DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention concerne les dispositifs microfluidiques du type biopuces,
et plus particulièrement, un dispositif microfluidique de contrôle et d'enchaînement
de plusieurs étapes d'écoulement d'un fluide et un procédé d'analyse mis en oeuvre
par un tel dispositif.
[0002] L'invention trouve des applications dans de nombreux domaines, comme entres autres
les domaines de la recherche médicale, de la biologie et de la pharmaceutique.
ETAT DE LA TECHNIQUE ANTERIEURE
[0003] Un dispositif microfluidique pouvant enchaîner plusieurs étapes d'écoulement d'un
fluide est connu dans le domaine des microsystèmes d'analyse médicale ou chimique.
[0004] En effet, la demande de brevet
FR 2897282 décrit un procédé de contrôle de l'avancée d'un liquide dans un composant microfluidique
comprenant une pluralité de zones de réaction ainsi qu'une pluralité de vannes passives
exploitant des forces de capillarité permettant de bloquer le fluide entre les zones
de réaction. Le contrôle de l'avancée du liquide s'effectue par le contrôle de la
pression en amont et en aval du composant. Une impulsion en pression permet de débloquer
une vanne et de permettre l'avancée du liquide.
[0005] Toutefois, en exploitant des forces de capillarité afin de faire avancer le liquide,
la réussite du blocage/déblocage est dépendante des propriétés de mouillage des parois
avec le liquide utilisé. Plus précisément, les paramètres tels que les géométries
des vannes et des zones de réaction, les états de surfaces ou les propriétés de mouillage
doivent être finement déterminés ce qui complique la réalisation du dispositif. En
particulier, l'ajout ou la suppression d'agent mouillant nécessaire à un protocole
biologique donné peut être incompatible avec le principe de base des vannes de blocage.
[0006] L'objet de la présente invention est, par conséquent, de remédier aux inconvénients
précités en proposant un dispositif microfluidique de contrôle d'écoulement d'un fluide
parfaitement adapté à un protocole chimique ou biologique et très simple à réaliser.
EXPOSÉ DE L'INVENTION
[0007] L'invention a pour objet un dispositif microfluidique de contrôle d'écoulement d'au
moins un fluide d'intérêt, comportant
- un premier substrat (11) ayant une première surface microfluidique (111),
- un deuxième substrat (13) ayant une deuxième surface microfluidique (131),
- une membrane déformable (15) disposée entre lesdites première et deuxième surfaces
microfluidiques,
- au moins une suite de cavités (51) formée sur l'une ou l'autre des première et deuxième
surfaces microfluidiques et délimitant avec ladite membrane (15) une suite de chambres
microfluidiques, ladite membrane déformable étant apte à être déformée au niveau de
chaque chambre microfluidique pour être plaquée contre une partie de la première surface
microfluidique (111) ou contre une partie de la deuxième surface microfluidique (131)
permettant ainsi de commuter l'état de chaque chambre microfluidique (5) entre un
premier état fermé bloquant l'écoulement du fluide d'intérêt et un second état ouvert
allouant un volume prédéterminé à ladite chambre, la membrane étant adaptée pour ouvrir
ou bloquer le passage du fluide ainsi que pour pomper le fluide depuis une chambre
vers au moins une autre chambre, les volumes des différentes chambres à l'état ouvert
étant identiques, et
- au moins une suite de canaux microfluidiques de communication (25) formée sur l'une
ou l'autre des première et deuxième surfaces microfluidiques, ladite suite de canaux
microfluidiques reliant de manière séquentielle ladite suite de chambres microfluidiques,
ladite au moins une suite de canaux microfluidiques de communication (25) présentant
un volume plus petit que celui de ladite au moins une suite de cavités (51).
[0008] Ainsi, les chambres microfluidiques permettent elles-mêmes de faire déplacer un fluide
selon une séquence d'opérations bien maitrisée sans recourir ni à des vannes subsidiaires
ni à des pompes et sans dépendre de l'état des surfaces ou propriétés de mouillage
des parois desdites chambres. De plus, ce dispositif permet d'avoir un grand nombre
de chambres réactionnelles avec des volumes identiques bien calibrés ne nécessitant
aucun moyen de mesure tout en minimisant les volumes morts. Ceci permet de transporter
de manière facile et précise de(s) volume(s) calibrés de fluide(s) dans le but d'intégrer
un protocole fluidique. Ce dispositif est très simple à construire et à utiliser tout
en étant très précis. En particulier, la membrane déformable a une double fonction,
à savoir une fonction de vanne et de pompe. En effet, elle sert à la fois à bloquer
le fluide dans les chambres microfluidiques et à pomper (ou aspirer) le fluide d'une
chambre à une autre. Elle permet un actionnement simple et contrôlé de l'état de chaque
chambre et permet alors le déplacement d'un liquide de chambre en chambre par un actionnement
successif des chambres entre état fermé et état ouvert.
[0009] Avantageusement, au moins une des chambres microfluidiques contient un réactif embarqué
(de préférence séché ou lyophilisé) adapté pour réagir avec le fluide d'intérêt.
[0010] Ainsi, de chambre en chambre, le fluide d'intérêt se mélange au(x) réactif(s) qui
est (sont) déjà présent(s) dans le dispositif permettant de réaliser de manière simple
un protocole d'analyse chimique ou biologique à plusieurs étapes.
[0011] Avantageusement, le volume d'un canal microfluidique de communication est d'environ
dix fois plus petit que le volume d'une cavité. Ceci permet de minimiser l'apparition
de bulles d'air et d'éviter la dilution du mélange (fluide et réactifs embarqués)
lors du transport de chambre en chambre.
[0012] Avantageusement, le réseau microfluidique comporte un orifice (ou réservoir) d'entrée
formé dans le premier substrat et relié à une entrée de ladite au moins une suite
de canaux microfluidiques de communication, ledit orifice étant adapté pour recevoir
le fluide d'intérêt. Ainsi, un échantillon du fluide d'intérêt peut être facilement
injecté dans le dispositif.
[0013] Avantageusement, le réseau microfluidique comporte un orifice (ou réservoir) de sortie
formé dans le premier substrat ou le deuxième substrat et relié à une sortie de ladite
au moins une suite de canaux microfluidiques de communication. Ainsi, le mélange peut
être facilement récupéré ou évacué.
[0014] Avantageusement, le premier substrat, la membrane et le deuxième substrat sont assemblés
de manière à assurer un contact étanche entre la membrane et les première et deuxième
surfaces des premier et deuxième substrats tout en aménageant un espace d'écoulement
au niveau des cavités et des canaux microfluidiques de communication.
[0015] Ainsi, un bon contact et une bonne étanchéité sont maintenus entre la membrane et
les deux substrats.
[0016] Avantageusement, l'assemblage est réalisé par collage, par plasma, ou par un plaquage
mécanique.
[0017] Ainsi, l'assemblage peut être réalisé par différents procédés avec ou sans colle
ou par un simple plaquage mécanique pouvant être assuré par un système de bride.
[0018] Avantageusement, le dispositif comporte un mécanisme d'actionnement adapté pour agir
sur la membrane au niveau de chaque chambre microfluidique afin de commuter l'état
de la chambre microfluidique sélectionnée.
[0019] Ceci permet de réaliser un protocole d'analyse précis et automatique avec un mode
opératoire simple.
[0020] Avantageusement, le mécanisme d'actionnement est sélectionné parmi les mécanismes
suivants : pneumatique, mécanique, électrostatique, piézoélectrique, et magnétique.
[0021] Ainsi, il existe un grand choix de mécanismes pour actionner le changement d'état
des différentes chambres microfluidiques.
[0022] Avantageusement, le mécanisme d'actionnement est un mécanisme pneumatique adapté
pour déformer la membrane en exerçant une pression via des trous d'actionnement formés
dans le deuxième substrat et débouchant aux niveaux des chambres microfluidiques,
le changement d'état d'une chambre microfluidique quelconque étant réalisée par une
modification de la valeur de pression exercée sur la membrane via le trou d'actionnement
correspondant à ladite chambre microfluidique.
[0023] Ceci permet de piloter l'actionnement des différentes chambres microfluidiques de
manière simple, précise, robuste, peu encombrante et sans recourir à des pièces mécaniques
traversant le substrat.
[0024] Selon un premier mode de réalisation préféré de la présente invention, ladite au
moins une suite de cavités et ladite au moins une suite de canaux microfluidiques
de communication sont formées sur la première surface microfluidique, une chambre
microfluidique étant dans un état ouvert lorsque la membrane déformable est plaquée
sur la deuxième surface microfluidique de sorte que la membrane et la cavité correspondante
délimitent un réservoir de volume prédéterminé égal à celui de la cavité autorisant
ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt dans ledit réservoir, et une chambre microfluidique
étant dans un état fermé lorsque la membrane est plaquée sur la première surface microfluidique
tout en épousant la forme de la cavité correspondante de sorte que le volume entre
la membrane et la cavité est quasiment nul bloquant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt
au travers de ladite chambre.
[0025] Selon ce premier mode de réalisation, les cavités et les canaux de communication
sont avantageusement usinés sur le même substrat et la déformation de la membrane
permet de créer des chambres microfluidiques tout en pompant le fluide d'intérêt de
chambre en chambre.
[0026] Selon un deuxième mode de réalisation préféré de la présente invention, ladite au
moins une suite de cavités est formée sur la deuxième surface microfluidique et ladite
au moins une suite de canaux microfluidiques de communication est formée sur la première
surface microfluidique, une chambre microfluidique étant dans un état ouvert lorsque
la membrane est plaquée sur la deuxième surface microfluidique tout en épousant la
forme de la cavité correspondante de sorte que la membrane et la première surface
microfluidique délimitent un réservoir de volume prédéterminé égal à celui de la cavité
autorisant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt dans ledit réservoir, et une chambre
microfluidique étant dans un état fermé lorsque la membrane est plaquée sur la première
surface microfluidique de sorte que le volume entre la membrane et la première surface
est quasiment nul empêchant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt au travers de ladite
chambre.
[0027] Selon ce deuxième mode de réalisation, les cavités et les canaux de communication
sont usinés sur différents substrats.
[0028] Avantageusement, le premier substrat et/ou le deuxième substrat sont réalisés dans
un matériau transparent.
[0029] Ainsi, on peut utiliser une simple détection optique pour mesurer le résultat d'une
analyse chimique ou biologique mise en oeuvre par le dispositif.
[0030] Avantageusement, les cavités ont une forme de calotte sphérique dont la base a un
diamètre entre environ 1 mm et 1 cm et dont la hauteur est entre environ 100 µm et
1 mm.
[0031] Ainsi, lors d'une analyse chimique ou biologique, on peut avantageusement viser des
volumes réactionnels de quelques microlitres (100nl à 100 µl).
[0032] Avantageusement, chaque canal de ladite au moins une suite de canaux microfluidiques
de communication a une longueur entre environ 1 mm et 5 mm et une section entre environ
50 µm et 500 µm de côté.
[0033] Ainsi, le volume de chaque canal microfluidique est au plus dix fois plus petit que
celui d'une chambre microfluidique.
[0034] Avantageusement, chacun desdits premier et deuxième substrats présente une épaisseur
entre environ 200 µm et 4 mm et une surface de l'ordre de plusieurs centimètres carrés.
[0035] Avantageusement, le matériau du premier substrat et/ou du deuxième substrat est sélectionné
parmi les matériaux suivants : polymère polycarbonate, PMMA, COC, silicium, et papier.
[0036] Selon un mode de réalisation préféré de la présente invention, le réseau microfluidique
comporte un ensemble de branches microfluidiques connectées à un même orifice d'entrée
et comprenant chacune une suite de canaux microfluidiques de communication reliant
de manière séquentielle une suite correspondante de chambres microfluidiques.
[0037] Ceci permet d'effectuer plusieurs analyses en parallèle.
[0038] Avantageusement, les branches sont disposées en peigne ou en étoile à partir dudit
orifice d'entrée.
[0039] En plaçant différents réactifs dans les différentes branches, il est ainsi possible
de réaliser plusieurs analyses sur un même échantillon placé dans l'orifice d'entrée.
[0040] L'invention vise également un procédé d'analyse mis en oeuvre au moyen d'un dispositif
microfluidique selon l'une quelconque des caractéristiques précédentes, toutes les
chambres microfluidiques étant initialement à l'état fermé et au moins une des chambres
microfluidiques contenant un réactif embarqué, ledit procédé comportant les étapes
suivantes :
- injection d'un liquide correspondant au fluide d'intérêt dans le dispositif microfluidique,
et
- commutation de l'état des chambres microfluidiques (entre état fermé et état ouvert)
selon une séquence d'opérations prédéterminée adaptée pour contrôler le passage du
liquide entre les différentes chambres.
[0041] Ainsi, de chambre en chambre, le liquide se mélange aux réactifs réalisant par exemple
un protocole d'analyse biologique à plusieurs étapes.
[0042] Avantageusement, le procédé comporte des étapes de brassage en faisant basculer le
liquide entre deux chambres microfluidiques un nombre déterminé de fois.
[0043] Ceci permet d'accélérer le mélange entre le liquide réactionnel et le ou les réactif(s).
[0044] Avantageusement, le procédé comporte une étape de mesure optique (de fluorescence
ou colorimétrique) du liquide (réactionnel) dans au moins une (dernière) chambre de
détection.
[0045] Ainsi, on peut facilement analyser (ou lire) le résultat du protocole d'analyse.
BRÈVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0046] On décrira à présent, à titre d'exemples non limitatifs, des modes de réalisation
de l'invention, en se référant aux dessins annexés, dans lesquels :
La Fig. 1 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon l'invention ;
La Fig. 2 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon un mode de réalisation de l'invention ;
La Fig. 3 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon un premier mode de réalisation préféré de
l'invention ;
Les Figs. 4A et 4B illustrent de manière schématique un assemblage du dispositif microfluidique
par un plaquage mécanique ;
Les Figs. 5A et 5B illustrent de manière schématique les états d'une chambre microfluidique
selon le mode de réalisation de la Fig. 3 ;
La Fig. 6A illustre de manière schématique un procédé d'analyse mis en oeuvre au moyen
d'un dispositif microfluidique selon l'invention ;
La Fig. 6B illustre une première chambre microfluidique dans un état fermé et une
deuxième chambre microfluidique dans un état ouvert selon le procédé de la Fig. 6A;
La Fig. 7 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon un deuxième mode de réalisation préféré
de l'invention ;
Les Figs. 8A et 8B illustrent de manière schématique les états d'une chambre microfluidique
selon le mode de réalisation de la Fig. 7 ; et
Les Figs. 9A à 9C illustrent de manière très schématique différentes configurations
d'un dispositif microfluidique, selon d'autres modes de réalisation de l'invention.
EXPOSÉ DÉTAILLÉ D'UN MODE DE RÉALISATION PRÉFÉRÉ
[0047] Le concept à la base de l'invention consiste à contrôler l'écoulement d'un fluide
à travers une succession de réservoirs sans utiliser des vannes et sans recourir à
des forces capillaires.
[0048] La Fig. 1 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon l'invention.
[0049] Le dispositif microfluidique 1 comporte un réseau microfluidique 3 comprenant au
moins une suite de chambres microfluidiques 5 reliées entre elles de manière séquentielle.
Les chambres microfluidiques 5 sont aptes à être déformées de manière rétractée ou
déployée. Plus particulièrement, chaque chambre microfluidique 5 est commutable entre
un premier état fermé empêchant ou bloquant l'écoulement du fluide d'intérêt à travers
la chambre 5 et un second état ouvert allouant à la chambre à l'état ouvert un volume
prédéterminé tout en pompant (aspirant) le fluide d'intérêt dans cette chambre. L'état
ouvert autorise ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt tout en calibrant le volume
de la chambre. Plus particulièrement, le volume de chaque chambre 5 est modulable
ou gonflable entre un volume quasi nul et un volume calibré ou prédéterminé non nul.
Lorsque la chambre 5 est dans un état fermé, son volume est nul et par conséquent,
l'avancée du fluide est bloquée. En revanche, lorsque la chambre est dans un état
ouvert, son volume est calibré et le fluide peut s'écouler pour remplir la chambre.
L'action de commutation de l'état d'une chambre d'un état fermé à un état ouvert permet
de pomper le fluide dans cette chambre. Ainsi, l'actionnement successif des chambres
microfluidiques 5 entre un état fermé et un état ouvert permet de déplacer un volume
réactionnel de chambre en chambre sans utiliser des vannes auxiliaires et sans recourir
à des pompes ou forces capillaires. On notera que les volumes des différentes chambres
5 à l'état ouvert sont identiques. Avantageusement, le volume d'une chambre 5 à l'état
ouvert est de l'ordre de quelques centaines de nanolitres à quelques centaines de
microlitres.
[0050] Le dispositif microfluidique 1 comporte également un réservoir ou orifice d'entrée
7 adapté pour recevoir un échantillon d'un fluide d'intérêt. L'orifice d'entrée 7
est relié à une entrée du réseau microfluidique et plus particulièrement à une première
chambre de la suite de chambres microfluidiques 5. Une seule suite de chambre est
représentée sur la Fig. 1 mais bien entendu, le dispositif microfluidique peut comporter
une pluralité de suites de chambres (voir Figs. 9A et 9B) et éventuellement une pluralité
d'orifices d'entrée.
[0051] Le dispositif microfluidique 1 peut être utilisé pour effectuer une analyse chimique
ou biologique sur un échantillon d'un fluide d'intérêt consistant par exemple d'un
fluide biologique. En effet, des réactifs peuvent être embarqués sous forme séchée
dans au moins une des chambres microfluidiques 5. Ainsi, et de chambre en chambre,
le fluide d'intérêt placé dans l'orifice d'entrée 7 se mélange aux réactifs dans le
but de réaliser un protocole d'analyse à plusieurs étapes.
[0052] La Fig. 2 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon un mode de réalisation de l'invention.
[0053] Le dispositif microfluidique 1 comporte deux substrats 11, 13 et une membrane déformable
15 disposée entre les deux substrats.
[0054] Le premier substrat 11 comprend une première surface microfluidique 111 et le deuxième
substrat 13 comprend une deuxième surface microfluidique 131. Les première et deuxième
surfaces 111, 131 sont parallèles entre elles et séparées l'une de l'autre par la
membrane déformable 15. Les première et deuxième surfaces 111, 131 peuvent être de
forme rectangulaire ou circulaire ou de toute autre forme.
[0055] Dans toute la description qui va suivre, par convention, on utilise un repère orthonormé
direct en coordonnées cartésiennes (X,Y,Z) présenté sur la Fig. 2A. Le plan (X,Y)
est parallèle auxdites première et deuxième surfaces 111, 131 et la direction Z est
orientée à partir de la deuxième surface 131 vers la première surface 111.
[0056] Chacun des premier 11 et deuxième 13 substrats présente une épaisseur dans la direction
Z entre environ 200 µm et 4 mm et une surface (i.e., aire de la première ou de la
deuxième surface microfluidique dans un plan (X,Y)) de l'ordre de plusieurs centimètres
carrés, typiquement une surface équivalente à une lame de microscope ou une carte
de crédit. La membrane déformable présente une épaisseur (dans la direction Z) de
l'ordre d'une centaine de microns (10µm à 1mm) par exemple 300µm.
[0057] Le matériau du premier substrat 11 et/ou du deuxième substrat 13 est sélectionné
parmi les matériaux suivants : polymère polycarbonate, PMMA, COC, silicium, et papier.
La membrane 15 est formée d'un matériau très déformable comme par exemple en élastomère
de la famille des silicones (exemple PDMS polydiméthylsiloxane, Ecoflex
®).
[0058] Au moins une suite de cavités 51 est formée sur l'une ou l'autre des première et
deuxième surfaces microfluidiques 111, 131. A titre d'exemple, la Fig. 3 montre que
les cavités 51 sont formées sur la première surface microfluidique 111 du premier
substrat 11 et la Fig. 7 montre que les cavités 51 sont formées sur la deuxième surface
microfluidique 131 du deuxième substrat 13.
[0059] Avantageusement, les cavités 51 ont une forme de calotte sphérique dont la base a
un diamètre dans un plan (X,Y) entre environ 1 mm et 1 cm et dont la hauteur dans
la direction Z est entre environ 100 µm et 1 mm.
[0060] La suite de cavités 51 délimite avec la membrane déformable 15 la suite de chambres
microfluidiques 5. La membrane déformable 15 est apte à être déformée au niveau de
chaque chambre microfluidique 5 pour être plaquée contre une partie de la première
surface microfluidique 111 ou contre une partie de la deuxième surface microfluidique
131 permettant ainsi de commuter l'état de chaque chambre microfluidique 5 entre les
premier et second états. La membrane est adaptée pour ouvrir ou bloquer le passage
du fluide ainsi que pour pomper le fluide depuis un réservoir ou une chambre vers
au moins une autre chambre.
[0061] En effet, le dispositif microfluidique 1 comporte un mécanisme d'actionnement 21
adapté pour agir sur la membrane 15 au niveau de chaque chambre microfluidique 5 afin
de commuter l'état de la chambre microfluidique sélectionnée. Le mécanisme d'actionnement
21 peut être de type pneumatique ou mécanique.
[0062] En outre, au moins une suite de canaux microfluidiques de communication 25 est formée
sur l'une ou l'autre des première et deuxième surfaces microfluidiques 111, 131. Chaque
suite de canaux microfluidiques de communication 25 relie de manière séquentielle
la suite de chambres microfluidiques 5 (ici, une seule suite de canaux microfluidiques
de communication 25 formée sur la première surface 111 et une seule suite de chambres
microfluidiques 5 sont illustrées). Plus particulièrement, les différents canaux de
la suite de canaux microfluidiques de communication 25 connectent en série les différentes
chambres microfluidiques 5, chaque canal de communication 25 présentant une longueur
entre environ 1 mm et 5 mm et une section entre environ 50 µm et 500 µm de côté. La
suite de canaux microfluidiques de communication 25 présente un volume plus petit
que celui de la suite de cavités 51.
[0063] Selon un mode de réalisation préférentiel de l'invention, le volume d'un canal microfluidique
de communication 25 est au plus dix fois plus petit que le volume d'une chambre microfluidique
5. Soit V1 le volume d'une chambre 5 et V2 le volume d'un canal microfluidique de
communication 25. L'actionnement de deux chambres consécutives génère un déplacement
de liquide de V1-V2, car le volume V2 reste perdu dans le canal 25. Pour N déplacements
on perd un volume fluidique de N x V2. Ainsi, si le système est initialement rempli
d'air (plus précisément, les canaux microfluidiques 25 sont remplis d'air et toutes
les chambres microfluidiques 5 en position fermée/bloquée), alors, après un déplacement
fluidique de la première à la deuxième chambre, l'expérience montre l'apparition d'une
bulle d'un volume environ équivalent au volume V2. Après N déplacements, le volume
de la bulle d'air est N fois plus grand. De même, si le système est initialement rempli
d'un liquide tampon par exemple de l'eau, (plus précisément les canaux 25 sont sous
l'eau et toutes les chambres microfluidiques 5 en position fermée), alors après un
déplacement, l'expérience montre que la solution transportée est légèrement diluée.
Ainsi, à chaque nouveau déplacement on observera une nouvelle légère dilution.
[0064] Il est donc avantageux de réduire au maximum le ratio V2/V1 afin de minimiser l'apparition
de bulles d'air (ou du moins en réduire leur volume) ou pour éviter de diluer les
réactifs/échantillons transportés de chambre en chambre. Ceci est d'autant plus avantageux
que le nombre de chambres nécessaire au protocole d'analyse est grand.
[0065] A titre d'exemple, chaque cavité 51 présente une base de 3mm et une hauteur de 300µm
définissant un volume de chambre à l'état ouvert de 1.1 µl, alors que chaque canal
microfluidique de communication 25 mesure 3mm*100µm*300µm, ce qui représente un volume
de 0.1µl. Ainsi, lors d'une analyse chimique ou biologique, on peut avantageusement
viser des volumes réactionnels de quelques microlitres.
[0066] En outre, le dispositif microfluidique 1 comporte un réservoir ou orifice d'entrée
7 formé dans le premier substrat 11 et relié à une entrée 251 de la suite de canaux
microfluidiques de communication 25 (i.e. au premier canal de la suite de canaux).
Eventuellement, le dispositif microfluidique 1 comporte un orifice ou réservoir de
sortie (non représenté) formé dans le premier substrat 11 ou le deuxième substrat
13 et relié à une sortie 253 de la suite de canaux microfluidiques de communication
25 (i.e. au dernier canal de la suite de canaux).
[0067] Par ailleurs, des trous (ou canaux) d'actionnement 27 (voir Figs. 3 et 7) sont avantageusement
formés dans le premier 11 ou deuxième 13 substrat selon la direction Z pour déboucher
aux niveaux des chambres microfluidiques 5. Ces trous d'actionnement 27 sont utilisés
pour actionner la membrane déformable 15 par des mécanismes d'actionnement pneumatique
ou mécanique. Par exemple par une action de plaquage par succions (effet ventouse).
[0068] Le réseau fluidique 2, c'est-à-dire les orifices d'entrée 7 et éventuellement de
sortie, les cavités 51, les canaux microfluidiques de communication 25 reliant les
cavités 51, et les trous 27 ou ouvertures pour l'actionnement pneumatique ou mécanique
sont usinés selon des procédés connus par les industries de la plasturgie telles que
l'usinage mécanique avec une machine à commande numérique, par impression 3D, ou de
préférence par injection. Le premier substrat 11, la membrane 15 et le deuxième substrat
13 sont assemblés de manière à assurer un contact étanche entre la membrane 15 et
les première et deuxième surfaces 111, 131 des premier et deuxième substrats tout
en aménageant un espace d'écoulement au niveau des cavités 51 et des canaux microfluidiques
de communication 25. L'assemblage peut être réalisé par collage, par plasma, ou par
un plaquage mécanique.
[0069] On notera qu'un réactif est avantageusement déposé dans au moins une des chambres
microfluidiques 5 soit sur la membrane 15 ou soit sur les parois de la cavité 51 avant
l'assemblage du dispositif microfluidique 1. Ainsi, au moins une des chambres microfluidiques
5 contient un réactif embarqué sous forme séché ou lyophilisé et adapté pour réagir
avec le fluide d'intérêt.
[0070] La Fig. 3 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon un premier mode de réalisation préféré de
l'invention. En particulier, cette figure illustre une section du dispositif microfluidique
selon un plan (Y,Z).
[0071] Selon ce premier mode de réalisation, la ou les suite(s) de cavités 51 (en forme
de calotte sphérique) et la ou les suite(s) de canaux microfluidiques de communication
25 sont formés sur la première surface microfluidique 111 du premier substrat 11.
Plus particulièrement, chaque suite de canaux microfluidiques de communication 25
relie de manière séquentielle la suite de cavités 51, chaque canal 25 reliant deux
cavités 51 consécutives. Par ailleurs, l'orifice d'entrée 7 est formé dans le premier
substrat 11.
[0072] Des trous d'actionnement 27 sont formés dans le deuxième substrat 13 débouchant après
assemblage du dispositif 1 en regard des cavités 51. En outre, la membrane déformable
15 est disposée entre le premier substrat 11 (correspondant ici selon l'orientation
Z à une plaque supérieure) et le deuxième substrat 13 (correspondant à une plaque
inférieure). Ainsi, la suite de chambres microfluidiques 5 est formée par la membrane
déformable 15 et la suite de cavités 51. Autrement dit, chaque chambre microfluidique
5 est délimitée par une cavité 51 correspondante et une partie correspondante de la
membrane 15 de sorte que l'état (ouvert ou fermé) de la chambre 5 est défini par l'actionnement
de cette partie correspondante de la membrane 15.
[0073] A titre d'exemple, les deux substrats 11 et 13 peuvent être assemblés avec la membrane
déformable 15 par collage dont l'enduction peut être effectuée par sérigraphie afin
de ne pas coller localement la membrane au niveau des cavités 51 ou canaux microfluidiques
de communication 25 sur les premier 11 ou deuxième substrats 13.
[0074] Un assemblage sans colle peut aussi être envisagé en exposant les première et deuxième
surfaces microfluidiques 111, 131 à un plasma d'oxygène avant assemblage. Dans ce
cas, on peut aussi réaliser un traitement localisé pour ne pas coller la membrane
déformable 15 au niveau des cavités 51 ou canaux microfluidiques de communication
25.
[0075] Selon encore un autre exemple, on peut tout simplement assembler les trois éléments
(i.e. le premier substrat 11, la membrane 15, et le deuxième substrat 13) par un plaquage
mécanique assuré par un système de bride (serre joint, vis etc...) ou tout système
mécanique connu (clips, rivets etc...) permettant de maintenir un bon contact et une
bonne étanchéité entre la membrane 15 et les deux substrats 11 et 13 sauf au niveau
des cavités 51 et canaux microfluidiques 25.
[0076] En effet, les Figs. 4A et 4B illustrent de manière schématique un assemblage du dispositif
microfluidique par un plaquage mécanique. Plus particulièrement, la Fig. 4A illustre
une vue éclatée avant l'assemblage et la Fig. 4B illustre une vue du dispositif microfluidique
après l'assemblage.
[0077] Selon cet exemple, le premier substrat 11 (correspondant à une plaque supérieure)
comporte les canaux microfluidiques de communication et les empreintes des cavités
51 en forme de calotte sphérique. Des réactifs 31 ont été dispensés et séchés sur
les parois des cavités 51.
[0078] Le deuxième substrat 13 (correspondant à une plaque inférieure) comporte des trous
d'actionnement 27 et des ergots 135. Le nombre d'ergots dépend de la surface du dispositif
microfluidique 1. L'assemblage s'effectue tout simplement en mettant en contact le
premier substrat 11 et la membrane déformable 15 sur le deuxième substrat 13 et le
maintien est obtenu par les ergots 135. La face inférieure de la membrane déformable
15 est en contact avec la deuxième surface 131 du deuxième substrat 13 (capot inférieur)
et la face supérieure de membrane déformable 15 est en contact avec la première surface
111 du premier substrat 111 (capot supérieur). A titre d'exemple, pour un dispositif
microfluidique 1 ayant la taille d'une lame de microscope, on placera une dizaine
d'ergots répartis autour du dispositif afin de bien répartir la force de plaquage.
[0079] Les Figs. 5A et 5B illustrent de manière schématique les états d'une chambre microfluidique
selon le mode de réalisation de la Fig. 3.
[0080] Plus particulièrement, la Fig. 5A illustre une vue d'une section dans un plan (Y,Z)
d'une chambre microfluidique 5 dans un état fermé où la partie correspondante de la
membrane 15 est mise dans une forme rétractée. En effet, selon cet état, la partie
de la membrane 15 correspondante à la chambre 5 est plaquée sur une partie de la première
surface microfluidique 111 de la plaque supérieure 11 tout en épousant parfaitement
la forme de la cavité 51 correspondante de sorte que le volume entre la membrane 15
et la cavité 51 est quasiment nul bloquant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt
au travers de la chambre 5. Ici la cavité 51 présente une forme d'une calotte sphérique
et la membrane 15 épouse localement la forme de la calotte 51 sphérique fermant ainsi
l'accès à la chambre microfluidique 5.
[0081] La Fig. 5B illustre une vue d'une chambre microfluidique 5 dans un état ouvert où
la partie correspondante de la membrane déformable 15 est mise dans une forme déployée.
En effet, selon cet état, la partie de la membrane correspondante à la chambre 5 est
plaquée sur une partie de la deuxième surface microfluidique 131 de la plaque inférieure
13 de sorte que la membrane 15 et la cavité 51 correspondante délimitent un réservoir
de volume prédéterminé égal à celui de la cavité 51 autorisant ainsi l'écoulement
du fluide d'intérêt dans la chambre 5.
[0082] Selon ce premier mode de réalisation, le dispositif microfluidique 1 comporte un
mécanisme d'actionnement pneumatique 21 adapté pour agir sur la membrane déformable
15 au niveau de chaque chambre microfluidique 5 afin de commuter l'état de la chambre
microfluidique sélectionnée.
[0083] En effet, le mécanisme d'actionnement pneumatique 21 est adapté pourdéformer au moins
une partie de la membrane 15 en exerçant une pression ou une impulsion de pression
au moyen d'un fluide de pression, et en particulier d'un gaz de pression via les trous
d'actionnement 27 formés dans le deuxième substrat 13 et débouchant aux niveaux des
chambres microfluidiques 5. Ainsi, le changement d'état d'une chambre microfluidique
5 quelconque est réalisé par une modification de la valeur de pression exercée localement
sur la membrane 15 (ici sous la membrane) via le trou d'actionnement 27 correspondant
à la chambre microfluidique 5.
[0084] Le mécanisme d'actionnement pneumatique 21 comporte un automate 211 permettant de
programmer la pression dans chaque trou d'actionnement 27. Une pression positive permet
de soulever (ou rétracter) la membrane déformable 15 au niveau local fermant ainsi
la chambre microfluidique 5 alors qu'une pression négative assure le plaquage de la
membrane déformable 15 au niveau local sur la deuxième surface microfluidique 131
de la plaque inférieure 13 et donc l'ouverture de la chambre microfluidique 5. En
variante, le retour à l'état ouvert de la chambre microfluidique 5 peut être simplement
assuré par la raideur de la membrane 15 si celle-ci est suffisamment rigide, et l'état
ouvert peut donc être obtenu avec une pression nulle (i.e. une mise à la pression
atmosphérique).
[0085] En variante, le mécanisme d'actionnement 21 peut être un mécanisme mécanique adapté
pour déformer la membrane déformable 15 en actionnant des pistons (non illustrés)
via les trous d'actionnement 27 formés dans le deuxième substrat 131.
[0086] La Fig. 6A illustre de manière schématique un procédé d'analyse mis en oeuvre au
moyen d'un dispositif microfluidique selon l'invention.
[0087] Par la suite, on désignera une chambre microfluidique 5 quelconque « R » de rang
« i » dans un état fermé par « Ri=0 » et dans un état ouvert par « Ri=1 ».
[0088] Initialement, toutes les chambres microfluidiques 5 sont à l'état fermé (Ri=0 pour
tout i) et au moins une des chambres microfluidiques 5 contient un réactif 31 embarqué.
[0089] A l'étape E0, un échantillon d'un liquide réactionnel 33 (correspondant au fluide
d'intérêt) est injecté dans l'orifice d'entrée 7 du dispositif microfluidique 1. Le
liquide réactionnel 33 est par exemple un liquide biologique (sang, salive, urine,
etc.) ou un liquide chimique qui doit être analysé selon un protocole à multi étapes.
[0090] Aux étapes E1-E2, l'état des chambres microfluidiques 5 est commuté de l'état fermé
à l'état ouvert selon une séquence d'opérations prédéterminée adaptée pour contrôler
le passage du liquide réactionnel 33 entre les différentes chambres microfluidiques
5.
[0091] Plus particulièrement, à l'étape E1, la membrane déformable 15 est actionnée au niveau
de la première chambre R1 qui passe alors de l'état fermé vers l'état ouvert (R1=0→
R1=1) permettant l'aspiration d'un volume d'échantillon calibré dans la première chambre.
Cette chambre contient les réactifs 31 embarqués qui sont dissous en contact du liquide
33. Cette première étape permet d'effectuer la première opération du protocole biologique
ou chimique en mélangeant l'échantillon 33 avec le premier réactif 31.
[0092] A l'étape suivante E2, l'actionnement de la membrane déformable 15 au niveau de la
deuxième chambre R2 permet d'ouvrir cette chambre et de pomper le volume réactionnel
dans la deuxième chambre (R2=0 → R2=1). Simultanément, ou avec un retard (de l'ordre
de quelques secondes), la première chambre se rétracte (R1=0 → R1=1). De même, le
liquide dissout les réactifs embarqués dans la deuxième chambre R2 afin d'effectuer
la deuxième opération du protocole d'analyse.
[0093] En particulier, la Fig. 6B illustre une vue de dessus d'une partie d'un dispositif
microfluidique 1 selon l'invention montrant une première chambre microfluidique 5
dans un état fermé « R1=0 » ne contenant aucun fluide et une deuxième chambre microfluidique
5 dans un état ouvert « R2=0 » contenant le liquide réactionnel 33 (éventuellement
mélangé avec le réactif).
[0094] Ainsi, et de proche en proche, pour chaque opération sur une chambre Ri : on a l'ouverture
de la chambre (Ri=0→ Ri=1) alors que les autres chambres (i.e. pour tout j supérieur
à i et pour tout j inférieur à i) restent fermées.
[0095] La succession des états du procédé de la Fig. 6A pour un protocole à quatre opérations
effectuées dans quatre chambres microfluidiques 5 successives peut être résumée dans
le tableau T1 de la manière suivante :
Tableau : T1
N° étape |
R1 |
R2 |
R3 |
R4 |
Initiale |
0 |
0 |
0 |
0 |
E1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
E2 |
0 |
1 |
0 |
0 |
E3 |
0 |
0 |
1 |
0 |
E4 |
0 |
0 |
0 |
1 |
[0096] Selon un autre exemple, le protocole à quatre opérations peut être défini, pour chaque
opération (ou étape Ei) par l'ouverture de la chambre de rang « i » (Ri=0→ Ri=1) alors
que les chambres restent fermées pour tout j supérieur à i et ouvertes pour tout j
inférieur à i selon les étapes du tableau T2 de la manière suivante :
Tableau : T2
N° étape |
R1 |
R2 |
R3 |
R4 |
Initiale |
0 |
0 |
0 |
0 |
E1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
E2 |
1 |
1 |
0 |
0 |
E3 |
1 |
1 |
1 |
0 |
E4 |
1 |
1 |
1 |
1 |
[0097] D'autres variantes sont possibles en rajoutant par exemple une chambre tampon « RT
» pour initier le protocole et favoriser le remplissage de la première chambre microfluidique
R1 et isoler le réservoir du liquide réactionnel 33 situé en amont dans l'orifice
d'entrée 7 selon la table T3 de la manière suivante :
Tableau : T3
N° étape |
RT |
R1 |
R2 |
R3 |
R4 |
Initiale |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
E11 |
1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
E12 |
1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
E13 |
0 |
1 |
0 |
0 |
0 |
E14 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
E15 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
E16 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
[0098] L'exemple du tableau T3 permet de définir un volume de fluide discret ayant un volume
parfaitement déterminé par le volume de la chambre R1. Ce volume d'échantillons est
transporté de proche en proche sur les réservoirs R2 à R4 par les changements d'états
de différentes chambres.
[0099] Par ailleurs, comme indiqué sur le tableau T4, il est possible aussi de générer (étape
E24) puis déplacer (étape E25) un doublon avec deux réservoirs consécutifs placés
à l'état 1. On peut aussi « couper en deux le doublon » (étape E26) puis le réassembler
(étape E27), etc.
[0100] Ainsi, sur un même dispositif on peut réaliser une grande variété de protocoles comprenant
des étapes de formation de volume, transport, mélange, division, etc. en changeant
simplement la programmation de la succession des états de chaque réservoir.
Tableau : T4
N° étape |
RT |
R1 |
R2 |
R3 |
R4 |
Initiale |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
E31 |
1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
E32 |
1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
E33 |
1 |
0 |
1 |
0 |
0 |
E34 |
0 |
1 |
1 |
0 |
0 |
E35 |
0 |
0 |
1 |
1 |
0 |
E36 |
0 |
0 |
1 |
0 |
1 |
E37 |
0 |
0 |
1 |
1 |
0 |
E38 |
0 |
0 |
1 |
0 |
1 |
[0101] Avantageusement, le procédé comporte des étapes de brassage en faisant basculer le
liquide 33 entre deux chambres microfluidiques 5 un nombre déterminé de fois. En effet,
pour assister et accélérer le mélange entre l'échantillon 33 et les réactifs 31 dans
une chambre 5 de rang « i », on peut réaliser des étapes de brassage en faisant circuler
le liquide entre la chambre de rang « i » et celle de rang « i-1 ». Le tableau T5
ci-dessous explique le mélange de réactif entre les chambres R2 et R3 en faisant basculer
le liquide entre ces deux chambres microfluidiques 5 pendant sept opérations. Avantageusement,
une dizaine de basculements permet de bien homogénéiser le mélange réactionnel par
brassage.
Tableau : T5
N° étape |
T |
R1 |
R2 |
R3 |
R4 |
Melange R3 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
|
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
|
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
|
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
|
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
|
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
|
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
Etc... |
|
|
|
|
|
[0102] Finalement, le procédé d'analyse comporte une dernière étape E4 (Fig. 6A) de mesure
du liquide dans au moins une chambre de détection. En effet, le résultat du protocole
d'analyse peut s'effectuer par exemple par une mesure de fluorescence ou par colorimétrie
suivant le protocole utilisé. Généralement cette opération s'effectue à la fin du
protocole donc dans la dernière chambre microfluidique 5.
[0103] Avantageusement, le premier substrat 11 et/ou le deuxième substrat 13 et/ou la membrane
15 sont réalisés dans un matériau transparent permettant ainsi de voir le contenu
des chambres microfluidiques 5 et de faciliter la mesure optique du résultat.
[0104] On notera que d'autres moyens de détection connus par l'homme du métier comme par
exemple une détection électrique (conductimétrie, mesure électrochimique, etc.) sont
aussi envisageables.
[0105] La Fig. 7 illustre de manière très schématique un dispositif microfluidique de contrôle
d'écoulement d'un fluide d'intérêt, selon un deuxième mode de réalisation préféré
de l'invention.
[0106] Selon ce deuxième mode de réalisation, chaque suite de cavités 51 (en forme de calotte
sphérique) est formée sur la deuxième surface microfluidique 131 du deuxième substrat
13. En outre, chaque suite de canaux microfluidiques de communication 25 est formée
sur la première surface microfluidique 111 du premier substrat 11. La continuité entre
les différents canaux d'une suite de canaux microfluidiques 25 formée sur le premier
substrat 11 est assurée par les cavités 51 de la suite de cavité correspondante formée
sur le deuxième substrat 13. Autrement dit, les cavités 51 formées sur la deuxième
surface microfluidique 131 présentent des positions et diamètres complémentaires aux
positions et longueurs des canaux 25 formés sur la première surface microfluidique
111.
[0107] Par ailleurs, l'orifice d'entrée 7 est formé dans le premier substrat 11 et les trous
d'actionnement 27 sont formés dans le deuxième substrat 13. On notera qu'ici, les
trous d'actionnement 27 débouchent dans les cavités 51 correspondantes.
[0108] Comme le premier mode de réalisation, la membrane déformable 15 est disposée entre
le premier substrat 11 (correspondant ici selon l'orientation Z à une plaque supérieure)
et le deuxième substrat 13 (correspondant à une plaque inférieure). Ainsi, la suite
de chambres microfluidiques 5 est formée par la membrane déformable 15 et la suite
de cavités 51.
[0109] Toutefois, selon ce deuxième mode de réalisation, une chambre microfluidique 5 est
dans un état ouvert lorsque la partie de la membrane 15 correspondante est déformée
et elle est dans un état fermé lorsque la partie de la membrane 15 correspondante
est relâchée.
[0110] En effet, les Figs. 8A et 8B illustrent de manière schématique les états d'une chambre
microfluidique selon le mode de réalisation de la Fig. 7.
[0111] Plus particulièrement, la Fig. 8A illustre une vue d'une chambre microfluidique dans
un état fermé où la partie correspondante de la membrane déformable 15 est mise dans
une forme relâchée en maintenant par exemple une pression atmosphérique via le trou
d'actionnement 27 formé dans le deuxième substrat 13. En effet, selon cet état, la
partie de la membrane 15 correspondante à la chambre 5 est plaquée sur la partie correspondante
de la première surface microfluidique 111 (i.e. sur la plaque supérieure) de sorte
que le volume entre la membrane 15 et cette première surface 111 est quasiment nul
bloquant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt au travers de la chambre.
[0112] La Fig. 8B illustre une vue d'une chambre microfluidique 5 dans un état ouvert où
la partie correspondante de la membrane est mise dans une forme déformée. La déformation
de la membrane 15 au niveau de la chambre 5 peut être réalisée en exerçant une pression
négative via le trou d'actionnement 27 formé dans le deuxième substrat 13. Ainsi,
la partie de la membrane 15 correspondante à la chambre 5 est aspirée pour être plaquée
sur la partie correspondante de la deuxième surface microfluidique 131 (i.e., la plaque
inférieure) tout en épousant la forme de la cavité 51 correspondante de sorte que
la membrane 15 déformée et la partie correspondante de la première surface microfluidique
111 délimitent un réservoir de volume prédéterminé égal à celui de la cavité 51 autorisant
ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt dans ce réservoir.
[0113] Les Figs. 9A, 9B et 9C illustrent de manière très schématique différentes configurations
d'un dispositif microfluidique, selon d'autres modes de réalisation de l'invention.
[0114] Le réseau microfluidique 3 comporte un ensemble de branches microfluidiques 37 connectées
à un même orifice d'entrée 7. Chaque branche microfluidique 37 comporte une suite
de canaux microfluidiques de communication 25 reliant de manière séquentielle une
suite correspondante de chambres microfluidiques 5. Ainsi, plusieurs réactions en
parallèle peuvent être effectuées sur un même volume d'échantillon. En plaçant différents
réactifs dans les différentes branches 37, il est ainsi possible de réaliser plusieurs
analyses sur le même échantillon placé dans l'orifice d'entrée.
[0115] La Fig. 9A montre que les branches 37 sont disposées en peigne tandis que la Fig.
9B montre que les branches 37 sont disposées en étoile à partir de l'orifice d'entrée
7.
[0116] La Fig. 9C montre un exemple de réseau plus complexe comportant des intersections
ou croisements entre plusieurs chemins fluidiques. Chaque intersection permet d'effectuer
une opération de mélange entre différents liquides, ou pour transporter différents
échantillons ou réactifs sur une partie du réseau microfluidique. Notons que la taille
des chambres des différents chemins peut être différente. A titre d'exemple, les flèches
sur la figure 9C indiquent les sens possibles de déplacement des volumes fluidiques.
1. Dispositif microfluidique de contrôle d'écoulement d'au moins un fluide d'intérêt,
caractérisé en ce qu'il comporte :
- un premier substrat (11) ayant une première surface microfluidique (111),
- un deuxième substrat (13) ayant une deuxième surface microfluidique (131),
- une membrane déformable (15) disposée entre lesdites première et deuxième surfaces
microfluidiques,
- au moins une suite de cavités (51) formée sur l'une ou l'autre des première et deuxième
surfaces microfluidiques et délimitant avec ladite membrane (15) une suite de chambres
microfluidiques (5), ladite membrane déformable étant apte à être déformée au niveau
de chaque chambre microfluidique (5) pour être plaquée contre une partie de la première
surface microfluidique (111) ou contre une partie de la deuxième surface microfluidique
(131) permettant ainsi de commuter l'état de chaque chambre microfluidique (5) entre
un premier état fermé bloquant l'écoulement du fluide d'intérêt et un second état
ouvert allouant un volume prédéterminé à ladite chambre, la membrane étant adaptée
pour ouvrir ou bloquer le passage du fluide ainsi que pour pomper le fluide depuis
une chambre vers au moins une autre chambre, et
- au moins une suite de canaux microfluidiques de communication (25) formée sur l'une
ou l'autre des première et deuxième surfaces microfluidiques, ladite suite de canaux
microfluidiques reliant de manière séquentielle ladite suite de chambres microfluidiques,
ladite au moins une suite de canaux microfluidiques de communication (25) présentant
un volume plus petit que celui de ladite au moins une suite de cavités (51).
2. Dispositif microfluidique selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'au moins une des chambres microfluidiques contient un réactif (31) embarqué adapté
pour réagir avec le fluide d'intérêt.
3. Dispositif microfluidique selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le volume d'un canal microfluidique de communication (25) est d'environ dix fois
plus petit que le volume d'une cavité.
4. Dispositif microfluidique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que le réseau microfluidique comporte un orifice d'entrée (7) formé dans le premier substrat
(11) et relié à une entrée de ladite au moins une suite de canaux microfluidiques
de communication (25), ledit orifice étant adapté pour recevoir le fluide d'intérêt.
5. Dispositif microfluidique, selon l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce que le premier substrat, la membrane (15) et le deuxième substrat (13) sont assemblés
de manière à assurer un contact étanche entre la membrane et les première et deuxième
surfaces microfluidiques (111, 131) des premier et deuxième substrats (11, 13) tout
en aménageant un espace d'écoulement au niveau des cavités et des canaux microfluidiques
de communication.
6. Dispositif microfluidique selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'assemblage est réalisé par collage, par plasma, ou par un plaquage mécanique.
7. Dispositif microfluidique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il comporte un mécanisme d'actionnement (21) adapté pour agir sur la membrane déformable
(15) au niveau de chaque chambre microfluidique (5) afin de commuter l'état de la
chambre microfluidique sélectionnée.
8. Dispositif microfluidique selon la revendication 7, caractérisé en ce que le mécanisme d'actionnement (21) est un mécanisme pneumatique adapté pour déformer
la membrane (15) en exerçant une pression via des trous d'actionnement (27) formés
dans le deuxième substrat (13) et débouchant aux niveaux des chambres microfluidiques
(5), le changement d'état d'une chambre microfluidique quelconque étant réalisé par
une modification de la valeur de pression exercée sur la membrane via le trou d'actionnement
correspondant à ladite chambre microfluidique.
9. Dispositif microfluidique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que ladite au moins une suite de cavités et ladite au moins une suite de canaux microfluidiques
de communication sont formées sur la première surface microfluidique (111), une chambre
microfluidique (5) étant dans un état ouvert lorsque la membrane déformable (15) est
plaquée sur la deuxième surface microfluidique (131) de sorte que la membrane et la
cavité correspondante délimitent un réservoir de volume prédéterminé égal à celui
de la cavité autorisant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt dans ledit réservoir,
et une chambre microfluidique étant dans un état fermé lorsque la membrane est plaquée
sur la première surface microfluidique (111) tout en épousant la forme de la cavité
correspondante de sorte que le volume entre la membrane et la cavité est quasiment
nul bloquant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt au travers de ladite chambre.
10. Dispositif microfluidique selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que ladite au moins une suite de cavités est formée sur la deuxième surface microfluidique
et ladite au moins une suite de canaux microfluidiques de communication est formée
sur la première surface microfluidique, une chambre microfluidique (5) étant dans
un état ouvert lorsque la membrane (15) est plaquée sur la deuxième surface microfluidique
(131) tout en épousant la forme de la cavité correspondante de sorte que la membrane
et la première surface microfluidique (111) délimitent un réservoir de volume prédéterminé
égal à celui de la cavité autorisant ainsi l'écoulement du fluide d'intérêt dans ledit
réservoir, et une chambre microfluidique étant dans un état fermé lorsque la membrane
(15) est plaquée sur la première surface microfluidique (111) de sorte que le volume
entre la membrane et la première surface est quasiment nul empêchant ainsi l'écoulement
du fluide d'intérêt au travers de ladite chambre.
11. Dispositif microfluidique, selon l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce que :
- les cavités (51) ont une forme de calotte sphérique dont la base a un diamètre entre
environ 1 mm et 1 cm et dont la hauteur est entre environ 100 µm et 1 mm,
- chaque canal de ladite au moins une suite de canaux microfluidiques de communication
(25) a une longueur entre environ 1 mm et 5 mm et une section entre environ 50 µm
et 500 µm de côté, et
- chacun desdits premier et deuxième substrats (11, 13) présente une épaisseur entre
environ 200 µm et 4 mm et une surface de l'ordre de plusieurs centimètres carrés.
12. Dispositif microfluidique selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que le réseau microfluidique comporte un ensemble de branches microfluidiques (37) connectées
à un même orifice d'entrée (7) et comprenant chacune une suite de canaux microfluidiques
de communication (25) reliant de manière séquentielle une suite correspondante de
chambres microfluidiques (5), les branches étant disposées en peigne ou en étoile
à partir dudit orifice d'entrée.
13. Procédé d'analyse mis en oeuvre au moyen d'un dispositif microfluidique selon l'une
quelconque des revendications précédentes, toutes les chambres microfluidiques étant
initialement à l'état fermé et au moins une des chambres microfluidiques contenant
un réactif embarqué, ledit procédé comportant les étapes suivantes :
- injection d'un liquide correspondant au fluide d'intérêt dans le dispositif microfluidique,
et
- commutation de l'état des chambres microfluidiques selon une séquence d'opérations
prédéterminée adaptée pour contrôler le passage du liquide entre les différentes chambres.
14. Procédé d'analyse selon la revendication 13, caractérisé en ce qu'il comporte des étapes de brassage en faisant basculer le liquide entre deux chambres
microfluidiques un nombre déterminé de fois.