[0001] L'invention concerne un profilé stabilisé notamment pour la constitution d'un profilé
à rupture pont thermique et un procédé pour la fabrication d'un tel profilé. L'invention
est plus particulièrement dédiée au domaine de la menuiserie.
[0002] La figure 1, relative à l'art antérieur représente schématiquement, selon une vue
en section un profilé à rupture de pont thermique. Un tel profilé est un assemblage
composite comportant deux profilés métalliques (101, 102) séparés par des barrettes
(103) constituées d'un matériau rigide isolant thermiquement, comme un polymère. Les
profilés (101, 102) métalliques sont, par exemple, constitués d'acier ou d'un alliage
d'aluminium. Les barrettes (103) sont, par exemple, constituées de polychlorure de
vinyle (PVC) extrudé. Selon des exemples de réalisation de l'art antérieur, lesdites
barrettes se présentent sous la forme de lames, serties entre les faces des profilés
métalliques ou encore sous la forme d'un profilé de section fermée et cloisonnée,
ces exemples de réalisation étant combinés selon certains modes de réalisation. Un
tel profilé à rupture de pont thermique est utilisé notamment pour la constitution
d'huisseries métalliques, par exemple pour la constitution du dormant ou de l'ouvrant
d'une fenêtre sur la façade d'un bâtiment, l'un des profilés métalliques étant dirigé
vers l'extérieur et l'autre profilé vers l'intérieur du bâtiment.
[0003] Le document
EP 2 186 985 montre un exemple de réalisation d'un tel profilé à rupture de pont thermique adapté
à la constitution d'un dormant.
[0004] Aussi, les deux profilés métalliques ne sont pas soumis à la même température et
cette température ne peut pas s'équilibrer entre lesdits profilés du fait de la barrière
thermique procurée, à dessein, par les barrettes. Cet écart de température conduit
à des sollicitations mécaniques de l'ensemble, notamment du fait des différences de
température de chacun des composants de l'assemblage en liaison complète les uns par
rapport aux autres, en proportion de la température atteinte par chacun des composants.
Ces sollicitations mécaniques d'origine thermique conduisent à un cintrage du profilé
à rupture de pont thermique, phénomène communément désigné comme « effet bilame ».
Cet effet se produit tant au cours de l'utilisation d'un produit construit à partir
d'un tel profilé à rupture de pont thermique, par exemple une fenêtre, qu'au cours
du procédé de fabrication dudit profilé, par exemple, à la suite d'une opération de
laquage au cours de laquelle l'assemblage est soumis à des températures relativement
élevées. Dans certaines circonstances, le cintrage est irréversible.
[0005] Le document
FR 2 717 558 décrit un profilé dont la rigidité en flexion est améliorée par l'insertion d'un
noyau rigide en flexion dans une cavité cloisonnée du profilé. La sollicitation du
profilé ainsi renforcé en flexion, sollicite le profilé et le noyau augmentant ainsi
la rigidité en flexion de l'ensemble. Le noyau et le profilé ne sont pas liés vis-à-vis
des sollicitations de traction.
[0006] Le document
FR 2 861 764 divulgue un profilé à rupture de pont thermique destiné à la réalisation d'un ouvrage
de menuiserie et comportant un profilé stabilisé vis-à-vis de la dilatation thermique.
Ledit profilé stabilisé est lié par rivetage ou boulonnage à un moyen de renfort,
constitué d'un profilé plat en acier, visant à limiter la dilatation dudit profilé.
Cette solution technique nécessite un assemblage complexe, alourdie la menuiserie
à la fois en terme de masse et un point de vue esthétique, est susceptible de créer
ds couples de corrosion galvanique avec le matériau constituant le profilé et est
difficile à appliquer sur la face d'un profilé qui n'est pas plane
[0007] Le document
FR 3 011 870 divulgue un profilé à rupture de pont thermique comprenant une pièce renfort visant
à limiter l'effet bilame du profilé. Ladite pièce de renfort est placée entre le profilé
extérieur et le profilé intérieur du profilé à rupture de pont thermique et constitue
une barrette rigide d'isolation thermique.
[0008] L'invention vise à résoudre les inconvénients de l'art antérieur et concerne à cette
fin un profilé à rupture de pont thermique, notamment pour la menuiserie, s'étendant
selon une direction longitudinale, lequel profilé comporte :
- un profilé, dit profilé extérieur, s'étendant selon une direction longitudinale ;
- un profilé, dit profilé intérieur, s'étendant selon une direction long itudinale ;
- une barrette constituée d'un matériau rigide et thermiquement isolant séparant ,en
section, le profilé intérieur et le profilé extérieur ;
- caractérisé en ce qu'il comprend une bande, dite bande de maintien, consistant en
une nappe fibreuse unidirectionnelle s'étendant longitudinalement et fixée sur l'une
des faces d'un des profilés intérieur ou extérieur, dit profilé substrat, les fibres
de la nappe fibreuse constituant la bande étant orientées parallèlement à la direction
longitudinale du profilé, la bande de maintien ayant un coefficient de dilatation
thermique inférieur à celui de tous les matériaux constituant les profilés intérieur,
extérieur et la barrette et un module d'élasticité longitudinal supérieur à celui
de chacun de ces matériaux.
[0009] Ainsi, la bande de maintien fixée sur l'une des faces d'un des profilé constituant
le profié objet de l'invention contre les variations dimensionnelles d'origine thermique
du profilé substrat et supprime l'effet bilame. Le haut module d'élasticité des fibres
de la nappe permet d'utiliser une nappe très fine qui est facilement fixée et se conforme
à la forme de la surface sur laquelle elle est rapportée.
[0010] L'invention est avantageusement mise en oeuvre selon les modes de réalisations et
les variantes exposés ci-après, lesquels sont à considérer individuellement ou selon
toute combinaison techniquement opérante.
[0011] Avantageusement la nappe fibreuse comprend des fibres dont le coefficient de dilatation
thermique est négatif. Ainsi, l'effet de la capacité de la nappe fibreuse de contrer
la dilatation thermique du profilé substrat est encore améliorée.
[0012] Selon un mode avantageux de réalisation, la nappe fibreuse comprend des fibres de
carbone. Ces fibres présentent avantageusement un module d'élasticité longitudinal
très élevé et un coefficient d'expansion thermique négatif. De plus leur usinage est
relativement facile permettant ainsi la mise à longueur du profilé sans l'utilisation
d'outils spéciaux.
[0013] Selon des variantes de réalisation, le profilé substrat est constitué d'un matériau
métallique ou d'un polymère.
[0014] L'invention concerne également un procédé pour la fabrication d'un profilé stabilisé,
lequel procédé comporte une étape consistant à :
- i. rapporter une nappe de fibres unidirectionnelles s'étendant longitudinalement sur
une des faces du profilé substrat.
[0015] Selon des variantes de réalisation, l'étape i) du procédé objet de l'invention est
réalisée par collage de la nappe de fibres sur la face du profilé, cette variante
étant adaptée à toute nature de profilé substrat, ou lorsque le profilé substrat est
constitué d'un polymère, l'étape i) est réalisée selon une autre variante au cours
d'une opération de pultrusion dudit profilé.
[0016] L'invention est exposée ci-après selon ses modes de réalisation préférés, nullement
limitatifs, et en référence aux figures 1 à 4, dans lesquelles :
- la figure 1, relative à l'art antérieur, représente selon une vue schématique en section
un exemple de réalisation un profilé à rupture de pont thermique ;
- la figure 2 montre selon une vue schématique en section un exemple de réalisation
d'un profilé stabilisé selon l'invention ;
- la figure 3 est une vue schématique en section de deux exemples de réalisation d'un
profilé à rupture de pont thermique utilisant un profilé stabilisé selon l'invention,
figure 3A l'un des profilés métalliques étant utilisé comme profilé substrat pourfixer
la bande de maintien, figure 3B, le profilé constituant les barrettes isolantes étant
utilisé comme profilé substrat sur lequel est rapportée la bande de maintien ;
- et la figure 4 montre un diagramme comparatif du cintrage d'un profilé à rupture de
pont thermique selon différents modes de réalisation de l'invention lorsque ledit
profilé est soumis à une différence de température entre le profilé métallique intérieur
et le profilé métallique extérieur.
[0017] Figure 1, selon un exemple de réalisation de l'art antérieur déjà discuté précédemment
un profilé à rupture de pont thermique comprend deux profilés (101, 101), par exemple
métalliques, séparés par des barrettes (103) constituées d'un matériau rigide thermiquement
isolant, lesquelles barrettes sont assemblées, par exemple par sertissage, selon des
liaisons complètes à chacun des profilés (101, 102) métalliques. Selon cet exemple
de réalisation les barrettes (103) sont constituées d'un profilé de section cloisonnée.
La vue de la figure 1 est une vue en section schématique, en pratique les profilés
(101, 102) métalliques et les barrettes (12) prennent des formes plus complexes. Lorsqu'un
tel profilé est utilisé pour réaliser une huisserie, l'un des profilés (101) est orienté
vers l'extérieur et l'autre (102) vers l'intérieur du bâtiment sur lequel est montée
ladite huisserie. Aussi les deux profilés (101, 102) métalliques ne sont pas soumis
à la même température et les barrettes sont conçues pour s'opposer à tout transfert
thermique entre les deux profilés que ce soit par conduction, convection ou rayonnement.
En utilisation, lorsqu'un tel profilé est utilisé pour la constitution d'une huisserie,
la différence de température entre le profilé orienté vers l'extérieur du bâtiment
et le profilé orienté vers l'intérieur du bâtiment, est dans certaines circonstances
supérieure à 50 °C. Le coefficient de dilatation thermique des alliages d'aluminium
étant de l'ordre de 25.10
-6K
-1, une telle différence de température est susceptible de produire une élongation différentielle
de 1,25 mm par mètre linéaire de profilé. Les deux profilés étant liés par les barrettes,
cette élongation différentielle se traduit par un cintrage du profilé (100) à rupture
de pont thermique dont la concavité est tournée vers le côté le plus froid, soit vers
l'extérieur en hiver et vers l'intérieur en été. Ce phénomène de dilatation différentielle
est dit effet bilame, et bien qu'essentiellement réversible, il n'en produit pas moins
des difficultés vis-à-vis de l'étanchéité des huisseries et des sollicitations mécaniques
des composants tels que les paumelles et les serrures.
[0018] Figure 2, afin de contrer l'ensemble de ces effets, l'invention utilise un profilé
(200), métallique ou thermoplastique dit stabilisé. Un tel profilé comprend un profilé
(201) substrat sur lequel une bande (210), dite bande de maintien s'étendant longitudinalement
sur une majorité de la longueur du profilé (201) substrat, est fixée sur l'une de
ses faces. Ladite bande (210) de maintien est constituée d'un matériau dont le module
d'élasticité longitudinal, ou module d'Young, est supérieur à celui du matériau constituant
le profilé, au minimum 1,5 fois supérieur, et dont le coefficient de dilatation thermique
est inférieur à celui du matériau constituant le profilé, au moins 3 fois inférieur.
[0019] De manière avantageuse la bande de maintien est constituée d'une nappe fibreuse unidirectionnelle.
Une telle nappe est facilement rapportée sur une des faces du profilé, par exemple
par collage, même si ladite face n'est pas plane. Selon un mode de réalisation avantageux,
ladite nappe comprend ou est entièrement constituée de fibres à haut module élastique
et à coefficient de dilatation thermique négatif. À titre d'exemple non limitatif
des fibres de carbone ou des fibres d'aramide sont utilisables à cette fin. Selon
des variantes de réalisation, lesdites fibres sont combinées avec des fibres de verre.
[0020] Figure 3, un tel profilé stabilisé est avantageusement utilisé dans un assemblage
constituant un profilé (321, 322) à rupture de pont thermique.
[0021] Figure 3A, selon un exemple de réalisation la bande (311) de maintien est rapportée
sur l'une des faces d'un des profilés métallique, lequel profilé (301) fait office
de profilé substrat. Sans être lié par une quelconque théorie, il apparaît préférable
de renforcer par une bande de maintien le profilé (301) substrat dirigé vers l'extérieur
celui-ci étant soumis aux plus grandes variations de température du fait de son exposition
aux conditions climatiques. La bande de maintien est préférentiellement placée sur
une face cachée dudit profilé substrat pour des raisons esthétiques.
[0022] Figure 3B, selon un autre exemple de réalisation, compatible avec le précédent, la
bande (312) de maintien est rapportée sur une face du profilé (303) constituant les
barrettes isolantes, lequel fait alors office de profilé substrat. L'utilisation d'une
nappe fibreuse permet de rapporter la bande de maintien sur ce profilé par collage
ou soudage continu, notamment au cours du procédé d'extrusion du profilé (303) substrat
ou encore par pultrusion.
[0023] Figure 4, à titre d'exemple, un profilé à rupture de pont thermique, d'une longueur
de 2 mètres, correspondant au principe constructif de la figure 3A comprenant 2 profilés
en alliage d'aluminium séparés par des barrettes en PVC, est testé en introduisant
une différence de température d'exposition entre les deux profilés métalliques. L'un
des profilés métalliques est stabilisé par une bande de maintien de section 50x2 mm
2 rapportée sur l'une de ses faces. L'axe (401) des abscisses représente l'écart de
température, en kelvin, imposé entre les deux profilés métalliques, et l'axe (402)
des ordonnées correspond la flèche maximale, en mm, mesurée sur la longueur du profilé
à rupture de pont thermique. La courbe la plus élevée (400) représente le résultat
obtenu sur le profilé témoin c'est-à-dire le profilé à rupture de pont thermique ne
comprenant aucune bande de maintien sur aucun des profilés. En fixant, sur l'un des
profilés en alliage d'aluminium, une bande de maintien en acier d'un coefficient de
dilatation thermique de 12.10
-6 K
-1 et de module élastique de 200 GPa (200.10
9 Pa) par boulonnage, l'effet (411) de l'écart thermique entre les deux profilés en
aluminium est réduit de moitié par rapport au profilé témoin. L'assemblage de ladite
bande d'acier par collage permet encore d'améliorer le résultat (412). Sans être lié
par une explication, la liaison par collage sur toute la longueur du profilé substrat
produit un meilleur couplage mécanique entre le profilé substrat et la bande de maintien.
L'utilisation d'une bande de maintien constituée d'une nappe unidirectionnelle de
fibres de carbone de type THR 3000 dont le module élastique est de 170 GPa et le coefficient
de dilatation thermique, négatif, de -1,3.10
-6K
-1, collée sur l'une des faces du profilé métallique, permet de réduire la flèche (420)
de 2/3 par rapport au profilé témoin. Finalement, l'utilisation d'une bande de renfort
constituée de fibres de carbone de type THM-450 dont le module élastique est de 450
GPa et le coefficient de dilatation thermique de -1,3.10
-6 K
-1 permet de conserver une flèche (430) de l'ordre de 0,3 mm sur toute la gamme d'essai.
Les résultats ci-avant montrent que l'invention utilise la combinaison du haut module
d'élasticité de la bande de maintien, de sa faible dilatation thermique et de son
couplage en traction avec le profilé substrat pour produire le résultat visé. Cet
effet de maintien et de renfort est également constaté lors des opérations de laquage
du profilé à rupture de pont thermique.
[0024] La description ci-avant et les exemples de réalisation, montrent que l'invention
atteint le but visé, à savoir qu'elle permet de stabiliser un profilé à rupture de
pont thermique vis-à-vis des écarts de température en supprimant l'effet bilame. Bien
que les exemples ci avant concerne un profilé à rupture de pont thermique dont les
profilés intérieurs et extérieurs sont constitués d'un alliage métallique l'invention
s'applique au cas où les profilés intérieur et extérieur sont constitués d'un polymère
ou encore lorsque l'un de ces profilés est constitué d'un polymère et l'autre d'un
alliage métallique.
1. Profilé (321, 322) à rupture de pont thermique comprenant :
- un profilé, dit profilé (301) extérieur, s'étendant selon une direction longitudinale
;
- un profilé (302), dit profilé intérieur, s'étendant selon une direction longitudinale
;
- une barrette (303) constituée d'un matériau rigide et thermiquement isolant séparant
,en section, le profilé intérieur et le profilé extérieur ;
- caractérisé en ce qu'il comprend une bande (210, 311, 312), dite bande de maintien, consistant en une nappe
fibreuse unidirectionnelle s'étendant longitudinalement et fixée sur l'une des faces
d'un des profilés intérieur ou extérieur, dit profilé substrat, les fibres de la nappe
fibreuse constituant la bande étant orientées parallèlement à la direction longitudinale
du profilé, la bande de maintient ayant un coefficient de dilatation thermique inférieur
à celui de tous les matériaux constituant les profilés intérieur, extérieur et la
barrette et un module d'élasticité longitudinal supérieur à celui de chacun de ces
matériaux.
2. Profilé selon la revendication 1, dans lequel la nappe fibreuse comprend des fibres
dont le coefficient de dilatation thermique est négatif.
3. Profilé selon la revendication 2, dans lequel la nappe comprend des fibres de carbone.
4. Profilé selon la revendication 1, dans lequel le profilé substrat est constitué d'un
matériau métallique.
5. Profilé selon la revendication 1, dans lequel le profilé substrat est constitué d'un
polymère.
6. Procédé pour la fabrication d'un profilé selon la revendication 1,
caractérisé en ce qu'il comprend une étape consistant à :
i. rapporter une nappe de fibres unidirectionnelles s'étendant longitudinalement sur
une des faces du profilé substrat.
7. Procédé selon la revendication 6, dans lequel l'étape i) est réalisée par collage
de ladite nappe de fibres sur ladite face.