[0001] La présente invention concerne le raffinage et la conversion des fractions lourdes
d'hydrocarbures contenant entre autre des impuretés soufrées. Elle concerne plus particulièrement
un procédé de conversion de charges lourdes pétrolières de type résidu atmosphérique
et/ou résidu sous vide pour la production de fractions lourdes utilisables comme bases
de fiouls, notamment de bases de fiouls de soute, à basse teneur en sédiments. Le
procédé selon l'invention permet également de produire des distillats atmosphériques
(naphta, kérosène et diesel), des distillats sous vide et des gaz légers (C1 à C4).
[0002] Les exigences de qualité des combustibles marins sont décrites dans la norme ISO
8217. La spécification concernant le soufre s'attache désormais aux émissions de SO
x (Annexe VI de la convention MARPOL de l'Organisation Maritime Internationale) et
se traduit par une recommandation en teneur en soufre inférieure ou égale à 0,5% poids
en dehors des Zones de Contrôle des Emissions de Soufre (ZCES ou Emissions Control
Areas / ECA en anglais) à l'horizon 2020-2025, et inférieure ou égale à 0,1% poids
dans les ZCES. Une autre recommandation très contraignante est la teneur en sédiments
après vieillissement selon ISO 10307-2 (également connue sous le nom d'IP390) qui
doit être inférieure ou égale à 0,1%.
[0003] La teneur en sédiments selon ISO 10307-1 (également connue sous le nom d'IP375) est
différente de la teneur en sédiments après vieillissement selon ISO 10307-2 (également
connue sous le nom d'IP390). La teneur en sédiments après vieillissement selon ISO
10307-2 est une spécification beaucoup plus contraignante et correspond à la spécification
s'appliquant aux fiouls de soute.
[0004] Selon l'Annexe VI de la convention MARPOL, un navire pourra donc utiliser un fioul
soufré dès lors que le navire est équipé d'un système de traitement des fumées permettant
de réduire des émissions d'oxydes de soufre.
[0005] Les procédés de viscoréduction de résidus permettent de convertir des résidus à faible
valeur en des distillats à plus forte valeur ajoutée. La viscoréduction consiste à
réaliser un craquage partiel du résidu, la conversion est donc toujours nettement
inférieure (d'au moins 10 à 20%) à celle obtenue dans un procédé d'hydrocraquage de
résidu en lit bouillonnant par exemple. Cependant, la fraction lourde qui en résulte
correspondant à la coupe résiduelle non convertie est généralement instable. Elle
contient des sédiments qui sont principalement des asphaltènes précipités. Cette coupe
résiduelle instable ne peut donc pas être valorisée comme fioul, notamment en fioul
de soute sans un traitement spécifique dès lors que la viscoréduction est opérée dans
des conditions sévères conduisant à un taux de conversion élevé pour ce type de traitement.
Toutefois la mise en oeuvre d'un procédé de viscoréduction est beaucoup moins onéreuse
qu'un procédé d'hydrocraquage de résidus. De plus, un grand nombre d'unité est déjà
installé, il y a donc un intérêt à utiliser ces unités tout en leur permettant d'améliorer
la qualité des effluents et ainsi leur permettre d'opérer à plus forte sévérité.
[0006] Le procédé de viscoréduction permet de convertir partiellement les charges lourdes
afin de produire des distillats atmosphériques et/ou de distillats sous vide. Les
charges de type résidus contiennent généralement des asphaltènes qui peuvent précipiter
lors de la viscoréduction. Initialement dans la charge, les conditions de viscoréduction
et notamment la température font que les asphaltènes subissent des réactions (déalkylation,
polymérisation...) conduisant à leur précipitation dès lors que les conditions sont
sévères et que le taux de conversion est élevé pour ce type de procédé. Par rapport
à un procédé d'hydrocraquage de résidu, la mise en oeuvre d'un procédé de viscoréduction
en absence d'hydrogène et de catalyseur fait que les réactions sont uniquement thermiques.
Ainsi le taux de conversion à partir duquel les sédiments apparaissent en viscoréduction
est plus faible qu'en hydrocraquage de résidus. Les sédiments formés doivent être
enlevés pour satisfaire une qualité de produit tel que le fioul de soute. Une telle
séparation des sédiments évite notamment les risques d'encrassement des moteurs de
bateaux et dans le cas d'éventuelles étapes de traitement mises en oeuvre en aval
de l'étape de viscoréduction, d'éviter un bouchage du ou des lit(s) catalytique(s)
mis en oeuvre.
[0007] La demanderesse dans ses recherches a mis au point un nouveau procédé intégrant une
étape de maturation et de séparation des sédiments en aval d'une étape de viscoréduction.
Il a été trouvé qu'un tel procédé permettait d'obtenir des fractions lourdes présentant
une basse teneur en sédiments après vieillissement, lesdites fractions lourdes pouvant
avantageusement être utilisées totalement ou en partie comme fioul ou comme base de
fioul répondant aux futures spécifications, à savoir une teneur en sédiments après
vieillissement inférieure ou égale à 0,1% en poids
[0008] Plus particulièrement, l'invention concerne un procédé de conversion d'une charge
hydrocarbonée contenant au moins une fraction d'hydrocarbures ayant une teneur en
soufre d'au moins 0,1 % poids, une température initiale d'ébullition d'au moins 340°C
et une température finale d'ébullition d'au moins 440°C permettant d'obtenir une fraction
lourde ayant une teneur en sédiments après vieillissement inférieure ou égale à 0,1%
en poids, ledit procédé comprenant les étapes suivantes :
- a) une étape de viscoréduction de la charge dans au moins une chambre de maturation,
- b) une étape de séparation de l'effluent obtenu à l'issue de l'étape a) en au moins
une fraction légère d'hydrocarbures contenant des bases carburants et une fraction
lourde contenant des composés bouillant à au moins 350°C,
- c) une étape de maturation de la fraction lourde issue de l'étape b) de séparation
permettant la transformation d'une partie des sédiments potentiels en sédiments existants,
réalisée pendant une durée comprise entre 1 et 1500 minutes, à une température comprise
entre 50 et 350°C, et une pression inférieure à 20 MPa,
- d) une étape de séparation des sédiments de la fraction lourde issue de l'étape c)
de maturation pour obtenir ladite fraction lourde.
[0009] Afin de constituer le fioul répondant aux recommandations de la viscosité, les fractions
lourdes obtenues par le présent procédé peuvent être mélangées avec des bases fluxantes
de manière à atteindre la viscosité cible du grade de fioul désiré.
[0010] Un autre point d'intérêt du procédé est la conversion partielle de la charge permettant
de produire, notamment par viscoréduction, des distillats atmosphériques ou des distillats
sous vide (naphta, kérosène, diesel, distillat sous vide), valorisables comme bases
dans les pools carburants directement ou après passage dans un autre procédé de raffinage
tel que l'hydrotraitement, le reformage, l'isomérisation-hydrocraquage ou le craquage
catalytique.
Description détaillée
La charge
[0011] Les charges traitées dans le procédé selon l'invention sont avantageusement choisies
parmi les résidus atmosphériques, les résidus sous vide issus de distillation directe,
des pétroles bruts, des pétroles bruts étêtés, les huiles désasphaltées, des résines
de désasphaltage, les asphaltes ou brais de désasphaltage, les résidus issus des procédés
de conversion, des extraits aromatiques issus des chaînes de production de bases pour
lubrifiants, des sables bitumineux ou leurs dérivés, des schistes bitumineux ou leurs
dérivés, pris seuls ou en mélange.
[0012] Ces charges peuvent avantageusement être utilisées telles quelles ou encore diluées
par une fraction hydrocarbonée ou un mélange de fractions hydrocarbonées pouvant être
choisies parmi les produits issus d'un procédé de craquage catalytique en lit fluide
(FCC selon les initiales de la dénomination anglo-saxonne de « Fluid Catalytic Cracking
»), une huile de coupe légère (LCO), une huile de coupe lourde (HCO), une huile décantée
(DO selon les initiales de la dénomination anglo-saxonne de « Decanted Oil »), un
résidu de FCC, ou pouvant venir de la distillation, les fractions gazoles notamment
celles obtenues par distillation atmosphérique ou sous vide, comme par exemple le
gazole sous vide. Les charges lourdes peuvent aussi avantageusement comprendre des
coupes issues du procédé de liquéfaction du charbon ou de la biomasse, des extraits
aromatiques, ou toutes autres coupes hydrocarbonées ou encore des charges non pétrolières
comme de l'huile de pyrolyse.
[0013] Les charges selon l'invention ont généralement une teneur en soufre d'au moins 0,1
% poids, une température initiale d'ébullition d'au moins 340°C et une température
finale d'ébullition d'au moins 440°C, de manière préférée une température finale d'ébullition
d'au moins 540°C. Avantageusment, la charge peut contenir au moins 1% d'asphaltènes
C7 et au moins 5 ppm de métaux, de préférence au moins 2% d'asphaltènes C7 et au moins
25 ppm de métaux.
[0014] Les charges selon l'invention sont de préférence des résidus atmosphériques ou des
résidus sous vide, ou des mélanges de ces résidus.
Etape a) : Viscoréduction
[0015] La charge selon l'invention est soumise à une étape de viscoréduction dans au moins
une chambre de maturation.
[0016] Cette étape consiste à réaliser un craquage partiel de la charge afin de réduire
sa viscosité.
[0017] L'étape de viscoréduction (visbreaking selon la terminologie anglo-saxonne) est un
procédé de craquage doux dans lequel des hydrocarbures lourds sont chauffés dans une
chambre de maturation (soaker selon la terminologie anglo-saxonne). L'étape de viscoréduction
est réalisée à une température généralement comprise entre 370°C et 500°C, de préférence
entre 420 et 480°C, pendant une durée généralement comprise entre 1 et 60 minutes,
de préférence entre 10 et 45 minutes, une pression totale généralement inférieure
à 10 MPa, de préférence inférieure à 5 MPa et de manière plus préférée inférieure
à 2 MPa. Le taux de craquage est contrôlé en réglant le temps de résidence des hydrocarbures
dans la chambre de maturation. Une trempe (quench selon la terminologie anglo-saxonne)
de l'effluent est ensuite généralement réalisée et les produits craqués sont séparés
par une distillation rapide (flash distillation selon la terminologie anglo-saxonne)
et éventuellement par un stripage à la vapeur. Un tel procédé est par exemple décrit
dans les brevets
US 7,220,887 B2 et
US 7,193,123 B2 ou dans la revue "
Le raffinage du Pétrole" volume 3, chapitre 11, Éditions Technip. Un tel procédé de viscoréduction de résidus est par exemple le procédé TERVAHL commercialisé
par la société Axens.
[0018] Il est possible de réaliser l'hydrotraitement de la charge en amont de l'étape de
viscoréduction afin d'obtenir des produits de meilleur qualité, notamment à basse
teneur en soufre. Il est donc préférable d'ajouter une étape d'hydrotraitement (par
exemple une étape de d'hydrodesulfuration et/ou d'hydrodéazotation) juste avant l'étape
a) de viscoréduction afin d'augmenter le taux de saturation des hydrocarbures, tout
en éliminant en partie les composés soufrés ou azotés. Un tel procédé d'hydrotraitement
de résidus est par exemple le procédé HYVAHL commercialisé par la société Axens.
[0019] Dans une variante du procédé selon l'invention, l'étape de viscoréduction est opérée
en présence d'hydrogène (hydrovisbreaking selon la terminologie anglo-saxonne), ce
qui permet simultanément une saturation et un craquage des hydrocarbures. En effet,
la viscoréduction d'une charge hydroprocessée (c'est-à-dire dans laquelle la teneur
en hydrocarbures saturés est plus importante), permet d'obtenir des taux de conversion
plus élevés lors de l'étape de viscoréduction. De telles technologies de viscoréduction
en présence d'hydrogène sont donc préférées dans le cadre du présent procédé, dans
la mesure où elles évitent l'addition d'une étape d'hydrotraitement supplémentaire,
tout en permettant d'obtenir une qualité des effluents de cette étape très satisfaisante.
Il est également possible d'opérer un procédé de viscoréduction en présence d'hydrogène
à l'aide d'un solvant donneur d'hydrogène, comme cela est par exemple décrit dans
le brevet
US 4,592,830.
[0021] Le taux de conversion des composés bouillant au-delà de 540°C dans la charge lors
de l'étape de a) de viscoréduction est généralement inférieur à 60%, de préférence
inférieur à 50% et de manière plus préférée inférieur à 45%.
Etape b) : Séparation de l'effluent de viscoréduction
[0022] L'effluent obtenu à l'issue de l'étape a) de viscoréduction peut subir au moins une
étape de séparation, éventuellement complétée par d'autres étapes de séparation supplémentaires,
permettant de séparer au moins une fraction légère d'hydrocarbures contenant des bases
carburants et une fraction lourde contenant des composés bouillants à au moins 350°C.
[0023] L'étape de séparation peut avantageusement être mise en oeuvre par toute méthode
connue de l'homme du métier telle que par exemple la combinaison d'un ou plusieurs
séparateurs haute et/ou basse pression, et/ou d'étapes de distillation et/ou de stripage
haute et/ou basse pression, et/ou d'étapes d'extraction liquide/liquide. De préférence,
l'étape de séparation b) permet d'obtenir une phase gazeuse, au moins une fraction
légère d'hydrocarbures de type naphta, kérosène et/ou diesel, une fraction distillat
sous vide et une fraction résidu sous vide et/ou une fraction résidu atmosphérique.
[0024] La complexité de l'étape de séparation dépend de la complexité de l'étape a) de viscoréduction,
notamment si cette étape de viscoréduction opère en pression et/ou en présence d'hydrogène.
[0025] Dans le cas d'une mise en oeuvre de l'étape de viscoréduction en absence d'hydrogène
et à basse pression (inférieure à 2 MPa), l'effluent de l'étape a) de viscoréduction
est introduit dans une colonne de distillation permettant de récupérer au moins une
fraction gazeuse et une fraction liquide de type résidu atmosphérique. Le plus souvent
cette colonne permet également de soutirer une coupe de type naphta non stabilisé
(qui sera éventuellement traité ultérieurement dans une colonne de stabilisation)
en tant que distillat liquide au niveau du ballon de reflux. Le plus souvent cette
colonne permet aussi de soutirer latéralement une fraction de type gazole, éventuellement
à l'aide d'un stripper latéral. La fraction liquide de type résidu atmosphérique peut
éventuellement être traitée dans une colonne sous vide pour récupérer un distillat
sous vide et un résidu sous vide.
[0026] Dans le cas d'une mise en oeuvre de l'étape de viscoréduction en présence d'hydrogène,
l'effluent issu de l'étape de viscoréduction est à haute pression et contient au moins
une phase gaz et une phase liquide. Ainsi, la séparation peut être effectuée dans
une section de fractionnement qui peut d'abord comprendre un séparateur haute pression
haute température (HPHT), et éventuellement un séparateur haute pression basse température
(HPBT), et/ou une distillation atmosphérique et/ou une distillation sous vide. Lors
de l'étape b), l'effluent obtenu à l'issue de l'étape a) est avantageusement séparé
dans un séparateur haute pression haute température HPHT en une fraction légère et
une fraction lourde contenant majoritairement des composés bouillants à au moins 350°C.
Le point de coupe de la séparation se situe avantageusement entre 200 et 400°C.
[0027] Dans une variante du procédé de l'invention mettant en oeuvre de l'hydrogène lors
de l'étape de viscoréduction, l'effluent issu de l'étape a) de viscoréduction peut,
lors de l'étape b), également subir une succession de de séparation instantanée (ou
flash selon la terminologie anglo-saxonne) comprenant au moins un ballon haute pression
haute température (HPHT) et un ballon basse pression haute température (BPHT) pour
séparer une fraction lourde qui est envoyée dans une étape de stripage à la vapeur
permettant d'éliminer de ladite fraction lourde au moins une fraction légère riche
en hydrogène sulfuré. La fraction lourde récupérée en fond de colonne de stripage
contient des composés bouillants à au moins 350°C mais aussi des distillats atmosphériques.
Selon le procédé de l'invention, ladite fraction lourde séparée de la fraction légère
riche en hydrogène sulfuré est ensuite envoyée dans l'étape de maturation c) puis
dans l'étape de séparation de sédiments d).
[0028] Dans une variante, au moins une partie de la fraction dite lourde issue de l'étape
b) est fractionnée par distillation atmosphérique en au moins une fraction distillat
atmosphérique contenant au moins une fraction légère d'hydrocarbures de type naphta,
kérosène et/ou diesel et une fraction résidu atmosphérique. Au moins une partie de
la fraction résidu atmosphérique peut être envoyée dans l'étape de maturation c) puis
dans l'étape de séparation de sédiments d).
[0029] Le résidu atmosphérique peut également au moins en partie être fractionné par distillation
sous vide en une fraction distillat sous vide contenant du gazole sous vide et une
fraction résidu sous vide. Ladite fraction résidu sous vide est avantageusement envoyée
au moins en partie dans l'étape de maturation c) puis dans l'étape de séparation de
sédiments d).
[0030] Au moins une partie du distillat sous vide et/ou du résidu sous vide peut également
être recyclée dans l'étape de viscoréduction a).
[0031] Quelle que soit la méthode de séparation mise en oeuvre, la ou les fraction(s) légère(s)
obtenue(s) peut(peuvent) subir d'autres étapes de séparation. Avantageusement, elle(s)
est(sont) soumise(s) à une distillation atmosphérique permettant d'obtenir une fraction
gazeuse, au moins une fraction légère d'hydrocarbures de type naphta, kérosène et/ou
diesel et une fraction distillat sous vide.
[0032] Une partie du distillat atmosphérique et/ou du distillat sous vide peut constituer
une partie d'un fioul comme fluxant. Ces coupes peuvent également constituer des combustibles
marins à faible viscosité (MGO ou MGO, Marine Diesel Oil ou Marine Gas Oil selon les
terminologies anglo-saxonnes). Une autre partie du distillat sous vide peut encore
être valorisée par hydrocraquage et/ou par craquage catalytique en lit fluidisé.
[0033] Les fractions gazeuses issues de l'étape de séparation subissent de préférence un
traitement de purification pour récupérer l'hydrogène éventuellement l'hydrogène et
le recycler.
[0034] La valorisation des différentes coupes de bases carburants (GPL, naphta, kérosène,
diesel et/ou gazole sous vide) obtenues de la présente invention est bien connue de
l'Homme du métier. Les produits obtenus peuvent être intégrés à des réservoirs carburants
(aussi appelé "pools" carburants selon la terminologie anglo-saxonne) ou subir des
étapes de raffinage supplémentaires. Le(s) fraction(s) naphta, kérosène, gazole et
le gazole sous vide peuvent être soumises à un ou plusieurs traitements (hydrotraitement,
hydrocraquage, alkylation, isomérisation, reformage catalytique, craquage catalytique
ou thermique ou autres) pour les amener aux spécifications requises (teneur en soufre,
point de fumée, octane, cétane, etc...) de façon séparée ou en mélange.
[0035] Avantageusement, le distillat sous vide sortant de la viscoréduction après séparation
peut subir un hydrotraitement.
[0036] Ce distillat sous vide hydrotraité peut être utilisé comme fluxant au pool fioul
ayant une teneur en soufre inférieure ou égale à 0,5 % poids ou être valorisé directement
comme fioul ayant une teneur en soufre inférieure ou égale à 0,1 % pds.
[0037] Une partie du résidu atmosphérique, du distillat sous vide et/ou du résidu sous vide
peut subir d'autres étapes de raffinage supplémentaire, telles qu'un hydrotraitement,
un hydrocraquage, ou un craquage catalytique en lit fluidisé.
Etape c) : Maturation des sédiments
[0038] La fraction lourde obtenue à l'issue de l'étape b) de séparation contient des sédiments
organiques qui résultent des conditions de viscoréduction. Une partie des sédiments
est constituée d'asphaltènes précipités dans les conditions de viscoréduction et sont
analysés comme des sédiments existants (IP375) et une autre partie ne se forme qu'après
vieillissement (IP390), le vieillissement entrainant une précipitation supplémentaire.
[0039] En fonction des conditions de viscoréduction, la teneur en sédiments dans la fraction
lourde varie. D'un point de vue analytique, on distingue les sédiments existants (IP375)
et les sédiments après vieillissement (IP390) qui incluent les sédiments potentiels.
Or, en fonction de la nature de la charge et des conditions de viscoréduction plus
ou moins sévères, c'est-à-dire lorsque le taux de conversion (des composés bouillant
au-delà 540°C dans la charge) est par exemple supérieur à 40 ou 50%, il y a formation
de sédiments existants et de sédiments potentiels.
[0040] Afin d'obtenir un fioul ou une base de fioul répondant aux recommandations d'une
teneur en sédiments après vieillissement (IP390) inférieure ou égale à 0,1%, le procédé
selon l'invention comprend une étape de maturation permettant d'améliorer l'efficacité
de séparation des sédiments et ainsi d'obtenir des fiouls ou des bases de fiouls stables,
c'est à dire une teneur en sédiments après vieillissement inférieure ou égale à 0,1%
en poids.
[0041] L'étape de maturation selon l'invention permet de former l'ensemble des sédiments
existants et potentiels (en convertissant les potentiels en existants) de manière
à les séparer plus efficacement et ainsi respecter la teneur en sédiments après vieillissement
(IP390) de 0,1% poids maximum.
[0042] L'étape de maturation selon l'invention est avantageusement mise en oeuvre pendant
un temps de séjour compris entre 1 et 1500 minutes, de préférence entre 25 et 300
minutes, de manière plus préférée entre 60 et 180 minutes, à une température entre
50 et 350°C, de préférence entre 75 et 300°C et de manière plus préférée entre 100
et 250°C. La pression de l'étape de maturation est avantageusement inférieure à 20
MPa, de préférence inférieure à 10 MPa, plus préférentiellement inférieure à 3 MPa
et encore plus préférentiellement inférieure à 1,5 MPa.
[0043] Les conditions de maturation sont suffisamment douces pour ne pas provoquer de conversion
excessive des hydrocarbures. Lors de l'étape de maturation, le taux de conversion
des composés bouillant au-delà de 540°C est inférieur à 10%, de préférence inférieur
à 5% et de manière plus préférée inférieur à 2%.
[0044] L'étape de maturation peut être réalisée à l'aide d'un échangeur ou d'un four de
chauffe suivi d'une ou plusieurs capacité(s) en série ou en parallèle telle(s) qu'un
ballon horizontal ou vertical, éventuellement avec une fonction de décantation pour
éliminer une partie des solides les plus lourds, et/ou un réacteur piston. Une cuve
agitée et chauffée peut également être utilisée, et peut être munie d'un soutirage
en fond pour éliminer une partie des solides les plus lourds.
[0045] Avantageusment, l'étape c) de maturation de la fraction lourde issue de l'étape b)
est réalisée en présence d'un gaz inerte et/ou d'un gaz oxydant.
[0046] L'étape c) de maturation peut être réalisée en présence d'un gaz inerte (azote par
exemple) ou oxydant (oxygène par exemple), ou en présence d'un mélange contenant un
gaz inerte et un gaz oxydant tel que l'air ou l'air appauvri par de l'azote. La mise
en oeuvre d'un gaz oxydant permet d'accélérer le processus de maturation. Selon cette
option, il y a donc introduction d'un gaz en mélange avec la fraction liquide issue
de l'étape b) avant la maturation puis séparation de ce gaz après la maturation de
manière à obtenir une fraction liquide en sortie de l'étape c) de maturation. Une
telle mise en oeuvre gaz/liquide peut par exemple être réalisée dans une colonne à
bulles. Selon une variante, le gaz inerte et/ou oxydant peut aussi être introduit
pendant l'étape c) de maturation, par exemple au moyen d'un barbotage (injection de
gaz par le bas) dans une cuve agitée ce qui permet de favoriser le contact gaz/liquide.
[0047] A l'issue de l'étape c) de maturation, on obtient au moins une fraction hydrocarbonée
à teneur enrichie en sédiments existants qui est envoyée dans l'étape d) de séparation
des sédiments.
Etape d) : Séparation des sédiments
[0048] Le procédé selon l'invention comprend en outre une étape d) de séparation des sédiments.
[0049] La fraction lourde obtenue à l'issue de l'étape c) de maturation contient des sédiments
organiques de type asphaltènes précipités qui résultent des conditions de viscoréduction
et de maturation.
[0050] Ainsi, au moins une partie de la fraction lourde issue de l'étape c) de maturation
est soumise à une séparation des sédiments, au moyen d'au moins un moyen de séparation
physique choisi parmi un filtre, une membrane de séparation, un lit de solides filtrant
de type organique ou inorganique, une précipitation électrostatique, un système de
centrifugation, une décantation, un soutirage par vis sans fin. Une combinaison, en
série et/ou en parallèle, de plusieurs moyens de séparation du même type ou de type
différent peut être utilisée lors de cette étape d) de séparation des sédiments et
résidus de catalyseurs. Une de ces techniques de séparation solide-liquide peut nécessiter
l'utilisation périodique d'une fraction légère de rinçage, issue du procédé ou non,
permettant par exemple le nettoyage d'un filtre et l'évacuation des sédiments.
[0051] La fraction lourde issue de l'étape d) à teneur réduite en sédiments peut avantageusement
servir comme base de fioul ou comme fioul, notamment comme base de fioul de soute
ou comme fioul de soute, ayant une teneur en sédiments après vieillissement inférieure
à 0,1% poids. Avantageusement, ladite fraction lourde est mélangée avec une ou plusieurs
bases fluxantes choisies dans le groupe constitué par les huiles de coupe légère d'un
craquage catalytique, les huiles de coupe lourde d'un craquage catalytique, le résidu
d'un craquage catalytique, un kérosène, un gazole, un distillat sous vide et/ou une
huile décantée.
Etape e) optionnelle : étape optionnelle de séparation
[0052] L'effluent obtenu à l'issue de l'étape d) de séparation des sédiments peut subir
une étape de séparation optionnelle permettant de séparer au moins une fraction légère
d'hydrocarbures contenant des bases carburants et une fraction lourde contenant majoritairement
des composés bouillants à au moins 350°C.
[0053] Cette étape de séparation peut avantageusement être mise en oeuvre par toute méthode
connue de l'homme du métier telle que par exemple la combinaison d'un ou plusieurs
séparateurs haute et/ou basse pression, et/ou d'étapes de distillation et/ou de strippage
haute et/ou basse pression. Cette étape optionnelle e) de séparation est similaire
à l'étape b) de séparation et ne sera pas décrite davantage.
[0054] De préférence, cette étape de séparation permet d'obtenir au moins une fraction légère
d'hydrocarbures de type naphta, kérosène et/ou diesel, une fraction distillat sous
vide et une fraction résidu sous vide et/ou une fraction résidu atmosphérique.
[0055] Une partie du résidu atmosphérique et/ou du résidu sous vide peut également être
recyclée dans l'étape d'hydrocraquage a).
Etape f) : Etape optionnelle d'hydrotraitement
[0056] La teneur en soufre de la fraction lourde issue de l'étape d) ou e) lorsque cette
dernière est mise en oeuvre, et contenant majoritairement des composés bouillant à
au moins 350°C est fonction des conditions opératoires de l'étape de viscoréduction
mais aussi et surtout de la teneur en soufre de la charge d'origine.
[0057] Ainsi, pour les charges à faible teneur en soufre, généralement inférieure à 1% poids,
de préférence inférieure à 0,5% poids, il est possible d'obtenir directement une fraction
lourde avec moins de 0,5% poids en soufre telle qu'exigée pour les navires dépourvus
de traitement des fumées et opérant en dehors des ZCES à l'horizon 2020-2025.
[0058] Pour les charges plus soufrées, dont la teneur en soufre est généralement supérieure
à 1% poids, de préférence supérieure à 0,5% poids, la teneur en soufre de la fraction
lourde peut excéder 0,5% poids. Dans un tel cas, une étape f) d'hydrotraitement en
lit fixe est rendue nécessaire dans le cas où le raffineur souhaite diminuer la teneur
en soufre, notamment pour une base de fioul de soute ou un fioul de soute destiné
à être brulé sur un navire dépourvu de traitement de fumées.
[0059] Selon l'invention, l'étape d'hydrotraitement décrite dans l'étape f) est identique
l'étape d'hydrotraitement de la charge avantageusement mise en oeuvre avant l'étape
de viscoréduction. Dans le cas où une étape d'hydrotraitement de la charge est mise
en oeuvre préalablement à l'étape de viscoréduction, les conditions décrites dans
l'étape f) sont donc transposables à cette étape d'hydrotraitement.
[0060] L'étape f) d'hydrotraitement en lit fixe est mise en oeuvre sur une partie au moins
de la fraction lourde issue de l'étape d) ou e) lorsque l'étape e) est mise en oeuvre.
La fraction lourde issue de l'étape f) peut avantageusement servir comme base de fioul
ou comme fioul, notamment comme base de fioul de soute ou comme fioul de soute, ayant
une teneur en sédiments après vieillissement inférieure à 0,1% poids. Avantageusement,
ladite fraction lourde est mélangée avec une ou plusieurs bases fluxantes choisies
dans le groupe constitué par les huiles de coupe légère d'un craquage catalytique,
les huiles de coupe lourde d'un craquage catalytique, le résidu d'un craquage catalytique,
un kérosène, un gazole, un distillat sous vide et/ou une huile décantée.
[0061] La fraction lourde issue de l'étape de séparation des sédiments d) ou e) lorsque
l'étape e) est mise en oeuvre est envoyée dans l'étape f) d'hydrotraitement comprenant
une ou plusieurs zones d'hydrotraitement en lits fixes. L'envoi dans un lit fixe d'une
fraction lourde dépourvue de sédiments constitue un avantage de la présente invention
puisque le lit fixe sera moins sujet au bouchage et à l'augmentation de la perte de
charge.
[0062] On entend par hydrotraitement (HDT) notamment des réactions d'hydrodésulfuration
(HDS), des réactions d'hydrodésazotation (HDN) et des réactions d'hydrodémétallation
(HDM), mais aussi l'hydrogénation, l'hydrodéoxygénation, l'hydrodéaromatisation, l'hydroisomérisation,
l'hydrodéalkylation, hydrocraquage, l'hydrodéasphaltage la réduction du carbone Conradson.
[0063] Un tel procédé d'hydrotraitement de coupes lourdes est largement connu et peut s'apparenter
au procédé connu sous le nom de HYVAHL-F™ décrit dans le brevet
US5417846.
[0064] L'homme du métier comprend aisément que dans l'étape d'hydrodémétallation, on effectue
majoritairement des réactions d'hydrodémétallation mais parallèlement aussi une partie
des réactions d'hydrodésulfuration. De même, dans l'étape d'hydrodésulfuration, on
effectue majoritairement des réactions d'hydrodésulfuration mais parallèlement aussi
une partie des réactions d'hydrodémétallation.
[0065] Selon une variante, une co-charge peut être introduite avec la fraction lourde dans
l'étape d'hydrotraitement f). Cette co-charge peut être choisie parmi les résidus
atmosphériques, les résidus sous vide issus de distillation directe, les huiles désasphaltées,
des extraits aromatiques issus des chaînes de production de bases pour lubrifiants,
des fractions hydrocarbonées ou un mélange de fractions hydrocarbonées pouvant être
choisies parmi les produits issus d'un procédé de craquage catalytique en lit fluide
: une huile de coupe légère (LCO), une huile de coupe lourde (HCO), une huile décantée,
ou pouvant venir de la distillation, les fractions gazoles notamment celles obtenues
par distillation atmosphérique ou sous vide, comme par exemple le gazole sous vide.
[0066] L'étape d'hydrotraitement peut avantageusement être mise en oeuvre à une température
comprise entre 300 et 500°C, de préférence 350°C à 420°C et sous une pression partielle
d'hydrogène avantageusement comprise entre 5 MPa et 25 MPa, de préférence entre 10
et 20 MPa, une vitesse spatiale horaire globale (VVH) se situant dans une gamme allant
de 0,1 h-1 à 5 h-1 et de préférence de 0.1 h-1 à 2 h-1, une quantité d'hydrogène mélangée
à la charge habituellement de 100 à 5000 Nm3/m3 (normaux mètres cube (Nm3) par mètre
cube (m3) de charge liquide), le plus souvent de 200 à 2000 Nm3/m3 et de préférence
de 300 à 1500 Nm3/m3.
[0067] Habituellement, l'étape d'hydrotraitement est effectuée industriellement dans un
ou plusieurs réacteurs à courant descendant de liquide. La température d'hydrotraitement
est généralement ajustée en fonction du niveau souhaité d'hydrotraitement.
[0068] Les catalyseurs d'hydrotraitement utilisés sont de préférence des catalyseurs connus
et sont généralement des catalyseurs granulaires comprenant, sur un support, au moins
un métal ou composé de métal ayant une fonction hydrodéshydrogénante. Ces catalyseurs
sont avantageusement des catalyseurs comprenant au moins un métal du groupe VIII,
choisi généralement dans le groupe formé par le nickel et/ou le cobalt, et/ou au moins
un métal du groupe VIB, de préférence du molybdène et/ou du tungstène. On emploiera
par exemple un catalyseur comprenant de 0,5 à 10 % en poids de nickel et de préférence
de 1 à 5 % en poids de nickel (exprimé en oxyde de nickel NiO) et de 1 à 30 % en poids
de molybdène, de préférence de 5 à 20 % en poids de molybdène (exprimé en oxyde de
molybdène MoO
3) sur un support minéral. Ce support sera, par exemple, choisi dans le groupe formé
par l'alumine, la silice, les silices-alumines, la magnésie, les argiles et les mélanges
d'au moins deux de ces minéraux. Avantageusement, ce support renferme d'autres composés
dopants, notamment des oxydes choisis dans le groupe formé par l'oxyde de bore, la
zircone, la cérine, l'oxyde de titane, l'anhydride phosphorique et un mélange de ces
oxydes. On utilise le plus souvent un support d'alumine et très souvent un support
d'alumine dopée avec du phosphore et éventuellement du bore. La concentration en anhydride
phosphorique P
2O
5 est habituellement comprise entre 0 ou 0,1 % et 10% poids. La concentration en trioxyde
de bore B
2O
5 est habituellement comprise entre 0 ou 0,1 % et 10 % en poids. L'alumine utilisée
est habituellement une alumine γ ou η. Ce catalyseur est le plus souvent sous forme
d'extrudés. La teneur totale en oxydes de métaux des groupes VIB et VIII est souvent
de 5 à 40 % en poids et en général de 7 à 30 % en poids et le rapport pondéral exprimé
en oxyde métallique entre métal (ou métaux) du groupe VIB sur métal (ou métaux) du
groupe VIII est en général de 20 à 1 et le plus souvent de 10 à 2.
[0069] Dans le cas d'une étape d'hydrotraitement incluant une étape d'hydrodémétallation
(HDM), puis une étape d'hydrodésulfuration (HDS), on utilise le plus souvent des catalyseurs
spécifiques adaptés à chaque étape.
[0070] Des catalyseurs utilisables dans l'étape d'hydrodémétallation (HDM) sont par exemple
indiqués dans les brevets
EP113297,
EP113284,
US5221656,
US5827421,
US7119045,
US5622616 et
US5089463. On utilise de préférence des catalyseurs d'hydrodémétallation (HDM) dans les réacteurs
permutables. Des catalyseurs utilisables dans l'étape d'hydrodésulfuration (HDS) sont
par exemple indiqués dans les brevets
EP113297,
EP113284,
US6589908,
US4818743 ou
US6332976. On peut également utiliser un catalyseur mixte étant actifs en hydrodémétallation
et en hydrodésulfuration à la fois pour la section hydrodémétallation (HDM) et pour
la section hydrodésulfuration (HDS) tel que décrit dans le brevet
FR2940143.
[0071] Préalablement à l'injection de la charge, les catalyseurs utilisés dans le procédé
selon la présente invention sont de préférence soumis à un traitement de sulfuration
in-situ ou
ex-situ.
Etape g) : Etape optionnelle de séparation de l'effluent d'hydrotraitement
[0072] L'étape g) optionnelle de séparation peut avantageusement être mise en oeuvre par
toute méthode connue de l'homme du métier telle que par exemple la combinaison d'un
ou plusieurs séparateurs haute et/ou basse pression, et/ou d'étapes de distillation
et/ou de strippage haute et/ou basse pression. Cette étape optionnelle g) de séparation
est similaire à l'étape b) de séparation et ne sera pas décrite davantage.
[0073] Dans une variante de mise en oeuvre de l'invention l'effluent obtenu à l'étape f)
est au moins en partie, et souvent en totalité, envoyé dans une étape de séparation
g), comprenant une distillation atmosphérique et/ou une distillation sous vide. L'effluent
de l'étape d'hydrotraitement est fractionné par distillation atmosphérique en une
fraction gazeuse, au moins une fraction distillat atmosphérique contenant les bases
carburants (naphta, kérosène et/ou diesel) et une fraction résidu atmosphérique. Au
moins une partie du résidu atmosphérique peut ensuite être fractionnée par distillation
sous vide en une fraction distillat sous vide contenant du gazole sous vide et une
fraction résidu sous vide.
[0074] La fraction résidu sous vide et/ou la fraction distillat sous vide et/ou la fraction
résidu atmosphérique peuvent constituer en partie au moins les bases de fiouls à basse
teneur en soufre ayant une teneur en soufre inférieure ou égale à 0,5 % pds et une
teneur en sédiments après vieillissement inférieure ou égale à 0,1%. La fraction distillat
sous vide peut constituer une base de fioul ayant une teneur en soufre inférieure
ou égale à 0,1 % poids.
[0075] Une partie du résidu sous vide et/ou du résidu atmosphérique peut également être
recyclée dans l'étape de viscoréduction a).
Fluxage
[0076] Pour obtenir un fioul, les fractions lourdes issues des étapes d) et/ou e) et/ou
f) et/ou g) peuvent être mélangées avec une ou plusieurs bases fluxantes choisies
dans le groupe constitué par les huiles de coupe légère d'un craquage catalytique,
les huiles de coupe lourde d'un craquage catalytique, le résidu d'un craquage catalytique,
un kérosène, un gazole, un distillat sous vide et/ou une huile décantée. De préférence,
on utilisera du kérosène, du gazole et/ou du distillat sous vide produit dans le procédé
de l'invention. Avantageusement, on utilisera du kérosène, du gazole et/ou du distillat
sous vide obtenu(s) dans les étapes de séparation b) ou g) du procédé.
EXEMPLES
[0077] L'exemple suivant illustre l'invention sans toutefois en limiter la portée. La charge
traitée est un résidu sous vide (RSV Oural) dont les caractéristiques sont indiquées
dans le tableau 1.
Tableau 1: Caractéristiques de la charge
Coupe |
RSV Oural |
Soufre % masse |
2,7 |
Carbone Conradson |
16 |
Asphaltènes C7 (% masse) |
4,2 |
NI+V ppm |
220 |
Viscosité à 100°C (cSt) |
548 |
350°C+ (% masse de composés bouillant au-delà de 350°C) |
99,0 |
540°C+ (% masse de composés bouillant au-delà de 540°C) |
86,5 |
[0078] La charge est soumise à une étape de viscoréduction. Les conditions opératoires de
la section viscoréduction sont données dans le tableau 2.
Tableau 2 : Conditions opératoires section viscoréduction
Température sortie four (°C) |
457 |
Pression totale, MPa |
0,8 |
Temps de séjour chambre de maturation (minutes) |
35 |
[0079] Les effluents de viscoréduction sont ensuite soumis à une séparation comportant une
distillation atmosphérique et permettant de récupérer une fraction gazeuse et une
fraction lourde. La fraction lourde (fraction 350°C+) est ensuite traitée selon deux
variantes :
- A) Pas de traitement supplémentaire (non-conforme à l'invention),
- B) Une étape de maturation des sédiments (4h à 150°C réalisée dans une cuve agitée
chauffée en présence d'un mélange air/azote 50/50 sous une pression totale de 0,5
MPa) puis une étape de séparation physique des sédiments à l'aide d'un filtre (conforme
à l'invention).
[0080] Selon les deux variantes précédentes A) et B), les fractions 350°C sont distillées
au laboratoire en vue de connaître les qualités et les rendements en distillat sous
vide et en résidu sous vide. Les rendements ainsi que la teneur en soufre et la viscosité
(pour les coupes lourdes) sont indiqués dans le tableau 3.
Tableau 3 : Rendements, teneur en soufre et viscosité section viscoréduction
|
Rendement (% poids /charge) |
Teneur en soufre (% poids) |
Viscosité à 100°C (cSt) |
Gaz |
4,2 |
|
|
Naphta (80-180°C) |
2,8 |
|
|
Diesel (180-350°C) |
7,5 |
|
|
Distillats sous vide (350-540°C) |
39,4 |
|
|
Résidu sous vide (540+°C) |
46,2 |
|
|
Résidu atmosphérique (350°C+, Charge de l'étape de maturation) |
85,6 |
2,3 |
85 |
[0081] Les conditions opératoires de l'étape de viscoréduction couplées à une étape de maturation
et de séparation des sédiments selon l'invention réalisée sur la fraction lourde issue
de la distillation atmosphérique ont un impact sur la stabilité des effluents obtenus.
Ceci est illustré par les teneurs en sédiments après vieillissement mesurées dans
les résidus atmosphériques (coupe 350°C+). Les performances sont résumées dans le
tableau 4 ci-dessous.
Tableau 4 : Résumé des performances avec ou sans maturation et séparation des sédiments
|
Viscoréduction |
Taux Conversion des composés bouillant au-delà de 540°C (%) |
46 |
Maturation |
Non |
Oui |
Séparation des sédiments |
Non |
Oui |
Teneur en sédiments après vieillissement (IP390) dans la coupe 350°C+ |
0,6 |
<0,1 |
[0082] Selon l'invention, il est possible d'obtenir des effluents stables et à faible teneur
en sédiments dès lors qu'une étape de maturation puis une étape de séparation des
sédiments sont mises en oeuvre.
[0083] Il est également possible de soumettre les effluents issus des étapes de maturation
et de séparation des sédiments à une étape d'hydrotraitement en lit fixe. Les conditions
opératoires de l'étape d'hydrotraitement sont indiquées dans le Tableau 5.
[0084] Les catalyseurs CoMoNi sur Alumine utilisés sont vendus par la société Axens sous
les références HF858, HM848 et HT438
Tableau 5 : Conditions opératoires de l'étape d'hydrotraitement réalisé sur les coupes
350+ issues de l'étape de viscoréduction après leur passage à l'étape de maturation
et de séparation des sédiments
Catalyseurs HDM, transition et HDS |
CoMoNi sur alumine |
Température début de cycle (°C) |
370 |
Pression partielle H2 (MPa) |
15 |
VVH (h-1, Sm3/h charge fraîche /m3 de catalyseur lit fixe) |
0,16 |
H2 / HC entrée section lit fixe hors consommation H2 (Nm3 / m3 de charge fraîche) |
1000 |
[0085] Les effluents issus de l'étape d'hydrotraitement sont ensuite séparés et analysés.
Les fractions distillats sous vide contiennent moins de 0,2% poids de soufre. Les
fractions résidus sous vides contiennent moins de 0,5% poids de soufre. On obtient
ainsi des fractions distillats sous vide et des résidus sous vide (ou des fractions
résidus atmosphériques) à basse teneur en soufre et basse teneur en sédiments après
vieillissement. Ces fractions constituent ainsi d'excellentes bases de fiouls et notamment
d'excellentes bases de fiouls de soute.
1. Procédé de conversion d'une charge hydrocarbonée contenant au moins une fraction d'hydrocarbures
ayant une teneur en soufre d'au moins 0,1 % poids, une température initiale d'ébullition
d'au moins 340°C et une température finale d'ébullition d'au moins 440°C permettant
d'obtenir une fraction lourde ayant une teneur en sédiments après vieillissement inférieure
ou égale à 0,1% en poids, ledit procédé comprenant les étapes suivantes :
a) une étape de viscoréduction de la charge dans au moins une chambre de maturation,
b) une étape de séparation de l'effluent obtenu à l'issue de l'étape a) en au moins
une fraction légère d'hydrocarbures contenant des bases carburants et une fraction
lourde contenant des composés bouillant à au moins 350°C,
c) une étape de maturation de la fraction lourde issue de l'étape b) de séparation
permettant la transformation d'une partie des sédiments potentiels en sédiments existants,
réalisée pendant une durée comprise entre 1 et 1500 minutes, à une température comprise
entre 50 et 350°C, et une pression inférieure à 20 MPa,
d) une étape de séparation des sédiments de la fraction lourde issue de l'étape c)
de maturation pour obtenir ladite fraction lourde.
2. Procédé selon la revendication 1 dans lequel l'étape de viscoréduction est réalisée
à une température comprise entre 370°C et 500°C, pendant une durée comprise entre
1 et 60 minutes, une pression totale inférieure à 10 MPa.
3. Procédé selon l'une ou l'autre des revendications 1 et 2 dans lequel une étape d'hydrotraitement
de la charge est réalisée en amont de l'étape de viscoréduction a).
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel l'étape de viscoréduction
est opérée en présence d'hydrogène.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel lors de l'étape b),
l'effluent obtenu à l'issue de l'étape a) est séparé dans un séparateur haute pression
haute température HPHT en une fraction légère et une fraction lourde contenant majoritairement
des composés bouillants à au moins 350°C.
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel au moins une partie
de la fraction dite lourde issue de l'étape b) est fractionnée par distillation atmosphérique
en au moins une fraction distillat atmosphérique contenant au moins une fraction légère
d'hydrocarbures de type naphta, kérosène et/ou diesel et une fraction résidu atmosphérique.
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel l'étape de maturation
de la fraction lourde issue de l'étape b) est réalisée en présence d'un gaz inerte
et/ou d'un gaz oxydant.
8. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel l'étape d) de séparation
est réalisée au moyen d'au moins un moyen de séparation choisi parmi un filtre, une
membrane de séparation, un lit de solides filtrant de type organique ou inorganique,
une précipitation électrostatique, un système de centrifugation, une décantation,
un soutirage par vis sans fin.
9. Procédé selon l'une des revendications précédentes comprenant en outre une étape f)
d'hydrotraitement en lit fixe mise en oeuvre sur une partie au moins de la fraction
lourde issue de l'étape d) dans laquelle on fait passer, dans des conditions d'hydrotraitement,
la fraction lourde et de l'hydrogène sur un catalyseur d'hydrotraitement.
10. Procédé selon la revendication 9 dans lequel l'étape d'hydrotraitement est effectuée
à une température comprise entre 300 et 500°C, une pression absolue comprise entre
5 MPa et 25 MPa, une vitesse spatiale horaire globale (VVH) se situant dans une gamme
allant de 0,1 h-1 à 5 h-1, une quantité d'hydrogène mélangée à la charge de 100 à 5000 Nm3/m3.
11. Procédé selon la revendication 9 ou 10 dans laquelle une co-charge est introduite
avec la fraction lourde dans l'étape d'hydrotraitement f).
12. Procédé selon la revendication 11 dans laquelle la co-charge est choisie parmi les
résidus atmosphériques, les résidus sous vide issus de distillation directe, les huiles
désasphaltées, des extraits aromatiques issus des chaînes de production de bases pour
lubrifiants, des fractions hydrocarbonées ou un mélange de fractions hydrocarbonées
pouvant être choisies parmi les produits issus d'un procédé de craquage catalytique
en lit fluide : une huile de coupe légère (LCO), une huile de coupe lourde (HCO),
une huile décantée, ou pouvant venir de la distillation, les fractions gazoles notamment
celles obtenues par distillation atmosphérique ou sous vide, comme par exemple le
gazole sous vide.
13. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel la charge traitée est
choisie parmi les résidus atmosphériques, les résidus sous vide issus de distillation
directe, des pétroles bruts, des pétroles bruts étêtés, les huiles désasphaltées,
des résines de désasphaltage, les asphaltes ou brais de désasphaltage, les résidus
issus des procédés de conversion, des extraits aromatiques issus des chaînes de production
de bases pour lubrifiants, des sables bitumineux ou leurs dérivés, des schistes bitumineux
ou leurs dérivés, pris seuls ou en mélange.
14. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel les fractions lourdes
issues des étapes d) et/ou f) sont mélangées avec une ou plusieurs bases fluxantes
choisies dans le groupe constitué par les huiles de coupe légère d'un craquage catalytique,
les huiles de coupe lourde d'un craquage catalytique, le résidu d'un craquage catalytique,
un kérosène, un gazole, un distillat sous vide et/ou une huile décantée.