(19)
(11) EP 3 098 889 A1

(12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

(43) Date de publication:
30.11.2016  Bulletin  2016/48

(21) Numéro de dépôt: 16170547.0

(22) Date de dépôt:  20.05.2016
(51) Int. Cl.: 
H01M 8/2465(2016.01)
B32B 15/01(2006.01)
C25B 9/00(2006.01)
B23K 20/02(2006.01)
B32B 1/08(2006.01)
H01M 8/0206(2016.01)
(84) Etats contractants désignés:
AL AT BE BG CH CY CZ DE DK EE ES FI FR GB GR HR HU IE IS IT LI LT LU LV MC MK MT NL NO PL PT RO RS SE SI SK SM TR
Etats d'extension désignés:
BA ME
Etats de validation désignés:
MA MD

(30) Priorité: 28.05.2015 FR 1554794

(71) Demandeur: COMMISSARIAT A L'ENERGIE ATOMIQUE ET AUX ENERGIES ALTERNATIVES
75015 Paris (FR)

(72) Inventeurs:
  • CHATROUX, André
    38210 TULLINS (FR)
  • LEIBOLD, Jean-Marc
    38800 PONT DE CLAIX (FR)
  • PETITJEAN, Marie
    38000 GRENOBLE (FR)
  • PLANQUE, Michel
    38180 SEYSSINS (FR)
  • RIGAL, Emmanuel
    38360 SASSENAGE (FR)

(74) Mandataire: Cabinet Laurent & Charras 
Le Contemporain 50 Chemin de la Bruyère
69574 Dardilly Cedex
69574 Dardilly Cedex (FR)

   


(54) DISPOSITIF D'AMENEE DE COURANT ELECTRIQUE SUR UN ELECTROLYSEUR OU UNE PILE A COMBUSTIBLE HAUTE TEMPERATURE


(57) Un conducteur électrique comporte une tige (74) constituée d'un premier matériau métallique et une gaine (76) recouvrant entièrement la tige et constituée d'un deuxième matériau métallique inoxydable, de résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier matériau métallique. La tige (74) et la gaine (76) sont soudées l'une à l'autre à l'aide d'une compression isostatique à chaud.




Description

DOMAINE DE L'INVENTION



[0001] L'invention concerne les dispositifs électrochimiques à haute température, tels que les piles à combustible et les électrolyseurs à oxydes solides, et plus particulièrement l'alimentation en courant électrique d'un empilement de cellules électrochimiques dans la zone chaude.

ETAT DE LA TECHNIQUE



[0002] Comme cela est connu en soi, un électrolyseur de vapeur d'eau (H2O) à haute température, ou électrolyseur EVHT (pour « électrolyse de la vapeur d'eau à haute température »), comprend un empilement de plusieurs cellules électrochimiques élémentaires à oxyde solide. En se référant à la figure 1, une cellule à oxyde solide 10, ou « SOC » (acronyme anglo-saxon « Solid Oxide Cell ») comprend notamment :
  1. a) une première électrode conductrice poreuse 12, ou « cathode », destinée à être alimentée en vapeur d'eau pour la production de dihydrogène,
  2. b) une seconde électrode conductrice poreuse 14, ou « anode », par laquelle s'échappe le dioxygène (O2) produit par l'électrolyse de l'eau injectée sur la cathode, et
  3. c) une membrane à oxyde solide (électrolyte dense) 16 prise en sandwich entre la cathode 12 et l'anode 14, la membrane 16 étant conductrice anionique pour de hautes températures, usuellement des températures supérieures à 600°C.


[0003] En chauffant la cellule 10 au moins à cette température et en injectant un courant électrique I entre la cathode 12 et l'anode 14, il se produit alors une réduction de l'eau sur la cathode 12, ce qui génère du dihydrogène (H2) au niveau de la cathode 12 et du dioxygène au niveau de l'anode 14.

[0004] Un empilement 20 de telles cellules, ou « stack », ayant pour but de produire une quantité importante d'hydrogène, est illustré par la vue schématique de la figure 2. Notamment, les cellules 10 sont empilées les unes sur les autres en étant séparées par des plaques d'interconnexion 18. Ces plaques ont pour fonction à la fois d'assurer la continuité électrique entre les différentes électrodes des cellules 10, permettant ainsi une mise en série électrique de celles-ci, et de distribuer les différents gaz nécessaires au fonctionnement des cellules, ainsi que le cas échéant un gaz porteur pour aider à l'évacuation des produits de l'électrolyse et/ou à la gestion thermique de l'empilement. Pour ce faire, les plaques 18 sont connectées à une alimentation 22 en vapeur d'eau pour l'injection de cette vapeur sur les cathodes des cellules 10 conformément à un débit de vapeur d'eau DH2O constant réglé par une vanne pilotable 24. Les plaques 18 sont également connectées à un collecteur de gaz 26 pour la collecte des gaz issus de l'électrolyse. Un exemple d'empilement et de structure de plaque d'interconnexion sont par exemple décrits dans le document WO 2011/110676.

[0005] Pour la mise en oeuvre effective de l'électrolyse par l'empilement 20, l'empilement est porté à une température supérieure à 600°C, usuellement une température comprise entre 650°C et 900°C, l'alimentation en gaz est mise en marche à débit constant et une source d'alimentation électrique 28 est branchée entre deux bornes 30, 32 de l'empilement 20 afin d'y faire circuler un courant I.

[0006] L'intensité I du courant électrique est usuellement de l'ordre de quelques centaines d'ampères, ce qui génère d'importantes pertes thermiques par effet Joule dans les conducteurs électriques. Pour optimiser l'efficacité énergétique des systèmes électrochimiques à oxyde solide, il convient de limiter ces pertes thermiques en développant en particulier des conducteurs électriques, également désignés par l'expression « cannes d'amenée de courant », spécifiques.

[0007] Une canne d'amenée de courant dans l'empilement se présente généralement sous la forme d'une tige métallique. Prenant l'exemple d'une tige cylindrique, la résistance électrique R s'exprime par la formule suivante:

p est la résistivité linéique de la tige (en Ω. m), l est la longueur de la tige (en m) et S est la section de la tige (en m2).

[0008] Les pertes par effet Joule étant proportionnelles à la résistance R, pour limiter cet effet, il convient donc de réduire la résistance électrique de la canne d'amenée de courant. Les optimisations possibles consistent donc à :
  • limiter la longueur de la tige,
  • augmenter sa section,
  • trouver un matériau avec une résistivité moindre et stable à haute température.


[0009] Les deux premières possibilités sont des choix de géométrie qui dépendent généralement de la forme du système électrochimique. Il existe donc des contraintes les concernant et/ou les cannes de l'état de la technique sont déjà optimisées vis-à-vis du système électrochimique. Le dernier point concerne le matériau constitutif de la tige qu'il faut choisir avec une résistivité minimale pour réduire les pertes ohmiques.

[0010] Jusqu'alors, l'optimisation de ce dernier point n'a pas été prise en considération. En effet, pour tous les développements en laboratoire de la technologie, l'efficacité énergétique n'est pas primordiale. En revanche, comme expliqué ci-dessous, une canne d'amenée de courant est baignée dans un environnement très corrosif, de sorte que la solution standard mise en oeuvre consiste à utiliser des tiges pleines en alliage inoxydable, lesquelles constituent donc la solution de référence dans toutes les publications internationales.

[0011] Si la résistivité à température ambiante (20°C) de ces tiges est déjà élevée, de l'ordre de 75.10-8 Ω.m, il faut savoir que cette résistivité augmente fortement avec la température.

[0012] Ainsi, à 900°C, qui est une température courante de fonctionnement d'un électrolyseur à oxyde solide, la résistance électrique d'une tige en acier inoxydable est égale à 117. 10-8 Ω.m, ce qui génère une très importante perte ohmique.

[0013] Si l'on cherche cependant à optimiser la résistivité électrique, le matériau généralement conseillé pour des conducteurs électriques soumis à une forte intensité de courant électrique est le cuivre. Une étude expérimentale réalisée par le Demandeur a permis de déterminer la courbe de résistivité du cuivre en fonction de la température et de confirmer que le choix du cuivre permet de diminuer d'au minimum un facteur 10 les pertes ohmiques par rapport au matériau de référence sur toute la gamme de température de fonctionnement des systèmes à oxyde solide.

[0014] Cependant, l'une des contraintes fortes qu'il est nécessaire de prendre en considération est le problème de corrosion liée à l'environnement de l'empilement.

[0015] En se référant à la figure 3, l'empilement 20 est en effet enfermé dans une enceinte dite « thermique », dont la température est maintenue entre 650 et 900°C sous balayage d'air, un système électrochimique classique comprenant ainsi :
  • l'électrolyseur EVHT 20, par exemple celui décrit en relation avec les figures 1 et 2 et comprenant un ensemble de conduites 52, 54, 56, 58 pour l'alimentation et la collecte des gaz des anodes et des cathodes des cellules électrochimiques de l'électrolyseur ;
  • une enceinte 60 dans laquelle est logée l'électrolyseur 20, les conduites 52, 54, 56, 58 traversant une paroi de l'enceinte 60 pour leur connexion à des circuits d'alimentation et de collecte de gaz (non représentés). L'enceinte 60 comporte également une conduite d'entrée d'air 62, et une conduite de sortie d'air 64, l'enceinte 60 étant par exemple partout ailleurs hermétique aux gaz et aux liquides. La conduite 62 est apte à être connectée à un circuit d'alimentation d'air (non représenté) de manière à appliquer un balayage d'air de la zone chaude entourant l'électrolyseur 20, l'air de balayage étant évacué par la conduite de sortie 64 ; et
  • deux conducteurs électriques 66, 68 connectés aux bornes 30, 32 de l'empilement 20 et traversant l'enceinte 60 pour leur connexion à la source de courant 28.


[0016] Dans ces conditions, deux conducteurs 66, 68 sous forme de tige en cuivre, dont une partie au moins est comprise dans l'enceinte 60, vont s'oxyder très rapidement. En outre, le cuivre ne résiste pas à l'oxydation à haute température car l'oxyde formé à la surface n'est pas suffisamment étanche et adhérent pour protéger le métal sous-jacent. Les matériaux connus pour résister à l'oxydation à haute température sont les alliages chromino et alumino formeurs tels que les aciers inoxydables et les alliages de nickel inoxydables car ceux-ci forment de la chromine et/ou de l'alumine qui sont des oxydes beaucoup plus protecteurs. Cependant, comme cela a été dit plus haut, ces alliages ont une résistivité électrique telle que leur utilisation entraîne des pertes énergétiques importantes.

[0017] Une pile à oxyde solide à haute température, plus connue sous le nom de pile SOFC (pour « solid oxyde fuel cell ») connait des problèmes similaires. En effet, un électrolyseur EVHT et une pile SOFC sont des structures identiques, seul leur mode de fonctionnement étant différent, l'électrolyseur fonctionnant en mode réduction du gaz carbonique (CO2) ou encore en mode co-électrolyse, c'est-à-dire avec un mélange de gaz en entrée cathodique composé de vapeur d'eau (H2O) et de gaz carbonique (CO2). Le mélange en sortie cathodique est alors composé d'hydrogène (H2), de vapeur d'eau (H2O), de monoxyde de carbone (CO) et de gaz carbonique (CO2). En se référant à la figure 4, une cellule électrochimique constitutive d'une pile SOFC comprend les mêmes éléments (anode 12, cathode 14, électrolyte 16) qu'une cellule d'électrolyseur, la cellule de la pile étant cependant alimentée, avec des débits constants, sur son anode par du dihydrogène et sur sa cathode par du dioxygène, et connectée à une charge C pour délivrer le courant électrique produit. Au regard du courant électrique produit, de plusieurs ampères, la pile connait donc les mêmes problèmes que l'électrolyseur.

EXPOSE DE L'INVENTION



[0018] Une solution serait de protéger une tige de cuivre (ou tout au métal jugé approprié en termes de résistivité électrique) par un revêtement pour lui conférer une bonne résistance à l'oxydation, par exemple un revêtement de chromine ou d'alumine. Cela pose plusieurs problèmes. Tout d'abord il faut garantir l'étanchéité du revêtement et sa tenue sur le substrat cuivre lors du chauffage. Il faut souligner que le cuivre ayant un coefficient de dilatation thermique élevé, de fortes contraintes de dilatation thermique différentielle peuvent apparaître et endommager le revêtement et/ou l'interface revêtement/cuivre. En outre, à l'extrémité chaude de la tige il est nécessaire de réaliser une connexion électrique avec le stack sans exposer le cuivre. La connexion doit donc être faite sur le revêtement, sans endommager celui-ci, ce qui est techniquement difficile.

[0019] Une autre solution est d'enrober la tige en cuivre dans une gaine en matériau résistant à l'oxydation. De cette façon, le problème de résistance aux contraintes de dilatation thermique différentielle est résolu puisque les deux matériaux ne sont pas solidaires. Un tel assemblage (cuivre + gaine inoxydable) est déjà connu de l'état de la technique pour d'autres domaines d'application (e.g. un environnement d'acide fort à faible température, 50-80°C), notamment du document chinois CN202608143U qui décrit une barre en cuivre qui est simplement enfilée dans un tube en acier. Ce type de conducteur donne satisfaction à basse température et avec une faible température, mais il a été observé qu'il ne convenait pas en l'état pour les systèmes à oxyde solide. En effet, le faible contact entre âme conductrice et gaine a pour conséquence, vue la forte température, la détérioration du contact électrique entre les deux matériaux et une augmentation des pertes ohmiques.

[0020] En d'autres termes, il n'existe pas dans l'état de la technique de système optimisé de conduction électrique adapté à un fort courant électrique et supportant un cyclage thermique important en environnement oxydant.

[0021] Le but de la présente invention est de proposer un système électrochimique pourvu d'un dispositif de conduction électrique adapté à des courants de plusieurs centaines d'ampères et résistant à l'oxydation à haute température.

[0022] A cet effet l'invention a pour objet un conducteur électrique comportant :
  • une tige constituée d'un premier matériau métallique ; et
  • d'une gaine recouvrant entièrement la tige et constituée d'un deuxième matériau métallique inoxydable, de résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier matériau métallique,
dans lequel la tige et la gaine sont soudées l'une à l'autre à l'aide d'une compression isostatique à chaud.

[0023] L'invention se propose de mettre en forme une tige composée d'une âme (ou « coeur », ou « noyau ») en cuivre (ou tout autre métal jugé satisfaisant en termes de résistivité électrique) protégée par une gaine en métal inoxydable, en particulier en acier inoxydable ou alliage de nickel inoxydable, le tout soudé grâce au procédé de Compression Isostatique à Chaud (CIC). Ce type de soudure permet, sans ajout de métal d'apport, de réaliser un soudage par diffusion des différents matériaux. Ce soudage par diffusion est un procédé d'assemblage à l'état solide, qui consiste à appliquer une force à chaud sur les pièces à souder pendant un temps donné. Il est ainsi obtenu un joint entre l'âme et la gaine particulièrement résistant, et notamment un joint qui résiste au chauffage observé pour les dispositifs électrochimiques à haute température. L'invention permet donc de satisfaire un compromis entre trois contraintes antagonistes : une contrainte de minimisation des pertes par effet Joule, y compris au contact âme/gaine, une contrainte de résistance à l'oxydation et une contrainte de résistance mécanique face à de très forts écarts de température.

[0024] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'un conducteur électrique comprenant :
  • la réalisation d'une tige constituée d'un premier matériau métallique et d'une gaine recouvrant entièrement la tige, la gaine étant constituée d'un deuxième matériau métallique, ce deuxième matériau métallique :

    ∘ étant inoxydable ;

    ∘ ayant une résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier métal ;

  • l'application d'un vide au moins à une première extrémité la gaine de manière à pomper le gaz présent entre la tige et la gaine ; et
  • la soudure de la tige et de la gaine par une compression isostatique à chaud.


[0025] Selon un mode de réalisation du procédé, le soudage diffusion par compression isostatique à chaud comprend les étapes suivantes :
  • nettoyage des surfaces par un moyen approprié (détergents et/ou solvants notamment) ;
  • soudage par TIG (« Tungsten Inert Gas ») d'un tube de dégazage à une extrémité de la gaine ;
  • insertion de la tige dans la gaine par l'autre extrémité ;
  • soudage TIG d'un bouchon pour étanchéifier cette deuxième extrémité ;
  • mise sous vide de la gaine par pompage via le tube de la première extrémité ;
  • obturation de ce tube ;
  • application d'un cycle de soudage diffusion par CIC à l'ensemble.


[0026] Selon un mode de réalisation du procédé :
  • la tige est constituée de cuivre et la gaine est constituée d'alliage inoxydable ; et
  • la compression isostatique à chaud consiste:

    ∘ à porter l'ensemble formé de la tige et de la gaine à une température comprise entre 600°C et 1060°C, de préférence entre 800°C et 1000°C, notamment une température de 920°C ; et

    ∘ à appliquer sur la gaine une pression comprise entre 500 bars et 1500 bars, de préférence entre 800 bars et 1200 bars, notamment une pression de 1020 bars ;

    ∘ à appliquer un palier de pression et température d'une durée de 30 minutes à plusieurs heures, de préférence 1 heure à 3 heures, notamment 2 heures ;

    ∘ à laisser refroidir l'ensemble et à dépressuriser.



[0027] L'invention a également pour objet une utilisation de deux conducteurs du type précité, respectivement comme deux conducteurs électriques d'un système électrochimique comportant :
  • une enceinte pour la circulation d'air dans le volume délimité par celle-ci;
  • un dispositif électrochimique logé dans l'enceinte, et formant électrolyseur de vapeur d'eau à haute température ou pile à combustible à haute température, le dispositif comprenant :

    ∘ un empilement de cellules électrochimiques élémentaires comprenant chacune un électrolyte intercalé entre une cathode et une anode et connectées en série entre deux bornes électriques ; et

    ∘ les deux conducteurs électriques respectivement connectés aux deux bornes électriques.



[0028] L'invention a également pour objet un système électrochimique comportant :
  • une enceinte pour la circulation d'air dans le volume délimité par celle-ci;
  • un dispositif électrochimique logé dans l'enceinte, et formant électrolyseur de vapeur d'eau à haute température ou pile à combustible à haute température, le dispositif comprenant :

    ∘ un empilement de cellules électrochimiques élémentaires comprenant chacune un électrolyte intercalé entre une cathode et une anode et connectées en série entre deux bornes électriques ; et

    ∘ deux conducteurs électriques respectivement connectés aux deux bornes électriques;



[0029] Selon l'invention, chaque conducteur électrique comporte :
  • une tige constituée d'un premier matériau métallique ; et
  • une gaine recouvrant entièrement la tige et constituée d'un deuxième matériau métallique inoxydable, de résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier matériau métallique, la tige et la gaine étant soudées l'une à l'autre à l'aide d'une compression isostatique à chaud.

BREVE DESCRIPTION DES FIGURES



[0030] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple, et réalisée en relation avec les dessins annexés, dans lesquels des références identiques désignent des éléments identiques, et dans lesquels :
  • la figure 1 est une vue schématique d'une cellule électrochimique élémentaire d'un électrolyseur EVHT ;
  • la figure 2 est une vue schématique d'un empilement de cellules selon la figure 1 ;
  • la figure 3 est une vue schématique d'un système incorporant un empilement selon la figure 2 ;
  • la figure 4 est une vue schématique d'une cellule électrochimique d'une pile SOFC ;
  • le figure 5 est une vue schématique d'un conducteur électrique selon l'invention ;
  • la figure 6 est une vue schématique en coupe selon le plan C-C de la figure 5 ;
  • la figure 7 est une vue schématique en perspective de la patte de raccordement, ou « sifflet », des figures 5 et 6 ; et
  • les figures 8A à 8C sont des vues schématiques de l'embout et de la patte de raccordement selon l'invention, les cotes étant exprimées en millimètres, et correspondant à une gaine de diamètre intérieur égale à 10 millimètres.

DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION



[0031] En se référant aux figures 5 à 8, un conducteur électrique 70 selon l'invention est composé de plusieurs éléments :
  • un ensemble 72 composé d'une tige en cuivre 74 insérée dans une gaine 76 en acier inoxydable,
  • une patte de raccordement 78, ou « sifflet », en alliage inoxydable, soudée à une extrémité de l'ensemble 72. La patte obstrue hermétiquement cette extrémité, et évite ainsi le passage de gaz, et a une forme complémentaire de la plaque de l'électrolyseur sur laquelle la patte 78 est fixée pour la connexion électrique de l'électrolyseur ;
  • un embout de fermeture 80 comportant par un tube 82 permettant de tirer au vide de l'autre extrémité de l'ensemble 72, l'embout 80 et son tube 82 étant réalisés en alliage inoxydable. L'embout obstrue hermétiquement ladite extrémité de l'ensemble 72, hormis un canal central 84 qui le traverse de part en part et qui est en communication avec le tube 82.


[0032] Cet assemblage 72 est traité en CIC pour obtenir un soudage par diffusion garantissant la pérennité des propriétés mécaniques et électriques, même après de nombreux cycles thermiques.

[0033] L'alliage inoxydable de la gaine 76 et de la patte de raccordement 78 est choisi en fonction des contraintes thermiques auxquelles est exposé le conducteur électrique 70. Notamment, pour une gamme de température jusqu'à 900°C, la gaine et la patte sont réalisées en inconel® 600.

[0034] Un procédé de fabrication du conducteur électrique venant d'être décrit, destiné à être utilisé en tant que conducteur électrique pour l'amenée d'un courant dans un système électrochimique, par exemple celui des figures 1 à 4, consiste donc dans un premier temps à fabriquer les différents éléments venant d'être décrits (tige, gaine, patte, embout). Ces éléments sont alors, optionnellement, nettoyés à l'aide de détergents, de solvants ou tout autre moyen approprié.

[0035] La tige 74 est ensuite insérée dans la gaine 76, la gaine 76 dépassant de chaque côté de la tige 74 pour accueillir la patte 78 et l'embout 80. Ces derniers sont alors insérés aux deux extrémités de la gaine, puis soudés à la gaine notamment au moyen d'un soudage « TIG » (« Tungsten Inert Gas »), optionnellement avec un apport de matière composé d'acier inoxydable, en particulier de l'acier référencé « AISI 316L ».

[0036] Le gaz emprisonné entre la gaine 76 et la tige de cuivre 74 est alors enlevé avant la réalisation de l'opération de Compression Isostatique à Chaud (CIC). Pour cela, une pompe à vide est donc raccordée sur le tube 82 de façon à réaliser le vide à l'intérieur de la gaine. Il est ensuite réalisé un queusotage du tube 84 de façon à l'obturer de manière hermétique et définitive.

[0037] Le procédé se poursuit alors par la mise en oeuvre de la CIC avec les conditions opératoires suivantes :
  • à porter l'ensemble formé de la tige et de la gaine à une température comprise entre 600°C et 1060°C, de préférence entre 800°C et 1000°C, notamment une température de 920°C ; et
  • à appliquer sur la gaine une pression comprise entre 500 bars et 1500 bars, de préférence entre 800 bars et 1200 bars, notamment une pression de 1020 bars ;
  • à appliquer un palier de pression et température d'une durée de 30 minutes à plusieurs heures, de préférence 1 heure à 3 heures, notamment 2 heures ;
  • à laisser refroidir l'ensemble et à dépressuriser.


[0038] L'assemblage est alors récupéré et utilisé de la façon suivante. L'extrémité comportant la patte 78 est l'extrémité chaude, la patte est éventuellement percée perpendiculairement à l'axe de la gaine pour être vissée sur le stack. Il est utile de préciser ici que la patte peut avoir une autre géométrie que celle de cet exemple. Elle peut par exemple être cylindrique et destinée à entrer dans un perçage ou serrée entre deux demi coquilles solidaires du dispositif à alimenter. L'autre extrémité est l'extrémité froide. Le tube 82 est généralement coupé, voire même l'embout 80.

[0039] Il a été décrit une tige en cuivre. Bien entendu, l'invention s'applique à d'autres métaux bon conducteurs électriques mais sensibles à l'oxydation, par exemple le nickel, l'argent ou des alliages de cuivre durcis par dispersoïdes.

[0040] Il a été décrit une application de l'invention à un électrolyseur de vapeur d'eau à haute température mais elle s'applique également à un co-électrolyseur haute température alimenté avec un mélange de vapeur d'eau (H2O) et de gaz carbonique (CO2).

[0041] L'invention s'applique également à une pile à combustible à oxyde solide à haute température constituée d'un empilement de cellules élémentaires électrochimiques, tel que décrit précédemment.

[0042] L'invention s'applique à un système réversible, pile à combustible et électrolyseur haute température.

[0043] L'invention s'applique aux piles ou électrolyseur "moyenne température", i.e. 400°C, ou encore PCFC, en anglais pour « Proton Ceramic Fuel Cell ».

[0044] L'invention s'applique aux systèmes précédemment décrits fonctionnant à pression atmosphérique mais aussi à des systèmes sous pression.

[0045] En dehors du domaine technique des systèmes électrochimiques à oxyde solide, l'invention s'applique à tous les domaines pour lesquels il y a un besoin de conduction électrique en milieu oxydant à haute température ou dans des conditions conduisant à la dégradation rapide des matériaux conducteurs de l'électricité.

[0046] Dans l'exemple décrit le conducteur possède une extrémité froide et une extrémité chaude, cette dernière étant équipée d'une patte. Dans d'autres applications de l'invention le conducteur peut posséder deux extrémités chaudes, par exemple pour connecter deux éléments chauffants résistifs sans pertes. Dans ce cas chacune des extrémités du conducteur possède une forme adaptée à la connexion électrique désirée. Pour cela, la géométrie de l'embout 80 peut être modifiée. Par exemple, on peut choisir de couper le tube 82 après assemblage mais de ne pas couper l'embout 80 : sachant que le perçage 84 est éliminé pendant l'opération de CIC au même titre que le jeu âme/gaine, l'embout 80 protège de l'oxydation l'extrémité de l'âme.


Revendications

1. Conducteur électrique (70) comportant :

- une tige (74) constituée d'un premier matériau métallique ; et

- une gaine (76) recouvrant entièrement la tige et constituée d'un deuxième matériau métallique inoxydable, de résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier matériau métallique,

dans lequel la tige (74) et la gaine (76) sont soudées l'une à l'autre à l'aide d'une compression isostatique à chaud.
 
2. Conducteur électrique selon la revendication 1, dans lequel la tige (74) est constituée de cuivre et la gaine (76) est constituée d'alliage inoxydable.
 
3. Procédé de fabrication d'un conducteur électrique comprenant :

- la réalisation d'une tige (74) constituée d'un premier matériau métallique et d'une gaine (76) recouvrant entièrement la tige, la gaine étant constituée d'un deuxième matériau métallique, ledit deuxième matériau métallique :

∘ étant inoxydable ;

∘ ayant une résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier matériau métallique ;

- l'application d'un vide au moins à une première extrémité de la gaine de manière à pomper le gaz présent entre la tige et la gaine ; et

- la soudure de la tige (74) et de la gaine (76) par une compression isostatique à chaud.


 
4. Procédé de fabrication d'un conducteur électrique selon la revendication 3, dans lequel le soudage diffusion par compression isostatique à chaud comprend les étapes suivantes :

- le nettoyage des surfaces, notamment au moyen d'un détergent et/ou d'un solvant ;

- le soudage par soudure TIG d'un tube de dégazage à une extrémité de la gaine

- l'insertion de la tige dans la gaine par l'autre extrémité

- le soudage TIG d'un bouchon pour étanchéifier cette deuxième extrémité

- la mise sous vide de la gaine par pompage via le tube de la première extrémité

- l'obturation de ce tube

- l'application d'un cycle de soudage diffusion par CIC à l'ensemble.


 
5. Procédé de fabrication d'un conducteur électrique selon la revendication 3 ou 4 :

- dans lequel la tige (74) est constituée de cuivre et la gaine (76) est constituée d'alliage inoxydable ; et

- dans lequel la compression isostatique à chaud consiste:

∘ à porter l'ensemble formé de la tige et de la gaine à une température comprise entre 600°C et 1060°C, de préférence entre 800°C et 1000°C, notamment une température de 920°C ; et

∘ à appliquer sur la gaine une pression comprise entre 500 bars et 1500 bars, de préférence entre 800 bars et 1200 bars, notamment une pression de 1020 bars ;

∘ à appliquer un palier de pression et température d'une durée de 30 minutes à plusieurs heures, de préférence 1 heure à 3 heures, notamment 2 heures ;

∘ à laisser refroidir l'ensemble et à dépressuriser.


 
6. Utilisation de deux conducteurs électriques conformes à l'une quelconque des revendications 1 et 2, respectivement comme deux conducteurs électriques d'un système électrochimique comportant :

- une enceinte pour la circulation d'air dans le volume délimité par celle-ci;

- un dispositif électrochimique logé dans l'enceinte, et formant électrolyseur de vapeur d'eau à haute température ou pile à combustible à haute température, le dispositif comprenant :

∘ un empilement de cellules électrochimiques élémentaires comprenant chacune un électrolyte intercalé entre une cathode et une anode et connectées en série entre deux bornes électriques ; et

∘ les deux conducteurs électriques respectivement connectés aux deux bornes électriques.


 
7. Système électrochimique comportant :

- une enceinte (60) pour la circulation d'air dans le volume délimité par celle-ci;

- un dispositif électrochimique (20) logé dans l'enceinte, et formant électrolyseur de vapeur d'eau à haute température ou pile à combustible à haute température, le dispositif comprenant :

∘ un empilement (20) de cellules électrochimiques élémentaires (10) comprenant chacune un électrolyte (16) intercalé entre une cathode et une anode (12, 14) et connectées en série entre deux bornes électriques ; et

∘ deux conducteurs électriques respectivement connectés aux deux bornes électriques;

caractérisé en ce que chaque conducteur électrique comporte :

- une tige (74) constituée d'un premier matériau métallique ; et

- une gaine (76) recouvrant entièrement la tige et constituée d'un deuxième matériau métallique inoxydable, de résistivité électrique inférieure à la résistivité électrique du premier matériau métallique, la tige et la gaine étant soudées l'une à l'autre à l'aide d'une compression isostatique à chaud.


 
8. Système électrochimique selon la revendication 7, caractérisé en ce que la tige est constituée de cuivre et en ce que la gaine est constituée d'acier inoxydable.
 




Dessins













Rapport de recherche









Rapport de recherche




Références citées

RÉFÉRENCES CITÉES DANS LA DESCRIPTION



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