Domaine de l'invention
[0001] L'invention se rapporte à un alliage de palladium. L'invention se rapporte également
à une pièce d'horlogerie, de bijouterie ou de joaillerie comportant au moins un composant
réalisé avec un tel alliage.
Arrière-plan de l'invention
[0002] Dans les domaines de l'horlogerie et de la bijouterie, trois types d'alliages précieux
sont blancs : les alliages de platine, les alliages de palladium et des alliages d'or.
A l'heure actuelle, la majorité des fabricants d'alliages de métaux précieux pour
ces domaines ont un même objectif : trouver un alliage très blanc, proche de la couleur
du rhodium qui est une référence en la matière, ayant les caractéristiques suivantes
: massif, recevant le marquage d'un poinçon au titre légal, résistant à la corrosion
et particulièrement au ternissement, facile à couler, à déformer, résistant à la rayure
(minimum 160 HV à l'état recuit) et facile à usiner, économique et qui répond à la
norme européenne EN1811 sur la libération de nickel. Cet objectif est difficilement
atteignable par les techniques traditionnelles connues. Les alliages 18 carats d'or
gris et d'argent sont la plupart rhodiés, les alliages de platine 950 ‰ sont très
blancs mais très chers, en raison de la forte teneur en platine et du coût élevé de
celui-ci. Les alliages de palladium connus jusqu'à ce jour présentent une couleur
trop grise, pas assez blanche, et le rhodium pur, à l'état massif, est difficile à
déformer à froid, son point de fusion étant élevé.
[0003] Le Journal Platinum Metal (2013, 57, (3), 202-213) décrit les caractéristiques principales colorimétriques des alliages précieux présentés
au Tableau 1, selon le modèle chromatique L*a*b (C.I.E. 1976).
Tableau 1 : Valeurs colorimétriques des alliages de métaux précieux. Journal Platinum
Metal (2013, 57, (3), 202-213)
| |
L |
a* vert-rouge |
b* jaune-bleu |
| Alliages de platine et alliages du groupe du platine |
85 |
0 |
4.5 |
| Argent pur |
95 |
-0.5 |
4.2 |
| Or gris 18 carats |
84 |
0 |
9.5 |
| Or gris 14 carats |
84 |
-0.5 |
9 |
[0004] Différentes recherches ont été menées pour proposer des alliages très blancs. Ainsi,
la demande de brevet
WO 2010/127458 décrit un alliage d'or gris sans nickel et sans cuivre, à base d'or, et comprenant
du palladium ainsi qu'un certain nombre d'éléments d'addition utilisés pour améliorer
diverses propriétés des alliages. Les alliages obtenus présentent avantageusement
des valeurs colorimétriques dont la chromaticité (a* ; b*) est légèrement inférieure
à l'alliage 18 carats binaire or-palladium, mais tout en restant gris (L > 81).
[0005] La demande de brevet
EP 2 546 371 décrit un alliage d'or gris à base d'or et comprenant du chrome ainsi qu'un certain
nombre d'éléments d'addition utilisés pour améliorer diverses propriétés des alliages.
Les alliages obtenus présentent des valeurs colorimétriques, exceptionnelles en ce
qui concerne la chromaticité, et intéressantes pour la valeur L (> 83). Mais dans
ces deux cas, les éléments d'addition employés sont relativement réactifs aux procédés
employés par la joaillerie traditionnelle, notamment le chalumeau, en produisant des
oxydes qui obèrent l'éclat tant recherché, indiqué par la valeur L élevée.
[0006] La demande de brevet
EP 2 420 583 a ouvert une nouvelle voie dans le monde des métaux précieux très blancs. Elle décrit
notamment un alliage constitué en poids de 50% de platine et de 50% de Rhodium, massif,
très blanc, très résistant à la corrosion, proche de la couleur du rhodium utilisant
des techniques de déformation à haute température pour éviter la décomposition spinodale
au-dessus de 800°C existant entre les deux éléments, induisant une mauvaise déformabilité
de l'alliage à froid dû à l'hétérogénéité de l'alliage. Cette technique rend donc
cet alliage particulièrement attractif pour le domaine horloger/bijoutier à l'exception
de deux inconvénients majeurs non négligeables pour le consommateur final : son prix
reste élevé en raison de la présence de platine ; et les titres platine 500 ou rhodium
500 ne sont pas reconnus légalement par les organisations internationales et nationales.
Un produit sans poinçon de garantie est difficilement acceptable pour les consommateurs
en laissant le doute sur la composition réelle des métaux précieux contenus dans l'alliage.
Outre ces deux inconvénients, la fusion de l'alliage est relativement élevée (∼ 1900°C)
le rendant particulièrement difficile à couler pour des applications bijoutières.
Résumé de l'invention
[0007] L'invention a notamment pour objectif de pallier les différents inconvénients des
alliages connus.
[0008] Plus précisément, un objectif de l'invention est de fournir des alliages très blancs,
proches de la couleur du rhodium, économiques, pouvant être marqués d'un poinçon légal,
avec une fusion plus faible (∼ 1750°C), et une résistance à l'oxydation permettant
l'utilisation des techniques classiques de la joaillerie.
[0009] L'invention a également pour objectif de fournir des alliages de métaux précieux
sans nickel qui répondent donc favorablement à la réglementation sur la libération
de nickel.
[0010] A cet effet, la présente invention concerne un alliage à base de palladium comprenant,
exprimé en poids: entre 50 et 55% de palladium, entre 45% et 50% de rhodium; une quantité
x d'argent, où 0%≤x≤5%, et une quantité R d'un reste comprenant au moins un élément
choisi parmi iridium, ruthénium, platine, titane, zirconium et rhénium, et leurs combinaisons,
où 0%≤R≤5%.
[0011] Selon une variante de réalisation, x est inférieur ou égal à 2%.
[0012] Selon une variante de réalisation préférée, l'alliage peut comprendre, exprimé en
poids: entre 50 et 53% de palladium, entre 47% et 50% de rhodium; une quantité x d'argent,
où 0%≤x≤2%, et une quantité R d'un reste comprenant au moins un élément choisi parmi
iridium, ruthénium, platine, titane, zirconium et rhénium, et leurs combinaisons,
où 0%≤R≤3%.
[0013] Selon une autre variante de réalisation préférée, x est égal à 0.
[0014] Selon une variante de réalisation, R est inférieur ou égal à 1%, de préférence inférieur
ou égal à 0.5%, et plus préférentiellement inférieur ou égal à 0,1%.
[0015] Selon une variante de réalisation préférée, R est égal à 0.
[0016] Selon une variante de réalisation préférée, x et R sont égaux à 0.
[0017] Les alliages selon l'invention sont très blancs, peuvent être marqués d'un poinçon
légal, et présentent les propriétés appropriées autorisant une utilisation dans le
domaine de l'horlogerie, de la bijouterie ou de la joaillerie.
[0018] La présente invention concerne également une pièce d'horlogerie, de bijouterie ou
de joaillerie comportant au moins un composant réalisé dans un alliage tel que défini
ci-dessus.
[0019] La présente invention concerne également l'utilisation d'un alliage tel que défini
ci-dessus dans une pièce d'horlogerie, de bijouterie ou de joaillerie.
Description détaillée de modes de réalisation préférés
[0020] La présente invention concerne un alliage à base de palladium comprenant, exprimé
en poids: entre 50 et 55% de palladium, entre 45% et 50% de rhodium; une quantité
x d'argent, où 0%≤x≤5%, de préférence 0%≤x≤4%, et plus préférentiellement 0%≤x≤2%,
et une quantité R d'un reste comprenant au moins un élément choisi parmi iridium,
ruthénium, platine, titane, zirconium et rhénium, et leurs combinaisons, où 0%≤R≤5%,
de préférence 0%≤R≤3%, de préférence 0%≤R≤1%, et plus préférentiellement 0%≤R≤0.1%.
[0021] Les alliages obtenus présentent, après polissage, des valeurs colorimétriques selon
le modèle chromatique L*a*b (C.I.E. 1976) telles que L* est compris entre 84 et 91,
a* est inférieur ou égal à 1 et b* est inférieur ou égal à 4.5. De préférence, L*
est compris entre 88 et 90, a* est inférieur ou égal à 0.8 et b* est inférieur ou
égal à 3.
[0022] Les éléments additionnels tels que iridium, ruthénium, platine, titane, zirconium
et rhénium peuvent éventuellement être utilisés pour améliorer par exemple les propriétés
métallurgiques, telle que la coulée, éviter les porosités, ou pour améliorer les propriétés
de l'alliage telles que la déformation ou son éclat.
[0023] Les alliages répondant à la définition susmentionnée sont des alliages en métaux
précieux répondant à l'ensemble des critères requis pour des alliages destinés à être
utilisés dans le domaine horloger, bijoutier ou joaillier, notamment au niveau de
leur couleur, leur éclat, le poinçon de titre, leur prix raisonnable, leur meilleure
coulabilité, des alliages massifs avec une bonne résistance à la corrosion, sans nickel,
résistants à la rayure (minimum 160 HV à l'état recuit) et faciles à usiner.
[0024] Selon un premier mode de réalisation, l'alliage comprend une quantité d'argent x
inférieure ou égale à 2%.
[0025] Selon une première variante, l'alliage de palladium comprend, exprimé en poids :
de 50 à 53% de palladium, de 47 % à 50 % de rhodium, de 0 à 2 % d'argent, le reste
comprenant au moins un des éléments Ir, Ru, Pt, Ti, Zr et Re.
[0026] Selon une autre variante, l'alliage de palladium comprend, exprimé en poids de 50
à 55% de palladium, de 45 % à 50 % de rhodium, et de 0 à 2 % d'argent, la quantité
R d'éléments additionnels (reste) étant de préférence égale à 0.
[0027] Selon un deuxième mode de réalisation, x est égal à 0 de sorte que l'alliage de l'invention
ne contient pas d'argent. L'alliage de palladium peut alors comprendre, exprimé en
poids : de 50 à 55% de palladium, de 45 % à 50 % de rhodium, le reste comprenant au
moins un des éléments Ir, Ru, Pt, Ti, Zr et Re, pour une valeur totale du reste telle
que définie ci-dessus, et de préférence inférieure à 0.1.
[0028] Selon un autre mode de réalisation, x est différent de 0 de sorte que l'alliage de
l'invention contient de l'argent. L'alliage de palladium peut alors comprendre, exprimé
en poids: entre 50 et 55% de palladium, entre 45% et 50% de rhodium; une quantité
x d'argent, où 0%<x≤5%, et une quantité R d'un reste comprenant au moins un élément
choisi parmi iridium, ruthénium, platine, titane, zirconium et rhénium, et leurs combinaisons,
où 0%≤R≤5%, de préférence 0%≤R≤3%, de préférence 0%≤R≤1%, et plus préférentiellement
0%≤R≤0.1%. La quantité x d'argent peut alors être telle que 0.1%≤x≤5%, de préférence
telle que 0.1%≤x≤4%, et plus préférentiellement 0.1%≤x≤2%.
[0029] Selon un autre mode de réalisation, x et R sont égaux à 0 de sorte que l'alliage
de l'invention ne contient ni argent ni élément additionnel (reste) tel que défini
dans le reste ci-dessus. Dans ce cas, l'alliage de palladium comprend, exprimé en
poids de 50% à 55% de palladium, et de 45% à 50 % de rhodium.
[0030] Selon un mode de réalisation préféré, l'alliage à base de palladium est un alliage
Pd500 et comporte, exprimé en poids, 50% de palladium, minimum 49 % de rhodium, le
reste comprenant au moins un des éléments Ir, Ru, Pt, Ti, Zr.
[0031] Selon un autre mode de réalisation préféré, l'alliage de palladium est un alliage
Pd500 et comporte, exprimé en poids, 50% de palladium, 45% de rhodium et au maximum
4% d'argent, le reste comprenant au moins un des éléments Ir, Ru, Pt, Ti, Zr.
[0032] Selon un autre mode de réalisation préféré, l'alliage de palladium est un alliage
Pd500 et comporte, exprimé en poids, 50% de palladium, 45% de rhodium et 5% d'argent.
[0033] Selon un autre mode de réalisation préféré, l'alliage de palladium comporte, exprimé
en poids, 50% de palladium, et 50% de rhodium.
[0034] Pour préparer l'alliage de palladium selon l'invention, on procède de la manière
suivante :
Les principaux éléments entrant dans la composition de l'alliage ont une pureté d'au
moins 999 ‰ et sont désoxydés. On place les éléments de la composition de l'alliage
dans un creuset que l'on chauffe jusqu'à fusion des éléments. Le chauffage est réalisé
dans un four à induction étanche sous pression partielle d'azote. L'alliage fondu
est coulé dans une lingotière. Après solidification, on fait subir au lingot une trempe
à l'eau. Le lingot trempé est ensuite déformé à chaud à 1000°C puis recuit. Le taux
d'écrouissage entre chaque recuit est de 60 à 80 %. Chaque recuit dure entre 20 à
30 minutes et se fait à 1000 °C sous une atmosphère réductrice composée de N2 et H2. Le refroidissement entre les recuits se fait par une trempe à l'eau.
[0035] Les exemples suivants illustrent la présente invention sans toutefois en limiter
la portée.
[0036] Le tableau 2 ci-dessous indique la composition de différents matériaux « très blancs
» testés. Les proportions indiquées sont exprimées en pourcentage en poids. L'exemple
comparatif 1 est un alliage constitué de 95% de platine et de 5% de ruthénium. Cet
alliage est la référence au niveau couleur des alliages de platine dans le monde de
la joaillerie. L'exemple comparatif 2 est relatif à l'alliage constitué de 50% de
platine et de 50% de rhodium décrit dans la demande
EP 2 420 583. L'exemple comparatif 3 est le rhodium pur.
[0037] Deux exemples selon l'invention (exemples 4 et 5) ont été réalisés, à savoir un alliage
constitué de 50% de palladium et de 50% de rhodium et un alliage constitué de 50%
de palladium, 45% de rhodium et 5% d'argent.
Tableau 2
| Exemple |
Matériau |
| 1 (comp.) |
Pt95Ru |
| 2 (comp.) |
Pt50Rh50 |
| 3 (comp.) |
Rh pur |
| 4 (inv.) |
Pd50Rh50 |
| 5 (inv.) |
Pd50Rh45Ag5 |
[0038] On mesure pour ces matériaux les valeurs colorimétriques, selon le modèle chromatique
L*a*b (C.I.E. 1976) (mesurées après polissage, les échantillons ayant été polis jusqu'à
1 micron), la densité, la dureté Vickers à l'état recuit et la température de fusion.
[0039] Les valeurs colorimétriques sont mesurées avec un appareil MINOLTA CM 3610 d dans
les conditions suivantes :
Illuminant : D65
Tilt : 10°
Mesure : SCI + SCE (spéculaire inclus + exclus)
UV : 100%
Focale de mesure : 4 mm
Etalonnage : corps noir et corps blanc
[0040] Les valeurs mesurées sont indiquées dans le tableau 3 ci-dessous :
Tableau 3
| Exemple° |
L* |
a* vert-rouge |
b* jaune-bleu |
Densité [g/cm3] |
HV recuit |
Fusion [°C] |
| 1 (comp.) |
88.5 |
0.2 |
4.1 |
20.7 |
140 |
1850 |
| 2 (comp.) |
89.5 |
0.60 |
2.8 |
15.7 |
150 |
1900 |
| 3 (comp.) |
90.4 |
0.93 |
2.0 |
12.4 |
100 |
1963 |
| 4 (inv.) |
89.2 |
0.75 |
2.6 |
12.2 |
160 |
1750 |
| 5 (inv.) |
88.7 |
0.79 |
2.9 |
12.1 |
180 |
1735 |
[0041] Les résultats du tableau 3 montrent que les alliages selon l'invention (exemples
4 et 5) présentent des valeurs colorimétriques très proches de rhodium pur (exemple
3) tout en offrant des densités et des températures de fusion beaucoup plus faibles
que les alliages des exemples comparatifs 1 et 2, et donc appropriées aux applications
bijoutières. Les alliages selon l'invention répondent au critère de dureté après recuit
et présentent une résistance à la rayure suffisante.
1. Alliage à base de palladium comprenant, exprimé en poids: entre 50 et 55% de palladium,
entre 45% et 50% de rhodium; une quantité x d'argent, où 0%≤x≤5%, et une quantité
R d'un reste comprenant au moins un élément choisi parmi iridium, ruthénium, platine,
titane, zirconium et rhénium, et leurs combinaisons, où 0%≤R≤5%.
2. Alliage selon la revendication 1, caractérisé en ce que x est inférieur ou égal à 2%.
3. Alliage selon l'une des revendications précédentes, comprenant, exprimé en poids:
entre 50 et 53% de palladium, entre 47% et 50% de rhodium; une quantité x d'argent,
où 0%≤x≤2%, et une quantité R d'un reste comprenant au moins un élément choisi parmi
iridium, ruthénium, platine, titane, zirconium et rhénium, et leurs combinaisons,
où 0%≤R≤3%.
4. Alliage selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que x est égal à 0.
5. Alliage selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que R est inférieur ou égal à 1%, de préférence inférieur ou égal à 0.5%, et plus préférentiellement
inférieur ou égal à 0,1%.
6. Alliage selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que R est égal à 0.
7. Alliage selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que x et R sont égaux à 0.
8. Pièce d'horlogerie, de bijouterie ou de joaillerie comportant au moins un composant
réalisé dans un alliage selon l'une des revendications de 1 à 7.
9. Utilisation d'un alliage selon l'une des revendications 1 à 7 dans une pièce d'horlogerie,
de bijouterie ou de joaillerie.