solvant utilisé. La
polarité dudit solvant ou mélange de solvants est de préférence inférieure à celle
du mélange de solvant utilisé dans la première étape de désasphaltage. Cette extraction
est effectuée de manière à obtenir une fraction d'huile désasphaltée lourde dite DAO
lourde comprenant majoritairement la famille des résines et des asphaltènes les moins
polaires, et une fraction d'huile désasphaltée légère dite DAO légère comprenant majoritairement
la famille des hydrocarbures saturés et la famille des hydrocarbures aromatiques.
[0056] Au moins une partie, de préférence la totalité de ladite fraction d'huile désasphaltée
lourde dite DAO lourde est envoyée dans l'étape b) d'hydroconversion.
[0057] Au moins une partie de la fraction huile désasphaltée légère dite DAO légère seule
ou en mélange avec au moins une partie de ladite fraction distillat sous-vide bouillant
à une température comprise entre 360 et 520°C voire 540°C issue de l'étape de séparation
de de la fraction liquide lourde issue de l'étape d) est avantageusement envoyée vers
des unités de post-traitement telles qu'une unité d'hydrotraitement et/ou d'hydrocraquage,
ou de craquage catalytique.
Second mode de réalisation
[0058] Dans un second mode de réalisation, le procédé selon l'invention comprend au moins
:
a'1) une première étape de désasphaltage comprenant la mise en contact de la charge
lourde d'hydrocarbures avec soit un solvant apolaire, soit un mélange d'au moins un
solvant polaire et d'au moins un solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire
et dudit solvant apolaire du mélange étant ajustées de manière à obtenir au moins
une fraction huile désasphaltée légère dite DAO légère et un effluent comprenant une
phase huile et une phase asphalte; et
a'2) une deuxième étape de désasphaltage comprenant la mise en contact de l'effluent
issu de l'étape a'1) avec un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un
solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire
étant ajustées de manière à obtenir au moins une fraction de phase asphalte et une
fraction d'huile désasphaltée dite DAO lourde,
dans lequel lesdites étapes de désasphaltage sont mises en oeuvre dans les conditions
subcritiques du solvant ou du mélange de solvants utilisé et dans lequel la fraction
d'huile désasphaltée lourde dite DAO lourde est envoyée dans l'étape b).
[0059] Dans le présent mode de réalisation, l'ordre d'extraction des catégories de produits
est inversé: la polarité du solvant ou du mélange de solvant utilisé dans la première
étape de désasphaltage est inférieure à celle du mélange de solvants utilisé dans
la deuxième étape de désasphaltage.
[0060] La première étape de désasphaltage permet ainsi d'extraire sélectivement de la charge
lourde d'hydrocarbures une fraction huile désasphaltée légère dite DAO légère et un
effluent comprenant une phase huile et une phase asphalte. La première étape de désasphaltage
(étape a'1) peut être mise en oeuvre aussi bien avec un solvant apolaire qu'avec un
mélange de solvant selon l'invention. La nature, la proportion et/ou la polarité du
solvant polaire dans le mélange de solvant est adaptée, dans les conditions subcritiques
du solvant ou du mélange de solvants utilisé, de manière à extraire une fraction d'huile
désasphaltée légère comprenant majoritairement la famille des hydrocarbures saturés
et la famille des hydrocarbures aromatiques.
[0061] Au moins une partie de la fraction huile désasphaltée légère dite DAO légère seule
ou en mélange avec au moins une partie de ladite fraction distillat sous-vide bouillant
à une température comprise entre 360 et 520°C voire 540°C issue de l'étape de séparation
de la fraction liquide lourde issue de l'étape d) est avantageusement envoyée vers
des unités de post-traitement telles que une unité d'hydrotraitement et/ou d'hydrocraquage,
ou de craquage catalytique.
[0062] L'effluent comprenant une phase huile et une phase asphalte, extrait de la première
étape de désasphaltage peut contenir au moins en partie le solvant apolaire ou le
mélange de solvants selon l'invention. Avantageusement selon l'invention, ledit effluent
est soumis à au moins une étape de séparation dans laquelle il est séparé d'au moins
une partie du solvant apolaire ou d'au moins une partie du mélange de solvants, ou
au moins une étape de séparation dans lequel ledit effluent est séparé uniquement
du solvant apolaire ou uniquement du solvant polaire contenu dans le mélange de solvants,
avant d'être envoyé dans l'étape a'2).
[0063] Dans une variante du procédé selon l'invention, ledit effluent peut être soumis à
au moins deux étapes de séparation successives permettant de séparer individuellement
les solvants dans chaque étape de séparation, avant d'être envoyé dans l'étape a'2).
[0064] Les étapes de séparation sont avantageusement réalisées dans des conditions supercritiques
ou subcritiques.
[0065] A l'issue de l'étape de séparation, l'effluent comprenant la phase huile et la phase
asphalte séparé du solvant ou du mélange de solvants selon l'invention peut être envoyé
préalablement dans au moins une colonne de strippage avant d'être envoyé dans la deuxième
étape de désasphaltage.
[0066] Le mélange de solvants polaire et apolaire ou les solvants individuellement séparés
sont avantageusement recyclés dans le procédé en mélange ou par le biais de deux bacs
contenant individuellement le solvant polaire et le solvant apolaire. Dans une variante
du procédé seul le solvant apolaire est recyclé dans son bac d'appoint. Lorsque les
solvants recyclés sont en mélange, la proportion apolaire/polaire est vérifiée en
ligne dans le procédé et réajustée au besoin via les bacs d'appoint contenant individuellement
le solvant polaire et le solvant apolaire. Lorsque les solvants sont individuellement
séparés, lesdits solvants sont individuellement recyclés vers les bacs d'appoint respectifs.
[0067] La deuxième étape de désasphaltage est mise en oeuvre sur l'effluent comprenant une
phase huile et une phase asphalte issue de la première étape de désasphaltage a'1)
en présence d'un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un solvant apolaire
dans les conditions subcritiques pour le mélange de solvants utilisé. La polarité
dudit mélange de solvants est de préférence supérieure à celle du solvant ou du mélange
de solvant utilisé dans la première étape de désasphaltage. Cette extraction est effectuée
de manière à extraire sélectivement de l'effluent, une fraction asphalte dite ultime,
enrichie en impuretés et en composés réfractaires à la valorisation, tout en laissant
solubilisées dans une fraction d'huile désasphaltée lourde dite DAO lourde tout ou
partie des structures polaires des résines et des asphaltènes les moins polaires restant
généralement contenues dans la fraction asphalte dans le cas de désasphaltage classique.
[0068] Au moins une partie, de préférence la totalité de ladite fraction d'huile désasphaltée
lourde dite DAO lourde est envoyée dans l'étape b) d'hydroconversion.
Etape b) d'hydroconversion de la fraction d'huile désasphaltée issue de l'étape a)
[0069] Conformément à l'étape b) du procédé selon l'invention, la fraction d'huile désasphaltée
issue de l'étape a) subit une étape b) d'hydroconversion en présence d'hydrogène dans
au moins un réacteur triphasique, ledit réacteur contenant au moins un catalyseur
d'hydroconversion et fonctionnant en lit bouillonnant, à courant ascendant de liquide
et de gaz et comportant au moins un moyen de soutirage dudit catalyseur hors dudit
réacteur et au moins un moyen d'appoint de catalyseur frais dans ledit réacteur, dans
des conditions permettant d'obtenir un effluent comprenant une fraction gazeuse contenant
majoritairement les composés H
2 et H
2S, et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote,
[0070] L'étape b) d'hydroconversion de la charge selon l'invention est généralement effectuée
dans des conditions classiques d'hydroconversion en lit bouillonnant d'une fraction
hydrocarbonée liquide. On opère habituellement sous une pression absolue comprise
entre 2 et 35 MPa, de préférence entre 5 et 25 MPa et de manière préférée, entre 6
et 20 MPa, à une température comprise entre 300 et 550°C et de préférence comprise
entre 350 et 500°C. La vitesse spatiale horaire (VVH) et la pression partielle d'hydrogène
sont des facteurs importants que l'on choisit en fonction des caractéristiques du
produit à traiter et de la conversion souhaitée. De préférence, la VVH est comprise
entre 0,1 h
-1 et 10 h
-1 et de manière préférée entre 0,15 h
-1 et 5 h
-1. La quantité d'hydrogène mélangée à la charge est de préférence comprise entre 50
et 5000 normaux mètres cube (Nm
3) par mètre cube (m
3) de charge liquide et de manière préférée, entre 100 et 2000 Nm
3/m
3, et de manière très préférée entre 200 et 1000 Nm
3/m
3.
[0071] L'étape b) est avantageusement mise en oeuvre dans un ou plusieurs réacteurs triphasiques
d'hydroconversion, de préférence un ou plusieurs réacteurs triphasiques d'hydroconversion
avec des ballons décanteurs intermédiaires. Chaque réacteur comporte avantageusement
une pompe de recirculation permettant le maintien du catalyseur en lit bouillonnant
par recyclage continu d'au moins une partie d'une fraction liquide avantageusement
soutirée en tête du réacteur et réinjecté en bas du réacteu r.
[0072] Le catalyseur d'hydroconversion utilisé dans l'étape b) du procédé selon l'invention
est avantageusement un catalyseur granulaire de taille de l'ordre de 1 mm. Le catalyseur
est le plus souvent sous forme d'extrudés ou de billes. Typiquement, le catalyseur
comprend un support, dont la répartition poreuse est adaptée au traitement de la charge,
de préférence amorphe et de manière très préférée de l'alumine, un support silice-alumine
étant aussi envisageable dans certains cas et au moins un métal du groupe VIII choisi
parmi le nickel et le cobalt et de préférence le nickel, ledit élément du groupe VIII
étant de préférence utilisé en association avec au moins un métal du groupe VIB choisi
parmi le molybdène et le tungstène et de préférence, le métal du groupe VIB est le
molybdène.
[0073] De préférence, le catalyseur d'hydroconversion comprend le nickel en tant qu'élément
du groupe VIII et le molybdène en tant qu'élément du groupe VIB. La teneur nickel
est avantageusement comprise entre 0,5 à 15 % exprimée en poids d'oxyde de nickel
(NiO) et de préférence entre 1 à 10 % poids et la teneur en molybdène est avantageusement
comprise entre 1 et 40 % exprimée en poids de trioxyde de molybdène (MoO3), et de
préférence entre 4 et 20 % poids. Ledit catalyseur peut également avantageusement
contenir du phosphore, la teneur en oxyde de phosphore étant de préférence inférieure
à 20 % poids et de préférence inférieure à 10 % poids.
[0074] Avantageusement, on peut injecter un précurseur catalytique (ou additif catalytique)
soit avec la charge de l'unité d'hydroconversion opérant en lit bouillonnant, soit
au séparateur inter-étage entre deux réacteurs, soit à l'entrée d'un des autres réacteurs.
Le terme "précurseur catalytique ou additif catalytique " se réfère ici à un catalyseur
d'hydroconversion dont les propriétés de taille et de densité sont telles qu'il est
entrainé par la charge en conversion dans les zones réactionnelle d'hydroconversion,
par opposition au catalyseur décrit ci-dessus non circulant.
[0075] Le catalyseur d'hydroconversion usagé peut conformément au procédé selon l'invention
être en partie remplacé par du catalyseur frais par soutirage, de préférence en bas
du réacteur et par introduction, soit en haut soit en bas du réacteur, de catalyseur
frais ou régénéré ou réjuvéné, de préférence à intervalle de temps régulier et de
manière préférée par bouffée ou de façon quasi continue. Le taux de remplacement du
catalyseur d'hydroconversion usé par du catalyseur frais est avantageusement compris
entre 0,01 kilogramme et 10 kilogrammes par mètre cube de charge traitée, et de préférence
entre 0,3 kilogramme et 3 kilogrammes par mètre cube de charge traitée. Ce soutirage
et ce remplacement sont effectués à l'aide de dispositifs permettant avantageusement
le fonctionnement continu de cette étape d'hydroconversion.
[0076] Il est possible d'envoyer le catalyseur usé soutiré du réacteur dans une zone de
régénération dans laquelle on élimine le carbone et le soufre qu'il renferme puis
de renvoyer ce catalyseur régénéré dans l'étape b) d'hydroconversion. Il est également
possible d'envoyer le catalyseur usé soutiré du réacteur dans une zone de réjuvénation
dans laquelle on élimine la majeure partie des métaux déposés, avant d'envoyer le
catalyseur usé et réjuvéné dans une zone de régénération dans laquelle on élimine
le carbone et le soufre qu'il renferme puis de renvoyer ce catalyseur régénéré dans
l'étape b) d'hydroconversion.
[0077] L'étape b) du procédé selon l'invention est avantageusement mise en oeuvre dans les
conditions du procédé H-Oil
™ tel que décrit par exemple dans les brevets
US-A-4,521,295 ou
US-A-4,495,060 ou
US-A-4,457,831 ou
US-A-4,354,852 ou dans l'article
Aiche, March 19-23, 1995, HOUSTON, Texas, paper number 46d, Second génération ebullated bed technology.
[0078] Le catalyseur d'hydroconversion utilisé dans l'étape b) d'hydroconversion permet
avantageusement d'assurer à la fois la démétallation et la désulfuration, dans des
conditions permettant d'obtenir un effluent comprenant une fraction gazeuse contenant
majoritairement les composés H
2 et H
2S, et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote.
Etape c) de séparation de l'effluent issu de l'étape b)
[0079] L'effluent issu de l'étape b) d'hydroconversion subit ensuite conformément à l'étape
c) du procédé selon l'invention, une séparation pour obtenir une fraction gazeuse
contenant majoritairement les composés H
2 et H
2S et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote.
[0080] Cette séparation comprend tout moyen de séparation connu par l'homme du métier. De
préférence, cette séparation est réalisée par un ou plusieurs ballons de flash en
série, et de manière préférée par un enchaînement de deux ballons de flash successifs.
Etape d) optionnelle de séparation de la fraction liquide issue de l'étape c)
[0081] Avantageusement selon l'invention, la fraction liquide issue de l'étape c) subit
ensuite conformément à l'étape d), une étape de séparation pour obtenir une fraction
liquide légère bouillant à une température inférieure à 360°C, de préférence inférieure
à 375°C et une fraction liquide lourde bouillant à une température supérieure à 360°C,
de préférence supérieure à 375°C.
[0082] Dans l'étape d) de séparation, les conditions sont choisies de manière à ce que le
point de coupe soit de 360°C, de préférence de 375°C permette d'obtenir deux fractions
liquides, une fraction liquide dite légère, et une fraction liquide dite lourde.
[0083] La fraction liquide légère directement obtenue en sortie de l'étape d) de séparation
seule ou en mélange avec la fraction gazeuse issue de l'étape c) est ensuite avantageusement
séparée des gaz légers (H
2, H
2S, NH
3 et C
1-C
4) par tout moyen de séparation connu de l'homme du métier tel que par exemple par
passage dans un ballon de flash, de manière à récupérer l'hydrogène gazeux qui est
avantageusement recyclé après purification dans l'étape b) d'hydroconversion.
[0084] Ladite fraction liquide légère, avantageusement séparée desdits gaz légers et bouillant
à une température inférieure à 360°C, de préférence inférieure à 375°C comprend majoritairement
une fraction bouillant à une température inférieure à 180°C correspondant à la fraction
essence, une fraction gazole bouillant à une température comprise entre 180 et 360°C
voire entre 180 et 375°C.
[0085] Ladite fraction liquide légère est ensuite avantageusement envoyée dans une étape
de séparation, de préférence dans une colonne de distillation atmosphérique pour en
séparer lesdites fractions.
[0086] La fraction liquide lourde obtenue en sortie de l'étape d) et bouillant à une température
supérieure à 360°C, de préférence supérieure à 375°C contient au moins une partie
de la fraction gazole bouillant entre 250 et 375°C, une fraction bouillant entre 360
et 520°C voire 540°C, de préférence entre 375 et 520°C voire 540°C, appelée distillat
sous-vide (ou VGO selon la terminologie anglo-saxonne) et une fraction non convertie
bouillant à une température supérieure à 520°C voire 540°C, appelée résidu sous-vide.
Ladite fraction distillat sous-vide (ou VGO selon la terminologie anglo-saxonne) comprend
une fraction distillat sous-vide dite légère (ou VGO léger) bouillant entre 360 et
400°C voire 420°C et une fraction distillat sous-vide dite lourde (ou VGO lourd) bouillant
entre 400 et 520 °C voire 540°C et de préférence entre 420 et 520 °C voire 540°C.
[0087] Ladite fraction liquide lourde est avantageusement envoyée dans une étape de séparation,
de préférence dans une colonne de distillation sous-vide pour en séparer lesdites
fractions. Les fractions distillats sous-vide légère (ou VGO léger) et lourde (ou
VGO lourd) peuvent être individuellement séparées ou pas au cours de ladite étape
de séparation.
[0088] Dans une variante du procédé selon l'invention, au moins une partie du résidu sous-vide
bouillant à une température supérieure à 520°C voire 540°C est renvoyée dans l'étape
a) de désasphaltage en mélange avec la charge.
[0089] Dans une variante du procédé selon l'invention, au moins une partie de la fraction
distillat sous-vide (VGO), avantageusement issue de l'étape de séparation de la fraction
liquide lourde issue de l'étape d), est renvoyée dans l'étape b) d'hydroconversion
en mélange avec la fraction d'huile désasphaltée issue de l'étape a).
[0090] Ceci présente l'avantage d'améliorer la sélectivité en gazole, produit fini recherché
dans le schéma du procédé, et ce en faisant subir une seconde passe au distillat sous-vide
(VGO) dans l'étape b) d'hydroconversion.
[0091] Un autre intérêt d'un tel recyclage est de fournir un levier supplémentaire permettant
d'aller plus loin dans la solubilisation dans la fraction d'huile désasphaltée (DAO)
des structures polaires des résines lourdes et des asphaltènes.
[0092] Le recyclage du distillat sous-vide (VGO) essentiellement exempt d'asphaltènes permet
de diluer les asphaltènes présents dans la fraction d'huile désasphaltée (DAO) envoyée
dans l'étape b) d'hydroconversion. En conséquence, la phase d'asphalte s'en trouve
réduite et la conversion globale du système améliorée.
[0093] D'autre part, le distillat sous-vide (VGO) de par son caractère aromatique prépondérant
permet, lors de son recyclage dans le lit bouillonnant de stabiliser le milieu traité
en solubilisant et/ou peptisant et/ou dispersant les structures moléculaires propices
à la formation des sédiments et ainsi d'améliorer l'opérabilité du schéma.
[0094] Lorsque la fraction distillat sous-vide (VGO) bouillant entre 400 et 520 °C voire
540°C est renvoyée dans l'unité de lit bouillonnant une partie cette fraction correspondant
à la fraction distillat sous-vide léger se vaporise et pénalise le temps de résidence
du liquide dans l'unité de lit bouillonnant.
[0095] Ainsi, dans une autre variante du procédé selon l'invention, seule au moins une partie
de la fraction distillat sous-vide lourd (ou VGO lourd) bouillant entre 400 et 520
°C voire 540°C et de préférence entre 420 et 520 °C voire 540°C, avantageusement issue
de l'étape de séparation de la fraction liquide lourde issue de l'étape d), est renvoyée
dans l'étape b) d'hydroconversion en mélange avec la fraction d'huile désasphaltée
issue de l'étape a).
Exemples
Exemple 1 (comparatif) : SDA conventionnel suivi d'une étape d'hydroconversion
[0096] La charge, un résidu sous-vide Oural (VR Oural), est envoyée dans une unité de désasphaltage
classique. Le solvant utilisé est du pentane. Les caractéristiques de la charge et
de l'huile désasphaltée obtenue (DAO1) sont détaillées ci-dessous dans le tableau
1. Les conditions du désasphaltage sont :
• un taux de solvant/charge de 8/1,
• une pression dans l'unité de désasphaltage de 3,7 MPa (absolu : abrégé abs dans
la suite des exemples)
• et une température d'extraction de 180°C.
Tableau 1 : Composition de la charge et de l'huile désasphaltée DAO1
|
VR Oural |
DAO 1 |
Densité |
1.003 |
0.972 |
CCR (% pds) |
14.5 |
9 |
C7 Asph (% pds) |
5.2 |
0.05 |
Ni (ppm) |
50 |
12 |
V (ppm) |
170 |
42 |
N (ppm) |
5300 |
4360 |
S (% pds) |
2.72 |
2.45 |
%pds = pourcentage poids; ppm= partie par millions; C7 Asph = Asphaltènes C7, Ni =
Nickel; V = Vanadium; N = Azote; S = Soufre. |
[0097] L'huile désasphaltée DAO1 est traitée dans une unité d'hydroconversion en lit bouillonnant
dans les conditions opératoires :
- de 15 MPa (abs) de pression,
- une température de 435°C,
- et en présence d'un catalyseur du type NiMo sur alumine.
[0098] Les rendements (tableau 2) sont indiqués sur une base 100% poids par rapport à la
charge d'entrée.
Tableau 2 : Rendements
H2S + NH3 |
0.15 |
Gaz |
2.49 |
Essence (PI-180°C) |
10.87 |
Gazole(180°C-360°C) |
23.56 |
VGO (360°C-540°C) |
31.25 |
VR (540°C+) |
10.83 |
DAO |
0 |
Asphalte SDA |
22.00 |
Total |
101.15 |
Consommation H2 |
1.15 |
[0099] La conversion globale de la fraction 540+ de la charge d'entrée est de 67%.
Exemple 2 (selon l'invention): SDA sélectif suivi d'une étape d'hydroconversion
[0100] La même charge que celle utilisée dans l'exemple 1 est envoyée dans une unité de
désasphaltage sélectif. Le solvant utilisé est un mélange d'heptane(C7)/toluène dans
un rapport 96/4 volume/volume. Les caractéristiques de la charge et de l'huile désasphaltée
(DAO2) obtenue sont détaillées dans le tableau 3. Les conditions du désasphaltage
sont :
• un taux de solvant/charge de 8/1,
• une pression dans l'unité de désasphaltage sélectif de 4 MPa (abs)
• et une température d'extraction de 240°C.
Tableau 3 : Composition de la charge et de l'huile désasphaltée DAO2
|
VR Oural |
DAO 2 |
Densité |
1.003 |
0.988 |
CCR (% pds) |
14.5 |
10.4 |
C7 Asph (% pds) |
5.2 |
0.09 |
Ni (ppm) |
50 |
18 |
V (ppm) |
170 |
60 |
N (ppm) |
5300 |
4611 |
S (% pds) |
2.72 |
2.54 |
%pds = pourcentage poids; ppm= partie par millions; C7 Asph = Asphaltènes C7, Ni =
Nickel; V = Vanadium; N = Azote; S = Soufre. |
[0101] L'huile désasphaltée (DAO2) représente par rapport à l'huile désasphaltée DAO1 de
l'exemple 1 une coupe plus large de la charge d'entrée (85% pds contre 78% pds). Cette
huile désasphaltée contient par ailleurs 0,1% d'asphaltènes C7 (C7 Asph) correspondant
à la spécification maximum imposée en entrée de l'unité d'hydroconversion. L'unité
d'hydroconversion en lit bouillonnant est mise en oeuvre dans les conditions opératoires
:
- de 15 MPa (abs) de pression,
- une température de 435°C
- et en présence d'un catalyseur du type NiMo sur alumine.
[0102] Les rendements sont indiqués sur une base 100 poids par rapport à la charge d'entrée.
Tableau 4 : Rendements
H2S + NH3 |
2.57 |
Gaz |
6.98 |
Essence (PI-180°C) |
11.54 |
Gazole(180°C-360°C) |
39.24 |
VGO (360°C-540°C) |
20.66 |
VR (540°C+) |
6.08 |
DAO |
0 |
Asphalte SDA |
15.00 |
Total |
102.07 |
Consommation H2 |
2.07 |
[0103] La conversion globale de la fraction 540+ de la charge d'entrée a été améliorée et
est dorénavant de 79%.
Exemple 3 (selon l'invention): SDA sélectif suivi d'une étape d'hydroconversion avec
un recyclage de la coupe VGO
[0104] La même charge que celle utilisée dans l'exemple 1 est envoyée dans une unité de
désasphaltage sélectif. Le solvant utilisé est un mélange d'heptane(C7)/toluène dans
un rapport 95/5 volume/volume. Les caractéristiques de la charge et de l'huile désasphaltée
(DAO3) obtenue sont détaillées ci-dessous dans le tableau 5. Les conditions du désasphaltage
sont :
- un taux de solvant/charge de 8/1,
- une pression dans l'unité de désasphaltage sélectif de 4 MPa (abs)
- et une température d'extraction de 240°C.
[0105] Le rapport C7/toluène est diminué pour encore améliorer le rendement en huile désasphaltée
(DAO3). La teneur en asphaltènes dans la DAO3 sélective dépasse la spécification maximum
de 0,1% pds fixée à l'entrée de l'unité d'hydroconversion. Une partie du distillat
sous-vide (VGO) issu de l'étape de séparation de la fraction liquide lourde séparée
de l'étape d) du procédé est envoyé en mélange avec l'huile désasphaltée (DAO3) dans
le lit-bouillonnant. Le rapport en poids VGO/DAO3 est fixé à 20/80 pour respecter
la spécification maximum de 0,1% poids d'asphaltènes C7 (C7 Asph). Les caractéristiques
du mélange sont présentées dans le tableau 5.
Tableau 5 : Composition de la charge, de l'huile désasphaltée DAO3, du VGO et du mélange
VGO/DAO3
|
VR Oural |
DAO 3 |
VGO |
Mélange DAO3 /VGO |
Densité |
1.003 |
0.993 |
0.845 |
0.959 |
CCR (%pds) |
14.5 |
11.9 |
0.2 |
9.6 |
C7 Asph (% pds) |
5.2 |
0.12 |
0.0 |
0.10 |
Ni (ppm) |
50 |
28 |
0.0 |
22 |
V (ppm) |
170 |
94 |
0.0 |
75 |
N (ppm) |
5300 |
4770 |
518 |
3920 |
S (% pds) |
2.72 |
2.61 |
0.05 |
2.10 |
%pds = pourcentage poids; ppm= partie par millions; C7 Asph = Asphaltènes C7, Ni =
Nickel; V = Vanadium; N = Azote; S = Soufre. |
[0106] Le mélange VGO/DAO3 est envoyé dans l'unité d'hydroconversion en lit bouillonnant
dans les conditions opératoires :
- de 15 MPa (abs) de pression,
- une température de 435°C
- et en présence d'un catalyseur du type NiMo sur alumine.
[0107] Les rendements sont indiqués sur une base 100 poids par rapport à la charge d'entrée.
Tableau 6 : Rendements
H2S + NH3 |
2.34 |
Gaz |
7.52 |
Essence (PI-180°C) |
12.34 |
Gazole(180°C-360°C) |
42.00 |
VGO (360°C-540°C) |
21.69 |
VR (540°C+) |
6.33 |
DAO |
0 |
Asphalte SDA |
10 |
Total |
102.22 |
Conso. H2 |
2.22 |
[0108] La conversion globale de la fraction 540+ de la charge d'entrée est de 84%. La sélectivité
en gazole et en essence a été améliorée respectivement de 2,76% pds et de 0,80% pds.
1. Procédé de conversion d'une charge lourde d'hydrocarbures ayant une température initiale
d'ébullition d'au moins 300°C comprenant les étapes suivantes :
a) au moins une étape de désasphaltage sélectif de la charge lourde d'hydrocarbures
par extraction liquide/liquide permettant de séparer au moins une fraction asphalte,
au moins une fraction d'huile désasphaltée, au moins une desdites étapes de désasphaltage
étant réalisée au moyen d'un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un
solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire
du mélange de solvant étant ajustées selon les propriétés de la charge traitée et
selon le rendement en asphalte et/ou la qualité de l'huile désasphaltée souhaité (e)(s),
lesdites étapes de désasphaltage étant mises en oeuvre dans les conditions subcritiques
du mélange des solvants utilisé,
b) une étape d'hydroconversion de la fraction huile désasphaltée en présence d'hydrogène
dans au moins un réacteur triphasique, ledit réacteur contenant au moins un catalyseur
d'hydroconversion et fonctionnant en lit bouillonnant, à courant ascendant de liquide
et de gaz et comportant au moins un moyen de soutirage dudit catalyseur hors dudit
réacteur et au moins un moyen d'appoint de catalyseur frais dans ledit réacteur, dans
des conditions permettant d'obtenir un effluent comprenant une fraction gazeuse contenant
majoritairement les composés H2 et H2S, et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote,
c) une étape de séparation de l'effluent issu de l'étape b) pour obtenir une fraction
gazeuse contenant majoritairement les composés H2 et H2S et une fraction liquide à teneur réduite en carbone Conradson, en métaux, en soufre
et en azote.
2. Procédé selon la revendication 1 dans lequel l'étape a) comprend au moins :
a1) une première étape de désasphaltage sélectif comprenant la mise en contact de
la charge lourde d'hydrocarbures avec un mélange d'au moins un solvant polaire et
d'au moins un solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant
apolaire étant ajustées de manière à obtenir au moins une fraction de phase asphalte
et une fraction d'huile désasphaltée complète dite DAO complète; et
a2) une deuxième étape de désasphaltage comprenant la mise en contact de la fraction
d'huile désasphaltée complète dite DAO complète issue de l'étape a1) avec soit un
solvant apolaire soit un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un solvant
apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire dans le
mélange étant ajustées de manière à obtenir au moins une fraction d'huile désasphaltée
légère dite DAO légère et une fraction d'huile désasphaltée lourde dite DAO lourde,
dans lequel lesdites étapes de désasphaltage sont mises en oeuvre dans les conditions
subcritiques du solvant ou du mélange de solvants utilisé et dans lequel la fraction
d'huile désasphaltée lourde dite DAO lourde est envoyée dans l'étape b).
3. Procédé selon la revendication 2 dans lequel la fraction d'huile désasphaltée complète
dite DAO complète issue de l'étape a1) avec au moins en partie le mélange de solvants
est soumise à au moins une étape de séparation dans laquelle l'huile désasphaltée
complète dite DAO complète est séparée d'au moins une partie du mélange de solvants,
ou au moins une étape de séparation dans laquelle l'huile désasphaltée complète dite
DAO complète est séparée uniquement du solvant apolaire ou uniquement du solvant polaire
avant d'être envoyée dans l'étape a2).
4. Procédé selon la revendication 2 dans lequel l'huile désasphaltée complète dite DAO
complète issue de l'étape a1) avec au moins en partie le mélange de solvants est soumise
à au moins deux étapes de séparation successives permettant de séparer individuellement
les solvants dans chaque étape, avant d'être envoyée dans l'étape a'2).
5. Procédé selon la revendication 1 dans lequel l'étape a) comprend au moins :
a'1) une première étape de désasphaltage comprenant la mise en contact de la charge
lourde d'hydrocarbures avec soit un solvant apolaire, soit un mélange d'au moins un
solvant polaire et d'au moins un solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire
et dudit solvant apolaire du mélange étant ajustées de manière à obtenir au moins
une fraction d'huile désasphaltée légère dite DAO légère et un effluent comprenant
une phase huile et une phase asphalte; et
a'2) une deuxième étape de désasphaltage comprenant la mise en contact de l'effluent
issu de l'étape a'1) avec un mélange d'au moins un solvant polaire et d'au moins un
solvant apolaire, les proportions dudit solvant polaire et dudit solvant apolaire
étant ajustées de manière à obtenir au moins une fraction de phase asphalte et une
fraction d'huile désasphaltée dite DAO lourde,
dans lequel lesdites étapes de désasphaltage sont mises en oeuvre dans les conditions
subcritiques du solvant ou du mélange de solvants utilisé et dans lequel la fraction
d'huile désasphaltée lourde dite DAO lourde est envoyée dans l'étape b).
6. Procédé selon la revendication 5 dans lequel l'effluent issu de l'étape a'1) est soumis
à au moins une étape de séparation dans laquelle il est séparé d'au moins une partie
du solvant apolaire ou d'au moins une partie du mélange de solvants, ou au moins une
étape de séparation dans lequel ledit effluent est séparée uniquement du solvant apolaire
ou uniquement du solvant polaire contenu dans le mélange de solvants, avant d'être
envoyé dans l'étape a'2).
7. Procédé selon la revendication 5 dans lequel l'effluent est soumis à au moins deux
étapes de séparation successives permettant de séparer individuellement les solvants
dans chaque étape de séparation, avant d'être envoyé dans l'étape a'2).
8. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel l'étape b) est mise
en oeuvre dans un ou plusieurs réacteurs triphasiques d'hydroconversion avec des ballons
décanteurs intermédiaires.
9. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel l'étape b) d'hydroconversion
opère sous une pression absolue comprise entre 2 et 35 MPa, à une température comprise
entre 300 et 550°C, à une vitesse spatiale horaire (VVH) comprise entre 0,1 h-1 et 10 h-1 et sous une quantité d'hydrogène mélangée à la charge comprise entre 50 et 5000 normaux
mètres cube (Nm3) par mètre cube (m3) de charge liquide.
10. Procédé selon l'une des revendications précédentes comprenant en outre une étape d)
de séparation de la fraction liquide issue de l'étape c) en une fraction liquide légère
bouillant à une température inférieure à 360°C et une fraction liquide lourde bouillant
à une température supérieure à 360°C.
11. Procédé selon la revendication 10 dans lequel au moins une partie de la fraction liquide
légère issue de l'étape d) est envoyée dans une étape de séparation afin de produire
une fraction essence bouillant à une température inférieure à 180°C, une fraction
gazole bouillant à une température comprise entre 180 et 360°C voire entre 180 et
375°C.
12. Procédé selon la revendication 10 ou 11 dans lequel au moins une partie de la fraction
liquide lourde issue de l'étape d) est envoyée dans une étape de séparation afin de
produire une fraction distillat sous-vide bouillant à une température comprise entre
360 et 520°C et un résidu sous-vide bouillant au-dessus de 520°C.
13. Procédé selon la revendication 12 dans lequel au moins une partie de la fraction distillat
sous-vide bouillant à une température comprise entre 360 et 520°C est renvoyée dans
l'étape b) d'hydroconversion en mélange avec la fraction d'huile désasphaltée issue
de l'étape a).
14. Procédé selon la revendication 12 dans lequel seule au moins une partie de la fraction
distillat sous-vide lourd bouillant entre 400 et 520°C est renvoyée dans l'étape b)
d'hydroconversion en mélange avec la fraction d'huile désasphaltée issue de l'étape
a).
15. Procédé selon l'une des revendications 2 à 14 dans lequel au moins une partie de la
fraction d'huile désasphaltée légère dite DAO légère, de préférence en mélange avec
au moins une partie de ladite fraction distillat sous-vide bouillant à une température
comprise entre 360 et 520°C est envoyée dans des unités de post-traitement telles
qu'une unité d'hydrotraitement et/ou d'hydrocraquage, ou de craquage catalytique.
16. Procédé selon l'une des revendications 12 à 15 dans lequel au moins une partie du
résidu sous-vide bouillant à une température supérieure à 520°C est renvoyée dans
l'étape a) de désasphaltage en mélange avec la charge.
17. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le catalyseur d'hydroconversion
est un catalyseur comprenant un support alumine et au moins un métal du groupe VIII
choisi parmi le nickel et le cobalt, ledit élément du groupe VIII étant utilisé en
association avec au moins un métal du groupe VIB choisi parmi le molybdène et le tungstène.
18. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le solvant polaire
utilisé à l'étape a) de désasphaltage est choisi parmi les solvants aromatiques purs
ou napthéno-aromatiques, les solvants polaires comportant des hétéro-éléments, ou
leur mélange ou des coupes riches en aromatiques telles des coupes issues du FCC (Fluid
Catalytic Cracking), des coupes dérivées du charbon, de la biomasse ou de mélange
biomasse/charbon.
19. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le solvant apolaire
utilisé à l'étape a) de désasphaltage comprend un solvant composé d'hydrocarbure saturé
comprenant un nombre d'atomes de carbone supérieur ou égal à 2, de préférence compris
entre 2 et 9.
20. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel l'étape a) est mise
en oeuvre avec un rapport de volume du mélange de solvants polaire et apolaire sur
la masse de la charge compris entre 1/1 et 10/1 exprimé en litres par kilogrammes.
21. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la charge est du pétrole
brut ou une charge issue de la distillation atmosphérique ou de la distillation sous-vide
de pétrole brut, ou une fraction résiduelle issue de la liquéfaction directe de charbon
ou encore un distillat sous-vide ou encore une fraction résiduelle issue de la liquéfaction
directe de la biomasse ligno-cellulosique seule ou en mélange avec du charbon et/ou
une fraction pétrolière résiduelle.
22. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel on injecte un précurseur
catalytique soit avec la charge de l'unité d'hydroconversion opérant en lit bouillonnant,
soit au séparateur inter-étage entre deux réacteurs, soit à l'entrée d'un des autres
réacteurs.
23. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la fraction légère
obtenue en sortie de l'étape d) de séparation seule ou en mélange avec la fraction
gazeuse issue de l'étape c) est séparée des gaz légers (H2, H2S, NH3 et C1-C4) de manière à récupérer l'hydrogène gazeux qui est recyclé après purification dans
l'étape b) d'hydroconversion.