Domaine technique
[0001] La présente invention concerne un procédé d'élimination de métaux lourds, et plus
particulièrement de mercure, présents dans une charge liquide ou gazeuse.
Etat de la technique
[0002] Le mercure est un contaminant métallique que l'on trouve dans des hydrocarbures gazeux
ou liquides produits dans de nombreuses régions du monde, telles que le golfe du Niger,
l'Amérique du Sud ou l'Afrique du Nord.
[0003] L'élimination du mercure des coupes hydrocarbures est souhaitée au niveau industriel
pour plusieurs raisons :
- pour des raisons de sécurité des opérateurs : le mercure élémentaire est volatil et
présente de graves risques de neurotoxicité par inhalation alors que ses formes organiques
présentent des risques similaires par contact cutané ;
- pour des raisons de prévention de la désactivation des catalyseurs hétérogènes servant
à valoriser ces coupes hydrocarbures liquides : le mercure s'amalgame très facilement
avec les métaux nobles tels que le platine ou le palladium utilisés pour des opérations
catalytiques diverses, et notamment l'hydrogénation sélective des oléfines produites
par vapocraquage ou craquage catalytique des hydrocarbures liquides.
[0004] Industriellement, l'élimination de métaux lourds, en particulier du mercure, des
coupes hydrocarbures liquides ou gazeuses est réalisée en les faisant circuler à travers
des lits de masse de captation. On entend par masse de captation dans la présente
invention tout type de solide sous forme massique ou supporté contenant en son sein
ou à sa surface un élément actif capable de réagir irréversiblement avec une impureté
tel que le mercure contenu dans la charge à purifier. L'élimination du mercure des
coupes hydrocarbonées liquides ou gazeuses est en général réalisée en faisant circuler
ladite charge à traiter au travers de lits de masses de captation contenant une phase
active pouvant réagir avec le mercure. Il est notamment connu de l'homme du métier
que la captation du mercure peut être conduite facilement en faisant réagir ce dernier
avec une phase active à base de soufre ou d'un composé soufré, et notamment des sulfures
métalliques, le mercure formant alors avec le soufre l'espèce chimique HgS appelée
cinabre ou métacinabre. Ces différentes réactions chimiques sont mises en oeuvre généralement
dans un procédé par le biais d'un contact de la charge à traiter avec une masse de
captation soit
massique dans laquelle notamment des particules de phase active peuvent être liées entre elles
par l'intermédiaire de liants, soit
supportée dans lequel la phase active est dispersée au sein ou en surface d'un support solide
poreux.
[0005] Toutefois, il n'est pas possible d'effectuer une telle opération de purification
directement sur les coupes pétrolières brutes ou les condensats gaziers pour plusieurs
raisons. La première est que la porosité de ces masses de captation serait très rapidement
bouchée par les composés lourds présents dans ladite charge, qui se déposeraient à
la surface des masses. Par ailleurs, ces coupes pétrolières brutes ou condensats gaziers
contiennent du mercure sous différentes formes. En effet, contrairement aux phases
gazeuses, ils ne contiennent pas seulement du mercure élémentaire mais également du
mercure sous forme complexée ou ionique, voire organique. Or, ces composés de mercure
complexés ou ioniques et organiques sont dits réfractaires car ils sont stables dans
les conditions d'opération normale et non réactifs avec les masses de captation des
métaux lourds. Il apparaît donc nécessaire de convertir les composés de mercure réfractaire
en mercure élémentaire.
[0006] De nombreux moyens ont été développés pour convertir les formes réfractaires du mercure
en mercure élémentaire (appelé aussi mercure sous forme atomique Hg
0). Par exemple, le brevet
US 4,911,825 divulgue un procédé de transformation des espèces réfractaires du mercure de la charge
en mercure élémentaire en présence d'un catalyseur et sous haute pression en hydrogène
et à haute température.
[0007] Le brevet
US 5,384,040 divulgue un procédé d'élimination du mercure dans une charge hydrocarbonée comprenant
une étape de transformation du mercure contenu dans les composés de la charge en mercure
élémentaire, l'étape de transformation étant réalisée entre 120 et 400°C et sous pression
de 0,1 à 6,0 MPa. De préférence, l'étape de transformation est réalisée en présence
d'un catalyseur comprenant au moins un métal M choisi dans le groupe formé par le
fer, le nickel, le cobalt, le molybdène, le tungstène et le palladium.
[0008] Alternativement, l'étape de transformation peut être réalisée en l'absence de catalyseur.
Dans ce dernier cas, la température doit être au minimum fixée à 180°C. En effet,
dans l'article de
Masatoshi Yamada et al. intitulé « Mercury removal from natural gas condensate » dans
la revue Studies in Surface Science and Catalysis, volume 92, pages 433-436, 1995, il est montré que la conversion du diéthylmercure débute à 180°C et atteint 100%
de conversion à 240°C. Parallèlement, il est démontré qu'il est possible de diminuer
la température de transformation en présence d'un catalyseur. En effet, la conversion
des espèces réfractaires de mercure débute à 130°C et atteint plus de 90% dès 200°C.
Cependant, le problème de l'utilisation d'un catalyseur, outre son coût, est qu'il
a tendance à favoriser le craquage de molécules et donc la formation de coke. Par
ailleurs, dans le cas de charges très encrassantes comme le pétrole brut, on observe
une désactivation très rapide du catalyseur poreux par dépôt de composés lourds, tels
que les asphaltènes, au sein de la porosité dudit catalyseur. Un tel procédé est donc
plutôt adapté pour le traitement d'hydrocarbures issus d'un premier fractionnement.
[0009] La demanderesse a découvert de manière surprenante qu'il est possible d'éliminer
efficacement des métaux lourds, et plus particulièrement le mercure, contenus dans
une charge gazeuse ou liquide, et plus particulièrement une charge de pétrole brut,
en réalisant en amont de l'unité de fractionnement principal, une étape de chauffage
de ladite charge à une température cible et pendant un temps de séjour suffisant pour
permettre le conversion des métaux lourds, présent sous différentes formes, en métaux
sous forme atomique (ou élémentaire), et cela sans faire recours à aucun traitement
catalytique ou sous hydrogène, et en réalisant immédiatement en aval de l'unité de
fractionnement principal, une étape de captation des métaux lourds, et plus particulièrement
de mercure. En effet, bien que les charges de pétrole brut comprennent une très grande
diversité de molécules, la mise en température de ladite charge pendant un temps de
séjour suffisant en amont de l'unité de fractionnement principal permet de convertir
la majorité des composés réfractaires en composés métalliques qui peuvent être captés
par une unique masse de captation située immédiatement en aval de l'unité de fractionnement
principal.
Objets de l'invention
[0010] La présente invention concerne un procédé d'élimination du mercure contenu dans une
charge hydrocarbonée lourde en aval d'une unité de fractionnement principal, procédé
dans lequel :
- a) on transforme le mercure non élémentaire contenu dans les composés de ladite charge
en mercure élémentaire, ladite étape étant réalisée dans une unité de conversion à
une température cible pendant un temps de séjour fixé et adapté à ladite température
cible de manière à ce qu'au moins 90% en poids du mercure non élémentaire contenu
dans les composés de ladite charge soient convertis en mercure élémentaire, ladite
étape de transformation étant réalisée en l'absence d'hydrogène et en l'absence de
catalyseur, étant entendu que :
- lorsque la température cible de ladite charge est comprise entre 150°C et 175°C, le
temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion est compris entre 150
et 2700 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 175°C et inférieure
ou égale à 250°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion est
compris entre 100 et 900 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 250°C et inférieure
ou égale à 400°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion est
compris entre 5 et 70 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 400°C, le temps de
séjour de ladite charge dans l'unité de conversion est compris entre 1 et 10 minutes
;
- b) on effectue un fractionnement de ladite charge hydrocarbonée dans une unité de
fractionnement pour produire un effluent de tête comprenant du mercure élémentaire;
- c) on met en contact l'effluent de tête obtenu à l'étape b) avec une masse de captation
au mercure comprise dans une unité de captation au mercure pour obtenir un effluent
au moins partiellement démercurisé.
[0011] Avantageusement, la diminution de la teneur totale en poids de mercure de ladite
charge prise avant l'étape a) et après l'étape c) est d'au moins 90%.
[0012] Selon l'invention, les étapes a) et b) sont réalisées simultanément.
[0013] Dans un mode de réalisation selon l'invention, l'effluent de tête issu du fractionnement
de ladite charge dans l'unité de fractionnement principal est refroidi au moyen d'un
échangeur de chaleur de manière à produire un effluent liquide. Avantageusement, l'effluent
liquide est envoyé dans une unité de séparation pour fournir une phase organique liquide
dont une partie est recyclée vers l'unité de fractionnement principal à titre de reflux,
et l'autre partie est envoyée via la conduite vers ladite une unité de captation au
mercure.
[0014] Dans un autre mode de réalisation selon l'invention, l'effluent de tête issu du fractionnement
de ladite charge dans l'unité de fractionnement principal est réchauffé au moyen d'un
échangeur de chaleur de manière à produire un effluent gazeux. Avantageusement, l'effluent
gazeux est compressé au moyen d'un compresseur avant d'être envoyé vers l'unité de
captation au mercure.
[0015] De préférence, avant l'étape a) de transformation du mercure non élémentaire contenu
dans les composés de ladite charge en mercure élémentaire, on dessale ladite charge
dans une unité de dessalage.
[0016] Dans un mode de réalisation selon l'invention, lors de l'étape c), on met en contact
ladite charge avec une masse de captation au mercure massique ou supportée comprenant
une phase comportant au moins un sulfure métallique à base d'un métal M choisi dans
le groupe constitué par le cuivre, le chrome, le manganèse, le fer, le cobalt et le
nickel.
[0017] Dans un autre mode de réalisation selon l'invention, lors de l'étape c), on met en
contact ladite charge avec une masse de captation massique ou supportée comprenant
une phase contenant au moins du soufre sous forme élémentaire.
[0018] De préférence, ladite charge hydrocarbonée comprend entre 1 et 10 mg de mercure par
kg de charge, préférentiellement 1 à 1200 pg/kg, plus préférentiellement 10 à 500
µg/kg.
[0019] Avantageusement, la charge hydrocarbonée lourde est une charge de pétrole brut.
Description des figures
[0020]
La figure 1 illustre de manière schématique un procédé classique de fractionnement
d'une charge hydrocarbonée lourde, et plus particulièrement d'une charge de pétrole
brut. Les équipements (pompes, vannes, échangeurs de chaleurs, etc.) dédiés ne sont
volontairement pas représentés dans un soucis de clarté.
La figure 2 illustre de manière schématique un mode de réalisation du procédé selon
l'invention dans lequel l'unique unité de captation est située en aval de l'unité
de fractionnement principal.
La figure 3 représente un mode de réalisation selon l'invention pour lequel l'étape
de captation du mercure est réalisé en phase liquide.
La figure 4 représente un mode de réalisation selon l'invention pour lequel l'étape
de captation du mercure est réalisé en phase gaz.
Description détaillée de l'invention
[0021] De manière à mieux comprendre l'invention, la description donnée ci-après à titre
d'exemple d'application concerne un procédé d'élimination de métaux lourds, et plus
particulièrement de mercure, dans une charge hydrocarbonée lourde de pétrole brut.
Bien évidemment, le procédé selon l'invention peut être utilisé pour l'élimination
d'autres métaux lourds, tels que l'arsenic, le plomb, le vanadium et le cadmium, contenus
dans une charge hydrocarbonée lourde.
[0022] Par charge hydrocarbonée lourde, on entend, au sens de la présente invention, une
charge ayant une masse volumique à 15°C supérieure à environ 750 kg/m
3, composée essentiellement d'hydrocarbures, mais contenant également d'autres composés
chimiques qui, outre des atomes de carbone et d'hydrogène, possèdent des hétéroatomes,
comme l'oxygène, l'azote, le soufre et des métaux lourds comme le mercure, l'arsenic,
le plomb, le vanadium ou le cadmium. De préférence, ladite charge hydrocarbonée comprend
entre 1 et 10 mg de mercure par kg de charge, préférentiellement 1 à 1200 µg/kg, plus
préférentiellement 10 à 500 µg/kg.
[0023] Par mercure non élémentaire, on entend toute forme de mercure autre que sous forme
élémentaire (ou atomique), i.e. sous forme moléculaire, et/ou sous forme ionique,
et/ou sous formes complexées.
[0024] La description de la figure 1 se rapporte à un procédé d'élimination classique de
métaux lourds contenus dans une charge de pétrole brut ; la description des figures
2 à 4 se rapportent à un procédé d'élimination de métaux lourds selon l'invention.
Les figures 2 à 4 reprennent certains éléments de la figure 1 ; les références des
figures 2 à 4 identiques à celles de la figure 1 désignent les mêmes éléments.
Procédé selon l'art antérieur (figure 1)
[0025] La figure 1 illustre de manière schématique les premiers traitements subis par une
charge hydrocarbonée lourde, et plus particulièrement de pétrole brut, en vue de son
fractionnement initial, généralement réalisé par distillation atmosphérique. Typiquement,
une charge hydrocarbonée lourde, et plus particulièrement une charge de pétrole brut,
est envoyée via la conduite 100 dans une unité de dessalage 1000, consistant généralement
en un lavage à l'eau. La fonction principale de cette étape est d'enlever la plus
grande partie des espèces inorganiques solubles contenues dans ladite charge. La charge
dessalée est ensuite envoyée via la conduite
101 dans une unité de pré-chauffage
2000. Le but de cette étape de chauffage de la charge dessalée est d'amener ladite charge
à une température proche de la température du fond de l'unité de fractionnement
3000 située en aval de l'unité de pré-chauffage
2000. La température du préchauffage est généralement comprise entre 200 et 400°C, et dépend
du nombre de colonnes de distillation utilisées dans l'unité de fractionnement principal
3000. La charge préchauffée est ensuite envoyée via la conduite
104 vers l'unité de fractionnement principal
3000.
[0026] L'unité de fractionnement principal
3000 peut comprendre une ou plusieurs colonnes de distillation (sur la figure 1, une seule
colonne de distillation est représentée). L'unité de fractionnement principal
3000 permet de produire différentes coupes d'hydrocarbures en fonction de leur poids moléculaires
et plus particulièrement en fonction de leur différence de volatilité. Par exemple,
le fractionnement de la charge par distillation atmosphérique associée aux colonnes
de distillation de l'unité de fractionnement principal permet une séparation de la
charge en différentes coupes, de la plus légère à la plus lourde, et plus particulièrement
en gaz combustibles (C1, C2), en propane (C3), en butane (C4), en essence légère (C5
à C6), essence lourde (C7 à C10), en kérosène (C10 à C13),en gasoil (C13 à C20/25),
ou encore en résidu atmosphérique (C20/C25+).
[0027] En sortie de l'unité de fractionnement principal
3000, l'effluent de tête de l'unité de fractionnement principal contient généralement des
composés hydrocarbonés dont 90% desdits composés ont un point d'ébullition inférieur
à 200°C à pression atmosphérique (1,01325.10
5 Pa). L'effluent de tête est envoyé via la conduite
400 vers une unité de fractionnement secondaire
4000 comprenant une ou plusieurs colonnes de fractionnement, permettant de produire différentes
coupes d'hydrocarbures. Généralement, en sortie l'unité de fractionnement secondaire
4000 on peut distinguer plusieurs coupes hydrocarbonés telles que :
- les gaz combustibles (« fuel gas » selon la terminologie anglo-saxonne) évacués par la conduite 401 comprenant majoritairement des espèces hydrocarbonées à un ou deux atomes de carbone
(C1/C2) ainsi que des effluents des purifications, tels que l'H2 ou l'H2S. Par soucis de clarté, un unique flux de gaz combustibles a été représenté sur la
figure 1, mais ce nombre peut varier dans un site industriel selon le choix de l'opérateur
;
- du gaz de pétrole liquéfié (GPL) évacué par la conduite 402 comprenant majoritairement des espèces hydrocarbures à trois ou quatre atomes de
carbone (C3/C4) ;
- les coupes naphtas évacuées par la conduite 403 comprenant majoritairement des composés hydrocarbures à 5 atomes de carbone ou plus
(C5+), la limite haute en nombre d'atomes de carbone dépendant du choix du point de
coupe réalisé en tête de l'unité de fractionnement principal 3000. Par ailleurs, selon le schéma de fractionnement choisi par l'opérateur, il peut y
avoir plusieurs coupes naphta (non représentées sur la figure), par exemple une coupe
naphta lourde et une coupe naphta légère.
[0028] Les coupes hydrocarbonées évacuées via les conduites
401, 402 et
403 sont généralement traitées pour chacune par une unité de captation des métaux lourds
sous forme élémentaire, et plus particulièrement de captation du mercure sous forme
élémentaire. Telles que représentées sur la figure 1, les unités de captation
5001, 5002, 5003 sont généralement placées en aval de l'unité de fractionnement principal
3000, dans le sens de la circulation de la charge, et cela pour chacune des coupes hydrocarbonées
circulant dans les conduites
401, 402 et
403. Les unités de captation
5001, 5002 et
5003 comprennent chacune une masse de captation de mercure se présentant sous la forme
d'un lit fixe. Les masses de captation de mercure peuvent être toutes celles connues
par l'homme du métier pour la captation de mercure élémentaire. Les coupes hydrocarbonées
démercurisées sont évacuées respectivement par les conduites
411, 412 et 413.
[0029] Ainsi, du fait de la présence d'une multiplicité de coupes hydrocarbonées dans un
tel procédé, le nombre d'unités de captation comprenant les masses de captation devient
important (pour chaque coupe de composés hydrocarbonés issue de l'unité de traitement
4000 on associe une unité de captation spécifique), d'autant plus que le nombre d'unités
de captation est généralement doublé pour pouvoir régénérer les masses de captation
sans interrompre l'exploitation de l'unité.
[0030] Par ailleurs, dans un tel schéma de procédé, différents types de masse de captation
sont utilisés pour traiter d'une part les flux gazeux, par exemple évacué par la conduite
401, et d'autre part les flux liquides, par exemple évacués par la conduite
403, mais aussi les flux pouvant contenir de l'hydrogène, comme certains gaz combustibles,
nécessitant des masses de captation spécifiquement adaptées.
[0031] De manière surprenante, la demanderesse a découvert qu'il est possible d'éliminer
les métaux lourds et plus particulièrement le mercure non élémentaire contenu dans
les composés d'une charge hydrocarbonée, et plus particulièrement une charge de pétrole
brut, en réalisant une étape de transformation du mercure non élémentaire contenu
les composés de ladite charge en mercure élémentaire, et une étape de captation du
mercure élémentaire ; ladite étape de transformation du mercure non élémentaire contenu
dans les composés de ladite charge étant réalisée par un traitement thermique de ladite
charge à une température cible pendant un temps de séjour suffisant pour permettre
la transformation du mercure non élémentaire contenu dans les composés de ladite charge
en mercure élémentaire, et cela sans faire appel à un traitement catalytique ni à
l'hydrogène. Le procédé selon l'invention comprend ainsi une unique unité de captation
du mercure élémentaire et donc comprend une unique masse de captation.
[0032] En effet, bien que les charges de pétrole brut comprennent une très grande diversité
de molécules hydrocarbonées, la mise en température de ladite charge pendant un temps
de séjour suffisant permet de transformer le mercure non élémentaire contenu dans
les composés de la charge en mercure élémentaire, ce dernier pouvant être ensuite
capté par une unique masse de captation.
[0033] Plus particulièrement, le procédé selon l'invention comprend :
- a) une étape de transformation du mercure non élémentaire contenu dans les composés
de la charge hydrocarbonée lourde, et plus particulièrement dans une charge de pétrole
brut, en mercure élémentaire ;
- b) une étape de fractionnement de ladite charge hydrocarbonée par une unité de fractionnement
principal ;
- c) une étape de captation du mercure sous forme élémentaire récupéré en tête de ladite
unité de fractionnement principal au moyen d'une unité de captation au mercure comprenant
une masse de captation.
[0034] Selon l'invention, les étapes a) et b) peuvent être réalisées séparément ou simultanément.
[0035] Ainsi, il est possible de retirer le mercure compris dans l'effluent de tête de l'unité
de fractionnement principal par l'utilisation d'une unité de captation du mercure
adaptée, et donc permettant de supprimer les unités de captation positionnées généralement
sur les différents flux de composés légers situés en de l'unité de fractionnement
principal dans un schéma de raffinerie classique.
Procédé selon l'invention (figures 2 à 4)
[0036] En se reportant à la figure 2, illustrant de manière simplifiée le procédé selon
l'invention, une charge hydrocarbonée lourde est envoyée via la conduite
100 dans une unité de dessalage
1000. La charge dessalée est ensuite envoyée via la conduite
101 dans une unité de conversion
200 du mercure non élémentaire contenu dans les composés de la charge hydrocarbonée lourde
en mercure élémentaire.
[0037] Dans le cadre de la présente invention, l'unité de conversion
200 correspond :
- selon un mode de réalisation à l'unité de chauffage 2000, telle qu'un ballon, et éventuellement à une conduite ou un ensemble de conduites
destinée(s) au transport de ladite charge jusqu'à l'unité de fractionnement principal
3000. Dans ce mode de réalisation, les étapes a) et b) du procédé selon l'invention sont
réalisées séparément, c'est-à-dire que la transformation du mercure en mercure élémentaire
est réalisée en amont de l'unité de fractionnement principal 3000 ; ou
- selon un autre mode de réalisation à l'unité de chauffage 2000, telle qu'un ballon, et éventuellement à une conduite ou un ensemble de conduites
destinée(s) au transport de ladite charge jusqu'à l'unité de fractionnement principal
3000, et à l'unité de fractionnement principal 3000. Dans ce mode de réalisation, les étapes a) et b) du procédé selon l'invention sont
réalisées simultanément, c'est-à-dire que la transformation du mercure en mercure
élémentaire est réalisée aussi bien pendant le transport de ladite charge vers l'unité
de fractionnement principal 3000 que lors de l'étape de fractionnement de ladite charge dans l'unité de fractionnement
principal 3000.
[0038] Selon l'invention, on entend par unité de fractionnement principal
3000 une unité de fractionnement de la charge par distillation atmosphérique (telle que
décrite précédemment dans la partie procédé selon l'art antérieur). L'unité de fractionnement
principal
3000 peut comprendre une ou plusieurs colonnes de distillation. L'unité de fractionnement
principal
3000 permet de produire différentes coupes d'hydrocarbures en fonction de leur poids moléculaire
et plus particulièrement en fonction de leur différence de volatilité.
[0039] Lorsque l'unité de conversion
200 comprend un ballon, ledit ballon comprend avantageusement une double paroi recouvrant
le ballon dans laquelle un fluide caloporteur circule afin de maintenir la température
de ladite charge à la température cible jusqu'à l'unité de fractionnement principal
3000, ou comprend avantageusement une résistance chauffante directement insérée à l'intérieur
dudit ballon.
[0040] Lorsque l'unité de conversion
200 comprend une conduite ou un ensemble de conduites, la conduite ou l'ensemble des
conduites comprennent avantageusement une double enveloppe dans laquelle un fluide
caloporteur circule afin de maintenir la température de ladite charge à la température
cible jusqu'à l'unité de fractionnement principal
3000.
a) étape de transformation du mercure non élémentaire contenu dans les composés de
la charge hydrocarbonée lourde en mercure élémentaire
[0041] L'étape a) de transformation du mercure non élémentaire contenu dans les composés
de la charge hydrocarbonée lourde en mercure élémentaire est essentielle selon l'invention
car elle permet de maximiser la transformation du mercure non élémentaire en mercure
élémentaire. En effet, quelle que soit la nature et/ou l'origine de la charge hydrocarbonée
lourde, cette dernière peut comprendre du mercure sous différentes formes. Par exemple,
on peut trouver du mercure sous la forme de mercure élémentaire ou atomique (appelé
aussi Hg°), et/ou sous forme moléculaire organique, et/ou sous forme ionique, par
exemple sous forme Hg
2+ et ses complexes.
[0042] Selon l'invention, la transformation du mercure non élémentaire contenu dans les
composés de la charge en mercure élémentaire est réalisée via une unité de conversion
200.
[0043] Ainsi, selon l'invention, le procédé de transformation du mercure non élémentaire
contenu dans les composés de ladite charge en mercure élémentaire comprend le passage
de ladite charge, à une température déterminée par l'homme du métier, dans une unité
de conversion
200 pendant un temps de séjour fixé de manière à ce qu'au moins 90% en poids, de préférence
au moins 95% en poids, et encore plus préférentiellement au moins 99% en poids du
mercure non élémentaire contenu dans les composés de ladite charge soient convertis
en mercure élémentaire, et cela en l'absence de catalyseur.
[0044] Ainsi, selon la température de la charge, le temps de séjour nécessaire pour effectuer
la transformation du mercure non élémentaire contenu dans les composés de ladite charge
en mercure élémentaire répond à l'équation (1) ci-après :

dans laquelle :
Cs correspond à la concentration du mercure (hors mercure élémentaire) contenu dans
les composés de ladite charge en sortie de l'unité de conversion 200 (en mol.L-1) ;
Co correspond à la concentration du mercure (hors mercure élémentaire) contenu dans
les composés de ladite charge en entrée de l'unité de conversion 200 (en mol.L-1) ;
t correspond au temps de séjour (en seconde) ;
k0 correspond à la constante de vitesse de transformation du mercure non élémentaire
en mercure élémentaire (en seconde-1);
Ea correspond à l'énergie d'activation de la réaction de transformation du mercure non
élémentaire en mercure élémentaire (en J.mol-1) ;
R correspond à la constante des gaz parfait (R = 8,314 J.K-1.mol-1) ;
T correspond à la température de la charge (en K).
[0045] Dans le mode de réalisation pour lequel les étapes a) et b) sont réalisées séparément,
i.e. que la transformation du mercure en mercure élémentaire est réalisée en amont
de l'unité de fractionnement principal
3000, la concentration C
s correspond à la concentration du mercure (hors mercure élémentaire) mesurée dans
la ligne
102 en entrée de l'unité de fractionnement principal
3000, et la concentration C
o correspond à la concentration du mercure (hors mercure élémentaire) mesurée dans
la ligne
101.
[0046] Dans le mode de réalisation pour lequel les étapes a) et b) sont réalisées simultanément,
i.e. que la transformation du mercure en mercure élémentaire est réalisée aussi bien
pendant le transport de ladite charge vers l'unité de fractionnement principal
3000 que lors de l'étape de séparation de ladite charge dans l'unité de fractionnement
principal
3000, la concentration C
s correspond à la concentration du mercure (hors mercure élémentaire) mesurée dans
la ligne
400, et la concentration C
o correspond à la concentration du mercure (hors mercure élémentaire) mesurée dans
la ligne
101.
[0047] Par ailleurs, selon l'invention, on définit le volume total V de l'unité de conversion
200 de tel manière que le ratio V/Q, avec Q correspondant au flux volumique de la charge
à traiter, soit égal au temps de séjour « t » associé à la température de la charge
« T » ciblée.
[0048] Ainsi, dans le mode de réalisation pour lequel les étapes a) et b) sont réalisées
séparément, i.e. lorsque la transformation du mercure en mercure élémentaire est réalisée
en amont de l'unité de fractionnement principal
3000, le volume V de l'unité de conversion
200 correspond au volume de l'unité de chauffage
2000, telle qu'un ballon, et éventuellement de la conduite ou l'ensemble de conduite destinée(s)
au transport de la charge jusqu'à l'unité de fractionnement principal
3000.
[0049] Dans le mode de réalisation pour lequel les étapes a) et b) sont réalisées simultanément,
c'est-à-dire lorsque la transformation du mercure en mercure élémentaire est réalisée
aussi bien pendant le transport de ladite charge vers l'unité de fractionnement principal
3000 que lors de l'étape de séparation de ladite charge dans l'unité de fractionnement
principal
3000, le volume V de l'unité de conversion
200 correspond au volume de l'unité de chauffage
2000, telle qu'un ballon, et éventuellement au volume de la conduite ou l'ensemble de conduite
destinée(s) au transport de la charge jusqu'à l'unité de fractionnement principal
3000, ainsi qu'au volume de l'unité de fractionnement principal
3000, dans laquelle unité la transformation du mercure non élémentaire contenu dans les
composés de la charge hydrocarbonée lourde en mercure élémentaire est également réalisée.
[0050] En se reportant à la figure 2, le volume V de l'unité de conversion
200 correspond au volume cumulé de l'unité de chauffage
2000, de la conduite
102 et du volume de l'unité de fractionnement principal
3000.
[0051] Avantageusement, lors de l'étape de transformation, et selon l'un quelconque des
modes de réalisation selon l'invention (i.e. les étapes a) et b) étant réalisées séparément
ou non) :
- lorsque la température cible de ladite charge est comprise entre 150 et 175°C, le
temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 150 et 2700 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 175°C et inférieure
ou égale à 250°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 100 et 900 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 250°C et inférieure
ou égale à 400°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 5 et 70 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 400°C, le temps de
séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 1 et 10 minutes.
[0052] De manière encore plus préférée :
- lorsque la température cible de ladite charge est comprise entre 150 et 175°C, le
temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 150 et 2700 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 175°C et inférieure
ou égale à 200°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 100 et 900 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 200°C et inférieure
ou égale à 225°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 30 et 300 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 225°C et inférieure
ou égale à 250°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 15 et 150 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 250°C et inférieure
ou égale à 300°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 5 et 70 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 300°C et inférieure
ou égale à 400°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 1 et 40 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 400°C et inférieure
ou égale à 500°C, le temps de séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 1 et 10 minutes ; et/ou
- lorsque la température cible de ladite charge est supérieure à 500°C, le temps de
séjour de ladite charge dans l'unité de conversion 200 est compris entre 1 et 5 minutes.
[0053] Selon l'invention, l'étape de transformation du mercure non élémentaire contenu dans
les composés de la charge en mercure élémentaire est effectuée à une pression comprise
entre 0,1 et 12 MPa, de préférence entre 0,1 et 6 MPa.
[0054] Ainsi, il est possible de transformer le mercure non élémentaire contenu dans les
composés de la charge hydrocarbonée lourde, et plus particulièrement de pétrole brut,
en mercure élémentaire, et cela à partir de 150°C, en ajustant le temps de séjour
de la charge dans l'unité de conversion
200. Par ailleurs, l'absence de catalyseur simplifie la mise en oeuvre du procédé et permet
d'éviter le bouchage des masses captation de métaux lourds dans le ou les étapes subséquentes
par dépôt de gommes dont les précurseurs sont produits (par exemple par craquage des
molécules hydrocarbonées) par contact avec une masse de captation au mercure.
b) Etape de fractionnement
[0055] Selon l'invention, on effectue une étape de fractionnement de la charge dans une
unité de fractionnement principal
3000. L'unité de fractionnement principal
3000 peut comprendre une ou plusieurs colonnes de distillation (sur la figure 2, une seule
colonne de distillation est représentée). L'unité de fractionnement principal
3000 permet de produire différentes coupes d'hydrocarbures en fonction de leur poids moléculaires
et plus particulièrement en fonction de leur différence de volatilité. Par exemple,
le fractionnement de la charge par distillation atmosphérique associée aux colonnes
de distillation de l'unité de fractionnement principal permet une séparation de la
charge en différentes coupes, de la plus légère à la plus lourde, et plus particulièrement
en gaz combustibles (C1, C2), en propane (C3), en butane (C4), en essence légère (C5
à C6), essence lourde (C7 à C10), en kérosène (C10 à C13),en gasoil (C13 à C20/25),
ou encore en résidu atmosphérique (C20/C25+).
[0056] Le mercure sous forme élémentaire et les composés hydrocarbonés les plus volatils
sont récupérés via la conduite
400 dans l'effluent de tête de l'unité de fractionnement principal.
[0057] L'effluent de tête
400 de l'unité de fractionnement principal contient généralement des composés hydrocarbonés
dont 90% desdits composés ont un point d'ébullition inférieur à 200°C à pression atmosphérique
(1,01325.10
5 Pa).
[0058] Par ailleurs, l'effluent de tête
400 comprend au moins 90 % en poids de mercure élémentaire par rapport au poids total
du mercure présent dans la charge initiale, préférentiellement au moins 95 % en poids
et encore plus préférentiellement au moins 99 % en poids.
c) Etape de captation du mercure élémentaire
[0059] L'effluent de tête
400 de l'unité de fractionnement principal
3000, comprenant le mercure sous forme élémentaire, est ensuite envoyé dans une unité de
captation de mercure
5000 comprenant une masse de captation apte à réagir avec le mercure élémentaire pour
le piéger dans le lit de manière à produire un effluent au moins partiellement démercurisé
420. L'unité de captation de mercure
5000 peut comporter en outre des moyens d'ajustement de la pression et de la température
(non représentés sur la figure 2) pour s'adapter à la méthode d'élimination du mercure
choisie.
[0060] Plus spécifiquement, la masse de captation mise en oeuvre dans l'unité de captation
5000 est choisie parmi celles connues de l'homme de l'art. La masse de captation est de
préférence sous la forme d'un lit composé de particules élémentaires qui peuvent être
de toute forme connue de l'homme du métier. Ces dernières peuvent par exemple être
sous forme de billes, de cylindres mono- ou multilobés, de préférence avec un nombre
de lobes compris entre 2 et 5 ou sous forme d'anneaux.
[0061] La masse de captation comporte un composé, couramment dénommé phase active, qui réagit
avec le métal lourd de manière à capter le métal lourd sur la masse de captation.
[0062] Pour le mercure, la phase active de la masse de captation peut comprendre des métaux
qui, sous leur forme sulfurée, réagissent avec le mercure. Le ou les sulfures métalliques
contenus dans le masse de captation selon l'invention sont à base d'un métal choisi
dans le groupe constitué par le cuivre (Cu), le chrome (Cr), le manganèse (Mn), le
fer (Fe), le cobalt (Co) et le nickel (Ni). De manière préférée, le ou les métaux
du ou des sulfures métalliques sont choisis dans le groupe constitué par le cuivre
(Cu), le manganèse (Mn), le fer (Fe) et le nickel (Ni). De manière très préférée,
si un seul sulfure métallique est présent, le choix se porte sur le sulfure de cuivre.
[0063] Alternativement, la phase active utilisée peut également être du soufre élémentaire
tel que décrit dans le document de brevet
FR 2 529 802.
[0064] De préférence, la masse de captation peut être constituée d'une phase active, telle
que décrite ci-dessus, répartie sur un support poreux.
[0065] Le support poreux peut être choisi de préférence parmi les alumines, les alumines
phosphorées, les silices-alumines, les silices, les argiles, les charbons actifs,
les zéolithes, les oxydes de titane, les oxydes de zirconium, le carbure de silicium
et les mélanges de ceux-ci.
[0066] Une masse de captation contenant un support et du sulfure de cuivre est par exemple
décrite dans le document
US 4094777.
[0067] La masse de captation peut être obtenue par toute voie de préparation connue de l'homme
du métier telle que par exemple l'imprégnation, le co-malaxage ou la co-granulation.
[0068] La mise en contact de l'effluent à traiter avec la masse de captation peut être réalisée
à une température comprise entre -50 °C et 1550 °C, préférentiellement entre 0 °C
et 1120 °C, et plus préférentiellement entre 20 °C et 100 °C. En outre, elle peut
être réalisée à une pression absolue comprise entre 0,01 MPa (0,1 bar) et 20 MPa (200
bars), préférentiellement entre 0,1 MPa (1 bar) et 15 MPa (150 bars), et plus préférentiellement
entre 0,1 MPa (1 bar) et 12 MPa (120 bars).
[0069] De plus, cette étape de mise en contact de l'effluent à traiter avec la masse de
captation peut être réalisée avec une V.V.H. (Vitesse Volumique Horaire de l'effluent
gazeux ou liquide) comprise entre 0,1 h
-1 et 50000 h
-1. L'unité de la vitesse volumique horaire étant exprimée en litre de l'effluent gazeux
ou liquide par heure par litre de catalyseur (Uh/L), soit h-1). Pour un effluent à
traiter gazeux, la V.V.H. peut être comprise préférentiellement entre 50 h
-1 et 500 h
-1.
[0070] Le contact avec la masse de captation permet avantageusement de capter les métaux
lourds, notamment le mercure, contenus dans l'effluent à traiter, et d'obtenir un
effluent ayant une teneur en métaux lourds, notamment le mercure, réduite par rapport
à la teneur de l'effluent initial, voire d'éliminer totalement les métaux lourds de
l'effluent.
[0071] Avantageusement, la diminution de teneur totale en poids de mercure, entre l'effluent
gazeux ou liquide avant traitement et l'effluent obtenu après traitement avec le masse
de captation peut représenter au moins 90%, préférentiellement au moins 95%, et plus
préférentiellement au moins 99%.
[0072] La figure 3 représente un schéma détaillée de l'étape c) de captation du mercure
selon l'invention lorsque cette dernière est réalisée en phase liquide. Cette configuration
est particulièrement adaptée pour récupérer le mercure élémentaire en phase condensée.
L'effluent de tête récupéré via la conduite
400 issu de l'unité de fractionnement principal
3000 est refroidie via un échangeur de chaleur
6000 de façon à le condenser. L'effluent de tête condensé récupéré via la conduite
430 est amené vers une unité de séparation
7000. L'unité de séparation
7000 peut être un ballon. L'unité de séparation
7000 peut comprendre de manière facultative une séparation des phases aqueuses condensées
évacuées via la conduite
500. Une partie de la phase organique condensée
431 est remontée en pression, par exemple à l'aide d'une pompe
8000, pour être recyclée via la conduite
432 vers l'unité de fractionnement principal
3000 à titre de reflux. La partie restante récupéré via la conduite
433 est, de façon facultative, remontée en pression, par exemple à l'aide d'une pompe
8001, pour être envoyée via la conduite
434 vers une unité de captation
5000 comprenant une masse de captation des métaux lourd, et plus particulièrement une
masse de captation de mercure. Il en résulte un flux liquide au moins partiellement
démercurisé récupéré via la conduite
420.
[0073] La figure 4 représente un schéma détaillée de l'étape c) de captation du mercure
selon l'invention lorsque cette dernière est réalisée en phase gaz.
[0074] L'effluent de tête récupéré via la conduite
400 issu de l'unité de fractionnement principal
3000 est optionnellement réchauffé via l'échangeur de chaleur
6001 de manière à créer un effluent gazeux surchauffé
435. Cette étape optionnelle peut s'avérer utile pour éviter les phénomènes de condensation
capillaire pouvant apparaître dans les masses de captation des métaux lourds. Optionnellement,
l'effluent surchauffé peut être remonté en pression, par exemple, à l'aide d'un compresseur
9000. Le but de cette étape de remise en pression est, au cas où cela est nécessaire, de
compenser la perte de charge induite par l'unité de captation
5000. L'effluent de tête optionnellement surchauffé et/ou optionnellement compressé est
envoyé via la conduite
436 vers l'unité de captation
5000 comprenant ne masse de captation des métaux lourds, et plus particulièrement une
masse de captation de mercure. Il en résulte une phase hydrocarbure gazeuse au moins
partiellement démercurisée récupérée via la conduite
420.
d) Etape de traitement complémentaire
[0075] En sortie de l'unité de captation du mercure
5000, l'effluent au moins partiellement démercurisé est envoyé via la conduite
420 vers une unité de traitement
4000 telle que décrite précédemment (cf. paragraphe procédé selon l'art antérieur). Il
en résulte en sortie de la zone de traitement
4000 une pluralité d'effluents
411, 412 et
413 ne comprenant pas de mercure, et donc n'ayant pas besoin d'être traités sur des unités
de captation de mercure.
[0076] Ainsi, à la différence de l'état de l'art illustré en figure 1, le procédé selon
l'invention ne nécessite qu'une seule et unique unité de captation au mercure, ladite
unité de captation pouvant être éventuellement doublée en parallèle ou en série pour
assurer la maintenance sans impacter le fonctionnement de l'unité de fractionnement.
Par ailleurs, le procédé selon l'invention permet de réaliser la récupération du mercure
contenu dans les composés de la charge, et plus particulièrement dans la charge de
pétrole brut, immédiatement en sortie de l'unité de fractionnement principal dans
un schéma de raffinage. Au sens de l'invention, on entend par raffinage, l'ensemble
des opérations qui permettent de transformer le pétrole brut en produits pétroliers
d'utilisation courante. Les pétroles bruts se présentent sous la forme de liquides
plus ou moins visqueux essentiellement constitués d'hydrocarbures de volatilité et
de nature chimique variées.
Exemple
[0077] L'exemple s'appuie sur les figures 2 et 3.
[0078] Dans cet exemple, on considère que l'unité de conversion
200 est composée de l'unité de chauffage
2000, de la conduite
102 et de l'unité de fractionnement principal
3000.
[0079] Une charge de pétrole brut
100 est envoyée dans une unité de dessalage
1000 consistant en un lavage à l'eau. La charge dessalée
101 est chauffée via l'échangeur de chaleur
2000 à une température cible de 380°C est ensuite dirigée via la conduite
102 vers l'unité de fractionnement principal
3000 composée d'une colonne de distillation de manière à produire différentes coupes d'hydrocarbures
en fonction de leur poids moléculaires. Le temps de contact (temps de séjour) de la
charge dans l'unité de conversion
200 est de 10 minutes.
[0080] En sortie de l'unité de fractionnement principal
3000, l'effluent de tête
400 est composé d'une coupe hydrocarbure dont 90% des composés ont un point d'ébullition
inférieur à 200°C. L'effluent de tête
400 est, après refroidissement à 46°C via un échangeur de chaleur
6000, est traité par une unité de captation
5000 comprenant une masse de captation du mercure à base de CuS déposé sur une alumine,
apte à capter le mercure sous forme élémentaire. Il en résulte la production d'un
effluent
420 au moins partiellement démercurisé qui est envoyé vers une unité de traitement
4000 se présentant sous la forme d'une unité de fractionnement secondaire. On extrait
trois effluents
411, 412 et
413 en sortie de la zone de traitement
4000.
[0081] Les différents charges et effluents
100, 101, 102, 400 et
420 ont été analysées pour déterminer leur teneur en mercure. L'analyse du mercure total
dans les fractions liquides et gazeuses est réalisée respectivement à l'aide d'un
appareil PE-1000® spécifique des analyses mercure et d'un appareil SP-3D® de chez
Nippon Instruments Corporation (NIC). La teneur en mercure total dans les conduites
101, 102, 102, 400 et 420 est déterminée en µg/L.
[0082] Pour la spéciation chimique du mercure, on applique la méthode telle que décrite
dans la publication scientifique de
Charles-Philippe Lienemann et al. parue dans la revue Fuel Processing Technology,
131, 2015, pages 254-261, intitulée : «
Mercury spéciation in liquid petroleum products: Comparison between on-site approach
and lab measurement using size exclusion chromatography with high resolution inductively
coupled plasma mass spectrometric détection (SEC-ICP-HR MS) » et comprenant les étapes suivantes :
- filtration pour éliminer le mercure particulaire ;
- purge du filtrat pour éliminer le mercure élémentaire volatil ;
- extraction à la cystéine du filtrat purgé : séparation du mercure ionique extractible
et organique non extractible (analyse de la solution aqueuse à l'aide du DMA-80 (Milestone
Inc)).
[0083] Les résultats obtenus sont reportés dans le tableau 1 ci-après.
Tableau 1 - Concentrations et compositions en mercure
| Conduites |
[Hg]total (µg/L) |
% poids Hg particulaire |
% poids Hg° (élémentaire) |
% poids Hg ionique |
% poids Hg organique |
| 100 |
182 |
63 |
0 |
5 |
32 |
| 101 |
124 |
82 |
7 |
2 |
9 |
| 102 |
127 |
79 |
12 |
1 |
8 |
| 400 |
117 |
0 |
100 |
0 |
0 |
| 420 |
2 |
0 |
0 |
40 |
60 |
[0084] La mise en oeuvre du procédé selon l'invention permet d'une part de convertir efficacement
le mercure non élémentaire contenu dans les composés de la charge de pétrole brut
en mercure élémentaire. On remarque d'une part que la majeure partie de la transformation
du mercure non élémentaire en mercure élémentaire est réalisée dans l'unité de fractionnement
principal
3000. En effet, dans la conduite
102, i.e. en entrée de l'unité de fractionnement principal
3000, on retrouve 12% en poids de mercure sous forme élémentaire, et dans la conduite
400, i.e. en sortie du flux de tête de l'unité de fractionnement principal
3000, on retrouve 100% en poids de mercure sous forme élémentaire. D'autre part, le procédé
selon l'invention permet de capter de manière efficace le mercure élémentaire en sortie
de l'unité de fractionnement principal
3000 via l'unité de captation au mercure
5000 située entre les conduites
400 et
420, ce qui permet de ne pas polluer l'ensemble des unités situées en aval de l'unité
de fractionnement principal de la charge de pétrole brut dans un schéma de raffinerie.