Domaine technique de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte à un procédé de détermination de l'usure des contacts
électriques d'un appareil électrique interrupteur.
Etat de la technique
[0002] Pour rappel, un appareil électrique interrupteur de type contacteur, par exemple
de type tripolaire, comporte un actionneur électromagnétique doté d'une bobine de
commande, d'une culasse fixe et d'une armature mobile. Lorsqu'un courant suffisant
est injecté dans la bobine de commande, l'armature mobile se déplace en direction
de la culasse fixe en allant à l'encontre d'un ressort de rappel. L'appareil comporte
en outre un organe mobile mis en mouvement par l'actionneur et portant pour chaque
pôle au moins un contact mobile apte à se déplacer par rapport à un contact fixe entre
un état ouvert et un état fermé grâce à l'actionneur. A l'état fermé, chaque contact
mobile est écrasé contre le contact fixe correspondant à l'aide d'un ressort de pôle.
[0003] Il est connu du brevet
EP0694937B1 un procédé pour estimer la durée de vie résiduelle des contacts fixe et mobile d'un
appareil de commutation de type contacteur. Ce procédé consiste à utiliser la corrélation
entre la modification de la pression entre les contacts pendant l'opération d'ouverture
et la durée de vie résiduelle de l'appareil de commutation. Pour cela le brevet consiste
à mesurer le temps qui sépare le début de l'ouverture de l'armature mobile de l'actionneur
du début de l'ouverture des contacts, c'est-à-dire le temps de déplacement à l'ouverture
de l'armature mobile par rapport à la culasse fixe, et de le convertir en durée de
vie résiduelle des contacts. Le temps mesuré est dépendant de plusieurs paramètres,
notamment de la course d'écrasement des contacts mobiles contre les contacts fixes
réalisée à l'aide des ressorts de pôle et de la pression de contact exercée grâce
au courant injecté dans la bobine. Cette démarche qui s'appuie sur la mesure de ce
temps est donc dépendante de beaucoup de paramètres différents, ce qui peut altérer
sa fiabilité et compliquer les modes de calcul de la durée de vie résiduelle de l'appareil.
[0004] Le but de l'invention est de proposer un procédé de détermination de l'usure des
contacts électriques d'un appareil électrique interrupteur, qui soit fiable et facile
à mettre en oeuvre, même sur des appareils déjà installés.
Exposé de l'invention
[0005] Ce but est atteint par un procédé de détermination de l'usure des contacts électriques
d'un appareil électrique interrupteur qui comporte un boîtier renfermant un ou plusieurs
pôles de puissance, chacun muni d'au moins un contact mobile séparable d'un contact
fixe correspondant et actionné par un actionneur entre une position ouverte et une
position fermée, le procédé comportant les étapes suivantes :
- Détermination d'une durée de référence de fermeture des contacts électriques lorsque
les contacts électriques sont neufs, par détection d'un pic de tension à l'aide d'un
capteur piézoélectrique fixé à l'appareil électrique interrupteur,
- Mémorisation de la durée de référence déterminée,
- Détermination d'au moins une durée de fermeture des contacts électriques par détection
d'un pic de tension en sortie dudit capteur piézoélectrique,
- Comparaison de la durée de fermeture déterminée avec la durée de référence en vue
de déterminer un degré d'usure des contacts électriques.
[0006] L'invention concerne également un système de détermination de l'usure des contacts
électriques d'un appareil électrique interrupteur qui comporte un boîtier renfermant
un ou plusieurs pôles de puissance, chacun muni d'au moins un contact mobile séparable
d'un contact fixe correspondant et actionné par un actionneur entre une position ouverte
et une position fermée, ledit système comprenant une unité de traitement. Le système
comporte un capteur piézoélectrique fixé à l'appareil électrique interrupteur. L'unité
de traitement présente la particularité de comporter :
- Un module de détermination d'une durée de référence de fermeture des contacts électriques
lorsque les contacts électriques sont neufs, par détection d'un pic de tension à l'aide
du capteur piézoélectrique,
- Un module de mémorisation de la durée de référence déterminée,
- Un module de détermination d'au moins une durée de fermeture des contacts électriques
par détection d'un pic de tension en sortie dudit capteur piézoélectrique,
- Un module de comparaison de la durée de fermeture déterminée avec la durée de référence
en vue de déterminer un degré d'usure des contacts électriques.
[0007] Selon une particularité, le capteur piézoélectrique est fixé sur la surface du boîtier
de l'appareil électrique interrupteur et est par exemple de type PVDF ou PVDF-TrFe.
Brève description des figures
[0008] D'autres caractéristiques et avantages vont apparaître dans la description détaillée
qui suit faite en regard des dessins annexés dans lesquels :
- les figures 1A, 1B et 1C illustrent schématiquement le principe de fonctionnement
d'un appareil électrique interrupteur de type contacteur,
- la figure 1 D illustre la fermeture des contacts, lorsque les contacts électriques
sont usés.
- la figure 2 illustre, par des courbes, le principe de l'invention.
Description détaillée d'au moins un mode de réalisation
[0009] En référence aux figures 1 A à 1C, un appareil électrique interrupteur de type contacteur
comporte de manière connue un actionneur 1 de type électromagnétique, un ou plusieurs
pôles (par exemple trois pôles pour un contacteur tripolaire) avec, pour chaque pôle,
un organe mobile mis en mouvement par l'actionneur, un ou plusieurs contacts mobiles
21 portés par l'organe mobile et un ou plusieurs contacts fixes 20. L'actionneur 1
comporte plus particulièrement une culasse fixe 10 et une armature mobile 11 apte
à se déplacer par rapport à la culasse fixe 10 entre deux positions, une position
d'ouverture (figure 1A) et une position de fermeture (figure 1C). L'actionneur électromagnétique
comporte également une bobine de commande 3 commandée par un courant de commande afin
de déplacer l'armature mobile 11 de sa position d'ouverture vers sa position de fermeture
et un ressort de rappel 4 positionné entre sa culasse fixe 10 et son armature mobile
11 pour déplacer l'armature mobile 11 de sa position de fermeture vers sa position
d'ouverture. Sur les figures 1A à 1C, l'organe mobile est par exemple un pont mobile
à rupture double portant deux contacts mobiles 21 déplaçables entre deux états, un
état ouvert et un état fermé, selon la position de l'armature mobile 11 de l'actionneur
1. Pour chaque pôle, l'appareil électrique comporte un ressort de pôle 5 permettant
d'écraser les contacts mobiles 21 contre les contacts fixes 20 lorsque l'armature
mobile 11 est en position de fermeture. L'invention décrite ci-dessous pourra fonctionner
avec un organe mobile de type à rupture simple.
[0010] Pour des raisons de simplification, les figures 1A à 1 D ne montrent qu'un seul pôle
de l'appareil électrique interrupteur. Il faut comprendre que l'invention s'applique
pour l'ensemble des pôles de l'appareil.
[0011] Sur la figure 1A, sous l'effet de l'effort exercé par le ressort de rappel 4, l'armature
mobile 11 est en position d'ouverture. Sur chaque pôle, les contacts mobiles 21 sont
alors à l'état ouvert.
[0012] Sur la figure 1 B, l'armature mobile 11 est dans sa course de fermeture par injection
d'un courant de commande dans la bobine de commande 3 de l'actionneur 1. Le courant
de commande doit être suffisant pour aller à l'encontre de l'effort fourni par le
ressort de rappel 4. Sur cette figure, les contacts mobiles 21 sont amenés à l'état
fermé grâce à l'actionneur 1 mais le ressort de pôle 5 n'est pas sollicité.
[0013] Sur la figure 1 C, l'armature mobile 11 termine sa course de fermeture et est maintenue
dans sa position de fermeture par rapport à la culasse fixe 10 en injectant un courant
de commande suffisant dans la bobine de commande 3 de l'actionneur 1. Le ressort de
rappel 4 est donc comprimé au maximum entre l'armature mobile 11 et la culasse fixe
10. Sur cette figure 1C, les contacts mobiles 21 sont maintenus à l'état fermé et
sont écrasés contre les contacts fixes 20 à l'aide du ressort de pôle 5 qui est comprimé
grâce à l'actionneur 1. Les efforts se répartissent sur l'ensemble des pièces du mécanisme
de l'appareil, y compris leurs enveloppes.
[0014] Selon le niveau d'usure des contacts fixes et mobiles, les ressorts de pôle 5 seront
plus ou moins comprimés et l'effort fourni par l'actionneur 1 sera plus ou moins important.
En effet, moins les contacts 20, 21 sont usés, plus les ressorts de pôle 5 sont comprimés
et donc plus l'effort fourni par l'actionneur 1 pour comprimer ces ressorts doit être
important. Les déformations subies par le mécanisme et l'enveloppe seront elles aussi
plus importantes.
[0015] Le principe de l'invention consiste à employer un capteur piézoélectrique pour détecter
une durée de fermeture des contacts et en déduire l'évolution de l'usure des contacts
dans le temps.
[0016] L'invention consiste notamment à employer un capteur piézoélectrique 6 de type PVDF
(Polyfluorure de Vinylidène) ou PVDF-TrFe. Ce type de capteur est particulièrement
fin et flexible, ce qui lui permet d'être intégré aisément sur tout type de produit,
même si le produit ne présente pas de surface ou volume libres conséquents.
[0017] Les capteurs PVDF ou PVDF-TrFe peuvent être intégrés facilement, par exemple par
simple collage, à l'emplacement le plus pertinent, en utilisant un volume extrêmement
faible (épaisseur<100um). Il est résistant aux agressions mécaniques et est autonome
en énergie : il fournit l'énergie nécessaire au traitement de l'information en transformant
la vibration qu'il reçoit en signal électrique. Sa géométrie peut également être modifiée
pour s'adapter aux contraintes techniques, le design des électrodes déposées par impression
ou PVD étant aisément modifiables.
[0018] Les électrodes métalliques, sont déposées sur le matériau piézoélectrique (film de
PVDF ou PVDF-TrFe) par dépôt d'encre (impression, « spin coating ») ou dépôt métallique
PVD (Physical Vapor Déposition). Le même motif est déposé de chaque côté du film de
PVDF. Ces deux électrodes permettent de récupérer et de transmettre la tension générée
lors de la sollicitation mécanique du film.
[0019] L'invention consiste ainsi à intégrer ce capteur 6 sur un appareil électrique interrupteur
où d'importants chocs et vibrations mécaniques sont présents. Le capteur peut ainsi
aisément détecter ces chocs et vibrations en envoyant un signal électrique représentant
la signature électrique de l'appareil. Ce signal doit ensuite être analysé par traitement
du signal pour être utilisable.
[0020] Le capteur peut être intégré dès la fabrication du produit ou a posteriori avec par
exemple une solution de diagnostic d'usure déportée. Le capteur 6 peut par exemple
être fixé sur le boîtier 7 de l'appareil électrique, à l'extérieur de celui-ci (figures
1C et 1 D). Avantageusement, le capteur 6 est fixé par collage sur le boîtier du produit
(intégration non intrusive).
[0021] Dans le cadre de l'invention, le capteur 6 est employé pour déterminer le degré d'usure
des contacts de l'appareil électrique interrupteur. Pour cela, l'invention consiste
à fixer le capteur piézoélectrique de type PVDF PVDF-TrFe sur l'appareil électrique
interrupteur, préférentiellement sur son boîtier 7, à l'extérieur de celui-ci. Le
capteur 6 est connecté à une unité de traitement UC destinée à recueillir les tensions
générées en sortie du capteur et à les traiter pour formuler un diagnostic de l'appareil
électrique interrupteur analysé. L'unité de traitement UC peut être intégrée à l'appareil
électrique interrupteur ou extérieur à celui-ci.
[0022] Pour déterminer le degré d'usure des contacts électriques, le procédé mis en oeuvre
est décrit ci-dessous.
[0023] Dans le procédé de l'invention, une étape d'apprentissage est tout d'abord mise en
oeuvre par l'unité de traitement UC, à l'aide d'un module de détermination, pour déterminer
une durée de référence Tref (figure 1C) de fermeture des contacts et, à l'aide d'un
module de mémorisation, pour mémoriser cette durée de référence Tref. Cette durée
de référence Tref est préférentiellement déterminée lorsque les contacts électriques
sont neufs. Sur la figure 2, elle correspond à la durée entre un instant initial TO
(toujours identique, par exemple lorsque la tension est encore nulle en sortie du
capteur) et un instant correspondant au pic de la tension Vref mesurée par le capteur
6 fixé sur l'appareil électrique interrupteur. L'unité de traitement UC mémorise la
durée de référence Tref.
[0024] Une fois la durée de référence Tref mémorisée, l'unité de traitement UC passe en
mode de fonctionnement normal.
[0025] En mode de fonctionnement normal, l'unité de traitement UC surveille le déplacement
du pic de tension dans le temps, ce pic de tension étant représentatif à chaque cycle
de l'instant de fermeture des contacts électriques et donc de la durée de fermeture
des contacts électriques (par rapport à TO). Au cours du temps, la différence entre
la durée de fermeture Ti déterminée et la durée de référence Tref grandit, synonyme
que l'usure des contacts augmente. L'unité de traitement comporte un module M1 de
détermination de l'instant de fermeture des contacts électriques à partir du pic de
la tension Vi obtenue en sortie du capteur 6 (voir courbe Vi sur la figure 2). Par
exemple à chaque cycle ou de manière aléatoire, la durée de fermeture Ti des contacts
(déterminée par rapport à TO) est injectée dans un module de comparaison M2 de l'unité
de traitement UC. Ce module de comparaison M2 compare la durée de fermeture Ti avec
la durée de référence Tref, par exemple en calculant la différence. L'unité de traitement
UC est ensuite agencée pour déterminer un degré d'usure des contacts électriques 20,
21. La différence ou le degré déterminé est comparée à une valeur seuil S1 mémorisée.
Si cette valeur seuil S1 est dépassée, l'unité de traitement UC est agencée pour générer
un signal de sortie Sout synonyme que l'usure des contacts est prononcée et que l'appareil
doit alors être remplacé (figure 1 D).
[0026] La solution de l'invention présente ainsi de nombreux avantages. Elle est facile
à mettre en oeuvre car le capteur peut être simplement collé sur le boîtier de l'appareil
électrique. Le traitement des tensions obtenues en sortie est aisé et les instants
de commutation peuvent être facilement détectés. Par ailleurs, le capteur présente
l'avantage d'être très peu sensible au type de support sur lequel est monté l'appareil
ou aux perturbations de son environnement. Les cycles ouverture-fermeture d'un contacteur
voisin ne sont par exemple pas détectés et ne viennent pas perturber les mesures.
1. Procédé de détermination de l'usure des contacts électriques d'un appareil électrique
interrupteur qui comporte un boîtier (7) renfermant un ou plusieurs pôles de puissance,
chacun muni d'au moins un contact mobile (21) séparable d'un contact fixe (20) correspondant
et actionné par un actionneur (1) entre une position ouverte et une position fermée,
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes :
- Détermination d'une durée de référence (Tref) de fermeture des contacts électriques
lorsque les contacts électriques sont neufs, ladite durée de référence correspondant
à la durée entre un instant initial et un instant correspondant à un pic de tension
détecté à l'aide d'un capteur piézoélectrique (6) fixé à l'appareil électrique interrupteur,
- Mémorisation de la durée de référence (Tref) déterminée,
- Détermination d'au moins une durée de fermeture (Ti) des contacts électriques, la
durée de fermeture correspondant à la durée entre ledit instant initial et un instant
correspondant à un pic de tension détecté en sortie dudit capteur piézoélectrique
(6),
- Comparaison de ladite durée fermeture (Ti) déterminée avec la durée de référence
(Tref) en vue de déterminer un degré d'usure des contacts électriques.
2. Système de détermination de l'usure des contacts électriques d'un appareil électrique
interrupteur qui comporte un boîtier (7) renfermant un ou plusieurs pôles de puissance,
chacun muni d'au moins un contact mobile (21) séparable d'un contact fixe (20) correspondant
et actionné par un actionneur (1) entre une position ouverte et une position fermée,
ledit système comprenant une unité de traitement et étant
caractérisé en ce que :
- Il comporte un capteur piézoélectrique fixé à l'appareil électrique interrupteur,
et en ce que l'unité de traitement comporte :
- Un module de détermination d'une durée de référence (Tref) de fermeture des contacts
électriques lorsque les contacts électriques sont neufs, ladite durée de référence
correspondant à la durée entre un instant initial et un instant correspondant à la
détection d'un pic de tension à l'aide du capteur piézoélectrique (6),
- Un module de mémorisation de la durée de référence (Tref) déterminée,
- Un module de détermination (M1) d'au moins une durée de fermeture (Ti) des contacts
électriques, la durée de fermeture correspondant à la durée entre ledit instant initial
et un instant correspondant à la détection d'un pic de tension en sortie dudit capteur
piézoélectrique (6),
- Un module de comparaison (M2) de la durée de fermeture (Ti) déterminée avec la durée
de référence (Tref) en vue de déterminer un degré d'usure des contacts électriques.
3. Système selon la revendication 2, caractérisé en ce que le capteur piézoélectrique (6) est fixé sur la surface du boîtier de l'appareil électrique
interrupteur.
4. Système selon la revendication 2 ou 3, caractérisé en ce que le capteur piézoélectrique est de type PVDF ou PVDF-TrFe.