DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention concerne le domaine général des énergies renouvelables et,
plus particulièrement, du traitement thermochimique de la matière carbonée pour produire
des gaz de synthèse.
[0002] Plus particulièrement, la présente invention concerne un procédé pour la préparation
d'un gaz de synthèse via la pyro-gazéification d'une matière carbonée telle que notamment
une matière carbonée riche en cendres, ledit procédé utilisant un bain de cendres
en fusion. La présente invention concerne également un dispositif pour la mise en
oeuvre d'un tel procédé.
ÉTAT DE LA TECHNIQUE ANTÉRIEURE
[0003] Du fait, d'une part, de la demande croissante en énergie et, d'autre part, de la
diminution en énergies fossiles, un intérêt particulier a été porté à la valorisation
énergétique de la biomasse et des déchets tels que les déchets organiques. De plus,
un besoin fort a été identifié pour gazéifier des déchets qui constituent une ressource
à forte teneur en cendres, comme alternative à l'incinération.
[0004] Ainsi, la voie thermochimique de production de gaz de synthèse à partir de cette
ressource que constitue(nt) la biomasse et/ou les déchets est étudiée depuis longtemps.
Cette voie comprend (i) la pyrolyse qui correspond au processus de conversion de la
ressource en absence de réactifs, (ii) la gazéification qui intervient en présence
de gaz réactifs comme de l'air, de l'oxygène ou de la vapeur d'eau et (iii) les procédés
combinant pyrolyse et gazéification.
[0005] La gazéification permet d'obtenir un gaz valorisable autrement que pour produire
de la chaleur. En effet, ce gaz de synthèse, éventuellement nettoyé pour en éliminer
les particules fines, les métaux alcalins, les goudrons et autres, peut se substituer
aux énergies fossiles, comme, par exemple, pour alimenter des moteurs thermiques,
pour synthétiser des carburants liquides ou de composés chimiques et/ou pour alimenter
des moteurs et/ou turbines à gaz pour la production d'électricité.
[0006] De nombreux procédés de transformation thermochimique mettant en oeuvre différents
types de réacteurs ont déjà été proposés. Parmi les principaux réacteurs, on peut
citer les réacteurs à lits fixes, qui peuvent être à co- ou contre-courant, les réacteurs
à lits fluidisés et les réacteurs à flux entraîné. Ces technologies et d'autres encore
ont fait l'objet de nombreuses publications et revues
[1].
[0007] La problématique de la pyro-gazéification repose sur la nécessité de chauffer très
rapidement, i.e. en quelques secondes, la ressource (biomasse et/ou déchets) à haute
température, ce qui correspond à une température supérieure à 1000°C, pour obtenir
un rendement en gaz maximal et un gaz avec un pouvoir énergétique maximal.
[0008] Les réacteurs à flux entraîné (RFE) répondent à cette problématique mais ils sont
d'un fonctionnement complexe. En effet, ils nécessitent une bonne maîtrise de la ressource
à traiter qui doit être broyée très finement (d'environ 500 µm) afin d'assurer un
taux de conversion suffisant lors du passage dans le réacteur. De plus, les réacteurs
à flux entraîné ne seront rentables, lorsqu'ils seront industriels, qu'à très grande
échelle (de l'ordre de 400 MWth).
[0009] Les réacteurs à lits fluidisés, simples ou doubles, sont déjà à une échelle industrielle
(2 à 100 MWth). Ils permettent une pyrolyse rapide mais à une température maximale
de l'ordre de 850°C. Dans ces conditions, ils produisent un gaz de moins bonne qualité
que celui produit par les RFE avec un pouvoir calorifique inférieur (PCI) plus faible
et une teneur en goudrons plus forte. Les réacteurs à lit fluidisé sont sensibles
à la teneur en cendres de la ressource qui pose des problèmes d'agglomération du lit.
Aussi, toujours afin de maîtriser les phénomènes d'agglomération des cendres rendant
la fluidisation de la ressource à traiter, ce type de réacteurs fonctionne à température
modérée, à savoir à des températures inférieures à la température de fusion des cendres.
De ce fait, ces réacteurs sont limités en température et en nature de ressource (bois
seulement).
[0010] Les réacteurs à lits fixes sont limités à la petite taille qui doit être inférieure
à 5 MWth et produisent un gaz encore moins énergétique que celui des réacteurs à lits
fluidisés et contenant plus de goudrons, notamment dans le cas des réacteurs à lits
à contre-courant. Cependant, quelques installations à lits fixes co-courant permettent
d'obtenir un gaz de qualité équivalente à celui des RFE. En effet, certains lits fixes
à co-courant permettent une zone d'oxydation homogène à une température supérieure
à 1300°C, autorisant le craquage des goudrons. Par exemple, la demande de brevet
FR 2 985 265 [2] décrit un réacteur à lit fixe et à co-courant dans lequel l'agent de gazéification
est introduit dans la zone d'oxydation. La demande internationale
WO 2012/175657 [3] propose une solution alternative avec un réacteur à lit fixe et à co-courant dans
lequel la matière solide ne peut s'écouler de façon directe de la zone de pyrolyse
à la zone de réduction et ce, grâce à un sas de transfert perméable aux gaz de pyrolyse.
[0011] En plus, des techniques précédemment évoquées, quelques travaux ont été réalisés
sur réacteurs à milieu réactionnel du type bains fondus et notamment, sur des réacteurs
à sels fondus. Des sels constitués de nitrates ou de carbonates de potassium et/ou
de sodium sont chauffés à 500-600°C. La biomasse à traiter est plongée dans ce bain
et se pyrolyse rapidement. L'atmosphère du réacteur est le plus souvent neutre, par
exemple, sous azote (N
2) mais peut être de la vapeur d'eau avec, dans ce cas, un minimum du rapport vapeur
d'eau/biomasse de 0,3 de façon à favoriser la gazéification. Les vertus catalytiques
des sels fondus permettraient d'atteindre des rendements proches de ceux obtenus à
900°C dans un réacteur sans sel fondu
[4,5].
[0012] D'autres travaux ont porté sur la gazéification directe d'une biomasse humide consistant
en du bois de hêtre sur un bain fondu de verre
[6]. Un four contenant du verre fondu est chauffé par un plasma à arc alimenté par de
l'argon, ce qui permet d'avoir une atmosphère à très haute température dans l'atmosphère
du lit. Ainsi, le verre et l'atmosphère du four sont portés à une température comprise
entre 1200°C et 1600°C et le gaz produit est essentiellement composé de H
2 et CO (proche de l'équilibre thermodynamique). La teneur en méthane est de l'ordre
de 0,01% signe que celui-ci a été réformé et celle en goudrons est également très
faible (de l'ordre de 10 mg.Nm
-3).
[0013] Dans le même esprit, un procédé de gazéification de charbon dans un four chauffé
par un arc plasma a été proposé
[7,8]. Le charbon tombe sur un lit d'acier fondu ou de laitier (6 t à 2200°C). Ce four d'une
puissance de 16 MW nécessite une torche plasma de 2 MW alimentée à l'azote. La température
de l'atmosphère du four est de 1000°C-1100°C. Une injection de vapeur d'eau permet
la vapo-gazéification du charbon.
[0014] Dans ces procédés utilisant des bains en fusion, le fait d'utiliser un arc plasma
présente de nombreux inconvénients. D'une part, l'énergie dépensée par le plasma est
très importante. D'autre part, l'argon ou l'azote plasmagène dilue considérablement
le gaz issu de la biomasse. Ainsi, la qualité du gaz en sortie de gazéifieur est insuffisante
pour pouvoir alimenter un procédé chimique utilisant un tel gaz de synthèse en tant
que propre réactif. De plus, ces procédés peuvent présenter un certain coût notamment
du fait des matériaux utilisés pour préparer les bains en fusion.
[0015] Les inventeurs se sont donc fixé pour but de proposer un procédé et un dispositif
de pyro-gazéification permettant de résoudre les problèmes des réacteurs à lits fluidisés
et à flux entraînés, tout en évitant l'utilisation d'un arc ou torche à plasma.
[0016] Les inventeurs se sont également fixé pour but de proposer un procédé et un dispositif
de pyro-gazéification pouvant utiliser toute ressource à traiter et notamment les
ressources riches en cendres.
EXPOSÉ DE L'INVENTION
[0017] L'invention propose un procédé et un dispositif permettant de pallier tout ou partie
des inconvénients et difficultés rencontrés dans les procédés et dispositifs de l'art
antérieur.
[0018] En effet, la présente invention propose un procédé et un dispositif permettant de
produire un gaz de synthèse à partir d'une ressource carbonée et ce, en mettant en
oeuvre un bain de cendres en fusion, lesdites cendres étant issues d'un procédé de
pyro-gazéification d'une ressource carbonée.
[0019] Dans un tel système, la ressource carbonée à traiter ne nécessite pas d'étapes préalables
de séchage et/ou de broyage puisque des particules centimétriques peuvent être traitées.
L'humidité de la ressource carbonée produit de la vapeur d'eau qui participe au processus
de gazéification. De plus, le fait de traiter des particules centimétriques permet
de garantir un temps de séjour dans le bain de cendres en fusion long i.e. jusqu'à
leur gazéification totale.
[0020] De façon remarquable, la ressource carbonée utilisable dans le cadre du procédé et
du dispositif selon la présente invention peut être une ressource riche en cendres
puisque ce sont ces dernières qui alimentent le bain en fusion.
[0021] Le procédé et le dispositif selon la présente invention permettent une pyro-gazéification
de la ressource carbonée à une température élevée i.e. supérieure à 1000°C. Un traitement
thermochimique à une telle température entraîne une vitesse de conversion de la ressource
carbonée en gaz rapide, ce qui améliore le rendement en gaz. Enfin, cette température
élevée peut être obtenue via la combustion d'une partie du gaz de pyro-gazéification
obtenu par mise en oeuvre du procédé selon l'invention. De ce fait, ce procédé présente,
une fois démarré, un fonctionnement autothermique ne nécessitant aucune source externe
d'énergie.
[0022] En effet, dans le procédé selon la présente invention, l'échange thermique entre
la matière carbonée à traiter et le bain de cendres en fusion est facilité par le
bon contact entre ces deux éléments. Ainsi, la matière carbonée à traiter, une fois
mise en contact avec le bain de cendres en fusion, subit une pyrolyse rapide, l'atmosphère
recueille les gaz de pyrolyse et la vapeur d'eau provenant de l'humidité de la matière
carbonée à traiter et de la réaction de pyrolyse. La haute température du bain de
cendres en fusion et de l'atmosphère dans le dispositif selon l'invention ainsi que
la présence de vapeur d'eau autorisent :
- d'une part, la gazéification du charbon de pyrolyse conformément à la réaction (I)
suivante : C + H2O → CO + H2 (I)
- d'autre part, le craquage des goudrons conformément à la réaction (II) suivante: CxHy + x H2O -> x CO + (x+y/2) H2 (II).
[0023] Les cendres contenues dans la matière carbonée ainsi traitée se trouvent
in fine fondues dans le lit et incorporées au bain de cendres en fusion.
[0024] Plus particulièrement, la présente invention propose un procédé pour produire, par
pyrolyse puis gazéification, un gaz de synthèse à partir d'une matière carbonée, comprenant
au moins une étape consistant à mettre en contact ladite matière carbonée avec un
bain de cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée en fusion en présence d'un agent
gazéifiant, moyennant quoi du gaz de synthèse est produit.
[0025] Le procédé de production objet de la présente invention est un procédé thermochimique
de transformation d'une matière carbonée en un gaz de synthèse. Ce procédé thermochimique
implique une pyrolyse suivie par une gazéification et est, donc, un procédé de pyro-gazéification.
[0026] L'agent gazéifiant ou agent gazéifieur nécessaire à la gazéification est notamment
de la vapeur d'eau et/ou du dioxyde de carbone. Un tel agent gazéifiant est présent
en une quantité suffisante pour permettre la gazéification de la matière carbonée.
Une telle quantité peut être facilement déterminée par l'homme du métier par un travail
de routine.
[0027] Par « matière carbonée », on entend une matière dont au moins un des constituants
est un composé organique, synthétique ou naturel. Toute matière carbonée connue de
l'homme du métier est utilisable dans le cadre de la présente invention. Avantageusement,
la matière carbonée mise en oeuvre dans le cadre de la présente invention est une
matière organique d'origine animale ou végétale (également connue sous la dénomination
de « biomasse ») ou une matière organique issue des activités humaines. Plus particulièrement,
la matière carbonée mise en oeuvre dans le cadre de la présente invention est choisie
dans le groupe constitué par les productions agricoles telles que des productions
dédiées appelées « énergétiques » comme la luzerne et le maïs d'ensilage ; les résidus
de productions agricoles tels que la paille des céréales et les cannes de maïs ; les
productions forestières ; les résidus de productions forestières tels que les résidus
de la transformation du bois; les résidus agricoles issus de l'élevage tels que farines
animales, fumier et lisier ; et les déchets organiques.
[0028] Parmi les déchets organiques, on entend notamment les déchets organiques des ménages,
les déchets organiques industriels, les déchets hospitaliers, les boues issues du
traitement des eaux usées, les boues issues du traitement des effluents liquides industriels,
les boues issues des fonds de silos et leurs mélanges. De manière avantageuse, les
déchets organiques industriels comprennent des déchets issus des industries agroalimentaires
ou de la restauration ; des emballages tels que palettes, caisses et bidons plastiques
; des déchets de production tels que sciure, chute et découpe ; des produits usagés
tels que papier, équipements hors service et pneus ; et des matériaux tels que carton,
textile et plastiques.
[0029] Lorsque le déchet organique se présente sous forme de boues, ces dernières sont définies
comme des boues séchées. Par « boue séchée », on entend une boue se présentant sous
forme d'une boue solide ou d'une boue pâteuse et dont le % massique de matière sèche
par rapport à la masse totale de boue est supérieur à 30%, notamment supérieur à 40%
et, en particulier, supérieur à 50%.
[0030] La matière carbonée mise en oeuvre dans le cadre de la présente invention se présente
sous forme solide. Comme précédemment expliqué, la présente invention permet d'utiliser
une matière carbonée n'ayant pas subi une étape de broyage poussée i.e. une étape
de broyage pour obtenir des résidus présentant des dimensions caractéristiques, inférieures
à 1 mm voire inférieures ou égales à 500 µm. Il peut cependant être nécessaire, en
fonction de la matière carbonée à traiter et notamment lorsqu'il s'agit de produits
usagés tels que des pneus, de la broyer pour obtenir des résidus présentant la plus
grande des trois dimensions les caractérisant, supérieure à 1 cm, notamment supérieure
à 2 cm et, en particulier, de l'ordre de 3 cm (i.e. 3 cm ± 0,5 cm).
[0031] Avantageusement, la matière carbonée mise en oeuvre dans le cadre de la présente
invention présente des résidus dont au moins une des trois dimensions les caractérisant
est supérieure à 1 mm. En variante, la matière carbonée mise en oeuvre dans le cadre
de la présente invention présente un taux de fines en masse par rapport à la masse
totale de matière carbonée inférieure à 1%. Par « fines », on entend des particules
dont les dimensions caractéristiques sont inférieures à 1 mm. Dans ces conditions,
on évite l'éventuel colmatage des tuyaux de récupération du gaz de synthèse par les
suies obtenues par gazéification dans l'atmosphère du four à haute température des
particules fines formant un nuage de poussières.
[0032] Comme précédemment expliqué, la matière carbonée mise en oeuvre dans la présente
invention peut présenter un quelconque taux de cendres. Avantageusement, le taux de
cendres de cette matière carbonée est compris entre 0,5 et 50% en masse. Pour rappel,
le taux de cendres d'un échantillon exprimé en % massique correspond au rapport de
la masse du résidu obtenu après calcination à température définie et durant un temps
donné, à la masse initiale de l'échantillon. Les taux de cendres sont mesurés par
calcination à 550°C selon la norme DIN EN 14775. Dans un mode de réalisation particulier,
la matière carbonée présente un fort taux de cendres i.e. un taux de cendres compris
entre 10% et 50% en masse.
[0033] La caractéristique essentielle du procédé selon la présente invention réside dans
l'utilisation d'un bain de cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée en fusion. En
effet, ce sont les cendres de la matière carbonée i.e. de la ressource carbonée traitée
qui sont utilisées fondues pour constituer le bain.
[0034] Dans les bains en fusion de l'état de la technique, les cendres de la ressource traitée
ne sont présentes que sous forme de contaminants par exemple dans des bains de nitrates
ou de carbonates de potassium et/ou de sodium en fusion
[4,5], des bains de verre fondu
[6] ou les bains d'acier fondu ou de laitier
[7,8]. Dans les autres procédés et dispositifs de pyro-gazéification de l'art antérieur,
les cendres obtenues sont généralement collectées et évacuées
[2,3].
[0035] Au contraire, dans la présente invention, les cendres de la matière carbonée traitée
correspondant aux résidus non combustibles de la matière carbonée traitée sont le
constituant essentiel du bain en fusion. Les éléments autres que les cendres de matière
carbonée en fusion que peut contenir le bain sont présents à l'état de traces i.e.
leur quantité en masse par rapport à la masse totale du bain en fusion est inférieure
à 10%, notamment inférieure à 5% et, en particulier, inférieure à 1%.
[0036] Comme les compositions des cendres peuvent être variables notamment selon les ressources
et, pour une même ressource, selon la provenance ou la saison, des éléments peuvent
avantageusement être ajoutés aux cendres pour maintenir la température de fusion de
celles-ci dans une gamme située typiquement entre 1000 et 1600°C. Cette gamme de température
permet également de limiter la dégradation des parois du four de gazéification. Parmi
ces éléments, on peut citer les fondants qui sont des produits connus et utilisés,
notamment en fonderie et en verrerie, pour abaisser la température de fusion d'un
ou plusieurs élément(s) ou composé(s) chimique(s). Dans le cas présent, un fondant
tel que du calcin est utilisé pour stabiliser les températures de fusion du bain de
cendres et éviter sa solidification.
[0037] Ainsi, la quantité de cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée est supérieure ou
égale à 90% par rapport à la masse totale du bain en fusion, notamment supérieure
ou égale à 95%, en particulier supérieure ou égale à 99%.
[0038] La nature et la composition des cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée sont variables.
Elles dépendent notamment de la nature de la matière carbonée utilisée lors du procédé
de traitement thermochimique et des conditions oxydantes ou réductrices utilisées
lors de ce procédé.
[0039] Avantageusement, les cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée comprennent un ou
plusieurs élément(s) choisi(s) dans le groupe constitué par le dioxyde de silicium
(SiO
2), le dioxyde de soufre (SO
2), l'oxyde de calcium (CaO), l'oxyde de potassium (K
2O), l'oxyde d'aluminium (Al
2O
3), l'oxyde de fer(III) (FeO
3), l'oxyde de magnésium (MgO) et le pentoxyde de phosphore (P
2O
5). A titre d'exemples, les cendres issues de résidus de productions agricoles comme
la paille des céréales sont riches en oxyde de calcium (CaO) et en oxyde de potassium
(K
2O), alors que celles issues de déchets organiques comme des produits usagés et notamment
des pneus sont riches en dioxyde de silicium (SiO
2) et en dioxyde de soufre (SO
2). En particulier, les cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée contiennent l'ensemble
des éléments précités, leur proportion pouvant varier en fonction de la matière carbonée
pyro-gazéifiée et durant le procédé.
[0040] Dans le procédé selon la présente invention, les cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée
se trouvent sous forme fondue. A cet effet, elles sont portées et maintenues à une
température supérieure ou égale à 1000°C. Cette température est notamment comprise
entre 1000°C et 1600°C et, en particulier, entre 1000°C et 1400°C.
[0041] Par « gaz de synthèse », on entend le gaz obtenu par pyro-gazéification de la matière
carbonée mise en oeuvre. Un tel gaz est également connu sous l'appellation « syngaz
». La nature et la composition du gaz de synthèse obtenu par mise en oeuvre du procédé
selon la présente invention dépendent notamment de la nature de la matière carbonée
utilisée lors du procédé de traitement thermochimique et des conditions oxydantes
ou réductrices utilisées lors de ce procédé.
[0042] Avantageusement, le gaz de synthèse produit par le procédé selon la présente invention
comprend de l'hydrogène (H
2), du monoxyde de carbone (CO) et du dioxyde de carbone (CO
2) et éventuellement un ou plusieurs autre(s) élément(s) gazeux, ce ou ces dernier(s)
étant avantageusement présent(s) à l'état de traces. La proportion respective des
différents éléments présents dans le gaz de synthèse i.e. H
2, CO et CO
2 dépend de la nature de la matière carbonée traitée et des conditions thermiques dans
le four.
[0043] Par « élément présent à l'état de traces », on entend un élément gazeux présent en
un pourcentage volumique par rapport au volume total du gaz de synthèse inférieur
à 6%, notamment inférieur à 4%, en particulier, inférieur à 2% et, plus particulièrement,
inférieur à 1%.
[0044] A titre d'exemples illustratifs et non limitatifs d'autres éléments gazeux présents
dans le gaz de synthèse produit par le procédé selon l'invention et notamment présents
à l'état de traces dans le gaz de synthèse produit par le procédé selon l'invention,
on peut citer le méthane (CH
4), l'acétylène (C
2H
2), l'éthylène (C
2H
4), l'éthane (C
2H
6), des polluants inorganiques comme le sulfure d'hydrogène (H
2S), l'ammoniac (NH
3), l'acide chloridrique (HCl), le cyanure d'hydrogène (HCN) et l'oxysulfure de carbone
(COS), ainsi que des composés organiques comme le benzène (C
6H
6), le toluène (C
7H
8) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques comme le naphtalène (C
10H
8). Toutefois, lors du traitement thermochimique d'une matière carbonée particulière,
il est possible qu'un ou plusieurs de ces éléments gazeux soi(en)t présent(s) en un
pourcentage volumique par rapport au volume total du gaz de synthèse supérieur à 6%,
et ne constitue(nt) plus un ou des élément(s) à l'état de traces.
[0045] Aux composés gazeux précédemment cités et produits par le procédé de pyro-gazéification,
s'ajoutent des composés résiduels. En effet, lorsque la combustion partielle du gaz
de synthèse dans le four, nécessaire pour apporter l'énergie permettant le maintien
en température du four et nécessaire pour permettre les réactions endothemiques de
gazéification est effectuée avec un gaz réactif comprenant de l'oxygène tel que de
l'air, de l'air enrichi en oxygène ou de l'oxygène, l'azote (N
2) résiduel de l'air de combustion et/ou l'oxygène (O
2) résiduel du gaz réactif et/ou le dioxyde de carbone (CO
2) produit par la combustion partielle du gaz de synthèse et/ou le dioxyde de carbone
(CO
2) résiduel si l'agent gazéifiant est le CO
2 et/ou de la vapeur d'eau produite par la combustion et/ou par la pyrolyse et/ou de
la vapeur d'eau résiduelle si l'agent gazéifiant est de la vapeur d'eau s'ajoutent
au gaz de synthèse produit par pyro-gazéification.
[0046] Plus particulièrement, le procédé selon la présente invention comprend les étapes
consistant à :
- a) préparer un bain de cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée en fusion ;
- b) mettre en contact de la matière carbonée avec le bain de cendres de matière carbonée
pyro-gazéifiée en fusion préparé à l'étape (a) en présence d'un agent gazéifiant ;
- c) récupérer le gaz de synthèse produit à l'étape (b).
[0047] L'étape (a) du procédé selon la présente invention correspond à l'étape de démarrage
dudit procédé et consiste à préparer le milieu réactionnel caloporteur utilisé lors
de la pyro-gazéification et plus particulièrement lors de la pyrolyse de la matière
carbonée introduite lors de l'étape (b).
[0048] Différentes variantes peuvent être envisagées pour la mise en oeuvre de l'étape (a)
du procédé selon la présente invention.
[0049] Ainsi, l'étape (a) du procédé selon la présente invention peut consister à introduire,
dans la chambre de réaction, une matière carbonée notamment telle que précédemment
définie et à soumettre cette dernière à une pyro-gazéification, en présence d'un combustible
et éventuellement d'un comburant, à une température supérieure ou égale à 1000°C,
notamment comprise entre 1000°C et 1600°C et, en particulier, entre 1000°C et 1400°C
de façon à obtenir un bain de cendres en fusion. Les cendres fondues ainsi obtenues
sont des cendres issues de la pyro-gazéification de la matière carbonée initialement
introduite dans la chambre de réaction. Dans cette variante, le combustible utilisable
est notamment choisi parmi le méthane, le butane, le propane, le fioul, l'huile, le
dihydrogène et un de leurs mélanges. Le comburant est avantageusement un gaz réactif
comprenant de l'oxygène tel que de l'air, de l'air enrichi en oxygène ou de l'oxygène.
[0050] En variante, l'étape (a) du procédé selon la présente invention peut consister à
introduire, dans la chambre de réaction, des cendres issues d'un précédent procédé
de pyro-gazéification, froides ou refroidies et à soumettre lesdites cendres à une
température supérieure ou égale à 1000°C, notamment comprise entre 1000°C et 1600°C
et, en particulier, entre 1000°C et 1400°C de façon à obtenir un bain de cendres en
fusion. Les cendres froides ou refroidies mises en oeuvre dans cette variante présentent
une température inférieure à 1000°C, notamment inférieure à 600°C, en particulier
inférieure à 200°C. Dans un mode de réalisation particulier de cette variante, les
cendres mises en oeuvre sont des cendres froides dont la température est comprise
entre 20°C et 100°C.
[0051] Quelle que soit la variante mise en oeuvre lors de l'étape (a) du procédé selon la
présente invention, le bain de cendres fondues ainsi préparé doit présenter une épaisseur
suffisante pour permettre à la matière carbonée de flotter à sa surface. L'homme du
métier saura déterminer l'épaisseur la mieux adaptée en fonction de la matière carbonée
à traiter et de la taille des résidus formant cette matière carbonée. A titre d'exemple
illustratif et non limitatif, lorsque la plus grande des trois dimensions caractérisant
ces résidus est de l'ordre de 3 cm, le bain de cendres fondues présente une épaisseur
supérieure ou égale à 9 mm et notamment supérieure ou égale à 1 cm.
[0052] L'épaisseur du bain de cendres en fusion est contrôlée par la température. Cette
dernière doit être ajustée en fonction de la viscosité des cendres qui détermine l'épaisseur
de la couche et la vitesse de son écoulement.
[0053] L'étape (b) du procédé selon la présente invention consiste à mettre la matière carbonée
telle que précédemment définie en contact avec le bain de cendres en fusion tel que
précédemment défini. Cette mise en contact consiste à introduire, par gravité, la
matière carbonée dans le bain de cendres en fusion.
[0054] Dans le procédé selon la présente invention, la matière carbonée à traiter peut être
mise en contact avec le bain de cendres en fusion de façon séquentielle ou continue.
Avantageusement, la matière carbonée à traiter est introduite dans le bain de cendres
en fusion de façon continue. L'homme du métier saura déterminer, sans effort inventif,
la vitesse d'introduction et donc le débit de masse les mieux adaptés en fonction
de la nature de la matière carbonée. A titre d'exemple, pour un lit de cendres fondues
d'une longueur de 3 m pour une largeur de 1 m, le débit de la matière carbonée est
compris entre 300 kg/h et 500 kg/h.
[0055] Une fois mise en contact, la matière carbonée flotte à la surface du bain de cendres
en fusion ou est incorporée dans ce dernier, ce qui entraîne, comme précédemment expliqué,
la pyro-gazéification de la matière carbonée. Le temps de séjour de la matière carbonée
dans le bain de cendres en fusion dépend de la taille des éléments constituant cette
matière carbonée. A titre d'exemple illustratif et non limitatif, lorsque la plus
grande des trois dimensions caractérisant ces éléments est de l'ordre de 3 cm, ce
temps de séjour est compris entre 3 et 10 min.
[0056] Le procédé de pyro-gazéification lors de l'étape (b) du procédé selon la présente
invention est réalisé sous pression atmosphérique, l'atmosphère dans la chambre de
réaction étant celle générée par la combustion partielle des gaz et par la pyro-gazéification
de la matière carbonée.
[0057] De plus, comme précédemment expliqué, un agent gazéifiant peut également être ajouté
en plus de la vapeur d'eau issue de la matière carbonée et ce, pour gazéifier, de
façon totale ou quasi-totale, la matière carbonée à traiter. Un tel agent gazéifiant
est avantageusement de la vapeur d'eau et/ou du dioxyde de carbone. Un comburant doit
également être ajouté pour autoriser la combustion partielle du gaz de synthèse nécessaire
pour maintenir le four dans la bonne gamme de températures et apporter l'énergie nécessaire
à la gazéification. Ce comburant est avantageusement un gaz réactif comprenant de
l'oxygène tel que de l'air, de l'air enrichi en oxygène ou de l'oxygène.
[0058] L'étape (c) du procédé selon la présente invention consiste à récupérer ou récolter
le gaz de synthèse produit durant le procédé de pyro-gazéification.
[0059] Tout ou partie du gaz de synthèse récupéré peut être utilisé comme combustible notamment
pour chauffer la chambre de réaction et maintenir, dans cette dernière, les cendres
de matière carbonée pyro-gazéifiée en fusion à une température telle que précédemment
définie i.e. une température supérieure ou égale à 1000°C, typiquement comprise entre
1000°C et 1600°C et, en particulier, entre 1000°C et 1400°C. Cette utilisation, notamment
durant l'étape (b) du procédé selon la présente invention, permet de garantir le caractère
auto-thermique de ce dernier.
[0060] Tout ou partie du gaz de synthèse récupéré peut également être utilisé pour céder
à un fluide caloporteur l'énergie thermique qu'il comprend, pour alimenter des moteurs
thermiques, pour synthétiser des carburants liquides ou de composés chimiques et/ou
pour alimenter des moteurs et/ou turbines à gaz pour la production d'électricité.
[0061] Préalablement à la mise en oeuvre de certaines des utilisations précitées et notamment
l'alimentation des moteurs et/ou turbines à gaz et la conversion en carburants liquides
ou composés chimiques, il peut être nécessaire de purifier et/ou de nettoyer le gaz
de synthèse produit. Ces différents procédés et ces différentes utilisations sont
bien connus de l'homme du métier.
[0062] Avantageusement, le procédé selon la présente invention comprend en outre une étape
d'évacuation d'une partie des cendres en fusion en continu ou séquentiellement.
[0063] En effet, comme de nouvelles cendres sont ajoutées au fur et à mesure du procédé
au bain de cendres en fusion, le volume de ce bain augmente. Maintenir un tel bain
de cendres en fusion peut nécessiter un dispositif adapté et beaucoup d'énergie thermique
apportée par combustion du gaz de synthèse. Par conséquent, il est nécessaire d'éliminer
les cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée en excès. Avantageusement, l'évacuation
des cendres liquides est réalisée en continu à la sortie du four et ainsi il s'établit
un courant entraînant la matière carbonée qui flotte sur le lit de cendres vers la
sortie du four. Préférentiellement, le four est dimensionné de manière à ce que ce
courant assure un temps de séjour suffisant pour une gazéification complète des particules
de matière carbonée.
[0064] Les cendres ainsi récupérées peuvent être refroidies ou subir une trempe thermique
afin de les transformer en un vitrifiat inerte pouvant être utilisé comme un matériau
de sous-couche routière (par exemple).
[0065] La présente invention concerne également un dispositif susceptible d'être mis en
oeuvre dans le cadre du procédé pour produire un gaz de synthèse à partir d'une matière
carbonée.
[0066] Un tel dispositif comprend (i) une chambre de réaction comprenant un bain de cendres
d'une matière carbonée pyro-gazéifiée en fusion, (ii) des moyens débouchant dans ladite
chambre de réaction adaptés pour amener, dans cette dernière, la matière carbonée
à traiter, (iii) des moyens adaptés pour récupérer le gaz de synthèse produit et (iv)
des moyens adaptés pour maintenir ledit bain de cendres sous forme fondue. La Figure
1 est une schématisation de ces différents moyens.
[0067] La chambre de réaction 1 est la partie du dispositif dans laquelle le procédé de
pyro-gazéification se déroule. Elle comprend, dans sa partie inférieure, le bain de
cendres en fusion 2. Cette chambre de réaction peut être la cavité interne d'un quelconque
four ou gazéifieur ou gazéificateur 3 habituellement utilisé dans le domaine de la
pyro-gazéification. Avantageusement, pour garantir un temps de contact suffisant entre
le bain de cendres en fusion et la matière carbonée à traiter, la chambre de réaction
correspond à la cavité interne d'un four horizontal de forme allongée, cylindrique
ou parallélépipédique. Typiquement, pour un débit de matière carbonée compris entre
100 et 500 kg/h, ce four présente une longueur comprise entre 1 m et 6 m et notamment
entre 1,5 m et 5 m et, en particulier, de l'ordre de 3 m (i.e. 3 m ± 1 m) et une largeur
comprise entre 30 cm et 3 m et notamment entre 40 cm et 2 m et, en particulier, de
l'ordre de 1 m (i.e. 1 m ± 50 cm).
[0068] De façon à supporter les températures utilisées lors de la pyro-gazéification, les
parois de la chambre de réaction sont en un matériau réfractaire notamment choisi
parmi les métaux réfractaires tels que, par exemple, chrome, hafnium, iridium, molybdène,
niobium, rhénium, ruthénium, tantale, tungstène, vanadium et zirconium ; des aciers
réfractaires ; des superalliages tels que, par exemple, des alliages à base de nickel
ou de cobalt ; du graphite ; des céramiques thermomécaniques telles que des carbures
comme, par exemple, du carbure de silicium (SiC), du carbure de titane (TiC), du carbure
de bore (B
4C), du carbure de zirconium (ZrC) ou du carbure de tungstène (WC), des nitrures comme,
par exemple, du nitrure d'aluminium (AIN), du nitrure de bore (BN), du nitrure de
silicium (Si
3N
4) ou du nitrure de titane (TiN), des borures comme, par exemple, du diborure d'aluminium
(AlB
2), du diborure de zirconium (ZrB
2), du diborure de titane (TiB
2), du diborure d'hafnium (HfB
2) et des oxydes comme, par exemple, de l'oxyde de zinc (ZnO), de l'oxyde de magnésium
(MgO), de l'oxyde magnétique de fer (Fe
3O
4), du dioxyde de titane (TiO
2), du dioxyde de zirconium (ou zircone, ZrO
2) ou de l'alumine (Al
2O
3) ; des siliciures ; des sulfures ; des composés intermétalliques comme, par exemple,
des aluminures de titane (TiAl, Ti
3Al ou TiAl
3) ; les composites à matrice céramique et à matrice métallique ou un de leurs mélanges.
[0069] Le dispositif selon la présente invention comprend des moyens
4 débouchant dans ladite chambre de réaction pour amener, dans cette dernière, la matière
carbonée à traiter. Ces moyens comprennent notamment des 1
ers moyens adaptés pour contenir la matière carbonée et des 2
nds moyens adaptés pour acheminer ladite matière carbonée de ces 1
ers moyens vers le bain de cendres en fusion. Ce sont ces 2
nds moyens qui débouchent dans la chambre de réaction.
[0070] Tout moyen habituellement utilisé pour amener la matière à traiter dans un four de
pyro-gazéification est utilisable. Les 1
ers moyens sont avantageusement choisis parmi un réservoir, une cuve, un silo, une benne,
une trémie et une quelconque de leur association. Par « association », on entend notamment
un réservoir, une cuve, un silo ou une benne dont la partie inférieure est pourvue
d'une trémie. La partie inférieure de ces 1
ers moyens présente un orifice ou ouverture de décharge, éventuellement obstruable (par
exemple, au moyen d'une vanne rotative) et/ou éventuellement pourvu(e) d'un tamis,
ledit orifice ou ladite ouverture de décharge étant adapté(e) pour l'écoulement de
la matière carbonée.
[0071] Comme les 1
ers moyens adaptés pour contenir la matière carbonée ne sont pas directement connectés
à la chambre de réaction, il n'est pas nécessaire que ces derniers soient en un matériau
susceptible de supporter des températures élevées telles que celles de la chambre
de réaction en fonction. Ainsi, tout matériau habituellement utilisé pour des réservoirs,
des cuves, des silos, des bennes ou des trémies est utilisable dans le cadre de la
présente invention.
[0072] Ces 1
ers moyens et, plus particulièrement, l'orifice ou ouverture de décharge qu'ils présentent
sont tenus au-dessus desdits 2
nds moyens ou connectés auxdits 2
nds moyens destinés à recevoir la matière carbonée. Lorsqu'il existe une connexion entre
les 1
ers et les 2
nds moyens, cette dernière peut se présenter sous la forme d'un tuyau ou d'une tuyauterie
de soutirage dont l'extrémité distale est connectée à l'orifice ou l'ouverture de
décharge des 1
ers moyens et l'extrémité proximale débouche au niveau des 2
nds moyens et avantageusement au niveau de la partie supérieure de ces 2
nds moyens, cette extrémité proximale pouvant éventuellement être connectée auxdits 2
nds moyens.
[0073] Les 2
nds moyens sont notamment choisis parmi un tapis roulant, un tapis vibrant ou un convoyeur
à vis sans fin. Comme ces 2
nds moyens débouchent dans la chambre de réaction, il peut être nécessaire que ces derniers
ou du moins la partie de ces moyens débouchant dans la chambre de réaction soient
en un matériau adapté pour supporter les températures régnant dans cette dernière
en fonctionnement ou soient revêtus ou recouverts d'un tel matériau. De tels matériaux
appartiennent aux matériaux réfractaires tels que précédemment définis et sont, notamment,
choisis parmi les aciers réfractaires à base nickel. Ces 2
nds moyens débouchent dans la chambre de réaction au niveau d'une ouverture réalisée
dans la paroi de la chambre de réaction et notamment de la partie amont de la chambre
de réaction et donc de la partie amont du bain de cendres en fusion.
[0074] Le dispositif selon la présente invention comprend également des moyens 5 adaptés
pour récupérer le gaz de synthèse produit suite au procédé de pyro-gazéification.
Ces moyens comprennent au moins un conduit d'évacuation par lequel s'échappe le gaz
de synthèse. L'extrémité proximale de ce ou ces conduit(s) d'évacuation débouche dans
la chambre de réaction au niveau de la paroi supérieure et/ou des parois latérales
et ce, notamment au niveau de la partie aval de la chambre de réaction et donc de
la partie aval du bain de cendres en fusion. Ce ou ces conduit(s) d'évacuation peuvent
être éventuellement combiné(s) à un dispositif d'extraction ou d'aspiration pour faciliter
la récupération du gaz de synthèse.
[0075] L'extrémité distale du ou des conduit(s) d'évacuation est connectée aux moyens et
dispositifs mis en oeuvre lors de l'utilisation ultérieure du gaz de synthèse produit
par le procédé selon la présente invention. A titre d'exemples illustratifs et non
limitatifs de tels moyens et dispositifs, on peut citer des moyens pour utiliser le
gaz de synthèse comme combustible comme un moteur, un brûleur ou un injecteur, des
moyens pour échanger la chaleur du gaz de synthèse comme une chaudière, des moyens
pour refroidir le gaz de synthèse comme une tuyère induisant le figeage du gaz de
synthèse et des moyens pour purifier et/ou nettoyer le gaz de synthèse pouvant comporter
une zone de détrempe et/ou des moyens pour capter des matières condensables.
[0076] Le dispositif selon la présente invention comprend en outre des moyens 6 pour maintenir
le bain de cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée sous forme fondue. Ces moyens
visent à maintenir la température de la chambre de réaction et celle du bain de cendres
à une température supérieure à 1000°C, notamment comprise entre 1000°C et 1600°C et,
en particulier, entre 1000°C et 1400°C. Ces moyens comprennent au moins un brûleur
et notamment un brûleur à gaz. Lorsque ces moyens comprennent plusieurs brûleurs,
ces derniers sont régulièrement disposés au niveau de la paroi supérieure et/ou des
parois latérales de la chambre de réaction et ce, afin d'obtenir une température homogène
dans l'enceinte.
[0077] Le ou les brûleur(s) est/sont alimenté(s) par tout combustible adapté. Lorsqu'il
s'agit de brûleur(s) à gaz, le combustible est notamment choisi parmi le méthane,
le butane, le propane, le fioul, l'huile, le dihydrogène, un gaz de synthèse et un
de leurs mélanges.
[0078] En effet, lorsque le procédé selon la présente invention est en cours de démarrage
i.e. lors l'étape (a) du procédé telle que précédemment définie où peu ou pas de gaz
de synthèse n'est produit, le combustible est, plus particulièrement, choisi parmi
le méthane, le butane, le propane, le fioul, l'huile, le dihydrogène et un de leurs
mélanges. Dès que du gaz de synthèse est produit, il est possible soit de continuer
à alimenter le ou les brûleurs avec du méthane, du butane, du propane, du fioul, de
l'huile, du dihydrogène et un de leurs mélanges, soit d'utiliser au moins une partie
du gaz de synthèse produit. Dans cette alternative, l'extrémité distale d'au moins
un des moyens
5 adaptés pour récupérer le gaz de synthèse est connecté à au moins un brûleur à gaz.
[0079] Les moyens
6 pour maintenir le bain de cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée sous forme fondue
peuvent en outre comprendre des moyens pour mesurer, contrôler et/ou rectifier la
température à l'intérieur de la chambre de réaction. La rectification de la température
peut consister à agir sur le ou les brûleur(s) notamment sur les caractéristiques
de l'alimentation en combustible de ce ou ces dernier(s).
[0080] Le dispositif selon la présente invention peut comprendre en outre des moyens 7 adaptés
pour évacuer une partie des cendres de matière carbonée pyro-gazéifiée en fusion.
[0081] Comme précédemment expliqué, il est nécessaire d'évacuer une partie des cendres en
fusion de façon séquentielle ou préférentiellement de façon continue. A cet effet,
le dispositif selon la présente invention comprend un bac, une cuve ou un récipient
connecté(e) fluidiquement à la chambre de réaction au niveau de sa partie aval. Plus
particulièrement, ce bac, cette cuve ou ce récipient de trop-plein est solidarisé(e)
à la fac externe du four au niveau de la partie aval de la chambre de réaction et
est connecté à cette dernière via un conduit, éventuellement obstruable, aménagé dans
la paroi du four. Lorsque le bain de cendres en fusion atteint et dépasse l'ouverture
de ce conduit dans la chambre de réaction, une partie des cendres en fusion s'écoule
de la chambre de réaction dans le bac, la cuve ou le récipient de trop-plein via ledit
conduit.
[0082] De plus, afin de faciliter l'écoulement du bain de cendres en fusion de la partie
amont vers la partie aval de la chambre de réaction et donc afin de faciliter l'évacuation
des cendres excédentaires, il est également possible d'utiliser une chambre de réaction
dont la partie amont est surélevée par rapport à sa partie aval. Cette surélévation
est comprise entre 1 et 30°C, notamment entre 2 et 20°C et, en particulier, de l'ordre
de 10°C (i.e. 10°C ± 5°C). Dans ce mode de réalisation particulier, le four de gazéification
forme avec l'horizontale un angle compris entre 1 et 30°C, notamment entre 2 et 20°C
et, en particulier, de l'ordre de 10°C.
[0083] Enfin, le dispositif selon la présente invention peut également présenter des moyens
adaptés pour injecter un comburant apte à favoriser la gazéification.
[0084] En effet, lors de l'étape (a) du procédé et/ou lorsque la matière carbonée présente
une humidité insuffisante pour générer une quantité de vapeur d'eau efficace pour
permettre la gazéification de cette matière carbonée, il peut être nécessaire d'injecter
dans la chambre de réaction un comburant adapté. Le comburant est avantageusement
un gaz réactif comprenant de l'oxygène tel que de l'air, de l'air enrichi en oxygène
ou de l'oxygène.
[0085] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront encore
à l'homme du métier à la lecture de l'exemple ci-dessous donné à titre illustratif
et non limitatif, en référence aux figures annexées.
BRÈVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0086]
La Figure 1 déjà présentée décrit le principe du procédé et du dispositif de gazéification
en lit de cendres fondues, objet de la présente invention.
La Figure 2 propose une vue détaillée d'un dispositif selon la présente invention
(vue éclatée de moitié).
EXPOSÉ DÉTAILLÉ DE MODES DE RÉALISATION PARTICULIERS
[0087] Le dispositif selon la présente invention présente une chambre de réaction
1 correspondant à la cavité interne d'un four
3 en matériau réfractaire céramique ou métallique présentant une épaisseur suffisante
pour que les parois externes de la cavité ne dépassent pas 50°C et notamment 30°C.
Pour une capacité de traitement de matière carbonée entre 100 et 400 kg/h, ce four
de forme parallélépipédique présente une longueur de 3 m et une largeur de 1 m.
[0088] La partie inférieure de la chambre de réaction a été préalablement remplie de cendres
de matière carbonée pyro-gazéifiée, chauffées via des brûleurs
6a et
6b situés sur les parois ou sur le plafond du four, alimentés par un combustible choisi
parmi le méthane, le butane, le propane, le fioul, l'huile, le dihydrogène et un de
leurs mélanges, jusqu'à une température telle que les cendres soient liquides i.e.
une température comprise entre 1000°C et 1400°C.
[0089] Le bain de cendres en fusion
2 comprend notamment du dioxyde de silicium (SiO
2), du dioxyde de soufre (SO
2), de l'oxyde de calcium (CaO), de l'oxyde de potassium (K
2O), de l'oxyde d'aluminium (Al
2O
3), de l'oxyde de fer(III) (FeO
3), de l'oxyde de magnésium (MgO) et du pentoxyde de phosphore (P
2O
5). Ce bain de cendres en fusion
2 présente une couche d'épaisseur suffisante pour que les particules de matière carbonée
à traiter puissent y flotter. Ainsi, le bain de cendres en fusion doit présenter une
épaisseur minimale de 9 mm pour que les particules de 3 cm puissent flotter.
[0090] Les particules de biomasse ou avantageusement de déchets solides présentant un taux
de cendres important, notamment un taux de cendres supérieur à 10% sont injectées,
en continu, via une trémie
41 et un tapis roulant ou vibrant
42. La trémie
41 placée au-dessus de la partie distale
42b du tapis roulant ou vibrant
42 y dépose les particules solides. Ces dernières sont amenées de la partie distale
42b du tapis roulant ou vibrant vers la partie proximale
42a dudit tapis.
[0091] Les particules tombent, depuis la partie proximale
42a du tapis roulant ou vibrant, dans le four via une ouverture
43 débouchant dans la partie supérieure amont de la chambre de réaction. Les particules
tombent plus particulièrement au niveau de la partie amont
2a du bain de cendres en fusion
2.
[0092] Les particules flottent sur le bain de cendres en fusion
2, se pyrolysent et se gazéifient tout en étant entraînées, par gravité et par le courant
des cendres en fusion, vers la partie aval du bain de fusion
2b. La vitesse du courant des cendres fondues est ajustée par trois paramètres : la température
du bain de cendres fondues, l'ajout d'un fondant (calcin par exemple) et, éventuellement,
en inclinant plus ou moins le four
3.
[0093] La température du bain est régulée par l'apport d'énergie des brûleurs
6a et
6b. L'objectif est (i) de maintenir le bain de cendres liquide malgré des cendres dont
la composition peut varier, notamment à cause de la variabilité de la matière carbonée
en entrée et (ii) de maîtriser ainsi une viscosité permettant un écoulement maîtrisé
des cendres vers l'aval. Par « écoulement maîtrisé », on entend un écoulement ni trop
lent ni trop rapide permettant de régler le temps de séjour des particules dans le
bain. L'ajout d'un fondant (calcin par exemple) permet également de maintenir le lit
en fusion au cas où la variabilité des cendres entrainerait une température de fusion
trop élevée risquant ainsi une solidification du lit. L'angle
31 que forme le four par rapport à l'horizontale et donc que forme la partie amont
2a par rapport à la partie aval du bain de fusion
2b est un moyen supplémentaire de faciliter l'écoulement des cendres. Il est de l'ordre
de 10°C (i.e. 10°C ± 5°C).
[0094] Le gaz de synthèse est recueilli et récupéré en sortie par un conduit de récupération
de type tuyauterie
5 débouchant en partie haute du four
3. Le gaz de pyro-gazéification pour des déchets de bois en entrée, avec de l'air utilisé
comme comburant pour apporter l'énergie nécessaire à la gazéification (par combustion
partielle du gaz de synthèse) en plus de la vapeur d'eau utilisée comme agent gazéifiant,
présente la composition suivante : 50% d'azote (N
2), 15% d'hydrogène (H
2), 15% de monoxyde de carbone (CO), 16% de dioxyde de carbone (CO
2), 3% de méthane (CH
4) et des polluants organiques (composés organiques volatils, et hydrocarbures aromatiques
poly cycliques) et inorganiques (composés soufrés, vapeurs d'acides) en une quantité
inférieure à 1%, les pourcentages étant exprimés en volume par rapport au volume total
de gaz de synthèse produit.
[0095] Une partie
51 du gaz de synthèse représentant 30% à 40% en volume par rapport au volume total de
gaz de synthèse produit est utilisée pour chauffer la chambre de réaction
2 via les brûleurs
6a et
6b.
[0096] Durant le procédé selon la présente invention, les cendres de chaque particule alimentent
le lit de cendres en fusion. Elles constituent le moteur entraînant les particules
introduites dans le dispositif. Une partie des cendres peut être évacuée au niveau
d'un conduit
71, éventuellement obstruable, aménagé dans la paroi du four au niveau de la partie aval
de la chambre de réaction et donc au niveau aval du bain de cendres en fusion
2b. Les cendres excédentaires s'écoulent via ce conduit dans un bac, une cuve ou un récipient
de trop-plein non représenté(e).
[0097] Un calcul rapide, effectué à partir d'un temps de séjour de particules sphériques
de 18 mm de diamètre et séjournant de 3 min sur le bain de cendres en fusion, permet
d'estimer, pour le procédé selon la présente invention, un débit de biomasse de 400
kg/h (1,5 MW th) pour un four de 3 m de longueur et 1 m de largeur.
RÉFÉRENCES
[0098]
[1] Review of technologies for gasification of biomass and waste - final report -NNFCC
project 09/008 - E4Tech, juin 2009
[2] Demande de brevet FR 2 985 265, au nom de Cogebio, publiée le 5 juillet 2013.
[3] Demande internationale WO 2012/175657, au nom de Xylowatt, publiée le 27 décembre 2012.
[4] Article de Hathaway et al, 2013, « Steam gasification of plant biomass using molten carbonate
salts », Energy, vol. 49, pages 211-217.
[5] Article de Nygård et al, 2012, « Thermal history of wood particles in molten salt pyrolysis »,
Energy & Fuels, vol. 26, pages 6419-6425.
[6] Résumé de la thèse « Gazéification de biomasse en ambiance plasma sur bain de verre » soutenue par Irina
Carlesi le 29 mars 2012.
[7] Brevet US 4 141 694, au nom de Technology Application Services Corporation, publié le 27 février 1979.
[8] Brevet US 4 181 504, au nom de Technology Application Services Corporation, publié le 1er janvier 1980.